Dictionnaire de la Bible/Tome 4.2.b NATURE-ORGUEIL - Wikisource (2024)

Fulcran Vigouroux

Dictionnaire de la Bible

Letouzey et Ané, (Volume IV,p.1487-1488-1865-1866).

Tome 4.2.a MINUIT-NATRON

Tome 4.2.c ORIENT-PAVOT

NATURE (grec: φύσις; Vulgate: natura), ensemble de caractères constitutifs communs à tous les êtres d’une même espèce.

I. La nature en général.

1. L’idée abstraite de nature n’a pas d’expression en hébreu. La Vulgate l’introduit à propos de choses qui sont soit conformes à la condition normale de l’homme, Deut., xxiii, 12; Jud., iii,22, soit contraires. Jud., xix, 24. Dans le livre d’Esther, xvi,16, où Artaxerxès mentionne la bienveillante simplicité,ἀκέραιον εὐγνωμοσύνην, des gouverneurs, la Vulgate paraphrase l’expression en disant que les gouverneurs apprécient les autres ex sua natura, «d’après leur propre naturel.»

2. L’idée grecque de nature revient plusieurs fois dans le livre de la Sagesse. L’auteur attribue à un don de Dieu la science des êtres, particulièrement la connaissance de la «nature des animaux». Sap., vii, 20. Il parle de la méchanceté naturelle, ἔμφυτος, naturalis, des Chananéens, Sap., xii, 10, et dit que l’eau oubliait sa nature, δυνάμις, natura, et n’éteignait pas le feu dirigé contre les impies par la colère divine.

3. Les Épîtres des apôtres font quelquefois appel à la notion de nature. Saint Paul parle des vices contre nature, Rom., i, 26, 27, de la constitution naturelle de l’homme, Rom., ii, 27, des longs cheveux qui ne conviennent pas à la nature de l’homme, I Cor., xi, 14, de ceux qui sont Juifs par nature, Gal., ii, 15, des idoles qui ne sont pas des dieux par nature, Gal., iv, 8, et de l’accomplissem*nt naturel de la loi par les païens. Rom., ii, 14. Saint Pierre remarque que les animaux sont destinés par nature à être pris et à périr. II Pet.,ii, 12. Saint Jacques, iii, 17, dit que la nature humaine a le pouvoir de dompter la nature animale. Saint Jude,ꝟ. 10, reproche aux docteurs impies de se servir de leurs connaissances naturelles pour se corrompre.

II. La nature opposée au surnaturel.

Dans l’Ancien Testament.

La distinction entre l’ordre naturel et l’ordre surnaturel est nettement indiquée dans l’Ancien Testament, quand il s’agit des faits. Voir Miracle, col. 1112. Il en est autrement quand la distinction porte sur la vie même de l’âme humaine dépourvue ou aidée de la grâce. La Genèse, iii, 4, 17-19, raconte la chute de l’homme et la sentence qui suit sa prévarication; mais elle ne donne aucune indication sur son état spirituel, avant ou après cette chute; elle n’explique même pas si la menace «Tu mourras», Gen., ii, 17, s’étend à l’âme aussi bien qu’au corps, et si la nature de l’homme est atteinte essentiellement, ou seulement d’une manière accidentelle, par, la sentence qui le frappe. Les anciens n’avaient pas besoin de ces précisions théoriques pour craindre la justice de Dieu et attendre leur salut de sa bonté. Le récit sacré affirme; pourtant que la nature reste capable de résister au mal,puisque Dieu dit à Caïn, au sujet du désir du péché:«Toi, tu dois dominer sur lui.» Gen., iv, 7. Le textesacré ne parle pas du secours que Dieu peut prêter à lanature humaine pour l’aider à triompher. Mais il estmanifeste que l’homme qui se laisse vaincre est responsable et punissable, et que, par conséquent, sa nature,dans l’état où Dieu la maintenait, pouvait et devaitrésister au mal. Dieu envoya le déluge, parce que «laméchanceté des hommes était grande sur la terre et quetoutes les pensées de leur cœur se portaient chaquejour uniquement vers le mal. Gen., vi, 5. L’entraînement n’était pas fatal pour la nature humaine, puisqueNoé et, sans doute, sa famille y avaient résisté. Gen., vi,9. Les appels incessants au secours et à la miséricordede Dieu, qui retentissent dans toute la Bible, montrentque les Israélites ont une conscience pratiquement suffisante de leur état naturel. Ils se sentent enclins au mal,même les meilleurs; ils reconnaissent que cette faiblessefait partie de leur nature: «Je suis né dans l’iniquitéet ma mère m’a conçu dans le péché.» Ps. li (l), 7. Ilsinvoquent le pardon divin, sans être toujours assurés den’avoir plus à compter avec la justice de Dieu: «Quidira: J’ai purifié mon cœur, je suis net de mon péché?»Prov., xx, 9. Mais ils n’ont pas la lumière suffisantepour distinguer entre les deux vies de l’âme, celle dela nature et. celle de la grâce. Dans les derniers tempsavant Notre-Seigneur, l’auteur de la Sagesse, i, 11, ditbien que la bouche menteuse «donne la mort à l’âme»,ce qui suppose en celle-ci une vie distincte de sa vienaturelle et immortelle; mais il ajoute que «toutes lescréatures sont salutaires», qu’«il n’y a en elles aucunprincipe de destruction» et que «la mort n’a pas d’empire sur la terre». Sap., i, 14. Cette manière de parlerlaisse dans l’ombre l’idée d’une double vie naturelle etsurnaturelle. Le même auteur, parlant de sa naissanceidentique à celle de tous les autres hommes, Sap., vii,1-6; se félicite d’avoir été un enfant «d’un bon naturel» et d’avoir reçu en partage «une bonne âme».Sap., viii, 19.

Dans le Nouveau Testament.

La révélationexpresse d’une double vie, naturelle et surnaturelle, aété réservée au Nouveau Testament. Le Sauveur parled’une nouvelle naissance, nécessaire à celui qui possèdedéjà la vie de la nature, Joa., iii, 3, 5; d’une nouvellevie, surajoutée à la vie de la nature, et qui ne peut êtrereçue que de lui, Joa., vi, 31, 49-51; d’un nouveau moded’action, impossible à celui qui n’est pas uni à luicomme le sarment à la vigne. Joa, , xv, 1-5. Saint Paulréduit ces notions en théorie très claire. Ayant touspéché en Adam, Rom., v, 12, nous sommes tous, parnature, fils de colère. Eph., ii, 3. Mais, par un pur effetde sa miséricorde, Dieu a enté sur l’olivier franc, c’est-à-dire sur son divin Fils qui s’est lui-même comparé àla vigne à laquelle il faut adhérer, les branches del’olivier sauvage par nature, c’est-à-dire les hommesséparés de lui par le péché. Les grâces ménagées parl’Ancien Testament préparaient les Juifs, mieux quetous les autres, à recevoir cette vie surnaturelle communiquée par le Messie. Comme beaucoup d’entre euxl’ont refusée, Dieu a enté sur l’olivier franc des païensconvertis, et cela «contrairement à leur nature», ence sens que leur condition antérieure ne les prédisposait nullement à ce bienfait. Rom., xi, 17-24. Il y a doncdans l’âme chrétienne non seulement la vie de nature,commune à tous, mais une autre vie surajoutée à lapremière, de même que dans la branche greffée circuleune sève nouvelle qui provient de l’olivier franc. Lanature est par elle-même incapable de s’élever à cettevie surnaturelle, d’opérer le bien qu’elle entrevoit,Rom., vii, 18, d’arriver à la foi et au salut par ses actespropres, Eph., v, 8, et de se suffire à elle même dansles choses les plus simples qui se rapportent à cette viesupérieure. II Cor., iii, 5. L’homme animal, c’est-à-direréduit au pur état de nature, n’est pas capable de lesconcevoir. I Cor., ii, 14. Saint Pierre résume d’un mottoute la doctrine en disant que, par cette vie nouvelle,nous devenons «participants de la nature divine».II Pet., i, 4. Telle est, en effet, la distinction fondamentale entre le naturel et le surnaturel. Le premier appartient à l’essence même de l’homme, le second vient deDieu, tient à Dieu, mène et unit à Dieu, ajoute à la nature de l’homme quelque chose de la nature de Dieu.Voir Justification, t. iii, col. 1878.

H. Lesêtre.

NATURELLE (HISTOIRE), science des choses dela nature.

1° Cette science a existé chez les Hébreux dans unemesure qui peut se déterminer d’après la manière dontleurs écrivains s’expriment à ce sujet. 1° On admetgénéralement que les auteurs sacrés n’ont pas reçu derévélation particulière pour parler scientifiquementdes choses de la nature. Ils s’expriment d’ordinairecomme avaient coutume de le faire leurs contemporains,et leur science reflète celle de leur époque. Salomondisserta sur la botanique et sur la zoologie. III Reg.,iv, 33. L’auteur du livre de Job décrit avec une compétence remarquable les animaux ou les phénomènesnaturels. Quelques prophètes, surtout Joël, Amos, Zacharie, font preuve d’une observation assez attentivede la nature. Mais, en général, les auteurs sacrés netouchent qu’en passant aux faits qui intéressent l’histoire naturelle, et ils ne mentionnent guère ces faitsque comme des termes de comparaison. Seul, le Lévitique, xi-xv, est amené, par la nécessité de formulerune législation précise, à entrer dans certains détailssur la nature des animaux et les caractères physiologiques de quelques maladies.

2° Quand les écrivains bibliques parlent des chosesdu monde physique, leurs descriptions montrent qu’ilsont été bons observateurs. Le genre de vie des Hébreuxles a maintenus en contact assez constant avec la naturepour qu’ils en aient pu saisir exactement les principaleslois. Le premier chapitre de la Genèse mentionne lesdivisions essentielles du règne végétal, 11, 12, et durègne animal, 20-25. Les mœurs des animaux sont parfois décrites d’une manière très juste et très pittoresque.Ainsi en est-il, par exemple, de l’onagre, Job, xxxix,5-8, de l’autruche, 13-18, du cheval, 19-25, de l’hippopotame, Job, xl, 15-24, du crocodile, 25-xli, 25, de lafourmi, Prov., vi, 6-8, etc. Cf. Munk, Palestine, Paris,1881, p. 424-425. Certains grands phénomènes naturelssont également l’objet de descriptions très détaillées ettrès exactes, comme le chamsin, Exod., x, 22-23; Sap.,xvii, 1-20, les torrents des montagnes, Job, xii, 15;xxvii, 20; Is., xxviii, 2-18, l’orage, Ps. xxix (xxviii),3-9, les signes du temps, Matth., xvi, 2-4, etc.

3° Comme tous leurs contemporains, les écrivainssacrés parlent assez souvent des choses de la natured’après les seules apparences. Il serait donc déraisonnable de prendre les descriptions qu’ils en font alorscomme l’expression de la réalité objective. Ce point devue, déjà signalé par les Pères, cf. S. Augustin, De Gen. ad lit., i, 19, 21, t. xxxiv, col. 261, a été mis horsde contestation par l’encyclique Providentissimus, danslaquelle Léon XIII s’exprime ainsi, t. i, p. xxix: «IIfaut d’abord considérer que les écrivains sacrés, ouplutôt l’Esprit-Saint parlant par leur bouche, n’ont pasvoulu nous révéler la nature du monde visible, dont laconnaissance ne sert de rien pour le salut; c’est pourquoi ces écrivains ne se proposent pas d’étudier directement les phénomènes naturels; mais, lorsqu’ils enparlent, ils les décrivent d’une manière métaphoriqueou en se servant du langage communément usité deleur temps, langage dont les plus grands savants seservent encore de nos jours dans la vie ordinaire. Or dans la conversation on désigne les choses comme elles apparaissent aux sens; de même les écrivains sacrés «s’en sont rapportés aux apparences»; c’est le Docteur angélique qui nous en avertit. Dieu, parlant aux hommes, s’est conformé, pour se faire comprendre, à leur manière d’exprimer les choses.» C’est d’après cette règle d’interprétation qu’il faut entendre les passages de la Sainte Écriture où il est parlé des deux grands luminaires, «le plus grand pour présider au jour, le plus petit pour présidera la nuit,» Gen., i, 16; du soleil arrêté par Josué, Jos., x, 12; du soleil qui se lève, se couche, se hâte de retourner à sa demeure pour se lever de nouveau, Eccle., i, 5; des colonnes du ciel, Job, xxvi, 10; des cieux solides comme un miroir d’airain, Job, xxxvii, 17; du daman et du lièvre qui ruminent, Lev., xi, 5, 6, etc. Ces passages, et d’autres analogues, ne sauraient donc susciter aucune antinomie réelle entre les données de la science et la manière de parler des auteurs sacrés. Cf. Cornely, Introductio in V. T. libros sacros, Paris, 1885, t. i, p. 584-586. À plus forte raison faut-il se garder de prendre à la lettre des métaphores hardies, familières aux écrivains orientaux, et qui au fond ne constituent que des artifices de style. Tels sont les passages où il est dit que les fleuves applaudissent et que les montagnes poussent des cris de joie, Ps. xcviii (xcvii), 8; que Dieu appelle les étoiles et qu’elles répondent avec joie: Nous voici! Bar., iii, 35, etc.

4° Sur les différentes questions concernant l’histoire naturelle, voir dans le Dictionnaire les articles spéciaux et la bibliographie de chacun d’eux. Sur la constitution du monde en général, voir Cosmogonie, t. ii, col. 1034-1054; Création, col. 1101-1105.

Sur l’astronomie, voir Astronomie, t. i, col. 1191-1196; Constellations, t. ii, col. 924-925; Éclipse, col. 1561-1563; Étoile, col. 2036-2037; Lune, t. iv, col. 419-422; Soleil, etc.

Sur la météorologie, voir Firmament, t. ii, col. 2279-2281; Gelée, t. iii, col. 158; Givre, col. 247; Glace, col. 247; Grêle, col. 336-337; Mirage, t. iv, col. 1122; Neige, Orage, Ouragan, Pluie, Vent, etc.

Sur la géologie, voir Palestine.

Sur la minéralogie, voir Métaux, t. iv, col. 1045-1047; Mine, 1099-1102; Pierre.

Sur la botanique, voir Arbres, t. i, col. 888-894;Fleur, t. ii, col. 2287-2288; Fruit, col. 2410-2412; Herbacées (Plantes), t. iii, col. 596-600, etc.

Sur la zoologie, voir Animaux, t. i, col. 603-612; Insectes, t. iii, col. 884-885; Oiseaux, Poissons, Reptiles, etc.

Sur l’anthropologie, voir Adam, t. i, col. 181-206; Corps humain, t. ii, col. 1020-1022; Membres, t. iv, col. 952954; Cerveau, t. ii, col. 448; Cœur, col. 822-826; Entrailles, col. 1817-1818; Nerf, Os, Sang, Maladie, t. iv, col. 611-613; Médecine, col. 911-914, etc.

H. Lesêtre.

NAUFRAGE (Vulgate: naufragium; en grec: ναυαγεῖν, «faire naufrage»), perte d’un navire, dont les passagers sont alors ou engloutis, ou à la merci des eaux.

Saint Paul dit aux Corinthiens qu’il a fait trois fois naufrage dans ses courses apostoliques, et qu’une fois il a été perdu sur les flots une nuit et un jour. II Cor., xi, 25. Dans son voyage de Césarée à Rome, le navire qu’il montait s’échoua sur une plage de l’île de Malte, et l’Apôtre fut obligé de se mettre à la mer pour gagner le rivage. Act., xxvii, 41-44.

Au figuré, il écrit à Timothée que ceux qui s’écartent de la foi et de labonne conscience font naufrage au point de vue de la foi, I Tim., i, 19, c’est-à-dire tombent dans l’hérésie. Cette métaphore avait sous la plume de saint Paul un sens particulièrement saisissant, à cause de l’expérience personnelle qu’il avait des naufrages.

H. Lesêtre.

NAUSEA Friedrich, de son vrai nom Grau, théologien catholique allemand, né vers 1480, à Waischenfeld, non loin de Bamberg, d’où son surnom de Blancicampianus, mort à Trente, le 6 février 1552. Fils d’un charron, mais très porté vers l’étude, il entra dans les ordres, et il obtint les grades de docteur en droit (1523) et en théologie (1534). Il fut d’abord secrétaire du cardinal Campeggio, légat du pape, qui l’envoya à Bretten auprès de Melanchthon, en vue d’une entente qui ne put avoir lieu; en 1525, il fut prédicateur de Saint-Barthélémy à Francfort, d’où les protestants l’obligèrent de fuir au bout de peu de temps; nommé prédicateur de la cathédrale de Mayence en 1526, prédicateur de Ferdinand 1er, alors roi des Romains, en 1534, il fut, en 1538, choisi pour coadjuteur de Faber, évêque de Vienne.En 1540-1541, il fut envoyé par Ferdinand aux colloques de Haguenau et de Worms. Le 21 mai 1521, à la mort de Faber, il devint évêque de Vienne. Il assista au colloque de Spire, où le pape Paul III lui écrivit pour lui confier particulièrement la cause des catholiques. Enfin il prit part au concile de Trente, où il employa son talent d’orateur, qui était remarquable, à conseiller la douceur envers les protestants et la discussion plutôt que la violence, mais sans rien sacrifier des intérêts de la vérité. Il mourut à Trente dans un âge avancé. Outre de nombreux ouvrages de théologie et de polémique, nous avons de lui: In librum Tobiæ enarrationes, in-8°, Cologne, 1552. — Voir Allgemeine deutsche Biographie, t. xxiii, Leipzig, 1886, in-8°, p. 321.

A. Régnier.

NAUSÉE (hébreu: zârâ’; Septante: χολέρα; Vulgate: nausea), dégoût qui porte à vomir, comme on l’éprouve sur un navire, ναῦς. — Quand les Hébreux au désert réclament de la viande, le Seigneur promet de leur envoyer des cailles pendant tout un mois, de tellefaçon qu’il leur en sorte par les narines et qu’ils en aient la nausée. Num., xi, 20. Plus tard, en parlant de la manne, les Hébreux disent que leur âme en a assez de cette nourriture de rien, qâṣâh, «elle en a fini,»προσώχθισεν, «elle est dégoûtée de cette nourriture,» nauseat, «elle en a la nausée.» Num., xxi, 5. Quand l’homme est accablé par l’épreuve, «il prend en dégoût, zàham, le pain et les aliments les plus exquis.» Job., xxxiii, 20. Septante: «il ne peut les supporter;» Vulgate: «il lui devient abominable.» Il est recommandé à celui qui trouve du miel de n’en pas trop manger, de peur de la nausée et du vomissem*nt. Prov., xxv; 16.

Au figuré, le chrétien qui est tiède provoque la nausée du Seigneur. Apoc. iii, 16.

H. Lesêtre.

NAVÆUS Mathias, théologien catholique belge, né à Liège, vivait dans la seconde moitié du xviie siècle. Il était docteur en théologie et chanoine de l’église de Douai. Parmi ses écrits on remarque: Annotationes in Summæ theologiæ et Sacræ Scripturæ præcipuas difficultes, in-4°, Tournai, 1640. — Voir Valère André, Biblioth. Belgica, p. 662; Paquot, Mémoires pour servir à l’hist. littéraire des Pays-Bas, t. xiii, p. 153.

B. Heurtebize.

NAVARRETE Juan Bautista, théologien catholique espagnol, né vers 1550, à Cordoue, mort en 1612. Il entra, en 1572, dans l’ordre des Franciscains. Il professa les humanités à Cordoue, où il fit preuve d’une grande érudition et d’une science profonde des Saintes Écritures. Nous citerons parmi ses ouvrages: Commentarium ad lamentationes Jeremiæ, in-4°, Cordoue, 1602.

A. Régnier.

NAVARRO Gaspar, religieux carme espagnol du xviie siècle, enseigna la théologie à Valence. Il avait composé un commentaire sur l’Évangile de saint Matthieu. Un seul volume a été imprimé qui va jusqu’au chapitre xiv: Narratio evangelica Matthæi ordinem sequens gesta Christi Domini Salvatoris a prima incarnationis luce, usque ad gloriam Ascensionis attingens, nova methodo per synopsim capitum et divisionem partium literam exponens et quæstiones cum corollariis more scholastico dissolvens, in-f°, Béziers, 1681. — Voir N.Antonio, Biblioth. Hispana nova, t. i, p. 530.

B. Heurtebize.

NAVÉ, orthographe du nom de Nun, père de Josué, dans un passage [de la Vulgate. Eccli., xlvi, 1. Cette orthographe est celle des Septante. Voir Nun.

NAVETTE (hébreu: ʾérég, de ʾârag, «tisser;» Alexandrinus: δρομεύς, «coureur»), petite pièce de bois contenant le fil dont se sert le tisserand pour faire la trame de sa toile. Cette pièce de bois, de ferme allongée et pointue aux deux extrémités, a en son milieu une cavité dans laquelle se trouve logée une bobine dont le fil passe par un trou latéral. La navette, lancée de droite à gauche et de gauche à droite par le tisserandà travers les deux séries verticales des fils de la chaîne, entraîne avec elle le fil de là bobine qui forme ainsi la trame et ensuite est serré entre les fils de la chaîne soit par une pièce de bois plate, soit par un peigne. La forme de ce petit instrument lui a fait donner en français le nom de «navette» ou petit navire (fig. 402).

[Image à insérer]402. — Navette.

D’après Rich, Dict. des antiq. rom., p. 23.

En latin, on l’appelle alveolus. Saint Jérôme, Epist. cxxx, 15, t. xxii, col. 1119, recommande à Démétriade d’avoir sans cesse la laine aux mains pour la tordre ou la mettre dans les alvéoles du tissage. On ne se servait pas toujours de navette pour lancer le fil; parfois, on lui substituait une grande aiguille appelée radius; primitivement, on se contentait de passer le fil de la trame à la main, comme le font encore les Bédouins du Sinaï. Cf. E. H. Palmer, The désert of the Exodus, t. i, p. 125-126; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. ii, p. 571. Dans l’épisode de Dalila tissant au métier les cheveux de Samson, Jud., xvi, 13, 14, il n’est pas question de navette. Job, vii, 6, se plaint que ses jours «passent plus rapides que la navette». Celle-ci, en effet, habilement lancée par le tisserand, accomplit presque instantanément son trajet à travers les fils de la chaîne. Les versions n’ont pas saisi le sens du mot ʾérég, qui d’ailleurs ne se lit qu’une fois dans la Bible hébraïque. Les Septante le rendent (Alexandrinus) par δρομεύς, «coureur,» cf. Job, ix, 25, et Vaticanus par λαλία, «parole.» La Vulgate traduit: «Mes jours ont passé plus vite que la toile n’est coupée par le tisserand.»

H. Lesêtre.

NAVIGATION (grec: πλοός; Vulgate: navigatio, Act, , xxi, 7; xxvii, 9, 10), art de voyager sur l’eau à l’aide de navires (fig. 403).

I. Dans l’Ancien Testament. —1° Les Israélites n’ont pas été destinés à devenir un peuple de navigateurs. Le pays de Chanaan, qui leur fut donné par le Seigneur, avait environ cent cinquante kilomètres de côtes, le long de la Méditerranée. Mais la presque totalité de ces côtes fut longtemps occupée par les Philistins et les Phéniciens, et d’ailleurs elles ne présentaient presque nulle part d’endroit propice à l’établissem*nt d’un port. Aussi les allusions à la navigation sont-elles assez rares dans l’Ancien Testament. Jacob dit de Zabulon qu’il «habitera sur la côte des mers et près du séjour des navires», Gen., xlix, 13, mais la tribu ne fournit pas de navigateurs.

[Image à insérer]403. — Bateaux sur les monuments assyriens. D’après les Portes de Balawat, pi. 15.

Balaam termine sa prophétie par ces mots: Ve-ṣim miyyad Kiṭṭîm, «et des vaisseaux de la région de Céthim» humilieront l’Assyrien, etc. Num., xxiv, 24. D’après la Vulgate, ces vaisseaux sont des trirèmes venant d’Italie; mais Kiṭṭîm désigne ordinairement Chypre, voir t. ii, col. 466-470 et, d’une manière générale, les régions méditerranéennes. Les Septante traduisent autrement: «Il sortira (ἐλλεύεται) de la main des Citiens,» etc. Cette traduction suppose qu’il y avait dans le texte hébreu le verbe yâṣâʾ, «sortir,» au lieu du substantif ṣîm, «navires.» Les anciens manuscrits grecs et le Samaritain ont un verbe; la version chaldaïque a un substantif: «des foules,» ainsi que le Syriaque: «des légions.» La mention de navires, dans ce passage, est donc fort problématique. Cf. Rosenmüller, In lib. Num., Leipzig, 1798, p. 310, 311; De Hummelauer, In Num., Paris, 1899, p. 307. Dans les malédictions du Deutéronome, xxviii, 68, il est dit que le Seigneur ramènera sur des navires les Israélites infidèles en Égypte, où ils ne trouveront pas d’acheteurs.Ces navires ne pouvaient être que ceux des Phéniciens, fournisseurs de denrées, d’objets manufacturés et d’esclaves sur les grands marchés de l’antiquité. Débora, dans son cantique, Jud., v, 17, reproche àDan de s’être tenu sur ses navires, au lieu de prendre part à la bataille. La tribu de Dan possédait en effet leport de Joppé, qui était d’un accès difficile, mais qui,sur toute cette partie de la côte, présentait le seul pointabordable pour les vaisseaux marchands. On ne voit pasd’ailleurs, dans la suite de l’histoire, que les Danites aienteux-mêmes exploité le commerce maritime avec grandsuccès. La concurrence de leurs puissants voisins de Phéniciene pouvait que les écraser. Voir Dan, t. ii, col. 1237.


404. — Transport par mer de bois du Liban. Musée assyrien du Louvre.

2° Le roi Salomon se construisit une flotte à Asiongaber, sur la mer Rouge. Voir Asiongaber, t. i, col. 1097.Comme les Israélites étaient loin d’être experts dansl’art de la navigation, le roi s’entendit avec Hiram, roide Tyr, qui lui envoya des matelots pour accompagneret former les hommes chargés de voyager sur mer. Lesvaisseaux allaient à Tharsis, sur les côtes indiennes. Lanavigation durait trois ans. On en rapportait de l’or, de l’argent, de l’ivoire, des singes et des paons. III Reg., ix, 26-28; II Par., viii, 17, 18; ix, 21. Cette entreprise ne paraît pas avoir survécu à Salomon. C’est déjà par mer et sur des radeaux que, par les soins du roi Hiram, les bois du Liban étaient arrivés jusque sur les côtes de Palestine. III Reg., v, 9 (fig. 404). Les vaisseaux salomoniens étaient sans nul doute construits sur le modèle des galères phéniciennes qui faisaient le trafic sur toutes les côtes (fig. 405). — Plus tard, le roi Josaphat s’associa avec l’impie Ochozias, roi d’Israël, pour renouveler l’entreprise de Salomon et équiper une flotte à Asiongaber. Mais la tempête brisa les vaisseaux dans le port même. Le prophète Éliézer signifia au roi de Juda quece désastre indiquait la désapprobation de Dieu. Aussi, quand Ochozias parla de reprendre le projet, Josaphat s’y refusa. III Reg., xxii, 49, 50; II Par., xx, 35-37. Le Psaume xlviii (xlvii), 7, fait allusion au vent violent qui brise les vaisseaux de Tharsis, et le Psaume civ (cm), 26, parle de la mer «où se promènent les navires». 3° L’auteur du Psaume cvii (cvi), 23-30, fait une intéressante description de la navigation sur mer et des dangers que courent les matelots:

Ils descendent en mer sur des navires
Pour faire le négoce sur les vastes eaux;
Ils voient les œuvres de Jéhovah
Et ses merveilles sur l’océan.
Il dit, et fait souffler le vent de la tempête
Qui soulève les flots de la mer;
Ils montent anxieux, descendent dans l’abîme,
Leur âme défaille à la peine.
Ils ont le vertige, chancellent comme un homme ivre,
Et tout leur savoir-faire est à bout.
Ils crient vers Jéhovah dans leur détresse,
Et il les tire de leurs angoisses.
Il change l’ouragan en brise légère
Et les vagues s’apaisent.
Ils se réjouissent quand elles sont calmées,
Et il les conduit au port où ils tendent.

Dans les Proverbes, xxiii, 34, le buveur de vin est comparé à l’homme couché au milieu de la mer et sur le sommet d’un mât. Il est parlé du navire qui ne laisse point de trace au milieu de la mer, Prov., xxx, 19, cf. Sap., v, 10, et du navire marchand qui vient de loin. Prov., xxxi, 14. — Isaïe, ii, 16; lx, 9, mentionne les vaisseaux de Tharsis, particulièrement ceux qui se rendent au port de Tyr, Is., xxiii, 1, 14, et les vaisseaux chaldéens. Is., xliii, 14. — Ézéchiel, dans son chapitre xxvii, parle avec détail du commerce maritime deTyr, des vaisseaux de Tharsis qui naviguent pour son compte, et de la stupeur de tous les matelots du monde à la ruine de la puissante cité. — Jonas s’embarque à Joppé, sur un navire de Tharsis, qui est assailli par la tempête. Il paie, avant de s’embarquer, le prix du passage, ṣâkâr, ναῦλον, naulum. Jon., i, 3. Les marins attribuent à la colère des dieux le péril qui les menace, et Jonas, désigné par le sort, avoue sa desobéissance et est jeté à la mer pour apaiser la divinité. Jon., i, 3-16. — Daniel, xi, 40, représente le roi du nord attaquant le roi du midi avec des chars, des cavaliers et de nombreux vaisseaux.

[Image à insérer]405. — Galère phénicienne. Thèbes. D’après une photographie.

4° Dans son traité d’alliance avec les Romains, Judas Machabée, après leur avoir souhaité la prospérité sur terre et sur mer, s’engage à combattre avec eux, le cas échéant, sur terre et sur mer, et à ne fournir ni vivres, ni munitions, ni vaisseaux à leurs ennemis. I Mach., vii, 23, 26, 32. Sur le sépulcre paternel, à Modin, Simon Machabée fit dresser des obélisques et sculpter des vaisseaux que pouvaient apercevoir ceux qui naviguaient en mer. IMach., xiii, 27-29. — Le livre de la Sagesse, xiv, 1-5, par en ces termes de la navigation, telle quela pratiquaient les idolâtres: «En voici un autre qui songe à naviguer; quand il entreprend de faire route à travers les flots sauvages, porté par un morceau de bois, il invoque un bois plus fragile encore (une idole)… Maisc’est votre providence, ô Père, qui gouverne… Aussi les hommes confient-ils leurs vies à un mince bois, et, en traversant la mer, sont sauvés par une barque.» — Enfin, l’auteur de l’Ecclésiastique, xxxiii, 2, rappelle la tempête qui brise le vaisseau, et observe que «ceux qui naviguent sur mer en racontent les dangers, à l’admiration des auditeurs». Eccli, xliii, 26. — Là se bornent les allusions de l’Ancien Testament à la navigation. Si on défalque les passages qui se rapportent aux étrangers, on voit qu’en ce qui concerne les Israélites, il

n’est question de navigation réelle qu’à l’époque deSalomon.

II. Dans le Nouveau Testament. — 1° L’Évangile nementionne qu’une seule espèce de navigation, celle quise pratiquait sur le lac de Tibériade. À l’époque deNotre-Seigneur, les barques qui le sillonnaient étaientfort nombreuses. Joa., vi, 23. Beaucoup de Galiléensexerçaient le métier de pêcheurs; mais il ne leur étaitpermis d’employer aucun moyen capable d’entraver lanavigation. Cf. Gem. Bab. Baba Kama, 80, 2; Reland, Palsestina illustrata, Utrecht, 1714, t. i, p. 261. De violentestempêtes agitaient parfois les eaux du lac etmettaient les bateliers en péril. Matth., viii, 23-27; Marc, iv, 35-40; Luc, viii, 22-25. Ceux-ci, instruits parl’expérience, savaient profiter du vent pour aller à lavoile, ou, à son défaut, se servir des rames. Marc, vi, 48; Joa., vi, 19. La batellerie du lac joua un rôle assezimportant pendant la guerre de Judée. Cf. Josèphe, Vit., 32, 33; Bell.jud., II, xxi, 8-10; III, x, 1, 5, 6, 9.

2° C’est dans l’histoire de saint Paul, racontée par lesActes, qu’il est question de navigation avec le plus dedétails. — 1. L’apôtre se rend d’abord à Cypre, avec Barnabe.Act., xiii, 4, puis de Paphos à Pergé, en Pamphylie, Act., xiii, 13, ensuite de Pergé à Antioche, Act.,

XIV, 25. Barnabe retourne à Cypre avec Marc Act.,

XV, 39. Dans un second voyage, saint Paul passe successivementde Troade à Samothrace, à Néapolis et àPhilipes. Act., xvi, 11, 12. De Thessalonique, il estconduit par mer à Athènes. Act., xvii, 14, 15. DeCenchrées, il repart pour la Syrie, Act., xviii, 18, faitescale à Éphèse, Act., xviii, 19, et aborde à Césarée.Act., xviii, 22. Il passe ensuite d’Éphèse en Achaïe.Act., xviii, 27. D’Éphèse, il retourne encore en Macédoine, Act., xx, 1, puis en Grèce, Act., xx. 2. Commeil a le dessein de regagner la Syrie par mer, les Juifslui préparent des embûches, et il se décide à abandonnerla route directe, pour naviguer par Philippes, Troade, Act., xx, 6, Assos, Chio, Samos et Milet. Act., xx, 14-15. De Millet, il passe par Cos, Rhodes, Patare, et, trouvant là un vaisseau frété pour la Phénicie, il yprend passage, arrive à Tyr et enfin à Ptolémaïde, oùil débarque pour se rendre à Jérusalem. Act., xxi, 2-7.Ces voyages s’exécutaient sur des bateaux de cabotage, qui ne s’éloignaient guère des côtes, et faisaient escaleaux dsfférents ports pour y laisser ou y prendre desmarchandises. Pourtant le voyage d’Éphèse à Césarée, Act., xviii, 19-22, a pu se faire directement en passantpar le sud de Cypre; c’est le trajet qui est formellementindiqué pour la traversée de Patare à Tyr. Act., xxi, 3.

— 2. Le principal voyage maritime de saint Paul estcelui qui le conduisit de Césarée, t. ii, col. 458, en Italie, après son appel à César. Mais il fut alors embarquécomme.prisonnier d’État, en compagnie de soldats quiavaient un certain nombre de détenus à conduire. Unnavire d’Adrumète, à bord duquel il prit place, partitde Césarée et fit escale à Sidon. La route directe, pourgagner Adrumète, t. i, col.J251, port de Mysie, passait’au sud de Cypre, t. ii, col. 1168; mais le vent contraireobligea le navire à remonter par le nord et à gagnerLystre, ou plutôt Myre, en Lycie, par les côtes deCilicie et de Pamphylie. Act., xxvii, 2-5. Voir Myre, col. 1362. Là se trouva un vaisseau d’Alexandrie en partancepour l’Italie. Le centurion y transborda ses prisonniers.Mais le temps devint mauvais. De Cnide, t. ii, col. 812, on descendit vers la pointe orientale de l’île de Crète, au cap Salmone, puis, en longeant la côte, on arriva àBons-Ports. Voir Crète, t. ii, col. 1113; Bons-Ports, t. i, col. 1847. On était déjà à la fin de septembre, et, dans le monde gréco-romain, on considérait la navigationComme impraticable à partir de la fin d’octobre.Cf. Végèce, De re milit., iv, 39; César, Bell.yall., iv, 36; v, 23. On se décida donc à hiverner à Phénice, ausud de l’île. Mais le vent du nord-est se mit à souffler,

et poussa le navire au sud-ouest de la petite île de Cauda, t. H, col. 350. Les matelots, craignant d’être emportésdans les parages dangereux de la Syrte africaine, ceintrèrentle vaisseau et abattirent ses agrès, afin de donnermoins de prise au vent. La tempête se déchaînant deplus en plus, on jeta successivement à la mer la cargaison, puis les agrès. Quatorze jours après, toujourspoussé par le vent d’est, le navire se trouvait dansl’Àdria, nom qui désignait alors la partie centrale de laMéditerranée. Voir Adriatique, t. i, col. 240. On aperçutalors un rivage. Les matelots y firent échouer le navire, en dressant la voile d’artimon de manière que le ventexécutât la manœuvre. Les matelots avaient d’abordvoulu se sauver dans une barque, en abandonnant lenavire à son sort; après l’échouement, les soldats songèrentà leur tour à massacrer leurs prisonniers, pourles empêcher de fuir. Saint Paul s’opposa avec succèsà cette double inhumanité, qui devait se produire fréquemmentdans les cas analogues. Act., xxvii, 1-44. Onavait abordé dans l’île de Malte. Voir col. 623. Lespassagers y demeurèrent trois mois, probablement jusqu’enfévrier. Un autre navire d’Alexandrie, qui avaithiverné dans l’île, prit alors saint Paul à son bord, lemena à Syracuse, en Sicile, passa le détroit de Messine, arriva à Rhegium, puis à Pouzzoles, où se fit le débarquementdéfinitif. Act., xxviii, 1-14. On voit par ce récitque l’administration romaine utilisait les vaisseaux decommerce pour le transport de ses prisonniers. On profitaitdes occasions, à mesure qu’elles se présentaient, et la navigation était à la merci des vents, des tempêteset des accidents de toute nature. Dans sa seconde Épitreaux Corinthiens, xi, 25, antérieure à peu près de troisans à ce dernier voyage, saint Paul nous apprend qu’ilavait déjà fait trois fois naufrage, et qu’il avait étéun jour et une nuit dans les abîmes de la mer. Oncroit que cette dernière expression signifie seulementqu’en une circonstance particulière, il se trouva abandonnésur une barque désemparée au milieu des flotset fut ensuite recueilli par un navire de passage. Cf. Cornely, Epist. ad Corinth. altéra, Paris, 1892, p. 306. —3. Le récit que fait saint Luc du voyage maritime desaint Paul est d’une exactitude parfaite. Il fournit d’utilesindications sur la navigation des anciens. Pour aller dePalestine en Italie, on se rendait d’abord à Alexandrie, t. i, col. 357, reliée à Césarée par un trafic assez considérable.A Alexandrie, on était sûr de trouver des vaisseauxen partance pour l’Italie. Cf. Suétone, Titus, 5.De fait, au cours de son voyage, saint Paul rencontradeux navires alexandrins, un à Myre, Act., xxvii, 6, etl’autre à Malte. Act., xxviii, 11. Il fallut la présence dansle port de Césarée d’un navire d’Adrumète pour qu’on sedécidât à passer directement en Asie Mineure où il étaitfacile, comme il arriva en effet, de trouver d’autres vaisseauxfaisant route vers l’Italie. Un navire d’un forttonnage était indispensable, à cause des prisonniers etdes soldats qui devaient faire le voyage. Ce navire avaitprobablement une cargaison qui devait être débarquéepar parties dans différents ports. C’est du moins ce quepratiquaient les bateaux montés par saint Paul dans sesprécédents voyages. Les gros navires de charge ne pouvaientguère louvoyer quand le vent était défavorable.Ils préféraient allonger leur route et profiter à la foisdes vents et des courants. C’est ce que fit habilement levaisseau d’Adrumète. La difficulté que rencontra lenavire alexandrin de Myre pour naviguer dans lesparages de l’île de Crète s’est produite de tous temps. Onn’a cessé de le constater depuis lors. Les anciens ensouffraient beaucoup. Cf. S. Grégoire deNazianze, Orat., xviii in patrem, 31, t. xxxv, col. 1024; Poemata histor., i, t. xxxvii, col. 993. L’armateur ou «maître duvaisseau» accompagnait ordinairement son navire, pourla conduite duquel il s’adjoignait un capitaine. Act., Xxvii, 11. Quand la tempête se déchaînait, il n’y avait

pins qu’à amener les voiles et à se laisser aller au grédes flots. Cf. Euripide, Troad., 686-688. Si elle redoublait, on en venait aux dernières extrémités en allégeanle navire de tout ce qui le chargeait, cargaison et agrès.Sur le danger que les Syrtes faisaient courir aux navigateurs, voir Syrte. Quand le temps était couvert etque l’on n’était plus en vue des côtes, les marins de l’antiquité, qui n’avaient pas d’autres guides que le soleil et lesétoiles, se trouvaient dépourvus de tout moyen de se diriger.Act., xxvii, 20. Ils erraient alors à l’aventure. C’est cequi fait qu’après quatorze jours de tempête, le navire quiportait saint Paul se trouva en face de Malte, sans queles marins sussent où ils étaient. Ceux-ci exécutentalors une manœuvre intéressante. Au milieu de la nuit, ils jettent la sonde à deux reprises, et, reconnaissantl’approche d’un rivage, ils mouillent quatre ancres, pouréviter d’être portés sur des écueils, et attendent le jour.

le troisième navire qui prit saint Paul à Malte s’arrêtaà Rhégium, probablement pour prendre un pilote quidevait le guider à travers les écueils de Charybde et deScylla, cf. Suétone, Titus, 5, et de là il arriva à Pouzzoles, dans la baie de Naples, où abordaient les vaisseauxqui arrivaient d’Egypte. Cf. J. Smith, The Voyage andShipwreck of St. Paul, Londres, 1848; A. Breusing, Die Nautik der Alten, Brème, 1886; J. Vars, L’art nautiquedans l’antiquité, d’après A. Breusing, Paris, 1887; A. Trêve, Une traversée de Césarée de Palestineà Putéoles, au temps de saint Paul, Lyon, 1887; Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découvertes arch éologiquesmodernes, Paris, 1896, p. 321-350. Voir Navire.

H. Lesêtre.

    1. NAVIRE##

NAVIRE, construction en bois capable de transportersur l’eau des hommes et des objets divers.

I. Différentes sortes de navires. — La Sainte

M)6. — Bateau égyptien sur le Nil. Saqqara. IV* dynastie. D’après Lepsius, Denkmàler, Abth. II, Bl. 96.

Au matin, à la vue d’une plage, tous les passagers prennentquelque nourriture, puis on jette à la mer le reste dublé, afin d’alléger encore le vaisseau et de lui permettrede s’échouer [sur la plage, aussi près que possible durivage. Cette proximité était rendue nécessaire par lefait que la chaloupe du bord avait été perdue pendantla nuit, quand les soldats, sur l’avertissem*nt de saintPaul, en coupèrent les amarres, pour empêcher les matelotsde se sauver avec elle en abandonnant les autres.Au matin, on lâche les ancres dans la mer, et on détacheles gouvernails, pour rendre leur jeu indifférent. VoirGouvernail, t. iii, col. 282. Puis, on dresse une voiled’artimon, dans le voisinage de la poupe, afin que levent pousse le vaisseau, poupe en avant du côté de laplage. C’est ce qui a lieu en effet. Mais dans un vaisseaucapable de contenir deux cent soixante-seize personnes, la longueur de la quille est telle que la poupe est dansle sable alors que la proue flotte encore et est battuepar les vagues. Il faut donc débarquer par un fond quidépasse la hauteur d’un homme. Ceux qui savent nagerpartent les premiers; les autres gagnent la terre sur desplanches ou des épaves. Si les marins ne reconnaissentpas tout d’abord l’Ile de Malte, c’est que d’habitude lesnavires qui allaient d’Orient en Italie laissaient cette îletrès au sud, pour gagner le détroit de Messine. Enfin,

Écriture mentionne plusieurs espèces de navires, allantsur la mer, les lacs ou les fleuves. L’arche de Noé a étéune sorte de navire de transport, mais d’une nature exceptionnelle.Voir Arche de Noé, t. i, col. 923. Voiciles noms donnés aux navires ordinaires:

i"’Onîyyâh, vaùç, irXoîav, navis, nom qui s’appliqueaux grands vaisseaux marins aussi bien qu’aux petitesbarques. Gen., xlix, 13; Jud., v, 17; Prov., xxx, 19; Jon., i, 3, 5. L"ônîyyâh sôhêr, vaûç iii, 710p£uo[; .évïiHaxpôôsv, «, navire au long cours,» navis institoris, Prov., xxxi, 14, est le navire du trafiquant, qui parcourtles mers pour transporter les marchandises. Les’ânîyyôt(arsîs, 7r>ota hzlâaam, «navires de mer,» lô.oïa Kap/r, -Sdvoç, «navires de Carthage,» itXoîa ©apuc’ç, navesTharSÎs, étaient originairement les gros navires quiallaient chercher les denrées de Tharsis, en Espagne.Par extension, le nom de «vaisseaux de Tharsis» futattribué à tous les navires de fort tonnage, quelle quefût leur destination, de même qu’on donne aujourd’huile nom de «transatlantiques» même à des paquebotsqui parcourent d’autres mers que l’Atlantique. Ps. xlviii(XL vil), 8; III Reg., x, 22; xxii, 49; II Par., îx, 21; xx, 36, 37; Is., Il, 16; xxiii, 1, 14; lx, 9. Une peintureégyptienne représente un vaisseau de cette espèce, avecun chargement d’arbres à encens et d’animaux. Voir

t. ii, fig. 561, col. 1771. Dans Job, ix, 26, il est questionA"âniyyôt’êbéh, «bateaux de papyrus,» à la marcherapide. Ce sont les barques égyptiennes, aux formessi légères, souvent représentées sur les monuments(tig. 406). Voir aussi t. i, fig. 473, col. 1553; t. ii, fîg. 408, col. 1126. Les Égyptiens s’aventuraient en plein courantdu Nil, «montés sur des canots légers, ou plutôtsur des paquets de joncs liés en fuseau et surmontésd’un plancher.» Maspero, Histoire ancienne des peuplesde l’Orient classique, Paris, 1895, t. i, p. 60. On voit lafabrication de ces canots figurés sur le tombeau desPtahhotep. Les Septante traduisent par vavslv ïyyoçiSov, ’onîyyôf. Cf. Buhl, Gesenius’Handwôrterbuch, Leipzig, 1899, p. 58.

3° Sefînâh, tt/oïov, navis, nom du navire de commercesur lequel Jonas s’est embarqué à Joppé, Jon., i, 5, . etqui d’autre part est appelé’ônîyydh. Jon., i, 3, 5.

4° -Si, vaisseau. Num., xxiv, 24; Is., xxxiii, 21; Ezech., xxx, 9; Dan., xi, 30. Les Septante n’ont pas saisi le sensde ce mot; ils ne le rendent pas, ou, dans Ezéchiel, secontentent de reproduire phonétiquement le pluriel fini, ois! [i. La Vulgate le traduit par trieris, «trirème,» traduction qui n’est qu’approximative.

5° Naûç, navis, le navire en général. Sap., v, 10;

407. — Fragment d’une trière grecque. Bas-relief de l’Acropole d’Athènes.D’après Baumeister, Denkmâler der klassischen Altertums, Leipzig, 1889, t. iii, col. 1627. «trace de route pour les navires,» et la Vulgate parnaves poma portantes, «navires portant des fruits,» en faisant venir’êbéh de’ëb, «verdure,» ou du chaldéen’ib, «fruit.» Isaïe, xviii, 2, parle aussi de keli gomé’, «instruments de jonc,» ou nacelles de jonc, portantdes messagers sur la mer, Septante: ènictoXort ëtéXivai, «des lettres de papyrus,» Vulgate: vasa papyri, cequi traduit exactement l’hébreu. Le mot keli, vas, employédans ce seul passage d’Isaïe avec le sens de barque, passe de l’acception de vase, ustensile en général, àcelle de vaisseau, comme en français le mot vaisseaupasse à celle de vase.

2°’Onî, votûç, classis, navis, est un collectif qui a ordinairementle sens de flotte, comme traduit exactementla Vulgate. III Reg., ix, 26, 27; x, 11, 22; Is., xxxiii, 21. Dans les lettres de Tell el-Amarna, le mot ana’apparaît comme une glose chananéenne du mot elippu, vaisseau. Dans l’ancien égyptien, le vaisseau s’appellehani ou ana. Dans les passages parallèles, II Par., viii, 18; ix, 21, le collectif’onî est remplacé par le pluriel

Act., xxvii, 41. Ce mot désigne ordinairement legrands navires.

6° Tpcrjp: r)ç, triremis, navire à trois rangs de rames.II Mach., iv, 20. Les rameurs étaient superposés surtrois rangs et ceux du rang supérieur avaient naturellementles rames les plus longues (fig. 407).

7° IIXoiov, navis, mot désignant toutes espèces denavires de transport, de guerre, I Mach., xv, 3, depêche, etc., mais" de dimensions ordinairement considérables.Eccli., xxxiii, 2; Joa., iii, 4; Act., xx, 13, 38; xxi, 2, 3, 6; xxvii, 2-44; xxviii, 11; Jacob., iii, 4; Apoc, vin, 9; xviii, 17, 19. Cependant saint Matthieu, viii, 23, 24; rx, 1; xiii, 2; xiv, 13, 22, 24, 29, 32, 33; xv, 39, et quelquefois saint Luc, v, 3, 7; viii, 22, l’emploientdans le sens de barque, navicula.

8° IlXoictpcov, navicula, navigium, la barque du lacde Génésareth (fig. 408). Marc, iii, 9; iv, 36; Joa., viii, 22, 24; xxi, 6, 8.

9° Exiçcx, iTxàipiri, scapha, le canot qui circule dansles ports, II Mach., xii, 3, 6, ou qui accompagne les

navires de haute mer pour le débarquement des passagers.Act., xxvii, 16, 32. Josèphe, Vit., 33; Bell.jud., III, x, 1, appelle de ce nom les barques du lac deGénésareth.

II. Construction des navires. — 1° Les navireségyptiens étaient surtout faits pour voguer sur le Nil.Une ancienne peinture représente les constructeurs debateaux à l’ouvrage (fig. 409). La coque affectait presquetoujours la même forme cambrée, avec une poupe trèsrelevée, et une proue qui se recourbe élégamment versl’intérieur. Un mât soutient une voile, et des rameursoccupent la cale (fig. 410). Les navires destinés à transporterpar mer des marchandises ou des troupes étaient

taine d’hommes en tout. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. ii, p. 197-199.

2° Les Philistins eurent aussi leur marine, à l’aidede laquelle ils écumaient les mers, au moins dans lespremiers temps de leur séjour sur la côte méditerranéenne.Un de leurs navires est représenté, fig. 230, col. 861. Il est de forme analogue à ceux des Égyptiens, mais avec deux extrémités relevées perpendiculairement.

3° Les galères phéniciennes avaient également lesdeux extrémités relevées comme les navires philistins, un faible tirant d’eau, et autour du bordage une balustradeassez élevée, qui permettait de caser beau408. — Barque actuelle du lac de Génésareth avec ses rameurs, près d’Ain Tabagha.Photographie de M. L. Heidet, lors de notre pèlerinage, en 1899.

plus hauts de bordage, avec des formes plus lourdes, un mât plus fort, des cordages beaucoup plus gros etnombreux. Ils portaient une cinquantaine d’hommes.Quant aux marchandises, on les entassait sur le pont, où elles laissaient à peine la place indispensable à la manœuvre.Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. i, col. 392.Plus tard, sous la xviiie dynastie, la construction seperfectionna. La coque mesura de vingt à vingt-deuxmètres, mais sans caler plus d’un mètre cinquante auplus creux. La poupe et la proue furent surmontées debalustrades. Les bancs des rameurs furent disposés àbâbord et à tribord, laissant le milieu libre pour lesmarchandises, les agrès ou les soldats. La muraille, haute de cinquante centimètres, était surmontée en casde guerre par un mantelet qui ne laissait exposées queles têtes des rameurs. Le mât, toujours unique, avaithuit mètres de haut, et la voile était tendue entre deuxvergues de dix-neuf à vingt mèlres de longueur (fig. 410).L’équipage comprenait trente rameurs, une dizaine dematelots, autant de soldats, jamais plus d’une cinquanDICT. DE L4 BIBLE.

coup de marchandises et de les arrimer solidement.On en a une représentation, fig. 405, col. 1497. Les vaisseauxde la flotte de Salomon devaient tenir à la foisdes modèles phéniciens et des modèles égyptiens, sansqu’il soit possible de déterminer dans quelle mesure.Quand, plus tard, les Phéniciens se lancèrent dans lesexpéditions lointaines, ils perfectionnèrent notablementla construction de leurs navires. La poupe continuaà se recourber, mais la proue prit la formed’éperoâ^pour fendre les vagues et, au besoin, fracasserles vaisseaux ennemis. Le^navire fut ponté, pourvu dedeux rangs de rameurs superposés, avec un seul mâtsolidement planté et une vergue qui s’abaissait à volontépour la manœuvre de la voile. Au-dessus desrameurs, un faux pont, abrité de chaque côté par desboucliers, servit à porter les matelots et les soldats(fig. 411). Le navire, bien équilibré, tenait bien la meret se prêtait avec une sécurité suffisante aux excursionslointaines.

4° Les Assyriens n’eurent longtemps que des barques

IV. — 48

1507

NAVIRE

1508

rudimentaircs ou des radeaux pour transporter lesmatériaux sur leurs fleuves et leurs canaux. Leurs monumentsreprésentent aussi des barques longues et

et point de mât. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. iii,

p. m.

5° Les navires grecs et romains de l’époque évangé409. — Construction de barques en Egypte. Sauiet-el-Meitin, VI’dynastie. D’après Lepsius, Denkmâler, Abth. ii, Bl. 108.

plates sur lesquelles ils montaient pour poursuivre lesennemis dans les marais (fig. 412). Sennachérib, pourattaquer l’Élam par mer, créa une flotte qui descenditle Tigre et l’Euphrate. Sur le monument qui la reprélique étaient de différentes formes (fig. 413). Le naviremarchand, navis oneraria, tiXoïov çop-nxô’v, était lourd deforme, ordinairement ponté d’un bout à l’autre, à quilleronde et marchant à voiles, sans rames ni avirons. De’410. — Bateau égyptien de la flotte de Punt. D’après Dumïchen, Die Flotte einer âgyptischen Kônigin, pi. i.

sente (fig. 411), on voit deux sortes de navires. Les unssont identiques aux navires à éperon des Phéniciens, ce qui donnerait à penser que ces derniers ont travaillépour le compte du roi d’Assyrie. Les autres reproduisentle vieux type babylonien, avec les deux extrémitésrelevées de même manière, deux rangs de rameurs

ce type est celui qui est représenté col. 1515, fig. 214. Cf.Tite Live, xxii, 11; xxx, 24; Corn. Nepos, Them., 2.Le navire de transport, navis actuaria, èTti’xwuo; , marchantà la fois à rames et à la voile, avait au moinsdix-huit avirons, et servait à transporter rapidementdes hommes, surtout à la guerre, mais sans entrer en 1509.’NAVIRE 1510

ligne. Cf. Tite Live, xxi, 28; xxv, 30; Aulu-Gelle, x, I cf. Hérodote, vi, 138, et tenant le milieu entre le navire

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Ml. — Navires assyro-phêniciens, montés par des marins phéniciens. D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. ii, pi. 71.

25, 3. La galère, navis longa, vaO; [laxpôt, n’avait qu’un i marchand et les hirèmes et les trirèmes, présentait unerang de rames, comptait jusqu’à cinquante rameurs, coque effilée et allongée. Cf. Rich, Bict. des antiq. rom.

et grecq., p. 424, 425. Les navires marchands les plusconsidérables et les mieux conditionnés de cette époqueétaient les navires d’Alexandrie. Ils jaugeaient jusqu’à600 tonneaux, chaque tonneau de mer représentant à

lequel Josèphe fit le voyage de Rome en contenait 600.Cf. Josèphe, Fit., 3. À chaque passager était alloué unespace de trois coudées de long sur une de large, unpeu moins de l m 50 sur O^SO. On ne lui fournissait

412. — Bateaux plats assyriens dans les marais d’Élam. D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. ii, pi. 27.

peu près un mètre cube et demi d’après l’ancienneévaluation, et près de trois mètres cubes d’après lanouvelle. Lucien, Navig., 1, parle même d’un vaisseau, Vlsis, qui aurait eu une capacité de! 000 à 1 100 tonnes.Mais on croit qu’il exagère. Cf. J. Smi, th, The Voyageand Shipwreck of St. Paul, Londres, 1848, p. 147150. Le navire alexandrin qui portait saint Paul etéchoua à Malte contenait 276 personnes. Celui sur

que l’eau; il avait lui-même à assurer sa nourriture, exception faite probablement pour les prisonniers, nourrispar les soins du centurion qui les conduisait. Cf. A.Trêve, Une traversée de Césarée de Palestine à Putéoles, Lyon, 1887, p. 8, 9. Il fallait nécessairement unfort tonnage à un navire qui portait tant de personnes, avec les provisions nécessaires et peut-être des marchandises, puisque même après une assez longue traversée,

on peut encore jeter dans la mer une grande quantitéde blé pour alléger le navire. Act., xxvii, 38. Cf. Fouard, Saint Paul, ses missions, Paris, 1892, p. 511-519.

111. Gréement des navires. — Il est fait mention dansla Bible des parties principales du navire et des agrèsdont il est muni*: la proue, rcpiipcx, prora. Act., xxvii, 30, 41; — la poupe, npû|ivr), puppis, Marc, iv, 38; Act., xxvii, 29, 41; — la cale du navire, yarketay hassefinàh, -f) y.o£Xit) toO 7cXofou, interioranavis, Jon., 1, 5.

— le mât, hibêl, forén, îo-tôî, malus, Prov., xxiii, 34; Is., xxxiii, 23; Ezech, , xxvii, 5; — le gouvernail, mjSâXiov, gubemaculum, Act., xxvii, 40; — les tillacs et lesbancs, qerâsim, transira, qu’Ezéchiel, xxvii, 6, décritcomme étant en buis incrusté d’ivoire; — les rames, mâsôt, Sayît, xwirr), remus, Is., xxxiii, 21; Ezech., xxvii, 6, 29; — les cordages, <rfoma, tunes, Act., xxvii,

atténuer la violence des chocs contre les écueils. C’està tort que quelques auteurs ont cru que le ceintragese faisait dans le sens horizontal. Le sens du verbe grecsuppose le passage des cordages par-dessous le navire. Ceprocédé de consolidation est mentionné par les anciens.Cf. Polybe, XXVII, iii, 3; Vitruve, X, xv, 6; Athénée, v, 204; Thucydide, 1, 29, etc. Il n’est pas absolument horsd’usage. Cf. Conybeare and Howson, The Life andEpistles o( St. Paul, Londres, 1852, t. ii, p. 404-405; Breusing, Die Nautik Aer Alten, Brème, 1886, p. 170-184.IV. L’équipage. — 1k À la tête de l’équipage est lexvgÊfvTJTiiK, gubernator, Act., xxvii, 11; Apoc, xviii, 17, le capitaine qui commande le navire. Sur les vaisseauxmarchands ayant une cargaison importante, il est accompagnépar l’armateur, vaOxXvjpoi; , nauclerus, Act, , xxvii, 11, qui a intérêt à la bonne direction du navire.

413. — Deux bateaux romains, la Louve et le Lynx. Bas-relief représentant le port Claudien.D’après Lanciani, Ancient Rome, in-8 Londres, 1888, vis-à-vis la p. 248.

32; — les ancres, avxupoe, anchora, Act., xxvii, 29, 30, 40; — les voiles, mifrâs, vélum, Ezech., xxvii, 7; — lecanot du bord, ondtçiri, scapha, Act., xxvii, 16, 30, 32; —la sonde, fioXîç, bolis, Act., xxvii, 28; — le pavillon, nés, vélum, Ezech., xxvii, 7; — les boucliers, Selàtim, çotpétpai, pharetree, suspendus autour des navires, Ezech., xxvii, 11; —l’enseigne, rcapamrjfiov, insigne, Act., xxviii, 11; — enfin le coussin, xpocrxeçàXaiov, cervical, disposésur une barque pour s’y appuyer et y dormir. Marc., iv, 38. Voir Ancre, t. i, col. 558; Castors, t. ii, col. 342; Gouvernail, t. iii, col. 282; Mât, t. iv, col. 861; Poupe, Pboue, Rame, Sonde, Voile. Saint Luc donne à l’ensembledes agrès le nom technique de oxeùo; , vas.Act., xxvii, 17. Ce sont les kêlîrn hébreux. Jon., 1, 5.Les vaisseaux avaient de plus une provision de cordagesdestinés à les ceintrer, ùitoÇwvvjeiv, accingere.Act., xxvii, 17. Cette opération s’exécutait en cas dedanger. Elle consistait à passer par-dessous la quilledu navire une série de cordages parallèles qu’on nouaitsolidement par leurs extrémités par-dessous le bordage.- Ces cordages empêchaient la coque de se disloquersous l’effort de la tempête; ils pouvaient aussi

Un pilote, 6 sJOûvwv, dirigens, a le maniement du gouvernail.Jacob., iii, 4. — 2° Les matelots portent différentsnoms: ’anse’ônîyyôf, avSpeç vacutixâl, ’viri nautici, «hommes des bateaux,» III Reg., ix, 27; — hobêl, xuëÉpvrj-rrjç, Ezech., xxvii, 8, 27-29; npiùpsiç, «timonier,» Jon., 1, 6, gubernator, nauta; le hobêl, matelot, tire son nom de hébél, «cordage;» — mallâfi, vowthuSs, xu>7Cï)}.<iTï)ç, nauta, Ezech., xxvii, 9, 27, 29; Jon., i, 5, matelot; — sàtim, xamiiXotTat, rémiges, «rameurs,» Ezech., xxvii, 8; — tofsë mâsôt, xw7cr|-AâToti, qui tenent remum, ceux qui manient la rame, Ezech., xxvii, 29; — vo-jtoi, nautse, les matelots, Act., xxvii, 27, 30. Il est encore parlé de ceux qui sont couchéssur le haut du mât, Prov., xxiii, 34, pour faire lamanœuvre des voiles (fig. 414). Le marin de commerceest appelé sohèr, institor, «marchand.» Prov., xxxr, 14; Is., xxiii, 2. Saint Jean nomme les marins trafiquants: ôuoi tt|v 6âXa<r<j-av êpYocï<mai, qui in mari operantur, «ceux qui exploitent la mer,» et rcâç ô lia tôxov xXéwv, «quiconque navigue vers un lieu,» Apoc, xviii, 17.La "Vulgate traduit cette dernière phrase: omnis qui inlacum navigat, «quiconque navigue vers un lac.» Il y

&"*'

a évidemment une faute de copiste, qui a substituélacum, «lac,» à locum, «lieu.» — Enfin il est question dans Ezéchiel, xxvii, 9, 27, de ceux qui réparentles Assures des navires, c’est-à-dire des calfats.

VExpressions métaphoriques. — Elles sont rares, comme il faut s’y attendre dans les écrits d’un peuple

414. — Navire antique, figuré sur un tombeau de Pompéi.D’après Mazois, Ruines de Pompéi, Paris, 1804.

qui n’est pas navigateur. Isaïe, xxiii, 1, 14, invite lesvaisseaux de Tharsis a pousser des cris, à la vue de laruine de Tyr. Saint Jean exprime une pensée analogue.Apoc., x viii, 19. Il dit aussi qu’au son de la secondetrompette, le tiers des navires périront, c’est-à-dire letiers des hommes qui sont sur mer. Apoc, viii, 9. EnfinIsaïe, xxxiii, 21, en parlant de Jérusalem restaurée, dit que le Seigneur lui tiendra lieu de fleuve, et quesur ce fleuve ne passeront ni navires à rames, ni grandsvaisseaux, c’est-à-dire aucune flotte de guerre capable

de troubler la paix.

H. Lesêtre.

    1. NAXERA##

NAXERA (Emmanuel de), jésuite espagnol, né àTolède le 25 décembre 1604, mort à Madrid le Il septembre 1680, Pendant qu’il professait l'Écriture Sainteau scolasticat de la' Compagnie de Jésus à Alcala, il fitparaître à Lyon en 1647 un long commentaire du livrede Josué (in-f° de 794 p.), réimprimé à Anvers en 1650et à Lyon en 1652. Quelques années plus tard, il expliquait pareillement Les Juges, en trois volumes de 594, 640 et 648 p., aussi publiés à Lyon, 1656-1664. L’auteurne s’attache pas uniquement à donner le sens littéraldu texte, il en tire d’abondantes conclusions moralesqu’il destinait surtout aux prédicateurs. Son travail surJosué se termine notamment par un appendice surl’Arche, considérée comme figure de^la Sainte Vierge.Naxera dans ces pages développe les louanges de Mariesuivant l’esprit de ses diverses fêtes.

P. Bliard.

    1. NAZARÉAT##

NAZARÉAT, vœu par lequel certains Israélites seconsacraient au Seigneur, en s’obligeant à des abstinencesdéterminées. Celui qui avait fait ce vœu s’appelait nâzîrou nezîi' 'Ëlôhîm. Ce nom vient du verbe nàzar quiveut dire «séparer», puis «consacrer», et consécutivement «s’abstenir». Le mot assyrien analogue, nozdru, signifie «maudire» et «ensorceler». Les versions rendent ndzir par eOi-auivo; , ïjÙyu.svoç, «celui quia fait. vœu,» fjyiaaixévo: , «consacré,» consecratus, nazarœus.

I. La loi du nazaréat. — Elle est formulée au chapitre vi du livre des Nombres. — 1° Le nazaréen doits’abstenir de toute liqueur enivrante, de viii, de vinaigre, et de tout ce qui sert à les faire, raisins frais

ou secs, et même de la peau et des pépins de raisins.Num., w, 1-4. — 2° Il ne doit pas se couper les cheveux.Num., vi, 5. —3° Il doit éviter toute souillure provenantdu contact d’un mort, s’abstenir même d’approcher ducadavre de ses plus proches parents, père ou mère, frère ou sœur. Num., vi, 6-8. — 4° Si quelqu’un meurtsubitement à ses côtés, le nazaréen est souillé par lefait même et tout le temps de sa consécration déjà écouléne compte pas. Il doit se purifier pendant sept jours, raser ses cheveux le premier et le septième jour; lehuitième jour, offrir au sanctuaire deux tourterelles oudeux jeunes pigeons, que le prêtre sacrifie l’un enholocauste et l’autre en victime expiatoire; enfin renouveler son vœu de nazaréat et offrir un agneau d’un anen sacrifice pour le péché. Num.., vi, 9-12. — 5° Letemps de son vœu terminé, le nazaréen se présente denouveau au sanctuaire et fait offrir un agneau d’un an enholocauste, une brebis d’un an en sacrifice expiatoire, etun bélier en sacrifice d’action de grâces, avec les painsazimes, les gâteaux, l’huile et les libations qui 'accompagnent ordinairement les sacrifices. Puis le nazaréenrase ses cheveux et les fait consumer par le feu dusacrifice d’action de grâces; il reçoit dans ses mains lapartie des offrandes qui doit revenir au prêtre; il peutmême, si ses ressources le lui permettent, offrir encoredavantage. Enfin il est libre et est autorisé à boire denouveau du vin. Num., vi, 13-21. — 6° Il est à observerque les nazaréens sont assimilés au grand-prêtre, quant à la défense d’approcher du cadavre même desparents, Lev., xxi, 11, 12, et, en quelque manière, auxsimples prêtres, quant à la défense de couper leurscheveux. Lev., xxi, 5. La défense de boire du vin etdes liqueurs enivrantes leur est commune avec legrand-prêtre et ses fils, au moins au temps où ceux-ciont à exercer leurs fonctions. Lev., x, 8, 9.

II. Origines du nazaréat. — 1° Il paraît évident qufrMoïse n’a pas institué le nazaréat, mais qu’il n’a faitque consacrer une coutume qui existait avant lui. Ilparle en effet du vœu du nâzîr comme d’une chosedéjà familière aux Israélites. Il s’agit donc d’un riteremontant à l'époque patriarcale. — 2° S. Cyrilled’Alexandrie, De adorât, in spir, et verit., 16, t. lxviii, col. 931, regarde le nazaréat comme un emprunt faitaux usages religieux des Égyptiens. Son opinion a étéadoptée par Spencer, De legibus Hebrmor. ritual., Cambridge, 1685, III, vi, 1; J. D. Michælis, MosaischesRecht, Francfort-sJ-M., 17754780, t. iii, 145, etc. Chezles Égyptiens, on constate l’usage de sacrifier la chevelure en certains cas. Ainsi on rase la tête des enfantetotalement ou en partie, et l’on consacre l’argent équivalent au poids des cheveux coupés à la nourriture desanimaux sacrés. Cf. Hérodote, II, 65; Diodore de Sicile, i, 18, 83. Des coutumes analogues se retrouvent chezles Syriens, cf. Lucien, De Dea syra, 60, et chez lesSémites en général. Cf. Lagrange, Le livre des Juges, Paris, 1903, p. 259. Par contre, dans certains actesreligieux, les prêtres égyptiens avaient à se munird’une barbe postiche. Cf. Maspero, Histoire anciennedes peuples de l’Orient classique, Paris, t. î, 1895, p. 124. Les Égyptiens ne laissaient guère croître leurscheveux et leur barbe que dans le deuil. Cf. Hérodote, n, 36. À raison de leur consécration, les prêtres égyptiens devaient aussi s’abstenir de viii, cf. Plutarque, De Isid. et Osir., 6, et de certains aliments. Cf. Porphyre, De abstin., iv, 7. — 3° Mais ces pratiqueségyptiennes ne dépendaient nullement d’un vœu. Ellesne s’unissaient pas ensemble pour constituer un genreparticulier de vie, perpétuel ou temporaire. Aussi, malgré certaines ressemblances de détail, est-il tout àfait improbable que le nazaréat hébreu ait fait de réelsemprunts aux pratiques égyptiennes. Cf. Winer, Bibl.Realwôrterbuch, Leipzig-, 1838, t. ji, p. 165; Bàhr, Symbolik des mosaischen Cultus, Heidelberg, 1839„

t. ii, p. 439, 440. — 4e II est donc à croire que le ritedu nazaréat était déjà traditionnel dans la famille deJacob et que son origine doit être cherchée dans lescoutumes chaldéennes. Pour faciliter la pratique dunazaréat aux Israélites pauvres, leurs frères plus richesse faisaient un devoir de paver pour eux les frais nécessaires.Act., xxi, 24. Fr. Buhl, La Société Israélited’après VA. T., trad. de Cintré, Paris, 1904, p. 18, pense que l’abstention du vin était une sorte de protestationcontre la vie chanaéenne encore en vigueurau milieu des Israélites. Il est d’ailleurs en soi asseznaturel que celui qui veut consacrer sa vie au Seigneurs’abstienne de vin et de toute liqueur fermentée, cesboissons ayant parfois pour effet de faire perdre àquelqu’un la possession de soi-même.

III. Signification des eues du nazaréat. — 1° Lenazaréat comporte deux actes distincts, l’un négatif, seséparer des autres hommes, Num., vi, 2, l’autre positif, se consacrer à Dieu, Num., vi, 8. Au premier correspondl’abstinence du vin et des liqueurs enivrantes, ausecond la croissance de la chevelure. La consécrationqui résultait pour le nazaréen de ces deux actes l’assimilaitaux prêtres et l’obligeait même aux règles depureté imposées au grand-prêtre. — 2° L’abstinence duvin n’était pour lui, par comparaison avec l’obligationimposée au grand-prêtre, Lev., x, 10, qu’un moyende mieux distinguer ce qui était pur et saint de cequi ne l’était pas. — 3° La croissance de la cheveluremarquait la plénitude de la vie, comme la croissancede la végétation dans la nature. Voilà pourquoi toutcontact avec les morts, même les plus proches, étaitinterdit au nazaréen, la mort étant la contradictionformelle de la vie. — 4° Des trois sacrifices offerts parle nazaréen à l’expiration de son vœu, le troisièmeétait le plus important, par la nature de la victime etpar la combustion de la chevelure consacrée à Dieu.Les portions de la victime était mises dans les mains dunazaréen, comme il se pratiquait dans les sacrificesofferts pour la consécration des prêtres. Exod., xxix, 24. Tous ces rites accusaient l’assimilation du nazaréatet du sacerdoce, au point de vue de la consécration àDieu. — 5° La Loi ne prévoit pas le manquement volontaireau vœu du nazaréat; le cas, sans doute, étaitregardé comme impossible, parce qu’on ne faisait levœu qu’en connaissance de cause. Le manquementinvolontaire exigeait le sacrifice de deux oiseaux etd’un agneau, alors que, pour les impuretés ordinaires, on n’offrait qu’une brebis ou une chèvre, que les pauvresremplaçaient par deux oiseaux. Lev., v, 6-7. C’estqu’en effet la pureté imposée au nazaréen était plusparfaite que celle du simple Israélite. La souillure atteignantà la fois sa personne physique et morale, parconséquent sa chevelure consacrée et le temps écouléde son vœu, il était de plus obligé de couper à nouveausa chevelure et de recommencer le temps de son vœu.Toutes ces exigences indiquaient à quel degré devait semaintenir la pureté inséparable de la consécration àDieu. Cf. Bàhr, Symbolik, t. ii, p.. 430-436. - 6° Bienque le nazaréat ne comportât que des pratiques extérieures, la consécration à Dieu dont il était le signeentraînait nécessairement une vie plus religieuse quecelle des autres Israélites. Aussi admet-on généralementque les nazaréens se livraient à un certain ascétismequi les rendait plus parfaits, plus exemplaires et plusagréables à Dieu. Samuel, saint Jean-Baptiste, saintJacques le Mineur, sont des hommes de haute vertumorale.

IV. La pratique juive. — 1° La Loi autorise leshommes et les femmes à faire le vœu de nazaréat, etelle suppose que ce vœu est temporaire. Num., vi, 2, 13.Par ordre de Dieu, Samson fut voué au nazaréat avantsa naissance, Jud., xiii, 5; Samuel fut également vouépar sa mère. I Reg., i, 11. — 2° Au cours des âges, les

Israélites interprétèrent les termes de la Loi pour enrégler pratiquement l’exécution. Ces interprétations sontconsignées dans le traité Nazir de la Mischna. On distinguaitles nazaréens en perpétuels et en temporaires.Les nazaréens perpétuels étaient de deux sortes; lesuns s’en tenaient aux prescriptions de la Loi, maispouvaient couper leurs cheveux une fois l’an; lesautres, à l’exemple de Samson, ne coupaient jamaisleurs cheveux, mais n’offraient aucun sacrifice en casde souillure. Cf. Nazir, i, 2. Les nazaréens temporairesfaisaient le vœu de nazaréat pour un temps d’au moinstrente jours. S’ils se vouaient pour une période pluslongue, ils étaient obligés de s’en tenir scrupuleusem*ntaux termes de leur promesse. Cf. Nazir, i, 3. — 3° Dixprescriptions s’imposaient au nazaréen: 1. laissercroître ses cheveux; 2. ne pas se raser; 3. ne boire nivin, ni vinaigre, ni liqueur fermentée; 4. ne mangerni raisin frais, 5. ni raisins secs, 6. ni pépins, 7. nipeau de raisins; 8. ne pas entrer dans la maison d’unmort; 9. éviter la souillure des morts, même des sixqui sont mentionnés Lev., xxi, 2, à l’exception du mortlaissé sans sépulture, que le grand-prétre lui-mêmeétait tenu d’inhumer, à défaut d’autre; 10. offrir lessacrifices prescrits, soit à la fin du vœu, soit dans le casde souillure involontaire. Cf. Nazir, iii, 3; S. Jérôme, In Amos, ii, 12, t. xxv, col. 1010. On voit que l’usageatténuait, en certain cas, l’obligation de ne jamaiscouper ses cheveux. — 4e Les cheveux des nazaréensn’étaient définitivement coupés que dans le Temple.Une salle particulière, située dans le parvis des femmes, était destinée à cet usage. C’est là aussi que les nazaréensfaisaient cuire leurs offrandes. Cette destinationd’un lieu réservé dans le Temple aux préparatifs desnazaréens prouve que le nazaréat temporaire était assezfréquemment pratiqué. Cf. Reland, Antiquitates sacras, Utrecht, 1741, p. 47. Si le nazaréen ne pouvait fairelui-même les dépenses nécessitées par ses sacrifices, il y était aidé par d’autres; ceux-ci accomplissaientmême en cela un excellente œuvre de piété. Quand lenazaréen mourait avant la fin de la période qu’il avaitvouée, son fils ou son héritier pouvait se faire couperles cheveux et offrir les sacrifices à sa place. Pour lapurification de la souillure contractée involontairementau contact d’un mort, on se servait de la cendre de lavache rousse, comme dans les cas analogues. VoirLustration, col. 423; cf. Iken, Antiquitates hebraicse, Brème, 1741, p. 226-231; Reland, Antiquitates særx, p. 142-145; G. F. Meinhard, De Nasirmis, Iéna, 1676.

— 5° C’est à tort qu’on a voulu voir dans les nazaréensdes sortes de moines. Cf. Dessovius, Vota monastica etNasirseorum inter se collata, Kiel, 1703; Less, Progr.super lege mos. de nasirasatu, prima eademque antiguissimavitse monasticse improbatione, Gœttingue, 1789. Rien n’autorise cette assimilation, les vœux desnazaréens ne portant que sur des pratiques extérieures.Ils n’en étaient pas moins obligés de se surveiller detrès près et de se tenir quelque peu à l’écart de leurssemblables, puisque le contact même involontaire d’unmort réduisait à néant tout ce qu’ils avaient fait antérieurementpour l’accomplissem*nt de leur vœu.

V. Les nazaréens célèbres. — L’histoire bibliqueet les^annales juives mentionnent un certain nombrede personnages qui ont été liés par le vœu du nazaréat.

1° Samson fut voué par sa mère au nazaréat, surl’ordre de l’ange qui annonça sa naissance. Les conditionsde vie imposées à Samson sont nettement indiquées: ne boire ni vin ni boisson fermentée, ne rienmanger de souillé, ne point couper sa chevelure. Lesaliments souillés qui lui sont défendus ne sont passeulement ceux qui ont ce caractère pour tout Israélite, mais encore les raisins et ce qui en vient. Il doit êtrenazaréen jusqu’à sa mort. Jud., xiii, 3-14. Il n’est pasquestion pour lui de s’abstenir du contact des morts.

1519

NAZAREAT — NAZAREEN

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Cette abstention eût d’ailleurs été inconciliable avecsa vocation, puisque Samson était précisément appeléà mettre à mort en grand nombre les ennemis de sonpeuple. Jud., xiv, t. Quand Samson révéla à Dalilale secret de sa consécration à Dieu, dont sa longue chevelureétait le signe, et que celle-ci eût été coupée parsa faute, cette infraction à la loi du nazaréat entraînapour lui la suppression du secours divin et la perte desa force extraordinaire. Jud., xvi, 17-20. Quand ensuiteses cheveux repoussèrent et que le repentir descenditdans son cœur, Samson retrouva sa force et l’assistancede Dieu. Jud., xvi, 22, 28. Josèphe, Ant. jud., V, viii, 11, ajoute au texte une remarque arbitraire et contraireà la réalité, quand il fait dire à Samson que sa forceest en proportion de la longueur de sa chevelure.

2° Samuel fut également voué au nazaréat par sa mère, Anne, qui prit cette détermination de son propre mouvement.Elle stipula seulement que les cheveux de sonfils ne seraient jamais coupés, et qu’il serait consacréau Seigneur. I Reg., i, 11, 22. Ces conditions supposaientle nazaréat complet.

3° Amos, ii, 11, 12, dit que le Seigneur a suscitéparmi les Israélites des jeunes hommes qui se sontvoués au nazaréat, mais qu’on leur a fait boire du viii, au mépris de leur vœu solennel. — Les versions mentionnentencore les nazaréens dans trois passages del’Ancien Testament. Dans la bénédiction de Jacob, ilest dit de Joseph: «Que les bénédictions descendentsur la tête de celui qui est nâzîr, «prince,» entre sesfrères.» Gen., xlix, 26. Les Septante traduisent: «Surla tête de Joseph, et sur la tête des frères dont il est lechef.» Il n’y a donc pas lieu d’admettre ici la traductionde la Vulgate: «Sur la tête de celui qui est nazaréenentre ses frères.» Rien en eifet ne permet desupposer que Joseph ait fait le vœu du nazaréat. Lamême expression se trouve reproduite dans la bénédictionde Moïse. Deut., xxxiii, 16. Elle doit être interprétéecomme dans la bénédiction de Jacob. Dans lesLamentations, iv, 7, il est aussi parlé des nezîrim d’Israël.Les Septante traduisent par vaÇipctïot et la Vulgatepar naiarsei. Malgré l’autorité de ces deux versions, ons’accorde à reconnaître, d’après le contexte, qu’il s’agitdans ce passage de princes et non de nazaréens, lemot nazîr s’appliquant à l’un et à l’autre.

4° Quand Judas Machabée vit que Jérusalem était auxmains des gentils et que le culte sacré y avait cessé, ilrassembla les Juifs fidèles à Maspha, et faisant comparaîtreles nazaréens qui avaient terminé leur temps, ildit: «Que ferons-nous d’eux? Où les conduire?» I Mach., iii, 49, 50. C’est en effet au Temple, alors inabordable, que devaient se célébrer les sacrifices quiterminaient le nazaréat. — Plus tard, le roi AlexandreJannée et Siméon ben Schétach donnèrent neuf centstêtes de bétail pour subvenir aux sacrifices de troiscents nazaréens. Cf. Gem. Hier. Nazir, 54, 2; MidraschKoheleth, 107, 3. Le nazaréat ne cessait donc pas d’êtreen assez grand honneur parmi les pieux Israélites.

5° En annonçant la naissance de saint Jean-Baptiste, l’ange Gabriel dit qu’il ne devra boire ni viii, ni liqueurenivrante et qu’il sera rempli de l’Esprit-Saint. Luc, i, 14, 15. Il n’est point parlé de la chevelure à laisserpousser, et quelques auteurs en concluent qu’il ne peutêtre question ici de nazaréat. Mais l’ange n’était pastenu de faire une énumération complète. Il omet ce quiregarde la chevelure, de même que la mère de Samuela omis ce qui concernait le vin et les liqueurs fermentées.Les omissions se suppléent d’elles-mêmes. Saint Jean-Baptistea été nazaréen dans le sens le plus éminentpar sa sanctification surnaturelle et sa vie mortifiée.Cf. Knabenbauer, Evang. sec. Luc, Paris, 1896, p. 49.

6° Josèphe, Ant. juçi., XX, vi, 1, raconte qu’HérodeAgrippa, arrivant à Jérusalem avec le titre de roi, fitoffrir de nombreuses victimes et couper les cheveux

d’un grand nombre de nazaréens, ce qui doit s’entendreprobablement en ce sens qu’il fournit ce qui était nécessairepour que ces nazaréens puss*nt offrir leur sacrificefinal. Il raconte ailleurs, Bell, jud., II, xv, 1, queBérénice, sœur du roi Agrippa, vint à Jérusalem, sousle procurateur Florus, pour accomplir un vœu de nazaréat.Il remarque à cette occasion qu’on se vouait aunazaréat pour trente jours, pendant lesquels on priaitdans l’espérance d’obtenir la guérison d’une maladieou la délivrance d’un péril. Enfin, la Mischna, Nazir, m, 6, dit que la reine Hélène d’Adiabène fit vœu denazaréat pour sept ans, si son fils revenait heureux dela guerre. Cette condition ayant été remplie, la reineHélène commença son nazaréat, sur la fin duquel unesouillure annula ce qu’elle avait fait; elle recommença, et subit le même accident sur la fin de la secondepériode; elle dut recommencer encore, de sorte queson nazaréat dura en tout vingt et un ans.

7° À la fin de sa troisième mission, saint Paul setrouvant en Grèce et tenant à se rendre à Jérusalem, fit un vœu de nazaréat, et, avant de s’embarquer à Cenchrées, coupa ses cheveux. Act., xxiii, 18. Régulièrement, les cheveux du nazaréen devaient être coupés dansle Temple. Mais il est probable que, quand le vœu avaitété fait à l’étranger, on pouvait se couper les cheveuxlà où l’on se trouvait à l’expiration du vœu, à chargede les porter à Jérusalem et d’y accomplir les ritesprescrits. Saint Paul, qui se savait si jalousem*nt surveillépar les Juifs, n’aurait pas voulu se permettre lamoindre infraction aux usages reçus en pareille matière.Il avait fait ce vœu soit par reconnaissance pourla protection divine qui l’avait préservé de tant dedangers, soit aussi afin de rendre irrévocable son départpour Jérusalem. Cf. Fouard, Saint Paul, ses missions, Paris, 1892, p. 268; Knabenbauer, Aclus Apost., Paris, 1899, p. 317, 318. Saint Luc appelle le vœu desaint Paul eù-^v. Philon, De victimis, édit., Mangey, t. ii, p. 249, désigne le nazaréat sous le nom de r, eO/r, [isfâXir], «le grand vœu.»

8° Saint Jacques le Mineur, d’après Hégésippe, seserait astreint à toute la rigueur de la discipline desnazaréens. Cf. Eusèbe, H. E., ii, 23, t. xx, col. 197.C’est ce qui expliquerait la vénération que les Juifseux-mêmes avaient pour lui et la facilité qui lui étaitlaissée de pénétrer dans le Temple. Un Réchabite intervinten sa faveur au moment du martyre. Voir Jacques(Saint) le Mineur, t. iii, col. 1086, 1087. Les Réchabitess’abstenaient de viii, comme les nazaréens. Maislà s’arrêtait la ressemblance entre les uns et les autres.D’ailleurs les Réehabites pratiquaient cette abstinenceen la rattachant, non pas à la loi mosaïque, mais àl’ordre de leur ancêtre Jonadab. Jer., xxxv, 6. Voir

Réchabites.

H. Lesêtre.

1. NAZARÉEN (hébreu: ndzir, «. séparé, consacré; sSeptante: EÎ)$â(ievoc, T^ytiévo; dans les Nombres, vi, 2 sq., Na£: p [Nocïtpaîoç, NaÏTjpatoî, NaÇetpaîoç, dansdivers manuscrits], dans les Juges, xiii, 5, 7; xvi, 17; et dans I Mach., iii, 49; r l yiaa[i.evo; , dans Amos, ii, 11, 12; Vulgate: Nazarœus), 1° celui qui était consacré àDieu par le vœu du nazaréat. Voir Nazaréat. — 2° Lemot hébreu nâzîr a aussi le sens de «prince», dansGen., xlix, 26, et Deut., xxxiii, 16, où il est dit de Joseph, «prince de ses frères,» et dans les Lamentations, IV, 7, où il est dit des princes de Juda. Dans ces trois passages, la Vulgate a traduit nâzîr par Nazarœus. — 3° Danssaint Matthieu, ii, 23, nous lisons: «[Joseph] vint habiterune ville nommée Nazareth, afin que s’accomplitce qu’avaient dit les prophètes: Il sera appelé Nazaréen(grec: NaÇwpuîoç; Vulgate: Nazarœus).» Certainscommentateurs pensent, sans exclure la signification «habitantde Nazareth», que «Nazaréen» signifie ainsi ici «consacré à Dieu» par le nazaréat, mais cette explica

tion est difficile à défendre. Voir J. Knabenbauer, Comment, in Matthxum, 1882, t., i. p. 113.

2. NAZARÉEN (grec: Naïapïjvo’; et NaÇœpaïoî; Vulgate: Nazarenus), 1° habitant de la ville de Nazareth.Dans le textus receptus grec, Nazaréen est écrit NaÇaprvo’çdans Marc, i, 24; xiv, 67; xvi, 6; Luc, iv, 34; Na^apaïoçdans Marc, x, 47; Naïupaîef, dans Matth., ii, 23; Luc, xviii, 37; xxiv, 19; Joa., xviii, 5; xix, 19; Act., Il, 22; iii, 6; IV, 10; VI, 14; xxii, 8; xxvi, 9. L’orthographevarie, du reste, dans les divers manuscritsde ces passages. Le titre de la croix, à l’église de Sainte-Croixde Jérusalem à Rome, porte: NAZAPENOTZavec les lettres écrites au rebours. Voir Vigouroux, LeNouveau Testament et les découvertes archéologiques, 1e édit., p. 185, fig. 7. Ce mot n’est employé commenom ethnique que pour déterminer le nom de Jésus, etmarquer qu’il habitait Nazareth, dans les passages cités.Voir Nazareth. — 2° En un seul endroit, Act., gtxiv, 5, 1enomde «Nazaréens» est donné par les Juifsaux sectateursde Jésus-Christ, NaÇwpotïot, et il leur fut attribué plusd’une fois dans la suite (Tertullien, Adv. Marcion., IV, 8, t. ii, col. 372), en particulier par les Juifs. Une secteapparentée aux Ébionites et composée de chrétiens convertisdu judaïsme qui voulaient conserver la pratiquede la loi mosaïque reçut aussi le nom de Nazaréens.Ils faisaient usage de l’Évangile de saint Matthieu, en araméen, m x» 6’t E6paîouç Eùa-pfÉMov, Evangelium juxlaHebrœos. Voir sur cet Évangile, Matthieu (Évangilele saint), col. 881-882. Cf. Wirthmùller, Die Nazoràer, Ratisbonne, 1864.

    1. NAZARETH##

NAZARETH (NaÇapi, NaÇapér, Na£apÉ6, NaÇapà-r, NaÇapâ6), petite ville de Galilée, où s’accomplit le mystèrede l’Incarnation, où Notre-Seigneur passa son enfanceet sa jeunesse jusqu’aux débuts de sa vie publique.Matth., ii, 23; iv, 13; XXI, 11; Marc, i, 9; Luc, i, 26; il, 4, 39, 51; iv, 16; Joa., i, 45, 46; Act., x, 38.

I. Nom. — Le nom de Nazareth ne se trouve ni dansl’Ancien Testament, ni dans Josèphe. Il offre, dans lesmanuscrits du Nouveau Testament, une certaine variétéd’orthographe, et son étymologie est douteuse. Nosmeilleures éditions critiques même ne sont pas d’accord.Ainsi C. Tischendorf, Novum Testamentum grsece, édit. 8 Leipzig, 1869, t. i, sur les douze passages oùle mot est cité, emploie trois fois seulement NaÇapét, Marc, i, 9, et Joa., i, 45, 46, tandis que Westcott etHort, The New Testament in the original GreekLondres, 1898, t. i, l’emploient huit fois, Matth., ii, 23; , Marc, i, 9; Luc, i, 26; H, 4, 39, 51; Joa., i, 45, 46.Tischendorf a sept fois Nappée, Matth., ii, 23; xxi, 11; Luc, i, 26; ii, 4, 39, 51; Act., x, 38; Westcott et Hort, deux fois, Matth., xxi, 11; Act., x, 38. Mais, quelle quesoit la lettre finale, la terminaison pÉT, péô est appuyéepar les meilleurs témoins. La forme NaÇapetT, NaÇapdflse rencontre principalement dans le Codex Alexandrinus(A) et dans un manuscrit du IXe siècle, le CodexSangallensis (A). On trouve enfin NaÇapâ en deux endroits, Matth., iv, 13; Luc, iv, 16. Keim, GeschichteJesu von Nazara, Zurich, 1867, t. i, p. 319, t. H, p. 421, a essayé de montrer que cette dernière était la formeoriginale. Hengstenberg, Christologie des alten Testaments, Berlin, 1854, t. ii, p. 124, prétend que le nométait proprement et primitivement "iï: , Nêsér, auquelon ajouta en araméen la terminaison féminine ii, a, et, à l’état emphatique, ii, t. Il fait appel pour cela au témoignagedes anciens Juifs, pour qui ni: : , Nôserî, est «celui qui est né dans la ville de Nêsér en Galilée, àtrois jours de chemin de Jérusalem». Dans le Talmud, le Christ est appelé nï3 p, ben Nêsér, ou nrun, han-Nôseri, «le Nazaréen.» Cf. Buxtorf, Lexicon chaldaicum, p. 1383. Les chrétiens étaient également appelésDHïi^n, han-Nôserîm, «les Nazaréens.» Du temps

d’Eusèbe, H. E., i, 7, t. xx, col. 97, et de saint Jérôme, Ononiastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 143, le nom dela ville était Nazara. C’est de cette forme en tout casque dérivent les adjectifs Naî; apr; v6ç, employé Marc, i, 24; x, 47, etc., et Luc, iv, 34; xxiv, 19, et NaÇœpaïoç, employé Matth., ii, 23; xxvi, 71; Luc, xviii, 37; Joa., xvin, 5, 7; xix, 19, et Act., ii, 22; iii, 6; iv, 10, etc. Onne trouve nulle part NotfocpETaîoe. On peut objectersans doute que le s, tsadé, est ordinairement rendu engrec par <x, et que le Z. représente plutôt le t, zaïnhébreu. Mais il est des exemples de noms dans lesquelsles Septante ont traduit le tsadé par £; ainsi: yw, ’£/?, 0$’, Gen., x, 23; xxii, 21; lys, Sô’ar, Z^opoc. Gen.,

xin, 10. Ce qui confirme la racine iïj, Nêsér, c’est le

nom actuel de la ville, Xj-oLUI, En-Ndsirah, dans lequelle sàd arabe correspond au tsadé hébreu. Le mot nêsérsignifie «rejeton»; la Vulgate l’a traduit par flos, «fleur,» dans ce passage d’Isaïe, xi, 1, qui s’appliqueau Messie:

Un rameau sortira de la tige de Jessé, Un rejeton poussera de ses racines.

C’est à ce passage que, suivant un grand nombre decommentateurs, saint Matthieu, ii, 23, ferait allusion enrappelant le nom prophétique de NaÇwpocïoç, «Nazaréen,» qui devait être celui du Sauveur. Le latinNazarxus et le français Nazaréen, traduisant égalementl’hébreu "Vh, «séparé, consacré» à Dieu, qui

T

désigne certains ascètes de l’Ancien Testament, ontapporté ici un peu de confusion. Voir Nazaréen 1, col. 1520. Quoi qu’il en soit, saint Jérôme, Onomasticasacra, p, 62, assignant au mot Nazareth l’origine quenous venons de mentionner, lui donne le sens de «fleur, rejeton», et sainte Paule et sa fille Eustochie, écrivant à Marcella, lui disaient: «Nous irons àNazareth, et, suivant l’interprétation de son nom, nousverrons la fleur de la Galilée.» Cf. T. Tobler, Itineraet descriptiones Terrss Sanctm, Genève, 1877, t. i, p. 46. Mais le verbe nâsar a une autre signification, celle de «garder, protéger», etelle est adoptée parcertains auteurs. Ainsi Keim, Geschichte Jesu vonNazara, t. i, p. 319, et t. ii, p. 421, préfère la formemsi, Nôserdh, «celle qui garde, qui veille.» Delitzsch,

dans la Zeitschrift fur lutheranischc Théologie, 1876, p. 401, est pour ms», Nesérét, qui a le même sens.

Enfin Ewald, dans les Gotlingische Gelehrte Anzeigen, 1867, p. 1602, propose m’ss, Nisôréf, «tour de garde.»

A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 189-190, croit retrouver le nom de Nazareth danscelui de n>ns, $eriyéh, que le Talmud accole à celuide Bêf Léhem de Galilée pour dire: «Beth-Lehemprès de Nazareth ou dans le district de Nazareth.» i$eriyéh serait mis pour Naseriyéh, le nun initial ayantpu être omis par un copiste. Malgré tout ce que cesconjectures ont de fragile, Nazareth, nous allons le voir, n’en mérite pas moins, par son gracieux aspect, le nomde c fleur de Galilée» et les collines qui l’entourentsemblent former autour d’elle une couronne prolectrice.

II. Situation et description. — Nazareth est situéesur les derniers contreforts des monts de Galilée, qui, descendant du Liban, viennent fermer au nord lagrande plaine d’Esdrelon. Une route carrossable la relieà Khaïfa à l’ouest et à Kêfr Kenna au nord-est; des chemins la rattachent à Seffuriyéh au nord, àEndor et Naïn au sud-est, à la plaine de Jezraël au sud.Voir le plan (fig. 415).

1° Aspect général. — Nazareth occupe le côté sudouestd’un vaste cirque, qui ressemble à un golfepaisible dont une nappe de verdure remplacerait leseaux disparues. Les collines crétacées qui l’environnent

forment, de leurs croupes arrondies, comme les bordsgracieusem*nt contournés de l’immense coquille sur lesparois de laquelle elle repose. Quelques-unes de ceshauteurs, élevées en moyenne de quatre à cinq centsmètres au-dessus de la mer, sont dénudées, mais, surles autres, des fleurs mêlées à des plantes aromatiquespercent les broussailles de leurs brillantes couleurs.Sur le versant de la montagne, dont le sommet dominelà ville, les maisons, presque toutes bâties en pierre detaille, s’étagent en détachant leur blancheur sur le verttendre des oliviers et les sombres haies de cactus(fig. 416). Des terrasses soutenues par des murs permettentde cultiver différents arbres, entre autres demagnifiques figuiers et quelques dattiers. Au printemps, comme l’ont remarqué tous les voyageurs, et en partimouvement commercial qui donnait tant de vie auxbords du lac de Tibériade.

2° Population et quartiers. — La population actuellede Nazareth est d’environ 7 500 habitants, dont près de2 000 musulmans, et le reste composé de grecs orthodoxes, de grecs-unis, de latins, de maronites et de protestants.La plupart se livrent à l’agriculture, au jardinage, ou à différentes industries, en particulier à lafabrication de couteaux et au commerce du coton et desgrains. Les charpentiers y sont assez nombreux (fig. 417)et travaillent toujours dans un atelier distinct de lamaison où demeure leur famille. Cet atelier est toujoursau rez-de-chaussée et n’a pas d’appartement destinéà être habité. L’amour du travail amène chez leshabitants de Nazareth une aisance relative, mais leur

415. — Plan de la ville de Nazareth. D’après Bædeker.

culier un savant naturaliste, M. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, dans le Tour du monde, t. xli, p. 54, cettepartie de la Galilée est un parterre non interrompu, formé surtout par des myriades d’anémones, de tulipes, d’iris, de scabieuses et de renoncules écarlates (Ranunculusasiaticus), qui remplacent là les bleuets et lescoquelicots de nos blés. Au nord de la ville, la plushaute colline, le Aébi Sa’în (485 mètres d’altitude), offre, de son sommet, un splendide panorama (voir lacarte de la Galilée, t. iii, col. 88): en tournant les regardsde l’est vers le sud et l’ouest, on aperçoit successivementle dôme arrondi du Thabor, le petit Hermonou Djebel Dahy, les hauteurs du Gelboé, les montagnesde Samarie et la croupe allongée du Carmel, dont la pointe nord-ouest tombe dans les flots de laMéditerranée. Vers le nord s’étend la belle plaine deBattauf, dont les eaux alimentent le Cison; puis plusloin, vers le nord-est, une série de dômes étages estdominée par la blanche et majestueuse tête du GrandHermon. Le caractère particulier de Nazareth est celuid’une charmante et silencieuse retraite, bien faite pourabriter la vie cachée de l’Homme-Dieu. Elle est, eneffet, séparée par sa barrière de collines et de lagrande route qui passait par la plaine d’Esdrelon et du

réputation de turbulents et chicaneurs n’a, paraît-il, guère changé depuis le temps de Notre-Seigneur.Leur costume, un peu différent de celui des paysans dela Judée, est assez remarquable par le cordon de poilde chameau et le voile blanc qui constitue la coiffure.Les femmes, en habits de fête, portent une jaquettebrodée de diverses couleurs et se parent le front et lapoitrine de pièces de monnaie. Matin et soir, les Nazaréennes, dont un auteur ancien attribuait la beauté àun don de la Vierge Marie, viennent en longues filesremplir leurs grandes urnes à forme antique à la sourcede la ville, qui porte encore le nom de’Aïn Miriam, «la Fontaine de Marie,» ou «Fontaine de la Vierge» (fig. 418). Rien de plus gracieux que l’attitude de cescanéphores ambulantes, qui rappellent la mère duSauveur venant là même faire la provision du pauvreménage. Un pan de leur écharpe enroulé forme unecouronne sur laquelle l’amphore est posée en équilibre, légèrement inclinée sur le côté. La main droite saisitune des anses, tandis que le poing gauche s’appuie surla hanche, pour faire contrepoids. <

La ville est divisée en plusieurs-quartiers: hdret elgharbiyéh, «quartier occidental,» habité par desgrecs-unis, des latins et des musulmans; au-dessous,

hârêt el-gharaba; hâret el-lâtin, «quartier latin,» ausud-ouest: latins et maronites; plus haut, hâret essurûdji: maronites-, grecs-unis, latins et musulmans; au centre, hâret el-islâm, «quartier musulman,» habité exclusivement par des musulmans; à l’est, hâretes-sarqiyéh, «quartier oriental:» musulmans; aunord, hâret er-rûm, «quartier grec:» grecs catholiques, orthodoxes, russes, protestants, musulmans.Chæune de ces différentes confessions a ses édifices ouétablissem*nts religieux, églises, couvents, écoles, orphelinats, hospices. Si la ville, à l’extérieur, présenteun assez bel aspect avec ses maisons blanches séparéespar de petit* jardins, elle est moins attrayante à l’intérieur.Ses rues, tracées sans aucun ordre sur des pentes

seignement traditionnel, à été transportée à Lorette. Ilne reste donc plus ici, comme objet de la vénérationchrétienne, qne la grotte qui y était attenante. C’est lelieu le plus important que nous ayons à étudier, avecl’église qui le recouvre.

1° Sanctuaire de l’Annonciation. — A) Etat actuel— L’Église de l’Annonciation (fig. 420) se trouve au sudet au bas de la ville, sur les premières pentes de lamontagne. Dans la forme qu’elle présente aujourd’hui, elle ne remonte pas au delà du xvii» siècle; elle a mêmesubi des remaniements considérables dans la premièrepartie du XVIIIe siècle, et n’offre rien de remarquabledans son architecture. Tournée du sud au nord, elle estpartagée en trois nefs par de puissants pilieïs. L’intéL> près une photographie de M. L. Heictet.

abruptes, sont raides et glissantes; pavées, elles ont aumilieu un caniveau qui, au moment des pluies, rouledes torrents d’eau. Un certain nombre de maisons sontadossées à la montagne, contre le roc calcaire, et dansce roc qui est assez tendre, il y a parfois, au fond de lamaison, , une grotte soit naturelle, soit creusée ouagrandie artificiellement. On habite même de simplesgrottes (fig. 419). Sur Nazareth actuelle, au point de.vue des confessions religieuses et de leurs dépendances, du commerce et de l’industrie, cf. G. Schumacher, Dasjetzige Nazareth, dans la Zeitschrijt des DeutschenPalâitiria-Vereins, Leipzig, t. xiii, 1890, p. 235-245, avec un plan, pL 4, p. 204.

III. Monuhexts et souvenirs. — C’est à Nazarethque l’ange Gabriel fut envoyé pour annoncer à Mariequ’elle serait mère de Dieu; c’est dans cette humblebourgade que le Sauveur passa les trente premièresannées de sa vie. Il n’est donc pas étonnant que la traditionait cherché à localiser les faits qui se rattachentau mystère de l’Incarnation ou certains souvenirsévangéliqués. La demeure de la Sainte Vierge devait secomposer, comme la plupart des maisons adossées àla montagne, d’une partie creusée dans le roc, et d’uneautre bâtie en maçonnerie. Cette dernière, suivant l’enrieur est long de 21 mètres sur 15 de large. On montepar deux escaliers de marbre, disposés à droite et àgauche, au maître-autel et au chœur, qui occupent unepartie de la nef centrale et s’élèvent au-dessus de lacrypte. L’entrée de celle-ci est située entre les deuxrampes, et on y descend par un bel escalier de marbrede dix-sept degrés (fig. 421). Avant de franchir lesdeux derniers, on rencontre une sorte de vestibuleappelé la Chapelle de l’Ange: c’est un rectangle dehuit mètres de long sur 2 m 70 de large, ayant à droite unautel dédié à sainte Anne et à saint Joachim, et à gauche, celui de l’archange Gabriel. Chacun de ces autels estorné d’une colonne monolithe en granit, provenant dela basilique primitive. Entre les deux, une arcade ogivagle, appuyée sur deux colonnes torses en marbre, donne accès dans le sanctuaire proprement dit de l’Annonciation, où conduisent les deux dernières marches.Dans le principe, cette chapelle était plus grande quecelle de l’Ange, mais elle est maintenant divisée endeux par un mur de refend. Entièrement creusée dansle roc, elle a été revêtue de marbre, à l’exception de lavoûte. Dans la première partie se trouve la chapelle del’Annonciation, en marbre blanc élégamment sculpté etdécoré de quatre colonnes en marbre gris-vert; sous la 1529

  • £

NAZARETH

1530

table et dans la paroi du fond sont gravés ces mots: HicVerbcm CAro faCTum est. À gauche de l’entrée sont deuxcolonnes de granit rouge, l’une brisée dans le bas etsuspendue à la voûte, l’autre tout auprès, à moitié engagéedans la maçonnerie d’un pilier. On les appellequelquefois, la première, colonne de la Vierge, et laseconde, colonne de l’Ange, parce qu’elles représenteraient, d’après certaines croyances, la place respectivede l’Ange et de la Vierge au moment de l’Annonciation.A l’extrémité orientale de l’autel, une porte à laquelleon monte par deux degrés conduit à un second sanctuaire, voûté en forme d’abside et qui, primitivement, ne faisait qu’un avec le précédent. Un autel adossé à

comme nous l’apprennent les anciens pèlerins. Au sud, appuyée contre le rocher de la grotte, était la maisonde la Sainte Vierge, couvrant, dépassant même en longueurl’espace occupé aujourd’hui par la chapelle del’Ange", et débordant sur l’escalier actuel. Elle avait sesentrées extérieures à l’ouest, où a été retrouvé un escalierancien, et à l’est. Elle communiquait avec la grotte parune porte septentrionale, transformée dans les travauxpostérieurs, mais découverte par le Fr. Benoit Vlaminckderrière l’autel moderne de l’Ange (a). Au sud-ouest de lagrotte, le même religieux a mis à jour une chambreornée de mosaïques byzantines (6) avec l’inscription: Kwviovo; 61ax[ovoy] lEpoejo).’j[j.(» >v; elle contenait encore

^rVTT

418. — La fontaine de la Vierge. D’après une photographie.

celui de l’Annonciation est dédié à saint Joseph fuyanten Egypte. Du fond de cette chapelle, un petit escalierconduit, à travers le rocher et le blocage d’un ancienmur, à une petite grotte obscure, qui est une ancienneciterne et qu’on appelle faussem*nt la Cuisine de laSainte^ Vierge.

B) État ancien. — Les fouilles pratiquées par lesPères Franciscains nous permettent de reconstituerl’antique disposition du sanctuaire (fig. 422). L’anciennebasilique était beaucoup plus grande que l’égliseactuelle et était orientée de l’est à l’ouest. Des restes desvieux murs sont encore visibles du côté du couvent, dansla cour duquel gisent plusieurs colonnes monolithes degranitgris et divers fragments sculptés. La porte actuellede cette cour, qui conduit vers la rue, garde encore lelarge seuil et les bases des deux pies droits de la portede l’ancienne basilique. La grotte de l’Annonciation setrouvait dans le bas-côté septentrional; mais, comme onle voit, elle avait été taillée, transformée de manière àrevêtir l’apparence d’une petite église, avec trois absidioles: celle de l’orient a conservé sur ses parois destraces de mosaïque; c’est là, en effet, qu’était jadis l’autel,

des débris de la sépulture que les anciens pèlerins vénéraientcomme celle de saint Joseph, mais détruite dansles dévastations successives du sanctuaire. Derrièrel’abside orientale, il a découvert un gros pilier (c) quidevait supporter une colonne de l’église supérieure. Demême, les deux colonnes dites maintenant de la Viergeet de l’Ange devaient servir d’appui à celle de la travéesuivante. Cf. Revue biblique, 1901, p. 489-490, Compterendudu résultat des fouilles exécutées par le Fr. BenoitVlaminck au sanctuaire de Nazareth.

Ces. détails sont confirmés par la tradition, que nouspouvonssuivre pendant un bon nombre de siècles. Voicice qu’écrivait, vers le commencement du xviie siècle, .F. Quaresmius, Elucidatio Terrse Sanctse, Anvers, 1626, t. ii, p. 825: «Il y a la grotte [de l’Annonciation]creusée dans la roche, soit par la nature, soit aussi parun travail humain qui l’a achevée. Elle est soutenue aunord, au midi et à l’ouest par de très vieux murs.A l’est, est le grand autel dédié à l’Annonciation de lasainteVierge Marie. Le reste a été bâti depuis qu’on arecouvré ce saint lieu… Au midi on a placé une autrechapelle plus élevée, plus longue et mieux travaillée,

qu’on appelle maintenant la Chapelle de l’Ange. Jadis, quand j’ai visité ce saint lieu pour la première fois, l’entrée de cette chapelle était à l’est. Mais on a bouchéla porte d’alors, et on en a fait une autre par laquelleon entre en descendant six marches, car la chapelle estpresque souterraine.» À propos de l’église qui avait étéconstruite au-dessus, le même auteur ajoute: «Cetteéglise tomba presque tout entière, et fut détruite, exceptéle mur du nord qui tenait au palais épiscopal aujourd’huirestauré, et où demeurent les Frères desaint François. En nettoyant ces saints lieux on a enlevébeaucoup de terre, et on y a trouvé beaucoup demorceaux de marbre travaillé, des chapiteaux, des soVierge) avoyt esté édifflé le temps passé par les chrestiensune grande solennelle église cathédralle et archiépiscopalle.Mays après l’expulsion des chrestiens de laTerre Saincte, par succession de temps, elle est ruynéeet les ruynes sont tombées sur la prédicte chambre, laquelle estoyt en forme de chappelle au meillieu de-^l’Église, et ont faict comme une petite monticolle: la dicte chambre estoyt voultée et faicte de bonne pierre, et est toujours demeurée en son entier, dessoubz laterre et ruynes de l’Église, mays l’on y a faict un pertuysdedans terre pour trouver l’huys, par lequel nous descendismesavecque la lumière, et là sont encore troysautiers pour dire messe.» Au xve siècle, en 1487-,

419. — Grotte servant d’habitation. D’après une photographie de M. Heidet.

clés et des fragments de colonnes. Ces traces du passéet les restes du mur subsistant ont permis de conclureque l’ancienne église était orientée de l’ouest à l’est, etavait deux rangées de colonnes. La sainte grotte et lachapelle de l’Annonciation étaient à gauche en entrantdans l’église, c’est-à-dire dans la nef du nord, et on ydescendait par six marches.» Quelques années plus tard, en 1634, un autre franciscain, le P. Roger, La Terre-Sainte, Paris, 1664, p. 56-64, signalait également etmarquait sur son plan, p. 59, un autel dédié à laSainte Vierge dans la partie orientale de la grotte. Unautre autel se trouvait au fond, consacré à saint Joseph.Il en est de même pour Doubdan, Le voyage de laTerre-Sainte, Paris, 1666, plan, p. 50. Mais celui-ci, àla place de l’autel de saint Joseph, met l’escalier intérieurqui monte au couvent des Franciscains, et qui sansdoute était fait depuis peu.

Au xvie siècle, en 1533, un pèlerin normand ou manceau, Greffin Affa*gart, Relation de Terre-Sainte, édit. J. Chavanon, Paris, 1902, p. 232, décrit ainsi l’étatdans lequel se trouvait le lieu de l’Annonciation: «Surceste prédicte chambrette (la chambre de la sainte

Nicole le Huen (d’après Bemhard de Breidenbach), Legrant voyage de Hierusalem, Paris, 1517, ꝟ. xxx, signaleaussi trois autels dans la chapelle. De même auxiye, 1321, Marinb Sanuto, dans Bongars, Gesta Dei perFrancos, Hanau, 1611, t. ii, p. 253; au xine, 1285, Burchard du Mont Sion, Descriptio Terrx sanctse, Magdebourg, 1587, ꝟ. 23. C’est en 1263 que l’église del’Annonciation avait été complètement détruite par lesultan Bibars, comme il résulte d’une lettre d’Urbain IVà saint Louis. O. fiaynaldi, Annales ecclesiastici, Rome, 1648, t. xiv, anno 1263, § vu. Quel était l’état de cesaint lieu au siècle précédent? L’higoumène russeDaniel, 1106-1107, nous le dit: «Une grande et hauteéglise à trois autels s’élève au milieu du bourg [deNazareth]; en y entrant, on voit â gauche, devant unpetit autel, une grotte petite, mais profonde, qui adeux petites portes, l’une à l’orient, et l’autre à l’occident, par lesquelles on descend dans la grotte; et, pénétrantpar la porte occidentale, on a à droite une cellule, dont l’entrée est exiguë et dans laquelle" la Sainte Viergevivait avec le Christ… En pénétrant dans cette mêmegrotte par la porte occidentale, on a à gauche le Tombeau

de saint Joseph, le fiancé de Marie, qui y fut enterrépar les mains très pures du Christ… Au-dessus de cettegrotte est érigée une église consacrée â l’Annonciation.Ce saint lieu avait été dévasté auparavant, et ce sont lesFrancs qui ont renouvelé la bâtisse avec le plus grandsoin.» Cf. Itinéraires russes en Orient, Genève, 1889, p. 70, 71. Ce témoignage concorde avec celui deSoewulf (1103), Peregrinatio ad Hierosolymam, dansles Mémoires de la Société de géographie, t. iv, p. 850: «La ville de Nazareth a été complètement dévastée et

420. — Le sanctuaire de l’Annonciation.D’après une photographie.

ruinée par les Sarrasins. Mais cependant un très beaumonastère indique le lieu de l’Annonciation.» À mesurequ’on avance dans les siècles antérieurs, les détails deviennentmoins précis. L’église de l’Annonciation estnéanmoins mentionnée, au vme siècle, par S. Willibald, Hodœporicon, dans les Itinera Hierosolymitana deT. Tobler et A. Molinier, Genève, 1880, t. i, p. 260; au vu 8, par Arculfe, Relatio de Locis sanctis, dans lemême recueil, 1. 1, p. 184; au VIe, par lepseudo-Antonin, ibid., p. 93. Dans un petit traité intitulé: Liber nominumlocorum ex Aclis, qu’on trouve parmi les œuvresde saint Jérôme, t. xxiii, col. 1302, on lit au mot Nazarethqu’il y avait alors dans ce bourg deux églises, l’uneà l’endroit où l’ange était entré pour annoncer à Mariele mystère de l’Incarnation, l’autre sur le lieu où Notre-Seigneuravait été élevé. Mais cet ouvrage est regardécomme apocryphe. L’origine constantinienne de la

basilique n’a pas de preuves positives. On peut cependantla conjecturer d’un passage de saint Épiphane, Adv. hmres., t. xli, col. 426, qui, parlant, d’un certainJoseph, de Tibériade, juif d’origine, puis converti auchristianisme et élevé à la dignité de comte par Constantin, dit en particulier: «Il ne demanda rien autre(à l’empereur qui lui offrait de lui accorder ce qu’ilvoudrait), que cette grande grâce d’être autorisé, parédit impérial, â construire des églises pour le Christdans les villes et les villages des Juifs, là où personne

421. — Plan de la crypte de l’Annonciation, d’après un croquisde la Palestine des professeurs de N.-D. de France.

A, B, C, D. Lignes pointillées indiquant les dimensions de lasainte Maison de Lorette. — 1. Escalier de l’église à la crypte.

— 2. Chapelle de l’Ange. — 3. Autel de saint Gabriel. —4, Autel des saints Joachim et Anne. — 5. Chapelle de l’Annonciation.— 6. Autel de l’Annonciation. — 7. Autel de saintJoseph. — 8. Abside ancienne. — 9. Escalier conduisant à lagrotte. — 10. Grotte, ancienne citerne.

n’avait pu en construire, aucun Grec, Samaritain ouchrétieù n’étant supporté au milieu d’eux; principalementà Tibériade, à Diocésarée, à Sepphoris, à Nazarethet à Kapharnaum, où les Juifs veillent avec soin à ceque qui que ce soit d’un autre peuple n’habite avec eux.» Et plus loin, le même Père nous dit que le comteJoseph construisit des églises à Diocésarée et en d’autresvilles. Cf. Clermont-Ganneau, Recueil d’archéologieorientale, t.iv, Paris, 1901, p. 353-354. C’est jusqu’àcette époque seulement qu’il nous est permis de suivrela tradition relative au sanctuaire de l’Annonciation.2° Eglise de la Nutrition. — Les anciens témoignages

signalent encore à Nazareth une autre église dite de laNutrition. Le texte apocryphe de saint Jérôme que nousvenons de mentionner l’indique, mais nous avons surtoutle texte d’Arculfe: «La ville de Nazareth est, commeCapharnaùm, sans murs d’enceinte; elle est située surune montagne. Elle a cependant de grands édifices enpierre: on y a construit deux très grandes églises.L’une, au milieu de la ville, est bâtie sur deux voûtes, là où jadis avait été construite la maison dans laquellefut élevé (nutritus) Notre-Seigneur et Sauveur. Cetteéglise, comme on vient de le dire, appuyée sur deuxtombeaux et deux arcs interposés, possède, à l’étageinférieur, entre ces mêmes tombeaux, une fontainetrès claire, que fréquentent tous les habitants pour ypuiser de l’eau. Dans l’église construite au-dessus, on

rond (o), - servant à puiser de l’eau à la citerne; la partiesupérieure, qui traverse des décombres et de laterre, est maçonnée; la partie inférieure traverse leroc et l’argile, et s’ouvre en entonnoir sur la citerne.La portion centrale, d’un pied plus bas, offre, dans lemur de l’est, les trois premières pierres d’une archedont l’extrémité opposée s’appuyait sur le mur occidental(au point i); on y remarque aussi trois bassinscreusés dans le roc et qui se communiquent. Deuxautres bassins séparés se trouvent plus bas, près dumur méridional. Le mur occidental de cette dernièrechambre est seul maçonné; il renferme trois nichesrectangulaires et une quatrième ouverte sur la piècesuivante, à laquelle on accède par une petite portesituée au-dessous du mur. Cette pièce, de forme irréH Constructions anciennes visibles.

f.>. 1 Constructions anciennes joi/j /e Sot dcttiel.

BU Ê&’Se actuelle.

422. — Plan dej’ancienne basilique de l’Annonciation à Nazareth. D’après la Revue biblique, 1901, t. x, p. 490.

peut aussi prendre de cette eau avec de petit* vasesattachés à une poulie.» L’autre église est celle del’Annonciation. Cf. T. Tobler, Itinera et descriptionesTerrx Sanctse, t. i, p. 184. Des fouilles pratiquées, ily a plusieurs années, dans le couvent des Dames deNazareth, tout près de celui des Franciscains, ontamené certains savants à penser que là pouvait êtrel’église de la Nutrition. De la cour du couvent, un escalierconduit à une profondeur d’environ sept mètres.Voir fig. 423, plan. — À côté des six dernières marchesest une fosse maçonnée (o), traversant jusqu’à la surfacela voûte de l’escalier. Au bas des degrés, une augecirculaire, sur un banc de rocher, reçoit un petit aqueduc.Cette première chambre est creusée dans le calcaire, mais a été maçonnée de tous les côtés, exceptéau nord, près de la citerne d. De là, une ouverture dontla partie supérieure, de forme ronde, est creusée dansle roc, conduit par deux marches dans la chambre principaledu souterrain, dont le sol est à environ dixmètres au-dessous de la cour. Rectangulaire, celle-ciest divisée en trois parties par des terrasses de niveaudifférent, celle du sud étant la plus basse et celle dunord la plus haute. Dans la partie septentrionale (citernec) on trouve, à la paroi de l’ouest, quatre augescreusées dans le roc, à hauteur d’un mètre, unies parde petit* canaux. Juste au-dessus d’elles est un orifice

gulière, renferme un bassin au-dessus duquel est unorifice (o), qui communique avec l’extérieur. En revenantun peu en arrière, on se glisse par un passageétroit dans une petite chambre, qui contient les restesles plus importants du souterrain, c’est-à-dire deuxtombes (t) ou kokim, de dimensions à peu près égalesavec plafond arrondi, et toutes deux creusées dans leroc, qui est ici plus compacte. On a retrouvé auprès laporte de pierre qui les fermait; mais aucun ornement, aucun signe ne peut éclairer l’archéologue. À l’est dela citerne c, une porte conduit à la citerne e, de formerectangulaire et voûtée; elle possède encore dans unangle un petit canal de pierre, qui était destiné à amenerles eaux de l’extérieur. De là on passe dans laciterne d, qui était alimentée avec le trop-plein de laciterne h au moyen de l’aqueduc dont nous avons parlédès le commencement. On signale enfin les citernes Fet g. Parmi les débris trouvés dans ces caves souterraines, on compte une élégante petite colonne demarbre avec chapiteau sculpté, des colonnes de granit, un fragment de chapiteau ionique, une petite statuette, dont la tête et les jambes sont malheureusem*nt brisées, des fragments de poterie, de vieilles lampes etquelques monnaies. Les habitants de Nazareth disent.qu’une mosquée appelée Djdma’'Ab.d es-Samad s’élevaitautrefois sur cet emplacement, et les anciens pré

tendent qu’elle avait été bâtie avec les pierres d’uneantique église qui se trouvait au même endroit. Est-cel’église décrite par Arculfe? C’est possible, bien qu’ilsoit difficile de l’affirmer. Il y manque, en tout cas, lafontaine limpide près de laquelle tous les habitants sedonnent rendez-vous pour renouveler leur provisiond’eau. 6. Schumacher, à qui nous avons emprunté ladescription précédente, pense qu’il faut distinguer aumoins deux périodes en ce qui concerne ce souterrain: la première et la plus ancienne est représentée par lesdeux kokim qui, en raison des monnaies trouvées, peuventavoir une origine juive assez reculée et indiqueraientun ensemble de grottes sépulcrales comme on enrencontre en Palestine; la seconde est celle où l’on aura

Tibériade. Elle porte’chez les chrétiens Je nom de’Aïn Sitti Miriam, «Fontaine de Madame Marie.» Deforme voûtée, la construction qui la recouvre a étépresque entièrement refaite en 1862 (fig. 418). À côtéest un sarcophage antique, aujourd’hui très mutilé; laguirlande sculptée qui serpente autour forme trois festonssur les longs côtés. Près de là aussi est un ancienréservoir en très mauvais état. Cette fontaine n’est quele débouché d’un canal qui vient d’une source situéeplus haut, au nord-ouest; sur le flanc de la colline. Dece côté, les Grecs schismatiques ont une église dédiéeà saint Gabriel; dans la partie septentrionale est une anciennechapelle souterraine, où l’on descend par plusieursdegrés; on y voit une citerne où sont recueillies

Echeiïe

423. — Plan des touilles faites dans la cour des Dames de Nazareth. D’après Palest. Expl. Fund. Quart. Stat., 1889, p. 68.

transformé ces grottes en un groupe de citernes, avecune grande chambre centrale, où les femmes descendaientpour remplir leurs cruches dans les moments depénurie. Cf. G. Schumacher, Récent discoveries in Galilée, dans le Palestine Exploration Fund, QuarterlyStatement, Londres, 1889, p. 68-74. Ces fouilles sontégalement décrites dans la Revue de la Terre-Sainte, Paris, 15 septembre 1888, p. 279-284, avec plan, p. 281.Des fouilles plus récentes ont fait découvrir, du côtéméridional, deux autres tombeaux juifs, précédés d’unegrotte sépulcrale, deux gros murs formant un peu l’arceau, des bases de piliers, le commencement d’uneabside centrale et une abside latérale plus petite, cequi prouve qu’une église s’élevait là autrefois. En plaçanten ce lieu le sanctuaire décrit par Arculfe, on auraitainsi, à côté de la maison de la Sainte Vierge, oùs’accomplit le mystère de l’Incarnation, la maison desaint Joseph, où Notre-Seigneur fut élevé et passa la plusgrande partie de sa vie. D’autres cependant cherchentplutôt l’église de la Nutrition du côté de la Fontaineactuelle de Nazareth. Cf. La Palestine, par des professeursde Notre-Dame de France, Paris, 1904, p. 436.

3° Fontaine de la Vierge. — La fontaine qui alimenteNazareth coule au nord-est de la ville, sur la route de


les eaux de la source de Saint-Gabriel. Al’époque de Quaresmius, cette chapelle était seule debout, et l’église quila contenait, ainsi que le monastère de religieuses quiy était contigu, avaient été démolis. C’est là ou plus basque, suivant les auteurs qui viennent d’être mentionnés, devait se trouver l’église de la Nutrition, bâtie, au témoignaged’Arculfe, sur la fontaine de la ville. Mais ilest alors difficile de dire qu’elle était «au milieu de laville». Au xie ou xiie siècle, Pierre Diacre, De LotisSanctis, Migne, t. clxxhi, col. 1127, parle de cette fontaine, qu’il place «en dehors du bourg» et qu’il distinguede celle qui existait dans la grande grotte dusanctuaire de la Nutrition. Sœwulf, Peregrinatio, publiéepar^I’Avezac dans les Mémoires de la Société degéographie de Paris, p. 38, dit: «Auprès de la villejaillit une fontaine très limpide, garnie encore commeelle l’était de colonnes et de plaques de marbre. L’EnfantJésus, comme les autres enfants, y vint souventpuiser de l’eau pour le service de sa mère.» De mêmeJean de Wirzbourg, Descriptio Terrée Sanctee, Patr.lat., t. clv, col. 1057. Burchard du Mont-Sion, DescriptioTerrsR Sanctse, fol. 23: «Et il y a encore à l’extré-, mité de la ville, dans une église dédiée à saint Gabriel, une fontaine très vénérée par les habitants, et où l’on

IV. - 49

dit que l’Enfant Jésus venait chercher de l’eau pour leservice de sa mère très chérie.» La tradition se poursuitdans les siècles suivants.

4° Atelier de saint Joseph. — À 200 mètres au nord-estde la basilique de l’Annonciation s’élève une petite chapellerectangulaire (fig. 424) qu’on suppose occuperl’emplacement de l’atelier de saint Joseph. Le sanctuaireactuel remonte seulement à 1858, mais il remplacele chevet d’une ancienne église à trois nefs dontl’architecture trahit l’époque des croisades. C’est là que

Christi, bloc de calcaire sur lequel Notre-Seigneuraurait pris un repas avec ses apôtres après sa résurrection.Il n’y a rien d’évangélique ni de sérieusem*nttraditionnel dans ce souvenir.

6° Le précipice. — Saint Luc, iv, 16-30, raconte qu’unjour les habitants de Nazareth, furieux du discours prononcépar Notre-Seigneur dans la synagogue, «le chassèrentde la ville, et le conduisirent jusqu’au sommetde la montagne sur laquelle leur ville était bâtie, pourle précipiter.» Il serait tout naturel de placer la scène

424. — Chapelle dite de l’atelier de saint Joseph. D’après une photographie.

Jésus aurait appris et exercé le métier de charpentier.La tradition est relativement récente.

5° Ancienne Synagogue. — Au nord-ouest de ce point, on rencontre l’église des Grecs unis, bâtie là où étaitl’ancienne synagogue de Nazareth. La vieille salle obscureet voûtée en ogive que l’on voit à l’entrée del’église moderne, à gauche, ne remonte pas sans douteà l’époque de Noire-Seigneur, mais elle peut marquerle lieu où il se rendait chaque jour de sabbat et où ilprit même un jour la parole. Luc., iv, 16-28. Au vie siècle, Antonin le Martyr mentionne cette synagogue dans unrécit où la légende tient malheureusem*nt trop de place.Cf. T. Tobler, Itinera Terrée Sanclse, t. i, p. 93. Maisc’est certainement un des lieux que les chrétiens purentretrouver le plus facilement, quand, au ive et au Ve siècle, ils succédèrent aux juifs qui avaient été jusque-là lesmaîtres de Nazareth.

Nous ne citons que pour mémoire une petite chapellesituée à peu de distance au nord-ouest de lasynagogue, et renfermant ce qu’on appelle la Mensa

sur le Nébi Sa’ïn, dont nous avons parlé au commencementde cet article, et qui domine la ville assise à sespieds, ou sur quelque rocher avoisinant. Ainsi l’ontpensé bon nombre d’auteurs. Cf. Stanley, Sinai andPalestine, Londres, 1866, p. 367; Robinson, BiblicalResearches in Palestine, t. ii, p. 335, etc. Cependantune tradition locale, dont on peut suivre l’origine jusqu’aumoyen âge, nous transporte sur un point pluséloigné, à quarante minutes de marche au sud de Nazareth.Le mont de la Précipitation serait un rocher àpic, qui surplombe un ravin et domine la plaine de200 mètres. On voit en cet endroit une petite absided’église creusée dans le roc et des ruines de citernesou de murs de soutènement. Ce sont sans doute lesvestiges d’un petit couvent que mentionne un documentde 808, le Commemoratoriuni de Casis Dei: «À unmille de Nazareth, où les Juifs voulurent précipiter leChrist Seigneur, est construit un monastère avec uneéglise en l’honneur de sainte Marie et huit moines.» Cf. Tobler et Molinier, Itinera Hierosolymitana, t. i,

p. 303. Au xiie siècle, Jean de Wirzbourg, DescriptioTerne Sanctæ, t. clv, col. 1057, place également «lelieu dit le précipice» à un mille au sud de la ville. Al’époque des Croisades, le lieu, très visité, s’appelleSaltus Dornini, «le Sault du Seigneur.» Il porte encoreaujourd’hui en arabe le même nom, Djebel el-Qafzéh, «la montagne du Saut.» On lit dans les Pelerinaigespor aler en Ihemsalem (vers 1231): «DeNazareth au Saut Nostre Seignor si a une lieue.» Cf.H. Michelant et G. Raynaud, Itinéraires à Jérusalem, Genève, 1882, p. 100. Dans une très ancienne descriptionarabe chrétienne des lieux saints, du xiif siècle, lenom de Qafzéh se trouve mentionné, bien que malponctué; l’auteur signale en cet endroit l’existence d’uncouvent arménien. Cf. Clermont-Ganneau, Recueild’archéologie orientale, t. i, p. 340. Cette tradition peuàla rigueur s’expliquer, dit-on, si par «la montagne» du texte évangélique, on entend, ’non pas un sommetisolé, mais le massif montagneux sur lequel) est bâtiNazareth. Il n’en est pas moins sûr qu’elle est moinsconforme à ce texte et à la vraisemblance historique. —Nous avons, du reste, tenu à signaler toutes ces traditions, en raison des souvenirs que rappelle la cité galiléenne; nous l’avons fait avec tout le respect qu’ellesméritent, mais sans leur attacher d’autre valeur quecelle qu’elles possèdent par elles-mêmes.

IV. Histoire. — L’histoire de Nazareth tient toutentière dans quelques versets de l’Évangile. C’est danscette obscure «cité de^Galilée», que l’ange Gabriel futenvoyé de Dieu pour annoncer à la Vierge Marie le mystèrede l’Incarnation. Luc, i, 26. C’est de là que Josephet Marie partirent pour Bethléhem, «la cité de David,» où devait naître le Messie, Luc, ii, 4; là qu’ils revinrentaprès la présentation au Temple et la fuite en Egypte.Luc, II, 39; Matth., ii, 23. Le Sauveur y passa son enfanceet sa jeunesse, que l’Écriture résume d’un seulmot: «Il leur était soumis.» Luc, ii, 51. Lorsquel’heure fut venue de se manifester au monde, il abandonnasa tranquille retraite pour venir sur les bordsdu Jourdain, recevoir le baptême des mains de Jean-Baptiste.Marc, i, 9. Quelque temps après, Philippe deBethsaïde annonçait à Nathanaël le Messie dans lapersonne de «Jésus, fils de Joseph, de Nazareth». EtNathanaël, dans son étonnement, s’écriait: «Peut-ilvenir quelque chose de bon de Nazareth?» Joa., i, 45, 46. Il y a là une allusion ou à l’obscurité de la ville ouà la mauvaise réputation des habitants ou à quelqueautre cause; comme l’Écriture ne dit rien, chaque commentateurapporte ses raisons. La «fleur de Galilée» ne devait cependant pas être le théâtre d’action duSauveur. Perdue dans un petit coin de la montagne, elle ne pouvait offrir à sa parole et à son zèle lesmêmes avantages que les cités des bords du lac de Tibériade.Voilà pourquoi il la quitta et vint s’établir àCapharnaûm. Matth., iv, 13. Ses compatriotes, du reste, n’étaient guère disposés à recevoir les bienfaits de sonenseignement. Il retourna, en effet, un jour de sabbat, dans la ville «où il avait été élevé», et, selon sa coutume, entra dans la synagogue dont nous avons parlé.Là, après avoir lu un passage du prophète Isaïe, il semit en devoir de l’expliquer. Tous les yeux étaientfixés sur lui, et les assistants admiraient la sagesse del’humble charpentier, a le fils de Joseph.» Mais bientôtla colère succéda à l’admiration, et, le chassant endehors de la cité, ils l’auraient précipité du haut d’unrocher, si lui-même n’avait su échapper à leurs mains.Luc, iv, 16-30. Nazareth n’en a pas moins attaché sonnom à celui de Jésus, «le prophète de Nazareth.» Matth., xx, 11. «Le Nazaréen» ou «le Nazarénien», tel fut le surnom du Christ. Matth., xxvi, 71; Marc, i, 24; x, 47; Luc, iv, 34; xviii, 37; Joa., xviii, 5, 7, etc.C’estle’litre qu’il porta sur la Croix, avec celui de «roides Juifs». Joa., xix, 19. Saint Jérôme, Onomastica sacra,

p. 143, fait remarquer que ce nom fut aussi donné paropprobre aux premiers chrétiens. — Ces quelqueslignes résument, avec l’histoire de ses sanctuaires, toutela gloire de Nazareth. Elle n’a rien d’humain, mais ellesuffit pour que notre piété donne à la bourgade galiléennele même souvenir de vénération qu’à Bethléhemet à Jérusalem.

On trouvera dans Ma r Le Camus, Les enfants deNazareth, Bruxelles, 1900, d’intéressants détails sur lecaractère et les mœurs des habitants actuels de Nazareth, détails qui font revivre la vie d’autrefois dans lapatrie du Sauveur.

V. Bibliographie. — E. Robinson, Biblical fiesearchesin Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 333-343; Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1866, p. 442-450; Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, dans le Tour du Monde, t. xli, p. 53-59; Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881, t. i, p. 275-279; W. M. Thomson, The Landand the Book, central Palestine, NewYork, 1882p. 310-322; V. Guérin, La Galilée, 1880, t. i, p. 83-102; C. R. Conder, Tent Work in Palestine, Londres, 1889, p. 72-78; La Palestine, par des professeurs de N.-D. deFrance à Jérusalem, Paris, lS04, p.428-439; G.Le Hardy, Histoire de Nazareth et de ses sanctuaires, Paris, 1905.

A. Legendre.

    1. NÉAPOLIS##

NÉAPOLIS (grec: Nia n6Xiç), ville et port de Macédoine(fig. 425). Saint Paul et’ses compagnons débarquè425. — Monnaie de Néapolis de Macédoine.NEAD[0A.I£]. Tête de nymphe. — 1$. Gorgonium.

rent à Néapolis en allant de Troade en Macédoine. Act, xvi, 11. Néapolis était le port de Philippes qui était situéeen pleine terre, c’est donc aussi à Néapolis que s’embarqueSaint Paul quand il retourne à Troade. Act., xx, 6. Les voyageurs identifient généralemeut Néapolisavec la ville moderne de Kavalla qui compte cinq ou sixmille habitants, presque tous musulmans. On a trouvéen effet à cet endroit de nombreuses’ruines grecques etromaines. Le port de Kavalla est le meilleur de cesparages. La distance de Kavalla à Philippes est d’environ12 kil., c’est-à-dire à peu près celle de Cenchréesà Corinthe ou d’Ostie à Rome. Kavalla est exactementau point où Appien, Bell, civil., iv, 106, place Néapolisentre Philippes et Thasos, à environ 12 kil. de la villeet à 16 de l’Ile. Cf. Dion Cassius, xlvii, 35. Voir W. M.Leake, Travels in northern Greece, in-8°, Londres, 1835, t. H, p. 180, cf. p. 217, 224. Cousinéry, Voyage dans laMacédoine, in 8°, Paris, 1831, t. ii, p. 119, place Néapolisà 12 kil. au sud-est de Kavalla, à Eski-Kavalla, où setronve un vaste port, mais cette hypothèse a contre elletous les textes anciens et l’existence des ruines trouvéesà Kavalla. Strabon, vii, frag. 39, fait dépendre Néapolisde Daton, riche cité entourée de campagnes fertiles, delacs, où se trouvaient des mines d’or très productives, et des chantiers de constructions’maritimes. Néapolisétait un port très fréquenté, parce que la voie Egnatiaqui passait auprès, le long de la mer, conduisait enMacédoine et de là aboutissait à Dyrrachium. Sur la riveopposée de l’Adriatique était situé le port d’Apulie, Egnatia, ou finissait la voie Appienne qui conduisait àRome. Cf. G. L. Tafel, De via militari RomanorumEgnatia, in-8°, Tubingue, 1842. Pline, IV, 18 (42), placeNéapolis en Thrace. Strabon, vii, frag. 39, et Ptoléméem, 13, la ratlachënt à la Macédoine. Elle était située surla frontière des deux provinces, L. Heuzey et H. Daumet, Mission archéologique en Macédoine, 2 in-4°, Paris, 1876, t. i r p. 19. E. Beurlier.

1543

    1. NEAPOLITANUS##

NEAPOLITANUS (CODEX) — NÉBO (MONT)

1544

NEAPOL1TANUS (CODEX), colé IL A. 7 à laBibliothèque nationale de Naples, est un manuscrit duXIIe siècla, d’après Gregory et von Soden. Il comprend123 feuillets (0, 266 X 0, 188) de parchemin à deux colonnesde 37 lignes, et renferme les Actes, les Épîtres catholiqueset celles de Paul, enfin l’Apocalypse jusqu’à iii, 13. Sanotation ordinaire est 83 «c <*"», 93P<"t l; a. 200 dans lesystème de von Soden. Il a joui d’une certaine célébritéau temps de la controverse des trois témoinscélestes (I Joa., v, 7): Ex codicibus grsecis (écrivait Franzelindans sa dissertation sur l’authenticité du fameuxverset) très nominantur in guibus versiculus exstat: Dublinensis (Montforlianus), Ottobonianus (in Vaticana), Neapolitanus (sœc. xi). Nous parlerons en sonlieu de V Ottobonianus; le Montfortianus est le codexfabriqué au xvr 3 siècle pour relever le défi d’Érasme quis’était engagé à imprimer le verset dans son édition duNouveau Testament si on le lui montrait dans un seulmanuscrit grec; quant au Neapolitanus, l’erreur estinexplicable, car l’auteur du Catalogue, Naples, 1826, asoin de noter, p. 22: Deest célèbre teslimonium (I Joa., v, 7) quod recenlissima manu adscriptum legitur inpagellse ora. Tischendorf, N. T. edit. 8’crit. major.1872, t. H, p. 337, croit reconnaître dans cette manusrecentissima l’écriture d’un bibliothécaire du xviie siècle.En tout cas, le verset fut ajouté au xvii 6 siècle au plustôt et copié sur un texte imprimé. Martin, Introd. à lacrit. text. du N. T., Paris (lithogr. 1886), t. v, p. 18, surla foi de Scrivener, Introduction etc., 4e édit-, 1. 1, p. 296, qui s’en rapporte lui-même à Tregelles, confond notrecodex avec le manuscrit de Naples coté II. A. 8. Cedernier, qui ne présente aucune trace du CommaJoanneum, est duxi= siècle et a pour notation 113^t «uaSiipaula iQi dans le système de von Soden.

F. Prat.

    1. NEBAHAZ##

NEBAHAZ (hébreu: Nibfyaz; Nibhân, dans quelquesmanuscrits; Septante: Vaticanus: ’E6Xai; ép; Alexandrienus: ’Agaaa&p xal Na161; [même nom sous deux formesdifférentes]; Lucien: ’EêXaiéÇép), idole que les Hévéensou habitants de’Avah transportèrent avec eux en Samarie, quand ils y furent transplantés par le roi de NiniveSargon. IV Reg., xvii, 31. Ce nom a très probablementété corrompu dans les transcriptions, qui sont si différentesdans les manuscrits grecs. On ne l’a pas, en toutcas, retrouvé jusqu’ici dans les documents cunéiformes.Il n’en est fait mention que dans les livres sacrés desSabiens ou Mendaïtes; ils le représentent comme un dieuinfernal, seigneur des ténèbres, qui, assis sur un trôneplacé sur la terre, touche de ses pieds le fond du Tartare.M. Norberg, Onomasticon Codicis Nasarsei cui liberAdami nomen, Lund, 1817, p. 99-101; Gesenius, Thésaurus, p. 842. D’après les Rabbins, ce dieu avait une tête dechien, mais leur opinion n’a pas sans doute d’autre fondementque celle de l’étymologie qu’ils attribuent àNibhaz, qu’ils font dériver du verbe ndbah, «aboyer.» Talmud de Jérusalem, Aboda Sara, iii, 243; Talmud deBabylone, Sanhédrin, 62 b. Aucun document ne nousapprend qu’un culte ait été rendu au chien dans l’Asieantérieure où se trouvait la ville d’Avah, dont le siteprécis est d’ailleurs inconnu. Wolf Baudissin, dansHerzog, Real-Encyklopâdie, 2e édit., t. x, 1882, p. 529.

— Voir Conrad Iken, Dissert, de Nibehas, idolo Awseorum, dans ses Dissertaliones philologico-theologicx, Lugduni Batavorum, 1749, t. i, p. 143-176; P. Scholz, Gôtzendienst und Zauberwesen bel den alten Hebràern, 1877, p. 399.

    1. NÉBAÏ##

NÉBAÏ (hébreu: >ais (chetib); >3>: (keri), Nêbdï; Septante: Na>êai), un des chefs du peuple qui signèrentl’alliance avec Dieu du temps de Jérémîe; II Esd., x, 19.

    1. NEBALLAT##

NEBALLAT (hébreu: Neballat; Septante rNaëaXxr, omis dans plusieurs manuscrits), ville de Palestine;

nommée seulement après le retour de la captivité. Ellefut habitée à cette époque par les Benjamites. IIEsd., xi, 34. Elle est nommée entre Seboïm et Lod (Lydda). C’estle village actuel de Beit Nebâla, à cinq kilomètres etdemi au nord-est de Lydda, sur une petite colline. Il aune population d’environ 300 habitants. On y remarquede vieilles citernes et quelques ruines. Voir Ed. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Boston, 1841, t. iii, p. 30; K. Bœdeker, Palestine et Syrie, 1882, p. 143; Chauvet et Isambert, Syrie, Palestine, 1882, p. 233; Conder, Palestine, 1889, p. 259.

    1. NEBEL##

NEBEL, instrumentde musique. VoirNABCE, col. 1432.

NEBO (hébreu: Nebô), nom divin et nom géogra*phique, que la Vulgate a rendu tantôt par Nabo ettantôt par Nebo.

1. NÉBO, dieu chaldéen. Noir Nabo, col. 1434.

2. NÉBO (MONT) (hébreu: har-Nebô; Septante: opo; Nagaû), montagne du pays de Moab, témoin de la mortde Moïse. Deut., xxxii, 49; xxxiv, 1. Le nom est égalementmentionné dans l’itinéraire des Israélites à traversJa région moabite. Num., xxxiii, 47. Dans ce dernierpassage, il se trouve en relation avec le mont Abarim, comme Deut., xxxii, 49. D’autre part, Num., xxvii, 12, Moïse reçoit de Dieu l’ordre de monter sur l’Abarim, pour contempler de là la Terre Promise, commeDeut., xxxii, 49, où l’on ajoute «le mont Nébo».L’Abarim étant la chaîne de montagnes qui longe lamer Morte, du côté du nord-est, il faut en conclure quele Nébo est un de ses sommets. La Bible en précise lasituation en le plaçant «en face de Jéricho», Deut., xxxii, 49; xxxiv, 1; donc à la pointe septentrionale de lachaîne. Il est aussi associé au «sommet du Phasga».Deut., xxxiv, 1. Voir Phasga. Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 141, 283, lesignalent à six milles (près de neuf kilomètres) d’Esbusou Hésébon, aujourd’hui Hesbân, vers l’ouest. Sa situationexacte est cependant restée longtemps inconnue, car jusqu’au milieu du XIX 8 siècle on l’identifiait généralementavec le Djebel Attarus, qui se trouve bien plusau sud. Voir la carte du pays de Moab, col. 1144. En1863, M. F. de Saulcy, arrivé après une heure de marcheau bout de la plaine d’Hesbân, sur la route du ZerqaMa’in, et entrant dans le pays montueux, entenditavec étonnement et joie ses guides lui désigner sous lenom de Djebel Nébâ un des sommets voisins. Cf. F. deSaulcy, Voyage en Terre-Sainte, Paris, 1865, t. i, p. 289. C’est, en effet, à cette distance au sud-ouestd’Hesbân qu’on reconnaît maintenant la montagne surlaquelle mourut Moïse (fig. 426). Elle s’élève graduellementdu plateau de Moab jusqu’à un sommet de806 mètres d’altitude, ayant à l’ouest le Ras Siâghah etau sud le Phasga. De cette hauteur, on a parfaitementla vue qui est ainsi décrite dans le Deutéronome, xxxiv, 1-3: «Dieu lui montra (à Moïse) toute la terre: Galaadjusqu’à (ou jusque vers) Dan, et tout Nephthali et laterre d’Éphraïm et de Manassé et toute la terre de Judajusqu’à (ou jusque vers)la mer occidentale, et le Négébet le cercle (kikkar) de la plaine de Jéricho, la villedes palmes, jusqu’à Çô’ar (Ségor).» Les voyageurs ontconfirmé l’exactitude de ce récit. Il nous suffit de résumerle témoignage de C. R. Conder, Heth and Moab, Londres, 1889, p. 134-139. La vue est la même du Nébaet du Siâghah. De ce dernier point cependant le regardplonge plus facilement dans la vallée du Jourdain; dupremier, il ne peut s’étendre loin vers l’est à cause durideau que forment certaines lignes du plateau de Belqa.Au nord-est, apparaissent Hesbân et, par derrière, El-’Al. Au nord, le Djebel Oscha (1096 mètres) fermel’horizon, cachant entièrement l’Hermon et le lac de

Tibériade. À l’ouest, immédiatement-au-dessous dupoint d’observation, l’on aperçoit la moitié septentrionale de la mer Morte, mais la presqu'île appelée ElLisân est cachée par les sommets de la montagne ausud du Nébo. C’est sur la Palestine occidentale, laTerre Promise proprement dite, que la vue s'étend leplus librement. Les versants de Judée et de Samarieapparaissent clairement; Hébron, Bethléhem, Jérusalem, Tell Asûr, et plus loin le Garizim et l’Hébal formentles points proéminents de cette ligne. On dit que leGelboé et le Thabor sont visibles par un temps clair.Entre ces hauteurs et celles de Galaad, s’ouvre la valléedu Jourdain, à travers laquelle le fleuve se déroule

1894, p. 562-564; F. Birch, The prospect from Pisgah, dans le Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, Londres, 1898, p. 110-120. — Au IVe siècle, selonla Peregrinalio ad Loca Sancta, édition Gamurrini, Rome, 1888, p< 23, une église s'élevait sur le sommet du

mont Nébo.

A. Legendre.

3. NÉBO, orthographe, dans la Vulgate, I Par., v, 8, de la ville appelée Nabo dans les Nombres. Voir Nabo 2, col. 1436.

U. NÉBO (Septante: Naëoû, dans I Esd., ii, 29; N «6îa, dans II Esd., vii, 33). Les Benê-Nebo étaient

426. — Le mont Nébo. D’après une photographie.

comme un immense serpent, dont l'œil suit les multiples replis. Tel est, dans son ensemble, l’incomparablepanorama qui s’offre au regard des hauteurs du Nébo, et dont les couleurs varient selon les époques de l’annéeet les conditions atmosphériques. C’est bien celui queDieu mit sous les yeux de Moïse. Il semble cependantphysiquement impossible que l'œil puisse atteindrejusqu'à Dan (Tell el-Qadi) au nord et jusqu'à la Méditerranée à l’ouest. Mais le texte sacré ne le dit pas nonplus formellement; la particule hébraïque 'ad ne signifie pas nécessairement «jusqu'à», elle indique aussiune simple direction, «jusque vers.» On peut encoredire que Dan et «la mer occidentale» marquent lalimite de Galaad, d’un côté, de Juda, de l’autre, et nonla limite extrême de la perspective. Cf. H. B. Tristram, The Land of Israël, Londres, 1866, p. 539-543; TheLandof Moab, Londres, 1874, p. 325-328; G. A. Smith, The historical Geography of tke Holy Land, Londres,

chefs d’une famille composée de cinquante-deux personnes qui revint de Chaldée en Palestine avec Zorobabel. I Esd., ii, 29; II Esd., vii, 33. Dans ce dernier passage, Nébo est appelé «l’autre Nébo» et les Benê-Nebo, 'anSè Nebô, «les hommes du Nébo. s Nébo est donc’uhnom de lieu, et le mot «autre» suppose qu’il y avaitplusieurs Nébo, mais le texte ne fournit pas le moyende se rendre compte de la distinction. D’après le contexte, /Nébo ne peut désigner le Nébo de Nombres, xxxir, 3. Où était donc située cette localité? Tout cequ’on peut en dire, c’est qu’elle devait se trouver, d’après le contexte, dans la tribu de Benjamin ou peutêtre de Juda. Beland, Paleestina, 1714, p. 908. On avoulu l’identifier avec Beit NCtba, à dix-huit kilomètresau nord-ouest de Jérusalem dans la vallée d’Aïalon, maiscette identification n’est pas généralement acceptée.M. Conder, Tentwork in Palestine, t. ii, p. 339, proposeNûba, à onze kilomètres environ au nord-ouest d’Hé

: 'Â: J 

bron. «C’est un petit village qui s’élève sur une petitecolline avec un puits, situé à 1 600 mètres à l’est.» Surveynf Western Palestine, Memoirs, t. iii, p. 309. Cesite souffre aussi difficulté, car, à cause de la placequ’occupe Nébo dans les listes d’Esdras et de Néhémie, cette localité appartiendrait plutôt à la tribu de Benjaminqu’à celle de Juda. — Quoi qu’il en soit de l’identification, nous apprenons par le livre d’Esdras que septdes Eenê-Nebo avaient épousé des femmes étrangèresqu’ils furent obligés de renvoyer. I Esd., x, 43.

    1. NÉBRISSENSIS##

NÉBRISSENSIS (Àntonius).

BR1JA, t. i, col. 709.

Voir Antoine de LeNEBSAN (hébreu: Nibëdn; Septante: NaçXaÇwv; Alexandrinus: Ne6s<iv), ville du désert de Juda, mentionnéeentre Sachacha et’Ir-harnmélafy (Vulgate: Civitas salis) et Engaddi. Jos., xv, 62. Elle devait doncse trouver dans le voisinage de la rive occidentale de lamer Morte, mais elle n’a pas été jusqu’ici identifiée, Eusèbe et saint Jérôme ont ignoré eux-mêmes sa situationprécise; ils se contentent delà mentionner commeville de Juda sous la forme Na^iv et Nepsant, sansdonner aucune indication à son sujet. Onomasticon, édit. Larsow et Parthey, 1862, p. 300-301.

    1. NÉCEB##

NÉCEB (hébreu: ham-négéb; Septante: Naêô-I.; Alexandrinus: Nax16), donné comme nom distinctd’une ville de Nephthali par les Septante et par la Vulgate.Voir Adami i, t. i, col. 209.

    1. NÉCHAO II##

NÉCHAO II (hébreu: n-sa, Nekôh, dans IV Reg.,

xxm, 29, 33, 34, 35; iDa, Nekô, dans II Par., xxxv, 20,

22; xxxvi, 4; Jér., xli, 2; Septante: Ntyaù>), fils et successeurde Psammétique, second roi de la xxvi» dynastieégyptienne (610-594). Il n’existe aucun monument égypf t w

Neku, se trouve seulement sur quelques stèles et surplusieurs petit* objets de bronze, d’albâtre, etc. BritishMuséum, À guide to the third and fourth EgyptianRooms, in-8°, Londres, 1904, p. 33, n. 32; 251, n. 86; 262, n. 141; 181, n. 68. Un scarabée publié par A. Mariette, Monuments divers recueillis en Egypte et en Nubie,

427. — Scarabée de Néchao II.

in-fol., Paris, 1872, pi. 4, C, et conservé au musée duCaire, fait allusion à ses victoires (fig. 427).

Néchao, en succédant à Psammétique 1 er, Hérodote, ii, 158, continua l’œuvre de réorganisation militaire etmaritime de son père. Sous son règne furent commencésles travaux du canal du Nil à la mer Rouge. Il construisitde nombreux vaisseaux à trois rangs de rames; tant sur la Méditerranée que sur la mer Rouge. Hérodote, n, 158-159. Par ses ordres, une expédition partit,

sur des vaisseaux phéniciens, et descendit la merRouge pour doubler le sud de l’Afrique et revenir parles colonnes d’Hercule. Elle accomplit ce trajet en troisans. Hérodote, iv, 42. Cependant ce fut par terre queNéchao entreprit sa campagne contre les Assyriens en608 avant J.-C. Hérodote, ii, 159. Il voulait atteindre"Charcamis sur l’Euphrate. Josias, roi de Juda, vint àsa rencontre pour l’arrêter au passage. Néchao, qui voulaitconserver son armée intacte pour sa campagnecontre Nabopolassar, envoya des messagers à Josias, pour lui dire que la guerre n’était pas dirigée contre leroyaume de Juda et que Dieu le ferait périr s’il combattaitcontre l’Egypte. Josias n’écouta pas Néchao et luilivra bataille dans la plaine de Mageddo. Blessé par uneflèche, Josias fut transporté sur un char à Jérusalem ety mourut, IV (II) Reg., xxiii, 29; II Par., xxv, 20-24.Voir Josias, t. iii, col. 1683; Mageddo 1, t. iv, col. 559. Cf.Mageddo 3, col. 560.

Hérodote, ii, 159, raconte brièvement cette campagne; il nomme la ville près de laquelle eut lieu labataille, Magdotos, et mentionne ensuite la prise deKadytis, ville dont le nom n’a pas encore été identifié.Après sa victoire, Néchao consacra son armure à ApollonDidyméen, dans le sanctuaire des Branchides, Néchaocontinua sa route vers l’Euphrate, IV (II) Reg., xxiii, 29, puis revint vers le sud, sans avoir remporté aucun succèsdécisif en Mésopotamie.

Le roi d’Egypte entra alors à Jérusalem et s’emparade Joachaz, fils de Josias; il le retint prisonnier aRébla, au pays d’Émath et imposa au royaume de Judaune amende de 100 talents d’argent et d’un talent d’or. Ilplaça ensuite sur le trône Éliakim, frère de Josias, à quiil donna le nom de Joakim et emmena Joachaz enEgypte. IV (II) Reg., xxiii, 33-34; II Par., xxxvi, 3-4.Dans la quatrième année du règne de Joakim, Néchaoqui s’était avancé de nouveau jusqu’à Charcamis prèsde l’Euphrate fut battu par Nabuchodonosor, fils deNabopolassar, roi deBabylone. Jer., xlvi, 2-26. Nabuchodonosorpoursuivit l’ennemi vaincu jusqu’à Peluseet s’empara de tout le pays situé entre l’Euphrate et lafrontière d’Egypte où il fut arrêté par la nouvelle de lamort de son père. Néchao ne sortit plus de son royaume.IV (II) Reg, , xxiv, 7-14. Voir Charcamis, t. ii, col. 584; Joachaz, 2, t. iii, col. 1549; Joakim 1, col. 155. Il mourutaprès un règne de seize ans.

Bibliographie. — Fr. Lenormant-E.Babelon, Histoireancienne de l’Orient, 9 8 édition, Paris, 1882, t. ii, p. 390396; G. Masperô, Histoire ancienne des peuples del’Orient classique, t. iii, Paris, 1899, p. 513-518; F. Vigouroux, La, Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. iv, p. 133-139; Flinders Pétrie, A History of Egypt from the XIX to XXX Dynasty, in-8°, Londres, 1905, p. 335-339. E. Beurlier.

    1. NÉCODA##

NÉCODA, nom du chef d’une famille nathinéenneet du chef d’une famille dont l’origine israélite ne putêtre établie.

1. NÉCODA (hébreu: Neqôdâ"’; Septante: NaxtoSâ; Alexandrinus: NexwSâv, dans I Esd., ii, 48; Nsxioêâ; Sinaiticus: NExtuSàpi, dans II Esd., vil, 50), chef d’unefamille de Nathinéens qui retournèrent avec Zorobabelde Chaldée en Palestine. I Esd., ii, 48; II Esd., i, vii, 50.

2. NÉCODA (hébreu: tfeqôdd’; Septante: Nezioêi), chef éponyme d’une famille qui était revenue de la captivitéde Babylone avec Zorobabel, mais qui ne put pasprouver son origine israélite. I Esd., ii, 60; H Esd.,

vu, 62. e.

NÉCROMANCIE. Voir Évocation des morts, t. ii, col. 2128.

    1. NÉERLANDAISES##

NÉERLANDAISES (VERSIONS) DE LA BIBLE.

— D’après une terminologie assez usitée et fondée dureste dans la nature des choses nous comprenons sous cenom les verrions flamandes et hollandaises. Ces deuxbranches du néerlandais, sorties d’une souche commune, sont restées toujours assez rapprochées l’une de l’autre, et de nos jours, nonobstant les frontières politiques, elles tendent visiblement à se rapprocher davantage; tandis qu’au contraire le bas allemand, qui autrefois seconfondait à peu près avec le néerlandais, est lentementmais sûrement absorbé par le haut allemand, déjànommé communément l’allemand tout court.

L’histoire des versions néerlandaises dé la Bible sedivise tout naturellement en quatre parties: 1° Il fautdire un mot sur les restes de versions anciennes dansles trois dialectes, dont la fusion a formé le néerlandaisdu moyen âge. — 2° Il y a l’époque exclusivementcatholique, qui se termine à l’apparition de la premièreBible protestante en 1523. — 3° L’époque detâtonnements et de lutte, on pourrait dire: l’époquede confusion, qui aboutit pour les catholiques à la Biblede Moerentorf (1599), pour les protestants à la versionofficielle, appelée la Bible des États (Généraux), Statenbijbel(1637). — 4° L’époque de la domination de cesdeux versions principales, époque qui, malgré bien destravaux postérieurs, ne semble pas encore définitivementterminée.

I. Premières versions. — On a cru qu’il a existédès le vme siècle, une version des Psaumes endialecte frison. C’est que dans la Vita Ludgerid’Altfrid (Monumenta Germanise scriptorum, t. ii, Hanovre, 1821, p. 412) on parle de Bernlef, ménestrelfrison, qui après sa conversion chantait à ses compatriotesles Psaumes qu’il avait appris de saint Ludger.Voir W. Moll, Kerkgeschiedenis van Nederland vôôrde hervomiing, Arnhem, 1864, t. i, p. 180, 371. Maisd’autres savants ont contesté la valeur historique du récit, et en tout cas, de cette version frisonne, rien n’estconservé. — Dé même il ne nous reste pas de versionproprement dite dans le dialecte saxon. Pour le poèmebiblique, le Béliand, voir Versions allemandes, t. î, col. 374. En 1894, le professeur K. Zangemeister a trouvédans la Bibliothèque du Vatican trois fragments d’unpoème du même genre et de la même époque, peut-êtredu même auteur, dont le premier contient un dialogueentre Adam et Eve après la chute, le second atrait à Gen., iv, 9-vn, 4, le troisième à la destructionde Sodome. Gen., xviii, 1-xix, 26. Voir K. Zangemeisteret W. Braune, Bruchstûcke der altsàchsischenBïbeldichtung, Heidelberg, 1894. — Dans le dialeclebas-franc on connaît des restes d’une version desPsaumes comprenant Ps. i, 1-m, 5; xviii; lui, 7-lxxiii, 9. Elle paraît dater du commencement du dixièmesiècle. L’auteur est inconnu, mais il semble avoir vécudans le Limbourg hollandais actuel ou dans les environs.Ces fragments ont été publiés par F. H. von derHagen, Niederdeutsche Psalmen aus der KarolingerZeit, Breslau, 1816 (Ps. lui, 7-lxxiii, 9); en entier parM. Heyne dans ses Kleinere altniederdeutsche Denkmàler, Paderborn, 1866; 2<» édit. 1887. Comp. P. J. Cosijn, De oudnederlandsche Psalmen, dans le Taalenletterbode, t. iii, p. 25-48. 110-124, 257-270; t. iv, p. 149176, Harlem, 1872, 1873; A. Borgeld, De oudoostnederfrankischePsalmen: klanken vormleer, Groningue, 1899. Ces fragments n’ont du reste qu’un intérêt philologique, la version comme telle étant très médioere.Voir J. te Winkel, Geschiedenis der Nederlandsche letterkunde, Harlem, 1887, p. 49. — Il existe une autresérie de fragments de Psaumes, trouvés à Paris parGédéon Huet, et publiés dans la Bibliothèque de l’Écoledes chartes, t. xlvi, 1885, p. 496-502, sous le titre: Fragments inédits de la traduction des cantiques daPsautier en vieux néerlandais. Mais ce titre n’est pas

exact: le dialecte n’est pas le bas franc mais plutôt lefranc moyen ou rhénan. Voir J. H. Gallée, dans leTydschrift van de Maatschappy van NederlandscheLetterkunde, t. v, Leyde, 1885, p. 274-289. Les deuxséries de fragments sont traitées par W. van Helten dansDie altostniederfrânkischen Psalmenfragmente, dieLipsius’schen Glossen, und die altsûdmittelfrànkischenPsalmenfragmente… I. Teïl, Texte, Glossen und Indices, Groningue, 1902.

II. Versions de 1300-1522. — Les précurseurs desversions proprement dites étaient lés bibles historiales.La plus ancienne, la «Bible rimèe», Rymbybel, deJacob van Mærlant (1271), publiée à Bruxelles parJ. David en 1858, n’est guère qu’une imitation assezlibre en vers de VBistoria scholastica de Pierre Comestor.Les ouvrages en prose qui l’ont suivie se rapprochentdavantage du texte biblique. Le premier, composéen 1358, est l’œuvre d’un auteur inconnu. Certainsdétails lexicographiques ont fait penser à une originehollandaise. Voir P. Leendertz dans De Navorscher, 1861, p. 343; S. S. Hoogstra, Proza-beiverkingen vanhet leven van Alexander den Groote in het middelnederlandsch, La Haye, 1898, p. xxxm sq. Cette premièreBible historiale est conservée dans six manuscrits, Voir C. H. Ebbinge Wubben, Over middelnederlandschevertalingen van het Oude Testament, La Haye, 1903, p. 3. Peut-être l’auteur s’est servi de la «Bible rimée», en la corrigeant par endroits d’après l’Histoire scolastique, mais sa source principale étaient les Livres Saintseux-mêmes, qu’il traduisait correctement et avec unecertaine liberté. Tout en voulant donner une histoirecontinue, il reproduit en entier ou à peu près le Pentateuque, Josué, les Juges, Ruth, les quatre livres desRois, Tobie, Daniel, Judith, Esdras, Esther, et les livresdes Machabées. Pour compléter son histoire il y introduitquelques récits de source profane. Le petit nombre demanuscrits existants a fait penser que l’ouvrage n’a pasété répandu, ou plutôt qu’il a été supplanté de bonneheure par la seconde Bible historiale, dont nous possédonstrente manuscrits complets ou partiels. Ici nousavons plutôt une version avec commentaires. Sous larubrique texte ou texte de la Bible on donne la traductiondes différentes péricopes d’après la Vulgate; sous letitre Scholastica ou Scholastica histària on ajoute desdéveloppements ou des explications. En dehors des livreshistoriques de l’Ancien Testament il y a les Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantique, la Sagesse, l’Ecclésiastique, le livre de Job, et les parties historiques — «ce qui appartientà l’histoire courante», dit l’auteur — d’Ézéchielet de Daniel. Dans certains manuscrits on trouve ajoutéssoit les péricopes ecclésiastiques tirées de l’Ancien Testament, soit une harmonie des Évangiles et un abrégédes Actes, soit encore des livres bibliques d’une versiondifférente: le Psautier, les Lamentations, le prophèteJonas. La version a le double mérite d’être très fidèle etd’être pleine de force et d’onction. Un auteur allemand, W. Walther, Die deutsche Bibelùbersetzung tw Miltelalter, Brunswick, 1889-1892, col. 650 sq., la préfèreà tous les travaux contemporains du même genre enlangue allemande. Il est regrettable qu’on ignore le nomde l’auteur. Il doit avoir écrit vers 1360, peut-être dansles environs d’Alost en Flandre. Un détail dans le prologuedu Cantique nous fait croire qu’il appartenait auclergé régulier. Il y raconte un fait qu’il ditTtenir d’unhomme de son ordre: enen man …van onser ordenen.Dans Ebbinge Wubben, p. 88. Quelque temps plus tard, vers 1384, un autre traducteur, également inconnu, traduiten entier les livres d’Isaïe, de Jérémie avec les Lamentations, et très probablement celui d’Ézéchiel, quoique ce dernier ne se trouve dans aucun manuscritconnu.

La première Bible néerlandaise imprimée (Delft, 1477)reproduit le texte de la seconde Bible historiale, en

supprimant les additions de source étrangère, et enajoutant tous les autres livres de l’Ancien Testamentexcepté les Psaumes. Dès l’année suivante, elle était utiliséepar l’éditeur de la Bible en bas-allemand deQuentelà Cologne. Voir Moll, dans les Verslagen en mededeelingender koninklyke À cademie van Wetenschappen, II série, t. vii, Amsterdam, 1878, p. 294. Malheureusem*ntla Bible de Delft de 1477 n’a été réimpriméequ’une seule fois, dans YAncien Testament qui paruten 1525 (à Anvers?) chez Hans van Ruremunde. Ici leteste de Delft est revu sur la Vulgate, le Pentateuqueest remplacé par une autre version, et les Psaumes sontajoutés. Mais dans l’entretemps on avait fait un pas enarrière en publiant à Anvers, 1513, 1516, 1518 (deux fois), chez Clæs de Grave et Thomas van derNoot, la Bibel intCorte, «Bible abrégée.» C’était une édition de la secondeBible historiale, plus ou moins corrigée. Isaac Le Long, Boekzaal der Nederduitsche Bybels, Amsterdam, 1732, p. 406, la traite de «falsification catholique faiteà dessein», Les Protestants d’aujourd’hui sont plusmodérés dans leurs jugements et reconnaissent quel’édition de 1518 était sérieusem*nt corrigée. Mais décidémenton avait tort de s’écarter du chemin frayé parles éditeurs de Delft. Voir H. van Druten, Geschiedenisder Nederlandsche Bybelvertaling, Leyde-Rotterdam, 1895-1905, t. i, p. 322. — Les Psaumes aussi étaientalors traduits depuis longtemps. Une traduction riméedes Psaumes pénitentiaux et quelques autres fragments, publiés par G. J. Meijer dans les Nieuwe Werkenvan de Maalschappy van Nederlandsche Letterkunde, t. v, Dordrecht, 1841, p. 187-240 (voir aussi EbbingeWubben, p. 204-209), semblent dater du commencementdu XIVe siècle. Une version du Psautier completa dû suivre bientôt, car ce livre paraît avoir été le premierqui soit traduit en néerlandais. Il est même certainqu’il y a eu plusieurs versions indépendantes; mais sous ce rapport les textes dispersés dans unesoixantaine de manuscrits sont encore loin d’avoir livrétous leurs secrets. Dans quatre manuscrits le texte estenrichi de gloses. Toutes ces versions suivent la Vulgate, mais un des traducteurs, probablement le premier, paraits’être servi aussi d’une version française. Historiquementon connaît comme traducteurs et glossateurs: Geert Groote, le célèbre fondateur des Frères de la viecommune, f 1384, et Jean Scutken, membre éminentde la même confrérie, f 1423. On est porté à leur attribuerla recension, ou plutôt la version la plus remarquable, dont Van Druten ne connut que le seul manuscrit235 de la Maatschappy van Nederlandsche Letterkundeà Leyde, mais qui de fait se retrouve dans plusde "vingt autres] manuscrits. Voir Ebbinge Wubben, p. 175. Quant à ce Psautier Walther, Die deutsche Bibelûbersetzung..., col. 700, renchérit encore sur les élogesfaits à la Bible historiale de 1360. Aussi c’est cette versionseule qui a été propagée par la presse. Elle a euau moins dix éditions entre 1480 et 1509. Voir VanDruten, Geschiedenis, t. i, p. 38-40. — Le Cantiqueétait également très goûté dans les cercles pieux duxive et du xve siècle. Il en existe plusieurs versions, encore trop peu connues, dans environ 45 manuscrits, dont plus de trente ajoutent de longs commentaires.

Quant au Nouveau Testament, c’est la partie principalehistorique, la vie de Notre-Seigneur, qui a été lapremière à se répandre en langue néerlandaise. Aprèsla Bible rimée de Van Mærlant il y en a deux autres deforme poétique: une de Jean Boendale (1325-1330), dans le livre: Der Leken Spieghel, le miroir des laïques, publiée à Leyde en 1845 par M. de Vries, et une autre, d’un auteur inconnu de la même époque, mais d’unevaleur poétique supérieure: Vanden levenexms Heren, publiée par P. J. Vermeulen à Utrecht en 1843. Une Viede Jésus en prose de 1332 a été éditée à Groningue en

1835 par G. J. Meijer; comp. quelques fragments, publiéspar J. J. Nieuwenhuysen dans la Dietsche Warande, t.’m, Amsterdam. 1857, p. 239-241; et l’édition deJ. Bergsma dans la Bibiiotheek van Middelnederlandscheletterkunde, Groningue, 1895-1898. Il en existe plusieursautres en manuscrit, qui sont toutes des imitations desVies de Notre-Seigneur de saint Bonaventure et deLudolphe de Saxe. Voir Moll, Johannes Brugman, Amsterdam, 1854, t. ii, c. I et Appendices; les registres dessources de J. Verdam, Middelnederlandsch woordenboek, La Haye, 1885 sq. (encore inachevé); L. D. Petit, Bibliographie van Middelnederlandsche taal-en letterkunde, Leyde, 1888. L’usage général qu’on faisait de cesVies de Jésus-Christ et de certaines harmonies des Évangiles, explique le fait, à première vue assez étrange, quetoutes les Épttres du Nouveau Testament, les Actes desApôtres et même l’Apocalypse ont été traduits en néerlandais(vers 1360) avant les Évangiles. Néanmoins ceuxciétaient déjà traduits avant l’année 1391. Van Drutenconnaissait quarante-trois manuscrits complets ou partielsdu Nouveau Testament, et la liste est évidemmentencore incomplète. Voir C. G. N. de Vooys, lets overmiddeleeuwse Bybelverlalingen dans le TheologischTydschrift, 1903, p. 113, 114. Mais le Nouveau Testamentne semble pas avoir été répandu par la presseavant le commencement du xvie siècle. Alors parurentles Actes et l’Apocalypse à Leyde chez Jean Severse(1512?), et à Anvers chez Clæs de Grave — et le NouveauTestament en entier en 1518 à Delft et à Kampen.Voir Le Long, Boekzaal, p. 503. Aussi les premièreséditions de Jacques van Liesveldt à Anvers, qui publiales Évangiles en 1522, les Épîtres de saint Paul, probablementen 1523, et peu après les Épîtres catholiques, reproduisirent encore la version ancienne avecquelques modifications d’après la Vulgate. — Au contraireles Epistolaires et Evangéliaires, collectionsde toutes les péricopes ecclésiastiques de l’année liturgique, ne sont représentés que par d’assez rares manuscrits.Van Druten n’en cite que quatre, dont un de 1348.De Vooys, p. 148, en connaît cinq (ou sept?) autres. Maisdès le xve siècle, les éditions imprimées étaient nombreuses: on en connaît d’Utrecht (1478), de Delft (1481, 1484), de Cologne (1482), de Harlem (1486), de Zwolle(1487, 1488, 1490), de Leyde (1488), de Déventer (1493, 1496), d’Anvers (1496), etc. Une version ancienne del’Apocalypse est publiée par O. Behagel dans la Zeitschriftfur deutsches Alterthum, t. xxii, Berlin, 1877, p. 97-142. Remarquons en terminant cette partie quetoutes les versions de cette époque sont évidemment desversions catholiques. C’est à tort que L. Relier, Die Reformationund die ûlteren Reformationsparteien, 1885, p. 256, en défendant sa fausse hypothèse de l’origine vaudoisede la première version allemande du NouveauTestament, a cru découvrir des «corrections catholiques» dans un manuscrit néerlandais, originaire deZwolle. Voir Van Druten, Geschiedenis, 1. 1, p. 224-244.Aussi, jusqu’ici, il n’y a aucune trace d’intervention dela part de l’autorité ecclésiastique ou civile.

III. Troisième époque. — Ici s’ouvre une époqued’activité remarquable, de luttes et de confusion. Ony trouve bon nombre de versions, de corrections etd’éditions catholiques et protestantes, et plusieursautres d’origine hybride ou de tendance douteuse, fruitsd’un certain esprit de conciliation, ou plus souvent despéculation purement mercantile. Il est douteux, îparexemple, de quel côté il faut ranger la traduction duNouveau Testament, d’après la troisième édition de laversion latine d’Erasme (1522), qui parut à Delft en1524 chez Corneille Heynrickz, et qui semble avoir euune dizaine d’éditions, en partie revues de pouveau surla Vulgate. C’est le cas du moins de-l’édition donnée en1527 par Michel Hillen van Hoogstraten à Anvers. Untravail antérieur, basé sur le texte d’Érasme, l’Évangile

de saint Matthieu, traduit par Jean Pelt, et imprimé àAmsterdam chez Doen PieterSŒn, probablement en1522, avait été proscrit comme hétérodoxe par un placardde Charles-Quint, daté du 23 mars 1524. GuillaumeVorsterman publia à Anvers six éditions de la Biblecomplète-in-folio (1528, 1532, 1533, 1544, 1545, 1546), sixautres du Nouveau Testament (1528, 1529, 1530 deuxfois, 1531, 1534) et une de l’Ancien Testament (1543). Ilavait pris pour base l’édition de Van Liesveldt (Anvers, 1526), qui suivait la traduction allemande de Luther, pour autant qu’elle avait déjà paru, mais il l’avait faitcorriger avec soin par des savants catholiques de Louvaïn.Néanmoins, plusieurs de ces éditions, soit de laBible entière soit du Nouveau Testament, ont été frappéesde condamnation, parce que les typographes, parincurie ou par mauvais vouloir, avaient négligé lescorrections, en suivant de trop près l’édition dé VanLiesveldt. Du reste les presses catholiques d’Anversn’avaient plus de repos. Nous connaissons deuxSéditionscatholiques du Nouveau Testament de Michel Hillen vanHoogstraten (1530, 1533), trois autres de Matthieu Crom(1538, 1539, 1541), cinq de Henri Peters van Middelburg(1541, 1542, 1544, 1546, 1548), deux de sa veuve (1553, 1556), et deux de Jean van Loe (1546, 1548?). Ajoutonsla double édition, in-f» et in-8°, de Corneille Heynrickz àDelft (1533), celles de Pierre Warneson à Kampen (1543)et de Jean van Remunde à Zwolle (1546) — les Psaumesde Heynrickz (1534) et la Bible complète in-folio de HenriPeters van Middelburg (1535). Une autre édition du mêmeimprimeur, celle de 1541, a été condamnée: c’était probablementune reproduction d’une des Bibles de Vorsterman.Même en pays allemand, à Cologne, se publia en 1548chez Jasper van Gennep une nouvelle version néerlandaisede la Bible entière, ouvrage d’Alexandre Blanckart, 0. C. Les passages qui ailleurs avaient donné lieu à descondamnations étaient soigneusem*nt; rendus conformesà l’édition de la Vulgate, que le Père Hentenius, 0. P., venait de publier à Louvain (1547). Cependant l’ouvragen’eut pas de succès. Dans la même année 1548 parut àLouvain chez Barthélémy van Grave une autre traductionde la Vulgate de Hentenius par Nicolas van Winghe.C’est cette version, qui supplanta chez les catholiquesdes Pays-Bas toutes les versions précédentes. Après aumoins dix-sept éditions complètes et une cinquantained’éditions du Nouveau Testament, elle fut corrigée surla Vulgate clémentine, et devint ainsi la célèbre «Biblede Moerentorf». Depuis que Cet imprimeur anversoisen donna la première édition, en 1599, elle n’a cesséd’être reproduite en Belgique jusqu’au xix 8 siècle, avecdes corrections purement orthographiques et grammaticales.

C’était encore à Anvers qu’avaifparu en 1523, chezAdrien van Bergen, le premier Nouveau Testament protestant, c’est-à-dire dépendant de la version de Luther.Et depuis cette époque jusque vers la moitié du xvi «siècle, presque chaque année vit paraître des éditionssemblables, soit du Nouveau Testament, soit de la Bibleentière. Surtout à Anvers où se publiaient vers le mêmetemps des versions ayant plus ou moins une teinte deluthéranisme, en français, en espagnol, en anglais, endanois. Les éditeurs les plus connus sont Adrien vanBergen, Jean van Ghelen, Hans van Buremunde, Martinde Keyser, Christophe van Buremunde, Govert van derHaghen, et surtout le fougueux Jacques van Liesveldt, qui, en 1545, paya de sa vie ses attaques incessantescontre le catholicisme. À Amsterdam travaillait pourla «Réforme» Doen Pietersoen, à Leyde Pierre Janszoonet Pierre Clæssen, à Kampen Etienne Joessen, àDéventer Dirk van Borne, tandis qu’à l’étranger destextes néerlandais semblables sortaient des pressesd’Adam Pétri van Langendorff à Bàle, de Pierre Etienneà Genève, et de Hiero Fuchs à Cologne. Il est vraique dans ces divers textes la dose d’hérésie n’était pas

partout la même. Parfois on ajoutait en marge lesvariantes de la «Bible de Delft» ou d’autres éditionscatholiques; parfois on mêlait au texte même de Lutherdes corrections de ce genre, tirées du texte d’Érasmeou des versions franchement catholiques, soit pour éviterles rigueurs de la justice, soit pour tromper deslecteurs catholiques, soit plutôt pour de simples raisonspratiques de libraire. Ce qui n’empêcha pas, du reste, que bon nombre de ces éditions ne fussent proscritespar l’autorité compétente, guidée le plus souvent par laFaculté théologique de Louvain. Voir Van Druten, Geschiedenis, t. ii, p. 370437; Chr. Sepp, Verboden lectuur, Leyde, 1889, p. 67-70, 124, 192, 194. En face de cetteconfusion immense on comprend mieux que partoutailleurs la nécessité des mesures, prises par l’Eglise auConcile de Trente et depuis, pour assurer aux fidèlesun seul texte latin authentique, et pour empêcher lalecture des traductions en langue vulgaire, non approuvéespar l’autorité ecclésiastique.

Il est vrai que dans la seconde moitié du xvi 5 siècle, parmi les protestants aussi la confusion allait en diminuant.Les diverses sectes, déjà constituées plus oumoins régulièrement, commençaient à publier des textesofficiels pour leurs adeptes. Les luthériens avaient, aumoins dès l’année 1558, une version, faite d’après la traductionen bas-allemand de Bugenhagen, et publiée àEmbden. Là aussi était imprimée la Bible des Mennonites(1560), qui en somme n’était guère qu’une reproductionde la précédente, avec subdivision des chapitresen versets. L’Église «réformée» (calviniste), qui futbientôt l’Église dominante en Hollande, avait elle aussireçu des éditeurs mêmes de la Bible luthérienne sa Bibelin duyts (1556), et d’un autre éditeur (Gellius Ctematius— Gilles van den Erven) le Nouveau Testamentde Jean Utenhove (1556), un autre de Godefroi van Winghen(1559) et l’Ancien Testament du même traducteur(1562). Les Bibles luthérienne et mennonite ont été plusieursfois revisées et réimprimées en Hollande, la premièreexclusivement d’après la version allemande deLuther. Une édition mennonite du Nouveau Testament, publiée en 1554 à Amsterdam par Matthieu Jacobszoon, a pareillement été reproduite plusieurs fois. Les Calvinistes, tout en reconnaissant les défauts de la Bible deG. van Winghen, ne parvinrent, pendant plus d’undemi-siècle de pourparlers stériles, qu’à modifier leursnotes exégétiques. Ce n’est qu’en 1618 que le synodecalviniste de Dordrecht résolut de faire élaborer une révisionradicale d’après les textes originaux. Le travailne commença qu’en 1628. Pour fixer la forme grammaticalede leur version, les auteurs composèrent d’abord *une espèce de grammaire néerlandaise. Les livres protocanoniquesde l’Ancien Testament étaient l’ouvragede Baudart, Bogerman, Bucer et Thysius, et les livresdeutérocanoniques et le Nouveau Testament celui deHommius, Boland et "Walæus. À la traduction, qui nemanque pas de mérite, ils ajoutaient des introductions, des résumés de chapitres, et des notes marginales. Ainsile fameux Statenbybel s’imprima à Leyde en 1636, mais la publication fut différée jusqu’après l’approbationdes États-Généraux qui date du 29 juillet 1637.Cette même année vit encore deux autres éditions, àAmsterdam et à Gouda, et depuis elles se succédaientd’année en année. Une liste officielle de correctionstypographiques parut en 1655. Depuis environ unsiècle et demi on s’est souvent appliqué à renouvelerl’orthographe et les formes grammaticales, d’après leschangements survenus dans la langue, mais sans modifierle sens. Et après tout la langue retient encore beaucoupde cette saveur antique qui semble faire les déliceset’l'édification des pieux calvinistes.

IV. Depuis la. fin du xvie siècle. — Depuis cetteépoque, c’est la Bible de Moerentorf (ou Moretus) plusieursfois réimprimée qui a dû. suffire presque seule

aux besoins des catholiques de langue néerlandaise. LeNouveau Testament, publié en 1614 par F. Coster, S. J., n’est guère qu’une reproduction de ce texte, orthographiquement rajeunie et enrichie de nombreuses notes.Les travaux de Gilles de Witte (Nouveau Testament, 1696, 1697, etc.; Psaumes, 1697, 1699, etc.; Proverbes, Écclésiaste, Cantique, Sagesse, Ecclésiastique, 1702; Tobie, Judith, Esther, Job, 1708; Pentateuque, 1709; Bible complète, Utrecht, 1717), d’André van der Schuur(Évangiles, 1689; le reste du Nouveau Testament, 1698; le Nouveau Testament, en entier, 1705, 1709, etc.; lePentateuque, 1715; les livres historiques Josué-Rois, 1 717; la Bible entière, complétée par H. van Rhijn, 1732), et de Philippe Laurent Verhulst (Nouveau Testament, 1717, 1721) sont plutôt des versions jansénistes, faitessur la «Vulgate de Mons» et le «Nouveau Testament(français) de Mons». Voir Van Druten, p. 633-665; M. F.V. Goethals, Histoire des lettres, des sciences et des artsen Belgique, t. i, Bruxelles, 1840, p. 283, 295 sq.; J. A.van Beek, Lyst van Boeken en Brochuren, uitgegevenin de Oud-Katholieke Kerk van Nederland, sedert 1700tôt 1751, Rotterdam, 1893, p. 5, 7, 28, 36, 48, 61, 62, 96; De Oud-Katholiek, 1895, p. 129-132; 1905, p. 117, 126, 134 sq. — Le Nouveau Testament de De Witte (Candidus) fut sévèrement jugé par H. Bukentop O. F. M. dansson Examen translationis flandricss N. T…, Louvain, 1698. Une version franchement catholique de l’AncienTestament avec de savants commentaires latins est l’ouvrage des Pères franciscains Guillaume Smits et Pierrevan Hove, 21 in-8°, Anvers, 1744-1777. Malheureusem*ntelle est restée incomplète. Il y manque tous les Prophètes et les livres historiques Josué-Paralipomènes avecceux des Machabées. À partir de ce temps, pendant prèsd’un siècle entier, nous ne trouvons que des versionsdes saints Évangiles ou de quelque livre isolé. Mais dèsl’année 1859 ont paru simultanément deux versions duNouveau Testament, avec des introductions et desnotes: celles de l’avocat S. P. Lipman, juif converti, Bois-IeJDuc, 1859-1866, et du professeur J. Th. Beelen, Louvain, 1859-1866. L’une et l’autre ont de grandsmérites; dans la première les introductions et les notessont plus développées et contiennent plus d'érudition etde polémique contre l’exégèse protestante, mais ellen’est pas achevée: les Épîtres catholiques et l’Apocalypse font défaut. Comme les deux branches du néerlandais dans les derniers siècles se sont écartées davantage, il convient de noter que la langue de Lipman estle hollandais ou néerlandais du nord, tandis que Beelen, hollandais d’origine, mais professeur à Louvain, a plutôt cherché un juste milieu entre le hollandais et leflamand (ou néerlandais du midi). Beelen donna encoreles Psaumes et les livres sapientiaux. Voir Beelen, t. i, col. 1542, où il faudrait ajouter la traduction de la Sagesse (1881) et de l’Ecclésiastique (1882). Quelques annéesaprès sa mort plusieurs savants belges se sont réunispour compléter son œuvre. Le fruit de ce travail est: Hel Oude Testament in 't vlaamsch vertaald en uïigeleid door J. Th. Beelen, V. J. Coornært, J. Corluy, O. E. Dignant, P. Haghebært, A. G. Vandeputte, 6 vol., Bruges, 1894-1896. Ici la langue est plutôt le flamand, — mais avec les livres de Beelen, ceux de Corluy, les Grands Prophètes, se rapprochent sensiblement duhollandais. Enfin une dernière traduction catholique del’Ancien Testament, quoique à peu près achevée, estencore en cours de publication. Elle paraît depuis 1894à Bois-le-Duc sous le titre: Biblia Sacra Veteris Testamenti, dat is: De Heilige Boeken van het Oude Verbond. Les auteurs sont les savants hollandais: H. J.Th. Brouwer, P. L. Dessens, Mgr. J. H. Drehmanns, Mgr. A. Jansen, J. M. van Œrs, J. Schets, D. A. W.H. Sloet, G. W. J. N. van Zinnicq Bergmann. Toutcomme la précédente elle donne le texte de la Vulgateen regard et ajoute des introductions et des notes. Dans

la plupart des livres qui ont paru, les notes, sans êtrede moindre valeur réelle, sont parfois plus concises etd’une forme plus populaire que celles de la nouvelleversion flamande, en évitant par exemple toute citationen langue étrangère. Ce n’est que dans les volumes lesplus récents (les Juges de Sloet, les livres de Samuel etl’Ecclésiastique de Jansen) que les notes sont plus développées et de tournure plus savante. Là aussi unelarge part est faite à la critique textuelle, littéraire ethistorique. Voir sur ces deux versions récentes Van Kasteren, dans les Studiën op godsdienstig, wetenschappelyk en letterkundig gebied, t. xlhi, 1994, p. 276-292; t. xlv, 1895, p. 208-214; t. xlvii, 1896, p. 107-112; t. l, 1898, p. 79-82; dans Biekorꝟ. 1895, p. 95-104; et dansla Revue biblique, t. v, 1896, p. 119, 650; t. vi, 1897, p. 328; t. x, 1901, p. 326; L. d’Heeredans Biekorꝟ. 1895, p. '49-53, 104-111. Sur la dernière: G. Wildeboer dansles Theologische Studiën, 1905, p. 164-172; J. van denDries, dans De Katholiek, t. cxxviii, 1905, p. 261-275; H. Coppieters dans la Revue biblique, nouv. série, t. iii, 1906, p. 139-144. — Tout récemment enfin.(décembre1905) on vient d’annoncer une nouvelle traduction (avecnotes) des Évangiles et des Actes — qui est encoresous presse.

Parmi les protestants néerlandais le Statenbybel s’estmaintenu en usage jusqu'à nos jours. Ce n’est pas àdire toutefois que des traductions plus récentes ont faitdéfaut. En passant sous silence celles d’un bon nombrede livres isolés, nous devons mentionner le NouveanTestament de Hartsoeker, de la secte des Remontrants(1681), celui du médecin Rooleeuw, des Collégiants(1694), de Charles Catz (1701), de G. Vissering, pasteurmennonite (1854), de G. J. Vos (1895), et deux versionsde la Bible entière, y compris les livres deutéroeanoniques: celle de Y. van Hamelsveldt (1800) et de J. H.van der Palm (1818-1830). La dernière a joui pendantquelque temps d’une grande popularité, due à son stylede bon goût plutôt qu'à son exactitude scientifique.Pour le Nouveau Testament, il existe même, depuis1868, une nouvelle traduction plus ou moins officiellede «l'Église réformée néerlandaise», qui comprend lagrande majorité des protestants des Pays-Bas. C’est le «Synode général > de cette Église qui en 1848 prit larésolution de faire exécuter une nouvelle version de laBible complète. Mais le plan n’a réussi que pour leNouveau Testament, dont la «version synodale» parutvingt ans après. Les traducteurs, W. A. van Hengel, A.Kuenen, J. J. Prins et J. H. Scholten, étaient des critiques assez avancés. Mais pour une raison ou pour uneautre ils déclaraient dans la Préface, que leurs introductions et leurs notes «s’abstiennent soigneusem*nt deraisonnements dogmatiques et polémiques, et ne donnent aucune place à des jugements sur des rechercheshistoriques ou critiques». Néanmoins malgré cetteprudente réserve, et malgré le caractère plus ou moinsofficiel de l'édition, il semble qu’elle est encore loind’avoir supplanté chez le peuple le vieux Statenbybel, Quant à l’Ancien Testament, le travail a été repris enmains, indépendamment du Synode, en 1885, par À.Kuenen, J. Hooykaas, W. H. Kosters et H. Oort. Ils ontfini par publier (1897-1901) en deux forts volumes lesseuls livres protocanoniques de l’A. T. avec introductions, notes et tables. En fait de critique textuelle —dont H. Oort a rendu compte dans l’opuscule Textushebraici emendationes, quibus in V. T. neerlandicevertendo usi sunt A. Kuenen, etc., Leyde, 1900 — letravail n’est pas sans mérite. La version est d’un hollandais pur et correct, souvent même élégant. Les notesexégétiques sont assez sobres et succinctes, mais lesintroductions, qui précèdent soit les livres entiers soitdes parties plus ou moins longues, sont en général trèsdéveloppées. Il s’y étale une critique littéraire et historique d’un radicalisme outré. C’est la vulgarisation des

hypothèses les plus osées sur l’histoire israéliie. Il seradifficile de trouver dans les 2000 pages une seule phrasequi trahisse une main chrétienne. Aussi dans un prospectus l'éditeur a annoncé ce commentaire populairesuivi, «d’après les recherches scientifiques du dernierdemi-siècle,» comme un travail «qui n’existe encoredans aucun autre pays». Voir Van Kasteren, dans lesStudiên…. t. lii, 1899, p. 163-167; t. lvi, 1901, p. 7275; dans la Revue biblique, t. x, 1901, p. 326-328.

On nous permettra de passer sous silence les quelquestentatives de versions juives, qui ne datent que duxixe siècle, et dont une seule, continuée par diversesmains (1826-1862), a fini par comprendre toute la Biblejuive.

V. Bibliographie, — L’ouvrage classique sur les versions néerlandaises, déjà cité plus haut, a le long titre quevoici: Boek-zaal der nederduitsche Byhels, geopent ineen Historische Verhandeling van de Overzetlinge derHeilige Schriftuure in de Nederduitsche Taale^ sedertdezelve eerst wierdt ondernomen; beneffens de Veranderingen, welke daar omirent door de Gereformeerde, Luthersche, Mennonieten en Boomschgesinde, van tydtôt tyd tôt nu lue gemaakt zyn. Met een omstandigbericht, van meer dan Hondert Oude Handschriften, van Bybels en Bybelsche Boeken des Ouden en Nieuwen Testaments, tôt op de Vindinge van de DrukKonst; als mede van meer dan duizent diergelyke ex~emplaaren van verschillende Drukken, sedert deVindinge der Druk-Konst lot nu toe; alle in de Nederduitsche Taale. Doormengt met Historische, Taalkundige, Geestelyke en Wereldtlyke Aanmerkingen enmet een meenîgle van heerlyke en Egte Bewys-stukkengestaaft, daar van veele nooit net licht gezien hebben.Metveelnaauwkeurigheid, moeite en kosten, sedertveelejaaren verzametd en beschreven, door Isaac Le Long, Amsterdam, 1732; Hoorn, 1764. Notons ensuite: H. Hinlopen, Historié van de Nederlandsche overzeltingdes Bybels, Leyde, 1777; H. van Druten, Geschiedenisder Nederlandsche Bybelvertaling, Leyde-Rotterdam, 1895-1905. Van Druten voit dans son histoire la preuve «que Dieu a [voulu la Réforme», p. 174. Plus d’unefois cependant il n’hésite pas à flétrir les préjugés etla partialité de Le Long. Voir sur l’ouvrage de VanDruten: C. G. N. de Vooys, article cité, TheologischTydschrift, 1903, p. 111-158. Nous tenons de bonnesource que l’auteur prépare une nouvelle édition. —Des détails sur les premières éditions imprimées dela Bible néerlandaise se trouvent dans J. I. Doedes, Geschiedenis van de eerste uitgaven der Schriflen desNieuwen Verbonds in de Nederlandsche taal 4522, 1533; Utrecht, 1872; P. C. van der Meersch, Recherchessur la vie et les travaux des imprimeurs belges etnéerlandais, t. i (seul paru), Gand, 1856; G. Holtrop, Monuments typographiques des Pays-Bas au xre siècle, la Haye, 1868; M. F. Campbell, Annales de la typographie néerlandaise au XVe siècle, avec quatre suppléments, La Haye, 1874-1800. Voir encore: J. G.de Hoop Scheffer, Geschiedenis der Kerkhervormingin Nederland van haar ontstaan tôt 1531, Amsterdam, 1873, p. 256-282; F. P. Lorreins, Nota’s overen tôt de geschiedenis der Nederlandsche Bybelvertaling, dans Dietsche Warande en Belfort, 1904, n. 7, p. 10-26. J. van Kasteren.

    1. NEFILIM##

NEFILIM, NEPHILIM, dans la Vulgate: gigantes, Gen., vi, 4; monstra, de génère giganteo, Num., xiii, ai (2 fois). Voir Géants, 1°, t. iii, col. 135.

    1. NÉGEB##

NÉGEB, nom hébreu de la partie méridionale de laPalestine. Gen., xii, 9; xiii, 1, 3; xxi, 1; xxiv, 62, etc.H représente une contrée qui a ses limites, son caractère et son histoire.. I. Nom. — Le mot négéb vient de la racine inusitée

nâgab, qui veut dire «être sec». Il caractérise bien, nous le verrons, le pays auquel il s’applique. Mais cesens étymologique a en quelque sorte disparu pourfaire place à un autre, dérivé de la situation même du.pays; négéb est devenu synonyme de «midi», commeyâm, yammâh, «la mer, vers la mer,» a été employépour désigner «l’occident». On le trouve ainsi uni auxmots: gebûl, «limite,» Jos., xv, 4; pe’af, «côté,» Num., xxxv, 5; Sa’ar, «porte,» Ezech., xlvi, 9, poury ajouter l’idée de «, méridional». De même, il indiquele sud d’une ville, comme Jérusalem, Zach., xiv, 10, d’une contrée, comme le territoire d'Éphraïm. Jos., xvii; 9, 10. Avec le hé local, négbâh, il détermine «le midi» en général, en tant que distinct du nord, de Test et del’ouest. Gen., xiii, 14. Mais, dans une quarantaine depassages de l’Ancien Testament, Négéb est devenu lenom propre de la région qui s'étend au sud de la Palestine, à partir des environs d’Hébron jusque vers Cadès; il est ordinairement accompagné de l’article, han-Négéb, et c’est dans ce sens que nous le considérons ici. Lesversions anciennes semblent ne l’avoir pas comprissous ce rapport. Les Septante rendent négéb par lity, «sud-ouest,» Gen., xx, 1; xxiv, 62: Num., xxxiv, 4, etc.; vôtoç, «sud,» Num., xiii, 29; Jud., i, 16; Jer., xiii, 19, etc.; èpTjjioç, «désert,» Gen., xii, 9; xiii, 1, 3, etc.; quelquefois par Na-fig. Jos., x, 40; XI, 16; XV, 19; Jer., xxxii, 44; xxxui, 13; Ezech., xx, 46; Abd., 19, 20. LaVulgate le traduit par lerra australis, Gen., xx, 1; xxiv, 62; plaga australis, Gen., xiii, 1; Num., xxxiv, 4; Jos., xv, 1, etc.; auster, Jer., xiii, 19; xxxii, 44, etc.; me'ridies, Gen., xii, 9; xiii, 3, etc.; plaga ou terra meridiana, Num., xiii, 17; Jos., xi, 16; africus, Is., xxi, 1; terra arens, Jud., i, 15. Dans les premiers siècles denotre ère, ce district méridional s’appfelait Daroma.Voir Darom, t. ii, col. 1307. On trouve un pays deNgb mentionné quelquefois sur les monuments égyptiens; mais il n’est pas prouvé qu’il corresponde auNégéb palestinien. Cf. W. Max Mûller, Asien und Europa nach altâgyptischen Denkmâlem, Leipzig, 1893, p. 148.

II. Situation et limites. — La Palestine, plus spécialement le territoire de Juda, au point de vue topographique, comprend des contrées différentes, que la Bibledistingue nettement: hâ-hâr, «la montagne,» c’est-àdire la chaîne de hauteurs qui forme l’ossature du pays, du nord au sud; has-Sefêlâh, «la plaine, s c’est-à-direla plaine philistine et une partie des basses collines dusud-ouest; hd'ârâbdh, «le désert,» c’est-à-dire les environs de la mer Morte et du Jourdain; enfin han-négéb, «le [pays] sec» ou «le sud». Cf. Deut., i, 7; Jos., xi, 16; Jud., i, 9. Quelles étaient les limites de cette dernière région? Il est difficile de le dire exactement. Del’est à l’ouest, elle allait de l’Arabah à la Méditerranée; au nord et au sud, les lignes sont plus indécises. L'Écriture nous fournit cependant des indications suffisantespour en donner un tracé approximatif. Elle signale plusieurs divisions géographiques ou ethnographiques duNégéb. À propos d’une invasion des Amalécites dans lesud de Chanàan, elle mentionne: le negéb hak-Kerêfî, «le négéb des Céréthiens,» puis «celui de Juda» (hébreu: â$ér lyhûdàh), et le négéb Kàléb, «. le négébde Caleb.» I Reg., xxx, 14. Or les Céréthiens étaientune tribu des Philistins, habitant par conséquent le sudouest de la Palestine. Voir Céréthéens, t. ii, col. 441.Nous savons par ailleurs que le territoire assigné àCaleb comprenait Hébron et les villages qui en dépendaient. Jos., xxi, 11, 12. Un de ses descendants, Nabal, habitait Maon (aujourd’hui Ma'în) et avait des possessionssur le Carmel (El-Kermel), au sud d’Hébron. Voir lacarte de Juda, t. iii, col. 1760. Le négéb de Juda, tel qu’ilest précisé ici, comprenait la contrée intermédiaire, c’està-dire les derniers contreforts du massif montagneux dela Judée. Il est encore question I Reg., xxvii, 10, du négéb

ha-Yerahme’êli, «négéb des Jéraméélites,» et du négébhaq-Qènl, «négéb des Cinéens.» Les Ginéens étaientvoisins des Amalécites, mais une de leurs tribus* en particulierest signalée au sud d’Arad (Tell’Arâd). Jud., i, 16. Quant aux Jéraméélites, ils demeuraient plus ausud, si l’on admet avec vraisemblance que leur nom estrappelé par celui de Youadi Rakhméh, au nord-est deSbaita; on retrouve, en effet, dans le nom arabe les lettresfondamentales du mot hébreu: Dm, rhm. Les quatrepremières divisions du Négéb que nous venons de mentionneren déterminent suffisamment la partie septentrionale.Mais nous trouvons un point d’appui plus solideencore dans l’énumération des villes de Juda. Jos., xv, 21-32. Les premiers groupes renferment précisément lescités du Négéb. La plupart sont malheureusem*nt inconnues, mais celles qui sont identifiées d’une façon certaineou probable peuvent servir à délimiter au nord le districtdont nous parlons. Nous pouvons signaler: Siceleg, généralement cherchée aujourd’hui à Kh. Zuheiliqéh; Remmon, Kh. Umm-er-Rummàmin; Garioth ou Carioth-Hesron, Kh. el-Qureitein; Adada, El-’Ad’adah; Molada, Kh. el-Milh; Bersabée, Bir es-Séba’; Sama ouSabée, Tell es-Séba’. En coordonnant ainsi tous cesrenseignements nous arriverions à déterminer à peuprès la limite nord du Négéb par une ligne allant deSiceleg à la mer Morte, ce serait la frontière de Siméon, relevée seulement au nord-est. Jos., xix, 1-8. Du côtédu sud, la Bible ne nous donne que quelques points derepère: Harma ou Horma, identifiée avec Sbaïta, à environquarante kilomètres A’Aïn Qadis, et Cadès, peut-êtrela même que Cadèsbarné, ’Ain Qadis, à 80 kilomètresau sud de Bersabée. E. H. Palmer, The Désert ofthe Exodus, Cambridge, 1871, t. ii, p. 426, résume ainsitoutes ces données: «1. Dans la plaine, au nord et àl’ouest de Bersabée, nous pouvons reconnaître le Négébdes Céréthéens. 2. Dans la contrée montagneuse au sudd’Hébron, se trouvait le Négéb de Juda, et Tell Zif, Ma’în et Kermel indiquent exactement le Négéb deGaleb, S. Tell-’Arad et les plaines voisines formaient leNégéb des Cinéens, qui s’étendait probablement jusqu’àl’extrémité sud-ouest de la mer Morte. 4. Le plateau quiest borné au nord par Youadi Rakhméh, et au sud parles ouadis El Abyadh, Marréh et Maderah, représentele Négéb de Jérahméel. À ces limites s’arrêtait le districtfertile du Négéb.» Si l’on comprend Cadès danscette région, il faudrait aller plus loin.

III. Description. — Il nous suffit de considérer leNégéb depuis Bersabée. Pour le reste, voir Bersabée, t. i, col. 1629; Juda., 6, 9, t. iii, col. 1756, 1774. Le payscomprend une arête montagneuse qui V étend entre lesplaines côtières de la Méditerranée, d’un côté, et, del’autre, les pentes accidentées qui descendent vers l’Arabah.L’ensemble du massif se compose de chaînons enchevêtrés, séparés par de nombreuses et parfois largesvallées. Il est pénétré par une multitude d’ouadis qui seramifient et viennent former à l’ouest et à l’est quelquesgrands déversoirs, comme Youadi Ghazzéh, Youadi el-Abiad, qui lui-même tombe dans Youadi el-Arisch ou «Torrent d’Egypte», Youadi Fiqrêh qui débouche ausud de la mer Morte, etc. Ces torrents malheureusem*ntn’amènent aucune fertilité, car ils sont à sec la plusgrande partie de l’année. Le Négéb est vraiment le «. (pays)desséché t>. On trouve cependant dans les vallées quelquevégétation, quelques pièces de culture; les arabesnomades qui l’habitent peuvent y élever leurs troupeaux.A de larges prairies plus ou moins verdoyantes succèdentdes vallées pierreuses où l’herbe ne pousse pas. Autrefoispourtant, comme nous le verrons, cette contrée eutdes centres importants; à la culture des champs se joignaitcelle de la vigne, comme l’indiquent les terrassesqu’on rencontre encore sur les pentes des montagnes.On voit aussi d’endroit en endroit des puits, des réservoirs, de vastes grottes. Actuellement c’est le désert,

avec son aridité, son silence, ses ruines, surtout si l’oncompare cette région à celle qui s’étend plus au norddans les environs d’Hébron, de Bersabée ou de Gaza; mais comparée au Bddiet et-Tîh, elle mérite moins cenom. C’est donc en-quelque sorte un pays de transitionentre les grandes solitudes sinaïtiques et l’entrée de laJudée, où la vie, pourtant bien amoindrie aujourd’hui, commence à paraître. Le Négéb, du reste, au point devue topographique, formait à Juda une excellente frontière, du côté du sud; il opposait à l’envahisseur quiaurait voulu atteindre par là Hébron et Jérusalem unebarrière difficile à franchir, surtout avec des chariotsde guerre.

IV. Histoire. — Le Négéb, par la nature de son sol, est la terre des nomades. Aussi fut-il le séjour préférédes patriarches. Abraham, Isaac et Jacob aimèrent àfixer leurs tentes dans les environs d’Hébron, de Bersabée, de Gérare, le long de la route qui descendait enEgypte. Gen., xii, 9; xiii, 1, 3; xx, 1; xxiv, 62; xxxvii, 1; xlvi, 5. Il fut aussi habité par les’Avvîm ou Hévéens, Jos., xiii, 4 (hébreu, 3), «qui demeuraient dans lesdouars (hébreu: hâsêrim),» Deut., H, 23, c’est-à-diredans des sortes de campements protégés par une clôtureen pierres et branches épineuses entrelacées. VoirHévéens 3, t. iii, col. 687; Hasérim et Haséroth, t. iii, col. 445. On rencontre fréquemment dans le pays deces enceintes de pierre. C’est par cette contrée que lesexplorateurs hébreux «montèrent» vers la terre deChanaan. Num., xiii, 17, 22. Le territoire était alorsoccupé par les Amalécites, Num., xiii, 29, qui, jointsaux Chananéens, arrêtèrent les envahisseurs, qu’ils repoussèrentjusqu’à Horma, Sbaïta. Num., xiv, 25, 45.Mais, après la conquête, il fut donné à la tribu deSiméon. Jos., XIX, 1-8. À l’époque de Saiil et de David, l’Écriture mentionne, à côté des Amalécites, les Gessuriteset les Gerzites, I Reg., xxvii, 8. Voir Gerzi, t. III, col. 215; Gessuri 2, t. iii, col. 223. Sous les rois, il futconsidéré comme une partie du royaume de Juda, dontil suivit les vicissitudes. Nous le voyons par Jérémie, qui, dans ses oracles, associe les villes du Négéb à cellesdes contrées supérieures. Jer., xiii, 19; xvii, 26; xxxii, 44; xxxm, 13. Il entre également dans les nouvelles limites dela Terre-Sainte, telles que les établit Ézéchiel, xlvii, 19.Abdias, 19, annonce que les habitants du Négeb s’emparerontde l’Idumée, dont ils étaient limitrophes. —En dehors des villes bibliques que nous avons mentionnéessur la frontière septentrionale, nous devons signalerencore, dans l’intérieur: Aroer, Ar’ârah, Thamar, Kwnub, Rehoboth, Er-Ruhéibéh, Horma, Sbaïta.Les stations romaines sont marquées principalementpar Élusa, Khalasah, et Éboda, ’Abdéh. Il y a, dans cesdifférents endroits, ainsi qu’à El-Audjéh, El-Meschriféhet ailleurs, des ruines qui rappellent les antiquescivilisations que ce pays vit fleurir. Voir, enparticulier sur’Abdéh, de très intéressantes découvertesdans la Revue biblique, Paris, 1904, p. 402-424; 1905, p. 74-89. Ces points jalonnent les quelques routes quesuivaient les caravanes pour se rendre de l’Arabie, dugolfe d’Akabah, aux ports de la Méditerranée. Dans unpays d’accès aussi difficile, les voies, en effet, ne peuventêtre indifféremment tracées; elles le sont naturellementpar le terrain lui-même. Il faut suivre les vallées où ily a chance de trouver de l’eau et quelque végétation.Les sommets ne peuvent être franchis que par certainespasses ou naqbs. On trouve encore des traces deces voies antiques. — Nous avons dit que le Négeb faisaitl’office de barrière pour la Judée; on ne connaît, eneffet, qu’un exemple d’invasion du pays de ce côté, par l’armée de Chodorlahom*or, qui, après avoir pousséune pointe jusqu’à Cadès, vint attaquer le$ rois de laPentapole. Gen., xiv, 7. — Voir -Palestine; Siméon(Tribu de).

V. Bibliographie. — E. Wilton, The Negeb; E.

1561

NÉGEB — NÈGRES

1562

Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. î, p. 173-220; E. H. Palmer, The Désert of theExodus, Cambridge, 1871, t. ii, p. 359-428; G. A. Smith, The historical Geography of the Holy Land, Londres, 1894, p. 278-286; F. Buhl, Géographie des Alten Palâstina,

Leipzig, 1896, 87-88, 182-185.

A. Legendre.

    1. NËGÎNÂH##

NËGÎNÂH (hébreu: nëgînâh; Septante: liaX^ôÇijjavos; Vulgate: carmina). Le terme de neginâh et sonpluriel negînôf se lisent au titre des Psaumes iv, vi, liv(lui), lxi (lx), lxvii (lxvi), lxxvi (lxxv), puis au PsaumeLvn (lvj), 7, Lamentations, v, 14, au cantiqne d’Ézéchias, Is., xxxviii, 20; et dans l’indication musicale quisuit le cantique d’Habacuc, nr, 19. — D’après la racinenaggên, «toucher les cordes,» qui équivaut au grectyàX).u>, voir Hæpe, t. iii, col. 437, le mot nëgînâh désignela percussion des cordes et le jeu des instrumentsï cordes. C’est aussi le sens qu’exprime sans doute Symmaquepar la traduction 2tèc tya-ciç(v>v. Le joueur deharpe est nommé menaggén. I Sam., xvi, 18; Il Reg., m, 15; Ps. lxviii (lxvii), 26. — Par dérivation, nëgînâh, aussi bien que <](aXu, dç, prend la significationde «chant accompagné par les instruments à cordes», ou même le sens plus général de «tout thème poétiqueaccompagné par la musique». Ainsi s’expliquent lestraductions des versions grecques, Septante: Èv <ia.li.oZi, Ps. IV, vi; 4v u’iavoi; , Ps. LUI, liv; Aquila: âv J/alaoïç; Théodotion: lv Cjuvoi; , reproduites par saint Jérôme: in canticis, in psalmis. Enfin, dans cette dernière signification, nëgînâh a la nuance de «chanson moqueuse»: Ps. lxix (lxviii) 13; Job, xxx, 9; Lam., xxx, 14 et 63, où l’on trouve la forme équivalente manëginàh.

— Les Juifs ont transporté ce nom de nëgînâh aux signesd’accents: negînôf, negînôf ta’amîm, qu’ils joignentaux textes bibliques ou liturgiques comme signesde ponctuation, d’accentuation tonique et de modulation.Pour eux la nëgînâh est l’ensemble de ce système d’accentsavec les règles de leur emploi.

J. Parisot.

    1. NÉGLIGENCE##

NÉGLIGENCE (Septante: TtXr.njiéXEia; Vulgate: negligenûa), manque de soin dans l’accomplissem*ntd’un devoir. Ce manque de soin s’exprime en héhreupar le verbe bà’at, I Reg., ii, 29, en chaldéen par leverbe’ienà’, en grec par les verbes àjieXsïv, èiuëXlîteiv, oXiytopeïv, en latin par le verbe néglige) e. La négligencedevient assez souvent suffisamment grave pour constituerun péché. Voir Péché. — Dans la Sainte Écriture, il estplusieurs fois reproché aux prêtres et aux lévites de négligerleur service religieux et d’autres devoirs qui ensont la conséquence. I Reg., ii, 29; II Par., xxiv, 5; xxix, 11; II Mach., iv, 14. Le peuple est averti de nepas négliger les ordres du Seigneur. Lev., xx, 4; Deut., vm, 11; xxii, 3. «Celui qui néglige sa voie,» c’est-à-direcelui qui ne veille pas convenablement sur saconduite morale, «mourra.» Prov., xix, 16, Artaxerxèset Darius recommandent qu’on ne néglige pas leurs ordres.I Esd., iv, 22; vi, 11, 12. — Les invités au festinnégligent l’appel dont ils ont été honorés. Matth., xxi, 5. U ne faut pas négliger les grâces qu’on a reçues, I Tirn., iv, 14; Heb., ii, 3, ni les instructions du Seigneur.

Heb., xii, 5; Prov., iii, 11.

H. Lesêtre.

    1. NÈGRES##

NÈGRES, race d’hommes spécialement caractériséspar la couleur noire de leur peau. Cette couleurest due à un pigment qui, sous les climats très chauds, se dépose dans les cellules de la muqueuse épidermique.

1° On distingue deux grandes classes de nègres: lesnègres de haute taille, dolichocéphales ou à tête pluslongue que large, habitant l’Afrique et la Mélanaisie, etles nègres de petite taille ou pygmées, brachycéphalesou à tête plus large que longue, habitant l’Afrique sousle nom de négrilles, et l’Océanie sous le nom de négritos. On a cru, sur la foi de certains indices, que l’Asieavait été le berceau de la race nègre. Cf. Van den Gheyn, L’origine asiatique de la race noire, dans la Revue desquestions scientifiques, Bruxelles, avril 1891, p. 428-462, et Congrès scient, internat, des catholiques, Paris, 1891, Anthropologie, p. 132-154. Différentes considérations nepermettent pas de tenir cette conclusion pour certaine.On ne s’explique pas, par exemple, comment, sous unmême climat, certaines races seraient restées jaunes oublanches, tandis que d’autres seraient devenues noires.Aussi le P. Van den Gheyn, Congr. scient, internat, descatholiques, Bruxelles, 1895, Anthropologie, p. 225, accorda-t-il ensuite moins de crédit à l’hypothèse d’unemigration des nègres d’Asie en Afrique. On a cherchépendant longtemps à faire des caractères spécifiques dela race nègre une objection contre l’unité de l’espècehumaine. La plupart des savants n’ont pas admis la valeurde cette objection. Cf. Guibert, Les origines, Paris, 3 B édit., 1902, p. 215-255; Vigouroux, Les Livres Saintset la critique rationaliste, Paris, 5 S édit., 1902, t. iv, p, 1-119. Elle a, du reste, singulièrement perdu deson crédit depuis que la théorie de l’évolution est enfaveur. Si, physiquement parlant, l’homme peut venirdu singe, à plus forte raison le noir peut-il venir dublanc.

2° Les Égyptiens furent en rapport avec les nègres etles négrilles au sud de leur pays; ils eurent parfois àbatailler avec eux, et leurs monuments représentent soitdes noirs qui apportent leurs tributs aux pharaons, voirt. ii, fig. 619, col. 2009; cf. Lepsius, Denkm., Abth. iii, .Blatt. 117; Maspero, Histoire ancienne des peuples del’Orient classique, Paris, t. ii, 1897, p. 269, soit desscènes de guerre contre leurs tribus pillardes (fig. 428).Cf. Champollion, Monuments de l’Egypte et de la Nubie, pi. lxxi. En Asie, des négritos ont occupé la Susiane; leur type se retrouve encore dans la contrée. Cf. Dieulafoy, dans la Revue d’ethnographie, Paris, 1887, p. 400414; L’acropôle de Suse, Paris, 1892, p. 7-11, 27-33, 36, 37; Fr. Houssay, Les races humaines de la Perse, Paris, p. 28-45, 48; Maspero, Histoire ancienne, t. iii, p. 32. Ces négritos susiens servirent dans l’armée deXerxès. Hérodote, vii, 70, les appelle des Éthiopiensorientaux, et les distingue des Éthiopiens d’Afrique parleur langage et par leurs cheveux, qui étaient droits etnon crépus.

3° La Bible ne s’occupe pas directement de la racenègre, avec laquelle les Israélites n’ont pas eu de contactimmédiat. Il se pourrait cependant qu’il y fût faitallusion dans un passage où Ézéchiel, xxvii, 11, parlede gammddîm postés sur les tours de Tyr. Les Septantetraduisent ce mot par çûXaxEç, ce qui suppose lalecture somerîm, «gardes.» La Vulgate rend le termehébreu par Pygmsei, «pygmées.» La plupart des auteursfont de gammddîm un nom de peuple, peut-êtreles Gamdu égyptiens, les Kumidi des lettres de Tellel-Amarna, peuplade voisine de l’Hermon. Cf. Buhl, Gesenius’Handwôrlerbuch, p. 156. Mais déjà J. D. Micha>lis, Supplem., Gœttingue, 1784, p. 326, adoptant lesens de la Vulgate, faisait venir gammddîm, de gomëd, «bâton, aune,» d’où hommes hauts d’une aune, hauts.comme un bâton, pygmées. Quoi d’étonnant que Tyr, en rapports constants avec Carthage, ait eu à son servicedes négrilles d’Afrique, ou ait enrôlé des négritosde Susiane? «De fait, on peut facilement admettre quedes pygmées ont été enrôlés comme archers pour ladéfense de Tyr, puisque tel a été et tel est encore leurrôle sur certains points du globe.» Ma r Le Roy, LesPygmées, Tours, s. d., p. 8-10. Quelques auteurs onttenté d’établir l’identité des nègres avec les Couschites, les Kassi babyloniens, les Cissiens et les Cosséens. Cf.Dessailly, Le paradis terrestre et la race nègre, p. 253301. Sur cette identification, voir Chus, t. ii, col. 743746. Le pays de Chus désigne ordinairement l’Ethiopie

africaine, et aussi quelquefois la partie de l’Asie occupéeprimitivement par les Couschites. Voir Ethiopie, t. ii, col. 2007. Mais, parmi les textes bibliques qui serapportent à l’Ethiopie, il en est qui pourraient viserl’Ethiopie asiatique, l’Élam la région de Suse, peuplépar les négritos, plutôt que l’Ethiopie africaine. Isaïe, xviii, 1-3, annonce à l’Ethiopie le futur désastre desAssyriens. L’Ethiopie, KûS, n’est-elle pas plutôt icil’Élam, d’abord écrasé par Assurbanipal, qui prit etdétruisit Suse, mais destiné à reprendre sa revanchecontre l’Assyrie à l’avènement des Mèdes? Sophonie, h, 12, décrit le châtiment futur de Moab, d’Ammon, des Éthiopiens et de l’Assyrie, peuples qui ont été lesennemis d’Israël; puis, iii, 10, il annonce aux futursexilés de sa nation que Dieu fera revenir ses serviteurs

classique, t. iii, p. 373, 374. Or, nul doute qu’il n’y eûtdes nègres parmi ces débris des troupes égyptiennes.Nahum, iii, 9, signale les Éthiopiens, les Lybiens et lesNubiens au nombre des défenseurs de l’Egypte. Il enfut probablement de même dans l’armée de Néchao, quand celui-ci traversa la Palestine, sous Josias, pouraller se faire battre par les Chaldéens à Carchemis. ~L’épouse du Cantique, i, 4, 5, dit d’elle-même:

Je suis noire (ëehorâh) et belle, filles de Jérusalem, [mon; Comme les tentes de Cédar, comme les pavillons de Salo-Neprenez pas garde que je suis noirâtre (Seharhorép), Que le soleil m’a brûlée.

Le noir du visage est ici comparé à la couleur destentes de Cédar, qui sont faites en étoffes de poils de

428. — Ramsès II met en fuite une tribu nègre. Beit-Oualli. D’après Champollion, Monuments de l’Egypte, pi. lxxi.

d’au delà des fleuves de l’Ethiopie. N’est-ce pas encore lefaH asiatique, la Susiane, dont il est question dans cestextes? Ce n’est pas en effet dans l’Ethiopie africaineque les Israélites ont été déportés, c’est en Chaldée etdans les pays situés au delà, particulièrement dans laSusiane.

4° Le Kûsî, «Éthiopien,» qui ne peut pas changer sapeau, pas plus que le léopard ne peut changer sonpelage tacheté, Jer., xiii, 23, est un noir proprementdit, bien plutôt qu’un simple Abyssin. La couleur de cedernier ne diffère pas notablement de celle du bédouin; or le terme de comparaison employé par le prophète, pour marquer l’incurabilité de Juda dans le mal, a beaucoupplus de relief s’il porte sur une couleur de peauà la fois indélébile et tranchant foncièrement avec lacouleur habituelle aux Sémites. Les noirs n’étaient pasinconnus en Palestine à l’époque de Jérémie. Déjà, à lasuite de sa campagne contre l’Éthiopien Tharaca, maîtrede l’Egypte, Asarhaddon, voir t. i, col. 1059, avaitramené avec lui un butin immense et des convoisinnombrables de prisonniers; il s’étail plu à paraderavec eux à travers la Syrie, pour faire la leçon auxprinces qui avaient cru à l’invincibilité du pharaon.Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient

chèvre ou de chameau et paraissent toutes noires. VoirCédar, t. ii, col. 357. L’épouse ne se présente pas commeune négresse, mais comme une personne qui a vécu enplein air. et que le soleil a brunie, a rendue Se! , iarhorét, «noirâtre,» mol qui est un diminutif de iâhar, «êtrenoir.)) Il serait bien difficile de s’expliquer ce visagehâlé et noirci, s’il s’agissait de l’épouse de Salomon, qui, malgré ce défaut apparent, prétendrait encore êtrebelle et s’en vanterait auprès des filles de Jérusalem.En donnant au Cantique le sens allégorique qui seullui convient, les interprètes voient dans ce noir visagede l’épouse l’effet de la persécution, qui ménage àl’Église un nouveau genre de beauté ajoutée à sa beauténative. Cf. Bossuet, Œuvres compl., Bar-le-Duc, t. ii, p. Il; Le Hir, Le Cantique des cantiques, Paris, 1883, p. 78; Gietmann, Ecoles, et Cant. cant., Paris, 1890,

p. 439-441.

H. Lesêtre.

    1. NÉHÉLAMITE##

NÉHÉLAMITE (hébreu: han-Néhélâmi; han-Nefylâmî; Septante: AîXajitTïi; ; Mexandrinus et Siniaticus: ’EXajiÎTTic; Complute: NeeXajiÏT/iç), qualificatif quiaccompagne le nom du faux prophète Séméias dansJérémie, xxxix, 24, 31, 32. Il était avec les captifs àBabylone. Ce surnom de Néhélamite doit venir soit du

lieu de sa naissance ou de son séjour, soit d’un de sesancêtres, mais il est impossible de résoudre le problème, parce nous ne connaissons aucune localité ni aucunepersonne du nom de Néhélam. Le Targum voit dans cenom obn, tlàldni, ville située entre le Jourdain et l’Euphrate. Voir Héiam, t. iii, col. 564. L’orthographe desSeptante peut favoriser ce rapprochement, ou celuique font divers commentateurs avec le descendantd’Aser appelé Hélem. Voir Hélem, t. iii, col. 566. Maisil est purement conjectural — Éâlâm en hébreu signifie «songe, rêve» et Jérémie traite plusieurs fois de «rêveries et de songes» les oracles des faux prophètes, Jer., xxiii, 25, 27, 28; il les appelle eux-mêmes nïbëêhâlômôt, «des prophètes de songes» (Vulgate: prophétie sommantes), ꝟ. 32. Cf. xxix, 8. En rappelanttrois fois le surnom de Séméias, il a pu voir dans ce motde Néhélami, une allusion à ses «rêves», à ses faussesprophéties. De là le sens de «rêveur» qui a été attribué à Néhélamite par quelques rabbins et quelquescommentateurs chrétiens. Voir J. Knabenhauer, Comment, in Jeremiam. Paris, 1889, p. 359.

NÉHELESCOL ou Vallée d’Eseol. Num., xiii, 25.Voir Escol 2, t. ii, col. 1928.

    1. NÉHÉMIE##

NÉHÉMIE (hébreu: Néhémayâh; Septante: NesjjJac; Vulgate: Neliemias), nom de trois Israélites.

1. NÉHÉMIE, un des chefs juifs qui revinrent en Palestine avec Zorobabel. I Esd., ii, 2; II Esd., vii, 7. Ceschefs sont au nombre de douze en comptant Zorobabel, et ils sont désignés sous le titre de c< fils de laprovince», liam-medînâh, e' est-à-dire du territoire dontJérusalem était la capitale, cf. ii, Esd., xi, 3, lequelforma la medînâh ou province de Juda dans l’empireperse. Cf. I Esd., v, 8. Ce Néhémie est différent du filsd’Helcias.

2. NÉHÉMIE, deux fois athersatha ou gouverneurdes Juifs revenus de l’exil, restaurateur des murs deJérusalem et réformateur de la communauté juive. Noussommes renseignés sur ses deux gouvernements et lesréformes qu’il a entreprises par ses propres Mémoires, insérés dans le IIe livre d’Esdras, dit de Néhémie. VoirNéhémie (Livre de). Il ne nous a rien appris sur sa famille, qui était, conclut-on de ce silence, peu illustre etpeu connue, quoique habitant Jérusalem où se trouvaientles tombeaux des ancêtres, ii, 3, 5. Il nous dit seulementqu’il était fils d’Helcias, I, 1 (Hachelai, x, 1), échansondu roi Artaxerxès à la cour de Suse, i, 11. On pense qu’ilavait mérité par ses qualités personnelles d'être élevé àcette charge importante. Voir Échanson, t. ii, col. 1559.

I" gouvernement. — 1° Date. — Ce fut la vingtièmeannée du roi Artaxerxès, i, 1; ii, 1. Cette donnée, fournie par les Mémoires authentiques de Néhémie, a étégénéralement tenue pour historique. Winckler, Altorientalische Forschungen, 2° série, Leipzig, 1899, t. ii, p. 473, n’y voit qu’un emprunt mythologique à la légendebabylonienne et une allusion à la fête du nouvel andurant laquelle les dieux décident le sort des nations, et par conséquent celui d’Israël. L’unique raison decette singulière affirmation est que Néhémie adopte lesystème chronologique de Babylone. Mais si on a communément reconnu l’exactitude de cette date, on l’afixée de façons bien différentes. Le désaccord provientde ce que Néhémie ne dit pas de quel roi perse, nomméArtaxerxès, il était l'échanson. La plupart des commentateurs reconnaissent dans ce roi Artaxerxès I er Longuemain (464-424). Voir Abtaxkrxès I er, t. i, col. 1040.Quelques-uns cependant y voyaient Artaxerxès II, dontla vingtième année du règne correspondait à l’an 385.Cf. JF. de Saulcy, Etude chronologique des livres d’Esdras et de Néhémie, Paris, 1868, p. 47 sq..; Kaulen,

Einleitung, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1890, p. 211.J. Imbert, Le temple reconstruit par Zorobabel, Louvain, 1889, aboutissait à cette conclusion, parce qu’ilrabaissait le retour de Zorobabel au règne de Darius II.Mais son système chronologique est inadmissible, leretour de Zorobabel ayant eu lieu sous Cyrus. A. vanHoonacker, Zorobabel et le second temple, Louvain, 1892, p. 12-25. Le P. Lagrange estime aussi que Néhémie reçut sa première mission la vingtième annéed’Artaxerxès II. Ses principaux arguments sont tirés desdonnées chronologiques de Josèphe, Ant. jud., XI, , 1, 2. Revue biblique, octobre 1894. Mais ces données nesont pas fondées. A. van Hoonacker, Revue biblique, avril 1895; Id., Nouvelles études sur la restaurationjuive après Vexil de Babylone, Paris, Louvain, 1896, p. 187-194. L’argument établi sur la succession desgrands-prêtres juifs, Neh., xii, 10; cf. xiii, 28, n’a pasplus de valeur. Ibid., p. 194-202. On n’allègue aucuneraison sérieuse contre l’opinion 'générale que Néhémievint à Jérusalem la vingtième année d’Artaxerxès I er, par conséquent en 444.

2° Occasion. — Cette année-là donc, au mois de casleu, Hanani, un des frères de Néhémie, ou, du moins, un de ses plus proches parents, qui était reparti à Jérusalem, vraisemblablement avec une des caravanesprécédentes, revenu à Suse, rendit visite à son frère avecquelques hommes de Juda. Néhémie l’interrogea sur lasituation des Juifs, sortis de captivité et rapatriés àJérusalem. Hanani décrivit leur grande affliction et leuropprobre: les murs de la ville étaient rompus, brisés, et les portes avaient été consumées par le feu, i, 1-3.Cette description correspond à l’essai de reconstructiondes murs de la ville, interrompu par ordre d’Artaxerxès.

I Esd., iv, 7-23. A. van Hoonacker, Nouvelles études, p. 161-181; J. Fischer, Die chronologischen Fragen inden Buchern Esra-Nehemia, Fribourg-en-Brisgau, 1903, p. 83-88. En apprenant ces tristes nouvelles, Néhémies’assit et se mit à pleurer; il demeura plusieurs joursdans une profonde tristesse; il jeûnait et priait nuit etjour le Seigneur tout-puissant, fidèle et miséricordieux.

II reproduit sa prière habituelle, dans laquelle il reconnaissait humblement les fautes de ses pères infidèleset justement punis par leur dispersion au milieu despaïens. Il rappelait aussi à Dieu sa promesse de rassembler les captifs convertis et de les ramener à Jérusalem. Deut., xxx, 1-3. Il le suppliait donc de le protégerdans ses desseins et de lui faire trouver grâce aux yeuxdu roi qu’il servait comme échanson, i, 4-11. La suitedu récit dévoile le secret dessein de Néhémie. Il voulait amener le roi à revenir sur la décision prise defaire cesser la reconstruction des murs de Jérusalem.I Esd., iv, 21, 22. Fortifié par la prière, il attendit Uneoccasion favorable pour intervenir et adresser sa requête. Au mois de nisan de la même année, par conséquent après trois mois d’intervalle, il se trouva de service un jour que le roi était seul à table avec la reine, sa femme principale. Il s’y prit habilement pour se faireinterroger par son maître. Contrairement à sen habitude, il se tint auprès de la table royale, l’air abattu etdéfait. Le roi s’en aperçut et s’en étonna, puisquel'échanson ne paraissait pas malade. Il voulut connaître^ la cause de sa tristesse. Dominant sa crainte, Néhémîè dit au roi: «Pourquoi mon visage ne serait-ilpas abattu, quand la ville où sont les tombeaux de mespères est dévastée et que ses portes sont brûlées?» Leroi encourageant sa requête, il pria Dieu et demandaexpressément d'être envoyé en Judée pour rebâtir laville de Jérusalem. Il semblait difficile de faire revenirle roi sur sa décision. Grâce peut-être à l’interventionde la reine, la demande de l'échanson fut agréée. Leroi et la reine demandèrent seulement quelles seraientla durée du voyage et la date du retour. Néhémie fixaun délai qui lui fut accordé et qui était de douze ans,

v, 14; xiii, 6. Le roi accorda l’autorisation, ii, 1-6. Enfait, Néhémie avait le titre d’alhersalha, viii, 9; x, 1avec des pouvoirs étendus. Voir t. i, col. 1221.

Il demanda encore des lettres à présenter aux gouverneursdes provinces situées au delà de l’Euphratepour qu’ils le fassent passer jusqu’en Judée, et l’autorisationde prendre dans les forêts royales le bois nécessaireaux travaux à faire au Temple et aux muraillesaussi bien qu’à sa propre maison à Jérusalem. Parcequo Dieu le protégeait, le roi lui accorda les faveursdemandées, ii, 7, 8. Il lui donna aussi des officiers etdes cavaliers pour l’escorter. Le voyage se fit heureusem*ntgrâce aux lettres présentées aux gouverneurs desprovinces d’au delà de l’Euphrate, ii, 9. Toutefois, Sanaballat et Tobie, de races ennemies des Juifs, ayantappris que Néhémie venait travailler à la prospérité desIsraélites, en furent contristés, H, 10. Ils devaient bientôtmettre obstacle à ses projets.

3° Reconstruction des murs de Jérusalem. — Prévoyantcette opposition, Néhémie ne fît connaître à personnel’objet de sa mission, avant de s’être renducompte par lui-même de la situation. Trois jours aprèsson arrivée à Jérusalem, il alla de nuit, avec unefaible escorte, inspecter l’état des murs. Le cheval qu’ilmontait était le seul qu’il y eût à Jérusalem. Il sortitpar la porte de la Vallée, s’arrêta devant la fontainedu Dragon pour considérer les murs ébréchés et lesportes incendiées. Parvenu à la porte de la fontaine deSiloé et à l’aqueduc royal, il ne put trouver au milieudes ruines un passage libre pour son cheval. Remontantla vallée du Cédron, il continua d’examiner l’étatdes murailles et rentra par la porte de la Vallée, aprèsavoir ainsi fait le tour de l’enceinte extérieure, ii, 1115. Les chefs qui commandaient au nom du roi ignoraientcette course nocturne et les projets de Néhémie, que celui-ci n’avait pas même révélés aux Juifs.Il les communiqua enfin à ces derniers, leur appritla protection dont Dieu l’avait favorisé et l’autorisationroyale. Il les décida de la sorte à commenceraussitôt la reconstruction des murs de la ville, ii, 16-18.

Dès la reprise des travaux, les adversaires des Juifs, Sanaballat, Tobie et Gossem, se moquèrent des travailleurset présentèrent leur entreprise comme unacte de rébellion et de désobéissance aux ordres du roide Perse. Néhémie leur répondit que Dieu assistait sesserviteurs, qui continueraient à relever les murs deleur ville. Il en avait le droit et il remplissait un devoir.Quant à eux, étrangers à Jérusalem, ils n’avaient aucundroit sur cette ville. Les travaux ne furent pas interrompus, et le chapitre m du livre de Néhémie traceun intéressant tableau du groupement des ouvriers etde la partie des murs qu’ils relevèrent. Les habitantsde Jérusalem et des villages de la province, sauf lesprincipaux de Thécué, ꝟ. 5, s’employèrent avec ardeurà l’œuvre de la restauration et de l’achèvement des murailles.Ce ne fut pas toutefois sans opposition. Lesennemis d’Israël et les tribus voisines se liguèrentpour entraver la reconstruction. Les moqueries deSanaballat et de Tobie sur la hâte des travailleurset sur la qualité des matériaux qu’ils employaientne firent qu’augmenter la confiance pieuse de Néhémieet l’ardeur des Juifs, iv, 1-6. Déjà, la moitiéde la besogne était faite, quand les ennemis encolère passèrent des injures aux actes. Les Arabes, lesAmmonites et les habitants d’Azot se joignirent à Sanaballatet à Tobie et résolurent d’attaquer ensemble Jérusalemet de tendre des embûches aux reconstructeurs.Les tribus voisines voulaient par tout moyens’opposer au relèvement de Jérusalem, parce que larestauration de la capitale juive devait fortifier les rapatriéset ruiner parmi eux l’influence étrangère. Néhémien’eut pas seulement recours à la prière, il plaça

sur la muraille des gardes qui veillaient nuit et jour.Les travailleurs se décourageaient et craignaient de nepas venir à bout de leur entreprise. Leurs adversairesavaient projeté de les surprendre et de les tailler enpièces; mais les Juifs, qui habitaient au milieu d’eux, vinrent de dix endroits différents prévenir leurs frères.Néhémie rangea tout le peuple en armes autour desmurs et l’encouragea à la confiance en Dieu et à lalutte. Mais les ennemis, ayant appris que leur desseinavait été dévoilé, changèrent d’avis, et les Juifs reprirentleur travail. Dès lors, par crainte d’une surprise, lamoitié des jeunes serviteurs de Néhémie travaillait etl’autre moitié restait sous les armes avec les chefs. Tousles travailleurs eux-mêmes étaient armés, ils avaientl’épée au côté et ils sonnaient de la trompette auprèsde Néhémie. Celui-ci avait, en effet, décidé qu’en raisonde l’étendue du chantier et de l’éloignement des équipes, le lieu d’où partirait le son de la trompette serait lecentre du ralliement. Le peuple ne devait pas quitterJérusalem, chacun travaillait à son rang, jour et nuit.Néhémie lui-même, ses parents, ses hommes et sesgardes ne quittaient pas leurs vêtements, pas même denuit, iv, 7-23.

4° Plaintes du peuple contre les riches. — Cependant, au milieu même de ces travaux, Néhémie eut àréprimer de graves abus, qui soulevèrent les plaintesdu peuple. Des riches accaparaient les biens de leursfrères et ils ne leur fournissaient les moyens d’existenceet les sommes nécessaires au paiement des impôts-, que s’ils recevaient en gages leurs champs, leurs vignes, leurs maisons et même leurs enfants, v, 1-5. Néhémie irrité réfléchit sur la conduite qu’il devaitsuivre. Il réprimanda les grands et les chefs, puis convoquale peuple en assemblée. Dans sa harangue, ilopposa sa manière d’agir à celle des coupables. Tandisqu’il avait racheté le plus possible de Juifs vendus auxpaïens, eux vendraient-ils leurs frères pour qu’il dûtles racheter? Les riches se lurent, ne sachant que répondre.Néhémie continua ses reproches. Lui-même, ses frères et ses serviteurs avaient prêté de l’argent etdu blé à plusieurs. Que tous, d’un commun accord, s’engagent à ne rien réclamer à leurs débiteurs, et queles riches rendent les biens saisis et les intérêts touchés.Ils prirent généreusem*nt l’engagement proposé. Lesprêtres firent la même promesse; et, frappant sa poitrine, Néhémie attira les coups de la vengeance divinesur quiconque ne tiendrait pas son engagement. Lepeuple répondit: Amen, et loua Dieu. L’engagementpris avec cette solennité fut observé, v, 6-14. Néhémierappela à ce propos que ses prédécesseurs et leursagents subalternes avaient pressuré et exploité lesJuifs. Mais lui, il montra plus de désintéressem*nt; non seulement il ne toucha pas, durant les douze annéesde son premier gouvernement, les revenus de sa charge, il travailla lui-même avec tous ses serviteurs à la réfectiondes murs, et il n’acheta aucun champ. Il nourrissaità sa table 150 personnes, sans compter les Juifsqui habitaient parmi les tribus voisines et venaient àJérusalem. Tous les dix jours, il distribuait du vin etbeaucoup d’autres denrées. Le peuple était pauvre etNéhémie espérait de Dieu la récompense de sa bonté àl’égard des siens, v, 15-19.

5° Embûches dressées par Sanaballat, Tobie etGossem. — N’ayant pas réussi à entraver la réédificationdes murs de Jérusalem, alors que les portes n’étaientpas encore terminées, les adversaires de Néhémie luitendirent de nouvelles embûches. Sanaballat et Gossemlui proposèrent de venir en quelque localité d’Ono pourconclure alliance avec eux; en réalité, ils voulaient s’emparerde lui. Néhémie s’excusa sur la nécessité de surveillerles grands travaux qu’il avait entrepris, de peurqu’ils ne fussent négligés pendant son absence. Parquatre fois, la même proposition fut faite, et la même

réponse donnée. Une cinquième fois, Sanaballat envoyaà Néhémie une lettre dans laquelle il rapportait le bruit, répandu par Gossem, que la reconstruction des murs deJérusalem était une révolte contre le roi perse. Néhémievoulait se déclarer lui-même roi des Juifs, et il avaitsuscité des prophètes qui proclamaient la nécessité dereconnailre sa royauté. Le roi de Suse devait êtreaverti de ce bruit public, et Sanaballat invitait Néhémieà venir en délibérer avec lui. Néhémie envoya uncourrier répondre qu’il n’y avait rien de vrai en tous cesbruits et que Sanaballat inventait ces fausses nouvellesà dessein. Ces démarches n’avaient d’autre but qued’effrayer Néhémie et de lui faire cesser les travaux.Comme il persévérait, au contraire, dans son dessein, ses adversaires ourdirent de nouvelles intrigues, eteurent recours à la faction juive qui leur était favorable.Néhémie était entré en secret dans la maison du prophèteSéméias pour le consulter. Celui-ci lui suggérade s’enfermer dans le Temple, afin d’échapper aux coupsdes conjurés qui devaient venir de nuit pour le tuer.Néhémie refusa noblement de se cacher et de fuirainsi le danger, et il comprit que Dieu n’avait pas inspiréà Séméias ce dessein, mais que celui-ci, soudoyépar Tobie et Sanaballat, avait feint d’être inspiré; ilétait payé pour l’intimider et lui faire commettre unefaute qu’on pourrait justement lui reprocher. La prophétesseNoadia et d’autres prophètes avaient cherchéaussi à l’épouvanter. Néhémie s’en remet à Dieu deleurs actes et de leurs embûches dressées contre luipar Tobie et Sanaballat, VI, 1-14. Cependant, les muraillesfurent achevées le 25 du mois d’élul. Les travauxavaient duré 52 jours. Quand ils l’apprirent, les adversairesdes Juifs en furent consternés; ils y reconnurentla main de Dieu. Ils avaient été favorisés par plusieursdes principaux Juifs, qui correspondaient avec Tobie etqui avaient juré d’être de son parti, parce qu’il étaitallié, lui et son fils, à des familles juives. Ils venaientle louer devant Néhémie, et ils transmettaient à Tobieles paroles de Néhémie, vi, 15-19.

6° Peuplement de la ville et dédicace des murs. —Les murs achevés et les portes posées, Néhémie fit lerecensem*nt des portiers, des chantres et des lévites.Puis, il donna à Hanani, son frère, et à Hananias, chefd’une famille de Jérusalem, ses ordres concernant lagarde de la ville: les portes en seraient fermées denuit et on ne les ouvrirait que lorsque le soleil seraitdéjà chaud. Ce soir-là, on les ferma et on les barra enleur présence, et les habitants de Jérusalem veillèrenttour à tour, chacun devant sa maison. La ville étaitétendue, mais elle contenait peu d’habitants et de maisonsbâties, vti, 1-4. Elle n’était pas encore reconstituéecomme cité. Dieu suggéra à Néhémie de faire le recensem*ntdes habitants rassemblés. Le gouverneurvoulait donner à Jérusalem une population suffisantede véritables Israélites, afin d’avoir une cité réellementnationale, à l’exclusion d’éléments étrangers. Il retrouvala liste des familles revenues de Babylone avec Zorobabel, vu, 5-73, et reproduite I Esd., ii, 1-70; III Esd., v, 7-39.Quelques familles, même des familles sacerdotales, n’avaient pu faire la preuve de leur origine juive ouaaronique. Néhémie reproduisit cette liste dans sesMémoires, parce qu’elle contenait le nom des famillesisraélites officiellement reconnues. Le recensem*nt projetéétait dès lors inutile et ne fut pas exécuté; à l’aidede cette liste, le gouverneur pouvait discerner les personnescapables de prendre rang dans la populationnouvelle de la ville sainte. Il ne restait plus qu’à lesgrouper et à les séparer entièrement de tout élémentétranger.

J. Nikel, Die Wiederherstellung des jùdischen Gemeinivesensnach dem babylonischen Exil, Fribourgen-Brisgau, 1900, p. 196, tient pour vraisemblable que, nonobstant l’éloignement du récit transporté, xii, 27-’t6,


la fête de la dédicace des murs de Jérusalem eut lieupeu après l’achèvement de leur reconstruction. Le récit, dont le début n’est pas relié aux précédents, semblehors de sa place naturelle. Tous les lévites et les chantresfurent rassemblés à Jérusalem. Les prêtres et leslévites, s’étant purifiés, purifièrent le peuple, les porteset les murailles. Néhémie fit monter les princes de Judasur les murs, et il constitua deux chœurs de chantresqui, suivis chacun d’une partie de la foule, partirent dumême point en sens opposé pour se rejoindre, aprèsavoir fait le tour de la moitié des murs, devant leTemple. Néhémie suivait le second chœur. Les prêtresoffrirent de nombreux sacrifices au milieu de la joieuniverselle. Ce même jour, on établit des chefs pourveiller à la conservation des offrandes, des prémiceset des dîmes, destinées à l’entretien des prêtres et deslévites. Cependant, la dédicace des murs a fort bien pusuivre les réformes religieuses et civiles, prises encommun par Néhémie et Esdras, le récit se trouveraitalors à sa place chronologique. Quoi qu’il en soit, lescribe Esdras y figurait à la tête des prêtres qui sonnaientde la trompette, XH, 35.

7° Réformes religieuses opérées en commun parNéhémie et Esdras. — Les chapitres vai-xii, qui relatentces réformes, constituent dans le récitactuel un toutlié et expressément rapporté au premier séjour de Néhémieà Jérusalem. Tandis que la majorité des commentateursmaintient cette date, quelques critiques replacentles faits dans un autre cadre historique. Schlatter, ZurTopographie und Geschichte Palàstinas, Stuttgart, 1893, p. 405, a prétendu que les événements racontés, vm-x, se seraient produits du temps de Zorobabel et que leurrécit aurait primitivement fait partie d’un document quidécrivait la réorganisation de la communauté juive aprèsle retour de la première caravane. Néhémie l’auraitreproduit dans ses Mémoires, parce qu’il contenait lacharte religieuse de la restauration israélite. Oncrutparsuite que les événements ainsi encadrés s’étaient produitsde son temps, et on fut ainsi amené à lui donnerun rôle à lui-même et à Esdras. Ainsi le nom de Néhémieaurait été inséré, viii, 9, où le texte primitif neprésentait que le titre d’athersatha convenant à Zorobabel.Cf. III Esd., ix, 50. Au même passage, les mots: «Esdras et les lévites,» paraissent être une addition, puisque le verbe est au singulier. Au verset 13, les mots: «auprès d’Esdras et,» semblent avoir été interpolés, tant la construction actuelle de la phrase est étrange.Les prêtres et les lévites qui signent l’alliance, x, 3-27, sont en grande partie les mêmes que ceux du temps deZorobabel, xii, 1-21. L’assemblée tenue à Jérusalemconvient mieux à la situation de l’époque de Zorobabelqu’à celle de Néhémie. Les circonstances mentionnéess’y rapportent plus naturellement, ainsi la tristesse dupeuple, viii, 9; cf. I Esd., iii, 12; la découverte de la loiconcernant la fête des Tabernacles, viii, 14. Le jeûnedu 24e jour du 7e mois, ix, 1, est le jour de pénitenceinstitué au début de la captivité en expiation dumeurtre de Godolias, et peu probablement usité encoreà l’époque de Néhémie. Cf. Zach., viii, 19. Enfin, tesrésolutions prises sur les mariages mixtes et l’entretiendu culte supposent le début de la restauration et serapportent à la première réorganisation de la communauté.

Ces arguments ne suffisent pas à prouver l’hypothèse.

II n’y a aucune raison de considérer le nom de Néhémiecomme interpolé, viii, 9; x, 2; dans le premier de cesdeux passages, ce serait plutôt le titre: athersatha, exprimédans une pbrase incidente, qui aurait été ajouté, et il manque dans la version des Septante. Ed. Meyer, Die Enstehung des Judenlums, Halle, 1896, p. 200.

III Esd., îx, 50, n’a pas conservé le texte primitif; c’en est plutôt un remaniement, dont l’auteur omet lenom du gouverneur dans un récit consacré tout entier

IV.

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à l’œuvre d’Esdras. D’autre part, même si le nom d’Esdrasdevait disparaître de viii, 9, 13, il resterait en d’autrespassages qui affirment l’activité commune des deux réformateurs.L’identité des noms des prêtres signatairesde l’alliance s’explique parce que, dans la plupart descas, ces noms représentent, non pas des individus, maisles classes sacerdotales qui étaient les mêmes sousZorobabel et Néhétnie. Le peuple pouvait s’attrister à lalecture de la Loi qu’il n’avait pas observée aussi bien autemps de Néhémie qu’à celui de Zorobabel. Rien neprouve que le jeûne, célébré au lendemain de la fête desTabernacles, fut le jeûne commémoratif du meurtre deGodolias; il fut plutôt observé comme préparation aurenouvellement de l’alliance, dont le récit suit. La réformedes mariages mixtes n’avait pas été complète etNéhémie qui, durant la reconstruction des murs, enavait conslaté les graves inconvénients, fit prendre desmesures plus sévères. Les généreuses promesses, faitespar les Juifs rapatriés lors de la restauration du culte, ne furent pas régulièrement tenues. La ferveur premièrediminua, et il n’est pas étonnant qu’il fut nécessaired’assurer la régularité du service et du paiementdes dîmes et des revenus sacerdotaux. Les événementsdes ch. viii-x se sont donc produits au temps de Néhémieet pas à l’époque de Zorobabel. A. van Hoonacker, Nouvelles études, p. 237-254.

M. Kosters, Het Herstel van Israël in het perzischetijdvak, Leyde, 1894, p. 76-87, reporte les mêmes événementsau second gouvernement de Néhémie aprèsceux qui sont racontés, xiii, 4-31. Le critique hollandaistranspose aussi les récits en plaçant celui duch. vin après ceux des ch. ix et x. Ceux-ci décriventl’organisation de la communauté juive et exposent sespréliminaires et ses conditions fondamentales. Or, selon M. Kosters, l’alliance soîennelle fondée sur lapratique exacte de la Loi, aurait été contractée entreles Juifs rapatriés et ceux qui n’étaient jamais allés enexil. Mais cette distinction n’est pas fondée, voir t. ii, col. 1940-1941, et les nobles du ꝟ. 30 sont les princesde Juda, les chefs des familles rapatriées, qui ont signéle pacte écrit et dont l’engagement a été ratifié par lereste du peuple. Les preuves de la postériorité desch. ix, x et xiii, 4-31, ne sont pas plus péremptoires.Si les lévites sont chargés eux-mêmes de lever lesdîmes, en dehors de Jérusalem, x, 38, il n’en résulte pasque cette constitution soit postérieure aux abus réprimés, xm, 10-14. Ces abus ne concernent pas le prélèvementdes dîmes, mais leur partage. Les lévites n’ayant pas reçuleur part, nonobstant la levée régulière, se retirèrentdans leurs maisons et ne vinrent plus faire leur serviceà Jérusalem. Néhémie les convoqua dans la villesainte et les rétablit dans leurs fonctions; puis, ilnomma une commission chargée de la juste répartitiondes dîmes. L’engagement de respecter le sabbat, x, 31, n’empêcha pas la violation constatée et réprimée, xiii, 15-22. Les Juifs avaient promis de ne pas acheter cejour-là aux marchands étrangers, x, 31. Mais ces marchandscontinuèrent à offrir leurs marchandises, et desJuifs oublièrent leurs promesses. Néhémie, revenu deSuse, dut fermer les portes de Jérusalem à ces marchandset leur interdire de vendre, même en dehors dela ville, xiii, 15-22. De même, la fourniture du boispour le Temple fut réglée une première fois, x, 34. Desnégligences et des irrégularités s’étant produites, Néhémie dut, une seconde fois, établir une commissionpour veiller à la fourniture du bois aux époquesdéterminées, xiii, 31. Quant aux mariages des Juifsavec les étrangers, Néhémie constate, à son premierretour, leur existence et leurs funestes conséquences.Il les fait interdire, x, 30. Mais la réforme, ne fut pascomplète, ou bien les abus recommencèrent, et aprèsson retour, Néhémie s’indigna de la violation de l’engagementpris antérieurement et sévit contre l’exemple

donné dans la famille du grand-prêtre, xiii, 23-28. Latransposition du ch. vm à la suite des ch. rx et x n’estni nécessaire ni démontrée. La succession des faits, telle qu’elle se présente dans le récit actuel, est naturelle, et le déplacement exige de prétendues altérationsdu texte ou se fonde sur des hypothèses gratuites. VoirA. van Hoonacker, op. cit., p. 204-237. Nous pouvonsdonc suivre la série des événements telle qu’elle est racontée.Cf. Fischer, Die chronologischen Fragen, y. 89-91.

Au septième mois, celui de tischri, d’une des annéesqui suivirent la reconstruction des murs, voir A. vanHoonacker, op. cit., p. 267-270, les Israélites, qui, aprèsl’achèvement des murs, étaient rentrés dans leurs domiciles, se réunirent à Jérusalem. Le premier jour, lescribe Esdras lut solennellement la Loi. Néhémie consolale peuple que cette lecture faisait pleurer et lecongédia en l’invitant à se réjouir en ce jour de fête, vin, 1-12. Le lendemain, Esdras lut ce qui concernaitla fête des Tabernacles, qui fut célébrée très solennellement, vm, 13-18. Le 24e jour du même mois, eut lieule jeûne préparatoire au renouvellement de l’alliance, alliance qui fut signée en première ligne par le gouverneurNéhémie, x, 1. Diverses dispositions furentprises relativement à la reconstitution religieuse de lacommunauté, x, 29-39. Le sort décida quels seraientceux qui habiteraient Jérusalem, les habitants de laville devant former la dixième partie de la populationjuive totale, xi, 1-19. La dédicace solennelle des murs, xii, 27-42, avec les réglementations faites le même jour, xii, 43-xiii, 3, eut lieu peut-être seulement après lechoix des habitants de Jérusalem. Voir t. ii, col. 1930.Cf. Nikel, Die Wiederherstellung, etc., p. 196-218.

IIe gouvernement. — 1° Date. — Ayant atteint le termede son gouvernement, après douze années de séjour etde réformes à Jérusalem, la 32e année du règne d’ArtaxerxèsI er (433), xiii, 6, Néhémie était retourné àSuse. Combien de temps reprit-il à la cour son officed’échanson et à quelle date revint-il une seconde foisà Jérusalem? on ne peut le fixer avec certitude. L’expressionhébraïque d>d’yyS peut désigner un long

espace de temps. M. A. van Hoonacker, Nouvellesétudes, p. 195, la porte à cinq ou six. ans. Comme ArtaxerxèsI er a régné 40 ans (464-424) et comme Néhémieobtint de lui un nouveau congé, xiii, 6, son séjourà Suse ne put se prolonger au delà de huit années.

2° Abus existant à Jérusalem. — À son retour, Néhémieconstata le mal extrêmement grave qu’avaitcausé le grand-prêtre Eliasib par sa conduite à l’égardde Tobie. Pendant l’absence de Néhémie, il s’était alliéà la famille de cet étranger, xiii, 4, et lui avait donnéun appartement dans le parvis du Temple. Le gouverneurjeta hors du trésor, auquel le grand-prêtre étaitpréposé, les meubles de la maison de Tobie. Il fit reporterau trésor tout ce qu’Eliasib en avait enlevé pourdonner un logement à Tobie, xiii, 4-9. Les lévites, n’ayant pas reçu leur part des revenus sacrés, avaientquitté Jérusalem et étaient retournés chez eux. Néhémiereprocha fortement aux magistrats leur négligenceà veiller au service régulier du Temple. Il convoquales lévites à Jérusalem et leur fit reprendre leursoffices ordinaires. Il établit une commission d’hommesfidèles pour surveiller les greniers du Temple et lesrevenus qu’on y déposait. Il espérait recevoir du Seigneurla récompense de sa sollicitude pour la maisonde son Dieu et les cérémonies saintes, xrn, 10-14. DesJuifs violaient le repos du sabbat et amenaient à Jérusalemce jour-là des fruits qu’ils mettaient en vente.Néhémie leur interdit le commerce défendu. Les Tyriensapportaient aussi au marché ce jo, ur-là des poissonset d’autres denrées. Néhémie reprocha aux chefsde la ville cette profanation, qui avait attiré autrefoissur leurs pères la colère divine. Il fit fermer les portes

de Jérusalem dès le commencement du sabbat jusqu’àla fin de la journée et il y plaça des serviteurs de samaison pour empêcher tout porteur de fardeau de pénétrerdans la ville. Une fois ou deux, les marchandsrestèrent hors des murs. Néhémie leur défendit derevenir, les menaçant de les punir s’ils revenaientencore. Ils ne reparurent plus. Les lévites furentchargés de garder les portes et de veiller à la sanctificationdu sabbat, et Néhémie demandait à Dieu de sesouvenir de la mesure qu’il avait prise à cet effet, xiii, 15-22. Malgré les défenses précédentes, des Juifs épousaientencore des femmes d’Azot, d’Ammon et de Moab, et leurs enfants parlaient à moitié la langue d’Azot etne savaient plus parler l’hébreu ou l’araméen. Néhémieles maudit, en battit quelques-uns, en fit raserd’autres et leur fit jurer devant Dieu de ne plus tolérerces mariages mixtes, leur rappelant le mauvaisexemple de Salomon qui avait violé la loi divine. Ilchassa un petit-fils du grand-prêtre Eliasib, qui était legendre de Sanaballat, xiii, 23-28. Il espérait recevoirde Dieu la récompense de son zèle pour la pureté del’ordre sacerdotal et lévitique et pour le service duTemple, xiii, 29-31.

III. Autres renseignements de la tradition juive.

— En outre des faits précédents que Néhémie lui-mêmea racontés dans ses Mémoires, insérés dans lelivre dit de Néhémie, voir Néhémie (Livre de), la traditionjuive a gardé le souvenir du célèbre gouverneuret de quelques autres de ses actes. L’Ecclésiastique, xlix, 15 (13), célèbre la mémoire de celui qui «a relevénos murs détruits, restauré nos ruines et rétabli lesportes et les verrous» de Jérusalem, et d’après lesSeptante «a bâti nos maisons i>. On lui a même attribuéplus tard la restauration du Temple et du sacrifice, II Mach., i, 18-36, en lui donnant la qualité deprêtre. On l’a sans doute confondu avec le personnagedu même nom, qui a fait partie de la caravane de Zorobabel.I Esd., ii, 2. On lui a attribué des écrits etdonné une part dans la formation du recueil desLivres Saints. Il avait établi une bibliothèque qui comprenaitles livres sur les rois et les prophètes avec leslivres de David et les lettres des rois perses sur lesdons faits au Temple. II Mach., ii, 13. Voir Canon, t. ii, col. 139, et Esdras (Premier livre d’), ibid., col. 1942.L’historien juif Josèphe, Ant. jud., XI, v, 6-8, résumeà sa façon les actes de Néhémie qu’il place sous lerègne de Xerxès 1 er par une erreur manifeste et encontradiction avec le livre de Néhémie, et il ajoute quele célèbre restaurateur de Jérusalem mourut dans unâge avancé et comblé de gloire. On a attribué à Néhémiele Ps. cxxx (cxxxi).

Dans tous ses actes, Néhémie se montre à nouscomme un Israélite rempli de piété et d’une fidélitéinébranlable à son Dieu et à sa patrie malheureuse. Ala cour royale, il n’oublia pas Jérusalem et les Juifsrapatriés, pas plus que Joseph chez Pharaon n’oubliaitses frères persécutés. Par ses prières et son habileté, il obtint du roi l’autorisation de rebâtir la ville dutombeau de ses pères. Prudent et intrépide, il surmontatous les obstacles, évita les pièges qui lui étaienttendus et réussit dans toutes ses entreprises. Ses Mémoiresnous révèlent son zèle pour la gloire de Dieu, pour la pureté et la régularité du culte, et sa filialeconfiance dans la récompense du Seigneur pour qui ilagissait et luttait. Sa principale mission fut de releverles murs de Jérusalem et de réparer les abus. Dans ledomaine religieux, il s’unit au scribe Esdras et recourutà son concours pour la reconstitution de la communautéisraélite. Cf. C. Holzhey, Die Bûcher Ezraund Nehemia, Munich, 1902, p. 33-45; P. Riessler, Ueber Nehemias und Esdras, dans la Biblische Zeitschrift, 1903, 1. 1, p. 232-245; 1904, t. ii, p. 15-27.

E. Mangenot.

3. NÉHÉMIE, fils d’Azboc, delà tribu de Juda. Il étaitchef de la moitié du district (pélék; Vulgate: vicus)de Bethsur. Il vivait du temps de Néhémie et réparales murs de Jérusalem, au sud-est de la ville, depuisle voisinage de la piscine de Siloé dont Sellum, II Esd., m, 15, avait réparé les murs, et depuis les degrés quidescendaient de la cité de David jusqu’aux tombeauxde la famille de David et jusqu’à la piscine qui avaitété construite & avec un travail considérable», ajoute laVulgate, piscine dont la situation n’est pas connue aveccertitude, et jusqu’à la maison des Forts. II Esd.. iii, 16. Voir Maison 3, col. 594.

4. NÉHÉMIE (LIVRE DE). Hébreu: Ne/.wniayâh; Septante: Adyoi Neejjua uioù’A^aXta ouXeXxîa; Vulgate: Liber Nehemiss gui et Esdrse secundus dicitur.

I. Contenu et analyse. — Le livre de Néhémie, quipendant longtemps n’a pas été distinct du I er livre d’Esdras, dont il est la continuation, et qui en a été séparéà une époque inconnue et probablement par les chrétiens, voir t. ii, col. 1933-1934, raconte le retour deNéhémie à Jérusalem pour relever les murs de cetteville, ses efforts pour aboutir, malgré les obstacles suscitéspar les ennemis de Juda, à l’achèvement de cetterestauration et au repeuplement de l’ancienne capitaledu royaume de Juda, l’action combinée du gouverneuret du scribe Esdras pour les réformes religieuses et lareconstitution de la communauté israélite dans toute sapureté, enfin le second gouvernement de l’échansonroyal et la correction des abus, qui s’étaient introduitspendant son absence.

Ce livre qui, dans son état actuel, est une compilationde documents divers, ne se partage pas logiquement ensections distinctes. Si on tient compte de la forme littéraireet du contenu, on peut y établir le sectionnementsuivant: I re section. Extrait des Mémoires deNéhémie qui parle à la première personne, l-vn. — Néhémiey raconte: 1° le retour de son frère Hanani à S useet les informations qu’il en reçut sur la situation actuellede Jérusalem, i, 1-3, sa propre douleur, sa prière, i, 4-11, la manière habile par laquelle il attira sur luil’attention du roi Artaxerxès I er, dont il était l’échanson, et obtint l’autorisation de relever les murs de Jérusalemavec les moyens de remplir sa mission, ii, 1-9; 2° son arrivée à Jérusalem, son enquête nocturne autourdes murs de la ville, la manifestation de son dessein etsa réalisation malgré les railleries des adversaires deJuda, ii, 10-20; 3° la distribution des Juifs dans l’œuvrede la reconstruction des murs et la part que chaque famillereleva, iii, 1-31; 4° les railleries des adversaireset la prière de Néhémie, leur conjuration armée et lespréparatifs pour leur résister et éviter une surprise, iv, 1-23; 5° la répression des accaparements des riches quiprêtaient à usure aux pauvres, le désintéressem*nt deNéhémie et sa générosité à l’égard du peuple, v, 1-19; 6° les pièges tendus au gouverneur, quand les travauxtouchaient à leur terme, et le reproche de rébellioucontre le roi, la tentative de Séméias, complice des ennemisde Juda, et le complet achèvement des murs, nonobstantles oppositions suscitées à Jérusalem par unefaction de Juifs alliés aux tribus voisines, yi, 1-19; 7° lagarderies portes et le repeuplement de la ville, facilitépar la découverte du recensem*nt des familles rapatriéesavec Zorobabel, vii, 1-73. — II’section. Continuationdu récit, qui est fait dès lors à la troisième personne, viu-x. — 1° Assemblée du septième mois, durant laquelleEsdras lit la Loi au milieu des larmes du peuple, viii, 1-12; le lendemain, à la réunion pour l’interprétation dela loi, lecture des ordonnances qui concernent la fêtedes Tabernacles, viii, 13-15; 2° célébration de cette fêteavec une solennité extraordinaire et continuation de lalecture de la Loi, viii, 16-18; 3° le 24e jour du mêmemois, jeûne préparatoire au renouvellement de l’alliance

et lecture de la Loi, ix, 1-3; 4° prière des lévites, rappelantau Seigneur ses anciens bienfaits à l’égard d’Israël, les fautes du peuple et ses châtiments et renouvelantl’alliance avec Dieu, ix, 4-38, signée par les chefs, les prêtres et les lévites, x, 1-27; 5° promesses faitespar tous d’observer la loi, de ne plus permettre lesmariages mixtes, de ne pas acheter aux jours de sabbatet de fête, d’observer l’année sabbatique, de payer uneimposition pour les sacrifices, d’offrir le bois nécessaireau service du Temple et de donner les prémices et lesdîmes, x, 28-39. — III’section. Morceaux de nature etd’origine différentes, xi-xii. — 1° Liste des habitants quirepeuplèrent Jérusalem, des lévites et du peuple, quidemeurèrent dans leurs localités particulières, xi, 1-36; 2° liste des prêtres et des lévites revenus avec Zorobabelet Josué, xii, 1-26; 3° récit de la dédicace des murs rebâtisde Jérusalem, xii, 27-42; 4° commission nomméepour distribuer les revenus du Temple et séparation detout élément étranger, xii, 43-xin, 3; 5° mémoires deNéhémie sur son second gouvernement, xiii, 4-31.

II. Caractère composite du livre nonobstant l’unitéde plan. — Bien que le livre actuel de Néhémie présenteune unité incontestable, tant par son contenu, puisqu’ilraconte le double gouvernement de l’échanson royal etles réformes religieuses exécutées soit par lui seul soitavec la collaboration d’Esdras, que par son but qui estd’exposer la suite de la restauration sociale et religieusedes Juifs revenus de l’exil, il apparaît à la simple analysecomme une compilation de documents divers.L’unité de contenu et de plan révèle la main d’un auteurou rédacteur, qui groupe les documents, les relie, les complète en les adaptant à son but. Tout en donnantà l’ensemble son empreinte propre, ce rédacteur a laisséaux documents qu’il utilisait leurs caractères distinctifs, qui les rendent encore aujourd’hui aisément reconnaissablés.

Les sept premiers chapitres se distinguent des troissuivants par le ton, le genre d’exposition et le style.L’auteur y parle à la première personne, et le récit présenteune originalité qui décèle l’écrivain contemporainet l’acteur des faits racontés. C’est Néhémie lui-mêmequi a tenu la plume et qui a laissé, dans des Mémoiresd’une authenticité inattaquable et avec un accent personneltrès fort, l’exposé des actes de son premier gouvernementet l’expression saisissante de ses sentiments intérieurs.Son individualité s’y reflète, et la formule: «Souvenez-vousde moi, Seigneur,» etc., répétée, v, 19; VI, 14, est comme sa véritable signature. Lui-même a ajouté, vii, 6-73, un document de l’époque de Zorobabel, qu’il venaitde retrouver. À partir du ch. vm jusqu’à la fin du ch. x, il y a interruption brusque, le ton change; le récit à lapremière personne cesse, et il n’est plus parlé de Néhémiequ’à la troisième personne, viii, 9; x, 1. On luidonne aussi le titre perse d’athersatha, porté par Zorobabel.I Esd., ii, 63; II Esd., vii, 65, 70. Bien plus, lecélèbre gouverneur cède presque la place au scribeEsdras, qui joue, comme scribe et comme prêtre, le rôleprincipal. Dans le récit lui-même, la personnalité del’écrivain n’est plus si appareute; la forme est moinsindividuelle et moins plastique. La plupart des critiquesont conclu de ces différences que les ch. viii-x étaientd’une autre main, et faisaient partie soit des Mémoiresd’Esdras, soit d’autres Mémoires contemporains, x, 29-39.Ceux qui les rapportent à Esdras considèrent qu’ils contiennentun récit vivant et détaillé comme les autresparties des Mémoires d’Esdras, et ils rapprochent IEsd., x, 6, de H Esd., xii, 23, où il est parlé de Jonathan, fils d’Éliasib. Stade pense que IX, 9-x, 40, ont été extraitsdirectement de ces Mémoires, parce que dans lesSeptante on lit: Kœ’s fljtsv’Eajpaç, ix„ 6. CependantM. A. van Hoonacker, Nouvelles études sur la restaurationjuive après l’exil de Babylone, Paris, Louvain, 1896, p. 258-263, estime que ces chapitres figuraient

dans les Mémoires authentiques de Néhémie. Selon lui, Néhémie avait des raisons spéciales de ne pas se donnercomme l’inspirateur des mesures et des décisions prisesdans l’assemblée de Jérusalem. C’est la communautéelle-même qui prend des engagements et qui établit desréformes. En sa qualité de laïque, Néhémie n’avait pasmission pour restaurer le culte et pour agir comme chefspirituel. Rapportant les faits, il s’efface et fait parleret agir la communauté. Son récit prend tout naturellementun tour plus objectif et plus impersonnel. Le document, contenant la liste des compagnons de Zorobabel, Vil, 6-73, qu’il avait reproduit, servit de transition à lanarration faite à la troisième personne. L’exorde lui-même, vin, 1, fut imité du récit d’Esdras, I Esd., iii,

I, qui fait suite à la liste des premiers rapatriés. IEsd.,

II, 1-70. D’ailleurs, n’écrivant pas cette partie, de sesMémoires au moment où les événements s’accomplissaient, Néhémie a pu donner à l’expression de sa penséeune spontanéité moindre que dans la narration desfaits, dont il avait été le principal acteur. Enfin, la suitedes Mémoires authentiques de Néhémie, xiii, 4-31, supposeles décisions qui ont été prises à l’assemblée deJérusalem et dont elle ne raconte que les applicationsà l’exécution desquelles le gouverneur civil apporteraplus tard l’énergique concours de son autorité. Cf., pourles termes eux-mêmes dans l’original, x, 40; xiii, 11. Unautre morceau des Mémoires, xii, 27-43, présente de nouveaule passage de la troisième personne, ji. 27, à la première, ꝟ. 31. Il n’y aurait donc pas de raison suffisanted’attribuer les ch. vm-x à un auteur distinct du rédacteurdes Mémoires.

Les ch. xi-xm contiennent des documents d’originedifférente. Le ch. xi se rattache par le contenu au recensem*ntdécidé, vii, 5, et continue immédiatement lech. vii, quoique le récit ne soit pas de la même teneur.Les critiques ne sont pas d’accord sur l’époque à laquellese rapporte cette liste d’habitants de Jérusalemet de la Judée. Cette liste est en partie identique à pellequi se trouve I Par., ix, 3-17. Désigne-t-elle des contemporainsde Zorobabel ou de Néhémie? La place qu’elleoccupe dans le livre de Néhémie permet de la rattacheraux dispositions prises à l’assemblée de Jérusalem pourla repopulation de la capitale. A. van Hoonacker, op.cit., p. 263-267. Aussi les critiques admettent-ils généralementque cette liste, dont le texte ne nous est pasparvenu intact, a fort bien pu figurer dans les Mémoiresde Néhémie. La liste des prêtres et des lévites, xii, 126, n’a pas fait partie de ces Mémoires. Les cinq grandsprêtresnommés, j’. 10, 11, dépassent l’époque de Néhémie, quelle que soit, d’ailleurs, l’époque de Jeddoa, queJosèphe, Ant. jud., XI, vii, 2, fait contemporain deDarius Codoman, le dernier roi des Perses (336-332).Voir Jeddoa. De plus, la liste des lévites aurait étédressée sous le règne de ce prince, xii, 22. Enfin, lasituation décrite est rapportée «aux jours de Néhémie, le gouverneur, et d’Esdras, le prêtre et le scribe», XII, 26. Cette formule est l’indice d’une époque postérieure.Les critiques y découvrent des parties de documentsanciens, 1-7, 8, 9, 12-21, dont l’un serait nommé au t. 23, mais complétées, 10, 11, 22-26, par le dernier rédacteur.Cf. F. Vigouroux, Manuel biblique, 12e édit., Paris, 1906, t. ii, p. 165. La fin du livre, xii, 27-xiii, 31, où lerécit reprend à la première personne, est regardéecomme une partie des Mémoires de Néhémie; la formulesi caractéristique: «Souvenez-vous de moi, etc.,» s’y retrouve, xiii, 14, 22, 31; quelques critiques y reconnaissenttoutefois, xii, 27-30, 42-43, des modificationsde forme introduites par le rédacteur, ou mêmede courtes gloses.

III. Auteur et date. — 1° Les commentateurs ancienspour la plupart attribuaient à- Néhémie lui-même lacomposition de tout le livre qui porte son nom. La traditionrabbinique, consignée dans le Baba Bathra, lui

attribuait la fin du livre d’Esdras, qui comprenait, lesdeux livres d’Esdras du canon actuel. Voir t. n r col. 140, 1938. La considération du texte lui-même confirmait àpremière vue ces sentiment. Le titre, i, 1, annonçait unécrit de Néhémie. Le récit, qui débutait à la premièrepersonne du singulier, se terminait par la prière si confiante: «Sauvenez-vous de moi, Seigneur,» qui étaitpour ainsi dire la signature finale de l’auteur, an, 31.Le caractère de compilation du livre ne faisait pas unegrave objection à cette conclusion. Néhémie lui-mêmeavait inséré dans ses Mémoires les documents qui confirmaientou complétaient son récit, et les critiquesmodernes concèdent qu’il en est certainement ainsipour la liste des rapatriés du temps de Zorobabel, vii, 6-73, et probablement pour l’autre listé, xi, 1-36. Lesarguments des premiers critiques, qui distinguèrent lessources, étaient réfutés, et le plus grave, celui qui estfondé sur la liste des grands-prêtres, xii, 10-11, 22-23, dont le dernier, Jeddoa (Jaddus), était Contemporaind’Alexandre le Grand, disparaissait par le fait que l’ontenait cette énumération comme une addition faite àl’œuvre primitive par une main étrangère. F. Vigouroux, Manuel biblique, loc. cit. Dès lors que le livre entier, sauf quelques additions postérieures, était considérécomme écrit par Néhémie, sa date était approximativementfixée. Il ne pouvait être que de peu postérieuraux événements relatés dans le dernier chapitre. Commele second gouvernement de Néhémie commença avantla fin du règne d’Artaxerxès I er (461-425), les Mémoiresqui le racontaient avaient donc été rédigés dans la secondemoitié du Ve siècle avant Jésus-Christ, vers 425.2° Mais les critiques récents, qui ont poussé plus loinl’analyse des sources, ne reconnaissent pour l’œuvremême de Néhémie que ses Mémoires personnels, c’est-à-direles récits où il parle à la première personne dusingulier, et les morceaux plus anciens qu’il y avaitinsérés. Ils y placent donc les Ichstùcke, i, 1-vn, 5; xui, 4-41, avec les listes et récits qui s’y rattachent, vii, 6-73; xi, 1-24 (pour la plus grande partie, car le texte actuela été retouché); xii, 27-32, 37-40, 43, 44. (L’accord toutefoisn’est pas fait pour quelques détails.) Ces Mémoiresde Néhémie ont été rédigés vers 425. On rapporte à lamême date, ou même un peu auparavant, les morceauxque l’on croit avoir été extraits des Mémoires d’Esdras, ou, au moins, des Mémoires contemporains, viii, 1-x, 39; xii, 1-27 (au moins en partie), et pour quelques-uns, xiii, 1-3. Cornill, Einleitung in[das A. T., 3e et 4e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1896, p. 133, pense, en outre, queles Mémoires de Néhémie et d’Esdras ont été retouchéspar un écrivain qui vivait un siècle après leur composition.Cette retouche était peut-être le did-ti rc* tsd.

Neh., xii, 23. Bertholet pense aussi que les modificationsrédactionnelles du texte sont en grande partie antérieuresà la compilation définitive. Le dernier rédacteuraurait utilisé cette retouche, en combinant les documentsdans l’ordre actuel, en remaniant quelques versets, i, 1; iv, 1; vii, 5, 7, 68, 69; viii, 4, 7, 8, quelques mots, 9-11; a, 4, 5, 29a; xi, 10b, 11, 13, 17, ’22 (en partie), 25-36; xii, 1-11, 33-36, 41, 42, 45, 56 (il aurait ajouté xii, 1-26, enretravaillant cette liste); encore xiii, 1-3 (selon les uns).Pour ces critiques, le dernier rédacteur des livresd’Esdras et de Néhémie serait le chroniste de Jérusalem, ou l’auteur des Paralipomenes.Voirt.il, col. 1934-1935, 1938-1939. Attribuant donc au chroniste la rédactionactuelle du livre, ils la placent aux environs de l’an 330avant Jésus-Christ, puisque c’est à lui qu’ils attribuentla mention du grand-prêtre Jeddoa, xii, ll, 22, contemporaind’Alexandre le Grand, selon Josèphe, Ant. jud., XI, vii, 2; viii, 2. Voir Paralipomènes. Écrivant aprèsla fin de la domination perse, en Palestine, il a dit: «Darius le Perse,» xii, 22, tandis que Néhémie disaitsimplement «le roi», i, 11; ii, 1-9, 18, 19; v, 4, 14;

VI, 7; xiii, 6. Il parlait du temps de Néhémie et d’Esdrascomme d’une époque lointaine, xii, 26, 46. Ces conclusionssont admises en tout ou en partie par des critiquescatholiques. Voir Kaulen, Einleitung in die heiligeSchrift, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1890, p. 212; Pelt, Histoire des livres de l’A. T., 3e édit., Paris, 1902, t. ii, p. 377; Gigot, Spécial introduction to the studyof the Old Testament, NewYork, 1901. t. i, p. 323; C. Holzhey, Die Bûcher Ezra und Nehemia, Munich, 1902, p. 59-64. S’ils n’admettent pas explicitement tousque ce rédacteur soit le chroniste, ils attribuent la dernièrerédaction du livre à un compilateur inconnu desenvirons de 330. Voir Torrey, The composition andhistorical value of’Ezra-Nehemiah, Leipzig, 1896.

IV. But. — Il diffère un peu selon que l’on considèreles Mémoires de Néhémie et la dernière rédaction dulivre qui les contient. — 1° Néhémie, en écrivant sesMémoires, ne s’était pas proposé de composer une sorted’autobiographie, puisqu’il ne parle ni de sa famille nide ses antécédents. Il voulait seulement faire connaîtrela part qu’il a prise à la restauration complète et àl’achèvement des murs de Jérusalem, nonobstant l’oppositiondes tribus voisines aidées par la connivence d’unefaction adverse dans la ville elle-même, à la repopulationde cette ancienne capitale du royaume de Juda, et à la répression, pendant son second gouvernement, des abus religieux qu’il avait constatés à son retour.

— 2° Quant au compilateur ou dernier rédacteur, il avoulu donner l’histoire complète de la reconstitutionreligieuse de la communauté Israélite; c’est pourquoiil a joint aux Mémoires de Néhémie des Mémoirescontemporains, provenant d’Esdras ou d’un autre écrivainet racontant l’activité commune des deux réformateurspour la promulgation de la loi mosaïque et sonaccomplissem*nt exact dans la vie publique des Israélitesrapatriés. Il se préoccupait donc spécialement detout ce qui concernait la religion et le culte; mais ilaurait pensé aussi à polémiser contre les Samaritainset à justifier leur exclusion de la communauté juive.C’est pourquoi il aurait inséré le récit de Néhémie touchantles obstacles qu’ils avaient soulevés contre le relèvementdes murailles de Jérusalem. D’ailleurs, si cerédacteur a été l’auteur des Paralipomènes, son butsera précisé davantage à l’article Paralipomènes.

V. Langue et style. — Les Mémoires de Néhémiesont écrits en hébreu et dans un style facile et naturel.On y remarque cependant quelques mots récents et destournures tardives: ii, 6, ]m; iv, 17, f>N avec le nominatif; v, 7,-frai; v, 15, ’oVi’; xiii, 6, ypb; xiii, 24, nyi D7.Toutefois, ces expressions modernes sont moins fréquentesque dans l’œuvre du chroniste. La syntaxe deNéhémie est aussi plus classique que celle de ce dernier.On a relevé quelques expressions souvent répétéesdans ses Mémoires: «mon Dieu,» «notre Dieu,» n, 8, 12, 18; v, 19; vi, 14; vii, 5; xiii, 14, 22, 29, 31, qui ne sont jamais employées par le chroniste; Elohéhas-samaim, i, 4, 5; ii, 4, 20 (dénomination divineusitée seulement après la captivité); <c gens de Juda,» ir, 16; iv, 8, 13; v, 7; vii, 5; usage fréquent de-wx, etc.Rappelons encore la formule caractéristique: «Souvenez-vousde moi, Seigneur, etc.,» déjà citée. —2° l ?our les particularités du style du chroniste, cf. C. Holzhey, Die Bûcher Ezra, und Nehemia, p. 6568. Voir Paralipomènes.

VI. Autorité historique et divise lu livre. — LesMémoires de Néhémie sont d’une ?uthenticité indiscutableet respirent une sincérité d’accent qui rend trèssympathique un écrivain racontant avec simplicité cequ’il a fait. Les autres Mémoires contemporains présententle même degré de vérité. Aussi n’a-t-on jamaisdiscuté les faits historiques qu’ils racontent; on a discutéseulement sur la date à laquelle ils s’étaient produits.Voir Néhémie 2. Les critiques estiment cepen

dant que les rédacteurs les ont un peu retouchés enles utilisant et en les compilant. Le dernier les a combinés, reliés, complétés et remaniés conformément àson but; mais néanmoins, il n’en a pas altéré ni modifiéle fond. On discute donc au plus sur la vérité historiquede quelques détails. Du reste, la discussion peutrésulter en plus d’un endroit de l’état actuel du texte, qui n’est pas très pur. Le reproche le plus grave qu’onfait au chroniste, c’est d’avoir passé délibérément soussilence les fautes et les déconvenues des chefs religieuxde la communauté. Mais ce reproche n’est-il pas lerésultat d’une pétition de principe plutôt qu’une constatationde fait? Quoi qu’il en soit, il ne se concilie guèreavec ce que le rédacteur emprunte aux Mémoires deNéhémie sur la conduite du grand-prêtre Éliasib, xii, 4, 5. Voir Paralipomènes. Rien ne prouve que le rédacteurait tronqué ses sources; il est plus vraisemblable, au contraire, qu’il les a reproduites intégralement avecde simples modifications de forme. — 2° L’autorité divinedu livre de Néhémie, fondée sur la tradition juiveet chrétienne, n’a jamais été mise en contestation. Il aété longtemps réuni au premier livre d’Esdras et a étéinséré avec lui dans la Bible canonique. Il figure doncainsi dans toutes les listes anciennes des Livres Saints.Voir tv ii, col. 1933-1934.

VII. État t)u texte. — Le texte hébreu de ce livrenous est parvenu en assez mauvais état. Il est facile des’en rendre compte en comparant les documents quiont été reproduits en d’autres passages de la Bible.Cf. vii, 6-73, avec I Esd., ii, 1-70; xi, 3-20, avec I Par., ix, 3-17. Il n’est pas étonnant que de pareilles listes denoms propres et de chiffres aient été altérées par lescopistes. Kaulen, Einleitung, p. iii, a signalé quelquesfautes, v, 16; vi, 9; IX, 17; xii, 11. Voir Bôhme, Veberden Text des Bûches Nehemia, Stettin, 1871; R. Smend, Die Listen der Bûcher Ezra und Nehemia, Bâle, 1881, Aussi les commentateurs proposent-ils assez souvent descorrections du texte.

VIII. Commentaires. — Ils sont généralement lesmêmes que ceux du premier livre d’Esdras. Voir t. ii, col. 1943; cf. col. 1981. Nous complétons la liste précédemmentdressée. * V. Ryssel a réédité E. Bertheau, DieBûcher Ezra, Nehemia und Esther, Leipzig, 1887;

  • H. Guthe et L. W. Batlen, The books of Êzra and Nehemiah

(Bible en couleurs), Leipzig, 1901; *D.C. Siegfried, Ezra, Nehemia und Esther, Gœttingue, 1901; M. Seisenberger, Esdras, Nehemias und Esther, Vienne, 1901; * Bertholet, Die Bûcher Ezra und Nehemiah, Tubingue, 1902.

IX. Bibliographie. — F. Vigouroux, Manuel biblique, 11= édit., Paris, 1901, t. ii, p. 164-168; F. Kaulen, Einleitungindie heilige Schrift, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1890, p. 211-213; R. Cornely, Éistorica et criticaintroductio in libros V. T., Paris, 1887, t. ii, p. 351-370; C. Holzhey, Die Bûcher Ezra und Nehemia, Munich, 1902, p. 59-68; Nôldeke, Histoire littéraire de l’A. T.; trad. franc., Paris, 1873, p. 79-94; Cornill, Einleitungin das A. T., 3e et 4e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1896, p. 128-136; Driver, Einleitung in die Litteralur desalten Testaments, trad. Rothstein, Berlin, 1896, p. 576592. E. Mangenot.

    1. NÉHIEL##

NÉHIEL (hébreu: Ne’î'êl, «demeure de Dieu;» Septante: ’Ivar|X; Alexandrinus: ’Avi^X), ville d’Aser.Jos., xix, 27. Elle était située près de la frontière sudorientalede cette tribu à Khirbet ïanin, à l’est dePtolémaïde, au nord de Cabul, suivant les explorateursanglais. Armstrong, Wilson et Conder, Nantes andPlaces in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 136; Conder, Palestine, 1889, p. 259. D’autres placentNéhiel à Miar près du Khirbet Yanim. Voir lacarte d’ÀSER. Eusèbe et saint Jérôme. Onomasticon, édit. Larsow et Parthey, 1862, au mot Aniel, p. 42-43,

placent Néhiel au village de Baaoavaîa, Bxtoansea, oùse trouvent des eaux thermales, sur la montagne (duCarmel), à quinze milles de Césarée. Ce site, d’après lacarte de Van de Velde, convient au village moderne deBistan, près duquel se trouve la source d’Ain-Haud, dans le voisinage d’Athlit, à l’est. Cette identificationrepose peut-être seulement sur l’orthographe du nomdans les Septante, qu’Eusèbe a pu décomposer en’AïnEl, «source de Dieu» ou «source divine», et considérercomme signifiant une source thermale, douée de propriétésthérapeutiques.

A A

NEHILOT (Septante: ûjuip tr,; xXvipovonoijiis; Vulgate: pro ea qum hereditatem consequitur): ce nomqui ne se lit qu’au titre du Psaume v, désigne vraisemblablementles flûtes, comme hâlîl. La forme plurielleindiquerait peut-être la flûte double, à moins quece terme ne soit, comme nëgînôt appliqué aux instrumentsà cordes, l’appellation collective des a-jXoï; flûtes et hautbois. Voir Flûte, t. ii, col. 2291. Les Septanteet la Vulgate ont pensé dans leur traduction aupeuple d’Israël qui est l’héritage de Dieu, Deut., iv, 20; ix, 26; Ps. xxxvii, 9, et à l’Église. Act., xx, 28; Rom., vin, 17; Gal., iv, 26. J. Parisot.

    1. NEIGE##

NEIGE (hébreu: sélég; chaldéen: telag; Septante: X’wv; Vulgate: nix), eau qui ayant traversé, en tombantdes nuages, des régions d’une température inférieure à0°, s’est congelée sous forme de petit* cristaux étoiles, d’une blancheur éclatante. Ces cristaux, en s’accrochantles uns aux autres, composent de légers flocons dont levolume est d’autant plus considérable que la neige tombede plus haut. La neige fond dans les couches inférieuresde l’atmosphère, si la température y monte au-dessusde 0°. Sinon elle recouvre la terre d’une couche blanchequi fond plus ou moins rapidement suivant la températuredu sol ou de l’air. Sur les hauts sommets les neigessont éternelles, parce que la chaleur des rayons solairesn’est jamais assez élevée ni assez prolongée pour fondredes couches épaisses.

I. La neige en Palestine. — 1° Il y a des neiges perpétuellessur les montagnes du nord, dans le Liban, dont le nom signifie «blanc» à cause des’neiges qui lerecouvrent, et dont le plus haut sommet atteint3052 mètres; dans l’Anti-Liban, dont un sommet s’élèveà 2075 mètres, et plus au sud-est, dans l’Hermon, dontle point culminant est à 2800 mètres. De presque toutesles hauteurs de la Palestine on aperçoit les sommetsneigeux de l’Hermon. La neige tombe assez rarementdans le reste du pays. En Galilée, elle reste quelquefoisdeux ou trois jours avant de fondre complètement. AJérusalem, elle dure rarement plus de quelques heures.Elle est à peu près inconnue dans les plaines basses etdans la région méridionale. — 2° Les livres historiquesne font que deux fois mention d’une chute de neige.L’un des vaillants hommes de David, Banaias, tua unlion dans une citerne un jour de neige. II Reg., xxiii, 20; 1 Par., xi, 22. C’est sans doute aux traces du lionsur la neige qu’il avait reconnu sa présence dans laciterne. Sous Simon Machabée, le général syrien Tryphonse disposait à partir de nuit avec de la cavaleriepour aller dégager la garnison de Jérusalem, quand laneige se mit à tomber et l’empêcha d’exécuter son projet.I Mach., xiii, 22. — 3° Les écrivains sacrés fontplusieurs remarques sur le phénomène de la neige.C’est Dieu qui dit à la neige: Tombe sur la terre. Job, xxxvii, 6; Eccli., xliii, 14. Mais personne ne sait où ensont les amas. Job, xxxviii, 22. Elle tombe des cieux etn’y retourne pas. Is., LV, 10. Celle qui descend sur leLiban y reste. Jer., xviii, 14. Sa chute est comparée àcelle de la laine, Ps. cxlvii, 16, à celle de l’oiseau quise pose doucement à terre. Eccli., xliii, 19. À cause desa rareté relative, la neige est ainsi comparée à des

choses qui sont plus familières aux Hébreux. Elle seprécipite dans les torrents, surtout dans ceux quicourent sur le flanc des montagnes, Job, vi, 16, et lachaleur en absorbe les eaux. Job, xxiv, 19. La neige estinvitée, avec les autres météores, à louer le Seigneur.Ps. cxLViii, 8; Dan., iii, 70. La femme forte ne craintpas la neige pour sa maison, parce qu’elle a préparé sesvêtements en prévision du froid. Prov., xxxi, 21.

II. La neige dans les comparaisons. — 1° L’époquede la neige donne lieu au proverbe: La gloire sied àl’insensé comme la neige en été. Prov., xxvi, 1. — 2° Lafraicheur de la neige suggère cet autre proverbe: Unmessager fidèle est comme la fraîcheur de la neige aujour de la moisson. Prov., xxv, 13. Quand souffle le ventdu nord en Palestine, il apporte la fraîcheur que luiont communiquée les neiges du Liban et de l’Hermon.Il est plus probable cependant que le proverbe faitallusion à l’usage où étaient les anciens de mêler de laneige à leur boisson pour la rafraîchir. Cf. Xénophon, Memorab., II, i, 30; Pline, H. N., xix, 4. La chosen’était pas impraticable en Palestine, surtout au nord dupays. Cf. Rosenmûller, Das alte und neue Morgenl., Leipzig, 1818, t., ’iv, p. 149- — 3° C’est principalementà cause de sa blancheur éclatante que la neige sert determe de comparaison. Le psalmiste demande à Dieude devenir pur comme la neige, Ps. li (l), 9, et Job, ix, 30, parle même de se laver dans la neige pour serendre blanc comme elle. — La lèpre apparaît blanchecomme la neige sur la main de Moïse, Exod., iv, 6, surle corps de Marie, sa sœur, Num., xii, 10, et de Giézi, serviteur d’Elisée. IV Reg., v, 27. — La manne est comparéeà la neige et au givre. Sap., xvi, 22. — Des vêtementsblancs comme la neige sont attribués à l’anciendes jours, Dan., vii, 9, au Sauveur à sa transfiguration, Matlh., xvii, 2; Marc, IX, 2, et à l’ange de la résurrection.Matth., xxviii, 3. — Le personnage que voit saintJean dans sa vision a la tête et les cheveux blancscomme la neige, ce qui marque sa haute dignité, sonâge et sa sagesse. Apoc, i, 14. — Les princes de Jérusalemétaient plus éclatants que la neige. Lam., iv, 7.Enfin, il est dit au Psaume lxviii (lxvii), 15:

Quand te Tout-Puissant dispersa les rois en elle, Il neigea sur le Selmon.

Le Psaume fait allusion aux sorties triomphantes deJéhovah pour défendre son peuple, et les rois disperséssont probablement ceux du temps de Débora. Jud., v, 19. Le Selmon est une montagne peu importante, dansle voisinage de Sichem, Jud., ix, 48, par conséquent àpeu près au centre de la Palestine. On n’est pas d’accordsur le vrai sens de la comparaison employée par le Psalmiste.La neige sur le Selmon pourrait représenter lagloire et la joie de la victoire, l’éclat des armes et dubutin, les ossem*nts blanchis des vaincus, etc. Cf. Fr.Delitzsch, Die Psalmen, Leipzig, 1873, t. i, p. 471, 472.

H. Lesêtre.

    1. NEMRA##

NEMRA (hébreu: Nimràh; Septante: Na(j.pà), nom, dans les Nombres, xxxii, 3, d’une ville de la tribu deGad, qui est appelée ailleurs, sous sa forme complète, Bethnemra. Voir t. i, col. 1697.

    1. NEMRIM##

NEMRIM (EAUX DE) (hébreu: Mê-Nimrîm, «eauxlimpides ou salutaires,» d’après Gesenius, Thésaurus, p. 195, au mot Bêt-Nimrâh; d’après Bochart etautres: «eaux des Nemêrim ou des panthères;» Septante: tô ôScop Trjî Neu.ï|pe! [i; Alexandrinus: Ne[tps£[i, dans Is., xv, 6; io ûSo p Ne6petv; Alexandrinus: ’E6pt’[i, dans Jer., xlviii, 34), eaux du pays de Moab, mentionnées dans les deux passages cités d’Isaïe et deJérémie.

J. Nom. — Le mot maim, mê à l’état construit, indiquesouvent dans la Bible, un cours d’eau: ainsi Is., m, 8 et 13, mê hay-Vardèn, «les eaux» pour «le

fleuve du Jourdain»; Is., viii, 6, mê has-Bilôafy, «leseaux» pour «le ruisseau de Siloé». Parfois, il sembleplutôt désigner un réservoir d’eau soit naturel, comme «les eaux de Mérom», mêMérôm, Jos., xi, 5 et 7, pour «le lac Mérom», «les eaux de Gennésar,» tôviSwp toïï Tewrimip, I Mach., xi, 67, pour <c le lac Génézareth»; soit artificiel, comme «les eaux de Dibon», mê Dîmôn, Is., xv, 9, pour «les piscines et les citernesde Dibon» et, probablement s les eaux de Gihon», mêmeGihôn, II Par., xxxii, 30, pour «le réservoir deGihon». Il paraît encore signifier «une région arrosée» ou «marécageuse»: ainsi «les eaux deMageddo», «iëMegiddô, Jud., v, 19, "pour «le territoire mouillé parles cours d’eau de Maggedo»; «les eaux de Maserephat,» Misrefôt maîm, Jor., xi, 8, pour «le territoirearrosé de Maserephoth». C’est cette dernière significationqu’il semble avoir, Is., xv, 6, et Jer., xlviii, 34. —Bien que les prophètes ne le disent pas expressément, il n’est pas douteux que le nom de Nemrin n’ait étéportée par une ville ou bourgade établie sur le territoireauquel la prophétie fait allusion et que celle-ci nes’adresse pas à la fois à l’un et à l’autre.

Les «eaux de Nemrim» désignent celles de la rivière appeléeaujourd’hui Nemeirâ qui se jette dans la mer Morteau sud-est (voir Moab, col. 1151, et carte, col. 1145), et non celles de l’ouadi Nimrim, qui se jettent dans leJourdain après avoir arrosé Bethnemra. Voir la cartede Moab, col. 1145, et la carte du Jourdain, t. iii, col. 1726. Isaïe, xv, 6, dans sa prophétie contre Moab, prédit que les eaux de Nemrim tariront et que le gazonet la verdure qu’elles entretenaient seront desséchés.Jérémie, xlviii, 34, annonce également le dessèchementdes eaux de Nemrim. Les deux prophètes placent leseaux du Nemrim dans le voisinage de Ségor, par conséquentau sud-est de la mer Morte, et on ne peut les confondreavec celles de l’ouadi Nimrin qui sont au nordde cette mer.

II. Identification et description. — Les prophétiesd’Isaïe et de Jérémie, où Nemrim est nommée, regardentexclusivement Moab et les villes de Moab, il ne peut yavoir le moindre doute que cette localité et son territoiren’appartiennent eux-mêmes au pays de Moab. Maisde quel Nemrim s’agit-il? car on trouve dans l’ancienneMoabitide deux localités auxquelles convient ce nom: l’une à l’extrême nord connue autrefois sous le nomde Bethnemra et Nemra, Num., xxxii, 36, et Is., xiii, 26, aujourd’hui telLNimrin sur l’ouadi Nimrin et l’autrepresque à l’extrême sud et au-dessous de Kérak, l’ancienKir-Moab, appelé Khirbet-Nemeirâ, à l’embouchure deVouâdi Nemeirâ. Dans les deux endroits l’eau est abondanteet dans les deux on signale la présence du léopardou du guépard et de la panthère. — Le courantd’eau qui arrose le tell-Nimrîm (fig. 429) prend sonorigine près du Sait, la capitale du Belqa, au cœur desmontagnes de Galaad méridional. La source est abondanteet forme immédiatement un ruisseau qui bientôtest grossi par une multitude d’autres petit* courants.La rivière, sur un parcours de six à sept kilomètres, arrosede nombreux vergers d’arbres fruitiers plantés surses rives et fait tourner plusieurs moulins. Il en est demême de plusieurs de ses affluents. En approchant duGhô/Tixle courant devient plus rapide, mais il n’arroseplus qu’une double haie de lauriers-roses. Au delà d’unegorge étroite, située entre des rochers à pic, à traverslaquelle la rivière se précipite en grondant, la vallées’élargit pour laisser son courant pénétrer dans la plainedu Jourdain. Appelé jusqu’ici, l’espace de vingt-cinqkilomètres environ, ouâdi Sa’îb, du nom donné par lesArabes au beau-père de Moïse, il prend dorénavant surle territoire du tell-Nimrîm, et jusqu’au Jourdain où ilse jette, dix kilomètres plus loin, le nom de nahar-Nemrîmet son lit celui A’ouâdi Nimrim. Les bédouins’Adouin qui occupent ces régions utilisent ces eaux

pour arroser quelques oliviers et les champs de blé oude doura, dont ils ensemeftcent toute la région. Les seder(Zizyphus Spina Christi), les Zaqqûm (Eleagnus angustifolius), et les oser [sclepias gigantea), arbustesspontanés du sol, en bénéficient en même temps. Jadiselles devaient entretenir de superbes plantations depalmes et d’arbres fruitiers de toutes espèces, car le territoirede Nimrin pouvait Se prêter aux cultures les plusvariées et les plus riches. Plusieurs palestinologues ontpensé que les allusions d’Isaïe convenaient admirablementà ce quartier dans lequel on pourrait entretenirune verdure perpétuelle. Voir Robinson, Biblical Besearchesin Palestine, Boston, 1842, t. H, p. 249; Socin-Bædeker; Palestine et Syrie, Leipzig, 1882, p. 411; Armstrong, Wilson et Conder, Names and Places in theOld Testament, Londres, 1887, p. 134; Bethnehra, t. i,

en-Nemeirâ et plus haut un troisième édifice carré, mais de moindres dimensions. Bien uue Vouddi Nemeiràet le Ghôr Jie puissent être comparés pour! a fertilitéà Vouddi Sa’îb ou Niwim, ils sont cependant supérieurssous ce rapport à Ja plupart des vallées quis’ouvrent sur la mer Morte. — En nommant Nemrimavec Segor, Luith, et entre Oronaïm et Gallim, villesqui paraissent toutes appartenir à Moab méridional, ilsemble bien que le prophète Isaïe la place dans lamême partie. Jérérûie est peut-être plus catégoriqueencore. En l’unissant à Ségor et à Oronaïm il paraît lamettre en opposition avec le groupe certainement situéau nord formé par Hésébon, Éléajéh, et Jassa. Eusèbeet saint Jérôme voient aussi la Nemerwi (Eusèbe: Neëïipeffi) dont parlent Isaïe dans la vision contreMoab, et Jérémie, dans le «bourg appelé Bennamarin

429. — Ouadi Nemrin. D’après une photographie de M. L. Heidet.

col. 1697. — Toutefois la plupart des explorateurs inclinentplutôt à reconnaître le territoire et la ville dontparlent les prophètes dans Vouddi-Nemeirâ et des ruinessituées à l’issue de la vallée et désignées du nom deKhirbeten-Nemeird. Cette vallée commence, sous levillage des Dja’afar, à quinze kilomètres au sud du Kérak.Le Djebelrel-Khanâzir, «la montagne des sangliers», la domine au sud. Elle suit la direction dunord-ouest. La rivière qui la baigne est abondante, nontoutefois comne le nahar Nimrin, et son parcoursn’atteint pas vingt kilomètres. La région qu’elle arrose, belle et fertile dans sa partie orientale, devient plus rocheuseet plus stérile en se rapprochant de la merMorte. À l’issue des montagnes, la rivière se divise enplusieurs branches. La bande de terrain qu’elle traverseest de plus d’un kilomètre et est connue sous le nomde ghôr ou saffel-Nemeirâ. Parmi les mimosas dont laplaine est recouverte, on heurte à chaque pas des débrisde constructions. On remarque spécialement, au sud dela rivière, un tertre couvert de ruines et, dans son voisinage, un édifice carré de six mètres de côté, bâti avecde grandes pierres. Plus loin, est un autre mamelonégalement couvert de décombres et au nord de la rivièreparmi les débris, on rencontre un second édifice carré’flanqué de quatre tours à ses angles et appelé Bordj

(Br, vva[jiape: (ji), situé au nord de 20ara», la Ségor dela Bible. Onomasticon, édit. Larsow et Parthey, Berlin, 1862, p. 298 et 299. Ségor ou Zoara est constammentindiquée par les anciens à l’extrémité sud-est de la merMorte. Voir Ségor. Vouddi Nemeirâ, est distant à sonembouchure de six kilomètres seulement de ce point.La ruine dont il a été parlé paraît occuper le site de laBennamarim de YOnomasticon dont le nom est sansdoute une transcription pour Beth-Nemêrim, et dontl’identité étymologique avec Nemeirâ est incontestable.Voir F. de Saulcy, Voyage autour de la mer Morte, t. l, p. 281-289; Tristram, Bible places, p. 353; E. H. Palmer, The désert of the Exodus, 1871, t. ii, p. 465.

L. HEtDBT.

    1. NEMROD##

NEMROD (hébreu: Ninirôd; Septante: Negp6), nom d’un descendant de Chus (asiatique) fils de Cham, présenté dans Genèse, x, 8-12, comme fondateur de l’empirebabylonien, chasseur puissant devant Jéhovah — cequi peut s’entendre au sens littéral, les rois babylonienset assyriens ayant été de grands destructeurs de fauves, ou dans le sens métaphorique, chasseur d’hommes, conquérant, le terme hébreu gib’oôr ayant communémentle sens de «héros, vaillant homme de guerre».

Ce nom n’a pas encore été découvert dans les textescunéiformes: les identifications proposées renferment

toujours une grande part de conjectures. Une ancienneliste babylonienne des «rois qui ont régné après ledéluge» incomplète et sans chronologie, il est vrai, omet Nemrod. Cuneiform Inscriptions of the WesternAsia, t. v, pi. XLlv, 1. 20 c. Les textes et la glyptiqueassyro-babylonienne mentionnent et représentent souventun héros dont le nom, écrit en caractères idéographiquesGis-dwhar, doit se lire Gilgamès: il appartientà l’époque primitive, presque à l’époque du déluge, c’està la fois un prince puissant, qui dompte Éa-bani, l’hommeà face de taureau, et en fait son compagnon, puis triomphedu tyran Humbaba, et égorge un monstre envoyécontre lui par Anu et IStar; comme le Nemrod biblique, il règne aussi sur la ville d’Érech: mais les textes nedisent pas qu’il ait régné sur les autres villes de latétrapole du Sennaar, Babylone, Achad et Chaîné. Tousces détails sont empruntés au poème babylonien nommécommunément l’épopée de Gilgamès. La figure colossalede ce héros (fig. 430) ornait l’entrée des palais assyriens, à côté des nirgal-i et des qirubi, lions et taureaux ailésà face humaine: on le retrouve également sur un granpnombre de cylindres-cachets babyloniens fort anciens, tels que le sceau de Sargon l’ancien (voir t. i, fig. 18, (col. 125. On le représentait portant une barbe et unechevelure longues et soigneusem*nt frisées, luttantcontre le taureau de la déesse IStar, ou bien tenant à lamain droite une massue, et enserrant et étouffant dubras gauche un lionceau. — La difficulté devient plusgrande quand on tente de rapprocher les deux noms, Nemrod et Gilgamès. Frd. Delitzsch et Hommel ontessayé de donner aux caractères idéographiques, lalecture Namra-udduou Nami-atsit, lumière de l’Orient, mais c’est une lecture purement conjecturale, et rienne prouve que le composé idéographique se soit jamaislu autrement que Gilgamès. P. Haupt essaie d’arriver àl’identification en se basant sur un détail donné par l’épopéebabylonienne: après sa victoire sur le taureau d’Anu, le héros en consacra les cornes, pour servir de coupesà libations, au dieu de Marad, soit qu’il fût lui-mêmeoriginaire de cette ville, soit que le Dieu de Marad aitété sa divinité protectrice: Nemrod serait donc un surnomsignifiant: le (héros) de la ville de Marad. Malheureusem*ntles noms ethniques ou les appellations d’originene se forment pas par le préfixe N, mais par ladésinence aa, etc. Delitzsch propose de lire nu-Marad, le héros de Marad. Quant à la ville elle-même, aprèsG. Smith, il l’identifie avec la localité de Ptolémée’AjjLopSoxaîa, au sud de Borsippa: Wo lag das Paradies, p. 220.

M. Sayce avait tenté d’assimiler Nemrod au roi kassiteNazi-Murutasjlaressemblance onomastique est loind’être frappante; de plus les conditions historiques detemps et de situation sont totalement différentes: Nazi-Murulasappartenait à la troisième dynastie de Babyloneet fut vaincu par le monarque assyrien Ramman-nirarivers l’an 1330. T. Pinches, dans le Dictionary of theBible, de Hastings, t. iii, p. 552, s’est rallié à l’opinionde J. Grivel, qui confondait Nemrod avec Mardok, legrand dieu babylonien, dont il lisait le nom Amar-utou Amar-utuk, forme accadienne sémilisée dans la Bible, par l’adjonction du N préfixe. Cela est purement conjectural.Tout ce qu’on peut alléguer, c’est que Mardouk estreprésenté comme le roi du panthéon babylonien, etcomme un guerrier qui triomphe de la déesse du chaosTihamât; il est aussi le protecteur sinon le fondateur deBabylone: mais cela ne peut suffire pour identifier lesdeux personnages.

La notice hébraïque ajoute une seconde partie àl’histoire de Nemrod: elle nous apprend qu’après avoirétabli son empire sur la tétrapole du Sennaar, Babylone, Arach, Achad, Chaîné, il gagna l’Assyrie, où il fondaaussi Ninive, Rehoboth-’Ir, Calach et Résen. À la véritéon peut expliquer cette phrase d’une tout autre

façon, comme fait la Vulgate, en prenant Assur noncomme une appellation géographique, mais pour unnom personnel ou ethnique, et traduire: «de (Sennaai")sortitAssur qui bâtit Ninive, etc.» Quelle que soit latraduction admise, nous y apprenons un fait reconnucomme exact par la science assyriologique, que l’Assyriefut à l’origine une colonie babylonienne, que son em430. — Gilgamès étouffant un lion. Bas-relief de Ninive.Musée du Louvre.

pire fut fondé par Nemrod, qui représente ici la puissanceet la civilisation chaldéenne. Langue, écriture, science, religion, beaux-arts, etc., l’Assyrie n’eut rien enpropre, tout lui vint de la Babylonie. De temps entemps elle secoua la prépondérance politique de Babylone, elle soumit même sa métropole sous ses derniersrois, mais elle finit par succomber elle-même sous lescoups d’un nouvel empire babylonien. Voir Assyrie, Ninive, Babylone, et les autres noms des villes assyriennes.

Le récit biblique donna naissance à quantité de

légendes orientales, ainsi qu’à l’explication de son nompar la racine hébraïque Marad, «se révolter.» Il seraitl’instigateur de la construction de la tour de Babel etl’auteur de l’idolâtrie babylonienne: Abraham, ayantrefusé d’adorer son idole, aurait été jeté par lui dansuae fournaise ardente, d’où il serait sorti sain et sauf: la Vulgate fait allusion à cette légende quand elle traduitqu’Abraham a été tiré par Dieu de igné Chaldœorum, II Esd., IX, 7, au lieu de «tiré de (la ville)d’Ur des Chaldéens». Sa renommée de grand constructeurlui a fait attribuer toutes les ruines importantes deMésopotamie, Birs-Nimrud, à Borsippa, Tell-Nimrud, près de Bagdad, Nimrud, les ruines de l’ancienne villede Calach sur le Tigre, etc. Il semble même qu’on retrouvece nom jusqu’en Egypte et en Lybie; l’un desancêtres de Sésac I er de la XXIIe dynastie, se nommeNamratu. S. Birch, dans les Records of the past, I re série, t. XII, p. 93.

Biliographie. — J. Grivel, dans les Transactions ofthe Society of biblical Archselogy, 1874, t. iii, p. 136144; Smith-Delitzsch, Chaldàische Genesis, Leipzig, 1876, p. 154 sq.; 311-312; Schrader-Whitehouse, Thecuneiform Inscriptions and the Old Testament, 1885, t. i, p. 75; t. ii, 1888, p. ix, 296; Vigouroux, La Bibleet les découvertes modernes, 6e éd., t, i, p. 344 sq.; 344 sq.; Proceedings of the Society of biblicalArchseology, t. xv, p. 291-300; t. xvi, p. 13-15; P. Jensen, Mythen und Epos, dans Keilinschriftliche Bibliothek, t. vi, p. 116; Pinches, dans Hastings, À dictionaryof the Bible, t. iii, p. 552; Maspero, Histoire anciennedes peuples de l’Orient, 1904, p. 182-184, 419, 480; G. Rawlinson, The five great monarchies, 1879,

t. i, p. 18, 118, 153, 175.

E. Pannier.

    1. NÉNUPHAR##

NÉNUPHAR, nom donné à plusieurs plantes de lafamille des Nymphéacées. Voir Lotus, col. 367.

    1. NÉOCORE##

NÉOCORE (grec: vewxo’po; ; Vulgate: cultrix). Legramrriate de la ville d’Éphèse donne à cette ville le titre

431. — Monnaie du néocorat d’Artémis à Éphèse.AAPIANOC KAICAP OAÏÏktniOC. Buste d’Adrien à droite, Uroré.^. E*ECI£2N. Temple octostyle avec la statue d’Artémis. O.IC-NE2K0PQN.

de néocore de la grande Diane (Artémis).Act., xix, 35. Cemot signifie étymologiquement celui qui est chargé denettoyer et d’entretenir le temple. Il désignait à l’originedes officiers subalternes du temple. Euripide, Ion, ꝟ. 116, 794. Leurs fonctions devinrent par la suite plusimportantes, ils furent les véritables administrateursdes sanctuaires. E. Beurlier, art. Néocore, dans le Dictionnairedes antiquités grecques et romaines, de Saglio, fasc. 36, Paris 1904, p. 55-56. C’est alors que lenéocorat désigna d’une manière générale l’acte de rendreun culte à une divinité. Platon, Leg., vi, p. 759 a; Plutarque, De Iside et Osiride, 2, l’emploient dans ce sens.Josèphe, Bell, jud., V, ix, dit de même que les Juifsétaient néocores du vrai Dieu. Le texte des Actes desApôtres est le plus ancien qui donne ce titre à une ville.Ce n’est qu’au ne et au me siècle qu’on le trouve sur

les monnaies et sur les inscriptions. Il s’applique presquetoujours au culte des empereurs, cependant certainesvilles s’appellent néocores de divinités locales, de Jupiter, d’Artémis, etc. Lebas et Waddington, Inscriptionsd’Asie Mineure, t. iii, n. 669, 674, 988; Mipnet, Descriptiondes médailles, suppl., t. v, n. 247; t. iii, n. 89. Laville d’Éphèse en particulier porte dans les inscriptionsle titre de v£>xdpoç’Aprsu.t50; , néocore d’Artémis ouDiane. Wood, Discoveries al Ephesus, in-8°, Londres, 1877, Appendice vi, n. 6, p. 50-52. Les médailles (fig. 431)donnent à Éphèse le même titre. Revue numismatique, 1859, p. 305, pi. xii, ii, 4; Mionnet, Supplément, t. vi, n. 524. Cf. G. Buchner, De neocoria, 148, Gissæ 1888, E. Beurlier, Le culte impérial, in-8°, Paris, 1890, p. 239.

E. Beurlier.

    1. NÉOMÉNIE##

NÉOMÉNIE (hébreu: hôdéS, r’ôS ha-hôdéS; Septante: veou, Y|vïa, vo-ju.ï]vfa; Vulgate: neomenia, calendœ), premier jour du mois chez les Hébreux. Le mot hôdèssignifie «nouveau, nouvelle lune» et «mois» commençantà la nouvelle lune: r’ôs hd-hôdéë signifie «commencementdu mois».

I. La célébration religieuse. — 1° Par une premièreloi, Moïse ordonne de sonner des trompettes aux néoménies, comme en le faisait aux jours de fêtes, pendantl’offrande des holocaustes et des sacrifices d’action degrâces. Num., x, 10. Le son de la trompette était caractéristiquede la néoménie, si bien que la néoménie solennelledu septième mois en prenait le nom de «fête desTrompettes». Lev., xxiii, 24; Num., xxix, 1. «Sonnezde la trompette à la nouvelle lune,» chantait un psalmiste.Ps. lxxxi (lxxx), 4. — 2° Des sacrifices particuliersdevaient être offerts au Temple à chaque néoménie: deux jeunes taureaux, un bélier et sept agneaux d’unan, en holocauste, avec les offrandes habituelles de farinepétrie à l’huile et les libations de vin; on ajoutait, en sacrifice d’expiation, un bouc et des libations. Num., xxviii, 11-15. C’était le même nombre de victimes quedans l’octave de la Pâque et à la Pentecôte. Quand lanéoménie tombait un jour de sabbat, ses victimes s’ajoutaientà celles des sabbats ordinaires. Elles s’ajoutaientégalement aux victimes spécialement prescrites pour lagrande néoménie du septième mois. Num., xxix, 6. —3° Les Hébreux furent fidèles à offrir, les sacrifices desnéoménies. Salomon les avait en vue quand il se proposad’élever le Temple, II Par., ii, 4, et il ne manquapas deles offrir quand l’édifice fut consacré. II Par., viii, 13. Ézéchias fournissait des victimes pour ces holocaustes.II Par., xxxi, 3. On rappelait aux prêtres et aux lévitesle devoir qui leur incombait au sujet des néoménies.I Par., xxiii, 31. La célébration de ces sacrifices futrétablie après la captivité, I Esd., iii, 5; H Esd., x, 33, et on les continua jusqu’à la ruine définitive duTemple. Cf. Josèphe, Ant. jud., III, x, 1. — 4° Commetoutes les autres solennités d’Israël, les néoméniescessèrent de plaire au Seigneur, à cause de l’espritavec lequel on les célébrait. Is., i, 13; Ose., ii, 11. Leprophète annonce qu’après la restauration messianique, «à chaque nouvelle lune et à chaque sabbat, toute chairviendra se prosterner devant Jéhovah,» Is., lxvi, 23, c’est-à-dire qu’il y aura alors des solennités qui remplacerontles néoménies et les sabbats, et auxquellestoute l’humanité sera conviée. Dans sa description duTemple restauré, Ézéchiel, xlvi, 1, prédit aussi quela porte orientale du parvis intérieur, fermée les joursordinaires, sera ouverte les jours de sabbat et de néoménie, pour que le prince vienne offrir son holocauste. —5° Hors du Temple, il y eut un service religieux dansles synagogues à l’occasion des néoménies. Aux prièresaccoutumées, on en ajoutait de spéciales à ce jour, etquatre lecteurs étaient désignés pour lire des passagesde la Loi, mais sans lecture de prophéties. Cf. Megilla, iv, 2. Dès les anciens temps, on s’était appliqué à solenniserla néoménie par quelque exercice religieux. Quand

la Sunamite parle d’aller trouver le prophète Elisée, sonmari s’en étonne en disant: «Ce n’est pourtant ni lanouvelle lune ni le sabbat.» IV Reg., iv, 23. On se rendait donc ces jours-là près du prophète pour entendreparler de Dieu et de sa loi.

II. La célébration civile. — 1° La néoménie était considérée comme une fête, mais elle n’entraînait pas l’obligation d’un repos rigoureux. Il est nommément prescritde ne faire aucune œuvre servile à la néoménie duseptième mois. Num., xxix, 1. Ces œuvres n'étaientdonc pas défendues aux autres néoménies. Néanmoinson s’abstenait généralement des plus considérables. Legros commerce était suspendu. «Quand la néoméniesera-t-elle passée, pour que nous vendions du blé?» disaient les accapareurs du temps d’Amos, viii, 5.C'étaient surtout les femmes que l’on exemptait de touttravail ce jour-là. Par cette exemption on prétendait rappeler le souvenir des femmes qui avaient livré leursanneaux d’or à Aaron pour la fabrication du veau d’or.Exod., xxxii, 2, 3. De diverses indications du texte sacré, Exod., xix, 1, 16; xxiv, 18, on conclut que la livraisondes anneaux se fit à peu près à l'époque de la néoménie.Cf. Iken, Antiquitates hebraicm, Brème, 1741, p. 304, —2° Le jour de la néoménie, on se livrait à la joie et auxfestins. Il y avait réception à cette occasion à la cour deSaûl. I Reg., xx, 5, 18, 24. Judith, viii, 6, s’abstenait dejeûner aux néoménies. Ces jours étaient si bien connuscomme jours de fête pour les Juifs que, pour se concilier leur amitié, le roi Démétrius I er leur promettaitd'ériger les sabbats, les néoménies et les solennités enjours d’immunité et de franchise. I Mach., x, 34. — 3° LesJuifs de la dispersion célébraient les néoménies commeon le faisait en Palestine, hors de Jérusalem, par deslectures de la Loi dans les synagogues, cf. MischnaMêgilla, iii, 5, 6; iv, 2, et par des réjouissances. Horace, Sat, , I, ix, 69, et Commodien, Inslr., i, 40, 3, parlentdes tricesima sabbata des Juifs, qui ne sont autre choseque les néoménies. Cf. Schûrer, Geschichte des jùdischenVolkes im Zeit J, C, Leipzig, t. iii, 1898, p. 95.

III. Raison de l’institution des néoménies. — 1° Quelques auteurs, à la suite de Maimonide, More Nebouchim, iii, 46, ont pensé que les néoménies furent instituées en opposition avec le culte qui était rendu à lanouvelle lune par certains peuples, et particulièrementpar les Égyptiens. Cf. Spencer, De leg. Hebrssor., Cambridge, 1685, iii, 4, p. 1045; J. D. Michælis, MosaischesRecht, Francfort-s.-M., 1775, t. iv, p. 170. La lune étaitl’objet d’un culte en Egypte, en Syrie, en Chaldée, etc.Voir Lune, col. 420. Mais il n’apparaît nulle part que ceculte ait été rendu à la lune précisément à l'époque oùelle devient invisible. Rien d’ailleurs, ni dans les textessacrés ni dans la tradition juive, ne permet d'établir unerelation positive entre la néoménie et une oppositionquelconque à des cultes lunaires. — 2° L’institution desnéoménies s’explique simplement par la nature ducalendrier en usage chez les Hébreux. Les mois étaientlunaires. C’est donc le cours de la lune qui réglait lavie religieuse et la vie civile. Is., lxvi, 23. La mêmedivision du temps faisait que les Germains fixaient leursassemblées à la nouvelle lune ou à la pleine lune, commeà des jours favorables, Tacite, Mor. Gerni., 11, et queles Romains célébraient par des festins les calendes, lesides et les nones. Aulu-Gelle, Nocl. Attic., H, 24. Dèslors il était naturel qu’au début de chaque mois la penséedes Israélites fût ramenée à Dieu par des holocaustesqui rendaient hommage à son souverain domaine, parun sacrifice d’expiation qui reconstituait la nation enétat de pureté légale devant Dieu, et par des réjouissancesqui étaient une forme de la reconnaissance pour les bienfaits reçus. — 3° Bien que la néoménie ne fût pas à proprement parler une fête, puisqu’elle n’est pas inscriteau catalogue des fêtes, Lev., xxiii, 2-43, mais qu’elle estseulement indiquée comme occasion de sacrifices, l’usage

s’en perpétua parmi les Juifs et les judaïsants que saintPaul trouva en face de lui en Asie-Mineure. Aux Galates, iv, 10, il reproche des observances de jours, de mois, desaisons et d’années, toutes choses qui se rattachaient aujudaïsme, et n’avaient plus de raison d'être dans la religion nouvelle, alors surtout que les sacrifices mosaïquesconstituaient le fond essentiel de la néoménie. AuxColossiens, ii, 16, il recommande de ne pas se laisserjuger et inquiéter au sujet des fêtes, des néoménies etdes sabbats. Peut-être les néoménies étaient-elles rattachées par les hérétiques au culte asiatique du dieu Lunus.Voir Lune, col. 420. À la fin du vu" siècle, le concilein Trullo, can. 62, croit encore devoir prohiber lesfêtes des calendes, dont l’usage s'était conservé en certains pays. Cf. Héfélé, Uist. des Conciles, trad. Delarc, Paris, 1870, t. iv, p. 219.

I V. Fixation de la néoménie, — 1° Il était très important pour les Hébreux de fixer le premier jour de lalune, parce que de ce jonr dépendait la date de fêtessolennelles. Ainsi la Pâque se célébrait le quinzièmejour de nisan et la Pentecôte dépendait d’elle; la fête del’Expiation tombait le dixième jour du septième mois etla fête des Tabernacles cinq jours après, etc. Pour qu’ily eût uniformité dans la célébration des fêtes, il étaitdonc indispensable que le premier jour de la lune et dumois fût indiqué officiellement. — 2° Comme la révolution de la lune dure 29 jours, 12 heures et 44 minutes, les phases ne se reproduisent jamais après un cycle entier de jours. Les anciens Hébreux étaient incapables dedéterminer l’apparition de la nouvelle lune par le calculastronomique. Ils procédaient donc empiriquement.Voici comment se passaient les choses à l'époque destraditions consignées dans la Mischna, par conséquentencore du temps de Notre-Seigneur. Le trentième jourde la lune, des membres du sanhédrin se tenaient dansun endroit déterminé depuis le matin jusqu’au sacrificedu soir, attendant les témoins qui auraient pu découvrir la nouvelle lune la veille au soir. C’est en effet ausoir du vingt-neuvième jour qu’on pouvait commencer àl’observer, si les conditions atmosphériques étaient favorables, et si la nouvelle révolution lunaire datait déjàd’un nombre d’heures suffisant pour que le croissantpût être aperçu. Quand deux témoins capables et sérieuxattestaient l’avoir vii, le président du sanhédrin s'écriait: meqûddos, «consacré;» le peuple répétait deux fois l’exclamation, et, si la journée n'était pas trop avancée, onoffrait les sacrifices et on célébrait la néoménie. Si, aucontraire, le trentième jour les témoins faisaient défaut, ou n'étaient pas dignes de foi, ou arrivaient trop tard, c’est à la journée du lendemain que la néoménie étaitfixée de droit, sans qu’il fût besoin d’autre constatation.Les Assyriens attachaient eux aussi une grande importance à la constatation de la disparition ou de la réapparition de la lune, à la fin du mois, et leurs observatoires s’en occupaient avec soin. Les néoménies et lespleines lunes étaient l’occasion de fêtes à Babylone, cequi explique l’absence d’une fête annuelle en l’honneurdu dieu Lune. Cf. Lagrange, Études sur les religionssémitiques, Paris, 1905, p. 291. Macrobe, Saturnal., I, 15, parlant des institutions religieuses de l’ancienneRome, raconte également que, «dans les anciens temps, un pontife subalterne était chargé d’observer l’apparition de la nouvelle lune et d’informer le grand sacrificateur quand il l’avait vue.» — 3° Quand le jour dela néoménie était fixé à Jérusalem, on le faisait connaître au reste du pays au moyen de grands feux alluméssur les hauteurs, ou de torches fixées à l’extrémité delongues perches. Rosch-Ilasschana, fol. 22, 23. De lamontagne des Oliviers, on correspondait ainsi avec lemont Sartabéh, à peu près à quarante kilomètres à vold’oiseau, sur les bords du Jourdain, au nord-est de Jérusalem. Cette hauteur n’a que 379 mètres au-dessus de lamer, et 679 au-dessus de la plaine du Jourdain; mais la

vue qu’on a du sommet est des plus étendues, et l’oncomprend que ce point ait été choisi, comme le rapportele Talmud, pour transmettre les signaux des néoménies.Cf. Revue biblique, 1895, p. 615. Trois autres hauteursservaient à constater l’apparition de la nouvelle lune, les monts Gerophna, Chavran et Baltin. Mais on n’enconnaît pas l’emplacement; on ignore même s’ils setrouvaient tous en Palestine. Cf. Reland, Palxstina illustrata, Utrecht, 1714, 1. 1, p.346. Lorsque les Samaritains, pour tromper les Juifs, se furent mis à faire de fauxsignaux, il fallut prendre un autre moyen pour notifierles néoménies. On expédiait des courriers dans les provinces. Cf. Rosch Hasschana, II, 2, 4; Gem. Betza, 4, 2. Mais comme ceux-ci avaient peine à arriver à tempsdans les endroits éloignés, on se résignait, dans beaucoup de localités, à célébrer deux jours de néoménie, afin de se trouver d’accord avec Jérusalem. Le secondjour n'était pourtant pas considéré comme aussi saintque le premier. On a cru trouver dansl Reg., xx, 24-27, l’indice d’une célébration de la néoménie pendant deuxjours. De la double célébration de la néoménie de nisanserait dérivé, conjeclure-t-on, l’usage de consacrer deuxjours à la célébration de la Pâque, afin que cette fêtecoïncidât toujours avec le quinzième jour de la lune.Cf. A. Zanolini, De fest. et sect. Judœor., 1, 2, dans leTheol. curs. compl. de Migne, Paris, 1842, t. xrvi, col.24. Les divergences ou les incertitudes qui se présentaient fatalement avec ce système n’avaient pas grandeimportance. C'était seulement à Jérusalem qu’on offraitles sacrifices; puis, s’il y avait erreur d’un jour pour lanéoménie, on avait tout le temps d'être renseigné avantle jour où une solennité devait être célébrée, s’il entombait quelqu’une dans le mois. Cf. Iken, Antiquitateshebraicee, p. 131, 132; Reland, Antiquitates sacrée, Utrecht, 1741, p. 256; Munk, Palestine, Paris, 1881, p.183; Schûrer, Geschichte des jûdischen Volkes im ZeitJ. C., t. i, 1901, p. 750. Plus tard, bien postérieusem*ntà l'ère chrétienne, les rabbins se servirent du calculastronomique pour fixer les néoménies; mais les Caraïtess’en tinrent toujours à la méthode empirique.

H. Lesêtre.

    1. NÉOPHYTE##

NÉOPHYTE (Grec: veôçutoç; Vulgate: neophytus), celui qui est nouvellement planté dans la foi. — Lemot est emprunté aux Septante, qui l’emploient pourtraduire néta', «jeune plant,» vedçmov, cum primumplantatum est. Job, xiv, 9; Ps. cxliii, 12; Is., v, 7, etc.La foi et la vie chrétienne sont comparées à une plantation. Matth., xv, 13; I Cor., iii, 6. Le chrétien est enraciné dans le Seigneur Jésus, Col., ii, 7; il participeà sa racine et à sa sève divines. Rom., xi, 17. Il estdonc naturel d’appeler néophyte ou jeune plant celuiqui n’est entré dans la vie chrétienne que depnis peude temps. — Saint Paul ne veut pas qu’on élève un néophyte aux dignités ecclésiastiques, de peur que, peuaffermi encore dans la vertu, il ne cède à l’orgueil.etn’encoure condamnation. I Tim., iii, 6. C’est le seulpassage de l'Écriture où se lise le mot «néophyte».

H. Lesêtre.

    1. NÉPHATH-DOR##

NÉPHATH-DOR, la ville de Dor, aujourd’hui Tantourah. Voir Dor, t. ii, col. 1487.

    1. NÉPHEG##

NÉPHEG (hébreu: Néfég), nom de deux Israélites.

1. NÉPHEG (Septante: Naçlx), second fils d’Isaar, frère de Coré, de la tribu de Lévi. Exod., vi, 21.

2. NÉPHEG (Septante: Not<p61, II Reg., v, 15; Par., m, 7; Naiiô, I Par., xiv, 6), fils de David, né à Jérusalem. On ne connaît de lui que le nom. II Reg., v, 15; I Par., iii, 7; xiv, 6.

    1. NÉPHI##

NÉPHI (grec: NsyOaEi), nom dans la Vulgate, I Mach., l, 36, du lieu ou plutôt du liquide qui est appelé aussi

Nephthar. Néphi, comme le grec Neç6a£t' ( est probablement une corruption de Naphtha. Voir Nephthar.

    1. NEPHTHALI##

NEPHTHALI, nom d’un patriarche, de la tribu quien descend, et d’une montagne de Palestine. Ce nomest uniformément en hébreu Naftâlî (pour l'étymologie, voir Nephthali I) et généralement en grec NsçôaXes ouNe<p6a>.£. On trouve cependant Necpflate’n ou NeçOaXîfidans quelques endroits de l’Ancien Testament, Gen., xxxv, 25; III Reg., iv, 15; vii, 14; Is., îx, 1; Ezech., xlviii, 3, 4, 34, et dans l'Évangile de S. Matthieu, iy, 13, 15. Josèphe, Ant. jud., i, xix, 8, donne la mêmeorthographe, qui vient du pluriel hébreu: Naffalîm. LaVulgate porte également Nephthalim, Matth., iv, 13, 15; partout ailleurs elle a Nephthali. Dans les manuscritset certaines éditions de la version latine on lit aussiNeptali, Nephtali: mais les éditions clémentines, aprèsRobert Estienne ont constamment écrit Nephthali. Cf.C. Vercellone, Varias lectiones Vulgatx latin», Rome,

1860, t. i, p. 106.

A. Legendre.

1. NEPHTHALI, sixième fils de Jacob, le second qu’ileut de Bala, servante deRachel, Gen., xxx, 8. Son nom, comme celui de ses frères, repose sur la paronomasequi fut faite au moment de sa naissance. Rachel, quiavait tant porté envie à la fécondité de sa sœur, et heureuse de se dire, même par substitution, mère pour laseconde fois, s'écria (d’après l’hébreu): Naftûlê 'i^lôkîmniftalti 'im-âhô(î gam-yâkôlfî. Et elle appela le nouveau-né Naftâlî. La difficulté de connaître l'étymologieexacte de ce nom vient de l’obscurité des mots naftûlê, niftalfi, ou plutôt de la racine fatal. Il est facile deconstater ici l’embarras des versions. La Vulgate traduit: «Dieu m’a comparée avec ma sœur, et j’ai prévalu.» Elle omet donc le troisième mot, puis, faisantdu premier un verbe, elle le met à la troisième personne avec le suffixe de la première, enfin elle donneà fatal le sens de «comparer «.Telle n’est pas la signification du verbe, qui, en chaldéen, en syriaque, enéthiopien et en arabe, veut dire: «tordre, tresser, entrelacer;» à la forme niphal: «se tordre, s’entrelacer,» d’où l’idée de «combattre» qu’on lui attribuegénéralement ici. Comme dérivé de la racine, l’on afdtîl ou pâtîl, «-fil, corde.» La Vulgate a-t-elle tiré delà le sens d' «unir, comparer»? Peut-être; mais pâtîlse rattache plutôt au sens de «tordre». On lit dans lesSeptante: EuvavTsXâôsTO |*ou à @e<5c, xaï awavect-piçYivTîj àSs’Aç-?) nou, xai r)8uvâae-(]v, «Dieu m’a aidée, et jj’ailutté avec ma sœur, et j’ai prévalu.» Ils ont donc vudans le premier mot un verbe à la troisième personneavec suffixe, et lui ont sans doute donné le sens de: «Dieu a lutté pour moi.» Le Targum d’Onkelos offrela paraphrase suivante: «Dieu a exaucé ma supplication, lorsque j’ai supplié dans ma prière; j’ai désiréd’avoir un fils, comme ma sœur, et il m’a été donné.» La version syriaque s’en rapproche; omettant les deuxpremiers mots, au moins dans certaines éditions, elletraduit: «J’ai supplié avec ma sœur, et j’ai obtenuégalement.» Cette supplication est-elle simplementsynonyme de «combat par la prière»? Faudrait-il voirici une confusion de mots, par exemple entre bris; , nif[al, et V=12nn, hitfallêl, «prier, supplier?» Nous restons dans les conjectures. Josèphe, Ant. jud., i, xix, 8, trouve aussi dans Nephthali l’idée de combat, mais parla ruse, allusion au moyen que prit Rachel pour avoirdes enfants. Les auteurs modernes traduisent généralement la phrase hébraïque citée plus haut: «Des combats de Dieu j’ai combattu avec ma sœur, et j’ai prévalu». Il s’agirait de combats pour obtenir la grâce etles bénédictions divines. Cf. Frz. Delitzsch, Die Genesis, Leipzig, 1887, p. 385; A. Dillmann, Die Genesis, Leipzig, 1892, p. 343. Naftâlî aurait donc le sens de [Carte à insérer] «ma lutte ï ou «lutteur», comme les Romains disaientLuctatius, d’après J. Simonis, Onomasticum VeterisTestamenti, Halle, 1741, p. 320. Nous ne savons rien dela vie de ce patriarche. Frère de Dan par Bala, Gen., xsxv, 25, il eut quatre fils: Jasiel, Guni, Jéser et Sallem.Gen., xlvi, 24; 1 Par., vii, 13. C’est tout ce que laBible nous apprend; ailleurs le nom s’applique à latribu. Voir Nephtiiaxi 2. À. Legendre.

2. NEPHTHALI, une des douze tribus d’Israël.

I. Géogbaphie. — ie territoire de la tribu de NephthaJis’étendait au nord-est de la Palestine, borné aunord par le Nahr el-Qasimiyéh ou Léontès, à l’ouestpar les tribus d’Aser et de Zabulon, au midi par celled’Issachar, à l’est parle Jourdain et le lac de Tibériade.Voir la carte (fig. 432).

I. limites. — Les limites de Nephthali sont tracéesJos., xix, 33-34. Malheureusem*nt le texte a des obscuritéset l’identification des villes présente plus d’unedifficulté; dans ces conditions, nous ne pouvons émettreque des conjectures. Voici ce que porte l’hébreu: «Leurfrontière allait de Héleph (hébreu: yéléf; Septante: Codex Vaticanus: MooX&y.; Codex Alexandrinus: MsXép, provenant de l’union fautive du mem hébreu etdu nom; peut-être Beit-Lîf, au sud-est de Tyr), dutérébinthe de Sa’ânannîm (hébreu: mê-’Allôn be-Sa’ânannîm; Septante: Cod. Vat.; Mu>Xà xai Bs<rs(uetv; Cod. Alex.: Mr, X(àv xat Beo-jvavi’jj., par l’uniondes prépositions hébraïques et l’addition de la particuleconjonctive; peut-être (mais très problématique), «la «vallée de Sennim» que le livre des Juges, iv, 11, placeprès deCadés, aujourd’hui Qadès, au nord-ouest du lacIlouléh), et Adami han-Néqéb (hébreu: ’Âdâmî kan-Néqeb; Cod. Vat.."’Apjis y.où Naëôx; Cod. Alex.: ’App.il xai Nav.ég, avec confusion dans le premier motentre "y, dalelh, et-i, resch, et distinction des deuxnoms: Adami est probablement Khirbel Dâmiyéh, ausud-ouest du lac de Tibériade; Neqeb, s’il faut le distinguerdu précédent, est identifié par beaucoup d’auteursavec la Siadata du Talmud et Khirbet Seiyadéh, à lapointe sud-ouest du même lac et Jebnaêl (hébreu: Yabne’èl; Septante: Cod. Vat.: ’lufba^al; Cod. Alex.: ’IaëvT|X; actuellement Yemma, au sud de Kh. Seiyadéb) jusqu’à Lecum (hébreu: Laqqûm; Septante: Cod. Vat.: AwSà[i; Cod. Alex, .iy.pou; absolumentinconnu), et elle aboutissait au Jourdain. Puis elle revenaità l’ouest vers Azanot-Thabor (hébreu: ’Aznôt~Tâbôr, «les oreilles du Thabor; s Septante: Cod. Vat.: ’Evâe ©ag» p; Cod. Alex.: ’AÇavwf) ©aëcip; dans lesenvirons de la célèbre montagne galiléenne), tirait de lavers Hucuca (hébreu: Huqqôq; Septante: Cod. Vat.: ’loLxàva; Cod. Alex.: ’Ixtir.; bien identifié avec Yaqûq, à environ 9 kilomètres au sud-sud-ouest de Safed), touchait au sud à Zabulon, à l’ouest à Aser, et au Jourdainà l’est (l’hébreu porte ici: «et à Juda du Jourdain,» ce qui ne signifie rien ou est au moins très difficileà expliquer; Yehûdâh est plutôt à retrancher, comme l’a fait le texte grec). i> Dans ces conditions, nous aurions donc, au nord, Beit-Lif et peut-être lavallée de Sennim ou les environs de Qadès, et, au sud, Kh. Damiyéh et Yemma, qui fixeraient quelquesjalons; puis une ligne, partant du Jourdain, remonteraitdes environs du Thabor jusqu’à Yaqûq, ferait uncoude qui laisserait Zabulon au midi, et s’en irait dansla direction du nord, en longeant Aser à l’ouest; enfinle Jourdain formerait la frontière orientale. L’obscuritéporte principalement sur le ^.33, où le point de départreste mal défini, et le point d’arrivée inconnu. L’énumérationdes villes nous permettra cependant de complétercette délimitation.

II. villBS principales. — Ces «villes fortifiées» sont énumérées à la suite des limites que nous venonsde décrire, dans les versets 35-38.

1. Assedim (hébreu: has-Siddîm: Septante: t «vTupiwv, «des Tyriens,» en lisant has-ipôrîm, par uneconfusion de lettres facile à comprendre), placée hypothétiquementpar les uns à Hattin, par les autres unpeu plus loin, au nord, à Es-Sattiyéh, par d’autres enfin, plus bas, à Kh. Seiyadéh.

2. Ser (hébreu: Sér; Septante: Tiipot), inconnue.

3. Emath (hébreu: tfammaf; Septante: Cod. Vat.: ’ûpiaÇaSaxéO, par l’union avec le mot suivant, Rdqqat, et le changement du resch en daleth; Cod. Alex.; ’Ajiâe), probablement El-Hammâm, au sud et toutprès de Tibériade.

4- Reccath (hébreu: Raqqat; Septante: Cod. Vat.: SaKifl compris dans le nom précédent; Cod. Alex.: Pexv.â6), serait, d’après le Talmud de Jérusalem, un anciennom de Tibériade (cf. A. Neubauer, La géographiedu Talmud, Paris, 1868, p. 208); elle devait, en toutcas, se trouver dans le voisinage de cette ville.

5. Cénéreth (hébreu: Kinnéréf; Septante: Cod.Vat.: Keveplô; Cod.’Alex.: Xevsp<56), serait, d’aprèsles uns, Abu-Schuschéh, sur les confins de la plainede Génésareth, d’après les autres, Sinn-en-Nabrah, l’ancienne Sennabris, à la pointe sud-ouest du lac deTibériade.

6. Édéma (hébreu: ’Adâmâh; Septante: Cod. Vat.: ’Apu.ou6; Cod. Alex.: ’ASau.(), peut être reconnue dansKhirbet Adrnah, un peu au-dessous de l’embouchuredu Yarnxùk dans le Jourdain.

7. Arama (hébreu: hâ-Râmâh; Septante: Cod. Vat.: ’Apa» }X Cod. Alex.: Pajjd), bien identifiée avec Er-Rame’/i, à 10 kilomètres environ au sud-ouest de Safed,

8. Asor (hébreu: Hàsôr; Septante: ’Amop), doit êtrecherchée à Tell Khureibéh, à l’ouest et non loin du lacHouléh, d’après Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. iii, p.’365-366; à Tell eUBarrauiou Harrah, à une heure et au nord-est de la collineprécédente, d’après V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 363-368.

9. Cédés (hébreu: Qédéî; Septante: Cod. Vat.: Kâôn; Cod. Alex.: KéSeç), porte encore aujourd’huile même nom de Qadès ou Qédès, et se trouve au nordouestdu lac Houléh.

10. Édrai (hébreu: ’Edré’i; Septante: Cod. Vat.: ’AoaàpEi; Cod. Alex.: ’ESpiet), probablement Je villagede Yater, au nord de Beit-Lif.

11. Enhasor (hébreu: ’En Hâsôr; Septante: izr^c 1)’Affôp), généralement reconnue dans Khirbet Hazîréh, au sud-est de Beit-Lif.

12. Jéron (hébreu: Iréôn; Septante: Cod. Vat.: Kepmi; Cod. Alex.: ’IapitSv), aujourd’hui Yarûn, ausud-est de Kh. Haziréh.

13. Magdalel (hébreu: Migdal-’Êl; Septante: Cod.Vat.: MEYaXaapesp., par l’union avec le mot suivant, Horem; Cod. Alex.: MaySaXt?)), identifiée avec Medjeidel, au nord de Ya’ter.

14. Horem (hébreu: Biôrém; Septante: Cod. Val.; aps; V du nom précédent; Cod. Alex.: Qpip), probablementKhirbet Bfarah ou Hûrah, au nord-est deYa’ter.

15. Bethanath (Bêt-Andt; Septante: Cod. Vat.: Ba169aj)i; Cod. Alex.: BatvaOâO), actuellement’Ainîthaou’Anatha, au sud de Kh. Harah.

16. Bethsamés (hébreu: Béf-Sémés; Septante: Cod.Vat.: ©Eo-orajiDç; Cod. Alex.: ©aafio-j; ); son emplacementn’est pas connu.

Comme on le voit, plusieurs de ces villes marquentassez exactement la frontière occidentale de Nephthali, et, unies à celles que nous v avons signalées précédemment, permettent de la suivre depuis Magdalel, au nord, jusqu’à Édéma, au sud. Cette ligne de démarcationcorrespond à celle qui ferme de ce côté lestribus d’Aser et de Zabulon. Fr. de Hummelauer, Josue, Paris, 1903, p. 410, s’appuyant sur le texte grec, voit

dans ces cités les forteresses que le Tyriens ou lesPhéniciens possédaient à travers le pays pour protégerleurs marchands. Quelles que soient les difficultésqui se rencontrent ici et dont nous nous rendonsparfaitement compte, nous préférons les explicationsqui viennent d’être données à l’exégèse très originaledu savant auteur en ce qui concerne la tribu deNephthali.

m. description. — La tribu de Nephthali occupaitainsi, au sud, une étroite bande de terre longeant larive occidentale du lac de Tibériade. Ce sont les pentesdu massif galiléen, qui descendent assez brusquementvers la dépression où s’étend le Bahr Tabariyéh.Le terrain est coupé par de courts ouadis qui viennenttomber dans le grand réservoir formé par le Jourdain.Au nord, la possession s’élargissait et venait s’appuyerà l’ouest, sur les sommets les plus élevés de laGalilée, Djebel Zabûd (1114 mètres), Djebel Djarmuk(1198 mètres), Djebel Adâthir (1025 mètres),-fias VmmQabr (715 mètres), qui jalonnaient la frontière. Le restede cette partie septentrionale est un labyrinthe de hauteursqui vont encore de 400 à 800 mètres, séparéespar de fertiles vallées, sillonnées par de nombreux torrents.On peut y distinguer trois versants: à l’est, lesouadis se dirigent vers le Jourdain et le lac Houlêh; aunord, à partir du Djebel Hadiréh, plusieurs se ramifientpour aboutir au Nahr el-Qasimiyéh; enfin, à l’ouest, untrès grand nombre ont leur point de départ sur la lignede faîte que nous avons mentionnée et descendent versla Méditerranée. Les nombreux sommets du massif ontservi autrefois et servent encore d’assiette à des villes etdes villages, donnant au pays l’aspect d’une série deforts. Mais ce qui caractérise surtout la contrée, et jadisencore plus qu’aujourd’hui, c’est sa fertilité; aussi formait-elleune des douze préfectures chargées de subvenirà l’entretien de la maison royale de Salomon, III Reg., iv, 15. Les pluies plus abondantes en Galiléeque dans le reste de la Palestine, des sources nombreuses, le voisinage du Jourdain, la température, chaudesur lés bords du fleuve et fraîche dans la montagne, faisaient de ce petit coin de terre un séjour délicieux. «Le pays de Nephthali, dit le Talmud de Babylone, Megillah, 6 a, est partout couvert de champs fécondset de vignes; les fruits de cette contrée sont reconnuspour être extrêmement doux.» Cf. A. Neubauer, Lagéographie du Talmud, Paris, 1868, p. 180. Les environsdu Jac de Tibériade passaient pour une sorte deparadis sur terre. Est-ce à cette prospérité que faitallusion la prophétie de Jacob, Gen., xlix, 21? On peutle croire. Le texte hébreu porte:

Naftâll’ayyâlâh (rfw), Seluhah

harwndtèn’imrê (nnn), Sâfér.

Avec cette ponctuation il faudrait traduire:

Nephtbali est une biche en libertéProférant de belles paroles.

C’est ainsi que la Vulgate a entendu ce passage, qui, avec ses deux images incohérentes, se rapporte on nesait comment à la tribu. Les Septante ont lu différemment:

NesfiaXt rtît%o$ àvstjJ.évov,

Nephthali est un tronc qui pousse ses branchesProduisant de beaux rejetons (ou rameaux).

C’est d’après cette version que les eségètes modernesrestituent ainsi le texte:

Naftâll’êlâh (nbtN) Seluhâh

T "

han-nôtên’âmirê (na>! ) Sdfér.

Nephthali est un térébinthe qui projette ses rameauxn fournit des branches splendides.

Cf. Rosenmûller, Scholia in Vêtus Testamentum, Genesis, Leipzig, 1821, p. 714; Fr. de Hummelauer, Commentarius in Genesim, Paris, 1895, p. 600; J. M. Lagrange, La prophétie de Jacob, dans la Revuebiblique, Paris, 1898, p. 527, 534, etc. Le térébinthe représente, au sein de cette riche nature, l’épanouissem*ntde la vie et de la force. Moïse promettait àNephthali la même prospérité. Deut., xxxiii, 23:

Nephthali, rassasié de faveurs,

Plein des bénédictions de Dieu,

Possède la mer et le midi.

Que faut-il entendre ici, par la «mer» )? Beaucouppensent qu’il s’agit du lac de Tibériade; d’autres traduisentyâm par «occident». Qu’indique ddrôm, «lemidi?» Il n’est fpas facile de le savoir. Voir les commentaires.Le territoire que nous venons de décrire àgrands traits renferme encore de nombreuses ruinesdes civilisations anciennes. Voir Galilée, t. iii, col. 87-; Mérom (Eaux de), t. iv, col. 1004; Tibériade (Lac de).

11. Histoire. — Dans le dénombrement qui fut faitau désert du Sinaï, la tribu de Nephthali comptait53400 hommes en état de porter les armes. Num., i, 42.Elle occupait ainsi le sixième rang au point de vue dela force, et avait pour chef Ahira, fils d’Énan. Num., ii, 29. Dans les marches à travers le désert, elle était aunord du tabernacle avec Aser et Dan. Num., ii, 25, 31.C’est par les mains de son prince, Ahira, qu’elle fit sesoffrandes au sanctuaire. Num., vii, 78-83. Celui qui lareprésentait parmi les explorateurs envoyés au pays deChanaan était Nahabi, fils de Vapsi. Num., xiii, 15. Ausecond recensem*nt, elle ne comptait plus que 45400guerriers, en ayant ainsi perdu 8000, ce qui la faisaittomber au huitième rang. Num., xxvi, 48-50. L’un deses membres, Phedaël, fils d’Ammiud, fut parmi lescommissaires chargés d’effectuer le partage de la TerrePromise. Num., xxxiv, 28. Après l’entrée en Palestine, elle se tint au pied du mont Hébal pour la cérémoniedes bénédictions et des malédictions, Deut., xxvii, 13, et elle obtint le sixième lot dans la division du pays.Jos., xix, 32. Une de ses villes les plus importantes, Cédés, fut désignée comme cité de refuge. Jos., xx, 7.Elle était en même temps ville lévitique, avec Hammoth-Dorou Émath (aujourd’hui El-Hanimdm, sur le lac deTibériade) et Carthan (inconnue). Jos., xxi, 32; I Par., vi, 62, 76. — Comme plusieurs autres tribus, Nephthali nechassa pas les Chananéens qui habitaient le pays; oncite en particulier ceux de Bethsamès et de Bethanath, qui devinrent simplement tributaires ou soumis à lacorvée. Jud., i, 33. L’élément étranger fut d’ailleurstoujours considérable dans cette région, appelée Gelilha goyîm, «le district des étrangers» en Galilée desnations. Is., viii, 23. Ces Chananéens devinrent mêmeun danger pour les tribus du nord, au temps des Juges.Nephthali et Zabulon réunis fournirent à Baracdix mille hommes pour les combattre. Jud., iv, 6, 10; v, 18. Nephthali aida également Gédéon contre les Madianites.Jud., vi, 35; vii, 23. Par sa situation géographique, il se trouvait exposé aux invasions venant dunord. Aussi, à l’époque de Baasa, roi d’Israël, et d’Asa, roi de Juda, les troupes de Benadad, roi de Syrie, envahirent-eilesleterritoire, s’emparant des villes d’Ahion, dans la petite plaine nommée Merdj Ayûn, de Dan (Tellel-Qadi), d’Abel-Beth-Maacha (Abil), et de toute la contréede Cennéroth. III Reg., xv, 20; II Par., xvi, 4. Plustard, sous le règne de Phacée, roi d’Israël, Téglath-Phalasar, roi d’Assyrie, prit les mêmes cités, avec Janoé, Cédés, Asor et tout le pays de Nephthali, et en transportales habitants dans son propre royaume. IV Reg., xv, 29. Mais ces jours d’humiliation devaient se changer plustard en jours de gloire, puisque la terre de Nephthali futle principal théâtre de la prédication du Sauveur. «Mais la nuit sera chassée, s’écrie Isaïe, viii, 22-ix, 1,

car il n’y aura plus d’obscurité pour le pays qui étaitdans la détresse. Dans le passé, il (Dieu) a humilié laterre de Zabulon et la terre de Nephthali; dans l’aveniril couvrira de gloire la Route de la mer, l’autre rive duJourdain, le district des nations.

Le peuple qui marchait dans les ténèbres

A vu une grande lumière

Sur les habitants de ta terre des ombres

Une lumière a brillé.»

Saint Matthieu, iv, 13-16, a eu soin de montrer l’accomplissem*ntde cette prophétie au début du ministère deJésus à Capharnaûm et sur les bords du lac de Tibériade.— Après Barac, Tobie est le seul homme marquantde la tribu cité dans la Bible. Tob., i, 1, 4; vii, 3.

IV. Caractère. — L’histoire que nous venons derésumer ne révèle rien de particulier sur le caractèrede Nephthali. Le seul héros de la tribu fut Barac. Cependantl’expédition dont il fut le chef montre chez lesNephthalites de la décision, de l’habileté, du courage.Le cantique de Débora, Jud., v, 18, fait ressortir leurdévouement et leur bravoure en face de l’insouciance deDan et d’Aser. Lorsque David est à Hébron, sur le pointd’être élu roi, ils lui envoient «mille princes avectrente-sept mille hommes armés de lances et de boucliers». I Par., xii, 34. À ce point de vue guerrier, labiche, dont parle le texte massorétique, Gen., xlix, 21, serait assez justement le symbole de la tribu, car labiche ou la gazelle est l’emblème du combattant rusé etagile. Cf. II Reg., ii, 18; I Par., xii, 8. Elle peut égalementreprésenter la libre expansion que Nephthali trouvait ausein de ses montagnes et de ses fertiles vallées, la vigilancequ’il exerçait aux avant-postes de la terre d’Israël.

A. Legendre.

3. NEPHTHALI (MONTAGNE DE) (hébreu: har Naftâlî: Septante: h ™ opei tm NsçOaXeî), montagnementionnée, Jos., xx, 7, à propos de Cédés ou Cadés, ville de refuge. Elle représente la partie septentrionaledu massif montagneux de la Palestine, comme, dans lemême verset, «la montagne d’Éphraïm» en désigne lapartie centrale, et «la montagne de Juda», la partieméridionale. Voir Nephthali 2; Cédés i, t. ii, col. 360;

Galilée, t. iii, col. 87.

A. Legendre.

    1. NEPHTHAR##

NEPHTHAR (grec: Ne<p8ccp), nom donné à la substanceliquide qui ralluma le feu sacré du temps deNéhémie. II Mach., i, 36.

1° Récit des Juifs de Jérusalem. — Dans la secondelettre reproduite au commencement du second livre desMachabées et adressée par les Juifs de Jérusalem àAristobule et aux Juifs d’Egypte, il est raconté que lorsque-les Juifs furent emmenés captifs en Perse (c’est-à-direen Chaldée, qui, du temps de Néhémie, faisait partie duroyaume de Perse), les prêtres prirent le feu sacré surl’autel et le cachèrent dans une vallée, au fond d’unpuits (Év xoiXtijiaTi cppéaio; ) profond et à sec. QuandNéhémie se fut rendu en Judée, il fit chercher le feupar les descendants de ceux qui l’avaient caché. Ils revinrenten disant qu’ils n’avaient point trouvé de feu, mais seulement «une eau épaisse», ûSwp K<xyù. Néhémiedonna aux prêtres (la Vulgate porte: Nehemias sacerdos; il faut corriger sacerdotibus comme on le lit dansle grec), l’ordre d’apporter de cette eau et d’en aspergerle bois et les sacrifices. «Cet ordre ayant été exécutéau moment où le soleil qui avait été jusque-là voilé parles nuages, resplendit, un grand feu s’alluma, en sorteque tous furent dans l’admiration… Quand le sacrificefut consommé, Néhémie fit verser le reste de l’eau surde grandes pierres, et lorsque cela eut été fait, uneflamme s’alluma et elle fut consumée par le feu quirejaillit de l’autel. Quand le bruit de cet événement sefut répandu, on rapporta au roi de Perse que, dans le lieuoù les prêtres qui avaient été emmenés captifs avaient

caché le feu (sacré), était apparue une eau dont Néhémieet ceux qui étaient avec lui avaient sanctifié les sacrifices.Le roi rendit ce lieu sacré, en le faisant enclore(et non pas en y faisant un temple, comme porte laVulgate), après avoir vérifié le fait… Or les compagnonsde Néhémie appelèrent cette feau] (et non pas ce lieu, comme a traduit la Vulgate), Nephthar, qui signifiepurification. La plupart l’appellent Nephthæi (Vulgate: Néphi.» ) II Mach., i, 18-36.

2° Noms. — Le nom de Nephthar se lit dans les diversmanuscrits grecs et latins. Le second nom estécrit dans les manuscrits grecs. NsçSasf, NEç6âi, NsipBâ, VAlexandrinus, par une répétition singulière, écritNepeâp, la seconde fois comme la première. La Vulgateporte au second passage Nephi; c’est probablementune altération de Nsçèat ou NsçOà. Dans la versionsyriaque le premier nom est: fA ft I a 1 «^ i guneffar,

et le second - f a’neftï. — Les critiques sont endésaccord sur le point de savoir lequel des deux nomsest une corruption de l’autre, supposé même que lesdeux noms ne soient pas altérés l’un et l’autre. On nes’accorde pas davantage pour expliquer commentNephthar peut signifier xa8api<j|jiôç, «purification.» D’après Th. Benfey et M. A. Stern, Ueber die Monatsnameneiniger alten Vôlker, 1836, p. 204-216, NsçOàpcorrespond au zend naptar; naptar apanm, p. 213, estl’eau primitive appelée aussi Arduiçura, laquelle possèdeun très grand pouvoir de purification. Avesta, traduction C. de Harlez, Yaçna, lxiv, 1-10, t. iii, p. 173.D’après P. de Lagarde, Gesammelte Abhandlungen, p. 177, cf. p. 224, le syriaque guneflar répond au bactrienv iddv[a] tra, «purification.» Que Néhémie et sescompagnons, qui venaient de Perse, eussent donné à «l’eau épaisse» un nom zend, il n’y aurait là rien desurprenant. Néanmoins d’autres commentateurs préfèrentune origine sémitique, qui est, pour ceux-ci, unedérivation de la racine irra, tâhêr, «être pur;» en lisantnitehâr, un lieu du N£tp6àp; pour ceux-là une dérivationde tds, pâtar, «ouvrir, rendre libre,» en lisant niftdr, «délivrance (du feu),» etc. Ces étymologies sont plusingénieuses que solides. Voir aussi Bruston dans laZeitschrift fur die alttestamentiche Wissenschaft, 1890, p. 116.

Quant au second nom, celui qui était donné par «la plupart» à «l’eau épaisse», il est difficile de ne pasy voir le naphte. «Ce mot, dit l’abbé Gillet, Les Machabées, Paris, 1880, p. 211, ne serait-il pas dérivé de vâtpôct, l’huile de naphte?… dont le nom vient assurément dupersan… D’après cette interprétation, ajoute-t-il, quelquescommentateurs ont cherché à expliquer l’originede la légende du feu sacré: l’huile minérale, ont-ilsdit, dont était saturée la boue retirée de la caverne, apu s’enflammer aux rayons du soleil.» — Qu’on regardele fait comme naturellement explicable ou qu’on letienne comme un prodige, il faut remarquer que plusieursexégètes catholiques soutiennent, depuis EmmanuelSa, qu’on n’est pas obligé d’admettre la véracitédes récits rapportés dans les deux lettres que nouslisons en tête du II» livre des Machabées, parce qu’ellesne sont pas l’œuvre de l’auteur sacré, mais seulementcitées et reproduites par 1 ui. Voir Frz. Kaulen, Einleitungm âiéheilige Schrift, t. i, 2, 1882, p. 244; cf. R. Cornely, Hislorico, et critica lntroductio in Libros Sacros, t. ii, part. i, p. 469, 471; H. Herkenne, Die Briefen zv, Beginndes zweiten Makkabàerbuches, Fribourg, 1904.

3° Lieu où fut trouvé le nephthar. — La lettre desJuifs ne dit point où fut trouvée «l’eau épaisse». Latradition locale place aujourd’hui le lieu de la découverteau puits qu’on appelle maintenant Bir-Éyûb, ausud de Jérusalem, au confluent de la vallée de Cédronet de la vallée d’Hinnom. Liévin de Hamme, Guideindicateur de Terre-Sainte, 4e édit., 1897, t. i, p. 416.

De là le nom de Puits de Néhémie qu’on lui donneégalement. La première trace de ce nom, d’après Ed. Robinson, Biblical Itesearches, 1841* t. i, p. 491, se trouvedans Quaresmius, Elucidalio Terrse Sanctse, Anvers, 1639, t. ii, p. 270, lequel disait, en 1616-1625, décrivantla vallée de Géhennom: ubi celebris Me et nominatusputeus, Nehemise et ignis appellatus. La valléeoù il est situé porte le nom d’ouadi En-Ndr, «valléedu feu,» mais rien n’indique que ce soit en souvenirdu feu de Néhémie. Le Bîr-Éyûb est la fontaine ouplutôt le puits biblique de Rogel. Voir Hogel. Puisquec’est un puits d’eau vive, comme l’était Rogel; on nepouvait donc y trouver de l’huile de naphte; on n’enrencontre pas davantage dans le voisinage de Jérusalem; il y en a dans les environs de la mer Morte. Cf.Blanckenhorn, Enstehung und Geschichte des TodtenMeeres, dans la Zeitschrift der deutschen Palâstina-Vereins, t. xix, 1896, p. 51; voir Bitume, t. i, col. 1803, 1894; Naphte, col. 1474; mais où était «l’eau épaisse» puisée par les prêtres, on ne saurait le dire. — Voir G.B. Winer, Biblisches Realwôrterbuch, 3e édit., 1848, t. ii, p. 147-148. F. Vigouroux.

    1. NEPHTHUIM##

NEPHTHUIM, NEPHTUIM (hébreu: Naftuhim; Septante: NeçôaXei’jji, Gen., x, 13; Complute: Naçôupiu., I Par., i, 11; Vulgate: Nephtuim, Gen., x, 13; Nephlhuim, I Par., i, 11), nommé le quatrième parmiles enfants de Mesraïm. Gen., x, 13; I Par., i, 11. Laforme plurielle de Nephtuim indique sans doute unetribu descendant de Mesraïm, mais on ne connaît aveccertitude aucun lieu ni aucune province de ce nom. LeTargum de Jonathan explique Nephtuim par ix; ddtsj3, Pentaschœni, les habitants de Pentaschœnum, ville duDelta, à vingt milles romains de Péluse. On a rapprochéce nom, mais avec peu de probabilité, de celui de Napata, capitale de l’Ethiopie. Ptolémée, iv, 7, 19. VoirEthiopie, t. ii, col. 2008. Bochart, Phaleg., iv, 29, Opéra, Liège, 1692, t. i, col. 280, l’avait comparé avec celui dela déesse Nephthys, sœur et femme de Tryphon, dont lenom, selon Plutarque, De Islde, 38j_édit. Parthey, Berlin, 1850, p. 66, désignerait «l’extrémité du pays», c’est-à-dire le rivage de la mer. Plusieurs modernescroient retrouver les Memphites dans les Naphtuim, c’est-à-dire les habitants de No-Ptah ou Phtah, «demeuredu Dieu Ptah,» le dieu égyptien de la ville deMemphis. Voir Memphis, col. 955. Cf. G. Ebers, Aegyptenund die Bûcher Mose’s, Leipzig, 1868, p. 112-115; Miss F. Corbaux, Rephaïm, dans le Journal of sacredLiterature, 1851, p. 151. «Naphtouhim (No-Phtah), ditM. Maspero, s’établit dans le Deltaau nord deMemphis.» Histoire ancienne des peuples de l’Orient, 4e édit., 1886, p. 14. E. Brugsch veut que les Naphtuim soient les habitants «de la terre de Thuhi», Na-Pa-Thuhi. GeschichteAegyptens, 1877, p. 262.

    1. NEPHTOA##

NEPHTOA (hébreu: Neffôâh; Septante: NaçOû), localitéde Palestine. «La fontaine de Nephtoa» est mentionnéedans Jos., xv, 9, etxvin, 15-16, comme une des limitesentre la tribu de Juda et de Benjamin. On identifiegénéralement, malgré quelques contradicteurs, Nephtoaavec Lifta à trois quarts d’heure au nord-ouest deJérusalem. «De ces passages, dit V. Guérin, La Judée, t. i, p. 253-254, il résulte que la fontaine Nephtoah doitêtre cherchée entre la montagne située à l’ouest de lavallée de Ben-Hinnom et au nord de celle des Rephaïm, et les villes de la montagne d’Éphron, au delà desquellesvenaient Kirialh-Jearim. C’est donc vers l’ouest-nord deJérusalem qu’elle se trouvait. Quelques voyageurs modernes, entre autres le D r Barclay, The city of the greatKing, p. 544, et le D r Sepp, Jérusalem und das IteiligeLand, 1. 1, p. 58, identifient cette antique fontaine avecY’Aïn Lifta. Je crois qu’ils sont dans le vrai. D’abordla position de Y’Aïn Lifta se prête à cette conjecture;

en second lieu, le nom que porte cette source sembleune corruption de celui de Nephloah. En effet, rienplus fréquent, dans la transcription des noms hébreuxen noms arabes que le changement du lamed en nounet réciproquement.» Lifta est un petit village entouréd’oliviers. V’Aïn Lifta (fig. 433) est une source abondante, dont l’eau est recueillie dans un bassin antique. «Elle se répand de là, dit Guérin, ibid., p. 252, dansdes jardins plantés de citronniers, d’orangers, de figuiers, de grenadiers, d’amandiers et d’abricotiers. Non loin dela fontaine, je remarque plusieurs anciens tombeauxpratiqués dans le roc.» — D’autres explorateurs identifientla fontaine de Nephtoa soit avec’Aïn-Karîm, soit avec’Aïn el-Haniéh, soit avec’Aïn Yalo, maissans grande vraisemblance. — Selon le Talmud, Neubauer, Géographie du Talmud, p. 146, la fontaine de

433. — Fontaine d’Ain LiflJ, . h» pi^o u; , *. ^li^Lugicj,! , ^.

Nephtoa est Y’Aïn Êtam actuel ou la Fontaine scelléequi alimente les vasques de Salomon, au sud de Bethléhem.Conder a accepté cette identification, Palestine, 1889, p. 259, mais Etham n’était pas sur la limite deBenjamin et de Juda. — L’une des dix toparchies deJudée dont parlent Pline, H. N., v, 14, et Josèphe, Bell, jud., IV, viii, 1, Belhleptephéne toparchia, Be6).eirr7|çû>v Towap^ia, avait peut-être pour chef-lieuNephtoah-Lifta. En supprimant le Beth initial «maison», il reste Leptepha qui a pu devenir facilementLifta. — L’étymologie qu’a donnée F. Hitzig de la fontainede Nephtoa, «source de naphte,» Geschichte undMythologie der Philistâer, Leipzig, 1845, p. 272; Geschichtedes Volkes Israël, Leipzig, 1869, est purementimaginaire.

    1. NEPHUSIM##

NEPHUSIM, NÉPHUSSIM (hébreu: Nefîsîm [chetib]; Nefûsim [keri], dans I Esd., ii, 50; NefûSesîm[chethib]; Nefîsesim [kéri], dans II Esd., vii, 52; Septante: Nefouain, I Esd., ii, 50; Nefùicracrî, II Esd., VII, 52; Vulgate: Nephusim, I Esd., ii, 50; Nephussim, II Esd., vii, 52), famille de Nathinéens, appelée «fils

de Nephusim», qui revint de Babylone en Palestineavec Zorobabel. I Esd., ii, 50; II Esd., vii, 52. Quelquesexégètes soupçonnent que les Nephusim étaient les descendantsde Naphis, fils d’Ismæl, mais c’est une simpleconjecture. Voir Naphis, col. 1474.

NER (hébreu: Nêr, «lampe;» Septante: Nrjp), Benjamite, père de Cis et; grand-père de Saûl, I Reg., xiv, 50; I Par., viii, 33; îx, 36, 39; père aussi d’Abner.I Reg., xiv, 51; xxvi, 5, 14; II Reg., ii, 8, 12; iii, 6, 23, 25, 28, 37; III Reg., ii, 5. 32; I Par., xxvi, 28. De nombreuxcommentateurs admettent deux’Abner, l’un pèred’Abner et l’autre père de Cis, afin de concilier les diverspassages des Rois et des Paralipomènes. VoirABiELl, t. i. col, 47; Cis 1, t. ii, col. 780.

    1. NÉRÉE##

NÉRÉE (grec Niipeûç), chrétien de Rome, à qui saintPaul envoie ses salutations, ainsi qu’à sa sœur. Rom., xvi, 15. Comme Nérée et sa sœur sont nommés à la suite de Philologueet de Julie, sous cette forme: «Saluez Philologueet Julie, Nérée, sa sœur et Olympas et tous les saintsqui sont avec eux,» Origène, Comm. ad Rom., x, 32, t. xiv, col. 1282, a supposé que Nérée et sa sœur pouvaientfaire partie de la maison de Philologue et de Julie.— Le nom de Nérée se trouve dans les inscriptions dela maison impériale. Corpus inscript, lat., t. vi, n. 4344.Un martyr du nom de saint Nérée est célèbre dans l’histoirede l’Église primitive, avec son compagnon Achillée.Une basilique leur fut dédiée; elle fut restaurée par Baroniusà la fin du xvie siècle. Marucchi, Basiliques deRome, 1901, p. 162-168. Saints Nérée et Achillée furentsoldats et probablement prétoriens. Marucchi, Élémentsd’archéologie chrétienne, 1900, p. 13, 45. Une inscriptionde saint Damase atteste qu’ils quittèrent l’arméeaprè3 leur conversion: Militiez nomen dederant…Conversi fugiunt, ducis impia castra relinquunt. DansMarucchi, Guide des catacombes romaines, 1900, p. 107.D’après les Actes de leur martyre, ils furent esclaves desainte Domitille. Ibid., p. 45. «Les Actes des saintsNérée et Achille, dit M. Marucchi, Eléments d’archéologiechrétienne, p. xvii, histoire légendaire, hérétiquemême, ont été justement rejetés par la critique; cependantles découvertes faites sur la voie Ardéatine ontprouvé qu’ils disent vrai sur plusieurs points, que cesdeux martyrs ont été vraiment en relation avec sainteDomitille et qu’ils ont reçu la sépulture dans un cimetièredépendant de sa propriété, in prsedio Domitillte.» Cf.aussi ibid., p. 254, 322; Id., Guide des Catacombesromaines, 1900, p. 104. J.-B. de Rossi a établi (contreMommsen, Corpus inscript, lat., t. IV, p. 172-173), Bullettino di archeologia cristiana, 1875, p. 69-77, qu’ily avait eu deux Flavia Domitilla, l’une femme-de FlaviusClemens, consul en 95, laquelle fut exilée par Domitiendans Vile de Pandataria, probablement parcequ’elle était chrétienne (Dion Cassius, Epitome, lxvii, 13), l’autre mentionnée par Eusèbe, H. E., iii, 16, t. XX, col. 252, et par saint Jérôme, Epist. cvm ad Eustoch., t. XXII, col. 882, qui fut exilée dans l’Ile de Pontia.C’est de cette seconde Flavia Domitilla que Néréeet Achillée furent esclaves.

D’après leurs Actes, «ces deux saints auraient étébaptisés par saint Pierre; ils suivirent Domitille enexil; décapités à Terracine, leurs corps fureut rapportésà l’endroit où fut construite plus tard la basilique de lavoie Ardéatine.» Marucchi, Catacombes, p. 104. Leurfêle sa célèbre le 12 mai. Voir Acta sanctorum, maiit. iii, édit. Palmé, 1866, p. 4-13. Leur tombeau fut trèsvénéré. — Une inscription païenne Irouvée dans lecimetière de Sainte-Domitille, en 1772, nous apprendqu’elle était la nièce de l’empereur Vespasien. Flavise.Domitil[lse] | [divi] Vespasiani. neptis | ejus. bene/icio.hoc. sepulcra[ni] | meis. lïbertis. liberlabus. posuï.Marucchi, Catacombes, p. 103. Celle inscription prouve

D1CT. DE LA BIBLE.

que la maîtresse des saints Nérée et Achillée vivait aupremier siècle de notre ère, mais la date précise deleur martyre est inconnue.

Des savants modernes identifient le compagnond’Achillée avec le Nérée de l’Épître aux Romains, xvi, 12. L’époque où a vécu le martyr ne s’oppose pas, il estvrai, à cette assimilation, mais rien ne l’établit; elle nes’appuie que sur une coïncidence de nom qui peut êtrepurement fortuite et on ne trouve dans la tradition ancienneaucune trace de ce rapprochement. Les Actesdes martyrs saints Nérée et Achillée disent qu’ils furentconvertis avec Plautilla et Domitilla par saint Pierre, en 67, l’année même où le prince des Apôtres subit lemartyre. Acta sanctorum, t. iii, p. 8. Si l’on s’en rapporteà ce témoignage, le Nérée, esclave de Domitille, ne peut être celui de l’Épître aux Romains, xvi, 15, quiétait déjà chrétien en l’an 58 ou 59, date où fut écritecette Épitre. F. Vigouroux.

    1. NÉRÉGEL-SÉRÉSER##

NÉRÉGEL-SÉRÉSER (hébreu: Nergal Sar’éfér; Septante: Map-fava<xâp; Alexandrinus: NripY^uau’iuâp; Sinaiticus: M<xp-focvva<xâp, Jer., xxxix, 3; N-qp-fàX Eapa<ràp, Jer., xxxix, 13), grand officier de Nabuchodonosor.Ce nom, à cause de son origine étrangère et d’uns formeinsolite pour les Grecs et les Latins, a été altéré dans ungrand nombre de manuscrits grecs, et sa longueur estcause que dans la Vulgate il a été coupé en deux, Nérégelet Séréser étant séparés par une virgule, Jer., xxxix, 3, et par la conjonction et. Jer., xxxix, 13. Il est répété deuxfois au ꝟ. 3, il aurait été porté, par conséquent, par deuxpersonnages de! a cour de Nabucbodonosor, si la répétitionn’est pas fautive. On pense cependant aujourd’huiqu’il n’y a qu’un seul Nérégel-Séréser, et que c’est parerreur qu’un copiste a écrit deux fois son nom dans ceverset qui a beaucoup souffert daus les transcriptions.Les consonnes du nom de Nérégel-Séréser ont été d’ailleursexactement conservées dans les texte hébreu etlatin, la vocalisation seule est défectueuse. Ce nom estincontestablement le nom propre babylonien bien connu

par les monuments I ► «-! J, I I t£>> C *, Nergal-sar-usur, «(dieu) Nergal, protège le roi,» CuneiformInscriptions of Western Asia, t. i, pi. 67, i, 1, lequel aété porté par le roi de Babylone que nous appelons Nériglissor.

Nérégel-Séréser était Rab-Mag (Vulgate: RebmagyCe mot, qui a été pris à tort comme un nom proprepar les anciens traducteurs et commentateurs de Jércmie, est certainement un titre de dignité. Il a été cependantimpossible jusqu’ici d’en déterminer avec certitudela signification. Voir RebmaG. Quoi qu’il en soitde ce point, il résulte du passage de Jérémie, xxxix, 13, que Nergal-sar-usur = Nérégel-Séréser était un desprincipaux personnages de la cour de Nabuchodonosor.On peut donc supposer avec vraisemblance, mais toutefoissans preuve directe, que ce rabmag, qui s’établitavec deux autres grands officiers chaldéens à la portedu Milieu, à Jérusalem, lors de la prise de la ville, en587 avant J.-C, Jer., xxxii, 3, et délivra avec eux leprophète Jérémie de sa prison, xi, 13, n’est pas autreque celui qui devint plus tard, en 459, roi de BabyloneoiVtLpégna quatre ans. Nériglissor était fils de Bel-sumiskun.Il épousa une des filles de Nabuchodonosor etfut ainsi le beau-frère d’Évilmérodach, fils et successeurimmédiat de Nabuchodonosor. Évilmérodach nerégna que deux ans (561-559). Il périt victime d’uneconjuration à la tête de laquelle était Nériglissor quirecueillit sa succession, mais’n’en jouit que quatre ans(559-555). Nériglissor fut remplacé sur le trône par sonfils Labusimardouk; celui-ci fut tué au bout de neufmois de régne et remplacé par Nabonide qui fut ledernier roi de Babylone. Bérose, dans Josèphe, Conl.Apion., i, 20, édit. ûidot, t. ii, p. 351. Cf. Bezold,

IV. - 51

1603

NÈRÉGEL-SÉRÉSER — NÉRIAS

1604

lnschriften Neriglissar’s, dans Eb. Schrader, KeilinschriftlicheBibliothek, t. iii, part. 2, p. 10-29; L. Messer, Schmidt, Die Inschrift der Stèle Nabuna’ids, in-8°, Berlin, 1896, p. 17-22. F. Vigouroux.

    1. NERFS##

NERFS, cordons fibreux qui relient les différentsorganes du corps à Vase cérébro-spinal, et servent, lesuns, appelés sensitifs, à transmettre au centre nerveuxles impressions ressenties aux extrémités, les.autres, appelés moteurs, à porter aux muscles les excitationsmotrices parties du centre. — 1° Bien que déjà 300 ansavant J.-C. Hérophile, médecin d’Alexandrie, ait entrevule rôle des nerfs, le langage vulgaire, chez les ancienset même encore de nos jours, a désigné sous le nom denerfs les parties blanches et fibreuses du corps, les tendons, les aponévroses, les muscles, etc. C’est en cesens qu’en parlent les auteurs sacrés. Le seul termequi pourrait se rapporter au système nerveux proprementdit serait celui qui désigne la moelle, moah, (lueXfS; , medulla, en l’appliquant à la moelle épinière, bien qu’il ait un sens plus général dans les deux passagesoù il est employé. Job, xxi, 24; Heb., iv, 12. VoirMoelle, col. 1187; Frz. Delitzsch, System der biblischenPsychologie, Leipzig, 1861, p. 233. — 2° Pour terminersa lutte avec Jacob, l’ange le toucha bekaf yérêk, «àl’embolture du fémur,» to hXoctoç toû pwipoù, «à la largeurde la cuisse,» nervum fenioris, «au nerf de lacuisse,» et l’atrophie se produisit aussitôt. C’est en souvenirde ce fait que les Israélites ne mangeaient pasdans les animaux le gîd han-nâSéh, le «muscle ischiatique», celui qui relie la hanche au fémur. L’atrophie dece muscle obligea Jacob à boiter. Gen., xxxii, 25, 31, 32.

— 3° Dans les autres passages de la Sainte Écriture, lenerf est habituellement appelé gîd, veïpov, nervus, mais désigne toujours un muscle. Ainsi Job, x, 11, ditque, pour former l’homme, Dieu l’a composé d’os et denerfs. L’hippopotame a les nerfs des cuisses solidemententrelacés. Job, xl, 12. Dans sa vision de la [résurrectiondes morts, Ézéchiel, xxxvii, 6, 8, voit successivementevenir sur les os desséchés les nerfs, la chair, la peau, esprit. Isaïe, xlviii, .4, reproche à Israël d’avoir uncou semblable à un nerf de fer. Le mot Sôr est employédans les Proverbes, iii, 8, avec le sens de muscles, danslesquels la sagesse entretient la santé aussi bien quedans les os. Les versions ont rendu ce mot par <ra>na, «corps,» et umbilicus, «nombril,» sens que Sôr a également.Dans Job, xl, 11, le mot Sarîr sert aussi à désignerles nerfs ou les muscles vigoureux du ventre del’hippopotame. Les versions Vont rendu par ô^aXiç, umbilicus, «nombril.» — 4° Pour empêcher les chevauxde courir, on leur coupait les nerfs, c’est-à-direles tendons des muscles des jambes. Cette action estexprimée par les verbes’iqqêr, veupoxoraïv, subnervare.Jos., xi, 6, 9; II Reg., viii, 4; I Par., xviii, 4. Jacob, faisantallusion à la destruction des Sichémites, Gen., xxxiv, 1-31, dit de Siméon et Lévi: «Dans leur méchanceté, ilsont coupé les jarrets des taureaux.» Gen., xlix, 6. Septante: «Us ont énervé un taureau.» Vulgate: Suffoderuntmurum, «ils ont renversé un mur,» traductionqui suppose Sûr, «mur,» au lieu de Sôr, «taureau.»

H. Lesêtre.

    1. NERGAL##

NERGAL (hébreu: Nêrgal; Septante, ’Epy&, NtptY^X; textes cunéiformes: *>— |>-T— *J—, ►>— T ^TT,

►>— T «[►— T), divinité adorée primitivement dans

la localité babylonienne Gn-du-a, Kûtû, la Cuthabiblique. Les Rois, IV, xvii, 30, rapportent précisémentque les Cuthéens transplantés en Samarie par le roid’Assyrie après la destruction du rpyaume d’Israël, s’yfirent une idole du dieu Nergal.Son nom Ne(r)-uru-gal, Ne-wm-gal, signifie dieu de la grande cité, VArali, leséjours des morts; on l’appelle aussi ilu sa qabri, dieu

du tombeau: Cutha renfermait en effet une nécropolecélèbre depuis la plus haute antiquité. On donnait à cedieu une épouse du nom de La-az, d’ailleurs totalementinconnue. Cutha ayant été englobée dans l’empire babylonien, on fit entrer Nergal, comme les autres divinitéslocales, dans le panthéon babylonien; on lui donnapour père Mul-lil, «le dieu des esprits de la terre,» «Seigneur deNippur.» De Babylonie, son culte passa enAssyrie, où Nergal jouit de grands honneurs: il est mentionnéparmi les douze grands dieux par Assurbanipal, Sennachérib, Salmanasar, Assur-nasir-habal, Teglathphalasarler, etc. Il apparaît, comme divinité protectrice, dans les noms assyriens et babyloniens, Nergal-sarusur, Nériglissor, Nergilos, (Nergal)-saréser, l’un officierde Nabuchodonosor, l’autre successeur d’Évilmérodach, le troisième vraisemblablement fils révoltéet meurtrier de Sennachérib. Son rôle de dieu infernalle fit représenter [peu à peu comme c< le dieu destructeur», «exterminateur des méchants» (The CuneiformInscriptions of the Western Asia, t. ii, pi. 54, lig. 73, c. d.; t. IV, pi. 2, lig. 1 b; pi. ii, c. iv, lig. 10, «champion des dieux, maître des combats» et enfindieu de la chasse. C’est principalement comme dieu dela guerre et de la chasse qu’il, est mentionné dans lesinscriptions des monarques assyriens; J. Menant, Annalesdes rois d’Assyrie, p. 44, 203, 290, etc.; 235, 253, 254; Eb. Schrader, Keilinschriftliche Bibliothek, t. ii, p. 106, 216, 17, etc. Son entrée dans le panthéon babylonienlui valut enfin d’être identifié avec la planèteMars, encore honorée sous le nom de Nergil par lesMandéens.

Ce dieu était représenté avec le corps d’un lion. Voirt. i, fig. 69, col. 313. Les textes cunéiformes donnent alternativementle nom de nir-gal ou la désignation idéographiquede ur-mah, comme aux lions tués à la chassepar les monarques assyriens, aux lions allégoriques, ailés et à face humaine, qui protégeaient les portes dupalais. On peut voir les hypothèses des anciens commentateurs, actuellement dépourvus d’intérêt du reste, dans Selden, De diis Syris Syntagma, Leipzig, 1668, p. 313, et dom Calmet, Commentaire littéral sur leIV» livre des Rois, 1721, p. 629.

Bibliographie. — Fr. Lenormant, Les origines del’histoire, t. i, p. 346, n. 2; 527; Frd. Delitzsch, ChaldâischeGenesis, p. 59, 97, 269, 274-276; Wo lag dasParodies, p. 217-218; Sayce, Lectures on the originand growth of Religion, p. 194-199; les hymnes à Nergal, ibid., p. 128, 496, 509, 511, 530; F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. iii, p. 577-578; Eb. Schrader, Nergal, dans Riehm, Handwôrterbuchdes biblischen Altertums, t. ii, p. 1075; Schrader-Whitehouse, The cuneiform inscriptions and theOld Testament, 1885, 1. 1, p. 275; P. Jensen, Mythen undEpen, dansEb, Schrader, Keilinschriftliche Bibliothek, t. vi, part, i, p. 74, 242, 389, 390, 396, 466, 524, 557.

E. Pannier.

NÉRI, nom de deux Israélites. Voir Nérias.

1. NÉRI, père de Baruch. La Vulgate écrit ainsi deuxfois, Jer., xxxii, 12, 16, le nom du père du secrétairede Jérémie qu’elle écrit partout ailleurs Nérias. VoirNérias.

2. NÉRI (grec: Nrjpf), nom’d’un des ancêtres deNotre-Seigneur dans la généalogie de saint Luc, iii, 27. Néri était le fils de Melchi, le père de Sâlathiel etle grand-père de Zorobabel.

    1. NÉRIAS##

NÉRIAS (hébreu: Nêrîyâh, «lampe de Jéhovah;» Septante: Nripux; ), fils de Maasias et père du prophèteBaruch et de Saraïas. Jer.,-xxxii, 12, 16; xxxvi, 4, 8, 14, 32; xliii, 3, 6; xlv, 1; li, 9; Baruch, i, 1. Le verset 59du ch. li de Jérémie montre que Saraïas était le frère

de Barueh, puisqu’il est appelé comme lui fils de Nérias «t petit-fils de Maasias. Les deux frères eurent des rapportsparticuliers avec Jérémie. — La Vulgate écrit deuxfois «Néri» le nom de Nérias. ~ Quelques commentateursidentifient le père de Barueh avec le Néri dontle nom se lit dans la généalogie de Notre-Seigneur ensaint Luc, ut, 27, mais ce n’est qu’une hypothèse baséesur la similitude des noms.

    1. NÉRON##

NÉRON, Nero Claudius Csesar Drusus Germanicus, cinquième empereur romain (54-68 de notre ère) (fig.434). Il n’est pas nommé par son nom dans l’Ecriture,

434. — Monnaie de Néron.

EEBASTOL NEPÛN. Tête de Néron. — n). EI1ITI iAMA

(nom de magistrat). Apollon assis, son arc à la main.

mais il y est désigné par son titre de César ou empereur.Néron est en effet le «César» auquel saint Paulfit appel lorsqu’il était jugé à Césarée, Act., xxv, 11; les «saints > «de la maison de César» dont le mêmeapôtre envoie les salutations aux Philippiens, iv, 22, sont aussi des chrétiens qui faisaient partie delà maisonde Néron. Voir César, t. ri, col. 449. Son histoire estmêlée à celle des commencements du christianisme dansl’empire et spécialement à Rome.

Son premier nom fut Lucius Dornitius Ahenobarbus.Il naquit en l’an 37 de notre ère à Antium; par son pèreDornitius Ahenobarbus, qui était petit-fils d’Octavie, sœur d’Auguste, et aussi par sa mère Agrippine, fille deGermanicus et arrière-petite-fille d’Auguste, il appartenaità la famille des Césars. Son ambitieuse mère vouluten faire un empereur et, pas à pas, elle le prépara àceindre la couronne impériale. Elle épousa d’abord entroisièmes noces son oncle l’empereur Claude, en 49; puis, elle fiança son fils avec Octavie, fille de Claude etde Messaline, et en l’an 50, elle le fit adopter par l’empereurcomme son fils et son successeur, au détriment deBritannicus, le propre fils de Claude. Quatre ans plustard, à la mort subite de celui-ci (54), qui fut attribuéeau poison d’Agrippine, Tacite, Ann., xii, 66; Pline, H. N., xxii, 22; Suétone, Claud., 44, Néron fut proclaméempereur et accepté par l’armée, le sénat et lepeuple. Tacite, Ann., xii, 68-69. Il avait dix-sept ans.Son éducation avait été très soignée par Sénèque et parBurrhus, mais l’excès de la puissance et les funestesexemples de sa mère qui ne reculait devant aucuncrime, devaient faire de lui un monstre du genrehumain. Il se débarrassa par le poison de Britannicus.Tacite, Ann., xiii, 15; Suétone, Nero, 22; Dion Cassius, lxi, 7, 4; Josèphe, Bell, jud., II, xiii, 1. Néanmoins lescinq premières années de son gouvernement étaient loinde présager ce qu’il deviendrait un jour. Il se rendit toutd’abord agréable au peuple par ses largesses, Suétone, Néro, 10-11; il reconnut l’autorité du sénat, Tacite, Ann., xiii, 45; il s’efforça de modérer les impôts, Tacite, Ann., xiii, 50-51; il recueillit le bénéfice des succèsmilitaires de Corbulon dans sa guerre contre les Parthes, en 55, Tacite, Ann., xiir, 6-9, 34-41; xiv, 23-26, et dessuccès de Stenonius Paulus, en 61, dans la soumissioncomplète de la Grande-Bretagne. Tacite, Ann., xiv, 29.On ferma aussi les yeux sur les vices auxquels il donna

dès lors carrière, sur sa vanité puérile, sur son immoralitéet sur son inconduite. Tacite, Ann., xiii, 12, 25, 46.Cependant ses crimes se multiplièrent peu à peu; iln’eut plus bientôt aucune retenue; il ne respecta ni leslois de l’État, ni les lois de la nature. Dès l’an 58, il selia avec Poppée, la femme du futur empereur Othon. Ellevoulait devenir impératrice, et pour y parvenir, elle luifit répudier sa femme Octavie et le poussa jusqu’auparricide, parce qu’elle redoutait l’influence d’Agrippinesur son fils. Il devait tout à sa mère et il la fit périr.Tacite, Ann., xiv, 3-8; Suétone, Nero, 34.

Pendant que ces événements se passaient à Rome, saint Paul était prisonnier à Césarée et faisait appelà César, c’est-à-dire à Néron. Il arriva dans la capitalede l’empire peu après le meurtre d’Agrippine. Poppéeétait alors toute-puissante et bien disposée en faveur desJuifs. Josèphe, Ant. jud. y XX, viii, 11; Vit., 3. On nesaurait dire si elle s’occupa elle-même de saint Paul, mais il dut bénéficier de la protection qu’elle accordaitd’une façon générale à ses compatriotes. On ne voyaitalors en lui qu’un Juif. Il fut traité avec douceur etménagement et finalement acquitté au bout de deuxans. Act., xxviii, 30. La sentence fut-elle prononcée parl’empereur en personne? Il est impossible de l’affirmeravec certitude, mais plusieurs historiens le croientvolontiers. Néron tenait à rendre exactement la justice, surtout quand, des provinces, on avait fait appel à sontribunal. Suétone, Nero, xv.

Néanmoins ses instincts vicieux se donnaient de plusen plus libre carrière et provoquaient un mécontentementgénéral qui se manifesta peu à peu ouvertement. Surces entrefaites il se produisit, en juillet 64, un événementdésastreux qui devait avoir de graves conséquencespour le christianisme naissant: l’incendie de la ville deRome. Le feu fit rage pendant six jours et six nuits; onle croyait éteint lorsqu’il éclata de nouveau et continuaencore ses ravages pendant deux jours. Des quatorzequartiers de la cité, trois furent totalement détruits, sept autres ne furent guère plus qu’un amas de maisonsà demi ruinées. Nombre de temples et de monumentspublics, des bibliothèques et des chefs-d’œuvre d’artfurent la proie des flammes, et le fléau fit beaucoup devictimes parmi les habitants. L’empereur était alors àAntium, et il ne revint à Rome que lorsque le fléaumenaça son palais. Mais on avait une telle idée de sascélératesse que la rumeur publique l’accusa d’être l’auteurvolontaire de l’incendie et d’être monté sur la tourde Mécène pour jouir de l’affreux spectacle et réciter desvers sur la chute de Troie. Tacite, Ann., xv, 38-42; Suétone, Nero, 38. Il avait voulu, semblait-il, détruirede fond en comble l’ancienne Rome pour bâtir une villenouvelle à laquelle il donnerait son nom. Tacite, Ann-, 40.

Néron est-il coupable de l’incendie de Rome? Forte, an. dolo principis incertum, a écrit Tacite. Ann., 38. M. Attilio Profumo, qui a étudié à fond le problèmeet étudié minutieusem*nt tous les documents dans LeFonti editenipi dello incendio Neroniano, in-4°, Rome, 1905, arrive à la conclusion que les témoignages contemporainsétablissent la culpabilité de l’empereur, p. 348JÎ, 715.

I/incendie de Rome eut de graves conséquences pourles chrétiens. Comme le mécontentement contre celuique la rumeur publique accusait d’en être l’auteurallait toujours croissant, Néron, espérant ainsi donnerle change àf’opinion, chargea les chrétiens de ce crimeet en fit périr «une grande multitude» dans d’affreuxsupplices, d’après Tacite, Ann., xv, 44. Cf. S. Clémentromain, I Cor., vi, édit. Gebhart, Pal. apost., t. i, 1876, p. 16. Divers critiques croient cependant que les chrétiensne furent pas condamnés comme incendiaires, mais comme violateurs des lois romaines. Quel que fûtle prétexte, Dieu permit que l’un des hommes les plus

vicieux et les plus odieux que nous fasse connaître l’histoirefût le premier des persécuteurs de son Église.

Bientôt il n’épargna plus personne. Les riches furentmis à mort à cause de leurs richesses, les hommes lesplus populaires, à cause de leur popularité, les plushonnêtes, à cause de leur vertu. Tacite, Ann., xv, 21.Même le voyage que la vanité et la soif des applaudissem*ntslui fil faire en Grèce, en 66-67, n’interrompitpas les exécutions à Rome. Dion Cassius, lxiii, 12, 17.Saint Pierre et saint Paul furent au nombre des victimes.P. Allard, Histoire des persécutions, t. i, 1885, p. 73-77.

Une première tentative d’insurrection, en 65, contreNéron avait été étouffée dans le sang. Tacite, Ann., xv, 48-70. Quand le mouvement de révolte se propageadans les provinces, quand Galba se prononça contre luien Espagne, Néron fut impuissant à le réprimer. Aprèsavoir formé les projets les plus contradictoires, il s’enfuit, déguisé, de Rome pour se réfugier dans la villa d’un deses affranchis, et là il se donna la mort, sans courage, pour échapper à une fin plus ignominieuse. Suétone, Nero, 40-49. Il avait 31 ans (68). Ainsi périt le premierpersécuteur de l’Église, primus omnium persécutas Deiservos, dit Lactance, De mort, pers., 2, t. vii, col. 196.

La terreur qu’il avait inspirée, la crainte que chacunéprouve de devenir sa victime étaient si vives qu’on neput d’abord croire à une délivrance si désirée et à laréalité de sa mort. On s’imagina qu’elle était feinte, qu’ilse cachait en un lieu inconnu ou qu’il s’était échappéchez les Parthes et qu’il allait revenir pour reprendreles rênes de l’empire. Il se trouva de faux Nérons quitentèrent de profiter de la crédulité publique. Suétone, Nero, 57; Tacite, Hist., i, 2; ir, 8. Ces bruits se répandirentparmi les Juifs et les chrétiens., Orac. Sybill., iv, 119, 137 sq. (d’origine juive et datés communémentde l’an 80); on crut à sa résurrection, cf. ibid., v, 33, 91, 216, 363 (d’origine chrétienne), quand on ne put plusdouter de sa mort, et l’on attendit son retour commeAntéchrist. Commodien, Carmen apologeticum, in fine, dans Pitra, Spicilegium Solesmense, 1852; Victorinus, Scholia in Apoc, xiir, 3, cꝟ. 1, 11, t. v, col. 338; Lactance, loc. cit. Cf. S. Augustin, De Civ. Dei, XX, 19, t. xli, .-co1. 686.

Des critiques modernes prétendent retrouver cesfausses croyances populaires dans l’Apocalypse. Celivre repose d’après eux sur cette erreur de fait queNéron n’était point mort en l’an 68; il prédit un événementqui ne s’est jamais réalisé, car il annonce queNéron va reparaître et reprendre le gouvernement del’empire. La preuve de ces assertions, c’est, entre autres, que Néron est désigné dans l’Apocalypse d’une façontrès transparente. Le fameux nombre de la bête, lenombre 666, Apoc, xiii, 18, calculé d’après la valeur.deslettres hébraïques, donne iDp ji-u = NEpuv Kai<rap = NéronCésar ou empereur. Voir Renan, L’Antéchrist, ^. 415417; N. Mangold, dans Frd. Bleek, Einleitung in dasNeue Testament, 3e édit., Berlin, 1875, p. 715. Mais l’Apocalypsea été écrit en grec, non en hébreu, et les lettresdoivent être comptées d’après leur valeur en grec; aussiaucun auteur ancien n’a vu Néron dans le chiffre Ï66.Pour rendre leur explication acceptable, les exégètesqui soutiennent cette opinion, sont obligés de faire composerl’Apocalypse en 69, plusieurs années avant la dateque lui assignent les témoignages anciens. F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 5e édit., t. v, p. 575-584. Voir Apocalypse, t. i, 746-748. Saint Jean ditformellement, Apoc, xvii, 8, que la bête 666 «a été, mais qu’elle n’est plus». F. Vigouroux,

NERPRUN. Voir Rhamnus et Paliure.

N ESI B (hébreu: Nesib; Septante: Nauië; Alexandrinus: Neai’ê), ville de la tribu de Juda, dans la Séphélah, mentionnée entre Esna et Céilar On l’identifiegénéralement avec le Beit-Nasib actuel, au sud de Céilah.Eusèbe, dans VOnomasticon, édit., Larsow et Parthey, .1862, p. 300, place Nesib à neuf miljes (que saint Jérôme, ibid., p. 301, corrige en sept milles) d’Éleuthéropolis. «La correction, dit V. Guérin, La Judée, t. iii, p. 345 Test justifiée par l’intervalle qui s’étend entre Beit-Djibrin, l’ancienne Éleuthéropolis, et le Khirbet Aeit-Nesib.» Les" ruines de Nesib sont sur le sommet d’une colline.On y voit un certain nombre de citernes, des tombeauxantiques, des magasins souterrains, un birket ou piscinecreusée dans le roc et des restes de constructionsassez importantes, mais ces dernières postérieures à l’èrechrétienne. Voir Ed. Robinson, Biblical Researches inPalestine, 1841, t. ii, p. 398; t. iii, p. 12-13; Porter, Handbook for travellers in Syria and Palestine, 1868, .p. 265-266.

    1. NESROCH##

NESROCH (hébreu: Nisrôk; Septante, ’EuSpix, ’E<r9pâx>’Auapix, Na<rapâx, Meuepâ/; Josèphe, Ant.put., édit. Didot, t. i, p. 369, ’Apàuxr, ), dieu adoré parSennachérib et dans le temple duquel il fut tué par sesfils Adrammélech et (Nergal)-saréser. IV Reg., xix, 37.Ce nom n’a pas encore été retrouvé dans le panthéonassyrien ou babylonien. Les anciennes transcriptionscroyaient pouvoir le placer parmi les douze grandsdieux, J. Menant, Annales des rois d’Assyrie, p. 203, 254, etc., et même le lire dans les inscriptions de Sennachérib, ibid., p. 233, 235; mais c’est une fausse lecture, que rien ne justifie, du nom de É-a, dieu de l’abîmeet père de Mardouk. On ne peut donc présenter jusqu’icique des conjectures. Parmi les noms dès douzegrands dieux, le dernier de ceux mentionnés par Assurbanipal, The Cuneiform Inscriptions of the WesternAsia, t. v, pi. 1, lig. 17, 43, etc., peut se transcrire Nuzku,

►» — J pz JET’une divinité solaire, devenue plus

tard, par une sorte d’assimilation avec Nabiu-Nébo, lepatron des scribes: Sayce, Lectures on the origin andgrowth of the Religion, p. 118-120, et assimilé d’autresfois à Nergal: P. Jensen, Mythen und Epos, p. 466, dans Eb. Schrader, Keilinschrifliche Bibliothek, t. vi Tpart. I. Pour la lecture de l’idéogramme, voir TheCuneif. Inscr., t. ii, pi. ii, col. iii, lig. 344. Mais, outre ladivergence des formes Nuzku et Nesroch, il faut remarquerque le nom de cette divinité ne se trouve guèredans les textes de Sennachérib, dont les dieux protecteurssont surtout Assur et Istar, auxquels il joint rarementSin, Samas, Bel, Nabûet Nergal «ilani tïklia, les dieuxà qui je me confie». Prisme de Taylor, col. v, lignes50-52; Schrader, Kéilinsch. Bibliothek, t. Ir, p. 106-107.Le dieu Assur étant la divinité éponyme de l’Assyrie, leprotecteur spécial des monarques assyriens et l’instigateurde toutes leurs conquêtes, Eb. Schrader, abandonnantla transcription hébraïque et se déterminantd’après les multiples et variables transcriptions grecques, a cru pouvoir y reconnaître précisément ce nom d Assur, tel qu’on le retrouve dans le nom même du fils deSennachérib, Assur-ah-iddin, Asaraddon, mais complétépar une désinence aku dont on ne voit pas bien ici lerôle, ’Auap(âx). — T. G. Pinches y voit, dans Hastings, A Dictionary of the Bible, t. iii, p. 555, un composédu nom du dieu Assur et de celui du dieu lunaire Sin, qu’on retrouve comme élément initial du nom de Sennachérib(Sin-ahi-irba, «que Sin multiplie ses frères» )et qu’il faudrait lire en accadien Aku, Asur-Aku. Maisnulle part le dieu Sin n’est identifié au dieu Assur, etl’on ne trouve pas d’exemple d’un pareil composé dansl’onomastique assyrienne. — Voir F. Vigouroux, LaBible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iii, p. 577; Schrader-Whithouse, Thè cuneiform inscriptions andthe Old Testament, 1888, t. ii, p. 13-14.

E. Pannier.

    1. NETHUPHATI##

NETHUPHATI, orthographe, dans II Esd., xii, 28, du nom de lieu qui est écrit ailleurs Nétophati etNétupha. Voir Nétophati.

    1. NÉTOPHATI##

NÉTOPHATI (hébreu: Nelôfâh; Septante: Nettoya; Alexandrinus, Neçmrà, I Esd., H, 22; ’Araçâ; Aleooandrinus: ’Averwçi, dans II Esd., vii, 26), village de latribu de Juda. La Vulgate l’appelle Nétupha, I Esd., ii, 22; II Esd., vii, 26; partout ailleurs, elle emploie laforme ethnique du nom, qui signifie proprement «Né.tophatite», Netuphati, dans II Esd., xii, 28; Nétophati, comme nom de lieu, I Par., ii, 54; ix, 16; Jer., XL, 8; etNetophatites, comme nom ethnique, I Reg, , xxiii, 28, 29; IV Reg., xxv, 33; I Par., xi, 30; xxvii, 13, 15. Nétophati-Netophahétait dans la tribu de Juda, dans le voisinagede Bethléhem. I Par., ii, 54; I Esd., ii, 22; II Esd., vii, 26.

I. Identification. — 1° Umm-Toba. — Conder, Palestine, 1889, p. 259, identifie Netophah avec Vmm-Tôba, ruines antiques situées dans une vallée entre Jérusalemet Bethléhem, non loin de la route de Jérusalemà Bethléhem, à l’est, à peu près vis-à-vis du tombeaude Rache], n II y avait en ce lieu, dit V. Guérin, LaJudée, t. iii, p. 83-84, un village dont il subsiste encorequelques arasem*nts de maisons, des souterrains, desciternes et des tombeaux creusés dans le roc… Quantau nom de la vallée et des ruines qui s’y trouvent, nomqui signifie «mère de béatitude», il viendrait, d’aprèsune ancienne tradition, de ce que sainte Marie de Cléophas, mère de saint Jacques le Mineur, aurait séjournéet aurait été ensevelie dans l’une des grottes, soit naturelles, soit artificielles, qu’on rencontre en cet endroit.».

2° Beit-Nettif. — D’autres palestinologues identifientNetopha avec le Beit Nettif actuel, et V. Guérin est dunombre: «Comme Netophah, dit-il, La Judée, t. ii, p. 375, est mentionnée (dans II Esd., vii, 26) avec Bethléhem, on en a conclu qu’il fallait la chercher dans levoisinage de celle-ci, et que dès lors il était impossiblede l’identifier avec le village actuel de Beit-Nettif, malgréla coïncidence singulière des noms, un intervallede quatre heures de marche environ séparant BeiPNettifde Bethléhem. Mais cette raison ne me paraît passuffisante pour s’opposer à cette identification, car, dansle même chapitre du livre II d’Esdras, au ꝟ. 25, lesenfants de Gabaon sont cités immédiatement avant ceuxde Bethléhem. Or, trois heures de marche au moinsforment entre ces deux points une distance trop grandepour qu’on puisse les dire voisins; toutefois ils sontmentionnés à côté l’un de l’autre, comme s’ils étaientplus rapprochés.» L’éloignement de Beit-Nettif, parrapport à Bethléhem, est l’argument capital qu’on faitvaloir contre son identification avec Netopha et [il n’estpas sans valeur. Le nom moderne rappelle cependantsi bien le nom hébreu qu’on admet communémentqu’il y a eu là une Netophah dont il est question dans leTalmud. La Mischna mentionne «l’huile de Netophah», Peah, vii, 1, 12; il est parlé, Schebiith, ix, 7, des artichautsde la vallée de Beth Netophah, et quoique aucuneindication ne soit donnée sur sa position, on identifietout naturellement le Beth Netophah talmudiqueavec le Beit Nettif actuel.

Beit Nettif, située à l’ouest de Bethléhem, au nordestde Beitdjibrin (Éleuthéropolis) (voir la carte deJuda), à 6 heures de marche environ de Jérusalem, surla route de cette ville à Éleuthéropolis et à Gaza, sedresse sur une’crête rocheuse, d’où l’on jouit d’une vuemagnifique qui embrasse les montagnes de Juda, laplaine des Philistins et les restes ou les ruines d’ungrand nombre de villages dont une dizaine sont nommésdans l’Écriture. Le village renferme aujourd’huiun millier d’habitants. Il possède un khan en formede tour carrée. Dans les maisons grossièrement bâties, on voit encastrées des pierres travaillées provenant

d’anciens monuments. Deux puits, plusieurs citernes, des silos et des magasins creusés dans le roc sont encoreaujourd’hui en usage. Sur les pentes de la vallée, une belle verdure et de grands chênes.

II. Histoire. — Le nom de Netophah apparaît pourla première fois dans l’Écriture comme étant la patriede deux des trente gibborîm de David, Mabaraï et Héled.II Reg., xxiii, 28, 29; I Par., xi, 30. Nous apprenonspar I Par., ii, 54, que Netopha avait été peuplée commeBethléhem, par les descendants de Selma, de la tribu deJuda, Moharaï et Héled appartenaient en effet à cettetribu, le premier étant de la famille de Zaraï et le secondde celle d’Othoniel (ou Gothoniel), l’une et l’autre de lapostérité de Juda. I Par., xxvii, 13, 15. Maharaï (Maraï)et Héled (Holdaï) distingués pour leur bravoure, furentplacés à la tête du dixième et du douzième corps d’arméepar David. I Par., xxvii, 13, 15. Les Netophatitesparaissent avoir eu l’esprit belliqueux. Une traditiondont on n’a pas de motif de rejeter l’authenticitérapporte que les habitants de Netopha mirent à mortles gardes placés par Jéroboam sur les routes qui conduisaientà Jérusalem, atin d’arrêter les Juifs fidèles quiportaient au Temple les prémices de leurs récoltes. Targum, suri Par., Il, 34; sur Ruth, iv, 20; sur Eccl., îll, 11. Le souvenir de la mesure prise par Jéroboam, laquellefut maintenue par ses successeurs (M. Frd. Beck, Targum seu Paraphrasis chaldaica, in I et II librumChronicorum et notis, sur I Par., ii, 54, Augsbourg, 1680-1683), est consacré dans le calendrier juif par unjeûne qui se célèbre le 22 du mois de sivan. — Unautre chef militaire nétophatite nous est connu parJérémie, xl, 8, et par le quatrième livre des Rois, xxv, 23; c’est Saréas (Saraïa), fils de Thanehumeth, un descommandants de l’armée juive; il vivait du tempsde Godolias, qui avait été nommé gouverneur de Judapar Nabuchodonosor après la prise de Jérusalem. Jérémie, XL, 8, énumère aussi «les fils d’Ophi» de Netophaparmi les guerriers qui se rendirent avec Saréasauprès de Godolias. Le prophète remarque que cesNetophatites n’avaient pas été emmenés en captivité.Tous leurs compatriotes n’avaient pas été aussi heureux.Cinquante-six d’entre eux revinrent de Chaldéeavec Zorobabel. I Esd., ii, 22 (d’après II Esd., vii, 26, leur nombre était de 188; il est impossible de savoirquel est le chiffre authentique). — Nous apprenons partes Paralipomènes et par Néhémie que les hâsêrîm oudouars de Netopha étaient habités par des lévites,

I Par., îx, 16; II Esd., xii, 28. Ces lévites étaient deschanteurs. II Esd., xii, 28. Il résulte de ces deux passagesque les Lévites n’habitaient pas seulement lesvilles qui leur avaient été assignées lors du partage dela Terre Promise. Voir Lévitiques (Villes), col. 216.Ci. Survey of Western Palestine, Memcirs, t. iii, 1883, p. 24; Tobler, Dritte Wanderung nach Palàstina, Gotha, 1859, p. 117. — Des anachorètes chrétiens menèrentla vie monastique dans un désert voisin de Netopha, Natupha. Acta sanctorum, die 20 januarii, t. ii, p. 674, note e, édit. Palmé. F. Vigodroux.

    1. NÉTUPHA##

NÉTUPHA, orthographe dans I Esd., H, 22, et

II Esd., vii, 26, du nom de lieu qui est écrit ailleursNéthuphati et Nétophati. Voir Nétophati.

    1. NEUBAUER Ignace##

NEUBAUER Ignace, né à Bamberg en 1724, mortà Œllingen en 1795, entra dans la Compagnie deJésus en 1745. Il professa notamment la théologie àWurzbourg et les langues orientales à Heidelberg. Neubauerprend place’au nombre des exégètes par descommentaires en hébreu des Psaumes de David, commentairesqui parurent à Wurzbourg en 1771.

P. Bliard.

    1. NEVEU##

NEVEU, NIÈCE, le fils ou la fille d’un frère ou d’unesœur. — L’hébreu n’a pas de terme spécial pour dési;

gner ce degré de parenté. Quelquefois le neveu est appelé «fils du frère», Gen., xii, 5, et la nièce «fille dufrère». Gen., xxiv, 48; Esth., ii, 7. D’autres fois, le mot’âh, «frère,» est employé avec le sens de neveu. Abrahamdonne ce nom, Gen., xiii, 8, à Lot qui n’est queson neveu. Gen., xii, 5; cf. xiv, 16. Laban le donne àJacob, Gen., xxix, 15, qui est le fils de sa sœur. Gen., xxix, 10. Amasa, fils d’Abigaïl, sœur de David, est ap?elé par ce dernier «son os et sa chair». II Reg., Xix, 2. C’est donc habituellement par des périphrases qu’ondésignait le neveu ou la nièce. Quant aux mots èxvovoç, nepos, neptis, employés assez souvent par les versions, Gen., xxxi, 48; Exod., x, 2; Lev., xviii, 10; 1 Tim., v, 4, etc., ils s’appliquent, non à des neveux ou des nièces, mais aux petit*-enfants en ligne directe.

H. Lesêtre.

    1. NEWCOME William##

NEWCOME William, prélat anglican, né dans leBedfordshire, mort le Il janvier 1800. Ses études terminéesà Oxford, il entra dans les ordres et devint, en 1766, évêque de Dromore. Après avoir gouverné successivementplusieurs diocèses, il fut appelé en 1795 au sièged’Armagh en Irlande. Il composa plusieurs ouvragesparmi lesquels nous mentionnerons: An attempt towardsand improved version, a metricat arrangementand a explanation of the twelve minor prophets, in-4°, Londres, 1785; An attempt towards and improved version, a metrical arrangement and a explanation ofthe propheta Ezechiel, in-8°, Dublin, 1788. — VoirW. Orme, Biblioth. biblica, p. 326.

B. Heurtebize.

    1. NEWTON Isaac##

NEWTON Isaac, mathématicien anglais, protestant, né à Woolshope dans le Lincolnshire le 25 décembre 1642, mort à Kensington le 20 mars 1727. Il étudia au collègede Grantham, puis de la Trinité à Cambridge et prit sesgrades à l’Université de cette ville où, en 1669, il obtintune chaire de mathématiques qu’il occupa pendant vingt-sixans. En 1689, il fut envoyé au Parlement où il neresta qu’un an, et en 1699 il était nommé directeur de lamonnaie. La même année il devenait membre associéde l’Académie des sciences de Paris. De 1703 à sa mortil fut président de la Société royale de Londres. Nousn’avons pas à nous occuper ici des découvertes scientifiquesde Newton, mais seulement à mentionner uncommentaire sur Daniel et l’Apocalypse où se retrouvele protestant très attaché à toutes ses erreurs et s’efforçantde les justifier. Ce travail ne parut qu’après la mortde son auteur: Observations upon the prophecies ofDaniel and the Apocalypse of St. John, in-4°, Londres, 1733. Guill. Sudeman en publia une traductionlatine, in-4°, Amsterdam, 1737. Les œuvres d’Isaac Newtonont été publiées en 5 in-4°, Londres. 1779-1785. — VoirBrewster, Memoirs of the life, writings and discoveriesof Sir lsaac Newton, 2 in-12, Edimbourg, 1860; W.

Orme, Biblioth. biblica, p. 329.

B. Heurtebize.

NEZ, NARINES (hébreu: ’af, ouau duel: ’appayîm; une fois, dans Job, xli, 11: nehirâyîm; Septante: fiuxTrip, £îç; Vulgate: nasus, nares), organe de l’odorat, formant une saillie cartilagineuse au milieu du visage, et renfermant deux conduits verticaux, appelés narines, qui servent également à la respiration. La Sainte Écritureemploie le mot’af dans plusieurs acceptions.

1° La forme du nez. — Il est dit de l’Épouse que sonnez est «comme la tour du Liban qui regarde du côtéde Damas», Cant., vii, 4, c’est-à-dire qu’il est droit, bien tourné et solidement planté. D’après les versions, il faudrait exclure du sacerdoce lévitique celui qui a lenez mutilé, xoXo6ôpptv, ou de travers, torto naso. Letexte hébreu parle seulement de l’homme qui est harûm, «mutilé» en général, sans désigner spécialement aucunorgane, Lev., xxi, 18. Ézéchiel, xxili, 25, annonce aux’Israélites coupables que les Assyriens leur couperont lenez et les oreilles. Cette mutilation était usuelle chez

les Égyptiens. Les Grecs prétendaient même que la villedeRhinocoroura ou Rhinocoloura devait son nom au.grand nombre de forçats au nez coupé qu’elle renfermait.Cf. Diodore de Sicile, i, 60, 78; Strabon, XVI, ii, 31; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orientclassique, t. i, p. 337; t. ii, p. 124.

2° L’organe de la respiration. — C’est dans les.narines de l’homme que Dieu met le souffle de vie.Gen., ii, 7. Le mot’affayîm ayant aussi le sens de «visage», c’est ce dernier que les versions ont choisi: TcpôutoTcov, faciès. Le premier sens convient mieuxnéanmoins. Le souffle de vie, qui constitue l’homme àl’état d’être vivant, a en effet pour signe sensible larespiration, qui passe par l’organe des narines.Cf. Frz. Delitzsch, System der biblischen Psychologie, Leipzig, 1861, p. 82, 83. Tout ce qui avait souffle de viedans les narines et se trouvait hors de l’arche, mourutau déluge. Gen., vii, 22. Jérémie appelle le roi de Judale «souffle de nos narines», c’est-à-dire celui qui nousfaisait respirer et vivre. Lam., iv, 20. Les impies disentque «le souffle de nos narines est comme une fumée», Sap., ii, 2, c’est-à-dire que la vie se dissipera complètementun jour et qu’il faut en profiter dans le présent.

3° L’organe de l’odorat. — Amos, iv, 10, rappelle auxhommes de Samarie que Dieu a fait monter à leursnarines l’infection de leur camp. Les idoles ont desnarines, mais elles ne sentent point. Ps. cxv (cxm), 6; Sap., * xv, 19. Les femmes de Jérusalem, pour flatter leurodorat, avaient parmi leurs objets de toilette des ba(êhan-néfés, «filles de respiration, s olfactoriola, c’est-à-diredes boîtes de senteur. Is., iii, 20. Voir Odeur. —Ézéchiel, viii, 17, parlant des hommes de Jérusalem quise livrent à l’idolâtrie, dit qu’ «ils approchent le rameaude leur nez >; . Il s’agit ici d’un rite idolâtrique dont onn’a pas l’explication. Il est souvent question, dans lestextes babyloniens, du cèdre cher aux grands dieux quele devin doit avoir en main pendant les incantations.Cf. Martin, Textes religieux assyriens et babyloniens, Paris, 1903, p. 233, 235, etc. Saint Jérôme, In Ezech., III, 9, t. xxv, col. 84, pense que le rameau en questionest analogue à la branche de palmier, gai’a, que lesGrecs portaient devant les idoles. Le texte hébreu l’appellezemôrâh, «rameau de vigne.» On ignore pour quelleraison on l’approchait du nez. Peut-être n’y a-t-il là quel’expression ironique d’un geste analogue à celui desPerses qui, en priant le soleil, tenaient en main unebranche d’arbre, le bareçman. Cf. Buhl, Gesenius’Randwbrterbuch, Leipzig, 1899, p. 219.

4° Le siège de la colère. — Dans la colère, les narinesse dilatent et la respiration se précipite. Le sang d’ailleursafflue aisément au nez. Prov., xxx, 33. Aussi, enhébreu, les mots’af, ’affayîm, servent-ils de nom à lacolère. Exod., xv, 8; Deut., xxxii,; Job, iv, 9; II Reg., xxii, 9; Dan., xi, 20; etc. Voir Colère, t. ii, col. 833.Au Psaume x, 4, ’af désigne l’orgueil, l’arrogance dupécheur.

5° Narines des animaux. — L’auteur du livre de Jobparle des narines de l’hippopotame, qu’on ne peut sehasarder à perforer, Job, xl, 19, et de celles du crocodile, qu’on ne saurait traverser avec un jonc, Job, XL, 21, et qui lancent une vapeur brillante aux rayons dusoleil. Job, xli, 11. Un anneau d’or ne sied pas auxnarines d’un pourceau, Prov., xi, 22. On passait desanneaux aux narines des animaux pour les conduire plusaisément. Voir Anneau, t. i, col. 636. Dieu fait dire àSennachérib qu’il lui passera un anneau aux narinespour le reconduire dans son pays. IV Reg., xix, 28; Is., xxxvii, 29. Voir 1. 1, fig. 158, col. 637, un prisonnierauquel on passe un anneau à travers les lèvres. — Dansla Vulgate, il est dit du cheval: «La gloire de sesnarines est la terreur,».ce qui peut signifier que sonfier hennissem*nt est effrayant. Il y a dans le textehébreu: «La fierté de son frémissem*nt est terreur,»

et dans les Septante: ; < Redoute la gloire de son poitrail.» Job, xxxix, 20. Il n’est point question de narines dansce texte, sinon en ce sens implicite que les narines duch*eval sont en mouvement quand il frémit.

H. Lesêtre.

    1. NÉZEM##

NÉZEM, nom hébreu d’un anneau porté en Orientparles femmes et quelquefois par les hommes (fig. 435).

435. — Nézem. Musée Lavigerie, à Carthage.

Voir Anneau, t. i, col. 692 3, et aussi ibid., fig. 151, col. 693.

    1. NICANOR##

NICANOR (grec: Nixtivwp, «vainqueur» ), nom dedeux Syriens et d’un des premiers diacres établis par lesApôtres.

1-2. NICANOR (grec: Nixœvup), fils de Patrocle.II Mach., vii, 9. Général syrien, il commanda les arméesd’Antiochus IV Épiphane et de Démétrius I er dansles expéditions contre les Juifs. Il était éléphantarque, ou chef des éléphants du roi sous Antiochus, II Mach., xiv, 12, et portait le titre honorifique d’ami du roi queles princes Syriens donnaient à leurs principaux officiers.I Mach., iii, 38. En 166 avant J.-C, Lysias, chancelierdu roi de Syrie, lui confia en même temps qu’àGorgias et à Ptolémée, fils de Dorimène, la conduite d’unearmée destinée à réprimer la révolte des Juifs contre leroi de Syrie. Nicanor voulut d’abord faire une razziade captifs Juifs pour fournir par le produit de leur venteles 2000 talents que le roi de Syrie devait payer commetribut aux Romains. I Mach., iii, 38-41; II Mach., viii, 811; Josèphe, Ant. jud., XII, vii, 3. Les Syriens furentbattus et Nicanor s’enfuit sous un déguisem*nt àAntioche. II Mach., viii, 30-36. Voir Judas, 3, t. iii, col.1791-1792. — Le Nicanor qui fut ensuite gouverneur deCypre et qui continua à tracasser les Juifs est probablementla même personne. Iî Mach., xii, 2. LorsqueDémétrius I er Soter succéda à Antiochus IV Épiphane, Nicanor fut en grande faveur auprès de lui. Il avaitaccompagné le roi dans sa captivité à Rome et s’étaitéchappé avec lui. Polybe, iii, 11; Josèphe, Ant. jud., XII, x, 4. Quand, à l’instigation d’Alcime, Démétrius résolut

de s’emparer de Judas Machabée, Nicanor fut mis à latête des troupes envoyées contre lui. I Mach., vii, 26; II Mach., xiv, 12. Nicanor essaya d’abord de s’emparerde la personne de Judas en l’attirant traîtreusem*nt dansune embûche, mais sa trahison fut découverte, IMach., vu, 28-30; II Mach., xiv, 30-31. Nicanor eut alors recoursà la force et livra bataille à Judas près de Capharsaloma.Les Syriens furent battus. Sur cette bataille et sur sessuites, voir Judas 3, t. iii, col. 1799-1801. Nicanor y futmortellement blessé. Judas lui fit trancher la tête etinstitua une fête solennelle en souvenir de sa défaite, la veille du jour de Mardochée. I Mach., vii, 39-50; II Mach., xv, 20-40; Josèphe, Ant. jud., XII, x, 5.

E. Beurlier.

3. NICANOR, nom d’un des sept premiers diacresinstitués par les Apôtres pour s’occuper des pauvres deJérusalem. Act., vi, 5. Il est nommé le quatrième parmiles sept. On ne sait guère de lui que son nom. LePseudo-Dorothée dit qu’il fut un des soixante-douzedisciples, Pat. gr., t. xcii, col. 1061, et le fait mourirle même jour que le diacre Etienne. De même le Pseudo-Hippolyte, t. x, col. 953. D’après le martyrologe romain, il mourut martyr dans l’Ile de Chypre le 20 janvier.Les Grecs célèbrent sa fête le 28 juillet. Voir Acta.sanctorum, januarii t. i, édit. Palmé, t. i, p. 601.

    1. NICCOLAI Alphonse##

NICCOLAI Alphonse, né à Lucques le 31 décembre1706, mort à Florence en 1684, entra’dans la Compagniede Jésus le 14 février 1723. Ses talents pour laprédication lui acquirent la réputation d’un des meilleursorateurs de son temps et le titre de théologienimpérial. Parmi ses nombreux et savants ouvrages, ondoit distinguer plusieurs dissertations et leçons d’ÉcritureSainte. Ses études sur la Genèse en J volumes in-4°, Florence, 1750-1763, se remarquent spécialement, grâcesurtout à une érudition large et abondante. Ce’t ouvragefut suivi d’un long commentaire sur l’Exode et de dissertationsfort érudites sur Daniel, Tobie, Esther et Judith.On lui doit enfin une Explication littérale dutexte sacré, parue à Gênes en 2 in-4°, 1770.

P. Bliard.

    1. NICETAS SERRON##

NICETAS SERRON, appelé aussi Nicetas Heræleensis, exégète, fleurissait vers l’année 1070. D’abord, diacre de l’église de Constantinople, il fut ensuite, à cequ’on croit, évêque de Serron, en Macédoine, puisévêque d’Héraclée, en Thrace. Plusieurs ouvrages de luiont été imprimés dans la suite, parmi lesquels: Catenagrsscorum Patrum in beatum Job collectore Niceta, ex Il Mss. Bibl. Bodlejanx codd. grsece nunc primumin lucem edila et latine versa, studio Patricii Junii, in-f°, Venise, 1587, et Lond., 1637. — Catena Patrumgrœcorum xxx in Matthseum. Prodit nunc primumex Bibl. elect. Bavar. Ducis, in-f°, Toulouse, 1647. (Formele 2e vol. des Symbolse in Matthseum, impr. à Toulouseen 1646-47.) — In Epist. 1 Pauli ad Corinth. enarratio, gr.e cod. Mediceo cunx interpret. lat. et annott., éd. Jo. Lamius, in Delitiis eruditorum, in-8°, Florent., 1738. — Dupin, dans son Hist. des controverses et desmatières ecclésiastiques traitées dans l’onzième siècle, p. 388, attribue la Catena grsec. Patr. à Olympiodore.

— Voy. aussi J. J. Hofmann, Lexicon universale, t. iii, art^Nicetas, Heraclese Episcopus. A. Régnier.

NiCKES Jean Anselme, bénédictin de l’abbaye deSaint-Paul-hors-les-Murs à Rome, né dans le diocèse deCologne et mort en 1866, a publié: De libro Judithss, in-8°, Breslau, 1854; De libro Estheræ et ad eum qusepertinent vaticiniis libri 111, in-8°, Rome, 1856. — VoirHurter, Nomenclator literarius, t. iii, col. 1032.

B. Heurtebize.

1. NICODÈME(grec Nix<58r||jioi; ). Un des chefs principauxdes Juifs du temps de Notre-Seigneur. Joa., iii, 2.

— Le nom de Nicodème est d’origine grecque vhr, S^po; ,

passé aux Juifs par l’intermédiaire de la langue qu’onparlaitdans la plus grande partie des paysde la dispersion.Ct.~Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découvertesmodernes, Paris, 1896, p. 27. On le trouve dans le Taltnud, Taamith, 20, 1, sous la forme pleine de naqàimôn, et défective de naqdim, dérivée des racines ndqi, «innocent,» et ddm «sang. i> Dans Josèphe, Ant. jud., XIV, iii, 2, Ntx<S871|io; est le nom d’un des ambassadeursd’Aristobule à Pompée.

Saint Jean, parmi tous les écrivains sacrés du NouveauTestament, est le seul qui parle dans son Évangile de cetéminent personnage juif. Joa., iii, 1, 4, 9; vii, 50; xix, 39. Nicodème appartenait à la secte des Pharisiens. Joa., m, 1. Voir Pharisiens. Il était un des premiers, unchef (apxwv) des Juifs, Joa., iii, 1, en tant que membredu Sanhédrin. Joa., vii, 50. Jésus-Christ, dans son premierentretien avec lui, l’appelle maître en Israël(6 SiSàuxaXo; toû’laparfi.), Joa., iii, 10, faisant probablementallusion à sa double qualité de pharisien etde sanhédrite, et plus sûrement à sa qualité de scribeou docteur de la Loi. Nicodème à en juger par Joa., xïx, 39, devait être assez riche, et jouissait d’une certaineinfluence dans le Sanhédrin. Quelques-uns pensentqu’à l’époque de son premier entretien avec le Sauveur, Joa., iii, 2, Nicodème était d’un âge déjà avancé, Joa., m, 4: «Comment un homme peut-il naître lorsqu’ilest vieux?» mais on s’appuie sur ce passage trop généralsans raison suffisante. Cet entretien eut lieu aumoment de la manifestation publique de Jésus-Christ àJérusalem, lorsque déjà les premiers ferments de larévolte des Juifs contre le Messie se faisaient jour; ilmontre combien peu, même les meilleurs d’entre eux, étaient ouverts aux clartés de la foi nouvelle. Nicodèmeavait reconnu en Jésus l’Envoyé de Dieu, Joa., iii, 2, mais sa connaissance était imparfaite; il était certaindue celui qui accomplissait le miracle dont il était letémoin, disposait d’une puissance surnaturelle, mais làse bornait sa science. Il venait donc à Jésus pour s’instruire.Cf. Th. Calmes, L’Évangile selon S. Jean, Paris, 1904, p. 180. — Suivant le texte sacré, iii, 3, Jésus, répondit à la pensée intime de son interlocuteur, quiassociait aux miracles de Notre-Seigneur l’idée del’avènement très prochain du royaume de Dieu et duMessie. La question posée par Nicodème peut se formulerainsi: «Que faut-il faire pour avoir la vie éternelle?» Jésus répond: «Il faut naître de nouveau, ilfaut naître d’en haut, avwŒv, si on veut voir le royaumede Dieu.» Voilà la condition nécessaire: la régénérationou la transformation radicale de l’êlre intérieur. Nicodèmene comprend pas ce langage, Joa., iii, 4, 9, maisle divin Maître insiste, et dans ces explications, Joa., m, 5, on doit voir le signe sensible de l’initiation, cetterégénération intérieure, c’est-à-dire le baptême chrétien.

— Dans cet entretien, dont l’évangéliste ne donne probablementqu’un résumé fort restreint, le caractèreintime de Nicodème apparaît: pharisien croyant, quine le cédait ni en intelligence, ni en savoir à aucun dessanhédrites, mais en même temps timide et peu susceptibled’être initié aux mystères de la foi nouvelle. —Cependant son àme était droite, car on peut déduire deJoa., vii, 50, que, dès qu’il connut la vérité, il s’y donna.

Dans cette seconde circonstance, l’hostilité systématiquedu monde officiel des Juifs se montre à découvert.Les gens du peuple se déclarent en grande partie favorablesà Jésus, Joa., vii, 40-41; mais la haine des sanhédriteséclate; ils maudissent cette foule ignorante quise prononce à rencontre des prêtres et des docteurs delà Loi. Joa., vii, 49. Nicodème, dont la foi en Jésus deNazareth depuis le premier entretien avait grandi, s’élèvecontre ces dispositions hostiles de se3 collègues: «Notreloi condamne-t-elle un homme sans qu’on l’entended’abord, et sans qu’on sache ce qu’il a fait?» Joa., vii, 51. Mais son observation ne change rien aux dispositions

des sanhédrites: «Serais-tu Galiléen, toi aussi? Scruteles Écritures, et tu verras que de la Galilée il ne sort pasde prophète.» Joa., vii, 52.

Nicodème, le docteur qui, Joa., iii, 1, était venud’abord auprès de Jésus pendant la nuit, reparaît dansl’histoire évangélique, Joa., xïx, 39, dès que le Christeut expiré sur la croix; et on le voit s’occuper activementà l’ensevelissem*nt de Jésus en compagnie deJoseph d’Arimathie. Nicodème avait apporté environcent livres d’une composition de myrrhe et d’aloès pourl’embaumement: et tous les deux réunis prirent le corpsde Jésus, et l’enveloppèrent de linceuls, avec les aromates, comme c’est la coutume d’ensevelir chez lesJuifs. Joa., xïx, 40.

Le reste de sa vie est très incertain. Il joue un rôleparticulier dans la première partie d’un ancien écritapocryphe, les Acta Pilali. Cf. Tischendorf, Evangeliaapocrypha, p. 210-332; Conybeare, Studia biblica, t. IV, Oxford, 1896, p. 59-132. La deuxième partie de cet écritapocryphe contient le récit grec de la descente du Christaux enfers. Ces deux récits, en réalité indépendants, depuisle XVIe siècle ont été publiés sous le titre d’EvangeliumNicodemi. Voir Évangiles ai>ocryphes, I ro classe, t. ii, col. 2116. Un document légendaire du v «sièclerelate que l’ancien sanhédrite Gamaliel apparut auprêtre Lucien et lui révéla qu’il s’était converti au christianismeavec son fils Abib et avec Nicodème. Celui-ci-, en apprenant de la bouche du Sauveur la nécessité derenaître par le baptême, Joa., iii, 2, se fit baptiser parles disciples de Jésus. Alors les Juifs lui ôtèrent sacharge de sanhédrite et le chassèrent de Jérusalem, parce qu’il croyait en Jésus-Christ. Ils l’eussent mêmefait mourir si Gamaliel n’eût intercédé en sa faveur.Gamaliel l’aurait recueilli chez lui jusqu’à la fin de sesjours, et l’aurait fait enterrer à côté de saint Etienne àCaphargamala distante de vingt milles de Jérusalem, oùdans l’endroit indiqué par Gamaliel furent retrouvésses restes mortels. Cf. Epistola Luciani ad omnemEcclesiam, Patr. Lat., t. xli, col. 807. — On ne connaîtpas l’époque de sa mort. Le martyrologe romainmentionne l’invention de ses reliques avec celles desaint Etienne, de Gamaliel et d’Abibon au 3 août. Cf. ActaSanctorum, augusti t. i, p. 199. Les Ménologes grecset le Ménologe de Sirlet au contraire en font mentionle 15 septembre. Cf. Acta Sanctorum, septembris t. v, p. 5. — Une légende chrétienne nous représenteNicodème comme sculpteur. On lui attribue le VoltoSanto, très vénéré à Lucques, en Italie. Cf. Dobschutz, Christusbilder, dans Texte und Untersuchung., 1899, p. 280 et suiv.

On a aussi essayé d’identifier Nicodème avec Bunaiou Nicodème Ben Gorion dont on parle fréquemmentdans le Talmud, et qui vécut jusqu’à la destruction deJérusalem; mais il n’y a pas de preuves suffisantesde cette identification. Cf. Lightfoot, Horse Hebraicx inJoa., iii, 1 et suiv., Cambridge, 1658.

A. Molini.

2. NICODÈME (ÉVANGILE DE) ou Actes de Pilate. Voir

    1. ÉVANGILES APOCRYPHES##

ÉVANGILES APOCRYPHES, t. II, Col. 2116.

    1. NICOLAÏTES##

NICOLAÏTES (Grec: NtxoXaïTaï; Vulgale: A’icolaitm), hérétiques dont saint Jean signale la présenceet l’action à Éphèse et à Pergame. Apoc, ii, 6, 15.A Éphèse, il y en a qui se disent apôtres et ne le sontpas; leur mensonge a été constaté. L’ange de cetteéglise a cela de bon qu’il déteste les actes des Nicolaïtes, odieux à Dieu même. À Pergame, il y a des sectateursde Balaam, qui apprit aux fils d’Israël à manger lesviandes idolâtriques et à commettre la fornication. Il ya aussi dans cette ville des sectateurs des Nicolaïtes. —1° D’après saint Irénée; Cont. hères., i, 26, 3, t. vii, col. 687, le nom de ces hérétiques leur viendrait deNicolas, l’un des sept diacres ordonnés par les Apôtres.

Àct., vi, 5. Le saint docteur se contente de dire d’euxque indiscrète vivunt, «ils vivent dans le dérèglement.» Tertullien, De prsescript., 46, t. ii, col. 63, ettous les Pères qui s’occupent des Nicolaïtes attribuent àleur nom la même origine. Cf. S. Épiphane, Hier., xxv, t. xli, col. 321; S. Augustin, De kseres., 5, t. xlii, 26.

— 2° On peut aussi se demander si le diacre Nicolas aété lui-même un hérésiarque. Saint Irénée, tout en rattachantles Nicolaïtes au diacre Nicolas, ne dit paspositivement que celui-ci ait erré. L’auteur des Philosophumena, vu, 8, édit. Cruice, Paris, 1860, p. 392, est plusexplicite. Il accuse Nicolas d’avoir été l’auteur d’unesecte pernicieuse, en s’écartant lui-même de la vraiedoctrine et en enseignant l’indifférence de la vie et dela nourriture, àSwçopiav 6tou ts xat fSpiicrewç. Ce sontses disciples que saint Jean aurait eu en vue dans l’Apocalypse.Clément d’Alexandrie, Slrom., iii, 4, t, viii, col. 1232, suivi par Eusèbe, H. E., iii, 29, t. xx, col. 277, atteste l’immoralité de la secte, mais il dégage le diacrede toute paternité vis-à-vis d’elle. Il raconte qu’on reprochaitau diacre d’être trop épris de sa femme, et que, pour se justifier, Nicolas amena celle-ci dans l’assemblée en disant: Quiconque la veut peut l’épouser, car, ajoutait-il, rcapaxprioOai t fj <rapx Sef. Le verbe mapaxpîiff6ai, qui veut dire «abuser», signifie aussi «maltraiter», Hérodote, iii, 92, et «faire peu de cas d’une chose».Hérodote, l, 108; ii, 141; viii, 20. Le même auteur, iv, 159; vii, 223, appelle napaxpe<ô|Aevot, ceux qui sont «insouciants» de leur vie ou de leur sort. Plus tard, lesNicolaïtes lui empruntèrent sa maxime, mais en la prenantdans un sens tout différent: Il faut abuser de la^hair, c’est-à-dire en user comme on l’entend, au gréde ses passions. Ils interprétaient l’offre du renoncementdu diacre en ce sens que, d’après lui, chacun étaiten droit d’user de la femme d’un autre, la fornicationet l’adultère étant choses indifférentes. Ce que l’on saitde la famille de Nicolas ne permet pas de penser qu’ilait ainsi interprété sa maxime. Il est à croire que s’il fûtdevenu lui-même un apostat et un chef de secte immorale, saint Luc, en le nommant, Act., vi, 5, l’eût qualifiéd’un mot comme il l’a fait pour Judas. Luc, vi, 16. —3e Il n’est même pas absolument certain que les Nicolaïtesaient emprunté leur nom au diacre. Saint Jeanles assimile à Balaam et suppose l’existence d’une sectese rattachant par son nom à ce faux prophète. Cf. Jud., 11; II Pet., ii, 15. Dôllinger, Christenlhum und Kirche, Munich, 1860, p. 131, croit devoir distinguer les Nicolaïteset les Balaamites. On les regarde généralementcomme identiques. Cf. Lange, Die Judenchrist. Ebion.und Nicol., Leipzig, 1828. — 4° L’école de Baur a prétendureconnaître, dans les Nicolaïtes, des chrétiensde saint Paul poursuivis, sous ce nom, par l’apôtresaint Jean. Ainsi s’expliqueraient les allusions du premierà ceux qui se disent apôtres sans l’être, I Cor., ix, 1-5; II Cor., xi, 5; Gal., i, 1; aux profondeursde Satan opposées aux profondeurs de Dieu, I Cor., H, 10; aux viandes idolâtriques que saint Paul permeten certains cas. I Cor., x, 23. Dans la personne de ceschrétiens peu scrupuleux à l’égard des préceptes de laloi juive, saint Jean viserait l’apôtre des gentils lui-même.Il faudrait de fortes preuves pour établir unepareille thèse. Ces preuves font, défaut. Les immoralitésque saint Jean dénonce n’ont rien de commun avec ceque saint Paul permettait aux chrétiens venus de la gentilité.Rien ne prouve non plus que la fornication, nopvefa, stigmatisée par l’Apocalypse, ii, 14, vise les mariagesentre Juifs et personnes étrangères à la race d’Israël.Cette fornication est l’immoralité déjà flétrie parsaint Jude, 4, 10, et par saint Pierre. II Pet., ii, 2, 10.D’ailleurs, il n’existe aucune espèce de donnée historiquequi permette de rattacher les Nicolaïtes à saint Paul ouà son entourage. — 5° En somme, cette secte se distinguaitpar son immoralité, par son mépris pour la loi

concernant les viandes offertes aux idoles, par la prétentionde ses chefs à se dire juifs et apôtres, par sesspéculations aventureuses et incompréhensibles quesaint Jean appelle les profondeurs de Satan. Apoc, ii, 24. La secte se perpétua assez longtemps après saintJean, et sur son enseignement compliqué se greffèrentplus tard les absurdités du système ophite. Cf. duch*esne, Histoire ancienne de l’Église, Paris, 1906, 1. 1, p. 76-77

H. Lesêtre.

1. NICOLAS (grec: Nixo).aoç, de vtxi] et Xaôç «vainqueurdu peuple;» Yulgate: Nicolaus), un des septdiacres de la primitive Église, le dernier nommé dansla liste, à qui les Apôtres confièrent le soin des pauvreset des veuves de Jérusalem. Act., vi, 5. C’était un prosélyted’Antioche, par conséquent d’origine païenne. Dansl’antiquité, plusieurs Pères ont vu en lui le chef de la

. secte des Nicolaïtes, d’autres au contraire ont fait sonéloge. Voir Nicolaïtes. D’après saint Épiphane, Hier., i, 25, 1, t. xli, col. 320, et le Pseudo-Dorothée, Patr. gr., t. xcii, col. 1062, n° 12, dans le Chronicon pascale.Nicolas était un des soixante-douze disciples. Le Pseudo-Dorothéele fait évêque de Samarie. Sa réputation n’apas néanmoins été celle d’un saint, et ni l’Église grecqueni l’Église latine n’ont honoré d’un culte sa mémoirecomme celle des autres premiers diacres. Les anciensPères, ceux qui le condamnent comme ceux qui le défendent, sont d’accord pour reconnaître que sa femme fut lacause indirecte des griefs qu’on lui reprocha. Il avaitune épouse fort belle, raconte saint Épiphane, Hœr., I, 25, t. xli, col. 321, et il la quitta pour vivre dans laperfection, mais il la reprit plus tard et se plongea dansle désordre. L’évéque cypriote est appuyé sur ce pointpar saint Irénée, Cont. hser., i, 26, 3, t. vii, col. 687; Tertullien, De prsescript., xlvi, t. ii, col. 63; l’auteurdes Philosophumenæ, vii, 36, t. xvi, col. 3443; saint Hilaire, In Matth., xxv, t. îx, col. 1053; saintGrégoire de Nysse, In Eunom., xi, t. xlv, col. 880; saint Philastre, De hser., xxxiii, t. XII, col. 1148; saintJérôme, Epist., cxlvii, ad Sabin., 4, t. xxii, col. 11081109; Cassien, Coll. xviii, 16, t. xlix, col. 1120; saintGrégoire le Grand, Boni, xxxrm in Evang., 7, t. lxxvi, col. 1286.

Clément d’Alexandrie, qui est un témoin plus ancienque saint Épiphane, présente les faits sous un autrejour. D’après son récit, Strom., iii, 4, t. viii, col. 1129, les Apôtres reprochèrent un jour à Nicolas d’être tropjaloux de sa femme. Pour se justifier, le diacre la fitvenir et déclara publiquement qu’il permettait del’épouser à quiconque la voudrait. Cette parole était inconsidéréeet répréhensible, mais néanmoins Nicolasmena une vie chaste et ses fils et ses filles qui vécurentlongtemps, gardèrent la virginité perpétuelle. Clémentcite aussi une autre parole attribuée à Nicolas et dontles hérétiques firent mauvais usage. Il avait dit qu’ilfaut maltraiter la chair et en abuser, napax?^» -Clément, Strom-, ii, 20, t. viii, col. 1061. Il entendaitpar là qu’il faut réprimer la concupiscence et mortifierla chair, mais les hérétiques qui usurpèrent son noml’interprétèrent dans un mauvais sens. La version deClément d’Alexandrie, favorable quant au fond au diacreNicolas, a été acceptée par l’historien Eusèbe qui reproduittout au long, H. E., iii, 29, t. xx, col. 276, les’paroles du docteur alexandrin, par Théodoret, Hseret.fab., iii, 1, t. cxxxiii, col. 401. Cf. Victorin de Pettau, In Apoc, ii, 6, t. v, col. 321. Cf. aussi les épîtres interpoléesde saint Ignace, Ad Trall., xi; ad Philad., vi, dans les Patres apostolici, édit. O. de Gebhart, etc., Leipzig, 1876, t. ii, p. 192, 238; Constit. apost., vi, 8, t. i, col. 928, et la note de Cotelier, ibid. Il résulte detous ces témoignages que, d’après l’opinion des plusanciens écrivains ecclésiastiques, sr la conduite deNicolas n’a pas été blâmable, comme l’ont dit plusieursd’entre eux, son langage avait du moins manqué de prudence et que les Nicolaïtes en profitaient pour le regarder comme le père de leur secte. Cassien, Coll., xviii, 16, t. xlix, col. 1121, est le seul qui cite l’opinion d’après laquelle les Nicolaïtes auraient eu pour fondateur un autre Nicolas; même les Lettres ignatiennes et les Constitutions apostoliques reconnaissent que ces gnostiques se réclamaient, quoique à tort, de Nicolas: Νικολαΐτας τους ψευδωνύμους, ὁ ψευδώνυμος Νικολαΐτης.. Les lettres ignatiennes et les Constitutions apostoliques emploient également le mot ψευδώνυμοι. Loc. cit. Ce sont des «pseudonymes», lisons-nous Ad Trall., p. 192, «parce que le Nicolas des Apôtres ne fut pas tel qu’eux.» Voir Nicolaïtes.

2. NICOLAS DE LYRE. Voir Lyre 2, col. 454.

NICOPOLIS (grec: Νικόπολις, «ville de la Victoire y>). La ville de Nicopolis est indiquée à la fin de l’Épitre à Tite, iii, 12, comme étant le lieu ou saint Paul se propose de passer l’hiver qui suivra la date de la lettre… L’apôtre dit à son disciple de se hâter, ce qui suppose que l’hiver devait être proche. Plusieurs villes portaient ce nom, mais selon toutes les probabilités,c’est de Nicopolis d’Épire qu’il s’agit dans ce passage (fig., 436).

[Image à insérer]436. — Monnaie de Nicopolis d’Épire.
ΝΕΡΩΝΟ[Σ] ΝΙΚΟΠΟΛΑΙΣ Η ΠΡΟΣ ΑΚ[ΤΙΟΝ]. Buste de la Victoire, à droite. — fy ΝΕΡΩΝΟ[Σ] ΝΙΚΟΠΟΛΑΙΣ Η ΠΡΟΣ ΑΚ[ΤΙΟΝ]. Galère.

Nicopolis fut fondée par Auguste en souvenir de la bataille d’Actium sur l’emplacement où campaient ses troupes avant la bataille, dans l’Isthme étroit qui sépare l’Adriatique de la baie d’Actium. Dion Cassius, li, 1;Strabon, VII, vii, 6; Suétone, Octav., 18. Sur l’emplacement où avait été située sa propre tente, il bâtit un temple de Neptune et de Mars. Dion Cassius, li, 12;Suétone, Octav., 18. La ville fut peuplée d’habitants venus de divers villes du voisinage. Dion Cassius, li, i;Suétone, Octav., 12; Strabon, VII, vii, 6; Pausanias,V, xxli, 3, VII, xviii, 8; X, xxxviii, 4. Auguste institua des jeux qui se renouvelaient tous les cinq ans et qu’on appelait Actia, en souvenir de sa victoire. Ils étaient dédiés à Apollon et comprenaient des concours poétiques et musicaux, des coursés et des combats de tout genre. Ils rivalisèrent bientôt avec ceux d’Olympie;Strabon, VII, vii, 6; Suétone, Octav., 18. Nicopolis fût admise sur l’ordre d’Auguste dans le conseil amphictyonique et reçut le titre de colonie romaine. Pausanias, X,xxviii, 3; Pline, H. N., IV, i, 2; Tacite, Annal., v, 10. La nouvelle ville s’enrichit rapidement de beaux monuments en particulier de ceux qu’y fit construire Hérode le Grand. Josèphe, Ant. jud., XVI, v, 3. Strabon, VII, vii, 5-6,décrit la situation de Nicopolis. Elle avait deux ports,dont le plus petit et le plus rapproché s’appelait Comore,le plus éloigné et le plus vaste était à l’entrée du golfe ambracique. Au moyen âge, la ville de Nicopolis fut abandonnée et une nouvelle cité fut construite à l’extrémité sud du promontoire. Les ruines de Nicopolis se trouvent à l’endroit appelé Paléoprévesa. Ce sont des débris de murailles, des bains, des restes d’aqueducs,et surtout un vieux château appelé Paléokastron bâti sur l’emplacement de l’acropole et dans les murailles duquel sont encastrés de nombreux fragments de marbre et des inscriptions. Au nord de Paléoprévesa se voient encore un théâtre très bien conservé et un stade. Cf. Col. W. Leake, Travels in Northern Greece,in-8°, Londres, 1835, t. i, p. 185-190; James Wolfe, dans le Journal of the Roy. geogr. Society, t. iii, 1833,p. 77.

E. Beurlier.


NID (hébreu: qên; Septante: νοσσία, νοσσίον; Vulgate: nidus, nidulus), abri que l’oiseau se ménage pour y déposer ses œufs et y élever ses petit*. Il y a des oiseaux qui ne se construisent pas de nids; tels sont beaucoup de palmipèdes, d’échassiers et de gallinacés. L’aigle se fait une aire, nid vaste et découvert dans le creux d’un rocher. L’autruche dépose ses œufs dans le sable. Beaucoup d’oiseaux se contentent de quelques plumes ou autres matériaux légers et flexibles déposés dans le creux d’un arbre, d’autres travaillent leur nid avec beaucoup plus de soin. Pour construire le leur,les hirondelles font une sorte de ciment qu’elles maçonnent avec leurs becs. Les nids des oiseaux sont placés, suivant les différentes espèces et la conformation des lieux, dans les branches des arbres, les creux des rochers, les saillies abritées des maisons, les trous des ruines, ou même des cavités pratiquées dans le sol.

Les Orientaux ont grand respect pour les nids des oiseaux. Ceux-ci peuvent en toute liberté nicher dans les édifices sacrés, et l’on croirait commettre un sacrilège en les délogeant. Hérodote, i, 159, raconte que l’oracle d’Apollon Didyméen, chez les Branchides d’Asie-Mineure, ayant ordonné de livrer Pactyas aux Perses, Aristodicus se mit à détruire tous les nids d’oiseaux qui s’étaient établis autour du temple. Une voix sortie du sanctuaire lui dit alors: «O le plus scélérat des hommes, as-tu bien l’audace d’arracher de mon temple mes suppliants?» Aujourd’hui encore, les corbeaux nichent et perchent en foule autour des sanctuaires qui occupent l’emplacement de l’ancien Temple. Voir t. ii, col. 959. Bien que partageant ces sentiments de bienveillante tolérance vis-à-vis des oiseaux, les anciens Israélites ne leur permirent certainement pas de nicher autour du Temple. Josèphe, Bell, jud., V, v, 6, dit que le toit du monument sacré était hérissé de broches d’or très aiguës, χρυσέοι ὀβελοί, pour empêcher les oiseaux de s’y poser et de le souiller. La Mischna,Middoth, iv, 6, appelle cet appareil kelé’orêb, «appareil aux corbeaux.» A plus forte raison devait-on avoir grand soin d’empêcher les nids de se construire.

Sur les nids des pigeons, voir t. ii, col. 847, 850.

I. Les nids d’oiseaux.

1° Les oiseaux ont leur nid. Matth., viii, 20; Luc, ix, 58. Cf. Ps. ciii (civ), 17; Jer.,xlviii, 28; Ezech., xvii, 23. L’hirondelle dépose ses petit* dans le sien. Ps. lxxxiv (lxxxiii), 4. Tobie, ii, 11,devint aveugle par le fait d’une fiente tombée d’un nid d’hirondelle. L’aigle place son nid dans les hauteurs. Job, xxxix, 27.

2° Pour inspirer aux Hébreux la douceur,même envers les animaux, comme aussi pour affirmer le souverain domaine de Dieu sur tout ce qui a vie, la Loi défendait à celui qui trouvait un nid sur un arbre ou à terre de prendre la mère en même temps que les petit*. Il devait se contenter de ces derniers. Deut., xxii, 6-7. Dans le prophète Isaïe, x, 14, le roi d’Assyrie se vante d’avoir mis la main sur les richesses des peuples comme sur un nid, et de les avoir ramassées comme des œufs abandonnés.

3° Le même mot qên sert aussi pour désigner le contenu du nid, la nichée. L’aigle sur son nid, c’est-à-dire sur sa nichée,éveille sa couvée, voltige au-dessus de ses petit*, déploie ses ailes et les prend pour leur apprendre à voler. Deut., xxxii, 11. Isaïe, xvi, 2, compare les filles de Moab à une nichée effarouchée. Voir t. i, fig. 473,col. 1553-1554, des nids d’oiseaux aquatiques, dans lesquels plusieurs nichées sont menacées par des quadrupèdes carnassiers. Notre-Seigneur dit qu’il a voulu ras-

sembler ses enfants comme l’oiseau rassemble son nid, c’est-à-dire sa nichée sous ses ailes. Luc, xiii, 34. L’oiseauqui erre loin de son nid est comme un exilé.Prov., xxvii, 8. — 4° Par assimilation, les cases queNoé devait ménager dans l’arche sont appelées desqinntm, «des nids,» vo<7<t! ou, manaiunculse. Gen., iv, 14.II. Comparaisons tirées des nids. — La demeure desCinéens est comparée à un nid placé dans le roc. Num., xxiv, 21. Voir Cinéens, t. ii, col. 768. La même comparaisonest employée au sujet des Iduméens, qui vivaientdans un pays de rochers. Jer., xlix, 16; Abd., 4.Voir Idumée, t. iii, col. 833. L’Assyrie est comparée à uncèdre, dans les branches duquel nichent les oiseaux duciel, figures des nations qui vivent sous la dominationde cet empire. Ezech., xxxi, 6. Le nid est l’image de lademeure paisible dans laquelle l’homme de bien espèremourir. Job, xxix, 18. Placer son nid trop haut grâce

tique Veni de Libano. Un peu plus tard il traduisaitdu grec en latin, avec notes courtes, mais substantielles, les Psaumes de Salomon. P. Bliard.

    1. NIFANIUS##

NIFANIUS, commentateur luthérien allemand, morten 1689. Licencié en théologie, il fut superintendant deRavensberg. Il publia: S. Joannis Evangelium commentarioperpettw Ulustratum atque ab Hugonis Grotiiimprimis et aliorum corruptelis vindicatum, in-4°, Francfort-sur-le-Main, 1684. — Voir Walch, Biblioth.

theologia, t. iv, p. 648.

B. Heurtebize.

NIGELLE ou NIELLE. Voir Gith, t. iii, col. 244.

    1. NIGER##

NIGER (grec: Ns’yep), surnom latin, «le noir,» donnéà un chrétien d’Antioche appelé Simon, pour le distinguerde ses hom*onymes. Act., xiii, 1. Voir Simon Niger.

437. — LeNil personnifié. Statue du jardin des Tuileries.

à des gains iniques, c’est-à-dire édifier sa fortune parl’injustice, c’est s’attirer le malheur. Hab., ii, 9. Celuiqui n’a pas de nid à soi, le vagabond, ne mérite pas

confiance. Eccli., xxxvi, 28.

H. Lesêtre.

NIELLE DES BLÉS. Voir Charbon des blés, t. ii, col. 580.

    1. NIEREMBERG Jean Eusèbe##

NIEREMBERG Jean Eusèbe, né à Madrid en 1595, d’une famille allemande fixée en Espagne, mort danscette ville le 7 avril 1658. Admis au noviciat de laCompagnie de Jésus, à Salamanque, en 1614, il remplit, sa formation religieuse achevée, diverses fonctions dansson Ordre, notamment celle de professeur d’Écrituresainte à Madrid. Nous devons au P. Nieremberg plusieursouvrages d’exégèse dans lesquels la piété et l’éruditions’appuient et se fortifient. C’est d’abord un traitéDe origine Sacrx Scripturx, in-f°, Lyon, 1641. Il y expliquaitplusieurs passages de l’Écriture, s’attachantsurtout à mettre en lumineux relief ce qui touchait auxAntiquités. L’année suivante, 1642, également à Lyon, il faisait paraître ses Stromata S. Scripturæ, in-f», éclairant par des commentaires littéraux et des réflexionsmorales la vie et l’histoire de Caîn, Nabuchodonosor, Jézabel, Jonathas, Susanne, Mardochée, Esther, etc.Pendant ce temps il commentait, en un petit volume, et appliquait à la perfection religieuse, le verset du CanNIL (hébreu: Ye’ôr; Siliôr), fleuve d’Egypte (fig. 437).

I. Nom. — Le mot grec NeîXoç, qui est, dans le langagecourant, le nom du fleuve qui parcourt l’Egyptedu sud au nord, est d’origine inconnue. On le rencontrepour la première fois dans Hésiode, Theog., 338; Strabon,

1, H, 22. Il se retrouve dans les historiens et dans lesgéographes, Hérodote, iv. 45, etc.; Strabon, XVII, i,

2, etc. Les Égyptiens l’appelaient la grande rivière, Iatourâouou Iaour-âou, qui est devenu en copte i&po. E.Brugsch, Geographische Inschriften, Leipzig, in-8°, 1857-1880, 1. 1, p. 78-79; Dictionnaire géographique in-8°, Leipzig, 1879-1881, p. 84-88. Le nom de Nil ne se rencontreni dans le texte hébreu, ni dans les Septante, etune seule fois dans la Vulgate, Is., xxiii, 3. En hébreule Nil est désigné par les mots Sihôr et Ye’ôr. — 1° Sihor, «le noir,» «le trouble,» Is., xxiii, 3; Jer., ii, 18. Cenom indique la couleur des eaux bourbeuses du fleuveau moment des crues. — 2° Ye’ôr, la rivière; ce nom, qui est d’origine égyptienne, iaour désigne la rivière parexcellence du pays, Gen., sli, 1, 2, 3, 17, 18; Exod., i, 22; ii, 3; iv, 9; vii, 15, 18, 20, 21, 24, 25, 28; viii, 5, 7; xvii. 5; IV Reg., xix, 24; Is., vii, 18; xix, 8; xxiii, 10; Jer., xlvi, 7, 8; Am., viii, 8; ix, 5, etc. — Exod., vii, 19; Ps. Lxviii, 14; Is., xrx, 6, 7, 8; xxxvii, 5; Ezech., ix, 3, 4, 5, 10, entendent par ce mot l’ensemble des canaux quiportent l’eau du fleuve aux différentes parties de l’Egypte.Isaïe, xix, prophétise le dessèchement du fleuve et des 1623

NIL

.1624

canaux et, par suite, la ruine du pays. Cf. IV Reg., xix, 24.

II. Le Nil dans la Bible. — Le Nil, sous son nom deYe’ôr, est souvent mentionné dans le Pentateuque. C’estdu Nil que sortent les vaches vues en songe par le pharaonde Joseph. Gen., xli, 1-3. C’est dans le Nil quele pharaon ordonne de précipiter tous les enfants mâlesdes Hébreux. Exod., i, 22. Moïse y est exposé dans unecorbeille de jonc et recueilli par la fille du prince. Exod., il, 3-6. C’est au Nil que Moïse prend l’eau qu’il répandsur la terre et qui se change en sang. Exod., iv, 9; Ps. lxxvii (lxxviii), 44. Le serviteur de Dieu changebientôt après en sang toute l’eau du fleuve. Exod., vii, 17-22. Il en fait sortir les grenouilles qui ravagent laterre d’Egypte, Exod., viii, 5-13. Voir Plaies d’Egypte.

— Les prophètes parlent aussi souvent du Nil. Isaïe, xix, 6, appelle ses eaux «les eaux de la mer», il "nousmontre, ꝟ. 8, les pêcheurs qui y jettent l’hameçon, xvin, 2, les barques de papyrus qui fendent ses ondes, vm, 8, les mouches qui abondent sur ses bords; Jérémie, xl vi, 7-8, décrit la marche majestueuse du fleuve; Amos, ix, 4, fait allusion à la crue et à la baisse du Nil; Nahum, iii, 8, dit que cette «mer» servait de «rempart» à Thèbes; Ézéchiel, xxix, 3, représente le pharaoncomme un grand crocodile qui se tient couché aumilieu du fleuve et qui dit: Mon fleuve est à moi, maisque Dieu en arrachera. Cf. xxxil, 2. — Le livre de [Jobqui est plein d’allusions à l’Egypte, décrit l’hippopotameet le crocodile du Nil. Job, xl, 10-28.

III. Cours du Nil. — L’Egypte, dit Hérodote, II, v, estun don du Nil. C’est au Nil en effet et à ses inondationsrégulières que l’Egypte doit toute sa fécondité. C’est parla partie inférieure de son cours que le Nil fut d’abordconnu et, jusqu’à ces dernières années, les sources de cefleuve étaient inconnues. La partie la plus rapprochéede la Méditerranée porte le nom de Delta parce que lefleuve s’y divise en plusieurs branches qui forment lafigure d’un À grec dont la base serait Ja Méditerranée.Les trois branches principales sont la Canopique àl’ouest qui aboutit près du cap d’Aboukir; la Pelusiaquequi descend le long de la chaîne arabique à l’est, et enfinla Sébennityque qui divise en deux parties à peuprès égales le triangle compris entre la branche Pelusiaqueet la branche Canopique. Ces trois artères principalessont réunies l’une à l’autre par une quantitéconsidérable de canaux, de fossés naturels ou artificielsqui répandent partout la fécondité. Au sud du Delta unebande de terre végétale s’étend le long des rives dufleuve entre deux chaînes de collines distantes d’environ20 kilomètres. Le Nil coule au milieu. C’est moinsun fleuve qu’un lac sinueux, coupé de bancs de sableet d’ilôts, au milieu duquel serpente un chenal. Laplaine se resserre de plus en plus. À Thèbes elle a encore15 à 16 kilomètres de large; au défilé de Dgébéléin ouDjebel Silsiléh, il ne reste que le lit même du fleuveentre deux escarpements de pierre. Au delà le fleuve esttraversé de l’Est à l’Ouest entre le 24e et le 18 8 degré delatitude par cinq bancs de granit qui forment des rapideset qu’on appelle les cataractes.

La première, sorte de couloir sinueux, va du portd’Assouân à l’île de Philse. La seconde, au sud d’Ouadi-Halfahétend ses rapides sur une largeur de 16 kilomètresenviron et forme un archipel de 350 îlots. AKkartoum le cours du fleuve se dédouble. Le principalqu’on appelle le Nil blanc ou Bahr-el-Djebel, vient dulac Albert-Nyanza à l’ouest, le second, le Nil bleu ouBahr-el-Azrek, descend des montagnes d’Ethiopie. G. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 1-16; Elisée Reclus, Nouvelle Géographie, t. x, p. 49-111; Sir Harry Johnston, The Nile question, in-8°, Londres, 1903, p. 160-174, 276-293, 299-319. Les anciens Égyptiens ignoraientquelles étaient les sources du Nil. Cf. Papyrus Sallier, h, 12.

IV. L’inondation du Nil. — Chaque année, au moisde février, le Nil blanc, grossi par les pluies qui tombentdans la région des grands lacs, coule précipitammentvers le nord entraînant dans son cours toutes les maresrestées de l’inondation précédente. Il se grossit deseaux du Bahr-el-Ghazâl, à l’ouest, qui lui apporte leseaux des plaines situées entre le Darîbur et le Congo etde celles du Sobat, à l’est, qui apporte les eaux des montagnesd’Abyssinie. Vers la fin d’avril, le niveau dufleuve s’élève à Khartoum d’environ 30 centimètres ets’écoule lentement vers l’Egypte. Le courant conservejusqu’au Delta une teinte verte qui provient des débrisdes plantes qu’il ramasse sur son passage. C’est ce qu’onappelle le Nil vert; on dit qu’alors le Nil est empoisonnéet donne d’atroces douleurs à ceux qui boiventses eaux. Trois ou quatre jours après le Nil vert commencela crue véritable. Le Nil bleu amène les eaux duplateau central de l’Abyssinie et son cours a une telleimpétuosité qu’il reste séparé du Nil blanc jusqu’à500 kil. environ au delà de Khartoum. Les cataractesmettent un frein à la fureur du fleuve et formentcomme six étages de bassins à travers lesquels l’eau setamise peu à peu. L’arrivée de l’inondation est signaléeà Syène vers le 8 juin et au Caire du 17 au 20. C’est cequ’on appelle la nuit de la goutte; deux jours après

438. — Le dieu Nil. — D’après À Guide to the tkird andfourth Egyptian Boom, Londres, p. 158.

elle est dans le Delta. Cette nuit de la goutte est le souvenird’une tradition égyptienne d’après laquelle, versle milieu de juin, Isis pleurant son frère Osiris laisse-’rait tomber dans le fleuve une larme qui serait causede l’inondation. Pausanias, X, xxxii, 10. Cf. Lane, Manners and Customsof modem Egyptians, Lonàres, 1871, t. ii, p. 224. Le Nil monte peu à peu et atteint sapleine hauteur vers le 15 juillet. Pendant cette crue lelimon qu’il charrie lui donne une couleur rouge, quiressemble parfois à celle du sang, mais qui ne nuit pasà la qualité de l’eau. Quand la hauteur est suffisantepour inonder les terres, les Égyptiens ouvrent les digueset l’eau se répand partout. Les anciens Égyptiens mesuraientla hauteur du Nil par coudées de m 54; à14 coudées la crue était considérée comme excellente.L’Egypte est alors une nappe, d’eau trouble divisée parles chaussées qui relient les villages. Le fleuve restestationnaire environ huit jours, puis décroît peu à peu.G. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 22-24; EliséeReclus, Nouvelle Géographie, t. x, p. 111-118.

V. Le DIEU Nil. — Les Égyptiens adoraient le Nilcomme une divinité bienfaisante, Hapi. Ils le représentaientsous la figure d’un homme vigoureux et bienportant. Ses seins étaient développés comme les seinsd’une femme et pendants. Sur la tête, ii, portait un bonnetsurmonté de plantes aquatiques. Sur les bas-reliefson le représente tenant à la main des vases à libation, des croix ansées, des tables couvertes d’offrandes, des

poissons, des épis, etc. Cf. Pierret, Panthéon égyptien, 1881, p. 9. Les inscriptions l’appellent: «Hâpi, père desdieux, maître des aliments, qui fait naître les substanceset inonde les deux Égyptes de ses richesses, donne la vieet remplit les greniers.» Deux Hâpi, l’un peint en rougeet portant sur sa tête des fleurs de Lotus est le Nil duSud, l’autre peint en bleu et coiffé d’une touffe de Papyrusest le Nil du Nord. Ils lient ensemble les deux

plantes dans le symbole V qui signifie unir (fig. 438).

British Muséum, À Guide to the third and fourth Egyptianrooms, in-8°, Londres, 1904, p. 158. Cf. p. 176, n. 2_Le Nil avait de nombreuses chapelles où les prêtres en se velissaientles cadavres d’hommes ou d’animaux que rejetaientle courant. Hérodote, ii, 90. D’après la traditionégyptienne il habitait une grotte située en ïhébaïde, d’oùil sortait au moment de l’inondation. Chaque année ony célébrait une fête et on y chantait des hymnes au sondes instruments. G. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 36-41; A. Palanque, Le_ Nil à l’époque pharaonique, son rôle et son culte en Egypte, in-8°, Paris, 1903.

VI. La flore et la faune de la vallée du Nil. — Laflore des rives du Nil est très pauvre. Les plantes desmarais sont abordantes dans le Delta. Dans l’antiquitéle papyrus et les variétés du lotus bleu y prospéraient.Elles ont presque entièrement disparu aujourd’hui. LeSycomore et le Dattier y sont au contraire toujours enpleine prospérité. Les autres arbres meurent à mesurequ’on néglige leur culture. Les animaux y sont presquetous d’origine étrangère. L’espèce la mieux conservéeest celle des ânes qui garde une pureté de forme etune vigueur inconnues ailleurs. Un grand nombre deserpents sont propres aux pays, entre autres l’Uræus, sifréquemment représenté sur les monuments. On rencontreaussi de nombreux scorpions, dont les piqûressont très douloureuses. Les pythons gigantesques quisont représentés sur les monuments funèbres avaientdisparu à l’époque historique. L’hippopotame restadans le Delta jusqu’au moyen âge. Les crocodiles trèsnombreux dans l’antiquité sont remontés peu à peu versle sud. On n’en voit presque plus au nord d’Assouân. —Les oiseaux sont extrêmement nombreux dans la vallée.Beaucoup d’entre eux traversent la Méditerranée poury venir hiverner, tels sont par exemple les hirondelles, les cailles, les canards sauvages, les hérons, etc. Lesibis blancs et noirs, les flamands roses, les pélicans, les cormorans pèchent en longues files sur les bancsde sable; les oiseaux de proie trouvent dans les rochersdes retraites inaccessibles d’où ils fondent sur la plaine.

— Certaines espèces de poisson de mer viennent frayerdans l’eau douce du fleuve. D’autres descendent avec lacrue; quelques-uns atteignent une très grande taille, lebayad a souvent près de 1 mètre, le latus jusqu’à3 mètres. Un des poissons les plus curieux est le fahakaqui naît au delà des cataractes et descend le Nil portépar une poche d’air. On rencontre aussi des tortues degrande taille. G. Maspero, Histoire ancienne, t. l, p. 2736; Sir Harry Johnston, The Nile question, p. 133, 177, 204, 218-221, 253-257, 294. Cf. Strabon, VII, ir, 4-6; Diodore de Sicile, I, xxxv-xxxvi; Pruner, AegyptisckeNaturgeschicte, in-8°, Munich, 1848.

Bibliographie. — G. Maspero, Histoire ancienne des’peuples de l’Orient classique, in-4°, t. 1, 1895, p. 3-43. —Elisée Reclus, Nouvelle géographie, in-4°, t. x, 1885, p. 49-119; Fr. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, 9e édit., t. ii, 1882, p. 5-27; Wilco*ks, Egyplian irrigation, in-8s Londres, 1889; Johnston, The Nile question, in-8°, Londres, 1903. E. Beurlier.

    1. NINIVE##

NINIVE (hébreu: Ninevêh; Septante: Ntveuii [Niveui’dans le Nouveau Testament]; auteurs grecs et latins:

Nïvo; , Ninus; assyrien: £

m

iKÊL^v^,

Nina, NUnu-a, d’étymologie fort douteuse; voir Frd.Delitzsch, Wo lag das Paradies, 1881, p. 260; Sayce, Lectures on the Origin and Growth of Religion, p. 57), l’une des principales villes d’Assyrie, capitale du royaumeassyrien à différentes époques. Elle était située sur larive gauche du Tigre, au confluent du Khauser, qui latraversait d’est en ouest, en face de la ville actuelle deMossoul, placée sur l’autre rive du fleuve (fig. 439). Deuxcollines formées de monceaux de ruines, Koybundjik etNébi-Younous, et une enceinte de murs de forme irrégulièreindiquent présentement l’étendue de la ville ancienne: elle formait une sorte de rectangle allongé dunord-ouest au sud-est, dont la portion sud-est aurait subides érosions: deux angles ont conservé leur orientationprimitive, ceux du nord et de l’ouest. Le Tigre longeaitautrefois le côté sud-ouest des murs; les alluvions duKhauser l’en ont présentement un peu éloigné. L’enceinteétait formée de briques crues sur des assises de

439. — Vue de Mossoul, port sur le Tigre.D’après Layard, Discoveries, p. 365.

pierre, fort large et fort élevée, percée de portes fortifiéeset protégée par un grand nombre de tours; le Tigre etle Khauser, avec les canaux y aboutissant, complétaientla défense: l’est et le sud-est, moins bien défendus, étaient protégés par plusieurs ouvrages extérieurs. Laville pouvait passer pour imprenable: elle n’avait guèreà redouter qu’une crue subite et trop forte du Tigre etdu Khauser, la brique assyrienne n’étant, au moinsdans l’épaisseur des murs, que de l’argile moulée séchéeau soleil: à plusieurs reprises les annales des rois d’Assyriementionnent des accidents de ce genre (fig. 440).

De la ville elle-même et de ses faubourgs rien n’aguère été exhumé jusqu’à présent, les fouilles ont portéprincipalement sur les deux monticules, qui étaient enréalité des cités royales. Sur celui du nord, où se trouvele village de Koyoundjik, haut de 20 mètres, long de800 et large de 400, on a retrouvé les palais de Senna-Gh, érib et d’Assurbanipal, élevés sur l’emplacementd’autres plus anciens; ainsi que celui d’Assur-étil-ili, plus exigu et demeuré inachevé. Le monticule du sudest, nommé Nébi-Younous, à cause d’un tombeau supposédu prophète Jonas, renfermait un second palais, plus petit, de Sennachérib, et celui d’Asarhaddon.

Les classiques font remonter la fondation de Niniveà un légendaire roi Ninus; la Bible en fait honneur àNemrod, ou bien, selon une autre traduction du mêmetexte, à Assur, Genèse, x, 12, sous les noms desquels onpeut voir une personnification des races babylonienne etassyrienne. L’origine babylonienne et la haute antiquité

de Ninive sont pleinement confirmées par l’assyriologie.A la vérité les textes les plus anciens proviennent, aon de cette ville, mais d’Assur (actuellement Kaléh-Schergat) et de Calach (actuellement Nimrud) quifurent les premières capitales du royaume d’Assyrie; ils ne mentionnent même nulle part la fondation deNinive, mais seulement de nombreuses restaurations.Le renseignement précis le plus ancien émane du roiAssur-nasir-apal (885-360): «le temple E-barbar, temple

(fti) dans les inscriptions du très ancien roi de Tell-LohGudéa, a donné occasion à Hommel et à Sayce (ce dernierd’une façon dubitative), dans Hastings, À dictionaryof the Bible, t. iii, p. 554, d’essayer de remonter beaucoupplus haut encore: mais il s’agit évidemment dansces textes d’une localité chaldéenne, et nullement assyrienne, comme l’a fait observer depuis longtemps A.Amiaud, The Inscriptions of Telloh, dans les Recordsof the Past, nouv. sér., t. i, p. 45. Peut-être Ninive

440. — Plan des ruines de Ninive et carte des environs.

d’Istar de Ninive, que Samsi-Ramman… avait construit, était tombé en ruines; des fondations au faite je le réparai, je l’achevai.» The Cuneiforni Inscriptions ofthe Western Asia, t. iii, pi. 3, n.10, 1. 39-43; Recordsof the Past, 2e série, t. iv, p. 94. Or Samsi-Ramman I"régnait auxix» siècle avant J.-C.: nous l’apprenons deThéglathphalasar I<" (vers 1100), lequel répara un secondtemple, celui d’Anou et Ramman, également «construitpar Samsi-Ramman, depuis 641 ans». The Cun. Inscr.of the W. A., t. i, pi. 15, col. vii, lig. 60-75; Eb. Schrader, tCeilinschriftliche Bibliothek, t. i, p. 42-43. Il estévident que la fondation de Ninive est antérieure à laconstruction du temple de Samsi-Ramman. La mentiond’un temple de la déesse Nina, et d’une localité Nina

doit-elle son nom à la déesse chaldéenne Nina, assimiléeen effet à la déesse Istar, Beltis, l’Astarté ou Vénusassyrienne, nommée dans les inscriptions lstar SaNinua, Istar de Ninive, opposée à lstar s’a Arba-ilu, déesse guerrière. Au x «siècle, Dousratta de Mitannienvoie même en Egypte une statue de cette «Istar deNinive». H. Winckler, Die Thontafeln von Tell-el-Amarnah, dans Schrader, Keilinsch. Bibliot., t. v, n. 20, p. 48-49.

Pendant ce temps les souverains de l’Assyrie résidentcependant non à Ninive, mais plus au sud, d’abord àAssur, puis à Calach, s’éloignant toujours davantagede la Babylonie, avec laquelle ils étaient souvent enguerre: les monuments ou inscriptions de ces princes

trouvés à Ninive ont pu y être transportés plus tard, comme ceux des anciens princes de la basse Chaldée.Nous constatons cependant que, au IXe ou xe siècle, les roisassyriens ont une résidence à Ninive: c’est là queAssur-nasir-pal (885-860) et son fils Salmanasar II(860-825) passent successivement les premières annéesde leur règne, Calach ayant été leur résidence durantleurs dernières années; nous y trouvons ensuite desinscriptions de Ramman-Nirari III, petit-fils de ce dernier(812-783). Sargon (722-705) le destructeur duroyaume d’Israël, bien que s’étant bâti une nouvellecapitale plus au nord, Dur-Sarrukin, actuellementKhorsabad, «pour remplacer Ninive,» fit cependantexécuter des travaux à Ninive, y restaura en particulierle temple, de Nébo et Marduk; J. Menant, Annalesdes rois d’Assyrie, p. 211: c’est à Ninive que le livrede Tobie, i, 11-12, fait résider foute la tribu de Nephthalisous Salmanasar — c’est-à-dire en réalité Sargon —père de Sennachérib. Tob., i, 18-19. Il est certain que cedernier fit de Ninive «la résidence de sa royauté et l’admirationdes peuples»; il «releva ses murs aussi hautquje des montagnes», il l’approvisionna d’eau, en creusantle canal qu’il appela suqta &in-akhi-irba, enfin s’ybâtit deux palais: au nord, sur les ruines d’un plus anciensur le tertre de Koyoundjik, le grand palais, sa résidence, où il accumula sculptures, statues, bronzes, cèdreset cyprès odoriférants, avec tous les trésors desnations conquises; au sud, à Nebi-Younous, un autre pluspetit, bit Kutalli, sorte d’arsenal, où il amassait armes, chars, provisions, chevaux, etc. Schrader, Keilinsch, Bibliothek, t. H, p. 110-111, 116-117, etc. Ses sculpteurs, au lieu de nous donner comme les précédents, desabrégés des scènes qu’ils veulent reproduire, dessinentdes tableaux d’une complexité, d’une netteté et d’un réalismefrappants: Sennachérib, on le voit par les scènesde ses bas-reliefs, aimait à présider en personne aux travauxde ses architectes et de ses sculpteurs. Asarhaddon(681-668) imita son père; bien qu’ayant habité Calach, ilrésida le plus souvent à Ninive, «la ville de sa royauté,» où il recevait les rois et les tributs des peuples vaincus: il y construisit un nouveau palais, plus magnifique queles précédents, et qu’il, nomma hekaltu paqidaiJcalamu, «palais qui gouverne l’univers;» en mêmetemps jl reconstruisait le bit kutalli sur un plan plusvaste; tout cela se fit avec les tributs des 22 rois dupays des Ilatti et des riverains de la Méditerranée, Ba’al de Tyr, Manassé de Juda, dix rois de Chypre, etc.Schrader, ibid., p. 134-135 sq.; J. Menant, Annalesdes rois d’Assyrie, p. 245-246. L’Egypte, conquisepar Asarhaddon, dut aussi contribuer à l’ornementationde la capitale. Mais c’est surtout Assurbanipal (668-626)qui donna à Ninive toute sa splendeur: ses constructionsdépassent pour leur étendue, leur splendeur, la variétéet le fini des bas-reliefs, tout ce qui s’était vu jusqu’alors: les multiples campagnes du roi contre l’Élam, la Susiane, la Babylonie, les ambassades de l’Arabie, de l’Arménie, les chasses royales, les plaisirs de la cour, etc., y sontreprésentés avec une véritable perfection, analogue àcelle des meilleurs bas-reliefs égyptiens. Les campagnesque Asarhaddon et Assurbanipal firent en Egypte expliquentfacilement cette direction nouvelle de l’artassyrien. Ce dernier répara et agrandit à Ninive, sur letertre de Koyundjick, le palais de Sennachérib: ce quiest encore d’un plus grand intérêt, à l’imitation desbibliothèques des temples et des palais babyloniens, ily réunit «ahhuz nimeqi Nabu, la sagesse de Nabu (ledieu des sciences), kullat dupsarruti sa gimir ummanirnala baSû, la totalité des tablettes écrites de tout genre, tant qu’il y en a». Menant, ibid., p. 254, 275, 276; Schrader, ibid., p. 154-155, 230-231, etc. Layard trouvalà les milliers de tablettes d’argile, alors soigneusem*ntcopiées sur les exemplaires babyloniens, puis classéeset cataloguées, d’où le British Muséum de Londres a tiré

ses plus belles richesses. Lui-même rappelle parmi sesplus beaux titres de gloire la reconstruction du Bitriduti, le harem? du palais de Ninive «la grande villechère à Belit (Istar)»; les bas-reliefs qui ornaient cesconstructions nouvelles sont certainement ce que l’artassyrien a produit de plus parfait.

Ninive et l’empire assyrien semblaient alors à l’apogéede leur puissance: leur ruine était cependant fort proche: sur les successeurs d’Assurbanipal, nous avons peu derenseignements. Nous possédons seulement, exhuméede Ninive, une inscription mutilée du dernier, Sîn-Sar-Ukun, le Sarakos des Grecs, en même temps que leurSardanapale: on en est réduit, sur la fin de Ninive, àdes conjectures et aux récits des historiens classiques.Depuis longtemps déjà les Mèdes de Cyaxare la menaçaient: mais l’invasion et l’occupation de la haute Asiepar les Scythes, ne permit pas aux Mèdes d’exécuterleur dessein jusqu’au bout. Sin-sar-iëkoun, nous l’apprenonspar une inscription de Nippour, était encore reconnuroi jusqu’en Babylonie la septième année de son règne.Pesser, Texte juristischen und geschâftlichen Inhalls, dans Schrader, Keil. Bibl., t. iv, p. 176-177. CependantNabopolassar qui gouvernait Babylone en son nom, finit par vouloir se rendre totalement indépendant: en607-606, il s’unit aux Mèdes et aux Scythes, et vint bloquerNinive: et au bout d’un siège dont les documentsne nous apprennent ni la durée, ni les péripéties, cetteville succomba et fut prise et totalement ruinée, les Babyloniensrendant ainsi à Ninive tout le mal que cellecileur avait fait sous Assur-bani-pal. Quant aux Mèdeset aux Scythes leurs alliés, ils se laissèrent surtout attirerpar les trésors accumulés dans les palais et dans lestemples: «ils anéantirent les sanctuaires des dieuxd’Assur, les détruisirent sans en laisser un seul,» commel’écrira soixante ans plus tard le roi babylonien Nabonide.Maspero, Histoire ancienne des peuples del’Orient, t. iii, p. 484-485. La destruction fut si complèteque, deux siècles après, Xénophon, à la retraitedes Dix Mille, traversa ce pays sans même relever lenom de l’antique capitale disparue. Toutefois la traditionlocale conserva son souvenir; sur les ruines il sebâtit même une petite ville qui porta le nom de lagrande cité, et qui est mentionnée plusieurs fois dansl’histoire durant les démêlés des Romains et desParthes, au temps de la révolte de Méherdates contreGotarzès sous Claude, puis sous Trajan qui. l’enleva àMebarsapes, ensuite durant les guerres entre Héracliuset Chosroès, en 627, quand l’empereur y défit le généralperse Rhazathes; G. Rawlinson, The Sixth Monarchy, p. 257, 310; The Seventh Monarchy, p. 522; elle est encore mentionnée dans l’histoire des croisades, mais elle disparut peu à peu ne laissant derrière elleque les deux villages de Koyoundjik et Nébi-Younous, cedernier nom faisant allusion à la prédication de Jonaset à son prétendu tombeau.

Des ruines de Ninive, on n’a guère retrouvé et exploréque les restes des palais royaux (fig. 441), de sorte qu’ilnous est difficile de nous faire une idée de sa population: les conjectures sur ce point sont fort divergentes: Joneset G. Rawlinson la portent à 175000 habitants; Maspero, d’après Billerbeck-Jeremias, va jusqu’à 300000. Pour l’auteurdu livre de Jonas, elle renferme plus de 120000 habitantsqui nesciunt quid sit inter dexteram et sinistram, ce qui suppose un total d’environ 600000 âmes, Jonas, iii, 3, et il faut trois jours pour la parcourircivitas magna itinere trium dierum, iv, 11. Si cesdonnées sont historiques et primitives, il.faut expliquerles trois jours du parcours des principales rues de laville, et étendre l’appellation de Ninive à tout le triangleassyrien compris entre le Tigre et le Grand Zab, et renfermantainsi Calach, Dur-Sarrukin, et plusieurs autrescités importantes: il est vrai qu’aucun texte ne nousfournit d’exemple du nom de Ninive ainsi étendu. Pour

Diodore de Sicile, H, 3, édit. Didot, 1. 1, p. 82; la villeest plus grande encore, elle a vingt-cinq lieues de circuit, et est entourée d’un mur haut de cent pieds, défendupar quinze cents tours; il la transporte même duTigre sur l’Euphrate. Pline H. N., VI, 16, édit. Lemaire, 1828, p. 619, se contente de la placer sur la rive gauchedu Tigre, au lieu de la rive droite; Strabon, XVI, i, 3, édit. Didot, p, 628, nous assure qu’elle était beaucoupplus vaste que Babylone. On lui fait de même une histoiretoute légendaire, avec Ninus, Sémiramis etNinyasà l’origine, et Sardanapale se brûlant au milieu de sestrésors pour conclusion. Ctésias fut l’auteur ou du moinsle vulgarisateur de ces fictions. Eb. Schrader, Keïlinschriftenund Geschichtsforschung, 1878, p. 492; Abydéne, Historicorum grsecorum fragmenta, édit. Didot, t. iv, 282-283.

Outre la Genèse, x, 11-12, et les livres historiques, IV Reg., xix, 36; Is., xxxvii, 37; Tob., i, 11; vii, 3; xi, 1; xiv, 2, 6, 14; Judith, i, 5, Ninive est encore mentionnéepar Jonas (voir Jonas, t. iii, col. 1604), les prophètesNahum et Sophonie. Ces deux derniers annoncentsa ruine. D’après Sophonie, ii, 13-15, cette ville «quidisait: Moi, et rien que moi», qui vivait dans uneabsolue sécurité, sera dépouillée de ses lambris de cèdre, et se changera en un désert, à l’étonnement du mondeentier. Nahum annonça le même événement: le jougd’Assur sera brisé, il ne laissera même aucune postéritéde son nom: devant l’ennemi terrible qui l’attaque, les troupes d’Assur préparent en vain la défense: lesportes du Ueuve s’ouvriront (peut-être l’assiégeant serat-il favorisé par une de ces crues du Tigre qui ont plusieursfois dévasté Ninive) et le palais s’effondrera: ondétruira le repaire des lions (c’est-à-dire la demeuredes rois d’Assyrie) rempli qu’il était de dépouilles.Nahum donne comme raison de cette destruction deNinive ses conquêtes sanglantes et son ambition, puisses prostitutions, c’est-à-dire son idolâtrie, la plupartdes conquêtes des monarques assyriens se faisant enl’honneur et Sous la protection du dieu Assur: nousvoyons même que son culte fut introduit jusqu’à Jérusalemsous Achaz: l’allusion faite à No-Amon ou Thébesd’Egypte, prise et saccagée par Assurbanipal vers 660, sous Urdamen, fils de Tharaca, sert à dater la prophétiede Nahum, avec une approximation très satisfaisante, autemps de la grandeur de Ninive. Isaïe peut être entendudu même événement dans ses menaces contre Assur, x, 16-19; xxx, 30-33, bien que le nom de Ninive n’y soit pasprononcé. — Notre-Seigneur dans l’Évangile rappelle lapénitence des Ninivites. Matth., xii, 41; Luc, xi, 30, 32.

Les ruines de Ninive furent explorées d’abord parE. Botta, puis et surtout par A. Layard, W. K. Loftus, Cf. Smith, H. Rassam; c’est à ces fouilles que le MuséeBritannique doit ses principales richesses, en basreliefset en tablettes cunéiformes assyriennes.

Bibliographie. — A. Layard, Nineveh and its remains, 2 in-f», 1848; Discoveries in the ruins of Ninevehand Babylon, in-8°, 1853; Botta, Monument de Ninive, 5 in-f», 1846-1850; V. Place, Ninive et l’Assyrie, 3 in-f°, 1866-1869; Maspero, Histoire ancienne despeuples de l’Orient, t. iii, p. 310, 468, 470, 480, 482485, etc.; Id., Histoire ancienne des peuples de l’Orient, 1904, p. 342, 428, 518, 596; G. Rawlinson, The fivegreat Monarchies, 1879, t. i, 248-253; 259; t. ii, p. 179, 196, 213, etc.; J. Menant, Annales des rois d’Assyrie, p. 151, 211, 32, 55, 71, 213, 230, etc.; F. Vigouroux, LaBible et les découvertes modernes, 6e édit., t. i, p. 347, 361; t. iii, p. 492-496; t. iv, p. 135-140; G. Smith-Delitzsch, Chaldâische Genesis, Erlâuterungen, p. 262-268; Schrader-Whitehouse, The Cuneiform Inscriptions and theO. Test., t. i, p. 81-86; t. ii, p. 44-47, 146-147; Eb.Schrader, Keilinschriftliche Bïbliothek, t. i, p. 42, 78)168; t. ii, p. 110, 154, 230, etc., et les ouvrages mentionnés

à l’article Assyrie.

E. Pannier.

    1. NINIVITES##

NINIVITES (hébreu: ’AnSê Nînevéh; Septante: aiiSpe; Niveur,; Nouveau Testament: Nivsy’trai, <xvSp=; Nivsui; Vulgate: Ninivitse), habitants de Ninive. Jon., m, 5; Matth., xii, 41; Luc, xi, 30, 32.

    1. NISAN##

NISAN (hébreu: p» j, Nisdn; Septante: Nto-âv), premier mois de l’année hébraïque. Estber, vil, 7. Ilest nommé deux fois dans le texte hébreu, II Esd., ii,

I; Esther, iii, 7, et deux fois en plus dans la Vulgate.Esther, iii, 12; xi, 2. Ce mois, dans les livres plus anciensde l’Écriture, est appelé Abib. Voir t. i, col. 46.

II commençait à la première lune de mars et finissait àla nouvelle lune d’avril. Il était de trente jours. Commele nom de Nisan ne se lit dans la Bible qu’après la captivitéde Babylone, il paraît être un emprunt fait par lesJuifs à leurs vainqueurs. Le premier mois de l’annéebabylonienne s’appelait ni-sa-an-nu. Eb. Schrader, Die Keilinschriften und das alte Testament, 2e édit., 1883, p. 247; cf. p. 379-380. Il correspondait au premiersigne du zodiaque, le Bélier, pendant lequel avait lieul’équinoxe du printemps. Nisan correspond au moismacédonien appelé Xanthicus. Josèphe, Ant. jud., i, m, 3, édit. Didot, t. i, p. 9.

NITRE. Voir Natron, col. 1488. Ce mot désigne aujourd’huiun sel formé d’acide nitrique et de potasse, mais le vttpov, nitrum, est le natron des anciens.

    1. NITRIENSIS##

NITRIENSIS (CODEX), coté Additional 1721l auMusée britannique, est un des 550 manuscrits rapport; sen 1847 d’un monastère syrien du désert de Nitrie: delà son nom. Tout le manuscrit était palimpseste et quarante-huitde ses feuillets contiennent 21 fragments del’Évangile de saint Luc formant environ 516 versets, enune belle onciale du vie siècle, sous un traité de Sévèred’Antioche traduit en syriaque et écrit au vm s ou auIXe siècle. En critique, ce très important manuscrit estdésigné par la lettre R — pare 22 dans le système denotation de von Soden. Il a 0, 296 X 0, 235, est à deuxcolonnes de 25 lignes, et ne porte ni accents ni esprits; toute la ponctuation consiste en un point simple soitsur la ligne soit eu haut. Les lettres onciales, simples, fermes et carrées, sont d’une dimension peu ordinairecaria ligne de sept ou huit centimètres en contient seulementde 7 à 12. — Pour la paléographie, il ressembleassez aux codex J, N et P. Le texte a été édité par Tischendorf, Monum. sacra ined., t. ii, Leipzig, 1857, p. 192. On trouvera des fac-similés dans Catalogue ofancient Manuscripts in the British Muséum, part, i, Londres, 1881, p. 22, pi. x; Kenyon, Biblical Mss. inthe British Mus., Londres, 1900, pi. m. — Pour le contenuexact voir Scrivener, Introduction, t. i, p. 145; Gregory, Textkritik, t. i (1900), p. 64; Von Soden, DieSchriften des N. T., t. i ( 1902), p. 122. F. Prat.

    1. NIVEAU##

NIVEAU (hébreu: tnisqolët et milqéléf; Septante: UT(19u.iov, «balance,» et ara9[16; , «poids;» Vulgate: pondus, «poids,» etmensura, «mesure» ), instrumentservant à établir an plan horizontal, et, par extension, à niveler. Le mot ne se lit que dans deux passages; les versions n’en ont saisi le sens que vaguement. —Des-prophètes du temps de Manassé annoncent que leSeigneur va étendre sur Jérusalem le cordeau deSamarie et le niveau de la maison d’Achab, c’est-à-direqu’il va ruiner la ville comme il a ruiné Samarieet la faire disparaître de fond en comble comme il afait disparaître la maison d’Achab. La suite du texteexplique le sens delà prophétie: Jérusalem sera commeun plat qu’on nettoie et qu’ensuite on renverse sensdessus dessous. IV Reg., xxi, 13. La ville sera doncrasée au niveau du sol. Parlant également de Jérusalem, Isaïe, xxviii, 17, dit que le Seigneur fera de la droitureune règle, et de la justice un niveau. Ce niveau sera

IV. - 52

1635

NIVEAU — NO-AMON

1636

une suite de fléaux qui feront disparaître les refugesau mensonge et de la fausseté, pour ne laisser que lapierre de choix qui sert de fondement à Sion. — Surplusieurs passages où les traducteurs font intervenir leniveau, voir Fil à plomb, t. ii, col. 2244.

H. Lesêtre.

NO, nom, dans le texte hébreu, de la ville de Thèbes.Jer., xliv, 25; Ezech., xxx, 14, 16. La Vulgate l’a traduitpar Alexandria populorum. Voir No-Amon, et Alexandrie, t. i, col. 357.

NOA, nom d’une femme Israélite et d’une ville, dans la Vulgate. Les noms sont vocalises différemmenten hébreu.

1. NOA (hébreu: No’âh; Septante: Noua), la secondedes filles de Selphaad, de la tribu de Manassé. Elleebtint comme ses sœurs le droit d’hériter de son pèreparce qu’elle n’avait pas de frère, à la condition de semarier dans sa tribu. Num., xxvi, 33; xxvii, i; xxxvi, 11; Jos., xvii, 3.

2. NOA (hébreu: han-Nê’âh; Septante: omis ou défigurédans le Vaticanus; Alexandrinus: ’Avvoui), villefrontière de Zabulon. Jos., xix, 13. Le texte hébreuporte, d’après la traduction générale des modernes: «[Lafrontière de Zabulon] continuait par Himmon qui confineà Néah. i> tiimmôn ham-me{o’ar han-Nê’âh. Le Vaticanusa rendu ces mots par Pe|jiu, [uvaà MaOapaoÇi; Y Alexandrinus par Pe(i[itovà(i MaOapiu.’Avvouâ; laVulgate par Remmon, Amthar et Noa. Voir Amthar, t. i, col. 526. La situation de Noa est inconnue. Elleétait ignorée d’Eusèbe et de saint Jérôme qui se bornentà indiquer qu’elle appartenait à la tribu de Zabulon.Onomast., édit. Larsow et Parthey, 1862, au mot’Avoua, Anna, p. 44, 45. Quelques-uns ont proposéd’identifier Nê’àh = Noa avec Néhiel, mais sans autreraison qu’une vague ressemblance des noms.

    1. MOADAÎÀ##

MOADAÎÀ (hébreu: Nô’adeyâh; Septante: Nwa8îa}, lévite, fils de Bennoï. Il vivait du temps d’Esdraset revint avec lui de captivité à Jérusalem, où il futehargé, avec plusieurs autres, de peser l’or, l’argent etles vases précieux qui avaient été rapportés de Chaldée.pour le service du Temple. I Esd., viii, 33.

    1. NOADIA##

NOADIA, nom, en hébreu, Nô’adeyâh, de deux personnesque la Vulgate appelle, l’une Noadaïa, l’autreNoadias.

    1. NOADIAS##

NOADIAS (hébreu: Nô’adeyâh; Septante: Nwoeîîa), fausse prophétesse qui, de concert avec les Samaritainset les ennemis des Juifs, voulut empêcher, parla terreur, Néhémie de reconstruire les murs de Jérusalem.Les Septante et la Vulgate font de Noadias «unprophète», mais le texte hébreu l’appelle expressément «une prophétesse», nebî’âh. Il Esd., vi, 14.

NO-AMON, NO (hébreu: Nô’, . Nô’-'Amôn; Septante: ©rjëoci, AiôoTtoiic, v-zpk’A[i|ifi>v; Vulgate: Alexandria), capitale de l’Egypte.

I. Nom. — pDN- iii, Nô’-'Amôn, Nahum, iii, 8, est

la transcription exacte de l’égyptien I™"™, Nout

eu Nouit Amen, «la ville, le domaine d’Amon» (Papyr.Sallier, iii, 6, 8), comme nj, Jer., xlvi, 25; Ezech., xxx, 14,

15, 16, est la transcription également de ", Nout, «la

ville par excellence-» Cest la ^njû **-] > Ni’a, destextes cunéiformes. G. Smith, History of Assurbanipal, Londres, 1871, Cyl. A, col. ii, lig.’65, etc., p. 53. LesGrées, en vertu de l’identification de leur Jupiter avecAmon, traduisirent ce nom au pied de la lettre par Diospolis, Aiôo-itoXi; , «la ville de Jupiter,» qu’ils appelèrentla Grande, vi (le^âX» ), pour la distinguer de plusieursautres Diospolis, en particulier du chef-lieu du xviie nomedans le Delta, le Diospolile ou Sébennyte inférieur. J. deRougé, Géogr. de la Basse-Egypte, Paris, 1891, p. 115118. Avant eux les Égyptiens citaient constamment Noutsous ses différents noms en parallélisme avec la Nout

du Delta. EUe était pour eux «la ville du midi», ^ i N

Nout risil, l’autre «la ville du nord», ^, Nout

mehetj. Cf. Brugsch, Dictionnaire géogr. de VÉgypUancienne, Leipzig, 1879, p. 705. Pour cette dernière, onne cite aucun exemple certain de la forme Nout-Amen.

— Nout avait d’autres noms. On l’appelait encore:

L J I*™", Pérou Pi Amen, «la demeure d’Amon,» norosacré de la ville et de ce chef l’équivalent de Noiit-Amen;

— T &> Ouast, en sa qualité de métropole civile duiv B nome de la Haute-Egypte; — I ©, Apel, pour

désigner le quartier monumental qui comprend sur larive droite du fleuve le Louxor et le Karnak de nos

jours; — l’j O, Apet-asout, pour marquer spécialementKarnak. Pourquoi les Grecs lui donnèrent-ils lenom de Thèbes? Les uns, comme Steindorff, voir Bædeker, Egypte, Leipzig, 1903, p. 236, renoncent à l’expliquer; d’autres, comme Chabas, Œuvres diverses, t. ii, p. 250, dans la Bibliothèque êgyptologique, t. x, s’ysont essayés sans satisfaire personne. Brugsch écrit bien, Dict. géogr., p. 946, que la partie habitée de la ville se

disait ^fc-y IIJ^, Dimaiou, et Mariette ajoute que Thèbesétait pour tous «la ville par excellence», «^l/l"^’,

Tema. Or, dit-il, «rien n’est plus fréquent dans l’antiquitéque la permutation de Vm et du b… Homère aconnu une Tema (Tèba) dont le nom sonnait à sonoreille comme celui de ©ijëat de Béotie, et il a adopté cenom.» Voyage dans la Haute-Egypte, in-16, 1903, p. 151-152. Mais aucun égyptologue ne semble avoir prisen considération cette étymologie. Peut-être pourrait-onpenser avec certains que par l’adjonction de l’article

féminin jk, ta, devant le nom féminin Apet, on a

obtenu Ta-Apet, Tape, ©îjëoci, tout comme les Coptesdérivèrent directement du même mot leur tmic, Thèbes.IL. Sa. topographie. — À Thèbes, le Nil achève lacourbe qu’il décrit vers Erment: il coule donc ici plutôtdu sud-est au nord-ouest. Suivant l’usage, et pour simplifier, nous supposons qu’il va du sud au nord. QuandStrabon visita Thèbes à] la fin de l’ère ancienne, il n’yrencontra que des temples en ruines et quelques bourgadeséparses sur les deux rives du Nil. C’est encore aujourd’huià peu de chose près le même spectacle (fig. 442).La grandeur des ruines nous laisse toutefois devinerqu’une ville immense était assise là jadis sur les deuxbords du fleuve. Mais après les ravages qu’elle a subisà travers les longs siècles qui nous séparent de sa splendeur, il est difficile d’en retrouver les limites exactes, et, sur ce point, les. renseignements des anciens semblentcontradictoires. Si nous faisons le tour des ruinesen commençant par Louxor qui forme la partie sud dela rive droite, nous rencontrons d’abord sur ce mêmecôté Karnak et la série des temples groupés autour dugrand temple d’Amon, puis Médamout situé dans lesterres vers la chaîne arabique et qui paraît avoir été lequartier nord de la Thèbes orientale. Revenant à Karnaket franchissant le fleuve nous atteignons Qournahqui commence la ligne des temples dont le Ramesseuinoccupe à peu près le centre et Medinet-Habou l’extré-.mité sud. Si maintenant,-négligeant Médamout, nousfaisons passer une ligne par tous ces monuments, nousobtenons d’après les calculs des savants de l’Expédition

française (1798-1801), un circuit de quatorze kilomètresenviron. Or, Diodore de Sicile, i, 45, donne à la villede Thèbes un circuit (rapt’ëoXov) de cent quarante stades.Diodore, ayant tiré ses récits des Annales des prêtreségyptiens ou des écrits des voyageurs plus anciens queJui qui paraissent avoir puisé à la même source (l. c, i, 46), «il n’y a point de doute qu’il ne fasse mention deStades égyptiens qui doivent être évalués à cent mètres.Il résulte de là que le circuit donné par Diodore à laville de Thèbes serait de quatorze mille mètres. Cettemesure convient très bien au contour d’une ligne quienvelopperait Karnak, Louxor, Medinet-Habou, le Memnonium, le tombeau d’Osymandias (Ramesseum) etQournah sans y comprendre Médamout… Ce contour

cette dénomination de Diospolis n’était plus donnée àtout ce qui, dans la haute antiquité, avait porté le nomde Thèbes; mais qu’elle devait être plus particulièrementappliquée à la partie de l’ancienne ville qui comprendKarnak et Louxor, et à tout l’espace qui existeentre ces deux endroits sur la rive orientale du fleuve.En effet, Strabon dit positivement que c’était là qu’étaitla ville à l’époque où il voyageait en Egypte, et il a soind’observer que, sur la rive opposée il existait une autrepartie de Thèbes où se trouvait le Memnonium..» Loc.cit., p. 248. Deux autres auteurs nous ont donné deschiffres sur l’étendue de Thèbes: Etienne de Byzanceet Eustathe. Le premier, citant Caton, déclare que laville, avant qu’elle ne fût ruinée par les Perses, avait

442. — Plan d’ensemble de Thèbes.

est plus grand que quatorze et moindre que quinze millemètres…, le résultat approche de trop près de la véritépour que nous ne le regardions pas comme entièrementexact.» Jollois et Devilliers, Dissertation sur la positiongéographique et l’étendue de Thèbes, dans la Descriptionde l’Egypte, Paris, 1821, t. ii, p. 234. De son côté, «Strabon rapporte que de son temps, on retrouvait desvestiges de)a grandeur de Thèbes dans une étendue enlongueur d’environ quatre-vingts stades» (loc. cit., p. 235): xot vûv S’t'/vT) Ssîxviitai toO [iiye60y; aÙTÏji; lia biiorpovcotarctSîout tô (lîjxo; . Geogr., xvii, 46. Le stade de Strabonest de 158 m lB, ce qui fait donc 12698 mètres. «C’est eneffet là, à peu près, l’étendue qu’occupent, le long desbords du fleuve, toutes les ruines que l’on peut considérercomme appartenant à Thèbes, depuis Médamoutjusqu’au petit temple situé au sud de l’Hippodrome deMedinet-Habou.» Jollois et Devilliers, loc. cit., p. 235.Il est à remarquer que Diodore et Strabon ne parlentque de la ville qu’ils ont vue et qui n’était plus Thèbes, mais Diospolis. «Il paraît qu’au temps des Romains

quatre cents stades de longueur. De Urbibus et populisédit. 1678, p. 240. Eustathe, Gommentar. in Periegetem, v, 250, sans parler de longueur ou de circuit, luiattribue quatre cent vingt stades. D’Anville, Mémoiressur l’Egypte ancienne et moderne, Paris, 1766, p. 201202, est arrivé à concilier ces deux derniers auteursavec Diodore et Strabon, mais en substituant, dans Diodore, au mot uspt’60).ov celui de, |a ?xoc, et au mot ir; t.Qç.daris^a citation de Caton, celui de 7tept’60Xov. «Cetteexplication est ingénieuse, sans doute, disent Jollois etDevilliers; mais elle n’est guère probable. Commensupposer, en effet, qu’une altération de texte, de la naturede celle qu’il faut admettre, ait pu avoir lieu danstrois écrivains différents?» Loc. cit., p. 236. Et les deuxsavants déclarent s’en tenir aux témoignages plus anciensde Diodore et de Strabon et abandonnent Etiennede Byzance et Eustathe. Dans une étude récente, M. Legraina repris le problème. Note sur Nouit-Risit, dansle Recueil des Travaux relatifs à la Philologie et àl’Archéologie égyptiennes et assyriennes, t. xxvi, 1904,

p. 84-88; Seconde note sur Nouit-Risit, loc. cit., t. xxvii, 1905, p. 183-187. De son travail, il résulte que la Noutdu Sud, que nous avons rendue par ville ou domaine, désignait dans les textes hiéroglyphiques Thèbes et sondistrict. Thèbes fut bien pendant longtemps la métropoledu sud et la capitale des souverains, mais elle eut toujourssa vie communale propre et son territoire. De cechef elle jouissait d’une administration particulière. Legrain, Note, loc. cit., p. 85-86. Son étendue paraît avoirrépondu à la commune actuelle de Louxor, c’est-à-diremesurer une longueur d’environ 45 kilomètres. M. Legrainle déduit d’un texte de la tombe de fiekhmara oùsont énumérées toutes les communes de la province dusud. La commune de Thèbes aurait été comprise entreRizagat au midi et Gamoulah au nord. Note, loe. cit., p. 86-88. Cf. Newberry, The life of Rekhmara, pi. niet p. 24, pi. v-vi et p. 26-29. C’était là le domained’Amon, régi par un gouverneur et un maire sous lahaute autorité du vizir qui administrait toutes les communesde Siout à Assouan. «Au-dessous de ces troisfonctionnaires principaux, se rangent des cheikhs, desemployés municipaux de grades différents et des bourgeois.Viennent ensuite les gens du commun, serfs ouesclaves, n’ayant aucun droit municipal ni vie politique.Tout ce monde appartenait au fief d’Amon, en vivait etle faisait valoir. C’est ce que semble indiquer la Versiondes Septante qui pour rendre exactement le No-Amon

hébreu, Nàhum, iii, 8, la w l^^, des textes hiéroglyphiques, traduit par ttjv fieplSa’Afifuàv, portion ou possessiond’Amon.» Seconde note, Loc. cit., p. 183. Ilen fut ainsi tant que Thèbes n’eut pas été ruinée parles Perses et qu’on n’eut pas usurpé les biens des temples.C’est précisément de l’époque antérieure auxPerses que parlent de façon explicite Etienne de Byzanceet Eustathe. Ils paraissent donc nous donner l’étenduedu fief d’Amon; et leurs 400 et 420 stades, soit 40 ou42 kilomètres, ne s’écartent point trop, pense M. Legrain, des 45 kilomètres assignés à la Nout-Risit. En résumé, d’après ce qui précède, nous connaîtrions la longueurde Diospolis au temps de Diodore et de Strabon: 14 kilomètresenviron; nous connaîtrions aussi l’étendue dudomaine d’Amon. Mais les temples n’étaient que descentres, la ville proprement dite rayonnait au delà; ausud de Medinet-Habou, par exemple, il y eut le palaisd’Aménophis III: il reste donc encore, et peut-être qu’ilrestera toujours, de connaître la véritable étendue dela Thèbes hécalompyle ou aux cent portes d’Homère.

III. Thèbes monumentale et v le dieu Amon. —A l’origineThèbes ne fut qu’une bourgade aussi obscure queson dieu. «Sur les monuments des six premières dyaastiespubliées jusqu’à ce jour, dit Maspero, j’ai trouvéune seule fois, dans un nom propre, le nom du granddieu de Thèbes, Amon, le seigneur des deux mondes, lepatron de l’Egypte au temps des conquêtes syriennes.» Hisl. anc. des peuples de l’Orient, 6e édit., Paris, 1904, p. 108. En 1903, Percy E. Newberry découvrit dansla nécropole thébaine, au sud-est de l’Assassif, une tombede la fin de la VIe dynastie. Il remarqua ce fait étrangeque dans ce tombeau d’un prince de Thèbes on ne mentionneni le nom d’Amon, ni le nom de la ville deThèbes. Par contre on y cite Erment et Dendérah avecleurs divinités respectives, Mentou et Hathor. À sixthdynasty Tomb at Thèbes, dans les Annales du Servicedes Antiquités de l’Egypte, t. iv, 1903, p. 99-100. MaisThèbes était admirablement située, à 720 kilomètres duCaire, sur la rive droite du fleuve, au centre d’une vasteet-fertile plaine. Sur la rive opposée, «juste en faced’elle, la chaîne libyque lance un rameau escarpé, entrecoupéde ravines et de cirques arides, et séparé de lakerge par une simple langue de terre cultivée, facile àdéfendre.» Maspero, Histoire de l’Orient classique, 1. 1, p. 453. C’était une capitale toute désignée, un centre

et un point d’appui d’où l’Egypte jetterait ses armées ausud pour conquérir le Soudan, au nord pour asservir, chasser les envahisseurs et atteindre l’Euphrate. Verselle affluerait le commerce des bords du Golfe persiqueet de la mer Rouge par la route de Coptos, de l’Afriquepar le Nil, les routes du désert et les oasis. C’est ce quesemble avoir vaguement deviné la famille des Antef etdes Mentouhotep qui organisa la lutte contre les dynastieshéracléopolitaines, finit par mettre la main surtoute l’Egypte et fonda la XIe dynastie. Du coup Amon

Le dieu Khonsou.

Portrait de la fin de la XVIIIdynastie, représentant vraisemblablement Horemheb ou Harmhabi.

se dégage de l’ombre et partage les hommages avecMentou. Sous la XIIe dynastie, celle des Aménémhat etdes Osortésen, il prend décidément le premier rangcomme dieu local thébain: il est déjà celui que Jérémie, xlvj, 25, appellera plus tard Amon de No. Mentou n’estplus que le second membre de la triade de Thèbes, encore est-il vite détrôné par le dieu lunaire Khonsou(fig. 443). Cf. E. de Rougé, Étude des monuments dumassif de Karnak, dans les Mélanges d’archéologieégyptienne et assyrienne, t. i, p. 38. Associé désormaisà Moût, la mère, et à Khonsou, le fils, Amon est identifiéau soleil, devient Amon-Ra et a le pas sur tous lesautres dieux de la région. Voir une reproduction de latriade, thébaine, t. i, fig. 118, col. 487. À la suite desAntef, tous les pharaons du Moyen Empire «élèventdans Rarnak leurs monuments à leur père Amon, Seigneurdes deux mondes». Les fragments de colonnespolygonales à seize pans, les piliers, les tables d’offrandesaux reliefs exquis, les statues en granit d’un beau travail, mis au jour ces dernières années, nous disent assezque nous sommes loin de l’édicule primitif qui abritale dieu «né dans Karnak dès le commencement». Stèledu Louvre A. 68, dans Pierret, Études égyptologiques, t. i, p. 8; E. de Rougé, Textes géographiques d’Edfou, pi. xxi et p. 58. Ils nous disent aussi que la fortune dudieu et celle de Thèbes sont en raison directe de la fortunede la famille royale qui, sous la XIIe dynastie, menasi haut et si loin la civilisation égyptienne. Pour tout

ce qui concerne les souvenirs du Moyen Empire à Karnak, voir surtout les Rapports de M. Legrain sur sesfouilles remarquables, dans Annales du Service desAnt., par exemple, t. iv, 1903, p. 12-13, 26-30, et t. v, 1904, p. 27 sq.

L’invasion des Hyksos vient arrêter l’essor de Thèbeset d’Amon. Ils reculent devant le dieu Soutekh. Maisles descendants de la famille thébaine ne désespèrentni d’eux-mêmes ni de leur dieu. Ils se serrent autourde lui et, après plusieurs siècles de lutte, Thèbes etAmon-Ra rayonnent de nouveau sur toute l’Egypte avecAhmès I», le fondateur de la XVIIIe dynastie. Bientôtmême le Nouvel Empire s’étend, sous les Thoutmès, desplaines du Sennaar sur le Nil Bleu jusqu’aux sourcesde l’Euphrate. Les Pharaons attribuent toutes les victoiresà Amon. C’est lui qui a conduit l’Egypte au sommetde sa puissance et réuni dans la main de Pharaontout le monde alors connu. «J’ai fait de toi une merveille, dit Amon à Thoutmès III, dans un morceau cède granit, hautes de trente-deux mètres, s’élèvent dansle vestibule de Thotmès I er. L’inscription du socle enseigne& aux hommes à venir» que c’est elle, Hatchepsou, qui est l’auteur de ces merveilles. Elle le rappelaitaussi sur une pierre d’un mur voisin, Musée du Caire, n. 360: «c Le roi lui-même (la reine) dresse deux grandsobélisques (fig. 444) à son père Amon-Ra, à l’intérieurdu portique auguste; ils sont couverts d’électrum engrande quantité, leur pointe se perd dans le ciel, ilséclairent le monde comme le disque solaire; rien depareil n’a été fait depuis que la terre existe.» Et sur lesocle encore: «J’ai commencé à tailler l’ouvragel’an XV, le I er méchir jusqu’à l’an xvl, le 30 mesori, cequi fait sept mois depuis qu’on attaqua la montagne.» k L’un des monolithes est encore debout au milieu desruines de Karnak, et la pureté de ses lignes, le fini deses hiéroglyphes, la beauté des figures qui le recouvrent, nous expliquent l’orgueil que la reine éprouvait à lesadmirer, son frère et lui.» Maspero, Hist. de l’Or. cl.

m

444. — Bas-relief du temps de la reine Hatchepsou (Hatasou) à Karnak, représentant les deux obélisques avec les inscriptions.

lèbrè; je t’ai donné force et puissance sur toutes lesterres étrangères, j’ai répandu tes esprits et ta terreursur toutes les contrées, ton effroi jusqu’aux quatrepiliers du ciel; j’aj multiplié l’épouvante que tu jettesdans les cœurs, j’ai fait retentir le mugissem*nt de taMajesté parmi les chefs des neuf arcs (les nations ennemiesde l’Egypte): tous les chefs des nations étrangèressont dans ton poing.» Suit l’hymne bien connu quin’est qu’une reprise et un développement en grandstyle égyptien de ce qu’on vient de lire, Stèle de Karnak, dans Mariette, Karnak, pi. xi. Cf. Maspero, Hist. del’Orient classique, t. ii, p. 268, 269. L’Egypte reconnaissanteplace Amon au sommet de son panthéon. Rad’Héliopolis, le dieu de l’Ancien Empire, ne monta jamaissi haut. Amon l’efface ou l’absorbe, comme il a déjà effacéou absorbé les dieux voisins de Thèbes. Si le protocoleroyal garde le titre de «Fils du Soleil», ce n’est qu’envertu de l’usage. Amon-Ra est vraiment le dieu nationalde l’Egypte et Pharaon est «le fils de ses entrailles», comme l’attestent les théogamies conservées dans lestemples de Deir el-Bahari et de Lpuxor. Cf. A. Moret, Du caractère religieux de la royauté pharaonique, Paris, 1902, c. ii, p. 39-73. Aussitôt l’ancien sanctuaireest restauré et agrandi: son enceinte recule, les chapelless’y multiplient, les pylônes s’ajoutent aux pylônes, , les portes dorées aux portes dorées, les obélisques auxobélisques. En ce dernier genre, nul ne fait plus grandque la reine Hatchepsou. Par son ordre deux aiguilles

1. ii, p. 244. Ce n’est pas tout: par la volonté d’AménophisIII et toujours pour la gloire d’Amon, le templede Louxor ne tarde pas à sortir de terre avec son imposantecolonnade; dans la mouvance de Karnak, Moûta son édifice, sans compter nombre d’autres chapellesqui surgissent partout, comme le Promenoir de ThotmèsHI, immédiatement à l’est du sanctuaire de laXIIe dynastie. Sur une longueur de trois kilomètres, une allée de béliers relia Louxor à Karnak et, par unebifurcation, au temple de Moût, relié lui-même à Karnakpar une allée semblable (fig. 445).

Toutefois, pour des causes demeurées obscures, Thèbes et son dieu subirent une éclipse momentanée.On vit Aménophis IV, le neuvième roi de la XVIIIe dynastie, rompre subitement en visière avec le culte et lacapitale de ses ancêtres. Laissant derrière lui le nomd’Amon martelé sur tous les monuments thébains, ilvint fonder entre la Haute et la Moyenne Egypte unenouvelle capitale à un nouveau dieu: le Disque solaire.Mais il allait contre le sentiment de la nation, et sessuccesseurs, moins d’un siècle après, revinrent à Thèbes, relevèrent ses ruines et réhabilitèrent le dieu national.Celui-ci fut plus puissant que jamais; et les grands Ramessidesde la XIXe dynastie, jusqu’à Ramsès III dela XXe, firent de Karnak le temple le plus prodigieux etde Thèbes la ville qui fut l’étonnement de toute l’antiquité.C’est le moment où les poètes chantent: «Hommageà toi, Amon-Ra, seigneur de Karnak, l’ancien

unique des cieux, le plus ancien sur la terre, maîtrede vérité, père des dieux, auteur des choses d’en hautet des choses d’en bas, toi qui éclaires le monde ettraverses le ciel en paix, Ra, bienheureux roi; chef suprêmede l’univers, riche en force et en puissance…roi, le plus grand des dieux, nous t’adorons parce quetu nous as créés, nous t’exaltons parce que tu nous asfaçonnés, nous te bénissons parce que tu demeuresparmi nous.» Mariette, Papyr. de Boulak, t. ii, ii, 17, pi. xt et p. 7 et 8. C’est le moment aussi de la grandesalle hypostyle que dessina Ramsès I er, qu’éleva Séti 1er,

Ch. Blanc, Voyage dans la Haute-Egypte, Paris, 1876, p. 158. «Je me garderai bien de rien décrire, ditChampollion; car ou mes expressions ne vaudraientque la millième partie de ce qu’on doit dire en parlantde tels objets, ou bien, si j’en traçais une faible esquisse, même fort décolorée, on me prendrait pour un enthousiaste, peut-être même pour un fou. Il suffira d’ajouterqu’aucun peuple ancien ni moderne n’a conçu l’art del’architecture sur une échelle aussi sublime, aussi large, aussi grandiose que le firent les vieux Égyptiens; ilsconcevaient en hommes de cent pieds de haut, et’^J^r’— "-^

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qu’acheva et décora Ramsès II (fig. 446). Nous nepouvons que l’indiquer ici. Sur cent trois mètres delargeur et cinquante-deux de profondeur, soit sur unesuperficie de cinq mille mètres carrés, c’est une forêtde cent trente-quatre colonnes, lotiformes dans lesbas-côtés, campaniformes dans l’allée centrale. Cesdernières, au nombre de douze, montent jusqu’à vingt-quatremètres, leurs fûts ont plus de dix mètres decirconférence, et, par suite, égalent la colonne Vendômeou la colonne Trajane; soixante personnes tiendraientà l’aise sur une seule de leurs campanes. Les colonnesdes bas-côtés montent à treize mètres et leur circonférenceest de huit mètres quarante. «Les entre-colonnementsn’étant pas beaucoup plus larges que le diamètrede ces prodigieuses colonnes, il en résulte unedemi-obscurité qui ajoute le prestige du mystère à lapuissance cyclopéenne des constructions. On est commeperdu dans une épaisse forêt; le monde des figuresqui sont peintes en vives couleurs et qui tournent surla convexité des colonnes vous donnent le vertige.»

1 imagination qui, en Europe, s’élance bien au-dessusde nos portiques, s’arrête et tombe impuissante aupied des cent quarante colonnes de la salle hypostylede Karnak.» Lettres écrites d’Egypte, Paris, 1833, p. 98.

Si l’on réduit le temple égyptien du Nouvel Empire àses éléments essentiels, on voit qu’on y accédait par uneallée de sphinx, au bout de laquelle on rencontrait deuxobélisques sur le front d’un pylône; derrière le pylône, en enfilade, une cour à portiques, la salle hypostyle etenfin le sanctuaire et ses dépendances. Mais les cours, les pylônes, les salles, les obélisques pouvaient se multiplier.C’est ce qui est arrivé à Karnak qui se développajusque sous les Ptolémées. On leur doit le grand pylôneinachevé de l’Ouest. Le temple, d’ouest en est, compta six pylônes et mesura, en y comprenant aufond le Promenoir de Thotmès III, plus de huit cetrtsmètres de longleur. Au sud quatre autres pylônes, comme autant de portes triomphales, partaient de lacour centrale dans la direction du’temple de Moût,

laissant à gauche le Lac sacré, À faire le tour de lagrande enceinte, on marche près d’une lieue, RamsèsII, «le roi pariétaire,» ajouta une cour et unpylône en avant du temple de Louxor et dressa sescolosses, vingt-trois au moins, à l’intérieur, et à l’extérieur.Le tout était précédé de deux obélisques dont leplus petit s’élève aujourd’hui sur la place de la Concorde.Le second membre de la triade thébaine, Khonsou, n’avait pas été oublié par les grands bâtisseurs, mais son temple tombait en ruines. Hamsès IJI, ledernier d’entre eux, y remédia en érigeant à l’angle

Sésostris, sont au «entre, un peu au nord des colosses.Derrière la ligne des temples — ils durent être plus dequarante et répondre au nombre des tombes de laVallée des Rois — derrière la ligne des temples, surune longueur de cinq kilomètres, montent les blondesterrasses libyques avec leurs noirs syringes, alignées, étagées par rayons. Dans leur milieu, ces terrassess’ouvrent en un vaste amphithéâtre au fond duquel sedéploie et se dresse une falaise abrupte de cent cinquantemètres, couronnée là-haut comme d’une immensepyramide à degrés. Au fond de cette solitude de calcaire,

445 b. — d’après Mariette et Legrain.

sud-ouest de la grande enceinte le sanctuaire quedevaient terminer ses successeurs (fig. 447). Plusheureux, Montou, devenu le dieu de la guerre pour lecompte d’Amon, eut de bonne heure deux temples, l’un à l’extérieur de l’enceinte de Karnak, au nord, l’autre, à Médamout.

Jetons un regard sur la rive gauche. En hiver, lorsque de la Thèbes des vivants on passe dans laThébes des morts, ce que d’abord on aperçoit desberges du Nil c’est une plaine verte et lumineuse: elles’allonge au sud et au nord, entre Ja montagne et lefleuve. Là-bas, en face, à la lisière, mais encore dansles champs d’orge, se profilent les deux colosses deMemnon: ils annonçaient le temple disparu d’AménophisIII. Et tout de suite, ce sont les régions de la mort, marquées à leur extrémité septentrionale par le templede Qournah, monument de Séti h’, et à leur extrémitéméridionale par les pylônes de Medinet-Habou, monumentde Ramsès III. Voilées d’un léger rideau de tamarisques, les colonnades du Ramesseum, monument de

contre cette grande paroi, la reine Hatchepsou vintadosser sa chapelle, perçant la roche pour y enfoncerson sanctuaire au bout de trois terrasses, à côté d’uneautre chapelle de la XIe dynastie. Dans le contrefort del’aile nord du cirque, on trouva en 1891 les centsoixante-trois cercueils des prêtres d’Amon. En 1881, on avait déjà découvert dans l’aile sud les momies royalessoustraites sous la XXIe dynastie aux profanateurs deja^Vallée des Rois ou gorge profonde qui s’ouvrebrusquement derrière la paroi de Deir el-Bahari et vadéboucher par une étroite et sinueuse issue trois kilomètresplus loin, au-dessus du temple de Qournah. Si laVallée des Rois était bien faite pour abriter les syringesroyales, elle n’était pas assez vaste pour contenir lescénotaphes qui font partie intégrante de toute grandesépulture égyptienne. Cela nous explique que nousayons rencontré de ce côté de la montagne, en bordurede la plaine, les temples funéraires des grandspharaons de la XVIIIe à la XXe dynastie. Tous cestemples étaient consacrés à Amon.

1647

NO-AMON

1648

La fortune de l’Egypte devait profiter à un dieu sihonoré. L’énumération de ses richesses nous a été conservéepar le grand Papyrus Ilarris qui nous ramèneà la fin du règne de Ramsès III, c’est-à-dire vers l’an1150 avant notre ère. Nous y voyons que dans le totalimmense des donations faites aux dieux par les prédécesseursde Ramsès III, confirmées et augmentées parce prince, Amon de Karnak avait eu la part du lion. Ildétenait 86.486 esclaves, 48I.362 têtes de bétail, 898.168 aroures de terre à blé, 433 vignobles, 56 villesd’Egypte, 9 villes syriennes, sans compter d’innombrablestrésors et provisions entassés dans les dépendancesdu temple. On a calculé, qu’à lui seul, Amonpossédait un dixième du sol égyptien et qu’un centième

(77 tonnes). Je fis prévaloir mes armes sur l’Egypte etl’Ethiopie; j’y accomplis de hauts faits. Je retournaisain et sauf, les mains pleines, à Ninive, ma capitale.» Cyl. A, col. ii, lig. 71-83, dans G. Smith, History ofAsswbanipal, p. 53-65, et Assyrian Discoveries, p. 328329. Puis vinrent Nabuchodonosor et les Perses. Toutefois, tant qu’il y eut en Egypte des souverains nationauxet que la guerre civile ou étrangère leur laissa quelquerépit et des ressources, on travailla au temple de Karnak.Le dernier Nectanèbe y éleva la porte orientale dugrand mur d’enceinte. Peu après les Ptolémées, ce futl’abandon complet. Thèbes ne fut plus qu’un lieu depèlerinage visité par les voyageurs: les chrétiens logèrentleurs églises dans les temples, les moines s’y aména446, — Salle hypostyle de Karnak. D’après une photographie.

de la population était sa chose. Cf. Erman, Aegyptenuni âgyptisches Leben, édition anglaise, Londres, 1894, p. 299^03. Les grands-prêtres d’un tel dieu nepouvaient que bénéficier de la gloire de leur maître.Aussi dès que les derniers Ramessides dégénérés eurentdisparu de la scène, ils se trouvèrent prêts pour ceindrela couronne des deux Égyples. Les rois-prêtres remplissentla XXIe dynastie. Ils disparaissent ensuite et lacapitale est transférée dans le Delta. Thèbes abandonnéene fut bientôt plus que l’ombre d’elle-même. Les troupesassyriennes la rançonnèrent une première fois sousTharaca (668). Montoumhat, le gouverneur de Thèbes, avait à peine eu le temps de purifier les temples et deréparer les désastres sur le passage de l’ennemi, E. deRougé, Etude sur tes won. du massif de Karnak, loc.cit., p. -18-19, que celui-ci reparut (664). Cette foisThèbes fut mise à. sac. «Mes mains, dit Assurbanipal, prirent la ville dans sa totalité. Je saisis l’or, l’argent, les pierres précieuses, tous les trésors du palais royal, les étoffes teintes en berom, de grands chevaux, la populationmâle et femelle. J’enlevai dé leur base, à laporte d’un temple, pour le pays d’Assur, deux grandsobélisques du poids de deux mille cinq cents talents

gèrent des couvents, une partie des habitants de la rivegauche demanda un abri aux tombes profanées. Maisses ruines sont restées si imposantes jusqu’à nos jours, malgré le tremblement de terre de l’an 27 avant J.-C.et les vandalismes de toute provenance, qu’elles n’ontcessé d’exciter la plus vive admiration. On sait qu’en1799 les soldats de l’armée française s’arrêtèrent muetsdevant la majesté des ruines de Thèbes, qu’ils présentèrentles armes et que les tambours battirent aux champs.IV. Thèbes et la bible. — La ville de Nout est nomméepar les prophètes Nahum, Jérémie et Ézéchiel, dans le texte hébreu de la Bible. — 1° Nahum, iii, 810. Le prophète vient d’annoncer la chute de Ninive.Il poursuit, s’adressant à la ville coupable, fr. 8: «Vaux-tumieux que No-Amon, assise au milieu des fleuves, que les eaux environnent, qui avait la mer pour rempartet dont les eaux étaient la muraille? Kousch étaitsa force, ainsi que l’Egypte, et ils étaient innombrables; Phut et les Libyens étaient ses auxiliaires. Elle aussiest allée en exil, elle a été captive; ses petit* enfantsaussi ont été écrasés à l’angle" de toutes les rues; on ajeté le sort sur ses nobles, et tous ses grands ont étéchargés de chaînes.» Saint Jérôme, dans la Vulgate, a

rendu j"idn m par Alexandria populorum. Il y futinduit par son maître d’hébreu: Heurxus qui me inScripturis erudivit, ita legi passe asseruit: numquid esmelior quam No-Anton, et ait, hebraice No diciA lexandriam; AMON autem multitudinem sive populos.In Nahum, iii, 8, t. xxv, col. 1260. Il était d’ailleurspersuadé que No était une ville du Delta située sur laplace que devait occuper plus tard la capitale des Ptolémées, et il la baptisa, en vertu d’une prolepse, du nomd’Alexandrie: Nos autem pro No, Aleœandriam posuidu Prophète,» Gëogr. de la Basse-Egypte, p. 118, et ilrenvoie à Champollion qui, lui aussi, a soutenu que ladescription de Nahum ne convient pas à la Diospolis dela Haute-Egypte. L’Egypte, sous les Pharaons, t. ii, p. 131-133.

Récemment encore, W. Spiegelberg, AegyptologischeRandglossen zum Alten Testament, 1904, p. 31-36, atenté de situer No-Amon, la [j.ept’801’AjijMiv des Septante, dans le Delta, à Balamoun. Mais il suppose queles envahisseurs s’aventuraient dans cette région; il

447. — Portail d’Évergète I" devant le temple de Khonsou.D’après une photographie. Dans le lointain, Karnak et l’obélisque d’Hatchepsou.

mus per anticipationem. In Ezech., xxx, 4, t. xxv, col. 289. Il ne s’avisa pas de songer que le prophèteparlait d’une grande ville qu’il opposait à Ninive et qu’ilfallait la chercher ailleurs que dans le voisinage de laMéditerranée et de l’humble Rakotis qui précéda Alexandrie.Tous les interprètes anciens s’en tinrent à l’expli--cationde saint Jérôme. Même de nos jours, Brugschaprès avoir dit, Dict. géogr., p. 28, que «Nai-Amun, la-ville d’Amon», était «un des noms de la ville de Thèbes

très exactement transcrit par j"iaK *to», se reprend un

T

peu plus loin au souvenir du passage de Nahum. «Villefortifiée, ville située sur la mer et entourée de canaux,» ces expressions l’embarrassent. «Ces indications, dit-il, perdent toutes leurs valeurs, si on voulait reconnaître, la ville de Thèbes de la Haute-Egypte dans le nom citéde Nô-Amun.» Loc. cit., p. 291. M. J. de Rougé dit àson tour de la Ver-Amen du Delta: «C’est la No-Amun

suppose surtout que la Diospolis inferior portait lenom de Nout-Amen, ce qu’il n’établit que par analogieavec la nomenclature des noms de Thèbes, les textesfaisant défaut. Qu’il n’objecte pas que les inscriptionsdu Delta ont péri. Ailleurs que dans le Delta, et en lescitant sous leurs divers noms, on parlait des villes de

; cè~même Delta. Spiegelberg perd aussi de vue qu’au

temps des prophètes Israël avait les mêmes ennemisque l’Egypte: les Assyriens. Or, parmi les villes principalesnommées dans les textes cunéiformes (Cyl. A.de Rassam, col. i, lig. 90-109) on ne rencontre pasDiospolis inferior et nulle part n’apparaît son importancepolitique. Par contre, au premier regard, le textede Nahum nous montre qu’il ne peut y être questionque d’une grande métropole, capable pour le moins derivaliser avec Ninive dont le prophète vient de prédirela chute. Mais comment une ville si forte que Niniveet si considérable pourra-t-elle tomber? C’est l’objection

qu’il faut prévenir et que Nahum prévient en effet: Thèbes est bien tombée, cette Thèbes si renommée, siforte, assise sur les eaux et au milieu des eaux; elleest tombée à la stupéfaction de l’Egypte et du monde, et Ninive ne tomberait pas! La topographie anciennede Thèbes différait sensiblement de l’actuelle: le Nils’est éloigné de Karnak qu’il baignait, les canaux dontla trace est encore visible sillonnaient la ville et l’entouraient; de plus Thèbes était la seule ville d’Egypteassise sur les deux rives du Nil: les eaux étaient doncsa muraille. Poussant plus loin, le nom de «mer» enhébreu, comme en égyptien d’ailleurs, est souventdonné aux grands fleuves. Cf. Is., xxviii, 1; xviii, 2; xix, 5, etc. Il y a là tous les éléments voulus pour expliquer le langage d’un prophète qui se sert de l’hyperbole pour frapper plus vivement les esprits, commelorsqu’on nous dit des armées assyriennes prêtes à dévaster l’Egypte qu’elles en feront un «désert» et une «solitude», Ézech. xxix, 10: la description de Nahumconvient donc très bien à Thèbes.

Déjà Samuel Bochart l’avait affirmé, Phaleg, 4, 27.Opéra, 3 in-f», Utrecht, 1692, t. i, col. 278. Les cylindres d’Assurbanipal sont venus enlever toute incertitudeà ce sujet et du même coup fixer l'époque où vivaitNahum: il parle d’un fait qu’on n’a pas encore oublié. «Par la protection d’Assur, de Sin, et des grands dieux, mes maîtres, dit Assurbanipal, ils (mes généraux) engagèrent une bataille dans une vaste plaine, et dispersèrent ses forces (celles deTanoutamen).Tanoutamanous’enfuit seul et entra dans Ni’a, sa capitale. Dans unvoyage d’un mois et dix jours, sur une route difficile, ils, (nies généraux) arrivèrent après lui, au milieu deNi'â; Cette ville ils la prirent dans sa totalité et passèrent sur elle comme un ouragan.» Tablette K 2675, recto lig. 70-74, verso lig. 1-5, dans Georges Smith, History of Assurbanipal, p. 55-56. Vient ensuite la description du pillage, donnée plus haut et dans laquelleAssurbanipal dit qu’il «saisit la population mâle etfemelle». Nous voilà à peu près fixés sur la position deNi’a: on s’est battu à l’entrée de l’Egypte, et quarantejours en remontant le fleuve, à travers un pays ennemi oùles routes n’existèrent jamais et où l’oncompte du Caire àLouxor sept cent vingt kilomètres, n'étaient pas trop pourfranchir la distance qui sépare de Thèbes le Delta oriental. Une seconde inscription sur la même campagne vafaire pleine lumière. Ici Assurbanipal s’attribue les exploits de; ses généraux. <s Dans ma seconde campagne, dit-il, je r; marchai vers l’Egypte et l’Ethiopie.. Tanoutamanouapp’ritjla marche de-mes troupes et que je foulais le sol de l’Egypte. Il abandonna Memphis, et, pourSauver sa vie, " se réfugia dans Ni’a. Les rois, les préfets, lés gouverneurs que j’avais établis en Egypte, vinrentà ma rencontre et me baisèrent les pieds. À la suite deTanoutamanou je me mis en route; j’arrivai à Ni’a, lacité forte; il vit l’approche de ma puissante armée ets’enfuit à Kipkip (capitale de l’Ethiopie).» Cyl. A, lig. 61-72, dans G. Smith, loc. cit., p. 52-53. C’est doncbien vers le midi que se trouve Ni’a, puisque l’arméed’Assurbanipal, venant du nord, passe Memphis queTanoutamanou vient de quitter fuyant en Ethiopie, etNi’a ne peut être que Thèbes. Cf. Knabenbauer, Comment, in Prophetas Minores, t. i, p. 40-41; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iv, p. 83-85..

2° Jérémie, xlvi, 25: «Je vais visiter Amon de No.» Ainsi parle le Seigneur par la bouche de son prophète.Ici encore, comme plus loin dans le texte d’Ezéchiel, la Vulgate rend No par Alexandria. Nous savons maintenant qu’il s’agit de Thèbes. Il s’agit aussi de la première campagne de Nabuchodonosor en Egypte, cetteEgypte qui a bercé Israël d’espérances folles et verslaquelle Israël a le tort de regarder. Nommer Nabuchodonosor, c’est dire que Ninive est tombée (608) et que

le second empire chaldéen a remplacé le premier. Suivant Josèphe, qui cite le témoignage de Bérose et deMégasthène, Contr. Apion., r, 19, 20; Ant. jud., X, ii, 1; Mûller, Historicorum Grœcorum Fragmenta, lndica, fragm. 20, édit. Didot, t. ii, p. 416; cf. Slrabon, i, 16, auxquels peut joindre Abydène, Mûller, loc. cit., t, iv, fragm. 8 et 9, p. 283, Nabuchodonosor aurait conquis l’Egypte, une grande partie de la Libye et del’Ibérie. Aussi affirme-t-il que la prophétie contrel’Egypte s’est réalisée. De cette première campagne, avec le témoignage documenté de Josèphe, nous n’avonsguère que celui de la Bible. Jérémie nous en donnel'époque: «Je vais livrer le Pharaon Hophra, roid’Egypte, aux mains de ses ennemis et aux mains deceux qui en veulent à sa vie, comme j’ai livré Sédécias, roi de Juda, à Nabuchodonosor, roi de Babylone, qui envoulait à sa vie (xliv, 30).» Il est à remarquer que letexte dit: «Je vais livrer Hophra; Éphrée) aux mains deses ennemis,» c’est-à-dire il sera. vaincu par les Babyloniens; et il ajoute: «et aux mains de ceux qui enveulent à sa vie,» c’est-à-dire à Amasis et à ses partisans; et ce dernier point concorde avec ce que noussavons de l’histoire d’Egypte. Amasis détrôna Hophraet celui-ci fut bientôt étranglé par la populace de Sais.Hérodote, ii, 169. Jérémie, xlvi, 25, donne aussi l'étendue de l’invasion, quand il écrit plus loin: «Jéhovahdes armées Dieu d’Israël a dit: Je vais visiter Amon deNo, et le Pharaon et l’Egypte, et ses dieux et ses rois.» Hophra' (voir Éphrée, t. ii, col. 1882) régna de 589 à 570, et Josèphe place cette invasion en l’an 23 de Nabuchodonosor, cinq ans après le siège de Jérusalem, Ant. jud., X, ix, 7, ce qui nous reporte à 583. Jérémie ajoute: «Et après cela, elle (l’Egypte) sera inhabitée commeaux jours d’autrefois, dit le Seigneur». Jer., xlvi, 26.En effet, Amasis, qui régna de 570 à 526, s’appuyantsur les Grecs, releva très vite le pays de ses ruines.— M. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iv, p. 414-248, cite deux cylindres babyloniens au cartouche d’Apriès; pour le moins, «ils attestent les rapports qui ont existé entre ces deux pays(l’Egypte et la Babylonie) du temps de Nabuchodonosoret d’Apriès.» "

3° Ézéchiel, xxx, 14: «J’exercerai mes jugementesur No';» 15: «J’exterminerai la multitude de No;» 16: «No sera forcée.» Ces menaces d’Ezéchiel durentse réaliser pendant la seconde campagne de Nabuchodonosor en Egypte, la 37° année de son règne, 568. Engénéral, c’est la seule campagne qu’admettent les égyptologues. Elle fut annoncée par Jérémie à Taphnès, près de Péluse. Après la mort de Godolias, c’est là, àl’entrée de l’Egypte, qu’avait résolu de se réfugier lepetit nombre de ceux que les Chaldéens avaient dédairgné d’emmener captifs. En vain, le prophète combattitleur dessein. Ils l’entraînèrent de force avec eux, secroyant désormais à l’abri de Nabuchodonosor. MaisDieu leur dit par la bouche de Jérémie, xliii, 10-13: «Je vais envoyer Nabuchodonosor, roi de Babylone, mon serviteur, et je placerai son trône sur ces pierresque j’ai déposées (les pierres que Dieu ordonna àJérémie de cacher sous la plate-forme en briques àl’entrée de la maison de Pharaon), il étendra son tapissur elles. Il viendra et frappera le pays d’Egypte, … ilbrûlera la maison des dieux d’Egypte.» Cf. Pétrie, Tanis, part, ii, including Tell Defenneh (The BiblicalTahpanhes), 1888, Ve Mémoire de YEgypt Exploration Fund. La 27e année de son exil, c’est-à-dire en 571, puisqu’il avait été emmené en exil à Babylone avecJéchonias en 598, Ézéchiel (xxix, 10) marque les limitesqu’atteindra l’invasion: «Et je ferai du pays d’Egypte, un désert aride et désolé, de Migdol à Syène, et jusqu'à la frontière de l’Ethiopie,» c’est-à-dire de la première ville du nord.de l’Egypte, jusqu’au delà de No, jusqu'à la première cataracte. Deux documents, l’un

égyptien, l’autre babylonien, combinés ensemble parWiedemann, Der Zug Nebucadnezar’s gegen Aegypten, et Nebucadnezar und Aegypten, àa.n% la Zeitschrift furâgyptische Sprache, 4878, p. 2-6, 87-89, lui ont permisde conclure à l’exactitude de la prophétie d’Ézéchiel et decelle de Jérémie. Le document égyptien se lit dans uneinscription du Louvre (Statue A, 90, publiée dansPierret, Recueil d’Inscriptions, t. i, p. 21-29; Cf. Vigoureux, loc. cit., p. 413-414). Le texte est de Neshor, fonctionnaire d’Apriès à Éléphantine: «Sa Majestél’éleva à une très haute dignité… comme gouverneurdes régions du sud pour en contenir les peupladesrebelles. Il a établi sa crainte parmi les peuples dusud qu’il a refoulés vers leurs montagnes. Il a obtenu lafaveur de son maître Haaabra.» Après avoir raconté toutce qu’il a fait pour l’embellissem*nt des temples, Neshorpoursuit: «J’ai fait élever ma statue pour perpétuermon nom à toujours, il ne périra pas dans le temple; j’ai eu soin de la demeure des dieux lorsque mal lui

advint des tireurs de flèches, Padit, des Hanibou,

^» ^, des Satiou, *ft Je marchai contre les Shasou

(Bédouins, Nomades) du haut pays, jusqu’au milieud’eux. Petite (pour eux) était la crainte de Sa Majesté, dans l’exécution du dessein qu’ils avaient conçu. Je neleur ai pas permis de s’avancer jusqu’en Nubie. Je lesai rejetés vers le lieu où était Sa Majesté qui en fit ungrand carnage, s Dans notre texte, sans parler desBédouins du haut pays, nous avons trois catégories degens qu’eut à combattre Neshor: les tireurs de flèches, la Compagnie des tireurs de flèches ou archers, quipeuvent être des Nubiens ou des habitants de la régiondu Sinaï, plus probablement des premiers; puis lesBambou, qui sont les Grecs et dont beaucoup servaientalors en Egypte comme mercenaires; et enfin lesSatiou qui désignaient les Asiatiques en général, ceux, que les Égyptiens rencontraient dès leur entrée enPalestine et qu’on appelait aussi Aamou. Il est difficilede voir dans une pareille énumération de peuples, lesAssyriens de Nabuchodonosor. Aussi Maspero, Notes surquelques points de grammaire et d’histoire, dans laZeitschrift, 188b, p.87-90; Brugsch, Beitrâge, ibid v 1884, p. 93-97, et Flinders Pétrie, History of Egypt] t. ht, 1905, p. 346-347, n’y ont voulu reconnaître qu’Une «rébelliondes garnisons du sud de l’Egypte, comprenantdes auxiliaires grecs et sémites» et peut-être aussi desNubiens. Cependant Wiedemann a persisté dans sonopinion, Aegyptische Geschichte, Supplément, 1888, p. 70, et cette opinion a été suivie par Tiele, Babylonisch-AssyrischeGeschichte, p. 433-438 et par Winckler, Geschichte Babyloniens und Assyriens, p. 312313. Cf. Maspero, Hist. de l’Orient classique, t. iii, p. 558, n. 5..

Le document babylonien est une tablette d’argileécrite sur les deux faces (British Mus., n. 33041). Ila été publié d’abord par Pinches, Transact. Soc. Bibl.Arch., t. vii, 1882, p. 218, mais dans un texte fautif, dit Budge, et avec une traduction erronée, puis correctementpar le P. Strassmaier, dans Babyl. Texte, t. vi(History of Egypt., t. vii, p. 20, n. 1). Le même Budgeétablit que, dans ce qu’on peut lire de cette inscription, il n’est question ni d’Amasis, ni d’une invasion del’Egypte entière. Il n’y a d’indiscutables que les lignes13 et 14: «L’an 37, Nabuchodonosor, roi (de Babylone), vint (en) Egypte pour livrer bataille.» Budge conclut: «En aucun cas, le fragment ne peut être invoquécomme une preuve ou que Nabuchodonosor conquitl’Egypte ou qu’il l’envahit et s’avança à travers le payscomme avaient fait Assarhadon ou Assurbanipal; toutce qu’il prouve, c’est que le compilateur de la chroniqueavait dans l’esprit que Nabuchodonosor assembla sesforces et vint en Egypte la 37e année de son règne.»

Loc. cit., p. 20-22. C’est bien déjà quelque chose. Ajoutonsqu’il existe au Musée du Caire trois cylindres deNabuchodonosor. Mais ils ne renferment, outre le protocoleordinaire, que l’énumération de quelques édificesconstruits par le roi à Babylone. Ils proviennent del’Isthme de Suez et peuvent nous indiquer que le roibabylonien vint au moins jusqu’à Taphnès et qu^iiplanta son pavillon royal à l’entrée de la maison dePharaon, comme l’avait prédit Jérémie. Cf. Afaspero, Guide au Musée de Boulak, n. 5830-5832^ p. 402-403.-Enrésumé le document babylonien nous donne la datecertaine de la seconde entrée en Egypte de Nabuchodonosor: l’an 37 de son règne en 568. Mais ni ce document, ni le document égyptien ne sont assez certainspour en tirer une conclusion plus étendue. Bien queNabuchodonosor ait eu pour souci principal de nousmettre au courant de ses constructions, et que lesÉgyptiens ne soient pas dans l’habitude d’enregistrerleurs défaites, espérons que d’autres documents plusdécisifs verront le jour.

Biblioora.phie. — Outre les ouvrages cités au coursde cet article, on peut consulter: Description del’Egypte, 1821, t. 11, et m; Maspero, Histoire del’Orient classique, t. 11, p. 305-314, 553-560; GuideJoanne, Egypte (Bénédite), 1900, p. 460-545; Bædeker, Egypte (Steindorff), édit. française, 1903, p. 234r307; W. Budge, The Nile, 1902, p. 378-432; Perrot et Chipiez, Histoire de l’Art, t. 1, c. iv; L. Borchardt, Zur Baugeschichted.Amonstempels vonKarnak, Berlin, 1905; Flinders Pétrie, Six Temples at Thebes, Londres, 1896; Mariette, Deir el-Bahari, Paris, 1877; Ed. Naville, Deir el-Bahari, Mémoires xii-xiv, xvi, xix, deVEgypt Exploration Fund; Quibell, The Hamesseum, Londres, 1898; G. Daressy, Notice explicative desruines du temple de Louxor, Le Caire, 1893, et Noticeexplicative des ruines de Médinet-Habou, Le Caire, 1897. C. Lagier.

NOB (hébreu: Nôb; Septante: N6ê, II Esd., xi, 32; êv 6$â, Is, x, 32; Vulgate: Nob, II Esd., xi, 32; Nobe, Is., x, 32), localité située dans le voisinage et au nordde Jérusalem. II Esd., xi, 32; Is., X, 32. Isaïe, traçantdans un tableau idéal la marche des Assyriens contreJérusalem, les fait passer par Aïath, l’antique Aï, Magron, Machmas (Mukhmas), Gaba (Djéba), Rama(Er-Râm), Gabaath de Saùl (Tell el-Fûl). Voir lacarte de Benjamin, t. 1, col. 1588. Puis, après s’êtreadressé à Anathoth (’Andta), avoir signalé la fuite deshabitants de Médeména et de Gabim, il ajoute (d’aprèsl’hébreu):

Encore aujourd’hui il s’arrête à Nob;

It agite la main contre la montagne de Sion,

Contre la colline de Jérusalem.

L’envahisseur est donc en vue de la ville sainte. On apensé à El-lsauiyéh comme pouvant représenter lepoint en question. Voir le plan des environs de Jérusalem, t. iii, col. 1321. Mais Jérusalem n’est pas visiblede là. Scha’fât, étant à la même latitude qu’Anathothne peut répondre non plus aux données du texte biblique.On croit donc généralement que Nob devait sej trmîver sur le mont Scopus ou le haut plateau d’où l’onaperçoit si bien Jérusalem en venant du nord, et quiest la position stratégique d’où tous les conquérantssont partis pour attaquer la cité juive. Cf. Josèphe, Ant. jud., XI, viii, 5; Bell, jud., II, xix, 4; V, 11, 3; F. Buhl, Géographie des alten Palâstina, Leipzig, 1896, p. 96. Dans le livre de Néhémie, xi, 32, Nob estmentionnée parmi les villes de Benjamin réhabitéesaprès le retour de la captivité. Citée entre Anathoth etAnania (Beit Hanina), elle devait donc, d’après ce secondpassage, être située au même endroit qu’indiquele premier. Faut-il l’identifier avec la ville sacerdotale

de Nobé, dont il est question, I Reg., xxi, 1; xxii, 9, 11, 19? C’est possible, sans être certain. Voir Nobé 3.

A. Legendre.

NOBÉ, nom d’un Israélite et de deux villes.

1. NOBÉ (hébreu: Nôbal.i; Septante: Na8a15), israélitedont la tribu n’est pas indiquée, mais qui était sansdoute un descendant de Manassé comme Jaïr et lesautres enfants de Machir qui sont nommés dans lemême passage. Il vivait du temps de Moïse; il prit laville de Chanath avec ses dépendances, et lui donnason nom. Num., xxxii, 42. D’après le Séder OlamRabba, ix, il était né en Egypte, il mourut après Moïseet fut enterré près du Jourdain. Chronologie*, Hebrœorummajor qux Seder Olam Rabba inscribitur, in-f», Lyon, 1608, p. 12.

2. NOBÉ (hébreu: Nôbati; Valicantis: Nà6 «i; Alexandrinus: Na6é9), ville située à l’est du Jourdain, etmentionnée dans une expédition de Gédéon contre lesMadianites. Jud., viii, 11. On peut penser qu’elle estidentique à Canath, aujourd’hui Qanauât, au pied duDjébelrtiauran, appelée aussi Nobé. Nuin., xxxii, 42.Voir Canath, t. ii, col. 121. Cependant, comme ce n’estpas certain, il est possible qu’on doive la chercher dansles montagnes de Galaad, de même que Jegbaa, El-Djubeikat, avec laquelle elle est citée. Dans ce cas, son

emplacement est inconnu.

A. Legendre.

3. NOBÉ (hébreu: Nôbéh, I Reg., xxi, 1; xxii, 9; Nôb, I Reg., xxii, 11, 19; Septante: Codex Vaticanus: Nonëâ, I Reg., xxi, 1; xxii, 9, 19; Noi^ct, I Reg., xxii, 11; Codex Alexandrinus: Noéâ, I Reg., xxi, 1; xxii, 9, 19; No6<46, I Reg., xxii, 11), ville sacerdotale, où David, fuyant Saûl, chercha un refuge prè, s du grand-prêtreAchimëlech. I Reg., xxi, 1. L’arche d’alliance y résidaitalors; et Achimélech, n’ayant pas d’autre pain à offrirau fugitif abattu, lui donna les pains de proposition, qdi venaient d’être retirés du Sanctuaire; il lui remitaussi l’épée de Goliath. Trahi par Doëg Tlduméen, et citédevant Saûl, il fut par ordre et en présence de ce roijaloux, mis à mort avec les 85 prêtres qui l’accompagnaient.Nobé elle-même fut détruite, et les habitantsfurent passés au fil de l’épée. Seul Abiathar, l’un desfils d’Achimélech, échappa au massacre. I Reg., xxii, 9, 11, 19. Où se trouvait cette ville? L’Écriture ne ledit pas et son emplacement ne peut être que l’objet deconjectures. Cependant le nom est le même que celuide Nob, localité mentionnée par Isaïe, x, 32, entre Anathoth(’Anâta) et Jérusalem, et qu’on place sur le Scopusou dans les environs. Voir Nob, col. 1654. D’autre part, Nobé ne devait pas être loin de Gabaa de Saül (TelUel-Fûl), qui elle-même n’était pas éloignée de Nôb. David, fuyant de la cour de Saûl, et prenant le chemin deBethléhem, devait passer par Nob. Ces raisons semblentpermettre d’identifier Nobé avec Nob. On se demandenéanmoins si les prêtres vinrent jamais s’établir si prèsde la forteresse jébuséenne. — Saint Jérôme, Ep. ad Eustochium, t. xxii, col. 883, parle de Nobé comme étantdans le voisinage de Lydda (Diospolis). Elle correspondraitalors ou à Annabéh (l’ancienne Bethoannaba) ausud-est de Ludd, ou au village moderne de Beit Nubaplus éloigné de Ludd et à peu de distance de Yâlô(Aialon). Voir la carte de Dan, t. ii, col. 1232. Le rapportonomastique peut-il à lui seul justifier cette opinionet oblige-t-il de chercher si loin la ville sacerdotale?Nous ne savons. Cf. E. Robinson, Biblical Researchesin Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 254; t. iii, p. 145; V. Guérin, Judée, t. i, p. 286-290, 314-317; F. Buhl, Géographie des alten Palâstina, Leipzig, 1896, p. 198. Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 142, 284, ont confondu cette ville avecune autre de même nom, du moins dans la Vulgate, et

dont il est question dans l’histoire de Gédéon. Jud., vm, 11. Celle-ci s’écrit en hébreu Nôbah avec un hethfinal, et se trouvait à l’est du Jourdain. Voir Nobé 2.

A. Legendre.

    1. NOBILIBUS##

NOBILIBUS (Christophe de), théologien catholiqueitalien, né à Milan, mort vers 1715. Il entra en 1659dans l’ordre des Augustins déchaussés, où il prononçases vœux l’année suivante. Homme d’une grande piétéet d’une remarquable érudition, il passa sa vie dansl’étude de la philosophie et de la théologie, et en particulierdes Livres Saints. Nous avons de lui plusieurs ouvrages, parmi lesquels: Oscula cselestia, s. explanatioin Canticacanticorum, in-4, Milan, 1677. — Voy. PhilippiArgelati Bibliotheça scriptorum mediolanensium, in-f», Milan, 1745, t. ii, col. 994. A. Régnier.

    1. NOBILIUS FLAMINIUS##

NOBILIUS FLAMINIUS, théologien italien, névers 1530, mort à Lucques, en 1590, fut membre de lacongrégation chargée par Sixte V de la revision de laVulgate. À la demande du Pape, il recueillit tous lesfragments de l’ancienne version Vulgate latine qu’ilput trouver dans les Pères, les livres liturgiques, etc., et les publia en notes dans sa traduction des Septanteparue in-f», à Rome, en 1588, sous le titre de. VêtusTestamentum secundum LXX latine editum. Son travaila été depuis complété par Thomasius, Martianay, Bianchi, Sabatier, etc. Voir Latines (Versions), col. 101.Il avait donné un an auparavant, sur l’ordre du mêmeSixte V, une édition des Septante: Vêtus Testamentumjuxta LXX, in-f", Rome, 1587. Ses Annotationesin Veteris Testamenli LXX Interprètes ont étéinsérées par Walton dans sa Polyglotte, t. vi, n. ix, p. 1-196.

    1. NOCES##

NOCES (hébreu: hâtunnâh; Septante: yâpoi, vui «.opeO<Tt?; Vulgate: nupliæ, desponsatio), célébrationsolennelle du mariage (fig. 448).

I. Dans l’Ancien Testament. — 1° Chez les Hébreux, l’union des époux commençait par les fiançailles, quidonnaient à l’un et à l’autre tous les droits des épouxmais n’étaient suivies de la célébration solennelle dumariage et de la cohabitation qu’au bout d’un an ou deplusieurs mois. Voir Fiançailles, t. ii, col. 2230. Surla législation et les coutumes qui présidaient à l’uniondes époux, voir Mariage, col. 758. La célébration dumariage ne comportait aucune cérémonie religieuse.Elle s’accomplissait sous les yeux des parents et detémoins nombreux et était accompagnée de fêtesbruyantes et de festins. — 2° Quand Laban s’engagea àdonner Rachel pour femme à Jacob, il réunit tous lesgens du lieu et fit un festin. Puis il substitua frauduleusem*ntLia à Rachel, et Jacob ne s’aperçut de latromperie que le lendemain matin. Gen., xxix, 21-25.

— 3° Lorsque Samson voulut épouser une Philistine deThammatha, son père l’accompagna dans cette villepour la célébration des noces. On donna au jeune mariétrente compagnons, selon la coutume du pays, et onfit des festins pendant sept jours. Samson proposa uneénigme aux convives, et quand ceux-ci eurent obtenu laréponse, grâce à l’indiscrétion de l’épouse, Samson leurpaya le prix convenu, mais aux dépens de leurs compatriotes.Jud., xiv, 10-19. On voit ici apparaître les compagnonsspécialement désignés pour faire cortège àl’époux pendanl les fêtes nuptiales. On les retrouve àl’époque évangélique sous le nom de «fils de l’époux».Matth., ix, 15; Marc, ii, 19. Sur les énigmes proposéesaux convives, voir Énigme, t. ii, col. 1807. — 4° On doitremarquer la manière dont agirent les Israélites pourempêcher l’extinction totale de la tribu de Benjamin.Comme ils avaient juré de ne pas accorder aux survivantsleurs filles en. mariage, ils conseillèrent aux Benjaminitesde se cacher dans les vignes et de s’emparereux-mêmes des jeunes filles de Silo, quand elles vien

draient pour danser en an jour de fêté. C’est ce qui fatfait et personne ne réclama. Jud., xxr, 15-23. Peut-êtrefaut-il voir dans cet événement l’origine de ce simulacred’enlèvement de la fiancée, qui faisait parfois partie dela cérémonie des noces hébraïques. — 5° Il n’est rienraconté en détail des noces de Salomon avec la fille dupharaon d’Egypte. III Reg., m. 1. Bans le Cantique descantiques, iii, 11, les filles de Sion sont seulement invitéesà voir Salomon avec la couronne que sa mère luia donnée pour le jour de ses noces. Le Psaume xlv(xliv), 14-16, fait aussi allusion à l’entrée de l’épousedans la maison du roi. Elle lui est amenée, vêtue d’habitsbrodés, et suivie de jeunes filles ses compagnes. Desréjouissances les accueillent à leur arrivée. — 6° Pourla célébration du mariage du jeune Tobie avec Sara, fille de Raguel, celui-ci met la main de sa fille danscelle de Tobie et prononce cette bénédiction: «Que leDieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob soitavec vous, qu’il vous unisse lui-même et qu’il mettepour vous le comble à sa bénédiction.» Tob., vii, 15.C’est peut-être moins l’usage que les conditions particulièresdans lesquelles se trouvait Sara, qui inspiraientcette formule de bénédiction. Elle émanait d’ailleurs du

nombre. C’est alors que Jonathas et ses homme?, sortant de leur embuscade, semèrent la mort dans lecortège et changèrent les’noces en deuil. I Mach., ix, 36-41. — 9° Les noces du roi Alexandre Bala avec Cléopâtre, fille de Ptolémée Philométor, sont aussi mentionnéescomme ayant été célébrées avec une grandemagnificence, comme il convenait à la dignité desépoux. I Mach., x, 58. — 10° On trouve dans la Sainte-Écriturequelques autres traits qui se rapportent à lacélébration des noces. L’épouse se préparait à la cérémoniepar un bain. Ruth, iii, 3; Ezech., xxiii, 40. Ellerépandait sur elle des parfums. Cant., iii, 6. Un voile larecouvrait entièrement. Gen., xxiv, 65; xxxviii, 14. Elles’ornait de bijoux, Is., xlix, 18; lxi, 10, et mettait laceinture que l’époux seul devait délier. Jer., . ii, 32.Celui-ci portait une couronne. Is., lxi, 10. Les chantset le son des instruments se faisaient entendre pendantla noce. Jer., vii, 34; xvi, 9. Les fiancés se juraientfidélité. Ezech., xvi, 8; Mal., ii, 14. La fête se continuaitdans des festins, et le lendemain, si l’époux avait trouvésa fiancée dans l’état où elle devait être, le mariageétait définitif. Deut., xxii, 14-21,

II. Dans le Nouveau Testament. — 1° À Caria,

448. — Mariage grec antique. D’après J. H. Huddilston, Lessons front Greek Pottery, New-York, 1902, fig. 8.

père de famille. Il est ensuite question d’un écrit parlequel on dresse acte du mariage, <tuytp «?t|) conscriptio.Tob., vii, 16. D’après le code d’Hammurabi, art. 128, un mariage n’était valide qu’autant que les obligationsde la femme avaient été fixées. Cf. Scheil, Textes élamites-sémitiques, Paris, 1902, p. 64. Peut-être quelquecondition analogue était-elle en vigueur dans le paysqu’habitait Tobie, et nécessitait-elle un acte écrit. Desfestins suivirent, d’abord le jour même, Tob., vii, 17, puis le lendemain, avec plus d’apparat et en compagniedes voisins et des amis. Tob., vii, 21, 22. Raguel fitalors un autre écrit pour assurer à Tobie la moitié deses biens, quand lui-même et Anne, sa femme, ne seraientplus. Tob., vni, 24. Quinze jours après, leur parentGabélus arriva; il appela de nouveau la bénédictiondivine sur les jeunes époux et prit part à un nouveaufestin de noces. Tob., ix, 8-12. — 7° Les noces d’Assuérusavec Esther furent célébrées par un festin offertaux princes et aux officiers et par des présents dignesde la magnificence royale. Esth., ii, 18. — 8° Un cortègede noce est décrit à l’occasion d’une vengeanceexercée par Jonathas, frère de Judas Machabée, contreles fils de Jambri, qui avaient tué traîtreusem*nt sonautre frère, Jean. Jonathas apprit que les fils de Jambriallaient célébrer une grande noce et amener de Médabaune fiancée, qui était la fille d’un des principaux chefsamorrhéens. Jonathas et ses hommes se cachèrent, aujour dit, dans un repli de la montagne. Tout d’un coup, on entendit grand bruit; c’étaient les deux cortèges quise rencontraient. L’époux, ses amis et ses frères arrivaientau-devant de la fiancée avec des tambourins, des instruments de musique et des présents en grand

Notre-Seigneur lui-même assiste à des noces. SaintJean, ii, 1-10, ne mentionne que le repas, sanctifié parla présence du divin Maître et honoré par l’accomplissem*ntde son premier miracle. — 2° Plusieurs autresdétails, se rapportant à la célébration des noces, sontrappelés dans l’Évangile. Pendant la durée des fiançailles, mais surtout pendant les jours qui précédaientimmédiatement les noces, les fiancés ne communiquaiententre eux que par l’intermédiaire d’un ami, quiétait en même temps l’organisateur de la fête, et dontle rôle ne se terminait que quand l’épouse.était dans lademeure de son époux. Saint Jean-Baptiste se donnecomme remplissant ce rôle. Il est l’ «ami de l’époux», il l’a fait connaître à la nation sainte, que le Sauveurvient épouser, et il se tient pour satisfait maintenantqu’il entend l’époux parler à son épouse. Joa., iii, 29.Notre-Seigneur lui-même se présente comme époux.Ses Apôtres sont les «fils des noces», les «fils del’époux», c’est-à-dire ceux qui font cortège à l’épouxpendant les fêtes nuptiales. Ils sont de la fête; il neconvient donc pas qu’ils jeûnent et s’attristent. Matth., ix, , 15; Marc, ii, 19; Luc., v, 34. Le temps des noces/ est ici celui pendant lequel Notre-Seigneur demeureau milieu des hommes, pour contracter son union aveceux. Profitant d’une occasion qui lui est offerte, le Sauveurdonne en passant un avis utile à ceux qui sontconviés à des festins de noces: c’est de ne pas s’attribuerà eux-mêmes les premières places, mais d’attendrequ’on leur assigne celle qui leur convient. Luc, xiv, 8-10. Ces repas de noces se faisaient la nuit. Il était forttard quand les conviés rentraient chez eux. C’était parfoisà la seconde veille, vers minuit, ou même à la

troisième’, de minuit à trois heures du matin. Durant cetemps, le serviteur fidèle veillait à la maison afin d’accueillirson maître à sa rentrée. Luc, XII, 36-38. —3° Deux paraboles fournissent des détails plus circonstanciéssur la célébration des noces. Un roi célèbre lesnoces de son fils, fait de grands préparatifs pour lefestin et, à l’heure convenable, envoie ses serviteurspour chercher les conviés. Ceux-ci refusant de venir, leroi, qui ne veut pas que ses préparatifs soient inutiles, fait remplir la salle du festin par des convives de rencontre.L’un de ces derniers n’a pas la robe nuptiale. Ilest inexact de dire que cette robe était distribuée auxconvives à l’entrée de la salle par les soins du maîtrede la maison. En pareil cas, le convive en questionl’eût reçue aussi bien que les autres. L’usage de donnerun vêtement aux invités n’existait pas chez les Hébreux.Les exemples cités, Gen., xli, 42; xlv, 22; IV Reg., v, 5; Esth., Il, 18; Dan., V, 7, sont des exemples se rapportantà des étrangers, et le cas de David, I Reg., xviu, 4, n’est pas applicable ici. La robe nuptiale estdonc tout vêtement suffisamment décent pour la circonstance.Comme le repas avait lieu la nuit, le conviveindigne est jeté dehors, par conséquent dans «les ténèbresextérieures». Matth., xxii, 2-13. — 4° La paraboledes dix vierges donne d’autres détails. Il y a là dixvierges qui vont au-devant de l’époux et de l’épouse, oumieux au-devant de l’époux seulement, d’après la grandemajorité des manuscrits grecs. Elles aeccompagnentl’épouse, avec des lampes à la main. Cinq d’entre elles, prévoyant une assez longue attente, ont seules pris avecelles une petite provision d’huile. L’époux tarde en effetet les vierges s’endorment. Au milieu de la nuit, le cortègede l’époux est annoncé; il faut aller au-devant delui. Cinq des vierges garnissent leurs lampes, et lesautres sont obligées d’aller courir, à pareille heure, pouracheter de l’huile. L’époux arrive enfin; tout le cortègeentre dans la salle du festin, ordinairement dans la maisonde l’époux, et la porte est fermée. Celles qui arriventen retard ne sont pas reçues. Matth., xxv, 1-13. — 5° Cescoutumes sont restées en vigueur en Palestine. On y voitencore les cortèges nocturnes avec les flambeaux pour serendre à la salle du festin; ils sont même considéréscomme la partie constitutive de la cérémonie du mariage.Cf. G. Saintine, Trois ans en Judée, Paris, 1868, p. 103-114; Pierotti, La Palestine actuelle dans sesrapports avec l’ancienne, Paris, 1865, p. 251-253; LeCamus, Noire voyage aux pays bibliques, Paris, 1894, t. ii, p. 19, 20. «Quant à la pompeextérieure, auxmarches processionnelles qui accompagnent les épousailles, elles ont leur raison d’être; c’est le désir derendre l’union publique et évidente, d’en faire un actenotoire que puissent attester de nombreux témoins. Celaremplace nos publications. Musulmans, juifs, chrétiensde toutes les sectes n’auraient garde d’y manquer, etnos Latins sont encore moins exagérés que les autres.Ainsi chez les Arméniens non unis la cérémonie doitdurer trois jours pleins. Chez les Musulmans, on faitun véritable abus de la marche en cortège. Tout le mobilier, toute la corbeille de la mariée, sont portés enpompé, article par article, sur les pas d’un joueur demusette et d’une grosse caisse.» G. Saintine^Trois ansen Judée, p. 113. Ainsi étaient portés, à la noce deMédaba, des ô10~a, c’est-à-dire des objets en grandnombre. I Mach., ix, 39. Cf. De Basterot, Le Liban, laGalilée et Rome, Paris 1869, p. 228; Jullien, L’Egypte, Lille, 1891, p. 268.

III. Les coutumes juives. — 1° Aux usages consacréspar les textes de la Sainte Écriture, les Hébreuxen avaient ajouté quelques autres dont plusieurs étaientprobablement suivis du temps de Notre-Seigneur. Bienque le fiancé et la fiancée puss*nt se voir, chez le pèrede cette dernière, durant le temps des fiançailles, ilsrestaient enfermés chez eux pendant les jours qui précédaient immédiatement le mariage. Les amis du fiancévenaient alors le visiter et se réjouir avec lui. La veillede la cérémonie, lès femmes menaient la fiancée aubain en grande pompe. Le même jour, les fiancés s’envoyaientmutuellement une ceinture de noces, à grainsd’argent pour le jeune homme et à grains d’or pourla jeune fille. Les noces se célébraient le mercredi, c’est-à-dire la nuit du mardi au mercredi, quand lafiancée était vierge, et la nuit suivante, quant elle étaitveuve. Cf. Ketuboth, i, 1. Les noces ne se célébraientni les jours de grandes fêtes, excepté celle des Phurim, ni les jours de fêtes moindres, ni pendant les trente-troisjours qui suivaient la Pâque, ni du 17 tammuzquin-juillet) au 9 ab quillet-août). On pouvait faire lefestin nuptial l’après-midi du sabbat, mais la cérémoniedes noces avait dû être terminée la veille, avant le commencementdu sabbat. On mettait au front de la fiancéeune couronne de myrte, cf. Kethuboth, 11, 1, et lesamis de l’époux tenaient en main des rameaux de palmier.Cf. Kethuboth, xvi, 17; Schabbath, 110 a; Sota, 49 b. La cérémonie s’accomplissait sur la place publique, en présence au moins de dix hommes. Durant le repason se livrait à une grande joie. Les hommes les plusgraves y prenaient part. Pour là modérer, on employaitun moyen original, qui était de briser quelque vaseprécieux. Cf. Berackoth, 31, 1. Enfin, on conduisait lafiancée dans la chambre nuptiale, où un dais, Ps. xix(xviii), 5; Joël, H, 16, ou même une sorte de berceau defleurs, appelé hûppâh, avait été préparé. Cf. Kethuboth, IV, 5. Ce dais fut aussi employé, mais sans douteà une époque postérieure, pour couvrir les fiancés surla place publique, pendant que les assistants leuradressaient leurs vœux et que le rabbin unissait leursmains. Les fêtes nuptiales duraient ordinairement septjours; mais les jours de noces étaient portés à trente, quand on tenait à faire les choses en grand. Cf. Joma, i, 1; Iken, Antiquitates kebraicse, Brème, 1741, p. 497601. — 2° Plusieurs de ces usages se sont longtempsconservés dans la célébration des mariages chrétiens, spécialement les fiançailles, la bénédiction des épouxpendant qu’on étend un voile au-dessus de leurs têtes, et leur couronnement à la sortie de l’église. Mais cettebénédiction n’était nullement une condition de validité; le mariage proprement dit restait indépendant du rite.Cf. duch*esne, Origines du culte chrétien, Paris, 1889, p. 413, 414.

IV. Les noces spirituelles. — Les rapports deJésus-Christ avec son Église sont souvent décrits sousla figure de l’union conjugale. Voir Cantique des cantiques, t. ii, col. 194. Saint Paul parle des noces duFils de Dieu avec l’Église militante, sanctifiée par laparole divine, purifiée par le baptême, glorieuse sanstache ni ride, sainte et irréprochable. Eph., v, 25-27.Saint Jean parle des noces de l’Agneau avec l’Églisetriomphante, parée de byssus blanc et resplendissant, qui représente les bonnes œuvres des saints. Heureuxceux qui sont appelés à prendre part au festin de ces

noces! Apoc., xix, 7-9.

H. Lesêtre.

NOD (hébreu: tu; Samaritain: tj, Nôd; Septante: NacS), contrée à l’est de l’Éden où Caïn s’enfuit aprèsavoir tué son frère Abel. Gen., iv, 16. Caïn avait dit auꝟ. 14 qu’il serait nôd, «fugitif», et la terre où il s’estenfui est en conséquence appelée Nod. Elle est tout àfait inconnue. Bohlen y a vu l’Inde; M. Sayce, HigherCriticism and the Monuments, in-12, Londres, 1894, p. 146, le Manda des inscriptions cunéiformes; Knobel, Die Genesis, 2e édit., Leipzig, 1860, la Chine, etc.Saint Jérôme, dans sa traduction, n’a pas pris nôd pourun nom propre; il en a fait un adjectif et l’a renduainsi: «Caïn… fugitif habita dans une contrée situéeà l’est de l’Éden» ou paradis terrestre. Nôd a été égalementrendu comme un adjectif par la paraphrase

chaldaïque, par Symmaque et par Théodoret. Cf. Fr.von Hummelauer, Comnientarius in Genesim, 1895, p. 184.

    1. NODAB##

NODAB (hébreu: Nôdâb; Septante: Na8a6aîoi), nom d’une tribu ismaélite qui fut chassée du pays qu’elleoccupait par les tribus transjordaniques de Manasséoriental, de Gad et de Ruben, I Par., v, 19, lors d’unecampagne contre les Agaréens et d’autres tribus de lamême région. La date de cet événement est inconnue, Le texte sacré dit seulement que les Israélites habitèrentjusqu’à la captivité dans la contrée qu’ils avaient conquise.I Par., v, 22. La Vulgate n’a pas rendu exactementle sens de l’hébreu (et des Septante). Tandis quele teste original porte: «Ils firent la guerre aux Agaréens, à Jéthur, à Naphis et à Nodab,» la Vulgate traduit: «Ils combattirent contre les Agaréens; mais lesIturéens, Naphis et Nodab leur donnèrent du secours.»

1 Par., v, 19. Voir Agaréens, t. i, col. 263.

Les tribus avec lesquelles Nodab est nommé habitaientà l’est du pays de Galaad. Nodab n’est mentionnéque dans ce seul passage de l’Écriture. Tout ce que l’onpeut en dire avec certitude, c’est qu’il était dans le voisinagedes Agaréens, des Ituréens et des Naphisiens.Voir Ituréb, t. iii, col. 1039, et Naphis, col. 1474.Il estaujourd’hui impossible de déterminer quelle contréeelle habitait. Le Kamous, compilé au xv 8 siècle, mentionnecomme existante une tribu arabe appelée Nodab.Voir Ch. Forster, The historical Geography of Arabia,

2 in-8°, Londres, 1844, t. î, p. 315. Un grand nombrede critiques préfèrent cependant aujourd’hui admettreque le nom de Nodab est altéré. L’auteur des Qumst.hebr. in 1 Par., v, 19, Patr. lat., t. xxiii, col. 1374, avait déjà émis l’opinion que Nodab est le même queCedma, le dernier des fils d’Ismaël. Gen., xxv, 15. Elles’appuie sur le fait que Nodab occupe dans l’énumérationdes Paralipomènes.la place que tient Cedma dansla Genèse: «Jéthur et Céphis et Cedma,» Gen., xxv, 15 = «Jéthur, Naphis et Nodab,» I Par., xv, 19, etsur cet autre fait que Nodab, qui semble être une tribuismaélite, ne paraît pas dans la liste généalogique d’Ismaëldans la Genèse. M. A. E. Suffrin, dans Hastings, Dictionary of the Bible, t. iii, p. 558, croit y reconnaîtrele nom altéré des Nabatéens. Voir Nabuthéens, col- 1444.

    1. NODIN Jean##

NODIN Jean, religieux de l’ordre de Saint-François, docteur de la Faculté de Paris t avait commencé un ouvrage: Victoria Hebrœorum adversus JEgyptios catholicorumtriumphum contra hmreticos prsesignans, hocest commentaria in priora guindecim Exodi capitaper locos communes ad utititatem concionatorum: ilfut terminé par Didier Richard, religieux du même ordre, in-f°, Lyon, 1611. — Voir Wading, Scriptores Minorum,

p. 216.

B. Heurtebize.

NOÉ (hébreu: Nôah; Septante: Nos), fils de Lamechet petit-fils de Malhusalem. Il est compté parmi les dixpatriarches antédiluviens, dont il clôt la série, quoiqu’ilait vécu encore trois siècles et demi après le déluge.Lorsque Lamech lui donna le nom de Noé, il dit, enjouant sur ce mot, qui signifie repos: «Celui-ci noussoulagera dans nos labeurs et les travaux de nos mainssur cette terre que Dieu a maudite.» Gen., v, 29. Queces paroles expriment simplement un souhait de Lamechou qu’il ait ainsi parlé par une inspiration prophétique, comme le pensent certains interprètes, elles se trouventvérifiées par la place que le Seigneur lit à Noé dans leplan de la Rédemption. Gen., vi, 13, 22; ix, 1-17; Cf. Eccli., xlvi, 17-19. Voir Arche de Noé, 1. 1, fig. 246, col. 926.

I. Corruption universelle; le déluge décrété; construction de l’arche. — Au temps de Noé une

corruption inouïe régnait sur la terre. Ladescendancede Caïn et celle de Setli s’étaient rapprochées; les Filsde Dieu (voir ce mot, t. ii, col. 2255), c’est-à-dire lesenfants de Seth, s’étaient unis en mariage aux fillesdes Caïnites: dès lors les deux cités, celle du démonet celle de Dieu, se trouvèrent confondues, selon la penséede saint Augustin, De civit. Dei, xv, 20, n. 1, t. xli, col. 462. Le fruit de ces Unions fut une race d’hommesviolents, impies, livrés aux plus brutales passions, etdont les désordres poussèrent enfin à bout la patiencedivine. Moïse nous dit que le Seigneur, irrité contretant de crimes, se repentit d’avoir fait l’homme et sedécida à l’exterminer, en le noyant dans un déluge universel, Gen., vi, 17, et non seulement l’homme, maistous les animaux, qui peuplaient la terre et les airs.Gen., v, 2-7. Cependant, toujours miséricordieux, leSeigneur ne voulut pas perdre l’humanité sans retouren l’anéantissant tout entière; au milieu de la corruptiongénérale, il avait distingué et choisi un homme, qu’ilpréserva par sa grâce du déluge de l’iniquité avant dele sauver du déluge dés eaux. Bossuet, Disc, sur l’histoireuniverselle, Paris, 1828, t. xiv, 2° partie, c. i, p. 169.Celui qui devait être ainsi épargné et devenir en conséquencele germe d’un monde nouveau fut Noé «hommejuste et parfait», dont la vertu était encore relevée par lecontraste des vices de ses contemporains et qui marchatoujours «avec Dieu». Gen., vi, 9. Cette dernière louangen’est donnée par l’Écriture qu’à un autre saint patriarche, Hénoch. Gen., V, 22. Le Seigneur fit connaître à Noéson dessein de châtier les coupables et lui ordonna deconstruire une arche dont il traça lui-même le plan etindiqua la matière et les dimensions; elle devait être, durant l’inondation, un lieu de refuge et de séjour pourlui, pour sa famille et pour les animaux qui seraientépargnés. Voir Arche de Noé, t. i, col. 923. Noé devaitavoir à ce moment quatre cent quatre-vingts ans, si, comme on est en droit de le conclure du récit sacré, Dieu lui donna l’ordre de construire l’arche au momentmême où, en décrétant le châtiment, il déclarait qu’ilaccordait aux coupables un répit de cent vingt ans avantl’exécution de la sentence. Or, Noé avait six cents ans «lorsque les eaux du déluge inondèrent la terre».Gen., vtt, 6. — Entre ces deux dates se place la naissancede ses trois fils Sem, Cham et Japhet; il avaitcinq cents ans à la naissance de l’aîné, Sem. Gen., v, 31.

Cette communication divine fournit à Noé l’occasionde montrer cette foi louée par saint Paul, Heb., xi, 7, dans des termes qui rappellent l’éloge que l’Apôtre donnedans les versets suivants à celle d’Abraham. Plein deconfiance «dans la révélation divine touchant des chosesqu’il ne voyait pas encore», il se mit aussitôt à l’œuvreet commença de construire l’arche. Devenu par lavolonté du Seigneur «le prédicateur de la justice», II Pet., ii, 5, il fit connaître aux hommes la sentence portéecontre eux; mais ils restèrent «incrédules» à sesparoles aussi bien qu’insensibles à l’autre sorte de prédicationmuette qu’il leur adressait en préparant sous leursyeux l’instrument du salut de sa famille. Ces hommes, esclaves de leurs passions, rendirent «vaine l’attente dela patience divine tout le temps que dura la constructiondej’arche», I Pet., iii, 20 (grec); ils continuèrent «àboire, à manger», à se livrer à leurs affaires et à leursplaisirs, Matth., xxiv, 38; Luc, xvii, 26, et la foi de Noé, si vive et si constante, ne servit qu’à «condamner unmonde» pervers et obstiné dans son incrédulité. Heb., xi, 7. Ses exhortations et l’exemple de sa constance nefurent pas cependant complètement inutiles: lorsque lechâtiment vint donner raison à ses prédictions, beauoupd’entre les coupables se repentirent et obtinrentleur pardon. Saint Pierre nous dit que l’âme sainte dnSauveur alla visiter leurs âmes aux limbes le jour de sapassion. I Pet., iii, 20.

II. L’entrée dans l’arche..— Lorsque le terme fixéfut arrivé, Noé avait achevé son œuvre. Dieu lui ordonnaalors d’entrer dans l’arche avec sa femme, ses trois filset leurs femmes, en tout huit personnes, I Pet., iii, 20, et d’y faire entrer aussi les animaux, conformément auxprescriptions qu’il lui avait déjà données. D’après lesꝟ. 1 et 4 de Gen., vii, Noé reçut l’ordre d’entrer dansl’arche sept jours avant le déluge, et selon les i. 10 et11, il y entra le jour même ou les cataractes du ciels’ouvrirent pour inonder la terre (fig. 449). Il y a làune contradiction apparente, mais il est aisé de concilierces deux indications. Noé et sa famille entrèrent eneffet dans l’arche une semaine avant le déluge, Gen., vii, 1 et 4, mais non pour s’y enfermer définitivement, cequ’ils ne firent que sept jours plus tard, Gen., vii, 10, 13, lorsque le vaisseau eut reçu tous ses habitants. Dansl’intervalle, Noé et les siens durent continuer à s’occuperdes derniers préparatifs, compléter peut-être lesapprovisionnements pour lui et pour les animaux, Gen., vi, 21, et recevoir ces animaux à mesure qu’ils arrivaient, les introduire dans l’arche et les installer à laplace qui convenait à chacun.

Deux questions entre bien d’autres ont exercé ici la

449. — Noé dans l’arche, d’après la tradition chaldéenne. Antiquecylindre babylonien. — D’après Jeremias, Der alte Testamentim Lichte des Alten Orients, fig. 43.

sagacité des anciens interprètes. Ils se sont demandéd’abord comment les animaux les plus féroces vinrentà Noé, sans aucun danger pour lui et sans lui causerla moindre crainte. L’Écriture Sainte ne nous apprendrien sur ce point et nous en sommes réduits à desconjectures. Il en est de même pour l’autre question: Comment tous les animaux, appelés des pays les pluslointains et les plus divers, sont-ils venus seulement selonun nombre déterminé et sont-ils arrivés en même tempset au même endroit? Les uns ont invoqué l’interventiondes anges; les autres ont recouru à un instinct analogueà celui qui pousse certaines espèces à émigrer versd’autres climats. Dom Calmet a fait à ce sujet une sageréflexion, qui doit s’appliquer à tous les récits de laBible, car elle exprime une règle essentielle de l’exégèsecatholique: «Chacun, dit-il, peut abonder dansson sens sur la manière dont ceci s’exécuta, pourvuque la certitude du fait n’en souffre pas.» Commentairelittéral sur la Genèse, vi, 20, Paris, 1707, p. 169.

III. Le déluge; la bénédiction de Dieu et sonalliance avec Noé. — Lorsque tous les animaux furentréunis dans l’arche et au moment où les eaux du cielallaient commencer de tomber, pour engloutir le mondecondamné pur la justice divine, le Seigneur donna àNoé une marque tonchante de sa bonté. L’auteur sacrénous là fait connaître par ces simples paroles: «Et leSeigneur l’enferma par dehors» (hébreu: ferma derrièrelui, ou pour lui). Gen., vii, 16. Par là, il voulaitaffermir sa foi et lui inspirer une absolue confiance etun entier abandon à Dieu. Enfermé dans ce vaisseausans voiles, sans gouvernail, sans aucun moyen de sediriger, il ignorait sur quelles terres il aborderait pour

y déposer les germes d’un monde nouveau conservédans l’arche (fig. 450}.

Le Seigneur, qui lui avait révélé si longtemps àl’avance l’époque du déluge, lui en laissait maintenantignorer la durée. Aussi voyons-nous le patriarche^ chercherà savoir où en élait l’inondation lorsque l’arrêt del’arche sur les montagnes du pays dé l’Ararat, dont lessommets étaient déjà émergés, lui fit comprendre queles eaux avaient dû baisser. Gen., viii, 4, 5. Il fit sortirpar une fenêtre d’abord un corbeau qui ne revint pas, puis une colombe qui, n’ayant pas trouvé d’endroit oùse reposer, retourna vers lui. Huit jours après, lacolombe, lâchée une seconde fois, rapporta dans son becun petit rameau d’olivier avec ses feuilles vertes. Noéattendit encore sept jours pour tenter une nouvelle expérienceet envoya une troisième fois la colombe, qui nerevint pas. Découvrant alors le toit de l’arche, il puts’assurer par lui-même que les eaux se retirant avaientlaissé la terre à sec.

Cependant il ne débarqua pas encore; toujours soumisà l’action divine, il attendit que Celui qui l’avait enfermédans l’arche vint lui ordonner d’en sortir. Quand ilreçut cet ordre, une année entière s’était écoulée depuis

450.

— Noé ramant dans la barque, d’après la tradition chaldéenne.Antique cylindre babylonien.

D’après Jeremias, ibid., fig. 44, p. 125.

son embarquement. Il rendit la liberté à tous les animaux, ne retenant auprès de lui que ceux qu’il voulaitoffrir à Dieu et aussi sans doute ceux qui devaient resterà son service ou lui être de quelque utilité. Gen., vm, 6-9.

Dès que Noé eut mis les pieds sur la terre purifiéepar les eaux du déluge, sa première pensée fut dereconnaître, par un sacrifice solennel, le souverain domainedu Seigneur qui venait de donner une preuve siéclatante de sa puissance et de sa justice contre les méchantsen même temps qu’un témoignage si touchantde bonté et de miséricorde envers son serviteur fidèle.Il érigea donc un autel et y offrit en holocauste des victimesprises dans toutes les espèces d’animaux purs, oiseaux ou quadrupèdes, qui avaient été conservés dansl’arche. Gen., viii, 20.

C’est la première fois que l’Écriture fait mention d’unautel, mais évidemment Noé n’a rien innové, et sousune forme ou sous une autre, les autels ont dû existerdès l’origine du monde, aussi bien que les sacrifices quiles supposent. Voir Autel, t. i, col. 1266. Cf. Gen., iv, 3-5. — On peut faire la même observation sur la distinctionentre les animaux purs et impurs; la façondont s’expriment Dieu lui-même et l’écrivain sacré indiquebien qu’il s’agit d’une institution connue, et c’estpourquoi on en parle sans aucune explication. Gen., vu, 2; viii, 20. Voir Animaux impurs, col. 613.

Le Seigneur agréa ce sacrifice; sa justice, qui venaitde s’exercer avec une si terrible rigueur sur les pécheurspar le déluge, se trouva complètement satisfaite par cethommage du juste Noé. Dieu voulut même mettre àl’avance une barrière à sa juste colère en se dépouillant, en quelque sorte, pour l’avenir, d’une partie de ses

droits contre l’homme coupable: il déclara que désormais, faisant une plus large part à la miséricorde, àcause de la faiblesse naturelle de l’homme, il ne maudiraitplus la terre à cause de lui et ne bouleverserait plus, par une pareille catastrophe, le cours régulier des récolteset des saisons. Gen., viii, 21-22.

Il daigna sanctionner cette promesse en se liant parun pacte solennel avec Noé et ses fils, ainsi qu’avec lesanimaux sortis de l’arche et tous les autres répandussur la face de la terre. Il décréta qu’il resterait de cettealliance nouvelle un signe perpétuel capable par sa natureet son universalité d’être reconnu de tous: ce futi’arc-en-ciel. Chaque fois qu’il viendrait étendre sur lesnuages du ciel son orbe aux brillantes couleurs, Dieu sesouviendrait de son alliance et de ses promesses, c’est-à-direque les hommes y verraient le symbole et le mémorialde la parole que Dieu leur avait donnée de neplus les châtier en noyant la terre dans un nouveaudéluge. Gen., ix, 8-17. Voir Arc-en-ciel, t. i, col. 910.

A cette promesse et à ce pacte, dont l’objet, pour ainsidire tout négatif, était l’exemption d’une peine à encourir, Dieu joignit une triple bénédiction qui assuraità l’homme des avantages positifs. Ces trois bénédictions, comme les commentateurs le font observer, sont le renouvellementet la confirmation de celles qui avaientété données à Adam.

Au moment de ce second commencement du monde, Dieu renouvelle à l’homme les prérogatives dont ill’avait investi aux premiers jours de son existence surla terre. La première de ces bénédictions est la féconditéde l’homme et la propagation de l’espèce humaine.Gen., IX, 1; cf. i, 28. Par la seconde, l’homme estmaintenu dans son empire sur les animaux, tel du moinsqu’il lui est resté après le péché. Gen., IX, 2; cf. I, 28.La troisième enfin lui confère le droit de se nourrir dece qui a vie sur terre, plantes et animaux. Gen., ix, 3; cf. i, 29. Sur ce troisième point, voir Chair des animaux, t. ii, col. 489. Sur la défense de manger le sang, voir Sang.

Les Pères ont vu dans Noé une des principales figuresde Jésus-Christ. Comme le Sauveur il a prêché d’abordla pénitence aux hommes; il a construit lui-même l’arche, comme Jésus-Christ a fondé son Église; il a sauvé ceuxqui sont entrés avec lui, tandis que tous les autres périssaient, de même que Jésus-Christ proposeaux hommes, comme moyen nécessaire de salut, d’entrer dans l’Égliseet d’y demeurer. À ces grandes lignes générales onpeut ajouter un trait particulier fourni par deux passagesde l’Écriture, dans lesquels Noé nous apparaîtcomme le type du Messie médiateur et intercesseur: «Au temps de la colère, dit l’Ecclésiastique, il fut faitréconciliation, et c’est pourquoi, lorsque arriva le déluge, un reste fut laissé sur la terre.» Eccli., xliv, 17-18. Lemot grec àvrâXXayixa, traduit ici par «réconciliation», s’entend dans le Nouveau Testament du prix donnécomme équivalent d’une âme. Cf. Matth., xvi, 26; Marc, viii, 37. Il est encore permis de voir dans Noéune figure de Jésus médiateur par la puissance d’intercessionque Ézéchiel lui attribue, bien que l’intercessionque suppose le prophète soit représentée commeinefficace dans les circonstances où elle est censée seproduire. Ezech., xix, 16, 18, 20. — Sur la traditionchaldéenne du déluge et du Noé chaldéen, voir Déluge, t. ii, col. 1346.

IV. Bernière période de la vie de Noé. — Noévécut encore trois cent cinquante ans après le déluge.Gen., ix, 28. Dieu lui accorda cette longue vie pourlui donner le temps d’accomplir jusqu’au bout sa missionde sauveur, en la continuant sous une forme nouvelle.Sur la terre dépeuplée par le déluge, l’humanitérenaissante avait en lui son chef et son guide. De mêmequ’Adam, Je premier père du genre humain, en avaitété aussi l’instituteur, Ncé devait être le perc et l’ins’iDICT. DE LA BI2LE.

tuteur de l’humanité renouvelée, avec cette différencetoutefois qu’Adam avait eu tout à apprendre à ses enfants, tandis que Noé n’avait rien à enseigner aux siens.Sem, Cham et Japhet avaient eu sous leurs yeux, durantle siècle qui précéda le déluge, le spectacle de labrillante civilisation inaugurée par les fils de Lamechle Caïnite. Gen., iv, 21-22. La construction seule del’arche, à laquelle ils avaient dû participer sous la directionde Noé, suppose des connaissances techniquestrès variées. Or, ces connaissances et d’autres quicaractérisent la civilisation antédiluvienne n’avaientpas péri dans le grand cataclysme. Noé et ses fils lesavaient reçues comme un héritage à transmettre auxgénérations futures, sauf à en éliminer les élémentscorrompus qu’elles renfermaient. «Avec le genre humain, dit Bsssuet, Noé conserva les arts, tant ceux quiservaient de fondement à la vie humaine et que leshommes savaient dès leur origine, que, ceux qu’ilsavaient inventés depuis.» Discours sur l’histoire’universelle, l re partie, 1™ époque, Paris, 1828, t. xiv, p. 9.

Mais si Noé n’avait pas à instruire ses fils et sespetit*-fils, il devait les diriger dans des voies nouvelles, toutes différentes de celles où l’humanité antédiluviennes’était égarée. Les hommes, en s’appliquant à la culturedes arts et des sciences, n’y avaient cherché qu’unmoyen d’accroître leur bien-être et de multiplier leursjouissances, et ce progrès matériel avait fait progresseren même temps la corruption des mœurs qui avaitcausé leur perte.

La mission de Noé, dont l’objet principal était de sauverdes eaux les restes du genre humain, devait doncavoir pour complément de le préserver pour l’avenird u déluge de corruption où le vieux monde avait sombré.De cette direction nouvelle, l’Écriture ne nous dit qu’unmot, mais il est significatif: «Noé fut un hommeadonné à l’agriculture et il se mit à cultiver la terre.» Gen., ix, 20. Il ramena ainsi les hommes aux occupationsqui furent celles des premiers jours du monde.Ses enfants avaient été témoins des excès et des désordresde la civilisation corruptrice qui venait de dispa-’raltre; il leur inculqua les éléments d’une civilisationtoute différente en s’adonnant à l’agriculture; par sonexemple, et aussi sans doute par ses conseils, il les établitdans un genre de vie plus approprié à leurs vraisbesoins et plus capable d’assurer leur bonheur, parcequ’il leur offrait beaucoup moins d’occasions de pécheret leur laissait plus de liberté pour élever leur penséevers leur créateur.

Noé paraît avoir voulu s’appliquer à faire progresserl’agriculture en lui ouvrant une voie plus large par laculture de la vigne. «Il planta la vigne,» dit la Genèse, IX, 20. Ces paroles n’indiquent nullement que lavigne fût inconnue dans le pays habité par Noé avantle déluge et qu’elle se soit présentée à sa vue commeun objet tout à fait nouveau. La suite du texte feraitplutôt croire qu’on n’usait alors du raisin que commedes autres fruits destinés à la table, ainsi que cela sepratique encore en certains pays où la vigne n’est pascultivée en grand. Le patriarche voulut en extraire levin, et il se laissa surprendre par cette liqueur dont ilne soupçonnait pas les effets. Il en but sans défiance en^eor grande quantité et s’enivra. Gen., IX, 21.

; Cet accident fut l’occasion d’une scène imposante

dont le récit termine l’histoire de Noé. Dans son ivressele vieux patriarche s’était étendu nu sur le sol de satente. Cham le vit dans cet état et s’empressa de sortirpour aller en aviser ses frères. Sem et Japhet se conduisirentdans cette circonstance avec un respect admirablevis-à-vis de leur père. Lorsque celui-ci, ayantrepris ses sens, apprit ce qui s’était passé, il mauditCham dans la personne de son fils Chanaan, et il bénitSem et Japhet, en prononçant dans un esprit prophétiqueles solennelles paroles que l’Écriture nous a conIV. - 53


servées. Elles sont le testament du patriarche et l’histoireanticipée des trois grandes familles issues deSem, de Cham et de Japhet: «Maudit soit Chanaan, dit-il; il sera l’esclave des esclaves de ses frères.» Et ildit aussi: «Béni soit le Seigneur Dieu de Sem; queChanaan soit son esclave. Que Dieu dilate Japhet, qu’ilhabite dans les tentes de Sem et que Chanaan soit sonesclave.» Gen., ix, 22-27. Voir Cham, Chanaan, t. ii, col. 513, 532. «Et tous les jours accomplis (de Noé)furent de neuf cent cinquante ans, et il mourut.» Gen., xx, 29.

E. Palis.

NOÉMA (hébreu: Na’arnâh; Septante: Noejiâ), fille deLamech et de Sella, sœur de Tubalcaïn. Gen., iv, 22. Lescommentateurs lui ont attribué l’invention de l’art defiler et de faire des étoffes. — D’après les rabbins, lafemme de Noé s’appelait Noéma. Mais on lui donneaussi d’autres noms non moins imaginaires. Fabricius, Apocrypha Veteris Testamentis, t. i, p. 271.

Unedes femmes du roi Salomon, la mère de Roboam, quiétait de race ammonite, portait en hébreu le mêmenom que la fille de Lamech, Nâ’amâh, Vulgate: Naama.III Reg., xiv, 21; II Par., xii, 13. Voir Naama 1, col. 1426.


NOÉMAN (hébreu: Na’âmân; Septante: NoEuâv), fils de Bêla et petit-fils de Benjamin. De lui sortit lafamille des Noémanites. Num., xxvi, 40. Dans laGenèse, xlvi, 21, son nom est écrit dans la VulgateNaaman. Voir Naaman 1, col. 1426.


NOÉMANITES (hébreu: han-Na’âmî [pour Na’âmônî]; Septante: 6 NoEfiavi; Vulgate: Noëmanitee), descendants de Noéman. Num., xxvi, 40.


NOÉMI (hébreu: No oral; Septante: NtoSfu’v), femmed’Étimélech. — Le livre de Ruth raconte qu’à l’occasiond’une famine, Élimélech, d’Éphrata ouBethléhem, Noémi, sa femme, et leurs deux fils se retirèrent dans le paysdé Moab. Élimélech y mourut. Ses deux fils se marièrent’avec des femmes moabites et moururent à leur tour, si bien que Noémi resta avec ses deux brus, Orpha etRuth. Comme la famine avait cessé, Noémi se décida àretourner dans son pays. Elle dit adieu- à ses deux bruset leur recommanda de retourner chez leurs mères afinde pouvoir se remarier. Orpha obéit, mais Ruth, malgrétoutes les instances, ne voulut pas se séparer de sabelle-mère. Toutes deux revinrent donc à Bethléhem. Lesfemmes du pays disaient en la revoyant: «Est-ce làNoémi?» Pour elle, après avoir éprouvé tant de malheurs, elle répondait: «Ne m’appelez pas no’ômî,» c’est-à-dire «mon agrément» (Vulgate: pulchram, «belle» ), «mais appelez-moi tnârâ’,» c’est-à-dire «amertume» (Vulgate: amaram, «amère» ), «car le Tout-Puissantm’a remplie d’amertume.» Ruth, i, 1-21. Noémi s’occupade fixer le sort de Ruth. Celle-ci alla glaner dans lechamp d’un homme riche, nommé Booz, et d’ailleursparent d’Élimélech. Quand la moisson fut terminée, Notémi, se conformant à l’usage du temps et du pays, commanda à Ruth de se parer, de s’approcher du lieuoù dormait Booz et de se coucher à ses pieds. Des explicationss’ensuivirent naturellement. Ruth fit appel àla coutume du lévirat, qui donnait à Booz le droit del’épouser. Un autre parent plus proche renonça à cedroit, et Booz épousa Ruth. Voir Booz, t. i, col. 1851; Lévirat, t. iv, col. 213; Ruth. Quand celle-ci eut un fils, Obed, qui fut le grand-père de David, les femmes deBethléhem félicitèrent Noémi. Cette dernière prit soinde l’enfant et se fit sa nourrice, ce qui signifie qu’elleveilla sur lui avec amour et dévouement comme sur sonpropre enfant. Rulh, ii, 1-iv, 16.

H. Lesêtre.


NOGA, NOGÉ, héLreu: Nôgah, «splendeur;» Septante: Nafaf; Na-féO, I Par., xiv, 6; Alexandrinus: NafÉ; Vulgate: Noge, I Par., iii, 7; Noga, I Par., xiv, 6), fils de David, né à Jérusalem, I Par., iii, 7; xiv, 6.Son nom ne se trouve pas dans la liste parallèle. II Reg., v, 14-15.


NOHAA ( hébreu: Nôfrdh; Septante: Nuâ), le quatrièmedes fils de Benjamin. Voir la généalogie de Benjamin, t. i, col. 1589..


NOHESTA (hébreu: NehuSla’, «bronze» ou «serpent» (?); Septante: Nsaôa; Lucien: N£Ea9âv), filled’Elnathan de Jérusalem, femme du roi Joakim et mèredu roi Joacliin. Elle fut emmenée captive a Babylone parNabuchodonosor en 597 avant J.-C. IV Reg., xxiv, 8, 15.Voir Elnathan 1, t. ii, col. 1701. D’après la vocalisationmassorétique de Nohesta; il signifierait «bronze»; d’après les consonnes, «ma, «d/jâS, il peut signifier «serpent». Saint Jérôme, De nom. hébr., t. xxiii, col. 826, l’a dérivé de neliôsét, «bronze, airain,» et ilen a rendu la signification par œs ejus.


NOHESTAN (hébreu: NehuSfân, «de bronze, d’airain;» Septante: NesaSâv; Alexandrinus: Ns18àv), nom donné par le roi Ëzéchias au serpent d’airain queMoïse avait fait élever dans le désert. Num., xxi, 8-9.D’après le texte massorétique de IV Reg., xviii, 4, etd’après le texte ordinaire des Septante, ainsi que d’aprèsla traduction de la Vulgate, c’est Ézéchias qui luiaurait donné le nom de Nohestan, mais d’après la leçonde Lucien, xa êxi>eaav ocùtôv Neea6ctv, le sujet duverbe est indéfini, ce qui revient à dire que Nohestanétait le nom populaire du serpent d’airain, et cela paraîtplus vraisemblable.

Quoi qu’il en soit, ce nom peutfaire aussi allusion à la forme du serpent, ndl}à$, autantqu’à la matière dont il avait été fabriqué.

Malgré sonorigine, Ézéchias fit briser le serpent d’airain, parcequ’il était devenu l’objet d’un culte idolâtrique et queles Juifs brûlaient de l’encens en son honneur. IV Reg., xvin, 4. Voir Serpent d’airain.


NOIR (hébreu: liûm, Selwr, Seharhor, «noirâtre,» Sejfôr, «noirceur;» Septante: rcepxvijç, jiéXai; , p.E|ieXaveopivo; ’; Vulgate: niger, nigrede), ce qui est sans lumière, obscur, dépourvu de couleur, par opposition avec leblanc qui est la réunion de tous les rayons lumineux etde toutes les couleurs. Le noir peut résulter de l’absencetotale de lumière, ou de la conformation superficielled’un objet absorbant plus ou moins complètement tousles rayons lumineux.

Il y a des brebis qui ont la toisonnoire. Gen., xxx, 32, 35, 40. Dans leurs visions, Zacharie, vi, 2, 6, et saint Jean, Apoc, vi, 5, voient des chevauxnoirs, sortant vers le septentrion, c’est-à-dire vers lecôté du ciel où ne va pas le soleil. Les chèvres et leschameaux ont quelquefois un poil noir avec lequel onfabrique des étoffes pour faire des tentes, des sacs, etc.L’épouse du Cantique, i, 4, 6, brûlée par le soleil, a leteint noir comme les tentes de Cédar. Saint Jean, Apoc, yi, 12, voit le ciel devenir noir comme un sac de poil.L’homme a des poils noirs. Lev., xiii, 31, 37. L’épousea les cheveux noirs comme le corbeau. Cant., v, 11. Lenom du corbeau, ’oréb, de’ârab, «disparaître,» enparlant du soleil, assyrien: érèbu, marque en effetl’obscurité, le noir, comme quand le soleil est couché.L’homme est cependant incapable de rendre naturellementnoir ou blanc un seul de ses cheveux. Matth., v, 36. Les idoles ont le visage noirci par la fumée. Bar., vl, 20. La souffrance et le chagrin rendent le visage noirâtre.Job, xxx, 30; Nah., ii, 10. Après la prise de Jérusalem, les princes de la ville ont l’aspect plus sombreque la noiceur même. Lam., iv, 8.

Dans nos contréesoccidentales, le noir est devenu la couleur du deuil.Chez les Hébreux, on se contentait de porter des vêtementssombres ou le cilice, ordinairement noirâtre. 1669

NOIR — NOM

iôîc

Voir Cilice, Deuil, t. ii, col. 760, 1396. — Pour le surnomde Simon le Noir, voir Niger. H. Lesêtbe.

NOIX. — 1° Fruit du noyer (hébreu: ’ëgôz; Septante: râpuov; Vulgate: nux). Voir Noyer. — 2° La Vulgatetraduit aussi par nux, «noix,» Exod., xxv, 33, 34; xxxvii, 19, 20, le mot hébreu mesuqqâdim, qui signifie «fait en forme d’amandes» et se dit de l’ornement enforme de calice du chandelier d’or (Septante: xpa-rîjpeçèxTSTunonÉvoi xapu’iay.ouç; Vulgate: scyphi quasi innucis modum). Voir Amande, t. i, col. 437, et Chandelierd’or, t. ii, col. 544.

NOM (hébreu; Sêm: chaldéen: Sum; Septante: ôvo [ta; Vulgate: nomen), mot qui sert à désigner une personne, un être ou un objet quelconque.

I. Noms divins. — 1° Les noms de Dieu. — Dieu, quiest désigné en hébreu par le nom général d’Elohim(voir t. ii, col. 1701), révéla à Moïse son nom particulierde Jéhovah ou yahvéh. Exod., iii, 6-16 (voir t. iii, col. 1227). Il est appelé de différents autres noms, Adonaï(voir t. i, col. 223), El (voir t. ii, col. 1627); saddai, navToxpdtTMp, omnipotens, le Tout-Puissant, Gen., xvii, l; Job, v, 17, etc.; ’elyôn, û^catoç, altissimus, le Très-Haut, Gen., xiv, 18; Ps. vii, 18, etc.; Dieu sebâ’ôt, Suvâ[i£wv, virtutum ou exercituum, des armées, Ps. lxxx(lxxix), 15; Jer., v, 14, etc.; qedôs Isrâ’êl, âyioç’Itrpaty, sanctus Israël, le Saint d’Israël, Is., xlvii, 4; go’ëlênû, pùaai fiiiâc, redemptor noster, notre Rédempteur, Is., lxhi, 16; ’El hag-gâdôl hag-gîbbôr, ©eb; ô jnsyaç ô Cs^up6; , fortissime, magne et potens, Dieu grand et fort.Jer., xxxii, 18, etc. — Le Fils de Dieu incarné est appeléEmmanuel, Is., vii, 14 (voir Emmanuel, t. ii, col. 1732), Conseiller admirable, Dieu fort, Père éternel, Prince de la paix, Is., ix, 6; Jésus, Malth., i, 21; Luc, i, 31 (voir t. iii, col. 1423); Messie, Verbe, etc. Voirt. iii, col. 1424-1427.

2° Le nom pris pour la personne. — Chez les Hébreux, le nom, étant toujours significatif, s’identifiait en quelquesorte avec celui qu’il désignait et s’employait commesynonyme. Dans un assez grand nombre de passages, le nom de Dieu est pris pour la personne même de Dieu. «J’envoie mon ange devant toi, … mon nom est enlui.» Exod., xxiii, 21. Jéhovah choisit une tribu poury faire habiter son nom. Deut., xii, 5, 11, 21; xvi, 2, 6, 11. Le Temple est une demeuré bâtie à son nom. II Reg., vu, 13; III Reg., v, 5; viii, 18, 19. «Là sera mon nom,» dit le Seigneur en parlant de cette demeure. III Reg., vin, 29; ix, 3. «C’est dans Jérusalem que je placeraimon nom.» IV Reg., xxi, 4, 7; II Esd., i, 9. «Que lenom du Dieu de Jacob te protège.» Ps. xx (xix), 2. «Le nom de Jéhovah vient de loin.» Is., XXX, 27, etc.Les Hébreux, d’ailleurs dociles aux prescriptions "formellesde la loi, Exod., xx, 7; xxiii, 13; Deut., v, 11, avaient pour le nom de Dieu le même respect que poursa personne. Pour ne pas manquer de révérence enversle nom de Jéhovah, ils le remplaçaient par celui d’Adonaïdans toutes les lectures publiques ou privées, saufdans la bénédiction solennelle, que le prêtre donnait dansle Temple. Voir Adonaï, 1. 1, col. 223; Sota, 7; Joma, 6; Iken, Antiquitates hebraicx, Brème, 1741, p. 280, 290; Schûrer, Geschichte des Judtschen Volkes in Zeit. J.-C, Leipzig, t. ii, 1898, p. 297, 458. Les Samaritains professaientle même respect pour le nom sacré, et il est possibleque le mot Asimah, dont on a fait le nom d’uneidole d’Émath (voir t. t, col. 1097), ne représente autrechose que l’hébreu has-Sêm, «le nom,» c’est-à-direJéhovah lui-même, honoré d’ailleurs avec d’autres dieuxpar les habitants importés dans la Samarie. IV Reg., xvii, 30-33. Voir Samaritains. Les livres des rabbinsemploient souvent le mot «nom» au lieu de direDieu.». Cf. Sanhédrin^ 5&a; Schebvot, .3&n} Drach, Harmonie entre l’Église et la Synagaçp$eT Paris, 1884, 1. 1, p. 408-410. Ils attribuaient à Dieu trois autres nomsmystérieux, un de douze lettres, un de quarante^deuxet un de soixante-douze. Cf. Kxdduschin, 91 a; VayikraRabba, 23; Debarim Babba, 1. Abenezra a composé unSéfer haë-sêm, «livre du nom,» sur le nom de Jéhovah.Voir t, i, col. 35.

3° Perfections du nom de Dieu. — Le nom de Dieuest saint, Ps. cxi (ex), 9, grand et terrible, Mal., i, 11, 14, incommunicable, c’est-à-dire ne pouvant convenirqu’à Dieu lui-même. Sap., xiv, 21. Le nom de Dieu estpuissant. C’est au nom de Dieu, c’est-à-dire avec l’autoritéet la puissance de Dieu, que parlent et agissentceux que Dieu envoie aux autres hommes. Deut., xviii, 19; Jos., ix, 9; I Reg., xvii, 45; Eccli., xxxvi, 17; xii, 14; Matth., vii, 22; Luc, xxiv, 47. Notre-Seigneur lui-mêmene vient et ne parle qu’au nom de son Père. Joa., v, 43; x, 25. Aussi, «béni celui qui vient au nom deDieu.» Ps. cxviii (cxvii), 26; Matth., xxi, 9; "xxm, 39; Marc, xi, 10; Luc, xix, 38; Joa., xii, 13.

4° Le nom de Jésus. — Le nom du Sauveur, «Jéhovahsauve,» participe à la sainteté et à la puissance du nomde Jéhovah. Il est supérieur à tous les autres noms, Phil., ii, 9, 10; Hébr., i, 4, et, par excellence, le nom quiprocure le salut. Act., iv, 12; Rom., x, 13. Ce nom estprêché et manifesté. Marc, vi, 14. Croire au nom deJésus, c’est adhérer à sa doctrine. Joa., i, 12; ii, 23; iii, 18; I Joa., iii, 23; v, 13. Pour obtenir la grâce, les disciplesde Jésus s’assemblent en son nom, Matth., xviii, 20, et en son nom s’adressent au Père. Joa., xiv, 13; xv, 16; xvi, 23-26. Au nom de Jésus, les Apôtres et les ministresde l’Église agissent et prêchent, Act., iii, 16; iv, 10, 17; v, 18; opèrent des miracles, Marc, ix, 37, 38; xvi, 17; Luc, ix, 49; x, 17; Act., iii, 6; iv, 30; xvi, 18; baptisent, Act., ii, 38; viii, 12, 16; x, 48; xix, 5; remettent les péchés, Act., x, 43; xxii, 16; I Cor., vi, 11; I Joa., ii, 12, et administrent l’extrême-o-nction.Jacob., v, 14. Il est nécessaire, méritoire et heureux desouffrir pour le nom de Jésus. Matth., xxiv, 9; Marc, xiii, 13; Luc, xxi, 17; Joa., xv, 21; Act., v, 41; ix, 16; I Pet., iv, 14.

5° Devoirs envers le nom de Dieu. — Il faut jurer parle nom de Dieu, Deut., vi, 13; Jos., ix, 19, et non parcelui des faux dieux, Exod., xxiii, 13; Jos., xxiii, 7; nepas prendre ce saint nom en vain, Exod., xx, 7; Deul., v, 11; ne pas le souiller, Lev., xviii, 21; xix, 12; xx, 2; xxi, 6; xxii, 32; xxiv, 16. Voir Blasphème, t. i, col. 1806. Notre-Seigneur ordonne de demander que cenom soit sanctifié, c’est-à-dire honoré et traité saintementpar tous ceux qui le profèrent et se disent lesenfants du Père qui est dansles cieux. Matth., vi, 9; Luc, xi, 2. Le nom divin appelle le respect, Lev., xviii, 21; l’amour; Ps. v, 12; la louange, Exod., ix, 16; Ps.lxvi (lxv), 2; l’invocation, Gen., xiii, 4; xxi, 33; xxvi, 25; III Reg., xviii, 24; Judith, xvi, 2, etc.; la bénédiction, Tob., iii, 13, 23; Job, i, 21; Ps. lxxii (lxxi), 17; xevi (xcv), 2; cxm (cxii), 2; Eccli., xxxix, 41; Dan-, n, 20, etc. L’expression de ces divers sentiments revientcontinuellement dans les Psaumes; il est question du.nom de Dieu jusqu’à cent cinq fois dans soixante-quatre.Psaumes.

6° Protection qu’assure le nom de Dieu. — Dire que lanomiiu Seigneur est invoqué sur quelqu’un, Num., vi, 27; Deut., xxviii, 10; II Reg., vi, 2; II Par., vii, 14; Eccli., xxxvi, 14; Jer., xiv, 9; Bar., ii, 15; Daa., ix, 18; Am., ix, 12; Jacob., ii, 7, etc., c’est dire que cequeJUpi’unappartient à Dieu par un titre spécial, , qu’il a par eon*séquent droit d’en recevoir aide et protection, commel’épouse, par exemple, appartient à l’époux et doit êtreprotégée par lui. Is., iv, 1. Cette situation privilégiée» été autrefois celle du peuple d’Israël, et «st maintenantcelle du peuple chrétien. «Nous avons le nom d’enfants, de Dieu et nous le sommes.» I Joa., ili, I.

II. Noms des êtres créés. — 1° Remarques parti

culières. — Il est dit qu’Adam, sur l’invitation de Dieu, donna des noms aux êtres animés qui l’entouraient dansle paradis terrestre. Gen., ii, 19, 20. Il n’est pas nécessaired’admettre que tous les animaux aient alors reçuun nom, ni que tous les noms donnés par Adam aientexprimé les qualités essentielles de l’animal. Les caractèressaillants suffisaient amplement pour établir unedistinction pratique entre ces différents êtres. Pour donnerun nom à la première femme, Adam se contentade marquer son origine, Gen., ii, 23, ou sa maternité, Gen., iii, 20, sans recourir aux qualités essentielles desa compagne. Il lui suffit pareillement de constater danschaque animal un trait distinctif quelconque et de s’eninspirer pour lui donner un nom. — En vertu de la loidu lévirat, le premier-né du second mariage portait lenom du frère défunt et continuait légalement sa lignée.Gen., xxxviii, 9; Deut., xxv, 7; Ruth, iv, 5. Voir Lévirat, col. 213. — Les noms des douze tribus d’Israëlétaient gravés sur deux pierres d’onyx, attachées àl’éphod du grand-prêtre, pour rappeler que celui-ci invoquaitle Seigneur au nom des douze tribus et qu’ilappelait sur elles les bénédictions divines. Exod., xxviii, 10, 29. — Se faire un nom, c’est accomplir des actionsd’éclat afin de s’attirer l’attention, l’estime ou l’admirationdes hommes. Gen., xi, 4; xii, 2; I Mach., v, 57.Un bon nom vaut mieux que la richesse et les autresavantages temporels. Prov., xxir, 1; Eccle., vii, 2.

2° Identité du nom avec la personne ou la chose. —Comme le nom de Dieu, le nom de l’homme est souventpris pour la personne elle-même. Deut., ii, 25; vu, 24; ix, 14; xxix, 20; Jos., vii, 9; Prov., x, 7; Apoc, m, 4; xi, 13, etc. Dire que Dieu connaît quelqu’un parson nom, Exod., xxxiii, 10, 17, que Jésus connaît sesbrebis par leur nom, Joa., x, 3, c’est indiquer la faveuret la protection particulières dont ces êtres sont l’objet.

— Avoir son nom écrit au livre de vie, c’est être assurédu bonheur éternel. Phil., iv, 3; Apoc, iii, 5; xiii, 8.

— Dans les textes prophétiques, «être appelé» niqràsignifie tout simplement «être», parce que le nom esttoujours significatif, comme il a été déjà remarqué.Le Messie futur sera appelé, c’est-à-dire sera en réalitéle Conseiller admirable, le Dieu fort, etc. Is., ix, 5. LeDieu d’Israël est appelé Dieu de toute la terre. Is., liv, 5. Jésus-Christ sera appelé, par conséquent sera Fils duTrès-Haut, Luc, I, 32, Fils de Dieu, Luc, i, 35, Nazaréen, Matfh., ii, 23, Adèle, Apoc, xix, 11, et Verbe deDieu. Apoc, xix, 13. Jean-Baptiste sera appelé et seraprophète du Très-Haut. Luc, i, 76. Le premier né estappelé saint, c’est-à-dire est consacré à Dieu. Luc, ii, 23. Les pacifiques seront appelés, c’est-à-dire seront enfantsde Dieu. Matth., v, 9. Suivant leur fidélité à laloi de Dieu, les disciples seront appelés et’par conséquentseront petit* ou grands dans le royaume descieux. Matth., v, 19. De même, les restes d’Israël serontappelés saints, Is., iv, 3, et Israël lui-même sera appeléréparateur des brèches et restaurateur des chemins. Is., l viii, .12. La maison de Dieu sera appelée, c’est-à-diredevra être et sera la maison de la prière. Is., lvi, 7; Matth., xxi, 3; Marc, xi, 17. Jérusalem sera appelée etsera «ville fidèle», Is., i, 26; non plus «délaissée», mais «mon plaisir en elle», Is., lxii, 4; «recherchée, ville non délaissée,» Is., lxii, 12; «ville de vérité, montagne sainte,» Zach., viii, 3. Par contre, Babylonecessera d’être appelée et par conséquent d’être «souverainedes royaumes». Is., xlvii, 5. On remarqueraque cette location ne se trouve guère que dans Isaïe, etdans la^partie des Évangiles qui a une couleur plussjiécialestteni tfébraïque. La conception d’une relationttfès.étMstéshtre le nom et l’être qu’il désigne se retrouvedîailleurs chez tous les peuples sémitiques.

.3? Signification des noms. — 1. Pour les Hébreux «jOUîB, e pour les autres peuples sémitiques, les nomspropres avaient toujours un sens, qui servait à fixer un

fait, un détail plus ou moins important, ou constituaitune invocation religieuse ou une sorte de profession defoi. Quand des récits passaient d’un peuple à un autre, ce dernier avait soin de transposer les noms propresdans sa propre langue, afin de leur prêter un sens etd’en faire des éléments mnémotechniques. Il est certain, par exemple, que le premier homme et la premièrefemme n’ont pas porté des noms hébreux, pas plus queleurs descendants nommés jusqu’à Abraham. Pourtant, les noms d’Adam, d’Eve, de Caïn, d’Abel, de Seth, deJubal, de Noé, etc., ont une forme hébraïque et unsens dans la langue des Hébreux. C’était une nécessité.Des noms étrangers n’auraient pas été conservéspar la tradition populaire.

2. Les auteurs sacrés, surtout dans les plus ancienstemps, indiquent fréquemment la signification des noms.Quand ces noms désignent des personnes, le sens de cesnoms a été inspiré par des circonstances très diverses, mais presque toujours sans rapport avec le caractère oule rôle historique du personnage, puisque ces nomsétaient donnés à la naissance. La Genèse explique ainsiles noms d’Eve, iii, 20; de Caïn, iv, 1; de Seth, iv, 25; de Noé, v, 29; d’Abraham, xvii, 5; d’Isaac, xxr, 6; d’Esaûet de Jacob, xxv, 25; des fils de Jacob, xxix, 32, 33, 34, 35; xxx, 6, 8, 11, 13, 18, 20, 24, et de Joseph, xli, 51, 52; de Phares, xxxviii, 29. Le nom de Moïse est égalementexpliqué au commencement de l’Exode, ii, 10.Noémi trouve que le nom de Mara «amertume», se justifieraitmieux pour elle. Ruth, i, 20. Le nom de Samuel,

I Reg., i, 20, est aussi expliqué. Ensuite, cet usage disparaîtdes livres historiques. Dans les prophètes, ontrouve encore des noms propres dont le sens prophétiqueest spécialement noté. Is., viii, 8; Ose., i, 4, 6, 9.Dans le Nouveau Testament, le nom de Jésus est expliquépar l’ange, Matth., i, 21, et le Sauveur expliquelui-même le nom de Pierre, quand il le donne à sonapôtre. Matth., xvi, 18. Presque tous les autres’nomsd’hommes et de femmes qui se rencontrent dans laBible ont un sens en hébreu. Ce sens est indiqué dansles articles du Dictionnaire, quand il est connu; maisils proviennent quelquefois de racines dont nous ignoronsle sens. Sur le nom de Marie, voir t. v, col. 774.

3. Les noms propres de lieux sont, au point de vue del’histoire, plus importants encore que les noms d’hoinines; car ils fixent pour toujours des traditions et tirenteux-mêmes leur signification d’un fait que l’on a trouvédigne de mémoire. Ces noms sont fréquemment expliquéspar les auteurs sacrés. Il en est ainsi, par exemple, pour Babel, «confusion,» Gen., xi, 9; Segor, «petite,» Gen., xix, 20, 22; Bersabée, «puits du serment,» Gen., XXI, 31; Éseq, «querelle,» et Rechoboth, «largeur,» noms de deux puits. Gen., xxvi, 20, 22; Bethel, i maisonde Dieu,» Gen., xxviii, 17, 19; xxxv, 7; Abel-Misraïm, «deuil de l’Egypte,» Gen., L, 11; Mara, «amertume,» Exod.. xv, 23; Massah etMeribah, «contestation,» Exod., xvii, 7; Thabéera, «incendie,» Num., xi, 3; Horma, «anathème,» Num., xxi, 3; Galgala, de gâlal «rouler,» Jos., v, 9; Achor, de’âkar, «troubler,» Jos., vil, 25, 26; Bokim, «les pleurs,» Jud., ii, 5; Ramath Léchi, «hauteur de la mâchoire,» Jud., xv, 17; Ében-Ézer, «pierre du secours,» III Reg. vii, 12; Séla’-Hatnmahleqôt, «rocher de l’évasion,» I Reg., xxiii, 28; Ifelqaf Hasûrim «champ des tranchants,»

II Reg., ii, 16; BaalPharasim, «mont des divisions,» II Reg., v, 20; Is., xxviii, 21; Phéretz-Oza, «percussiond’Oza,» II Reg., vi, 8, etc. Dans le Nouveau Testament,; on ne voit expliqués, à l’usage des étrangers, que Golgotha, «lieu du crâne,» Marc, xv, 22; Siloé, «envoyé,» Joa., ix, 7, et Haceldàma, «champ du sang.» Matth., xxyii, 8; Act., i, 19.

4. Très souvent, les nomspropres des Hébreux n’ontaucun rapport avec le personnage qu’ils désignent. AinsiAgabus, - Act., xi, 28, peut venir de hâgdb, n sauterelle,»

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NOM

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le nom de Rachel veut dire «brebis *; celui de Débora, «abeille;» le nom du prophète Jonas vient de yôndh, «colombe,» et Barjona veut dire «fils de Jona» ou de «la colombe»; Églon, roi de Moab, tire son nom de’égel, «veau;» Oreb, prince madianite, tire le sien de’orêb, «corbeau, x> et son compagnon Zeb, Jud., vii, 25, porte celui du loup, ze’êb. Aja, Gen., xxxvi, 24, emprunteson nom au vautour, ’ayyâh; Suai, I Par., vii, 36, au chacal, sû’âl; Séphor, prince de Moab., Jos., xxrv, 10, à l’oiseau, sippôr, et Tabitha, Act., ix, 36, à lagazelle, tebîtâ’(en araméen). Thamar, qui est le nomde trois femmes de l’Ancien Testament, veut dire «palmier»; Élon est le nom du chêne, Gen., xlvi, 14, et Susanne celui du lis. Job, xlii, 13-14, donne à sestrois filles, les noms de Jémima, «colombe,» Qetsia, «parfum, casse,» et Kéren-Happouk, «boite d’antimoine.» D’autres noms sont suggérés par des qualitésou des défauts corporels: Héled, «le gras,» II Reg., xxiii, 29; Laban, «le blanc, x> Gen., xxiv, 29; Édom, «le roux,» Gen., xxv, 25; Suar, «le petit,» Num., i, 8; Gaddel, Geddel, «le grand,» I Esd., ii, 47, 56; Aram, «le haut,» Gen., xxil, 21; Phessé, «le boiteux,» I Par., iv, 12; cf. Josèphe, Bell, jud., V, xi, 5; Sépho, «le chauve,» Gen., xxxvi, 23; Amasaï, «le fort,» I Par., VI, 35, etc. Il y a des noms qui se rapportent au caractèremoral: Nabal, «le fou,» IReg., xxv, 3; Hachamoni, «le sage,» I, Par., xr, 11, Réu, «l’ami,» Gen., xi, 18, etc. D’autres rappellent des métiers: Somer, «gardien,»

I Par., vii, 34; Berzellaï, «qui s’occupe du fer,»

II Reg., xvii, 27; Obed, «serviteur,» Jud., IX, 26; Charmi, «vigneron.» Gen., xlvi, 9, etc. Comme chez tous lesautres peuples anciens et modernes, beaucoup de nomshébreux ne sont donc que des noms communs, affectésà la désignation de tel ou tel homme.

5. On trouve aussi beaucoup de noms d’hommes dansla composition desquels entre le nom de Dieu. Eldad, «que Dieu aime,» Num., xi, 26; Eldaa, «que Dieu aappelé,» Gen., xxv, 4; Éliab, «dont Dieu est le père,» Num., i, 9; Élioda, «dont Dieu prend soin,» II Reg., v, 16; Éliézer, «dont Dieu est le secours,» Gen., xv, 2; Éliphaz, «dont Dieu est la force.» Job, H, 11, etc. D’autresfois, le mot El est à la fin du nom: Daniel, «Dieuest mon juge;» Ézéchiel, «que Dieu fortifie";» Israël, «le fort de Dieu,» etc. Le nom de Jéhovah entre égalementdans la formation de beaucoup de noms: Josabad, «que Jéhovah a donné,» I Par., xxvi, 4; Joiada, «dontJéhovah prendra soin,» IV Reg., xi, 4; Joakim, «queJéhovah établira,» IV Reg., xxiv, 8; Joarib, «que Jéhovahdéfende.» I Par., ix, 10, etc. Il est parfois placéà la fin du nom: Ézéchias, * que Jéhovah fortifie,» II Reg., xviii, 1; Ananie, «que Jéhovah ail pitié,» IPar., ix, 30; Azarias, «r que Jéhovah aide.» III Reg., iv, 2, etc.On voit que le nom de Jéhovah entre dans la compositiondes noms propres sous une forme syncopée; quelquefoisil n’est pas même exprimé, mais sous-entendu.

6. Les noms des divinités étrangères servent à formerles noms de plusieurs personnages mentionnés dans laBible. — 1. Noms égyptiens: Putiphar, a consacré àPhra, s pa-Ra, nom du soleil, Gen., xxxix, 1; Aseneth, «demeure de Neith, e ou «qui est à Neith», Gen., xl, 45, etc. — 2. Noms phéniciens: Balanan, il Baal fait grâce» (voir t. i, col. 1400); Esbaal, «hommede Baal» (voir Isboseth, t. iii, col. 986); Jérobaal, «qui lutte contre Baal» (voir t. iii, col. 1300); Méribbaal, il que Baal se défende» (voir col. 996), etc. Lepremier de ces noms est porté par un roi d’Édom etpar un officier de David, probablement chananéen; le second est remplacé par un autre plus usuel; lesdeux autres indiquent l’hostilité contre Baal. Ces nomsne prouvent donc rien en faveur de l’influence duculte de Baal parmi les Israélites, pas plus d’ailleursque les noms de lieux de composition analogue etqui sont antérieurs à la conquête de Chanaan par les

Hébreux. Voir Baal, t. i, col. 1315, — 3. Noms assyriens: Assurbanipal, «le dieu Assur a donné un fils» (voir ti I, col. 1144); Baltassar, «que le dieu Bel protègele roi» (voir t. i, col. 1420); Nabuchodonosor, «que ledieu Nabo protège la couronne» (voir col. 1437); Sennachérib, & le dieu Sin a multiplié les frères,» etc. —4. Noms grées: Apollos, dérivé du nom d’Apollon (voirt. i, col. 774); Épaphrodite, d’Aphrodite (voir t. ii, col. 1820); Hermès, fils de Zeus ou Jupiter, Rom., xvi, li; Nymphas, de vu^Vi, «épouse,» Col., iv, 15; Olympas, don de l’Olympe, Rom., xvi, 15; Phœbé, fille d’Ouranos, personnification du ciel, Rom., xvi, 1; Nérée, fils de Poséidon, dieu de la mer, Rom., xvi, 15; Diolréphès, «nourrisson de Zeus» ou Jupiter, III Joa., 9; Démétrius, de Dèmèter, déesse des biens de la terre, III Joa., 12; Linus, fils d’Apollon. II Tim., iv, 21, etc.

7. On a cherché à tirer de la signification des nomspropres des conclusions relatives aux croyances dé ceuxqui les portaient. Ces conclusions sont légitimes en cequi concerne les noms hébreux, égyptiens, assyriens, àcondition de ne les étendre qu’à ceux de ces noms quipar leur caractère ou leur généralité sont vraimentaptes à exprimer les sentiments d’un peuple. Chez lesIsraélites, en particulier, certains noms sont très expressifsau point de vue de la foi, de la confiance et dela reconnaissance envers Dieu. Tels sont, outre ceuxqui ont été cités plus haut, les noms suivants, danslesquels entrent comme composants les deux noms habituelsde Dieu, ’El et Ydh, contraction de Jéhovah: Abdias, «serviteur de Jéhovah;» Adonias, «Jéhovahest mon seigneur;» Béséléel, «à l’ombre de Dieu;» Élie, «Jéhovah est mon Dieu;» Éliézer, «mon Dieuest secours;» Élimélech, «Dieu est roi; s Elisée, «Dieuest mon salut;» Elnathan et Nathanaël, «que Dieudonne;» Ézéchiel, «que Dieu rend fort;» Ezriel, «Dieu est mon secours;» Gamaliel, «Dieu récompense;» Hanànias, «Jéhovah fait grâce;» Isaïe, «Jéhovahest sauveur;» Ismaël, t Dieu exauce;» Joël, «Jéhovah est Dieu;» Jéraméel, «Dieu est miséricorde;» Jésus et Josué, «Jéhovah est salut;» Johanan et Jean, «Jéhovah est grâce;» Jonathan et Nathanias, «Jéhovaha donné»; Josaphat, «Dieu juge;» Josias, «Dieuguérit;» Lamuel, c; à Dieu;» Melchias, «Jéhovah estmon roi;» Michas, «qui comme Jéhovah;» Samuel, «que Dieu écoute;» Zacharie, «dont Jéhovah se souvient,» etc. — Les noms théophores de femmes sontplus rares: Athalie, «Jéhovah est ma force;» Elisabeth, «dont Dieu est le serment,» qui jure par Dieu; Josabeth, «dont Jéhovah est le serment;» Jahel, «Jéhovahest Dieu,» etc. — Il est clair que, dans la suite destemps, beaucoup de ces noms ont été attribués parhabitude et sans qu’on fit grande attention à leur signification, comme il arrive parmi nous pour les nomsd’Emmanuel, de Théodore, de Théophile, etc. Il n’enest pas moins vrai qu’à l’origine, c’est une pensée religieusequi les a incontestablement inspirés. — Voir surles noms propres théophores: Lagrange, Études sur lesreligions sémitiques, Paris, 1905, p. 73, 76, 89, 102, 111; Eb. Nestlé, Die isrælilischen Eigennamen nachihrer religionsgeschitlichen Bedeutung, Harlem, 1876; M. Grundwald, Die Eigennamen des Alten Testamentesinjkrer Bedeutung fur die Kenntnis des hebrâïschen’, Volksglaubens, Breslau, 1895; E. Renan, Sur les nomsthéophores dans les langues sémitiques, dans la Bévuedes études juives, 1882, p. 161-177; Vigouroux, La Bibleet les découvertes modernes, 6e édit., t. iv, p. 459. — Surles noms chrétiens empruntés aux croyances païennes, aux nombres, aux animaux, aux fleurs, aux localités, àl’histoire, aux croyances chrétiennes, etc., voir Martigny, Dict. des antiquités chrétiennes, Paris, 1877, p. 504516.

8. Les noms de lieux ont fréquemment, comme élémentcomposant, un mot indiquant une particularité

naturelle ou artificielle: Aïn ou En, «source,» d’oùEndor, Engaddi, Engallim, Engannim, Enhasor, etc.; Be’er, «puits,» d’où Bersabée, etc.; Beth, «maison,» qui fournit une foule de composés, Béthanie, Bethléhem, etc., voir t. i, col. 1647-1764; Caphar, «village,» d’où Capharnaûm, etc.; Géba, «colline,» d’où Gabaa, Gabaat, Gabaon, etc.; Kir, «mur,» d’où Kir Haraseth, Kir Moab, etc.; Rama, «hauteur,» d’où Rama, Ramath, Ramatha, etc.

9. D’autres noms propres sont composés de deuxnoms communs, comme Abimélech, «père roi;» Abraham, père de multitude; Benjamin, «fils de la droite;» Melchisédech, «roi de justice,» etc.

10. À l’époque évangélique, les noms hébreux sontsaturellement nombreux en Palestine; mais les élémentsétrangers s’introduisent de plus en plus. L’araméenfournit Thomas, «jumeau;» Caïphe, «pierre» ou «dépression»; Saphire, «belle;» Marthe, «dame;» Céphas, «pierre;» Boanergès, «fils du tonnerre;» Tabitha, «. biche,» et tous les noms dans lesquels entrecomme préfixe le substantif bar, correspondant à l’hébreuben, «fils: >) Barabbas, «fils du père;» Barthélemi, «fils de Tholmaï;» Barnabe, «fils de consolation;» Bartimée, «fils de Timée,» etc. À l’araméenappartienent aussi les noms de lieux, Bethesda, Gabbatha, Golgotha, Haceldama.

11. Avec les Séleucides, la mode des noms grecs s’étaitintroduite en Palestine. On avait vu des grands-prêtresehanger leur nom hébreu pour un nom grec, Jésus ouJosué pour Jason, Onias pour Ménélas, Joachim pourAlcime. Les noms d’AristobuIe, d’Alexandre, d’Antigone, apparaissent dans la lignée des princes asmonéens. Voirt. iii, col. 306. Les noms grecs portés par des Israélitessont assez rares dans l’Evangile: Nicodème, André, Philippe. Saint Thomas a un second nom grec: Didyme, «jumeau,» équivalent de son nom hébreu. Les Juifshellénistes portent souvent des noms grecs comme lessept premiers diacres. Voir t. iii, col. 583. On trouve aussiÂlvéai, Énée, Act., IX, 33; ’P65/, de £630v, «rose,» Rhodè, Act., xii, 13; Éairçsi’pr), «de saphir,» Saphire, Act., v, 1, etc. Beaucoup d’autres noms grecs se lisentdans le Nouveau-Testament, mais appartiennent à deschrétiens de la gentilité: ’Api(rrap/oc, «maître souverain,» Aristarque, Col., iv, 10; ’Ap^i’jtitoç, «maître deschevaux,» Archippe, Col., iv, 17; ’AnO-pcpi-roç, «incomparable,» Asyncrite, Rom., xvi, 14; ’Epaatôç, «aimable,» Ëraste, Rom., xvi, 23; Eû’êouXoç, «de bonconseil,» Eubule, II Tim., iv, 21; EûtuS-a, «bonneodeur,» Évodie, Phil., iv, 2; Kaprcoç, «fruit,» Carpus, II Tim., iv, 13; ’Ovrjai’iJioc, «profitable,» Onésime, Col., rv, 9; ’Ovrinîçopoi; , «portant profit,» Onésiphore, II Tim., 1, 16; IIepcTÎ{, «de Perse,» Persis, Rom., xvi, 12; ETâxuç, «épi,» Stachys, Rom., xvi, 9; Tcf «J6eoç, «qui honoreDieu,» Timotbée, Rom., xvi, 21; TpéipipLoî, «nourricier,» Trophime, II Tim., iv, 20; Tu/ix<iç, «fortuné,» Tychique, Eph., vi, 21; «Mr^ùiv, «aimant,» Philémon, Philem., 1; X>4ï], «verdure,» Chloé. I Cor., i, 11, etc.

12. Les noms latins sont plus rares en Palestine. Telssont Marc, «le mâle;» Justus, «le juste,» Act., xviii, 7; Niger, «le noir,» Act., xiii, 1; Paul, «le petit,» nom substitué à celui de Saul, «le demandé.» Parmiles chrétiens de la gentilité se rencontrent les nomssuivants: Ampliatus, «illustre,» Rom., xvi, 8; Aquila, «aigle,» Act., xviii, 2; Clemens, «clément, x> Phil., iv, 3; Crescens, «qui grandit,» II Tim., iv, 10; Crispus, «crêpa,» I Cor., i, 14; Fortunatus, «favorisé,» I Cor., xvi, 15; Prisca et Priscilla, n l’ancienne,» Rom., xvi, 3; I Cor., xvi, 19; Pudens, «modeste,» II Tim., iv, 21; Sécundus, Tertius et Quartus, «le second,» «le troisième» et «le quatrième» dans la famille, Act., xx, 4; Rom., xvi, 22, 23; Rufus, «le roux,» Rom., xvi, 13; Sylvanus, «de la forêt,» II Cor., i, 19; Urbanus, «dela ville,» Rom., xvi, 9, etc. On voit que ces noms grecs

et latins ressemblent, dans leur genre, à ceux qui sonten usage chez tous les peuples anciens et modernes.Beaucoup d’autres n’ont pas de signification précise, sans doute par suite de leur déformation.

4° Imposition des noms. — 1. Certains noms sontimposés sur l’ordre même de Dieu: Ismaël, Gen., xvi, 11; Abraham, xvii, 5; Isaac, Gen., xvii, 19; Israël, Gen., xxxv, 10; Jean, Luc, i, 13; Jésus, Matth., i, 21; Luc, i, 31; Pierre, Marc, iii, 16; Boanergès, Marc, iii, 17. — 2. Ce sont ordinairement les parents qui donnentle nom à l’enfant. La mère remplit préférablement cetoffice. Ainsi procèdent Eve, Gen., iv, 1, 25; les femmesde Jacob, Gen., xxix, 32-xxx, 24; Rachel, Gen., xxxv, 18; la mère de Samson, Jud., xiii, 24; Anne, mère deSamuel, I Reg., i, 20; la belle-fille d’Héli, I Reg., iv, 21; Elisabeth, Luc, i, 60. Le père intervient aussi.Abraham donne le nom à Isaac, Gen., xxi, 3; Jacobappelle son dernier fils Benjamin, Gen., xxxv, 18; Davidnomme son fils Salomon, II Reg., xii, 24, et Zacharieveut, comme Elisabeth, qu’on appelle son fils Jean.Luc, i, 63. Il est à remarquer que saint Joseph estchargé, conjointement avec Marie, de donner le nomde Jésus au divin Enfant. Matth., i, 21; Luc, I, 31.Parfois l’entourage de la famille prend l’initiative dunom à attribuer. Les voisines de Noémi donnentle nom d’Obed au fils de Ruth et de Booz. Ruth, iv, 17. Les voisins et les parents d’Elisabeth voudraientque son fils s’appelât Zacharie. Luc, i, 59. — 2. Primitivement, le choix du nom était inspiré par une circonstancequelconque de la naissance. Lorsque, par lasuite, le nombre des noms propres fut devenu considérable, on reprit des noms déjà portés, soit par le pèremême de l’enfant, Tob., i, 9; Luc, i, 59; cf. Josèphe, Ant. jud., XIV, I, 3, soit du moins par quelqu’un desa parenté. Luc, i, 61. Les mêmes noms propres étantainsi attribués à beaucoup de personnes, on distinguaitcelles-ci entre elles par des additions faites à leur nom.Quelquefois, le nom du lieu de naissance est ajouté aunom de la personne: Jason de Cyrène, II Mach., ii, 24; Marie-Madeleine ou de Magdala, Judas Iscariote ou deKérioth, Joseph d’Arimathie, etc. D’autres fois, à la manièrearabe, on indique la filiation: Joram, fils d’Achab, et Joram, fils de Josaphat, IV Reg., viii, 16; Joas, filsde Joachaz, et Joas, fils d’Ochozias, IV Reg., xiv, 8, 3; Jéroboam, fils de Nabat, II Par., ix, 9, et Jéroboam, fils de Joachaz, IV Reg., xiv, 23; Zacharie, fils de Barachie, Matth., xxiii, 25; Jean, fils de Zacharie, Luc, m, 2; Simon de Jean, Joa., xxi, 15; Joseph Barsabas, Act., i, 23, etc. Jacques le Majeur et Jean sont fréquemmentappelés «fils de Zébêdée», Matth., xxvi, 37; Marc, x, 35, etc., pour les distinguer de Jacques leMineur et de Jean-Baptiste. Jacques le Mineur est appeléJacques d’Alphée. Luc, vi, 15. D’autres degrés deparenté servent aussi à établir l’identité des personnages.Jude de Jacques est Jude frère de Jacques. Luc, vi, 16. Marie de Cléophas, Joa., xix, 25, est la femmede Cléophas; elle est également appelée Marie, mèrede Jacques et de Joseph, Matth., xxvii, 56, Marie deJoseph, Marc, xv, 47, et Marie de Jacques. Marc, xvi, 1, Jeanne est désignée comme femme de Chusa. Luc, vm, 3. Marie est appelée mère de Jésus, pour la distinguerdes autres Maries. Act., i, 14. Jacques, Joseph, Simonet Jude sont nommés frères, c’est-à-dire cousinsde Jésus. Matth., xiii, 55. Simon de Cyrène, déjà suffisammentdistingué par ce double nom, est présentécomme père d’Alexandre et de Rufus, afin que les lecteursde l’Évangile le reconnaissent mieux. Marc, xv, 21. D’autres particularités caractérisent certains noms: Jean-Baptiste ou le baptiseur; Matthieu le publicain, Matth., x, 3; Simon le cananéen ou le zélote, Matth., x, 4; Marc, iii, 18; Luc, vi, 15; Marie-Madeleine, de quisept démons étaient sortis, Luc, viii, 2; Simon le lépreux, Matth., xxvi, 6; Marc, xiv, 3, etc. Quelquefois

. deux noms indiquent le même personnage: JosephBarsabas le juste, Act., i, 23; Jean Marc, Act., xii, 25, etc. Matthieu et Lévi désignent le même apôtre. Matlh., ix, 9, Marc, iii, 14. — Dans les premiers temps, le nométait imposé à l’enfant au moment de sa naissance.Quand Dieu prescrivit la circoncision, ce fut seulementà l’occasion de cet acte que le nom fut donné, parceque c'était par la circoncision que l’enfant naissait à lavie sociale et religieuse et prenait rang dans le peuplede Dieu. Luc, I, 59; II, 21.

5° Changement des noms. — 1. Pour différentes raisons, les noms primitifs sont quelquefois changés. Dieuchange le nom d’Abram, «père élevé,» en Abraham, «père de multitude,» Gen., xvti, 5, pour mieux indiquer la vocation du patriarche. Il change de même celuide Saraï en Sara, princesse. Gen., xvii, 15. Jacob reçoitde l’ange le nom d’Israël, Gen., xxxv, 10, qui deviendrale nom patronymique de la nation future. Rachel appelle son second fils Benoni, «fils de ma douleur;» Jacob substitue à ce nom celui de Benjamin, «fils dela droite.» Gen., xxxv, 18. Le pharaon donne à Josephle nom égyptien de Tsaphnath-Panéach, «pourvoyeurde la vie,» Gen., xli, 45, pour marquer la fonction dévolue au jeune Hébreu. Plus tard, à la cour de Babylone, on change de même les noms des compagnons de Daniel, Ananias, Misaël et Azarias, en ceux de Sidrac, Misach et Abdénago, Dan., i, 7, puis celui de Daniel enBaltassar. Dan., v, 12. Moïse attribue le nom de Josuéà Osée, fils de Nun. Num., xiii, 17. À Salomon, ainsinommé par son père, le prophète Nathan assigne, de lapart de Dieu, le nom de Jédidiah, «bien-aimé de Jéhovah.» III Reg., xii, 25. Le premier nom prévalut àl’usage. Néchao, en plaçant Eliacim, fils de Josias, surle trône de Jérusalem, change son nom en Joakim. IVReg., xxiii, 34. Voir t. iii, col. 1552. Pour des motifspeu honorables, les grands-prêtres Josué, Onias et Joachim abandonnent leurs noms hébreux et prennent lesnoms grecs: Jason, Ménélas et Alcime. Voir t. iii, col.306. — 2. Notre-Seigneur change le nom de Simon encelui de Céphas, «pierre,» qui indique le rôle assignéà l’apôtre. Joa., i, 42. Les fils de Zébédée, Jacques etJean, reçoivent le surnom de Boanergès, «fils du tonnerre.» Marc, iii, 17. Mais ce nom est plutôt un qualificatif qu’une appellation usuelle. Joseph, lévite deChypre, est appelé par les apôtres Barnabe, «fils deconsolation,» Act., iv, 36, et n’est plus connu. ensuiteque sous ce nom. Lors de la conversion du proconsulSergius Paulus, Saul abandonne son nom hébreu pourle nom latin de Paul, Act., xiii, 9, qui facilitera sesrapports avec les Gentils. — Voir Leusden, Onomasticum sacrum, Leyde, 1664; Hiller, Onomatiscum sacrum, Tubingue, 1706; Simonis, Onomasticum V. T., Halle, 1741; N. T., 1762; B. Michælis, Observât, phil. denomin. propriis Èbreor., Haie, 1729; Nomina gusedam propria V. et N. T., 1754.

H. Lesêtre.

    1. NOMBRE##

NOMBRE (hébreu: mispâr; une fois kâsas, Exod., xii, 4; chaldéen: minyân, I Esd., vi, 17; Septante: àp18u.oç; Vulgate: numerus), expression de la quotité, ayant pour base l’unité, ses multiples et ses fractions.Les différents ternies hébreux qui se rapportent auxopérations faites sur les nombres sont: sâfar, àpt6u.5tv, numerare, «compter;» mànâh, en chaldéen: me- >nâh, àpt6u.eîv, numerare, «dénombrer;» sefôrâh, inctf{zia, promissio, le «livre de comptes»; sefdr, àp18u.6ç, dinumeratio, le «dénombrement»; pequddâh, éTctoxE^tç, computati sunt, la «recension», le «dénombrement»; dans saint Luc, xiv, 28, i^Tjçîïetv, «compter avec des cailloux,» calculer, computare.Cf. Act., xix, 19.

I. La science des nombres chez les Hébreux. —1° Les anciens Orientaux n’ont pas été de grands calculateurs. La science pratique des quatre opérations élémentaires, addition, soustraction, multiplication, division, suffisait à leurs besoins, et ilss’en tinrent là. LesÉgyptiens se servaient presque exclusivement du systèmedécimal, qui prend pour base de calcul les cinq doigtsde la main. Ce système, auquel s’arrêtèrent les ancêtresde la race aryenne, fut adopté, avec les noms de nombre sanscrits, par les Grecs et les Latins. Cf. Max Mûller, Essais sur la mythologie comparée, traâ.G. Perrot, Paris, 1874, p. 64-67. Chez les Chaldéens, le systèmedécimal se combinait avec le système duodécimal, dontl’idée semble avoir été suggérée par les douze mois del’année. Il nous en est resté la division du cercle en360 degrés. On comptait par dizaines, centaines, mille, etc., mais aussi par multiples ou subdivisionsde 60. Ainsi, toute unité pouvait se subdiviser ensoixante fractions égales, et chacune de ces fractionsen soixante autres. Pour les grandes quantités en nombre, en longueur, en superficie, en contenance, enpoids, etc., le multiple 60 était beaucoup plus usité quele multiple 100. Ainsi 60 unités faisaient un sosse, 60 sosses faisaient un nère, 60 nères faisaient un sare, et ces multiples s’appliquaient aux quantités de toutenature. Le nombre 60 est le produit du 5 décimal etdu 12 duodécimal. La combinaison des deux systèmespermettait de diviser à la fois par 10 et par 121es grandesquantités, ce qui rendait plus facile la tâche de ceuxqui avaient à calculer. Cf. Maspero, Histoire anciennedes peuples de l’Orient classique, Paris, 1895, t. i, p. 772, 773.

2° Les Hébreux ont gardé sur ce point, comme surtant d’autres, la tradition des Chaldéens, leurs ancêtres.Quand Abraham demande au Seigneur d'épargner Sodome si la ville renferme 50 justes, il réduit peu à peuce nombre, suivant le système décimal, à 45, à 40, à30, à 20 el à 10. Gen., xviii, 26-32. Au désert, le Seigneur promet à Moïse que le peuple pourra mangerde la viande non pas un jour, ni 2, ni 5, ni 10, ni 20, mais 30. Num., XI, 19. Ici encore, la gradation est décimale. Le système duodécimal apparaît dans l’importance qu’ont chez les Hébreux les chiffres 12, 60, etleurs multiples ou leurs divisions. Dans une des paraboles de Notre-Seigneur, celle du semeur, le gain est de100, de 60 ou de 30 pour un. Matth., xiii, 8; Marc, iv, 8. On a ici un multiple décimal et un multiple duodécimal avec sa moitié. Le système duodécimal règle lesmesures de longueur. Ainsi le doigt vaut 2 grains d’orge, le palme 8, le zéreth 15, l’empan 24, le pied 32, la coudée 48, et la canne vaut 4 coudées. Tous ces chiffressont des divisions ou des multiples de 12. Pour les mesures de capacité, le cab vaut 4 log, le gonior 1/2, lehin 12, le séah 24, le bath 72, et le cor ou chômer 720.Ici encore, il y a application des deux systèmes. Les poidsse multiplient d’abord d’après une règle décimale: lebéqah vaut 10 gérah, le sicle 20, le mine 1, 000; puis intervient un multiple duodécimal: le talent vaut 60 mines.Voir Mesure, col. 1044. L’influence chaldéenne est doncincontestable dans la numération hébraïque. Quant à lamanière dont les Hébreux traitaient les nombres, on n’aaucune donnée positive. Leur science n’allait certainement pas plus loin sous ce rapport que celle des Chaldéens ou des Phéniciens. Elle se bornait aux comptes les"plus simples, selon la nécessité des affaires courantes, d’ailleurs assez peu développées chez un peuple surtoutagricole. Les règles élémentaires suffisaient pour cela.Le calcul n'était pas beaucoup plus compliqué quand ilfallait estimer le prix d’une propriété d’après le nombred’années à courir jusqu'à l’année jubilaire. Lev., xxv, 15, 16. Quand le commerce et l’industrie prirent quelqueextension, comme à l'époque de Salomon, il dut existerdes spécialistes plus habitués à calculer. D’ailleurs ily avait des trésors à surveiller et à évaluer, tant dans leTemple que dans la maison du roi, des propriétésroyales ou particulières que géraient des intendants,

des journées d’ouvriers à payer le soir, et, au moins àpartir des Machabées, le change de l’argent à Jérusalemmême, la pratique de la banque, le fermage et laperception des impôts, etc., opérations qui nécessitaientune certaine habitude du calcul. D est vrai qu’avec lesSéleucides, les méthodes grecques commencèrent às’introduire en Palestine; mais elles ne furent jamaisà l’usage du commun des Israélites, qui ne poussèrentpas leurs connaissances arithmétiques au delà de cequ’exigeait la routine des transactions locales.

3° De deux passages bibliques, III Reg., vii, 23; II Par., iv, 2, on a conclu que les Hébreux ne possédaientqu’une notion sommaire du rapport qui existeentre le diamètre et la circonférence. Si la mer d’airainavait 10 coudées de diamètre et 30 coudées de circonférence, c’est que les Hébreux identifiaient ce rapport àcelui de 1 à 3. Archimède l’estimait par la fraction 22/7, qui est trop forte à partir de la troisième décimale. Cerapport est exprimé par la fraction continue 3, 14159…

II suit de là que, dans le cas de la mer d’airain, undiamètre de 10 coudées ou 5 m 25 supposait une circonférence, non de 30 coudées ou 15 m 75, mais en réalité de16 m 48, c’est-à-dire de m 73, soit d’une coudée et demiede plus. Si la circonférence était réellement de 30 coudéesou 15 m 75, elle supposait un diamètre de 5 iii, soitseulement de 9 coudées et demie. Il est évident que dansla pratique on ne descendait pas à ces précisions, etque, spécialement dans une description, on se contentaitd’une simple approximation.

4° Certains calculs plus importants s’imposaient auxautorités religieuses d’Israël. Il leur fallait d’abord déterminerl’époque de la Pâque, qui se célébrait normalementle 15 du mois de nisan, mais qu’il y avait lieuparfois de retarder par suite de l’état des récoltes et deî’intercalation d’un second mois de adar avant celui denisan. Voir Année, t. i, col. 642. D’après la date de laPâque, on fixait aisément celle de la Pentecôte. Il yavait aussi à déterminer le commencement officiel dechaque mois. Voir Néoménie, col. 1588. Mais le calculqui préoccupa le plus les Juifs, fut celui de la venue duMessie, d’après la prophétie de Daniel. Voir Daniel, t. ii, col. 1277-1282. Ils supputèrent longtemps l’époqueà laquelle devait apparaître le Messie, tel qu’ils l’imaginaient.Toujours déçus dans leur espérance, ils finirentpar constater officiellement leur déception et lafin de leur inutile attente. «Tous les termes marquéspour la venue du Messie sont passés… Combien d’annéessabbatiques écoulées où sont apparus les signes nécessairesdu Messie, et cependant il n’est pas venu! …Puisque la fin est arrivée et que le Messie n’est pasvenu, il ne viendra plus!» Sanhédrin, 97 a, b. Quelques-unspensaient que les péchés des hommes arrêtaientseuls cette venue et que la pénitence attirerait leMessie. D’autres disaient: «Maudits soient ceux quisupputent le temps du Messie!» Gem. Babyl. Sanhédrin, ꝟ. 97. «Que leur cœur éclate et que leurs calculs, s’évanouissent!» Maimonide, Iggereth Hatteman, ꝟ. 125, 4. Les Juifs ne s’étaient pas trompés dans leurs calculs, mais dans l’idée qu’ils se faisaient du Messie.

II. La. représentation des nombres. — 1° Les ancienspeuples éprouvèrent vite le besoin d’exprimer lesnomhres par des signes spéciaux, permettant d’indiquerdes sommes considérables sous une forme beaucoupplus abrégée que par le détail en toutes lettres.Bien avant qu’Abraham quittât la Chaldée, il existait ence pays tout un système de signes conventionnels destinésà exprimer les nombres. On employait dans ce butles coins qui servaient déjà pour l’écriture. Des clousverticaux, juxtaposés ou superposés, indiquaient les

unités: | = 1; || = 3; ||| = 3; TjT= 4; |T{_= 5;

III = 6, etc. Les dizaines étaient représentées par des

crochets: ^ = 10; ^ = 20; /^ =30, etc. À partir

de 60, on pouvait continuer à se servir des crochets: JJ5ou remplacer 50 par un clou vertical, avec des crochetspour les dizaines suivantes: | / = 60; | // = 70, etc.La centaine était indiquée par un clou vertical barréd’un trait horizontal et précédé d’un clou simple pourchaque centaine: 1 |— = 100; || J— = 200; ||| |— =

300, etc. On exprimait 1000 par 10 fois 100: (|>~, et

ainsi de suite en combinant les signes précédents.Cf. Fr. Lenormant, Études accadiennes, Paris, 1873, t. iii, p. 225, 226; Pinches, The Akkadian Numerals, dans les Proceedings of the Society of fiibl. ArchmoL, t. iv, 1881-1882, p. 111-117; Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 772. Ces notations numériques se retrouvent dansle code d’Hammurabi. Cf. Scheil, Textes élamites-sémitiques, 2e série, Paris, 1902, col. vi, 63; viii, 17, 19, 56; x, 62, etc.

2° Les Hébreux eux aussi ont dû chercher de bonneheure le moyen d’écrire les nombres sous une formeabrégée. On ne voit pas trace chez eux de signes particuliersinventés dans ce but. Mais, à l’époque des Machabées, on trouve quelquefois, sur les monnaies juives, les chiffres des années exprimés par des lettres. Cf.Eckhel, De doctrin. num. veter., t. iii, p. 468; Cavedoni, Numismatica biblic., Modène, 1850, p. 19. On enconclut avec assez de vraisemblance que cette manièred’écrire les nombres était usitée antérieurement. Unbon nombre de variantes qu’on signale dans les textesprimitifs ou dans les versions des Livres saints ne s’expliquentmême, que si on suppose les nombres expriméspar des lettres qui, à raison de leur similitude deforme, se changeaient" aisément l’une pour l’autre. Cf.Reinke, Beiiràge zur Erklârung des A. T., Munster, 1851, t. i, p. 10; Corluy, Nombres (Expression des) chezles Hébreux, dans le Dict. apologét. de Jaugey, Paris, 1889, col. 2222-2225. Voici la valeur numérique qui étaitassignée à chaque lettre de l’alphabet:

N = 1 > = 10

3 = 2, 3 = 20

1 = 3 b = 30

1 = 4 D = 40

n = 5 3 = 50

1 = 6 D = 60

1 = 7 y = 70

n = 8 3 = 80

18 = 9 S = 90

p = 100

1 = 200

W = 300

n = 400

pn = 400 + 100 = 500

in =400 + 200 = 600

WI1 = 400 + 300 = 700

nn = 400 + 400 = 800

pnr = 400 + 400 + 100 = 900

Les massorètes exprimaient les dernières centainesau moyen des lettres finales: ") = 500; a = 600; i =700; i = 800; y = 900; mais les rabbins préféraientse servir des lettres ordinaires, combinées comme on levoit dans le tableau. Dans les chiffres composés, celuides dizaines précédait celui des unités: v = 14; iaa —29, etc.; celui des centaines précédait celui des dizaines: nip = 138; nwn, =747, et ainsi de suite. Toutefois aulieu d’écrire: n> = 15 et v = 16, les Juifs mettaienttb = 9 + 6 = 15, et td = 9 + 7 = 16, les deux formulesht et }> pouvant être prises pour des abréviations dunom sacré de Jéhovah. Les milliers s’énonçaient aumoyen des mêmes lettres de l’alphabet, qu’on reprenait

en les surmontant de deux points: n = 1000; a = 2000;

p = 100000; tin = 800000, etc. Ces deux points pouvaientd’ailleurs être omis dans les nombres composésde plusieurs chiffres. Enfin, pour indiquer qu’une lettreou un groupe de lettres représentaient une valeur numéraleet ne devaient pas recevoir de voyelles, on surmontaitla première lettre du groupe de deux traits en

forme d’obèles: pn.-= 500; npnns = 1905, etc. VoirHébraïque (Langue), t. iii, col. 467; Preiswerk, Gram

maire hébraïque, Genève, 1864, p. 133-134; Touzard, Grammaire hébraïque, Paris, 1905, p. 76.

3° À l’époque évangélique, la numération grecquedevait aussi être, sinon usitée, du moins connue en Palestine.Comme en hébreu, les nombres y étaient représentéspar les lettres de l’alphabet. Ce système apparaîtdès le rv «siècle av. J.-C.; les grammairiensd’Alexandrie l’adoptèrent ensuite, et, à partir de 250av. J.-C, on le trouve en usage sur les monnaies etdans les documents écrits. De a à 6, les lettres marquentles unités, avec le digarama F, le vav des Hébreuxet des Phéniciens, pour marquer 6 de i à iz lesdizaines, avec le xémra, b ou Ç", coph des Hébreux et desPhéniciens, q des Latins, pour marquer 90; les lettresde p à (o marquent les centaines, avec le <râ(im, Q (aifiLaet nî) pour représenter le nombre 900. Toutes ceslettres, employées comme valeurs numérales, sont surJVord

451. — Hosace en mosaïque de Hosn.D’après la Revue biblique, 1900, p. 119.

montées d’un accent à droite: «’, 6’, y’, etc. Avec uniota souscrit à gauche, leur valeur est multipliée par1000: , s = 5000; , x = 80 000; , u = 800000, etc. Unerosace en mosaïque (fig. 451), découverte en 1899 àHosn, en Pérée, est ornée de lettres grecques majuscules, E, O, II, K(x<Sirxa), P, PK, PA, etc., qui représententles nombres 60, 70, 80, 90, 100, 120, 130, etc.Dans le grand théâtre de Gérasa, en Palestine transjordanienne, le P. Germer Durand a constaté qu’uncertain nombre de places étaient numérotées. Leschiffres sont ainsi écrits: CIB — CIT —CIA — Cl€ —CK — CKA — CKB — CKI", ce qui correspond, enlisant de gauche à droite, à 212, 213, 214, 215, 220, 221.Sur une autre série: ^ «b — Al<{> — ll<|> — ai<b — Al<p

— I<p, les chiffres sont à lire de droite à gauche: 515, 514, 513, 512, 511, 510. Cl. Revue biblique, 1895, p. 377.

— Pour les inscriptions, surtout dans la Grèce proprementdite, on se servait de I, II, III, IIH, V (pour 7t£vt£= 5; À (pour Aéxa) = 10; H (pour Hexatôv) = 100; X(pour XiXioc) = 1000; M (pour Mûpioi) = 10000. On

rendait 50 par Q (10 X 5}, et 500 par Q (100 x 5). Les

chiffres les plus élevés se plaçaient à gauche. — 4° Lanumération latine était à l’usage de l’administration

romaine établie en Palestine. Elle se composait detraits verticaux, I, II, III, et des signes suivants: X =10; V (probablement moitié de X) = 5; L= 50; C (centum) = 100; D = 500; M (Mille) "= 1000; puis,

pour les multiples de 1000: £, $, etc.

III. Altération des nombres bibliques. — 1° Queles anciens Hébreux, dans leurs transcriptions du textesacré, aient écrit les noms de nombre en toutes lettresou en notation alphabétique, il est certain que beaucoupdes nombres consignés dans les Livres saints ontsouffert et ne nous sont arrivés que plus ou moinsaltérés. La chose est manifeste en ce qui concerne leslistes patriarcales. Des différences notables apparaissententre les chiffres de l’hébreu, du samaritain et desSeptante. Voir Longévité, t. iv, col. 355, 359. Souvent, ces différences portent sur un seul chiffre, celui descentaines. Il en est ainsi pour Seth et ses descendantsjusqu’à Lamech, et ensuite pour tous les descendantsde Sem. En se reportant aux anciens alphabets, t. i, col. 407, on voit, par exemple, que la différence deforme n’est pas grande entre» = 4 et n = 200; entrei = 6, t = 7, et > = 10; entre p = 100 et t = 200; etc.Il était bien plus facile de confondre i avec i, queyniN, «quatre,» avec D>rNa, deux cents;» i, i et >,

que wtf, «six,» yatf, «sept,» et-itoy, & dix,» etc. Cette

constatation donnerait à penser qu’au moins à une certaineépoque les nombres bibliques ont été écrits alphabétiquement, ce qui a rendu les confusions faciles. Ons’expliquerait ainsi comment, Gen., ii, 2, l’hébreu, laVulgate et le chaldaïque disent que Dieu termina sonœuvre le septième jour, tandis que les Septante, le samaritain, le syriaque et Josèphe, Ant.jud., i, 1, 1, marquentle sixième jour. La différence graphique seraitd’un i = 7 à un i = 6. Néanmoins, ces remarques nesuffisent pas à prouver que les chiffres bibliques aientété habituellement transcrits sous forme de lettres. Surla stèle de Mésa, lignes 2, 8, 16, 20, 28, 29. 33, les nombressont écrits en toutes lettres. Cf. col. 1015-1017; Lagrange, L’inscription de Mésa, dans la Revue biblique, 1901, p. 523-525.

2° Beaucoup d’autres causes pouvaient contribuer àl’altération des nombres par les transcripteurs: la mauvaisefaçon du texte à transcrire, l’intention de corrigerune leçon regardée comme fautive, la confusion d’unpassage avec un autre, et en général le caractère mêmedes noms de nombres, surtout des nombres un peuélevés. Le sens et le contexte peuvent aider le copiste àdéchiffrer exactement un mot mal écrit, mais cette ressourcelui manque pour les chiffres. De là des divergencesmultiples que l’on signale entre des chiffres quidevraient s’accorder. Ainsi, au temps de David, oncompte d’une part 800000 hommes portant les armes enIsraël, et 500 000 en Juda, II Reg., xxiv, 9, et d’autrepart, 1100 000 hommes en Israël et 470000 en Juda.I Par., xxi, 5. Salomon avait 40 000 stalles pour seschevaux de chars d’après III Reg., iv, 26, et seulement4 000 d’après II Par., ix, 25. Quand il commença àrégner, Joachin avait 18 ans d’après IV Reg., xxiv, 8, et 8 ans d’après II Par., xxxvi, 9. Phinées frappe24 000 Israélites, d’après Num., xxv, 9, et 23 000, d’aprèsLÇor., x, 8, etc. Les chiffres varient aussi entre l’hé/breu et les versions. Les Israélites sont restés enEgypte 430 ans, Exod., xii, 40; les Septante comprennentdans ces 430 ans le séjour en Egypte et le séjour enChanaan; et comme le temps passé par Abraham, Isaacet Jacob en Chanaan s’élève à 215 ans, il n’en reste plusque 215 pour le séjour des Israélites en Egypte. De soncôté, saint Paul, Gal., iii, 17, compte 438 ans, entre lapromesse faite à Abraham et la loi du Sinaï. À Bethsamès, le Seigneur frappe ceux qui ont geté un regardirrespectueux] sur l’arche, I Reg., vi, 19; les victimessont au nombre de 70 et [de 50000, d’après l’hébreu,

les Septante et la Vulgate, de 5070, d’après le syriaque etl’arabe, et de 70 seulement d’après Josèphe, Ant. jud., VI, i, 4, dont la leçon est préférée. Les textes ayant conservécôte à côte les deux leçons 70 et 50000 nous montrentsur le vif l’embarras où étaient les copistes quandils transcrivaient les chiffres. Voir Bethsamês, t. i, col. 1735. Des altérations analogues sont à constaterdans les chiffres qui constituent la chronologie des roisde Juda et d’Israël. Ainsi Ochozias commence son règne, tantôt la 12=, IV Reg., viii, 25, tantôt la 11e année deJoram, roi d’Israël. IV Reg., ix, 29. Joram d’Israël devientroi la seconde année de Joram, roi de Juda, IV Reg., i, 17, et d’autre part, IV Reg., viii, 16, Joram deJuda commence à régner la 5e année de Joram d’Israël.Joatham et Achaz régnent 16 ans chacun, l’un après l’autre, , IV Reg., xv, 32, 33; xvi, 2; Il Par., xxvii, 1; xxviii, l; cependant, le règne d’Osée, roi d’Israël, est daté à lafois de la 20° année de Joatham, IV Reg., xv, 30, et dela 12° d’Achaz. IV Reg., xvii, 1. Cf. Prat, dans les Étudesreligieuses, 1902, p. 617. D’autres divergences séparentencore ces deux chronologies dissemblables entre ellesd’avec la chronologie assyrienne, ce qui suppose de fréquentesfautes de copistes dans la transcription desnombres. Cf. Pelt, Hist. de l’Ancien Testament, Paris, 1904, t. H, p. 131-140; Vigouroux, La Bible et les découvertesmodernes, 6e édit., t. ni; p. 433.

IV. Imprécision fréquente des nombres bibliques. —1° En général, la précision numérique n’est pas dansles habitudes des Orientaux. Il ne faut donc pas s’étonnersi on ne la trouve pas toujours chez les écrivainssacrés. D’ailleurs certaines données numériques comportentpar elles-mêmes une assez notable latitude. Ainsiil est naturel que Moïse estime d’abord à environ 600 000, Exod., xii, 37, une population masculine qu’un recensem*ntplus précis portera ensuite à 603550 hommes.Exod., xxxviii, 26. Beaucoup de chiffres ronds doiventêtre regardés comme approximatifs. Tels sont les800 000 hommes d’Israël et les 500000 de Juda, II Reg., xxiv, 9; les 70000 victimes de la peste, II Reg., xxiv, 15; les1160000 hommes de l’armée de Josaphat, II Par., xvii, 14-18; les 3000 maximes de Salomon. III Reg., iv, 32, etc.Il est possible que plusieurs de ces nombres aient à êtreréduits; rien du moins n’oblige à les prendre à la lettre.

— 2° Il y a des nombres conventionnels qui, sous uneforme précise, sont en réalité indéfinis. Cf. S. Augustin, De cil). Dei, xv, 24, t. xli, col. 471. Tels sont les nombres7, 10, 70, 100, 1000, 10000, dans certaines circonstances.— Caïn sera vengé 7 fois et Lamech 77 fois.Gen., iv, 24. Le juste tombe7fois et se relève. Prov., xxiv, 16. Il faut pardonner non pas 7 fois, mais 70 fois

7 fois. Matth., xviii, 22; Luc, xvii, 4. — Voilà 10 foisque vous m’insultez. Job, xix, 3. Cf. Gen., xxxi, 7, 41; Num., xiv, 22, etc. — Que tu aies vécu 10 ans, 100 ans, 1000 ans, dans le séjour des morts on n’a pas souci dela vie. Eccli., xli, 6 (4). — Saül a tué ses 1000 et Davidses 10000. I Reg., xxi, 11. — Que 1000 tombent près detoi et 10000 à ta droite, tu ne seras pas atteint. Ps. xc(xci),

7, etc. — 3° Les Hébreux se servaient encore des nombresdans des formules purement approximatives, poursignifier seulement quelques unités. — Voilà ce queDieu fait 2 fois, 3 fois, pour l’homme, Job, xxxiii, 29 —2 villes, 3 villes couraient à une autre ville. Am., iv, 8 —2, 3 olives, 4, 5 aux branches. Is., xvii, 6. — À causede 3 crimes et à cause de 4. Am., i, 3, 6. — 6 fois il tedélivrera, et la 7e fois le mal ne t’atteindra pas. Job, v, 19. — Nous ferons lever contre lui 7 pasteurs et

8 princes. Mich., v, 4. — Donne une part à 7 et même à

8. Eccle., xi, ’2, etc. — Il y a aussi des formules danslesquelles deux nombres se suivent, l’un renchérissantsur l’autre, pour les besoins du parallélisme. Dieu a ditune parole, deux que j’ai entendues. Ps. lxii(lxi), 12.

— Il y a 6 choses que hait Jéhovah, 7 qu’il a en horreur.Prov., vi, 16. — La sangsue a 2 filles, 3 sont insatiables,

4 ne disent jamais assez. Prov., xxx, 15. De même auxversets 18, 21, 24, 29 du même chapitre. — Mon cœurestime 9 choses, ma langue en proclame 10. Eccli., xxv, 9(7). De même Eccli., xxvi, 5, 25 (19). Ces formules nesont pas toujours usitées, puisque parfois les chosesdifférentes sont énoncées par des ^nombres simples.Prov., xxx, 24; Eccli., xxv, 1.

V. Locutions bibliques sur les nombres. — 1° Unefoule très nombreuse est appelée infinie. Eccle., iv, 16.Elle est comparée à la poussière, Gen., xvi, 16; Num., xxiii, 10; au sable de la mer, Ose., i, 10; Rom., ix, 27; Apoc, xx, 7; aux étoiles, Gen., xv, 5, que Dieu seulpeut compter. Ps. cxlvi, 4. N’avoir point de nombre, ne pouvoir être compté, sont des expressions qui marquentla très grande quantité des personnes ou des objetsen question. Gen., xvi, 10; xxxil, 12; II Par., v, 6; xii, 3; Judith, ii, 8; xv, 8; Job, v, 9; ix, 10; Ps.xxxix (xl), 13; cm (civ), 25; civ (cv), 3ï; cxlvi, 5; Cant., vi, 7; Eccle., i, 15; Jer., xlvi, 23; I Mach., v, 30. Au contraire, pouvoir compter les arbres d’une forêt, c’est dire qu’ils sont peu nombreux. Is., x, 19. — 2° Letroupeau passe sous la main qui le compte. Jer., xxxiii, 13. Compter les jours, c’est attendre avec impatienceTob., ix, 4; x, 9. Ne vouloir pas qu’un jour soit compté, c’est le maudire. Job, iii, 6. «Être au nombre» signifiefaire partie d’un ensemble. Judith, x, 8; xi, 10; xvi, 31; Esth., ii, 8; Eccli., xix, 3; Job, iii, 6; Sap., v, 5; Act., i, 27. Celui qui remplit le’nombre de ses jours, Exod., xxiii, 26, atteint les limites normales de la vie; celui qui n’en remplit que la moitié, Job, xxi, 21, aune vie écourtée. À Baltassar, qui avait vu sur la murailleles mots: Mené, mené, Daniel dit: «Dieu acompté ton règne et y a mis fin.» Dan., v, 26. Ceuxqui ont à faire des dépenses considérables commencentpar compter. Lev., xxv, 50; xxvii, 18, 23; Luc, xiv, 28; Act., xix, 19. — 3° Dieu a tout réglé avec mesure, nombre et poids, Sap., xi, 20, c’est-à-dire que, par saprovidence, il fait régner l’harmonie parmi ses créatures.Cf. S. Bernard, Serm. de divers., lxxxvi, t. clxxxiii, col. 703. Il compte les cheveux de notre tête, Matth., x, 30; Luc, xii, 7, c’est-à-dire se préoccupe des plus infimesdétails qui concernent l’homme.

VI. Les dénombrements chez les Hébreux. — 1° Lepremier compte qui soit consigné dans la Bible est celuide la famille de Jacob, au moment où le patriarches’établit en Egypte. Le total des personnes venues enEgypte avec Jacob est de 70. Gen., xlvi, 8-27. Ce nombreest répété, Exod., i, 5, et Deut., x, 22. Les Septanteajoutent d’autres noms, de manière à porter le nombreà 75. Saint Etienne s’en tient à ce dernier chiffre. Act., vu, 14. Josèphe, Ant. jud., II, vii, 4, garde le chiffrede 70. Mais ce nombre même de 70 ne répond pas à laréalité. D’abord il ne comprend que des hommes, comme le texte même le remarque. Gen., xlvi, 26. Or, parmi ces derniers, on compte Her et Onan, déjà mortsen Chanaan, Gen., xlvi, 12, et dix fils de Benjamin, Gen., xlvi, 21, qui à cette époque était encore toutjeune. De plus, le verset 18 annonce un total de 16personnes, alors que 15 hommes seulement sont nommés, et après que le verset 26 a conclu à un total de 66, le verset 27 ajoute Joseph et ses deux fils et conclut àun total général de 70. Ces difficultés ont été résoluesde différentes manières. Cf. S. Jérôme, Qusest. in Gènes., t. xxiii, col. 1001; S. Augustin, De civ. Dei, xvi, 40, t. xli, col. 518; Reinke, Beitrâge zur Erklâr. desA. T, Munster, 1851, 1. 1, p. 100-109; Crelier, La Genèse, Paris, 1889, p. 421-423; Fr. de Hummelauer, Comm. inGènes., Paris, 1895, p. 571-574. En somme, il ne fautpas chercher ici plus de précision qu’on n’en trouvedans les autres passages de la Bible qui citent deschiffres un peu compliqués.On doit se rappeler ensuiteque l’auteur du récit veut obtenir au total le nombre70, qui est un nombre mystique, et que, pour y parve

Éphraïm..

. 40500

Manassé..

. 32200

Benjamin..

35 400

Dan ….

62 700

Aser…

41500

Nephthali.

. 53400

nir, il ajoute ou retranche des noms. On peut appliquerau nombre 70 la remarque de saint Augustin, Qusest’in Heptat., i, 152, t. xxxiv, col. 589, au sujet du chiffreadmis par les Septante: «Les Septante n’ont pas faiterreur en complétant ce nombre avec une certaineliberté prophétique, en vue de la signification mystique…Je ne sais pas si tout peut s’entendre à la lettre, surtoutpour les nombres qui, dans l’Écriture, sont sacrés etpleins de mystères. j>

2° Sur l’ordre du Seigneur, Moïse fit au désert ledénombrement de la population israélite sortie d’Egypte.On trouva 603550 hommes en état de porter les armes, sans compter les Lévites. Num., i, 45-47. Ce total sedécomposait ainsi par tribus:

Ruben. … 46 500

Siméon. … 59300

Gad 45 650

Juda 74 600

Issachar … 54 400

Zabulon … 57400

Num., i, 20-43. Les Lévites mâles, d’un mois et au-dessus, furent au nombre de 22 000. Num., iii, 39. Cedernier total se décomposait en 7 500 Gersonites, 8 600Caathites et 6 200 Mérarites. Num., iii, 22, 28, 34. Lasomme de ces trois nombres donnant 22 300, il fauten conclure que le premier total de 22 000 est donnéen chiffres ronds, ou bien qu’il a été altéré. Il est vraiqu’un des chiffres partiels aurait pu aussi subir une altération-, de sorte que, par exemple, au verset 28, il fallûtlire Selos (-jJbn’) me’ôt, 300, au lieu de ses (vrà) mé’ôf,

600. Cependant le chiffre de 22 300 est le plus probable, parce que les Lévites sont destinés à remplacer lespremiers-nés de tout Israël et que ces derniers sont aunombre de 22 273. Num., iii, 43. Parmi ces Lévites, ily en eut 8 580 au-dessus de trente ans. Num., iv, 48.En ajoutant le nombre des Lévites à la population desautres tribus, on obtient un total de 625 850 hommes etune proportion d’un premier-në sur 28. Il faut en conclurequ’à ce moment beaucoup de premiers-nés ne furentpas comptés comme tels, parce qu’ils étaient déjàmariés ou parce que dans beaucoup de familles le premierenfant avait été une fille. Cf. Rosenmùller, InLib.Numer., Leipzig, 1798, p. 171-174.

3° À la fin du séjour dans le désert, quand eurentpéri tous les hommes qui avaient 20 ans et plus au momentde la révolte, Num., xiv, 29-34, le Seigneur ordonnaun nouveau dénombrement. Le résultat fut lesuivant:

Ruben …. 43730

Siméon …. 22 200

Gad 40500

Juda 76500

Issachar. … 64300

Zabulon… 60500

Manassé 52 700

Éphraïm …. 32 500Benjamin… 45 600

Dan 64400

Aser 53400

Nephthali … 45 400

Au total: 601 730 hommes de vingt ans et au-dessus, auxquelsil faut ajouter 23^000 Lévites d’un mois et au-dessus.Num., xxvi, 1-62. En comparant ce tableau auprécédent, on constate une diminution de 1 820, sanstenir compte des Lévites qui augmentent de 700 ou1 000. La tribu de Siméon est la plus éprouvée, probablementparce que les 24000 hommes qui venaient depérir, à la suite des immoralités dont le SiméoniteZa-mri avait donné l’exemple, lui appartenaient. Num., xxv, 9-14. Siméon perdait 37100, Nephthali, 8000, Éphraïm, 8000, Gad, 5150 et Ruben, 2770. Par contre, Manassé gagnait 20500, Aser, 11900, Benjamin, 10200, Issachar, 9900, Zabulon, 3100, Juda, i 900 et Dan 1 700.Ce dénombrement avait son importance, parce que laPalestine allait être partagée entre les tribus au proratede la population de chacune. Num., xxvi, 54.

4° Dans la dernière année de son règne, David eutl’idée de faire le dénombrement de son peuple et ilconfia à Joab le soin d’exécuter cette opération. Joabaugurait mal de ce dénombrement; il le fit opérer cependantpar les officiers de l’armée. Mais on s’arrêtaavant d’avoir recensé la tribu de Benjamin et la tribude Lévi, cette dernière, du reste, étant exempte d’unrecensem*nt qui concernait les hommes capables deporter les armes. Le total obtenu fut, d’après II Reg., xxiv, 9: 800000 hommes en Israël et 500000 en Juda, et d’après I Par., xxi, 5; 1100000 en Israël et 470.000en Juda. Le roi comprit qu’il avait commis une faute.Voir David, t. ii, col. 1318. La punition fut une pestequi causa la mort de 70 000 hommes. II Reg., xxiv, 15;

I Par., xxi, . 14. De Josué à David, la population militairedes Israélites avait donc passé de 601.730 hommesà 1 300 000 ou 1 570000, d’où une augmentation de 700000à 970000 hommes environ. Les 601 730 hommes du dénombrementmosaïque représentent l’accroissem*nt dela population militaire d’Israël pendant 470 ans, de l’arrivéede Jacob en Egypte (1923) à l’entrée daas la TerrePromise (1453); les 700000 ou 970000 hommes représententl’accroissem*nt pendant 438 ans, de Josué à la finde David (1015). Toutefois, à ce dernier total, manque ledénombrement de Benjamin, d’où un déchet probabled’environ 400000 hommes. — Sur l’effectif des arméespendant la période royale, voir Armée chez les Hébreux, t. i, col. 979-980.

5° Il n’est pas possible de faire le dénombrement desIsraélites qui furent conduits en exil à l’époque de lacaptivité. Voir Captivité, t. ii, col. 227-232. En ce quiconcerne le royaume d’Israël, aucun chiffre n’est donné.IV Reg., xv, 29; xvii, 23; I Par., v, 26. Quant auroyaume de Juda, on n’a que des chiffres incomplets,

II est une fois question de 10 000 hommes ou peut-êtrede 18000, IV Reg., xxiv, 14, 16. Jérémie, lii, 28-30, parle de 4 600 personnes en trois déportations de 3023, de 832 et de 745. Comme ces chiffres ne comprennentde part et d’autre que les notables, les hommes deguerre et les artisans, les éléments font défaut pourétablir un compte, même approximatif. Josèphe, Ant.jud., X, vi, 3; vii, 1, mentionne un premier convoi de3000 prisonniers et un second de 10832.

6° On a des renseignements plus positifs sur la populationqui revint en Palestine après la captivité. Ledénombrement de ceux qui revinrent avec Zorobabelse trouve dans les trois listes suivantes:

I Esd.. II Estî., III Est! ., n, 2-60. vii, 1-66. v, 7-31.

Hommes d’Israël 24144 25406 26 390

Prêtres 4 289 4 289 2 388

Lévites 341 360 341

Nathinéens et serviteurs …. 392 392 372Hommes de descendance incertaine652 642 652

Total… 29819 31089 30143

Les trois textes ajoutent ensuite un même total identiquede 42 360 personnes, supérieur de plus d’un quartaux totaux partiels dont le détail avait été fourni. Ladifférence représenterait le nombre des anciens habitantsdu royaume d’Israël qui s’étaient joints aux Juifs.Cf. Séder Olam rabba, 29, in-f°, Lyon, 1608, p. 31. Mais «ette explication n’est point certaine. Toujours est-il quele total général doit être regardé comme authentique, puisqu’il est le même dans les différents textes. Josèphe, Ant. jud, , XI, iii, 10, a des chiffres fantastiques: 4 628000 personnes au-dessus de 12 ans, se décomposanten 74 Lévites, 40 742 femmes et enfants, 128 chantres, 110 portiers, 392 servants, 662 de descendance douteuse, 525 prêtres ayant renoncé à leur sacerdoce, 7 337 esclaves, 245 chanteurs et musiciens. Le seul chiffre de392 servants est d’accord avec celui des livres d’Esdras.

1687

NOMBRE

1688

7° Avec le scribe Esdras revint une nouvelle caravane

ainsi composée:

Prêtres et Israélites.

Lévites

Natbinéens

Total.

1772

m Esd.,

VIII, .12-50.

1574

38

220

1832

Enfin, parmi ceux qui avaient épousé des femmes étrangères, Esdras compta 17 prêtres, 10 lévites et 86 Israélites, en tout 113. I Esd., x, 18-43.

8° À l’époque évangélique, il est fait mention du re-’censément de Cyrinus, Luc, ii, 1-5; mais les résultatsn’en sont pas donnés. Voir Cyrinus, t. ii, col. 1188-1190, et Schùrer, Geschichte des jûdischen Volkes, Leipzig, t. 1, 1901, p. 508-543. — Quelques autres renseignementsnumériques sont fournis à l’occasion, pour signaler les5000 hommes de la première multiplication des pains; ils avaient été rangés au préalable par groupes de 50 etde 100, Matth., xiv, 21: MarCj vi, 40, 44; Luc, ix, 14; Joa., vi, 10; — les 4 000 hommes de la seconde multiplication, Matth., xv, 38; Marc, viii, 9; — les 500 disciplesqui virent le Christ ressuscité, I Cor., xv, 6; —les 120 disciples du cénacle, Act., i, 15; — les 3000 premiersconvertis de saint Pierre, Act., ii, 41; — les 5000convertis à la suite du second discours, Act., iii, 4; etc.

9° Saint Jean donne le nombre symbolique des serviteursde Dieu: 144000, dont 12000 de chaque tribu.Apoc, vil, 3-8; xiv, 3. Les tribus sont nommées dansl’ordre suivant:

Juda

Nephthali

Issachar

Ruben

Manassé

Zabulon

Gad

Siméon

Joseph

Aser

Lévi

Benjamin

Dans les nomenclatures qui sont faites des tribus, quandil s’agit des partages de territoires, Lévi n’est pas nommé; par contre, Joseph est représenté par Éphraïm etManassé. Ici, Lévi est mentionné, mais Dan est omis etJoseph est nommé, bien que Manassé le soit aussi. Ona donné diverses explications à ce sujet, entre autresque l’Antéchrist devant naître de la tribu de Dan, il convenaitque cette tribu fût passée sous silence par saintJean. Voir Antéchrist, t. i, col. 660. S. Irénée, Adv.haïr., v, 30, t. vii, col. 1 205; S. Augustin, In Heptat., vi, 22, t. xxxiv, col. 788; S. Grégoire, Moral., xxxi, 24, t. lxxvi, col. 596. Comme Joseph représente déjàManassé, il est beaucoup plus probable que l’omissionde Dan est due à des copistes qui auront confondu Aavavec Mav, commencement du nom de Manassé.

10° Un dernier dénombrement, extra-biblique maisintéressant la nationalité juive et justifiant une des prophétiesdu Sauveur, est celui des victimes que fit laguerre de Judée, sous Vespasien et Titus. En additionnantles nombres partiels que Josèphe donne dans sonlivre sur la guerre de Judée, on arrive à un total de1362660 tués, dont principalement 20000 à Césarée, Bell, jud., H, xxviii, 1; 60 000 en Egypte. VII, viii, 7; 15000 à Japha, III, vii, 31; 40, 000 à Jotapata, III, vii, 36; et enfin, 1100000 à Jérusalem, VI, ix, 3. Le nombredes prisonniers faits pendant toute la guerre fut de97000, Bell, jud., VI, ix, 3, dont 36400 à Tarichée, III, x, 9. Cf. de Champagny, Rome et la Judée, Paris, 1876, t. ii, p. 182, 183. Les Juifs auraient ainsi perdu pen.dant cette guerre près d’un million et demi des leurs.Tacite, Hist., v, 13, réduit à 600 000 le nombre des assiégésde Jérusalem, et dans ce chiffre il comprend leshommes et les femmes de tout âge. Sur l’exagérationdes chiffres fournis par Josèphe, voir F. de Saulcy, Lesderniers jours de Jérusalem, Paris, ’1866, p. 91, 417-420.

VII. Les nombres historiques et mystiques de laBible. — Il y a dans la Sainte Écriture des nombres

qui appellent l’attention, à raison de la fréquence aveclaquelle ils sont employés, de l’importance qu’on leurprête ou du caractère mystique qui leur est assigné. Cesnombres sont principalement les suivants:

1° Un. — L’unité est la caractéristique de Dieu, Deut., VI, 4; Mal., ii, 10; de son sanctuaire, Deut., xii, 5; duPasteur qu’il enverra à son peuple, Ezech., xxxiv, 23; du Christ, maître des hommes, Matth., xxiii, 10; de laTrinité divine, Joa., x, 30; xvii, 22; de l’Eglise, Eph., v, 25-27, etc.

2° Deux. — Il y a, parmi les choses profanes, les2 grands luminaires du ciel, Gen., i, 16; les 2 êtres humainsen une seule chair, Gen., ii, 23; les 2 fils d’Abraham, Gal., iv, 22; les 2 fils de Rébecca, Gen., xxv, 23; les 2 royaumes de Juda et d’Israël, I Reg., xii, 19; les2 poissons de la multiplication des pains, Matth., xiv, 19; les 2 glaives de Pierre, Luc, xxii, 38; les 21arrons, Matth., xxvii, 38, etc.; et parmi jes choses sacrées, les2 chérubins de l’Arche, Exod., xxv, 18; les 2 tables dela loi, Exod., xxxi, 18; les 2 boucs expiatoires, Lev., XVT, 8; les 2 colonnes du Temple, III Reg., vil, 15; les2 veaux d’or de Jéroboam, III Reg., xii, 28; les 2 olivierset les 2 verges de Zacharie, iv, 3; xi, 7; les2 anges d’Héliodore, II Mach., iii, 26; les 2 tourterelleset les 2 colombes de la purification, Luc, ii, 24; les2 anges du Tombeau, Joa., xx, 12; les 2 anges de l’Ascension, Act., i, 10; les 2 Testaments, Gal., iv, 24; les

2 témoins de l’Apocalypse, xi, 3, 4, etc.

3° Trois. — La Sainte Écriture mentionne les 3 fils deNoé, Gen., vi, 10; les 3 amis de Job, ii, 11; les 3 justesd’Ezéchiel, xiv, 14; les 3 compagnons de Daniel, "m, 23; les 3 villes de refuge, Deut., xix, 2; les 3 ans de famineet les 3 jours de peste sous David, II Reg., xxi, 1; xxiv, 18; les 3 jours de chemin à faire dans le désert par lesHébreux, Exod., iii, 18; xv, 22; les 3 jours de jeûne deSara, fille de Raguel, Tob., iii, 10, et des Juifs de Suse, Esth., iv, 16; les 3 semaines de deuil de Daniel, x, 2; les 3 reniements de saint Pierre, Matth., xxvi, 34; les

3 témoins terrestres, I Joa., v, 8; etc. Dans l’ordre deschoses saintes, les 3 anges qui apparaissent à Abraham, Gen., xviii, 2; les 3 pèlerinages annuels à Jérusalem, Exod., xxxiv, 23; les 3 prières quotidiennes de Daniel, vi, 10; les 3 jours de Jonas, ii, 1, figurant les 3 joursde la sépulture du Sauveur, Matth., xii, 40; xxvii, 63; les 3 personnes de la Sainte Trinité, Matth., xxxviii, 19; les 3 vertus théologales, I Cor., xiii, 13; la triplevision de saint Pierre, Act., x, 16, etc.

4° Quatre. — Ce nombre n’est signalé que par les

4 fleuves de l’Éden, Gen., iv, 10; les 4 vents ou 4 extrémitésdu monde, Is., xi, 12; Jer., xlix, 36; Marc, xm, 27; les 4 animaux d’Ezéchiel, i, 5, figures des4 évangélistes; les 4 empires, Dan., ii, 37-40, et les4 animaux de Daniel, vii, 3, et de l’Apocalypse, iv, 6; les

4 chars de Zacharie, vi, 1; les 4 anges de l’Apocalypse, vu, 1; les 4 jours de Lazare au tombeau, Joa., xi, 17; les 4 parts des vêtements du Sauveur crucifié, Joa., xix, 23, etc.

5° Cinq. — Ce nombre a peu d’importance. Il fautrendre 5 bœufs pour un qu’on a dérobé. Exod., xxii, 1.Les princes d’Israël offrent, dans leurs sacrifices pacifiques, 5 béliers, 5 boucs, 5 agneaux, Num., vii, 17-83, et les Philistins renvoient 5 ex-voto d’or avec l’Arche.I Reg., vi, 5. David demande 5 pains à Achimélech, I Reg., xxi, 3, et 5 pains servent au miracle de la multiplication.Matth., xiv, 17. Une parabole met en scène

5 vierges sages et 5 vierges folles. Matth., xxv, 2. LeSeigneur promet que 5 Israélites fidèles poursuivront100 ennemis, Lev., xxvi, 8, et saint Paul préfère 5 parolesintelligibles à 10000 en langue incomprise. I Cor., xiv, 19.

6° Six. — Il n’y a à signaler que les 6 jours de travailpar semaine et les 6 années consécutives de culturepermis aux Israélites, Exod., Xx, 9; xxiii, 10, les

6 ailes des séraphins, Is., vi, 2, et les 6 urnes de pierrede Cana. Joa., ii, 6.

7° Sept. — C’est le nombre qui revient le plus souventdans l’usage ordinaire de la vie religieuse ou civiledes Hébreux. Son importance lui vient de la division dutemps en périodes de 7 jours, consacrée par la premièrepage du Livre sacré. Gen., i, 5-31; ii, 2. Aussi est-il trèsusité dans les choses saintes. Abraham donne 7 brebispour garantir un serment. Gen., xxi, 30. Il y a 7 joursdes azymes, Exod., xii, 15; 7 jours de fête des Tabernacles, Lev., xxiii, 34; le 7e jour à consacrer au Seigneur, Exod., xx, 10; 7 jours pour la consécrationd’Aaron et de ses fils, Exod., xxix, 35; 7 pour la consécrationde l’autel, Exod., xxix, 37; II Par., vii, 8, 9. Ily a 7 semaines entre la Pâque et la Pentecôte. Lev., xxm, 15. Les sacrifices comprennent fréquemment

7 animaux de la même espèce. Lev., xxiii, 18; Num., xxm, 1; xxviii, 11; Job, xlii, 8, etc. Les aspersions serépètent ordinairement 7 fois. Lev., iv, 6, 17; xiv, 7; xvi, 14; Num., xix, 4. Le chandelier du sanctuaire a7 branches. Exod., xxv, 37. Il y a 7 anges devant leSeigneur, Tob., xii, 15; 7 louanges quotidiennes adresséesà Dieu, Ps. cxviii (cxix), 164; 7 dons du Saint-Esprit, Is., xi, 2, 3; 7 églises auxquelles écrit saintJean. Apoc, i, 4. De plus, le nombre 7 est souvent employédans les visions prophétiques. Is., iv, 1; xxx, 26; Jer., xv, 9; xxxil, 9; Ezech, , xxxix, 9; XL, 22; xliii, 25; xlv, 21; Dan., iv, 13, 22, 29; xiv, 31; Mich., v, 1; Zach., iii, 9; iv, 2, etc. Dans l’Apocalypse en particulier, saint Jean mentionne 7 candélabres, i, 12; 7 étoiles, i, 16; 7 esprits, iii, 1; 7 lampes, iv, 5; 7 sceaux, v, 1; 7 cornes et 7 yeux, v, 6; 7 anges et 7 trompettes, viii, 2; 7 tonnerres, x, 3; 7 têtes et 7 diadèmes, xii, 3; 7 anges et 7 plaies, xv, 1; 7 montagnes et 7 rois, xvii, 9, etc. — Au point de vue profane il faut citer les7 ans de service de Jacob chez Laban, répétés une secondefois, Gen., xxix, 18, 30, et ses 7 salutations àÉsaû, Gen., xxxiii, 3; les 7 vaches et les 7 épis dessonges expliqués par Joseph, Gen., xli, 26; les 7 joursdurant lesquels Marie, sœur de Moïse, est exclue ducamp, Lev., xii, 14; les 7 nations exterminées devantIsraël, Deut., vii, 1; les 7 immersions deNaaman dansle Jourdain, IV Reg., v, 10; les 7 maris de Sara, fille deRaguel, Tob., iii, 8, 10, et les 7 frères morts successivement, Matth., xxii, 25; les 7 frères Machabées, II Mach., vii, 1; les 7 diacres, Act., vi, 3; les 7 chutesdu juste, Prov., xxiv, 16; les 7 démons de la rechute, Matth., xii, 47, et les 7 démons de Madeleine, Marc., xvi, 9; les 7 pardons à accorder 70 fois, Matth., xviii, 22; Luc, xvii, 4; le septuple châtiment de l’infidélité, Lev., xxvi, 28; les 7 jours que durent le deuil, Gen., l, 10; Judith, xvi, 29; Eccli., xxii, 13; Ezech., iii, 15; certainsjeûnes, I Reg., xxxi, 13; I Par., x, 12; les noceset les réjouissances, Jud., xiv, 17; Tob., xr, 21; Esth., i, 15; certaines impuretés, Lev., xii, 2; xiii, 4, 26, etc.; la7e année ou année sabbatique, Lev., xxv, 4, etc.

8° Huit. — Ce chiffre ne marque que l’octave desfêtes, Lev., xxiii, 36; Joa., xx, 26, etc., et le jour oùdoit se pratiquer la circoncision. Gen., xxi, 4; Lev., xii, 3; Luc., ii, 21.

9° Dix. — Il y a 10 commandements. Exod., xxxiv, 28. Il y eut 10 plaies d’Egypte. Exod., vii, 14-xii, 29.Les Israélites doivent payer la dîme de leurs produits.Exod., xxii, 29. Booz prend 10 témoins pour épouserRuth. Ruth, iv, 2. Notre-Seigneur guérit 10 lépreux, Luc, xvii, 12, et met en scène, dans ses paraboles, 10 vierges, Matth., xxv, 1, et 10 serviteurs recevant10 mines à faire valoir. Luc, xix, 13.

10° Douze. — Ismaël a 12 fils, qui deviennent chefsde tribus. Gen., xxv, 13-16. Jacob a 12 fils, Gen., xxix, 32-xxx, 24, qui deviennent les chefs des 12 tribus d’Israfil.Gen., xux, 28. De ce nombre des tribus dépendcelui de certaines institutions et de certains faits. Il y

a 12 pierres g l’autel de l’alliance bâti par Moïse, Exod., xxrv, 4; 12 noms gravés sur le pectoral, Exod., xxviii, 21; 12 pains de proposition, Lev., xxiv, 5; 12 vergespour déterminer la confirmation divine du choix d’Aaron, Num., xvii, 2; 12 explorateurs envoyés en Chanaan, Deut., i, 23; 12 pierres choisies par 12 hommes dans lelit du Jourdain, pour en faire un monument commémoratif, Jos., iv, 3; 12 morceaux de la femme du lévite, Jud., xix, 29; 12 intendants de Salomon sur Israël, III Reg., iv, 7; 12 bœufs de bronze soutenant la mer d’airain, III Reg., vii, 25; 12 morceaux symboliques faitsavec le manteau d’Ahias, III Reg., xi, 30; 12 pierres àl’autel bâti par Élie, III Reg., xviii, 31; 12 hommes parfamille de chantres, I Par., xxv, 9-31; 12 portes et12 pierres fondamentales à la Jérusalem céleste. Apoc, xxi, 12-14. Dans les sacrifices, 12 animaux de mêmeespèce sont assez souvent immolés. Num., vii, 87; xxix, 17; I Esd., vi, 17; viii, 35. — Il y avait 12 sources àÉlim. Exod., xv, 27. Elisée labourait avec 12 paires debœufs. III Reg., xix, 19. L’Écriture mentionne encoreles 12 petit* prophètes, Eccli., xlix, 12; les 12 signes duzodiaque, IV Reg., xxiii, 5; les 12 heures du jour, Joa., xi, 9; les 12 ans de Jésus à son premier pèlerinage àJérusalem, Luc, ii, 42; les 12 ans de la fille de Jaïre, Luc, VIII, 42; les 12 corbeilles qui restent après lapremière multiplication des pains, Joa., vi, 13; les12 étoiles à la couronne de la femme de l’Apocalypse, xii, 1; les 12 récoltes de l’arbre de vie, Apoc, xxii, 2, et surtout les 12 Apôtres, dont le nombre correspondà celui des 12 patriarches de l’ancienne loi. Matth., x, 1, 2.

11° Trente. — Ce nombre est celui des 30 siclesd’argent à payer pour un esclave frappé par un bœui, Exod., xxi, 32, des 30 sicles d’argent payés au pasteur, Zach., xi, 12, 13, et des 30 pièces d’argent payées àJudas pour prix de sa trahison. Matth., xxvi, 15; xxvii, 3-9. Le deuil d’Aaron et celui de Moïse durèrent 30 jours.Num., xx, 30; xxxiv, 8. Au désert, les Lévites commencèrentleur service à 30 ans, Num., iv, 23; Notre-Seigneurcommença son ministère à environ 30 ans. Luc, m, 23. Samson avait 30 compagnons, Jud., xiv, 11, etDavid 30 vaillants chefs. I Par., xi, 11.

12° Quarante. — La sainte Écriture mentionne40 jours de pluie pour le déluge, Gen., vii, 12; 40 joursemployés à l’embaumement de Jacob, Gen., l, 3; les40 ans de séjour au désert, Exod., xvi, 35; Num., xiv, 33; les 40 jours que Moïse passe par deux fois sur leSinaï, Exod., xxiv, 18; xxxiv, 28; les 40 jours quedure le défi de Goliath, I Reg., xvii, 16; les 40 joursde marche du prophète Élie, III Reg., xix, 8; les 40 joursdonnés à Ninive pour faire pénitence, Jon., iii, 4; les40 jours durant lesquels de brillants cavaliers apparurentdans les airs au-dessus de Jérusalem, II Mach., v, 2; les 40 jours du jeûne de Jésus, Matth., iv, 2, etles 40 jours de ses apparitions après sa résurrection.Act., i, 3.

13° Soixante-dix. — Les Hébreux qui vont en Egypteavec Jacob sont au nombre de 70. Gen., xlvi, 27. LesÉgyptiens portent 70 jours le deuil de Jacob. Gen., l, 3. Des anciens, au nombre de 70, ont à se prosternerau pied du Sinaï, Exod., xxi, 4, et sont ensuite associésà Moïse. Num., xi, 16. Ézéchiel, viii, 11, voit70 anciens adorer les idoles. Adonibézec tenait enchaînés70 rois qu’il avait mutilés. Jud, , I, 7. À Bethsamès, 70 hommes furent frappés pour manque de respect àl’arche. I Reg., vi, 19. De même, 70 prêtres de Belfurent punis de mort pour leur supercherie. Dan., xiv, 9. Gédéon avait 70 fils, Jud., viii, 30, Abdon 70 fils etpetit*-fils, Jud., xii, 14, et Achab 70 fils à Samarie. IVReg., x, 1. La durée ordinaire de la vie est de 70 ans.Ps. xc (lxxxix), 10. Tyr sera réduite en servitude70 ans. Ie., xxm. 15. La cantivité iniiigée aux Israélitesa duré 70 ans. Jer., xxv, 11; II Par., xxxvi, 21; Dan., t691

NOMBRE

1692

ix, 2. Daniel, ix, 24, prédit les 70 semaines d’annéesqui s’écouleront jusqu’à la venue du Messie.

14° Cent. — Ce nombre est relativement rare dans laBible. Celui qui accuse à tort une vierge d’Israël paie100 sicles d’argent. Deut., xxii, 19. Jacob avait achetéun champ des fils d’Hémorau prix de 100 qésitas.Gen., xxxiii, 19. Saül promit sa fille Michol en mariage à quirapporterait les dépouilles de 100 Philistins. I Reg., xviii, 25. Abdias sauva 100 prophètes des coups de Jézabel.III Reg., xviii, 4. L’homme vit au plus 100 ans, Eccli., XVIII, 8, âge qui ne sera que jeunesse dans leroyaume futur. Is., lxv, 20. Le bon Pasteur qui a100 brebis en laisse 99 pour courir après celle quis’égare. Matth., xviii, 12. Nicodème apporta 100 livresd’aromates pour embaumer le Sauveur. Joa., xix, 39.Le centuple est promis à celui qui quitte tout pourNotre-Seigneur. Matth., xix, 29; Marc, xi, 30.

15° Mille. — Le nombre 1000 est quelquefois employédans son sens numérique exact. Abimélech donne àAbraham 1000 pièces d’argent en dédommagement. Gen., XX, 16. Joab se trouve en face d’un Israélite qui, à ceprix, n’aurait pas voulu tuer Absalom.II Reg., xviii, 12.Les fruits de la vigne de Salomon vaudraient 1000 siclesd’argent. Cant., viii, 11. Cf. Is., vii, 23. Salomon offre1000 holocaustes à Gabaon. III Reg., iii, 4. Daniel, iii, 40, parle d’holocaustes de 1000 brebis. Chaque tribufournit 1000 hommes contre les Madianites.Num., xxxi, 4. On compte 1000 personnes qui périssent dans la tourde Sichem. Jud., ix, 49. Samson tue 1000 Philistins avecla mâchoire d’âne. Jud., xv, 15. David est établi parSaûl chef de 1000 hommes. I Reg., xviii, 13. Baltassardonne un festin à 1000 de ses princes. Dan., v, 1. Dansla tour de David sont suspendus 1000 boucliers. Cant., iv, 4. — Mais souvent le nombre 1000 est mis pour unequantité indéfinie. Dieu étend sa miséricorde à 1000 générations.Exod., xx, 6; Deut., vii, 9; Jer., xxxii, 18.Ses commandements sont pour 1000 générations. Ps.civ (cv), 8; I Par., xvi, 15. Fidèles à Dieu, les Israélitespoursuivront leurs ennemis un contre 1000, Jos., xxiii, 10; infidèles, 1000 fuiront devant un seul. Is., xxx, 17.On ne peut répondre à Dieu en un cas sur 1000. Job, ix, 3. Pour Dieu, 1000 ans sont comme un jour. Ps.lxxxix (xc), 4. Pour trouver ce qu’il y a de meilleur, on choisit un entre 1000. Eccle., vii, 29; Cant., v, 10; Eccli., vi, 6; xvi, 3; xxx, 15; etc. L’accroissem*nt de1 à 1000 caractérisera le temps messianique. Is., lx, 22. Pour son châtiment, une ville de 1000 sera réduiteà 100. Am., v, 3. À cause de la naissance du Messie, Bethléhem ne sera pas la moindre parmi les 1000 deJuda. Mich., v, 2. Que celui.qui est forcé de marcher1000 pas en marche 2000. Matth., v, 41. Sur les lOOOansdu règne du Christ avec les saints, Apoc, xx, 2-7, voir

MiLLÉNARISME, Cûl. 1090-1097.

16° Dix mille. — L’emploi de ce nombre à propos detroupes est relativement fréquent. Jud., i, 4; iii, 29; iv, 6; vii, 3; xxi, 10; I Reg., xv, 4; III Reg., v, 14; IMach., iv, 29; x, 74; II Mach., xii, 19; Luc, xiv, 31. Il sertaussi pour les sommes d’argent, Esth., iii, 9; Matth., xviii, 24, pour les animaux, II Par., xxx, 24, pour lesmesures. II Par., xxvii, 5, etc. Il est également usitépour exprimer une quantité très considérable, maisindéfinie. Deux Israélites fidèles poursuivront 10000 ennemis.Deut., xxxii, 30. David a tué ses 10000. I Reg., xviii, 7. Le peuple disait â David: «Roi, tu es comme10000 d’entre nous.» „II Reg., xviii, 3. Il y en a 10000qui tombent à droite de celui que Dieu protège. Ps. xc(xci), 7. Saint Paul dit aux Corinthiens que, même s’ilsavaient 10 000 maîtres, ils n’ont qu’un père. I Cor., iv, 15, etc.

17° Enfin, dans l’Apocalypse, xiii, 18, saint Jean donnele chiffre de 666 comme devant être’celui de la bête quiviendra dans les derniers temps combattre le royaumedu Christ sur la terre. L’apôtre remarque que ce nombre sera celui d’un homme. Le nombre de 666 apparaîtdéjà comme celui des fils d’Adonicàm qui revinrentavec Zorobabel. I Esd., ii, 13. Ce nombre est porté à667 dans II Esd., vii, 18. Le nom de âdmîqâm signifierait «seigneur des ennemis». Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 329. Mais on ne voit pas ce qu’on pourraittirer de là. — Le nombre 666 s’écrirait en hébreu: imn; en grec: XEî"’; en latin: DCLXVI. Y a-t-il à formerun nom avec ces lettres, au moins celles de l’hébreu?Est-on assuré d’ailleurs de la langue dans laquellesaint Jean suppose la transcription numérique? — Ona aussi cherché des noms d’hommes dont la somme deslettres, prises numériquement, donnât le chiffre voulu.De là les hypothèses faites sur AATEINOS, l’empirelatin, TEITAN, noms proposés par saint Irénée, Adv.hœr., v, 30, t. vii, col. 1206; inp rii, Néron César, cꝟ. 1. 1, eol. 748; DIoCLes aVgVstVs, Dioclétien Auguste; C. F. IVLIANVS. C/ES, AVG., C. F. Julien, César, Auguste, etc. D’après la Gematria d’Abenesra, dans lenom de Jéhovah, t = 10, n = 5, >= 6; la somme desdeux premières lettres est 15, qui donne au carré 225; la somme des trois lettres est 21, qui donne au carré441; or 225 + 441 = 666. Il est vrai que, dans ce calcul, Abenesra n’a nullement l’intention d’expliquer lenombre apocalyptique. Cf. Karppe, Etud. sur les orig.et la nature du Zohar, Paris, 1901, p. 200. On pourraitmultiplier indéfiniment les combinaisons semblables, àl’aide des différents alphabets, sans qu’aucune certitudeen découlât logiquement.il s’agit ici d’un fait qui, étantdonnée la place que saint Jean lui assigne dans sonlivre, précédera d’assez peu le jugement de Dieu. Cefait appartient donc encore à l’avenir, et il ne paraitpas qu’il y ait utilité pour nous à en avoir la clef. SaintIrénée, Adv. hœr., v, 30, t. vii, col. 1207, dit à cesujet: «Il n’y a pas de péril en la demeure et nousn’affirmons pas d’une manière positive qu’il portera telou tel nom. Nous savons que si ce nom avait eu à êtrepublié actuellement, il aurait été révélé par celui quiavait vu l’Apocalypse.»

VIII. Symbolisme des nombres. — 1° Réalité de cesymbolisme. — 1. Comme on vient de le constater, certainsnombres reviennent avec affectation dans la SainteÉcriture. C’est donc qu’on leur prêtait une significationparticulière. Il est dit d’ailleurs que «Dieu a disposétoutes chosesavec mesure, nombreet poids», Sap., xi, 21, c’est-à-dire avec cette harmonie parfaite qui a porté lespythagoriciens à donner au monde le nom de xôajioç, «bon ordre.» Cf. Plutarque, Moral., édit., Dûbner, Paris, 1846-1855, p. 886. Déjà, chez les Chaldéens, «lesnotions positives s’entremêlaient bizarrement à des considérationsmystiques sur la puissance des nombres, sur les liens qui les attachaient aux Dieux.» MasperoHistoire ancienne, t. i, p. 774. Les Hébreux conservèrentquelque chose de ce goût pour l’interprétation mystiquedes nombres. — 2. Après avoir voyagé en Orientet surtout en Egypte, pour se rendre compte des doctrinesdes différents peuples, Pythagore, vers le milieudu vi c siècle avant Jésus-Christ, par conséquent pendantla captivité des Juifs à Babylone, formula son principephilosophique que «les nombres sont les principes deschoses». Dieu, l’unité absolue, est l’origine suprême detous les nombres. On se demande si, pour Pythagore, les nombres sont des éléments substantiels et des causesefficientes, ou seulement des archétypes ou des symboles.Toujours est-il que ces nombres se composent dedeux principes, le un, ou monade, principe non produitet essentiellement parfait, et le. deux, ou dyade^principe produit par l’intervention du. «vide» ou «inKtervalle» et essentiellement imparfait. Cf. Aristote, Phys., IV, 6; Wendt, De rerum principiis sec. Pytbttg., , Leipzig, 1827; Chaigne, Pythagoreét laphilos. pyt.hag., .Paris, 1873; Josèphe, Cont. Apion., i, 22; S. Justin, Cohort._ad. Grsec., 14, t. vi, col. 270, et l’auteur des Philoso-"

phumena, îx, 4, édit. Cruice, Paris, 1860, p. 466, affirmentque des emprunts ont été faits par Pythagore auxdoctrines juives. D’autre part, le premier signale l’influencedes idées de ce philosophe sur le genre de viedes Esséniens. Ant. jud-, XV, x, 4. Cf. Schùrer, Gesehichtedes jûdischen Volkes im Zeit J.-C, Leipzig, t. ii, 1898, p. 574, 583. Philon, que les Pères rattachentà la fois à Platon et à Pythagore, cf. Clément d’Alexandrie, Stromat., i, 15, 72; ii, 19, 100, t. viii, col. 814, 1040; Eusèbe, H. E., II, 4, 3, t. xx, col. 145; S. Jérôme, Epist. txxadMagn., 3, t. xxii, col. 667, avait écritun livre aujourd’hui perdu rcep àpt6[jt.wv, «sur les nombres,» dans lequel il expliquait la vertu des nombreset auquel il fait lui-même allusion. Vit. Mosis, iii, 11; De opific. mundi, append., édit. Mangey, t. ii, p. 152; t. i, p. 43. On ne peut évidemment prétendre que lesécrivains sacrés postérieurs à Pythagore aient empruntéquoi que ce soit à ce philosophe. Mais les écrivainsjuifs et chrétiens se sont certainement inspirés de sesidées sur l’importance des nombres. — 3. Ainsi Athénagore, Légat, pro christ., 6, t. vi, col. 902, cite l’opiniondes pythagoriciens sur la valeur du nombre 10, qui renferme toutes les raisons et toutes les harmoniesdes autres. D’après l’auteur des Philosophumena, iv, 7, dans le système de Pythagore, utilisé par les hérétiques, les nombres 1 et 3 étaient mâles, les nombres 2 et 4étaient femelles, et 10, somme de ces quatre nombresgénérateurs, était un nombre parfait. Cf. Philosophumena, i, 2, p. 8-14; vi, 11, p. 269-278. Saint Justin, Cohort.ad Grœc, 4, t. vi, col. 248, et saint Irénée, Adv. hser., il, 14, t. vii, col. 752, admettent le principe pythagoriciensur l’importance des nombres et sont obligésde suivre les hérétiques sur ce terrain. Saint Àmbroise, Epist. XLir, t. xvi, col. 1136, entreprend d’expliquerles nombres «non à la manière de Pythagoreet des autres philosophes, mais selon la forme et lesdivisions de la grâce spirituelle». Il ne convenait pasen effet d’interpréter les nombres de la Sainte Ecritured’après des principes qui lui fussent étrangers. — 4. Cesont surtout les Pères occidentaux qui cherchent l’explicationsymbolique des nombres. Saint Irénée, Adv.hseres., i, 14; ii, 24, t. vii, col. 603-608, 788-795, supposela réalité de ce symbolisme; il observe toutefois, n, 28, col. 810, que souvent les conclusions tirées desnombres sont vaines, et déclare, ii, 25, col. 798, que cene sont pas les nombres qui font la règle, mais la règlequi commande les nombres. Saint Augustin est, de tousles Pères, celui qui s’attarde le plus volontiers, le pluslonguement et le plus subtilement à l’explication desnombres. Cf. De music., i, 12; t. xxxii, col. 1095; Epist. lv, ad inquis. Januar., 15-17, t. xxxiii, col. 218220; In Ps. vi, 1, 2; xux, 9, t. xxxvi, col. 90, 91, 570572; In Ps. cl, I, t. xxxvii, col. 1961, etc. Ailleurs, Dedoctr. christ., ii, 16, t. xxxiv, col.; 48, il pose en principeque «l’inintelligence des nombres empêche d’entendrebeaucoup de passages figurés et mystiques desÉcritures», et que, «dans beaucoup de formes desnombres, sont cachés certains secrets de similitude qui, à cause de l’inintelligence des nombres, restent inaccessiblespour le lecteur.» — 5. En fait, il ne paraît pasque les nombres aient par eux-mêmes une valeur symbolique.Celle que les Pères leur attribuent vient; uniquementdes choses dénombrées, si bien que, suivantla qualité de ces dernières, le même nombre a des symbolismesdivers ou même opposés. Il suit de là que lesymbolisme des nombres n’a qu’une importance très secondairepour l’interprétation des textes sacrés. Malgréson observation sur la nécessité de l’intelligence desnombres, saint Augustin en tire plus de choses curieusesque de choses utiles. Les autres Pères ne sont pas plusheureux que lui. En cherchant des mystères dans lesnombres, ils obéissent à une sorte de mode en vigueurde leur temps, mais ils n’apportent aucune contribution

vraiment sérieuse à l’explication des textes sacrés. Aussisaint Jérôme, In Gal., 1, 1, t. xxvi, col. 329, parle-t-il, sans les blâmer, de ceux qui regardent comme «tout àfait superflu de considérer les nombres qui sont dansl’Écriture». Les symbolismes attribués â différentsnombres sont simples ou composés, suivant qu’ils résultentdu nombre lui-même ou des nombres dont il secompose.

2° Symbolismes simples. — Les Pères assignent àplusieurs nombres une signification symbolique.

1. Un. — Conformément à la nature des choses, à lathéorie pythagoricienne et surtout à l’indication de laSainte Écriture, l’unité est le symbole et la caractéristiquedu Dieu suprême, principe de toutes choses. Cf.S. Augustin, De vera religione, xxxvi, t. xxxiv, col. 151; De Gen. ad Utt., 10, t. xxxvi, col. 234.

2. Deux. — Ce nombre n’est pas bon, parce qu’il marquel’exclusion de l’unité, la division, l’imperfection etla conjonction charnelle. Cf. S. Hilaire, In Ps. cxl, t. ix, col. 828; S. Ambroise, De Noe et arca, 12, t. xiv, col. 378; S. Jérôme, Epist., xlviii, 19, t. xxii, col. 508; Adv. Jovin., i, 16; t. xxiii, col. 236; In Zach., i, 1, t. xxv, col. 1422, etc. Cependant, le nombre 2 est pris quelquefoisdans un sens favorable. Cf. S. Ambroise, De xliimans., t. xvii, col. 11. Dans le Nouveau Testament, ilsymbolise la charité, dont la pratique nécessite au moinsdeux termes. Cf. S. Augustin, Quœst. in Evang., ii, 14, t. xxxv, col. 1339; S. Grégoire le Grand, Rom. xvii inEvang., t. lxxvi, col. 1139. De la défaveur attachée aunombre 2 résulterait le caractère favorable du nombreimpair. Cf. "Virgile, Eclog., viii, 75; S. Jérôme, Epist., xlviii, 19, t. xxii, col. 509; In Eccl., t. xxiii, col. 1046.

3. Trois. — Ce nombre avait déjà un caractère sacrédans le paganisme; c’était le nombre impair par excellence, par conséquent un nombre heureux et d’usagefréquent dans le culte des dieux. Il garda ce caractèrechez les Juifs, à cause du Dieu trois fois saint, Is., vi, 3, qui était, qui est et qui sera. Apoc, i, 4 y iv, 8. Larévélation du mystère de la sainte Trinité acheva derendre ce nombre sacré entre tous. Cf. S. Ambroise, DeAbrahamo, 1, t. xiv, col. 446; In Luc, i, 36, t. XV, col. 1548.

4. Quatre. — Certains regardaient ce nombre commenéfaste et à éviter, sans doute parce qu’il doublait lenombre 2. Saint Ambroise, Heccæin., i, 9, t. xiv, col. 205, déclare cette idée sans fondement. Pour toute l’antiquité, le nombre 4 symbolise l’univers, composé des 4 éléments, eau, terre, air et feu. Cf. S. Jérôme, In Agg., 2, t. xxv, col. 1401; S. Ambroise, De xlii mans., t. xvii, col. Il; De Abrah-, ii, 9, t. xiv, col. 487. Le monde estla révélation extérieure de Dieu, etDieu s’est révélé auxHébreux sous son nom de mn>, le TETpaYpâ|j.[jt.aTOv, Jéhovah, le nom à 4 lettres, de même que sous le NouveauTestament, il s’est révélé par les 4 Évangiles. Le nombre4 symbolise donc aussi la révélation. Du nombre 4 vientencore l’idée de carré et de cube, par conséquent destabilité. Cf. S. Jérôme, In Matth., ii, 15, t. xxvi, col. 112.

5. Cinq. — Ce nombre symbolise la loi mosaïque, contenuedans les 5 livres du Pentateuque, le peuple juifvivant sous cette loi, cf. S. Irénée, Adv. hser., ii, 24, t. VU, col. 794, 795; S. Augustin, In Ps.xux, 9, t. xxxvi, col. 571; Serm., xxxi, t. xxxviii, col. 198, et aussi lacontinence des 5 sens. Cf. S. Augustin, In Ps. xljx, 9, t. xxxvi, col. 570.

6. Sept. — Le nombre 7, particulièrement sacré cheztous les peuples, symbolise l’union de la divinité, représentéepar 3, avec le monde, réprésenté par 4, et spécialementavec le peuple d’Israël. Il est à remarquer qu’enhébreu le même mot 73tf signifie «sept» et» faireserment». Le nombre 7 intervenait en effet dans lescérémonies accompagnant le serment et l’alliance. Gen., xxi, 28; Hérodote, iii, 8, etc. II est écrit: «Dieu n’ou

bliera pas l’alliance qu’il a jurée, nisba’, à vos pères.» Deut., iv, 31; viii, 18. Le caractère mystérieux et sacrédu nombre 7 est reconnu par les Pères. Cf. S. Hilaire, In Ps. cxviii, xxi, 5, t. îx, col. 637; S. Ambroise, Epist.xliv, t. xvi, col. 1136; S. Jérôme, In Am., ii, 5, t. xxv, col. 1037; S. Grégoire de Nazianze, Orat. in Pent., 24, t. xxxvi. col. 431; S. Bernard, Serm. de temp, pose, 3, t. clxxxiii, col. 288, etc. Il est sacré à cause des 7couples d’animaux purs de l’arche, voir t. i, col. 614; cf. S. Jérôme, Adv. Jovin., i, 16, t. xxiii, col. 236; dusabbat et des 7 dons du Saint-Esprit. Cf. S. Jérôme, InIs., - ii, 5, t. xxiv, col. 72; S. Augustin, Serm. ccxlviii,

5, t. xxxviii, col. 1161. Il symbolise la perfection et laplénitude. Cf. S. Augustin, Qusest. xlii, In Heptat., v, 42, t. xxxiv, col. 765; In Ps. lxxviii, 10, t. xxxvi, col. 1019. S. Bernard, Serm. lii, de divers., t. clxxxiii, col. 675, y voit l’union de la foi, indiquée par le nombretrinitaire, et des mœurs, représentées par les quatre vertuscardinales. C’est un nombre vierge, parce qu’il n’engendrepas d’autres nombres. Cf. S. Ambroise, DeNoe et arca, 12, t. xiv, col. 378.

7. Huit. — C’est le chiffre de l’octave. Il marque lepassage de la synagogue, représentée par 7, nombre dusabbat, à l’Église, cf. S. Jérôme, In Ezech., xii, 40, t. xxv, col. 338, fondée sur la résurrection glorieuse duChrist, le lendemain du sabbat ou huitième jour. Cf.Epist. Bamabse, 15, t. ii, col. 771; S. Augustin, Epist.lv, 11, 13, t, xxxiil, col. 215. C’est aussi le symbole de lavraie circoncision, à cause de la circoncision judaïquepratiquée le huitième jour après la naissance, cf. S. Hilaire, InPs. cxviit, t. ix, col. 503; S. Jérôme, Adv. Lucifer., 22, t. xxiii, col. 176; Invgg.,% t. xxv, col. 1401, et le symbole de la perfection, parce que le 8e jourcomplète la solennité. Cf. S. Ambroise, In Ps. cxviii, prol., t. xv, col. 1198; S. Augustin, Epist. lv, t. xxxiii, col. 215.

8. Dix. — Ce nombre est heureux et parfait, à causede son rapport avec l’unité et des dix préceptes de laloi. Cf. S. Ambroise, De xlii mans., t. xvii, col. Il; S. Jérôme, Adv. Jovin., i, 22, t. xxiii, col. 240; S. Augustin, Serm. xxxi, t. xxxviii, col. 198. D’après Tertullien, De anim., 37, t. ii, col. 714, le 10= mois étantcelui de la naissance, le nombre 10 marque la renaissancespirituelle à la loi du Décalogue.

9. Douze. — Nombre sacré, à cause de la division dupeuple de Dieu entre 12 tribus. Cf. S. Augustin, InPs. ciii, 3, t. xxxvii, col. 1359.

10. Quinze. — Ce nombre symbolise la plénitude dela science, d’après S. Jérôme, In Gal. h i, 1, t. xxvi, col. 329.

11. Vingt. — Le nombre 20 participe à la défaveurqui frappe le nombre 2. Il est néfaste dans la SainteÉcriture. Cf. S. Jérôme, Adv. Jovin., i, 22, t. xxiii, col. 240.

12. Quarante. — Ce nombre est le symbole de la pénitenceet de la prière. Cf. S. Hilaire, In Matth., 3, t. ix, col. 928; S. Jérôme, In Jon., 3, t. xxv, col. 1140; S. Augustin, In Ps. ex, I, t. xxxvii, col. 1463. Il indiqueaussi l’ensemble des siècles. Cf. S. Augustin, InPs. xcir, 14, t. xxxvii, col. 1226; Serm., ccx, t. xxxviii, col. 1051.

13. Cinquante. — Le nombre 50 rappelle l’annéejubilaire et la descente du Saint-Esprit à la Pentecôte.Il symbolise donc la rémission du péché et l’effusionde la grâce. Cf. S. Hilaire, In Ps., prol., 10, t. ix, col. 238; S. Ambroise, De JVoe et arca, 33, t. xiv, col. 415; S. Jérôme, In Ezech., xii, 40, t. xxv, col. 387.

14. Soixante-dix. — Ce nombre a une significationmystique, comme multiple de deux autres nombressymboliques, 7 et 10. Cf. S. Augustin, Qusest. in Heptat., i, 152, t. xxxiv, col. 589.

lô; Mille. — Par ce nornbre sont symbolisés l’ensembledes générations et la perfection de la vie. Cf. S.

Augustin, In Ps. civ, 7, t. xxxvii, col. 1394; S. Grégoirele Grand, Moral., ix, 3, t. lxxv, col. 860.

3° Symbolismes composés. — Ces symbolismes résultentdes combinaisons d’idées fournies par les nombrespartiels dont se compose une totalité. — 1. Un premierexemple de ce genre de symbolisme se rencontre dansl’Épitre de Barnabe, 9, t. ii, col. 751. L’auteur veutrendre compte du nombre de 318 hommes circoncis parAbraham. Gen., xiv, 14; xvil, 27. D’après la numérationgrecque, H = 8 et I = 10; les deux premières lettresdu nom de Jésus, IH, valent donc 18. La lettre T = 300 eten même temps est la figure de la croix. Le nombre 318indique ainsi que les hommes sont sauvés par Jésusen croix. — 2. S. Augustin est celui des Pères qui goûtele mieux ce symbolisme compliqué, et il multiplie lesappels à l’attention de ses auditeurs pour qu’ils saisissentle sens de ses calculs. Voici quelques exemplesde sa méthode. Le nombre 12, qui est celui des Apôtresjugeant les 12 tribus d’Israël, Matth., xix, 28, signifieque l’Église est composée d’hommes appelés des 4 ventsau moyen du baptême conféré au nom des 3 personnesdivines; car 4 x 3 = 12. In Ps. lxxxvi, 4, t. xxxvii, col. 1104. Le nombre 15, formé de 7, nombre du sabbat, et de 8, nombre de la résurrection, représente les deuxTestaments, In Ps. lxxxix, 10; cl, 1, t. xxxvii, col. 1144, 1959, et le nombre 20, produit des 5 livres deMoïse par les 4 Évangiles, désigne les justes des deuxTestaments. In Heptat., lv, 2, t. xxxiv, col. 718. La significationdu nombre 15, représentant l’union des deuxTestaments, est également admise par saint Hilaire, InPs. cxviii, t. ix, col. 644, et S. Ambroise, Epist. xliv, t. xvi, col. 1138. Saint Jérôme, In Agg., %1. xxv, col. 1401, sacrifie aussi à la même méthode en expliquant le nombre24 comme le produit des 4 éléments par les 6 joursde la création. — Pour saint Augustin, 40, temps de la viehumaine, se décompose en 7 + 3 = 10; et 10 x 4 = 40, 7 symbolisant la créature, 3, le créateur, 10, la plénitudede la sagesse, et 4, les saisons de l’année. Demême, 50, symbole de l’Église triomphante, est la sommede 40, nombre de la vie humaine, et de 10 ou denier, récompense de l’ouvrier. Matth., xx, 10; Serm. cclii, 10, 11, t. xxxviii, col. 1177, 1178. — Les 38 ans du paralytique, Joa., v, 5, représentent le nombre 40, qui estla plénitude de la loi, c’est-à-dire le produit des dixcommandements par les 4 Évangiles, moins les 2 préceptesde la charité envers Dieu et le prochain. On comprendque le saint Docteur, pour faire entendre cesymbolisme à ses auditeurs, leur ait dit: «Je vous veuxattentifs; le Seigneur nous aidera, moi à m’expliquercomme il faut, vous à saisir suffisamment.» In Joa., xvii, 5, t. xxxv, col. 1529-1531. — Les 77 générationsénumérées par saint Luc, iii, 23-38, représentent leshommes pécheurs qui ont vécu avant la venue du Sauveur, parce que 77 est le produit de 7, nombre de lacréature, par 11, nombre de la transgression; or Il ace caractère parce qu’il transgresse ou dépasse de 1 lenombre 10, qui est celui du Décalogue. Serm. lii, 34; Lxxxm, 6, t. xxxviii, col. 353, 517. — Enfin les 153 poissonsde la pêche miraculeuse, Joa., xxi, 11, fournissentle symbolisme suivant. Le Saint-Esprit et ses dons sontfigurés par 7, et 10 représente la loi accomplie par lagrâce du Saint-Esprit, ce qui forme 17 au total. Si maintenanton additionne les nombres de 1 à 17, c’est-à-dire1 +2 + 3+4, etc., on obtient au total 153, nombrequi figure les fidèles et les saints admis au paradis oùDieu les récompense. Serm. ccxlviii, 5, t. xxxviii, col. 1161. Il serait difficile de pousser plus loin la subtilité.Aussi Richard Simon, Hist. critique du VieuxTestament, Rotterdam, 1685, p. 388, après avoir cité lepassage de saint Augustin, Dç doclr. christ., ii, 16, t. xxxiv, col. 48, se croit-il en droit de dire: «J’avoueque ces nombres contiennent quelquefois des mystères, mais ils ont jeté souvent les interprètes de la Bible

dans des sens allégoriques qui sont entièrement inutilespour connaître le sens littéral. Il arrive même quelquefoisqu’on néglige le sens littéral pour débiter ces sortesde mystères. Saint Augustin, qui était savant dans la philosophiedes platoniciens, est sujet à ce défaut, et il lefait même paraître à cet endroit.» — Sur le symbolismedes nombres dans la Bible, voir Bâhr, Symbolik desmosaischen Cultus, Heideiberg, 1837, t. î, p. 119-208; Auber, Hist. et théorie du symbolisme religieux, Paris, 1884, t. î, p. 97-155; — dans les anciens monumentschrétiens, voir Martigny, Dict. des antiquités chrétiennes, Paris, 1877, p. 503-504.

4* Les Kabbalistes ont étendu au delà de toute limiteraisonnable le rôle des nombres dans l’interprétation dela Bible. Le principe de leur Gematria, est que la valeurnumérique des lettres recèle d’importants mystèreset que les mots et les phrases de même valeur numériquepeuvent se prendre légitimement les uns pour lesautres. Outre que rien n’appuie ce principe, ses conséquencessont trop arbitraires et trop fantaisistes pourconduire à des conclusions utiles au point de vue del’intelligence des textes sacrés. Voir Kabbale, t. iii, col. 1883. Il y a donc là une prétendue science desnombres bibliques qui porte à faux et n’est d’aucunprofit. — Dans son Livre du nom, Abenezra appliquetoutes sortes de spéculations pythagoriciennes sur lesnombres. Il mentionne ce qu’on a appelé plus tard lecarré magique (fig. 452), dans lequel les 9 premiers

6

7

2

1

5

9

8

3

4

452. — Carré magique.

D’après Karppe, Étude, p. 202.

chiffres sont disposés de telle sorte que leur total donne15 dans tous les sens. Ce nombre représente les deuxpremières lettres du nom de Jéhovah, n>. Le chiffrecentral 5 représente le Verbe divin qui gouverne tout, et les nombres pairs des angles figurent les 4 éléments.Cf. S. Karppe, Etude sur les origines et la nature duZohar, Paris, 1901, p. 195-203. — Les Kabbalistes fontainsi grand état des dix Sephirôth qui caractérisent leDieu infini, Ên-soph, «sans fin.» Le mot sephirôthpeut signifier en hébreu «nombres» ou «numération», ce qui a fait naturellement penser aux nombres de Pythagore.Mais les sephirôth sont plutôt des attributsdivins, comme l’indiquent leurs noms: 1, kétér, «couronne;» 2, hokmâh, «sagesse;» 3, binâh, «intelligence;» 4, hésèd,» grâce,» ou gedûlâh, «grandeur;» 5, din, «justice,» ou gebûrah, «force;» 7, nèsah, «triomphe;» 8, hôd, «gloire;» 9, yesôd, «fondement;» 10, malkût, «royauté.» Cf. Franck, LaKabbale, Paris, 1843, p. 147; Munit, Palestine, Paris, 1881, p. 523, 524; Karppe, Étud., p. 365-421. Avec Abu-Iafia, au xiii’siècle, «apparaissent les premiers élémentsde ce qu’on appellera l’arithmomancie, qui consiste à associerun nombre à chaque élément, à chaque astre, età fonder sur cette base une astrologie en quelque sortemathématique, qui met la puissance attachée aux astresau pouvoir des combinaisons de nombres… La scienceoù la logique doit régner en souveraine est embauchéepour être l’humble servante d’une folle… traînée à laremorque des fantaisies les plus puériles.» Karppe, Étude, p. 302, 303. On ne peut mieux caractériser la valeurdes élucubrations des kabbalistes à propos des

nombres.

H. Lesêtre.

    1. NOMBRES##

NOMBRES (LIVRE DES), quatrième livre duPentateuque. Voir Pentateuque.

    1. NOMBRIL##

NOMBRIL (hébreu: sôr, sôrêr; Septante: ôjtçaXo’s; Vulgate: umbilicus), cicatrice arrondie qui reste aucentre de l’abdomen après la section du cordon ohibilicalpar lequel l’embryon était mis en communicationavec sa mère. — Ezéchiel, xvi, 4, parle de cette section, qui se fait immédiatement après la naissance. Le nombrilde l’Épouse est comparé à une coupe arrondie.Cant., vii, 3. — Sur deux passages où la Vulgate portele mot umbilicus, Job, xl, 11; Prov., iii, 8, voir Nerfs, col. 1603. — Dans un sens figuré, le mot tabbûr signifieaussi «nombril», c’est-à-dire «centre» du pays. C’estainsi que l’ont traduit les versions. Jud., IX, 37; Ezecb., xxxviii, 12. Il a ce sens dans le Talmud. Cependant, d’après le phénicien, le samaritain et l’éthiopien, ilfaudrait donner à tabbùr le sens de «montagne». Lesversions chaldaïque et syriaque le traduisent par «forteresse». Cf. de Hummelauer, In libr. Judic, Paris, 1888, p. 196; Rosenmûller, Ezéchiel, Leipzig, 1810, t. ii, p. 539. Les deux sens sont possibles, car le nombrilpeut être considéré comme le sommet de la protubéranceabdominale, et une montagne être regardée

comme le centre d’un pays.

H. Lesêtre.

    1. NON-MON-PEUPLE##

NON-MON-PEUPLE, nom donné par le prophèleOsée, i, 9, à un de ses fils, en hébreu: Lô’-'ammî. VoirLo-àmmi, col. 317.

NOPH (hébreu: Nàf; Septante: MÉ(x ?tç; Vulgate: Memphis), nom de la ville de Memphis en hébreu, dansIs., îx, 6; Jer., ii, 16; Ezech., xxx, 16. Dans le texteoriginal d’Osée, IX, 6, au lieu de Nôf, nous avons Môf, et cette leçon doit être plus correcte, car Memphis s’appelaiten égyptien Men-nofir, d’où, par contraction, encopte, Memfi, Menfi, en arabe, Menf. La forme Nôfpeut être dérivée de nofir, le m étant tombé. VoirMemphis, col. 954.

    1. NOPHÉ##

NOPHÉ (hébreu: Nôfah; Septante: ai Yvva ?y.sç), ville moabite dont on ne retrouve ailleurs aucune trace, au moins sous cette forme, en dehors de Num., xxi, 30, et dont l’existence même est contestée par un certainnombre de critiques. Elle est nommée avec Hésébon, Dibôn et Médaba, dans le chant qui est cité.Num., xxi, 27-30. On lit en hébreu:

Nous avons porté la dévastation jusqu’à NofahEt jusqu’à Médaba.

Ce que les Septante traduisent de la manière suivante: «Les femmes ont encore allumé le feu dansMoab,» et la Vulgate: «Ils sont arrivés fatigués à Nophéet jusqu’à Médaba,» Nophé et Médaba ne paraissentpoint dans la version grecque et divers critiques, à leur suite, refusent de voir, les uns Nophé, les autresMédaba, dans ce texte. Les premiers traduisent: a Nousavons tout ravagé, de sorte que le feu s’est allumé jusqu’àMédaba;» les seconds: «Nophé, qui est près dudésert.» Ils lisent: midbar, «désert,» au lieu de Mêdbd, «Médaba.» Plusieurs de ceux qui conservent le nom deNofah supposent que ce nom est pour Nôbah (voir Nobé 2, col. 1655), la ville qui est mentionnée deux fois dansl’Écriture, Num., xxxii, 42, et Jud., viii, 11. Ce sont là toutautant d’hypothèses en faveur desquelles on ne peut allégueraucune raison bien sérieuse. La traduction desSeptante suppose un texte hébreu en partie différent: ils ont traduit nasUm (qui vient de sâmêm et signifie «nous avons dévasté» ), comme si c’était le pluriel ndsim, «femmes,» de’Uâh. La racine nâfah veut dire «souffler»; elle peut signifier souffler le feu; mais nôfah nepeut se rendre, comme l’ont fait les traducteurs grecs, parirpofféxavixav.Ilsont lu enfin M ô’âb, au lieu de Mêdabâ".

IV. - 54

    1. NOPHETH##

NOPHETH (hébreu: han-nâfef; Septante: Maçe-ri), ville de Manassé, d’après la Vulgatc, qui dit expressément urbs Nophet, quoique le mot «ville s ne se lisepas en hébreu. Jos., xvii, 11. Le terme de l’original hannéféf (han-nafet à cause de la pause) ne désigne pasune ville. La Vulgate a pris un nom commun pour unnom propre. Elle a traduit: «Manassé eut… la troisièmepartie de la ville de Nopheth.» Il faut traduire: «Manassé eut… trois districts montagneux.» Gesenius, Thésaurus, p, 866. Ces trois districts montagneux qui furentattribués à Manassé dans le territoire des tribus d'Âseret d’Issachar, sont ceux de Belhsan, de Mageddo et deDor. Voir Fr. de Hummelauer, Comment, in Josue, 1903, p. 392.

    1. NORAN##

NORAN (hébreu: Na'ârân; Septante: Noapàv; Alexandrinus: Naapâv), ville d'Éphraïm, ainsi appeléeI Par., vii, 28. Elle est appelée Naaratha dans Josué, xvi, 7. Voir Naaratha, col. 1428.

NORD (hébreu: sâfôn; Septante: Bopéaç, Boppîç; Vulgate: septentrio), la partie du ciel opposée au midi, le côté où le soleil ne va pas, sauf dans les latitudespolaires. Comme les anciens s’orientaient du côté dusoleil levant, le mot semô'l, «gauche,» sert aussi quelquefois à désigner le nord. Job, xxiii, 9. Voir Cardinaux (Points), t. ii, col. 257. Hoba est à gauche, c’està-dire au nord de Damas. Gen., xiv, 15. — Le motsâfon indique ordinairement la situation géographique, Num., xxxiv, 7; Ezech., XLii, 17; la direction, Exod., xxvi, 21; la partie septentrionale de la terre, Ps. lxxxix(lxxxvhi), 13; Is., xliii, 6, et poétiquement le vent dunord. Prov., xxv, 23; Cant., iv, 16. Il désigne aussi lesmonarchies asiatiques dont les armées arrivaient enPalestine par le nord, Is., xiv, 31; Jer., i, 14; iv, 6; vi, 22; x, 22; l’Assyrie, Soph., ii, 13; la Babylonie, Jer., , 111, 18; xvi, 15; xxxi, 8; xlvi, 10; Zach., ii, 10; vi, 6, eten général des royaumes septentrionaux par rapport à laPalestine. Jer., xxv, 26; Ezech., xxxii, 30; xxxviii, 15; xxxix, 2. Dans Daniel, xi, 6, les rois du septentrionsont les Séleucides de Syrie. Le nord est considérécomme la partie principale du ciel, Job, xxvi, 7, la demeure des dieux, dans l’idée des idolâtres, Is., xiv, 13, et le point du ciel d’où Jéhovah fait éclater sa gloire.Ezech., i, i. — Sur l’or qui vient du septentrion, Job,

xxxii, 22, voir Or.

H. Lesêtre.

    1. NORVÉGIENNE##

NORVÉGIENNE (VERSION) DE LA BIBLE.

Voir Scandinaves (Versions) de la Bible.

    1. NOTKER##

NOTKER, moine de Saint-Gall, surnommé Balbulusou le Bègue, né entre 830 et 840 à Elyg dans le cantonde Zurich, ou à Jonswill dans le canton de Saint-Gall, fut en 890 bibliothécaire du monastère de Saint-Gall. Ily mourut le 6 avril 912. Il a laissé entre autres écrits, un opuscule de bibliographie scripturaire: De Interprétions divinarum Scripturarum liber. Patr. lat., t. cxxxi, col. 993-1004. Voir son Elogium historicum, par Mabillon, ibid., col. 983-994; W. Bâumker, dansWetzer et Welte, Kirchenlexikon, 2e édit., t. ix, 1895, col. 531-533.

    1. NOURRICE##

NOURRICE, NOURRICIER (hébreu: mênéqét, del’hiphil, hênîq, «allaiter; s 'oméné{, de 'aman, «entretenir;» Septante: Tpoçdç,-ccBïjvic; Vulgate: nutrix; nourricier: 'omên, Tt61]vôç, nutritius), celle qui nourritde son lait un petit enfant, celle ou celui. qui lui.donneses soins.

1° liai nourrice. — La Sainte Écriture mentionneDéborai nourrice de Rébecca, Geni, xxiv, 59; xxxv, 8; voir’fjBBonA, t. ii, col. 1331; la. mère] de Moïse, que lafille du. Pharaon chargea d'être la-, nourrice de l’enfant, en lui disant: hêniqihû M, ô^laadv wi, nutri mihi «nourris-le pour moi,» Exod., ii, 9; Noémi qui se fitnourrice de l’enfant de Ruth, nutrix et gerula, «nourrice et porteuse,» dit la Vulgate, Ruth, iv, 16; la nourricede Miphiboseth, fils de Jonathas, qui, en apprenant lamort de ce dernier et de Saûl, s’enfuit précipitamment etlaissa tomber l’enfant qui devint boiteux, II Reg., iv, 4; lanourrice du jeune roi Joas, qui fut soustraite avec luià la fureur d’Athalie, IV Reg., xi, 2; II Par., xxii, 11.Notre-Seigneur plaint celles qui, au moment du siègede Jérusalem, seront SiqXaïoùfTat, nutrientes, nourrissantde petit* enfants. Matth., xxiv, 19; Marc, xiii, 17; Luc, xxi, 23. Il s’agit ici à la fois des mères qui nourrissentelles-mêmes, et des nourrices qui allaitent les enfantsdes autres. Les nourrices proprement dites étaient d’ailleurs très rares chez les Hébreux, les mères se faisantun devoir d’allaiter elles-mêmes leurs enfants. Cf. Ketuboth, 64 a. Encore est-il possible que les nourricesmentionnées par les auteurs sacrés n’aient eu, dans laplupart des cas, qu'à soigner et à garder les petit* enfants, comme dut faire Noémi. Voir Enfant, t. ii, col.1786. Les Juifs recommandaient aux femmes qui nourrissaient des enfants de ne prendre elles-mêmes quedes aliments très sains, de ne pas jeûner, surtout lematin, et de ne pas trop se découvrir la poitrine. Cf.Iken, Antiguitates hebraicse, Brème, 1741, p. 515. D’aprèsle code d’Hammurabi, 194, cf. Scheil, Textes élamitessémitiques, Paris, 1902, p. 94, si un enfant mourait auxmains de sa nourrice, celle-ci, sous peine d’avoir lesseins coupés, ne pouvait se charger d’un autre enfantsans l’autorisation des parents du premier. Rien nerappelle cette pénalité dans la législation hébraïque.

2° Le nourrisson. — Le petit enfant encore au seinest appelé yônêq, «celui qui tête,» ÔTjXâÇwv, lactens.Deut., xxxii, 25; I Reg., xv, 3; Ps. viii, 3, «te. Jérémie donne aussi aux nourrissons le nom de 'ëmunîm, Tt6r]voij(ievqi, qui nutriebantur. Lam., iv, 5.

3° Le nourricier.-rA Samarie, les soixante-dix filsd’Achab avaient des nourriciers qui prenaient soind’eux, IV Reg., x, I, 5. Mardochée remplissait cette fonction auprès d’Esther. Esth., ii, 7. L’arabe Émalchuelprenait soin, au même titre, d’Antiochus, fils d’Alexandre. I Mach., xi, 39. Saint Joseph eut la gloire d'êtrele nourricier de l’enfant Jésus. Matth., ii, 14, 21; Luc, n, 48; iii, 23.

4° Au figuré. — Moïse se plaint que Dieu lui commande de porter le peuple hébreu sur son sein commela nourrice porte son petit enfant. Num., xi, 12. Isaïe, xlix, 23, promet à Israël qu’après sa restauration lesrois seront ses nourriciers et les reines ses nourrices, figure de l’empressem*nt avec lequel les rois de laterre accourront au foyer de la vérité. Baruch, iv, 8, reproche aux Israélites d’avoir oublié Dieu, leur nourricier, et d’avoir contristé Jérusalem, leur nourrice.Dans Osée, xi, 3, Dieu dit qu’il a été le nourricierd'Éphraïm; hébreu et Septante: tiregatyî, auvsnôStn-a, «je lui ai appris à marcher, s La bonté de Dieu est lanourricière de tous les êtres, ratvc<Kp<J<poç, nutrixomnium. Sap., xvi, 25. Saint Paul atteste qu’il a eupour les chrétiens de Thessalonique les soins qu’unenourrice a pour ses enfants. I Thess., ii, 7.

H. Lesêtre.

    1. NOURRITURE##

NOURRITURE (hébreu: 'okêl, 'okldh, a ce qui semange,» de 'âkal, «manger;» léhém, la nourritureen général, et particulièrement le pain, lehvm; bârût, téréf, ma'âkal, rnâzôn, makkolét, ma'âdannim, maS~mannim, les diverses nourritures en général; bdridéSên, la nourriture grasse et succulente; tibljàh, saïd, Se'ê»; , .la nourriture d’origine animale; birydh, la nourriture: préparée pourun malade; hallâmût, la nourriture: insipide ypat-bag, la nourriture royale, Dan., 1, 5, 8; chaldéen: lehêm, tnâzôn; Septante: . cÉp-roç, gpûjia, ëptûjtaxa, Spûtriç, a-na; Vulgate: alimentum, alimonia, cibus, esca, épuise, epulatio, panis. Dans S. Jean, xxt,

5, npoaaiyiov, pulmentarium, a provision de bouche» ), substance étrangère qu’un corps vivant s’assimile pourentretenir sa vie.

I. À L’ÉPOQUE patriarcale. — 1° Au paradis terrestre.

— L’organisation de l’homme lui permet de se nourrirégalement soit de végétaux, soit de la chair des animaux.Cependant, quand Dieu eut placé l’homme dansle paradis terrestre, il lui assigna pour aliments lesfruits de tous les arbres à l’exception d’un seul. Gen., h, 16, 17; iii, 2, 3. Il ne s’agissait évidemment que desfruits comestibles. D’autre part, la chair des animauxn’est pas mentionnée. Il ne s’ensuit pas qu’elle ait étéinterdite aux premiers hommes; au moins leur était-ilpermis de se nourrir du lait qui provenait des animaux; autrement l’élevage, dont s’occupe déjà Abel, Gen., iv, 2, n’aurait guère eu de raison d’être. — 2° Aprèsle déluge. — Dieu déclara à Noé qu’il lui permettait de senourrir de tous les animaux vivants aussi bien, que des"végétaux. Gen., ix, 2. Cette autorisation ne faisait queconfirmer l’usage, car déjà, avant le déluge, était en vigueurla distinction des animaux purs et impurs, Gen., vu, 2, distinction qui vise les sacrifices, sans doute, mais se rapporte surtout à l’alimentation. Voir Animauximpurs, t, i, col. 613. En permettant de manger la chairdes animaux, Dieu défendit sévèrement de se nourrirde leur sang. Gen., ix, 4. Voir Chair bes animaux, t. ii, col. 490, 495; Sang. — 3° Dans le pays de Chanaan.— Les patriarches se nourrissaient de pain, Gen., xviii, 5; xxi, 14; xlii, 2, voir Pain; de lait et de beurre, Gen., xviii, 8; de légumes. Gen., xxv, 28. La plusgrande frugalité présidait ordinairement à leurs repas.

II. Chez les anciens Hébreux. — 1° Dans la terre deGessen. — Les Hébreux se servirent en Egypte de lanourriture habituelle au pays, pain et galettes de céréales, animaux domestiques, animaux pris à la chasseou à la pêche, herbes, légumes et fruits qui abondaientautour d’eux. Voir Maspero, Histoire ancienne despeuples de l’Orient, Paris, t. i, 1895, p. 61-66. Plustard, ils regrettèrent les pots de viande et le pain, Exod., xvi, 3, les poissons, les concombres, les melons, les poireaux, les oignons et les aulx qu’ils avaient sans peine eten abondance dans la terre de Gessen. Num., xi, 4, 5.

2° Ati désert. — Privés de la nourriture si facile àobtenir en Egypte, les Hébreux furent réduits au désertau lait et à la chair de leurs troupeaux, aux produits dusol alors plus cultivé et plus fertile, aux aliments achetésaux nomades, etc. Ils murmurèrent. Par deux fois, Dieu leur envoya des cailles, Exod., xvi, 13; Num., xi, 31-32, voir Caille, t. ii, col. 33, et, pendant quaranteans, il fit tomber la manne pour leur servir de nourritureprincipale. Exod., xvi, 14, 31. Voir Manne, col. 656.

3° En Palestine. — Une fois fixés dans leur pays définitif, les Hébreux eurent à leur disposition les produitsnaturels d’un sol fertile, ceux de l’élevage et de lachasse: les céréales, blé (voir t. i, col. 1811), épeautre(voir t. H, col. 1821), orge, etc., servant à faire le painet les gâteaux (voir t. iii, col. 114); les légumes (voirt. iv, col. 160), les fruits (voir t. ii, col. 2412); les produitsnaturels ou travaillés des animaux, lait (voir t. iv, col. 37), beurre (voir t. i, col. 1767), fromage (voir t. n rcol. 2406), jniel (voir t. iv, col. 1080); la chair des animaux(voir t. ii, col. 488), quadrupèdes, oiseaux, poissons, bêtes prises à la chasse (voir t. ii, col. 616), etc.Sur la manière d’accommoder ces divers aliments, voirCuisine, t. ii, col. 1146-1150; Graissé, t. iii, col. 293; Huile, t. iii, col. 770; Sel. Sur la manière de lesprendre, voir Festin, t. ii, col. 2212; Repas. Les Hébreuxétaient généralement sobres au point de vue dela nourriture, et la Sainte Écriture signale peu d’excèsà cet égard. Voir Gourmandise, t. iii, col. 281. Dans lestemps de famine, on en était naturellement réduit àune nourriture très insuffisante et quelquefois répugnante. Voir Colombe, t. ii, col. 849; Famine, t. ii, col. 2173. Les pauvres se contentaient parfois de racines, Job, xxx, 4; - Luc, xv, 16, et les assiégés de pisencore. IV Reg., xviii, 27; II Mach., v, 27. — On. n’aimaitpas les mets insipides. Job, vi, 6. On les^assaisonnaitau moyen du sel, I Esd., iv, 14; Eccli., xxxix, 31; voir Sel; du eumin, Is., xxviii, 25, 27, voir Cumin, t. ii, col., 1158; de la coriandre, voir t. H, col. 973; de l’anis, voir t. i, col. 625; de la menthe, Matth., xxiii, 23, voir Menthe, col. 976; de la rue, Luc, xi, 42, voirRue, etc. La câpre, Eccle., xii, 5, voir t. ii, col. 221, servaità stimuler l’appétit.

III. À l’époque êv Angélique. — 1°. La nourritureétait la même que dans les anciens temps. Dans lesrepas plus importants, on voyait figurer des viandes detoutes sortes. Matth., xxii, 4. Mais le menu peuple sebornait habituellement aux mets les plus simples, lepain, les poissons desséchés ou même frais, Matth., vii, 10; xiv, 17; xv, 36; Marc, vi, 38; Luc, ix, 13; xi, 11, xxiv, 42; Joa., vi, 9; xxi, 9, 13; les œufs, Matth., vii, 9; Luc, xi, 11; le miel, Matth., iii, 4; Luc, xxiv, 42; lessauterelles, Matth., iii, 4, etc. — 2° Notre-Seigneur prendla nourriture ordinaire, et quelques-uns lui en font unreproche. Matth., xi, 19; Luc, 7, 34. Il recommande àses disciples d’avoir confiance en la Providence au sujetde la nourriture, Matth., vi, 25, 31; Luc, xii, 22, 29, et à ses envoyés d’accepter ce qu’on leur sert, Luc, x, 8, parce que l’ouvrier mérite qu’on le nourrisse. Matth., x, 10. Il dit que la vie est plus que la nourriture, Matth., vi, 25; Luc, xii, 23, et que par conséquent il faut, àl’exemple du Père éternel, attacher plus d’importance àla première qu’à la seconde. Il prescrit de donnerlanourriture à ceux qui ont faim, et déclare que cettecharité s’adresse à lui-même. Matth., xxv, 35, 42. —3° Saint Paul dit que le chrétien doit se contenterd’avoir l’essentiel pour se nourrir et se couvrir. 1 Tim vVI, 8. À propos des viandes offertes aux idoles, il poseen principe que «le royaume de Dieu n’est ni le manger, ni le boire», Rom., xiv, 17, et que ce sont là deschoses indifférentes en elles-mêmes au point de vue dusalut. Voir Ldolothyte, t. iii, col. 830.

IV. Remarques sur la nourriture. — 1° La nourriturela plus simple est conseillée. Prov., xxvii, 27.L’excès sous ce rapport a de fâcheuses conséquences.Eccli., xxxi, 12-25; xxxvii, 30-34. — 2° Dans le chagrin, on s’abstient de nourriture. IReg., i, 7; Tob., iii, 10, etc.H en est de même en d’autres circonstances graves.Voir Jeûne, t. iii, col. 1528. Parfois, en vue de l’accomplissem*ntd’une résolution importante, on défendaitde manger quoi que ce fût, I Reg., xiv, 24, ou l’on s’yobligeait par serment. Act., xxiii, 12, 21. Il fallait setrouver dans une condition bien misérable pour en êtreréduit à manger, comme les chiens, ce qui tombait sous latable des maîtres. Jud., i, 7; Marc, vii, 28; Luc., xvi, 21.

— 3° Des nourritures miraculeuses sont plusieurs foismentionnées: la manne, Exod., xvi, 14; la farine etl’huile de la veuve de Sarepta, III Reg., xvii, 16; lepain présenté à Élie par un ange, III Reg., xix, 6, etcelui que lui apportaient les corbeaux dans la vallée deCarith, III Reg., xvii, 4-6; l’huile et les pains multipliés

^ par Elisée, IV Reg., iv, 5, 6, 43, 44; les pains multipliéspar Notre-Seigneur au désert, Matth., xiv, 19, 20; xv, 36, 37; Marc, vi, 41, 42; viii, 6-8; Luc, ix, 16, 17; Joa., VI, 11, 12, etc. — 4° Métaphoriquement, «mangerla moelle de la terre s, c’est avoir une nourriture abondanteet succulente. Gen., xlv, 18. Par contre, pourmarquer l’épreuve, on dit qu’on se nourrit de larmes, Ps. lxxx (lxxix), 6; d’absinthe, Jer., îx, 15; xxiii, 15; de cendre, Ps. en (ci), 10; Lam., iii, 6; de fiel, Ps. lxix(lxvhi), 22; du pain de douleur, Ps. cxxvii (cxxvi), 2, etc. Donner la chair de quelqu’un en nourriture, Ps. xliv (xliii), 12; lxxiv (lxxhi), 14; Is., xlix, 26; Jer., xix, 9. etc. c’est l’abandonner à ceux qui le font périr,

et dévorer un peuple comme une nourriture, c’est lepersécuter violemment. Ps. xrv (xm), 4.

V. La nourriture spirituelle. — 1° Notre-Seigneurdit que sa nourriture est de faire la volonté de son Père.Joa., iv, 32, 34. Il se propose lui-même comme la nourturede l’âme, par la vérité qu’il enseigne, Joa., vi, 3540, et par son propre corps dont il fait le vrai pain devie. Joa., vi, 48-52. — 2° Saint Paul présente aux fidèlesrécemment convertis un enseignement élémentairequi est comme le lait qu’on donne aux enfants, I Cor., iii, 2, mais qui n’est pas encore la nourrituresubstantielle d’une doctrine complète. Cf. Heb., v, 12, 13; I Pet. ii, 2.

VI. La nourriture des animaux. — 1° Dieu a créépour les animaux une nourriture appropriée à leurorganisation. Gen., i, 30. Il la leur donne libéralement, sans qu’ils aient besoin de travailler pour l’obtenir.Ps. civ (cm), 21, 27; cxxxvi (cxxxv), 25; cxliv, 15, 16; cxlvi, 9; Job, xxxvili, 41; Prov., vi, 8; Matth., vi, 26; Luc, xii, 24. — 2° C’est une malédiction pour un êtrehumain que de devenir, de son vivant ou après samort, la nourriture des animaux, oiseaux, chiens, etc.Deut., xxviii, 26; III Reg., xiv, 11; xvi, 4; xxi, 23, 24; IV Reg., ix, 10; Ps. lxxix (lxxviii), 2; Jer., xvi, 4; xix, 7; xxiv, 20, etc. Goliath et David se souhaitemmutuellement ce sort. 1 Reg., xvii, 44. 46. Chez les Égyptiens, on laissait les corps de certains ennemis «étendussur le sol pour être mangés des bêtes sauvages etdes oiseaux de proie». Maspero, Les contes populairesde l’Egypte ancienne, Paris, 3e édit., p. 177. C’était eneffet une malédiction pour quelqu’un que de ne pasreposer tout entier dans un tombeau. Voir Morts, col. 1316. Ce sort fut réservé à Jégabel. IV Reg., ix, 35, 36. Dieu s’est cependant engagé à réclamer à l’animalle sang de l’homme, Gen., ix, 5, sans doute en ordonnantde faire périr la bête qui a causé la mort d’un

homme. Exod., xxi, 28, 29.

H. Lesêtre.

    1. NOUVEAUTÉ##

NOUVEAUTÉ (grec: xatvôrr)?; Vulgate: novitas), ce qui apparaît pour la première fois. La chose nouvelles’appelle en hébreu hâdâS, et une fois zdr etnâkri, «chose étrangère, inouïe,» Is., xxviii, 21; enchàldéen: hâdaf, I Esd., vi, 4; en grec xaivôv, et enlatin novuni.

1° Au point de vue matériel, il est question dans laSainte Écriture des objets nouveaux que Béséléel exécuteavec l’esprit que lui communique le Seigneur, Exod., xxxv, 35; de maisons neuves, Deut., xx, 5; xxii, 8; Jer., xxvi, 10; xxxvi, 10; II Mach., ii, 30; de nouvellecour, II Par., xx, 5; de sépulcre neuf, Matth., xxvii, 60; Joa., xix, 41; de chariots neufs, I Reg., vi, 7; II Reg., vi, 3; I Par., xiii, 7; Is., xli, 15; d’outre?neuves, Jos., ix, 13; Job, xxxii, 19; Matth., ix, 17; Marc, ii, 22; Luc, v, 37; de vases neufs, IV Reg., îr, 20: I Mach., iv, 49; de nourriture nouvelle, Sap., xvi, 2, 3; de vin nouveau, Eccli., ix, 14, 15; Lnc, v, 39; demanteau, IU Reg., xi, 29-30, et d’hahits neufs, Judith., xvi, 10; d’autel, I Mach., iv, 47; de cordes, Jud., xvi, 11; xv, 13, de glaives, II Reg., xxi, 16; de bois neufs, I Esd., vi, 4; de nouveaux phénomènes naturels, Sap., xi, 19; xvi, 16; xix, 5, 11; de nouvelles lettres, Esth., vin, 5, 10; de langues nouvelles, Marc, xvi, 17, etc.Sur les fruits nouveaux, voir Prémices.

. 2* Au point de vue moral, Dieu manifeste parfois sonaction dans le monde par des actes dont la nouveautéet la Candeur attirent l’attention des hommes. Num., xvi, S0; Is., xliii, 19; XL viii, 6; lxv, 17; lxvi, 22; Jer., xxxi, 22; Apoc, xxi, 5. Cependant, en général, iln’y a rien de nouveau sous le soleil, Ëccle., i, 10, parceque ni les lois de la nature ni le caractère des hommes

. ne changent. Le retour de la prospérité est une nouvellelumière. Esth., viii, 16. On tire du même trésor levieux et le neuf, c’est-à-dire ce que chaque époque a

apporté de bon. Cant., vii, 13; Matth., xiii, 52. L’Évangileconstituait une doctrine nouvelle, Marc, l, 27; Act., xvii, 19; mais il y avait des nouveautés contre lesquellesil fallait se tenir en garde. I Tim., vi, 20. Les nouveautésplaisaient beaucoup aux Athéniens. Act., xvii, 21.Aux nouveaux bienfaits de Dieu, on répond par des cantiquesnouveaux. Judith, xvi, 2, 15; Ps. xxxm (xxxii), 3; XL (xxxix), 4; xevi (xcv), 1, etc.; Is., xlii, 10; Apoc, v, 9; xiv, 3.

3° Au point de vue spirituel, Dieu promet à l’bommeun esprit nouveau, c’est-à-dire l’effusion de grâce qu’apporterale Messie. Ezech., xi, 19; xviii, 31; xxxvi, 26.II contracte avec lui une nouvelle alliance. Jer., xxxi, 31; Matth., xxvi, 28; Marc, xiv, 24; I Cor v xi, 25; II Cor., iii, 6; Heb., viii, 8. Il le régénère et fait delui une nouvelle créature, c’est-à-dire un être vivant dela vie même de Jésus-Christ. II Cor., v, 17; Gal., vi, 15; Eph., ii, 15; iv, 24; Col., iii, 10; Heb., x, 2. Il lui communiqueune nouvelle vie, la vie surnaturelle ou d’unionintime avec les trois personnes divines, Rom., vi, 4; vii, 6; Xii, 2, et lui impose un nouveau commandement, celui de l’amour. Joa., xiii, 34; I Joa., ii, 7, 8; II Joa., 5, Il crée pour le récompenser de nouveaux cieux et unenouvelle terre, c’est-à-dire l’Église, royaume de Dieusur la terre, et le ciel, lieu de la récompense éternellepour les élus. II Pet., iii, 13; Apoc, iii, 12; xxi, 1, 2.

H. Lesêtre.

    1. NOUVEAU TESTAMENT##

NOUVEAU TESTAMENT (grec: Ka: vi, Atatoto; Vulgate: Novum Testamentum), nom donné à la révélationévangélique et, par extension, aux livres inspirésqui s’y rapportent.

I. Sens du mot. — 1° Le mot Testamentum a étéchoisi par la Vulgate pour rendre le mot hébreu berîf, qui sert à désigner l’alliance contractée par Dieu avecl’ancien peuple, Gen., vi, 18; xv, 18; Exod., xxiv, 7; Deut., ix, 9; etc., voir Alliance, t. i, col. 387, et cellequ’il devait renouveler à l’époque messianique. Is., lv, 3; lxi, 8; Jer., xxxi, 31; xxxii, 40; Ezech., xvi, 60; xxxiv, 25; xxxvii, 26. Le berîf commençait par un actesolennel et entraînait une obligation impérieuse liantles deux contractants l’un à l’autre. Dieu s’engageait àprotéger Israël et Israël s’engageait à servir Dieu. —2° Les Septante rendent ordinairement berîf par £ta-OiÎxt).Gen., Vi, 18; xv, 18; xvii, 2, etc. Ce mot signifie «disposition, arrangement», d’où «disposition testamentairei>, Aristophane, Vesp., 584, 589, et «convention». Aristophane, Av., 439. Le berî{ était donc, pourles Septante, l’arrangement conclu par Dieu avec sonpeuple, la convention faite avec lui. La 8ta6>jxir, nouvelleest celle que Jésus-Christ est venu conclure avec l’humanitérachetée par lui. Matth., xxvi, 28; Marc, xiv, 24; Luc, xxii, 20; I Cor., xi, 25; Heb., ix, 15. — 3° LaVulgate emploie le mot testamentum, «testament,» expression des dernières volontés de quelqu’un, volontésexécutables après sa mort et sur lesquelles lui-mêmene peut revenir. Ce sens est impliqué dans legrec 81 «8r, xTi. La Vulgate l’a spécialement affirmé àcause de la manière dont la nouvelle alliance a été conclueà la dernière Cène et aussi à cause de la théoriedéveloppée dans l’Épltre aux Hébreux, ix, 15, 17.

II. L’institution du Nouveau Testament. — 1° Cetteinstitution avait été promise par les prophètes, lsaïe, lv, 3; lxi, 8, annonce que la nouvelle alliance seraéternelle. Jérémie le redit à son tour et explique quecette alliance ne sera plus seulement extérieure, maisécrite au fond des cœurs. Jer., xxxi, 31-33; xxxii, 40.Il l’appelle, xxxi, 31, «alliance.nouvelle». Ézéchiel, xvi, 60; xxxvii, 26, parle aussi d’alliance éternelle etpacifique, et Osée, ii, 18, représente cette alliancesous la figure de l’union conjugale. — 2° À la dernièreCène, Notre-Seigneur institue l’alliance promiseou plutôt il promulgue à l’avance l’alliance qui nesera contractée qu’au moment de sa mort sur la criox.

1705

NOUVEAU TESTAMENT

1706

Il présente à ses Apôtres le calice en leur disant: «Voici mon sang de la nouvelle alliance,» Matth., xxvi, 28; Marc, xiv, 24; «Ce calice est la nouvellealliance dans mon sang.» Luc, xxii, 20; I Cor., xi, 25-L’Église, dans sa formule de consécration, reprend ladonnée des prophètes et dit: «Voici le calice de monsang, du nouveau et éternel Testament.» L’anciennealliance avait été scellée par le sang, Exod., xxiv, 8; lanouvelle se conclut dans les mêmes conditions, maisd’une manière incomparablement supérieure, puisquec’est le sang de l’Homme-Dieu qui est répandu dans lecalice, Ix^uvvôjjievov, et qui bientôt sera répandu sur lacroix, effundelur, pour la rémission des péchés. Matth., xxvi, 28. Le caractère contractuel de cette effusion dusang résulte de la déclaration même de Notre-Seigneur, qui l’appelle le «sang de la nouvelle alliance», c’est-à-direle sang versé pour rendre possible, réaliser, manifesteret commémorer cette alliance. Le sang desanciennes victimes n’avait qu’une valeur symbolique etfigurative, le sang du Sauveur a une valeur effective etsans limite, à cause de la personne divine à laquelle ilappartient. — 3° Cette alliance nouvelle porte à bondroit le nom de testament. Car c’est seulement après lamort de Jésus-Christ que les hommes entreront enpossession de l’héritage qu’il leur a acquis par l’effusionde son sang. Et de même que le testateur ne peutplus revenir, une fois mort, sur la décision qu’il aprise, ainsi Dieu ne dénoncera jamais, non par impuissance, mais par volonté, l’alliance contractée par sonFils. L’Épltre aux Hébreux prend le mot ôiaOvjxr, dansle sens de «testament», comme d’ailleurs traduit laVulgate. D’après l’écrivain sacré, Jésus-Christ est le médiateurde la nouvelle alliance, par conséquent celui quiprépare le testament nouveau et lui donne force exécutoire. «Car là où il y a testament, SiaOïqxvi, il est nécessairequ’intervienne la mort du testateur, SiaOépievoç, parce qu’un testament n’a son effet qu’après la mort, etqu’il est sans valeur tant que le testateur est en vie.» Heb., ix, 15-17. La condition de l’homme pécheur depuisAdam s’opposait à une alliance définitive et totaleavec Dieu, tant que le péché n’était pas efficacementexpié par l’effusion du sang. Notre-Seigneur a sacrifiésa vie pour assurer cette expiation. C’est donc en mourantqu’il scellait l’alliance, et dès lors, cette allianceprend le caractère d’un testament, puisque la volonté duSauveur n’est exécutée qu’après sa mort. — 4° Les auteurssacrés donnent le nom de «Nouveau Testament» à l’alliance contractée par l’intermédiaire de Jésus-Christ, par opposition avec les anciennes alliances du temps deNoé, d’Abraham et de Moïse. II Cor., iii, 6; Heb., viii, 8; ix, 15; xii, 24. Ils l’appellent aussi «testament éternel».Heb., xiii, 20. Voir Loi nouvelle, col. 347-353.

III. Le Nouveau Testament écrit. — 1° Sa composition.— On donne encore le nom de Nouveau Testamentà l’ensemble des livres inspirés qui se rapportent soit àla vie soit à la doctrine de Notre-Seigneur. Ces livressont au nombre de vingt-sept, dont cinq historiques: lesquatre Évangiles et les Actes des Apôtres; vingt et undoctrinaux: les Épitres des Apôtres, et un prophétique: l’Apocalypse. Ces écrits ontpourauteurs sixvpôtres; saintMatthieu, saint Jean, saint Jacques, saint Pierre, saintJude et saint Paul, converti après la disparition du Sauveur, deux disciples, saint Marc et saint Luc. Pouifl’Épitre aux Hébreux, voir Hébreux (Épitre aux), t. iii, col. 544-546. Sur la manière dont ces écrits ont été envisagéset reçus dans l’Église primitive, voir Canon desÉcritures, t. ii, col. 167-182. Dès le temps des apôtres, on considérait ces différents écrits comme revêtus d’uncaractère sacré. Déjà saint Pierre met en parallèle lesÉpitres de saint Paul et «les autres Écritures». II Pet., in, 16. Saint Jean parle de son Apocalypse comme d’uneprophétie à laquelle il n’est permis à personne de rienretrancher ni de rien ajouter. Apoc, xxii, 18-19.

2° Son unité. — L’Ancien Testament renferme deslivres de toute nature, historiques, législatifs, doctrinaux, liturgiques et prophétiques, ayant des auteurs très divers, connus ou inconnus, dont la composition s’espace surprès de quatorze siècles, et qui contiennent une multitudede choses qui ne se rapportent qu’indirectement àla révélation. C’est l’histoire d’un peuple, dans les principalesphases de son existence, et, à travers cette histoire, des enseignements très variés concernant la religiondu passé et celle de l’avenir. Le Nouveau Testamenta une unité beaucoup plus accusée. Jésus-Christ en estpour ainsi dire l’objet exclusif. Les Évangiles racontentsa vie et exposent ses enseignements. Les Actes rapportentce que les apôtres ont fait de plus important pourpropager la foi en lui. Les Épitres expliquent sa doctrine.L’Apocalypse montre dans l’avenir les destinées de sonÉglise et le triomphe final du Sauveur. Tous ces écrits ontétécomposésdansun espace de temps relativement court, puisque soixante ans au plus, et peut-être beaucoup moins, se sont écoulés entre l’apparition du premier Évangile etcelle du dernier. Voir Évangiles, t. ii, col. 2062. Encorecet espace se réduit-il à vingt ou trente ans, si l’onmet à part les écrits de saint Jean composés à la fin dusiècle.

3° Son caractère occasionnel. — Pourtant tous leslivres qui composent le Nouveau Testament n’ont étécomposés que par occasion. Notre-Seigneur avait commandéaux Apôtres de prêcher sa doctrine. Matth., xxviii, 9; Marc, xvi, 15. Il ne leur avait pas défendu d’écrire, mais il ne le leur avait pas non plus prescrit, et il fautbien avouer que le génrede vie primitif des Apôtres neles prédisposait pas à devenir écrivains. Tout au plussaint Luc, simple disciple, avait-il une préparation sérieuse, Quant à saint Paul, la teneur de ses Épitres faitassez comprendre qu’il ne prend la plume qu’occasionnellement.La formule: «Que celui qui lit, comprenne,» qui se trouve une fois dans l’Évangile, Matth., Xxiv, 15; Marc, xiii, 14, ne donne nullement à entendre, commeon l’a prétendu, que Notre-Seigneur suppose son enseignementmis par écrit, car, dans ce passage, le Sauveurvise uniquement la prophétie écrite de Daniel sur l’abominationde la désolation. Le Sauveur, au contraire, neconnaît que des auditeurs, jamais de lecteurs. Matth., xi, 15; xiii, 9, 43; Marc, iv, 9, 20, 23; vii, 14; Luc, vi, 37; viii, 8, 21; xi, 28; xiv, 35; Joa., viii, 47; x, 16, etc.A chacun des articles concernant les Évangiles ou lesÉpitres, on trouvera l’indication de l’occasion certaineou présumée qui a porté l’auteur à écrire.

4° Sa langue. — Le Nouveau Testament tout entier estcomposé dans une même langue, la langue grecque, comprise à cette époque dans tout le monde civilisé.L’Évangile de saint Matthieu, originairement écrit dansune langue sémitique, l’araméen a été de bonne heuretraduit dans la langue commune à tous les autres livres.Voir col. 882. Sur la langue du Nouveau Testament, voirGrec biblique, t. iii, col. 319-330. À part l’Apocalypse, dans laquelle abondent les figures et les symboles, tousles autres livres du Nouveau Testament sont écrits sousforme narrative ou didactique, par conséquent à laportée du commun des lecteurs auxquels ils s’adressaient.C’est la forme qui convenait le mieux à l’expressionde la révélation évangélique, définitive et destinéeà tous les hommes de tous les temps et de tous les pays.Ce caractère simple et lucide des écrits du Nouveau Testamenta permis de les traduire successivement danstoutes les langues du monde sans trop leur faire perdrede leur valeur originale. Dans l’Ancien Testament, aucontraire, les livres poétiques et prophétiques, coulésdans le moule purement sémitique, ont grand’peine àpasser dans les langues étrangères sans perdre notablementde leur valeur littéraire. Les écrivains du NouveauTestament sont des Sémites écrivant dans une langueclassique. Cette situation qui, de prime abord, semblait

être pour eux une cause d’infériorité et d’insuccès, devintau contraire favorable à la propagation de leurœuvre. Celle-ci, en effet, saisit les Juifs et les Asiatiqnespar son tour sémitique, et les Grecs par la forme relativementclassique qu’elle était obligée de revêtir. LeNouveau Testament réalisa ainsi ce que saint Paul tâehaitd’être lui-même, «débiteur vis-à-vis des ignorantseomme des savants,» Rom., i, 4, et «tout à tous».ï Cor., ix, 22.

5° Son contenu incomplet. — Le caractère occasionneldes écrits du Nouveau Testament ne permet pas de direqu’il contient d’une manière complète la révélation transmiseaux Apôtres par Notre-Seigneur. Saint Jean termineson Évangile en déclarant qu’il a laissé de côté beaucoupd’autres choses accomplies par le Sauveur. Joa., xxi, 25.Cette déclaration porte sur les récits des synoptiquesaussi bien que sur son propre Évangile, puisque saintJean avait leur œuvre sous les yeux et qu’il parle delivres sans nombre qu’on pourrait encore écrire enutilisant ce qu’il omet.Dans les Épitres, les Apôtres nefont que traiter certaines questions, pour répondre auxdifficultés qui leur ont été posées, ou expliquer certainspoints du dogme et de la morale dont l’intelligence oula pratique laissaient à désirer parmi les destinataires deleurs lettres. Aussi le concile de Trente, sess. IV, dontles termes sont reproduits par celui du Vatican, Const.de fide, ii, déclara-t-il que la vérité révélée par Notre-Seigneurest «contenue dans les livres écrits et dansles traditions non écrites qui, reçues de la bouche duChrist par les apôtres, ou transmises de main en mainpar les apôtres eux-mêmes, sous la dictée du Saint-Esprit, sont arrivées jusqu’à nous». On n’est pas en droitde dire que la tradition ne fait que répéter ce qui estdéjà dans les écrits sacrés. Saint Paul recommande àson disciple d’enseigner et de faire transmettre par deshommes capables, non ce qu’il a lii, mais ce qu’il a entendu.II Tim., ii, 2. En effet, tout ce qui a été enseignén’a pas été inséré dans les livres du Nouveau Testament, et la tradition contient bien des choses dontl’Écriture ne fait pas mention. Cf. Franzelin. De divin, tradit. et Scriptura, Rome, 1875, p. 245-260. Le NouveauTestament écrit ne reproduit donc pas dans sonintégralité la révélation évangélique.

6° Son utilité relative. ~ Le Nouveau Testamentécrit n’a pas été nécessaire à la propagation primitivede la foi. Les premiers fidèles ont été convertis sans lesecours d’aucun écrit, et ceux qui les ont suivis n’ontconnu qu’assez tardivement les différents livres duNouveau Testament. La doctrine évangélique a doncété connue par tradition avant de l’être par les écritsinspirés. Cf. Franzelin., Op.cit., p. 261-267. Aujourd’huiencore, comme du temps de saint Irénée, ’„ Corei. hœr., III, iv, 1, 2, t. vii, col. 855, beaucoup s’en rapportent àl’enseignement de la tradition, parmi ceux «qui croientau Christ, en ayant le salut écrit par le Saint-Esprit dansleur cœur sans parchemin ni encre, et en gardant avecsoin l’antique tradition». Quelque précieux et quelqueutiles que soient les écrits du Nouveau Testament, latradition peut les suppléer et les supplée en réalité pourbeaucoup d’âmes, qui ne sont dépourvues malgré celani de la connaissance de Jésus-Christ ni de sa grâce. Ilen a été ainsi pour la majeure partie des premièresgénérations chrétiennes.

7° Son caractère définitif. — La révélation contenuedans l’Ancien Testament a été bornée, progressive etfinalement incomplète; en dehors des écrits sacrés, iln’existait pas de tradition authentique de cette révélation.La révélation évangélique est définitive et totale, non pas en ce sens que Dieu a révélé tout ce qu’il pouvaitrévéler, mais en ce sens qu’il a révélé tout ce qu’iljugeait à propos de révéler pour le sàlut de l’humanité.L’Esprit devait enseigner aux Apôtres «toute vérité».Joa, , xvi, 13. Bien que les livres du Nouveau Testament

n’aient pas un contenu aussi riche que la tradition, ilsrenferment cependant les points principaux de cette révélation, avec une multitude d’indications utiles à lacroyance et aux mœurs chrétiennes. De cette révélation, l’Église tire, par voie de développement, des vérités quis’y trouvaient implicitement contenues; mais rien nepeut être ajouté au trésor primitif. Le progrès n’estpossible que par une perception plus explicite de lavérité déjà possédée, et non, comme dans l’Ancien Testament, par des additions successives à la vérité antérieurementrévélée.

8° Son développement historique. — Il importe enfinde remarquer que, d’après les écrits du Nouveau Testament, les Apôtres sont en possession des articles fondamentauxde la foi chrétienne dès qu’ils commencent leurprédication évangélique, et que le développement quiapparaît dans la doctrine à travers les écrits sacrés n’arien que de naturel et de logique. Ces articles fondamentauxde la foi chrétienne sont l’existence de la Trinité divine, l’incarnation et la divinité de Jésus, Fils de Dieu, la rédemption de l’homme par sa mort volontaire, la nécessitépour l’homme de croire en lui et de recevoir delui a vie de l’âme pour pouvoir atteindre sa fin, l’éternitébienheureuse. Or, dès les premiers discours des Apôtres, tels que les rapportent les Actes, ces points de doctrineapparaissent aussi nettement définis qu’on peut l’attendre, étant données les circonstances. La divinité deJésus-Christ, en particulier, y est affirmée d’une manièreformelle. Act., iii, 15; iv, 11, 12; v, 31; x, 36, 42, etc. «L’absence de toute trace d’une théorie générale concernantla personne du Christ est une des marquesd’historicité que présentent les premiers chapitres desActes. Mais les descriptions qu’ils offrent du caractère etde l’œuvre absolument uniques du Christ me paraissenttout à fait inconciliables avec l’hypothèse d’une personnepurement humaine.» Stevens, The Theology ofthe N. T., 1901, p, 267. Les Épitres de saint Paul, dontles premières au moins sont indépendantes de toutÉvangile écrit, à raison même de leur date, rappellentquelques faits que raconteront les synoptiques, maissurtout démontrent que l’Apôtre «connut non pas seulementla doctrine mais la vie publique et certains discoursdu Sauveur. À vrai dire il n’en indique rien queles points saillants; mais avec assez d’autorité pourlaisser entrevoir qu’ils possède pleinement tout lereste, tout, depuis la préexistence divine de Jésus et sanaissance d’une femme jusqu’à sa mort et à sa résurrection, depuis l’angoisse de Gethsémani jusqu’à l’apothéosedans le ciel. Il parle de sa vie pauvre et humiliée, de son caractère doux et miséricordieux, de son pouvoirsur la nature, de son enseignement si nouveau etsi surprenant, de son rôle de médiateur et de législateursouverain, de son sacrifice expiatoire, et si, une fois oul’autre, il veut entrer dans le détail, on voit qu’il saittrès bien, et que l’on ne racontera pas mieux que lui».Le Camus, La vie de N.-S. J.-C, Paris, 1901, t. i, p. 19.Toute la substance du Nouveau Testament est doncdéjà dans les écrits de saint Paul, comme elle était dansl’enseignement oral des autres apôtres. C’est l’applicationferme de ladoctrine du Sauveur et l’adaptation de sesleçons et de ses exemples à la pratique de la vie chrétienne.Les synoptiques paraissent ensuite, sous uneforme purement historique qui tranche fortement avecle caractère dogmatique et parénitique des écrits desaint Paul. Ils font connaître le détail des faits et desenseignements que l’Apôtre n’ignorait pas et qu’il supposaitarrivés déjà, par voie orale, à la connaissance deschrétiens, au moins dans leurs éléments principaux.Mais ici et là, c’est toujours le même Christ, la mêmedoctrine, la même règle de vie, la même espérance. LesÉpitres des autres Apôtres s’inspirent des circonstancespourmettre en lumière certains détails de l’enseignementévangélique et de la règle des mœurs nouvelles.

Enfin paraissent, à la fin du siècle, les Épitres et l’Évangilede saint Jean, qui présentent un portrait du Christenrichi de traits multiples et souverainement intéressants, mais de ressemblance parfaite avec le Christ desaint Paul et celui des synoptiques. Dans tout le NouveauTestament règne ainsi une vivante unité, dontJésus-Christ, Fils de Dieu, est lui-même le principe etle centre. Toutefois, ce ne sont pas les synoptiques quisont la source du développement doctrinal; c’est l’enseignementoral sur la personne et la doctrine de Jésus, enseignement utilisé d’abord par saint Pierre, dans sesdiscours des Actes, par saint Paul dans ses Épitres, etensuite par les Évangélistes. Cf. Lepin, Jésus Messie etFils de Dieu, Paris, 1905, 2e édit., p. 338-363. — Sur lesquestions qui se rapportent au texte et à la doctrine duNouveau Testament, voir Canon des Écritures, t. i, col. 167-183; Manuscrits bibliques, t. iv, col. 682-698; Évangiles, t. ii, col. 2068-2114, et les articles sur chacundes livres du Nouveau Testament.

H. Lesêtre.

    1. NOVARINI Aloysius##

NOVARINI Aloysius, théologien italien, né à Véroneen 1594, mort dans cette même ville le 14 janvier 1650.Il fit professionen 1614 dans la congrégation des clercsréguliers théatins. Parmi ses écrits nous avons à mentionner: Matthœus et Marcus expensi, notis monitisquesæris illustrati, in-f», Lyon, 1642; Lucas expensus…, in-f°, Lyon, 1643/ Johannes expensus…, in-f», Lyon, 1643; Paulus expensus…, in-f°, Lyon, 1643; Moses expensus..., 2 in-f», Vérone, 1645-1648. — Voir Ant. Fr, Vezzosi, I scritlori de’chierici regolari delti Tealini,

Rome, 1780, t. ii, p. 100.

B. Heurtebize.

    1. NOYER##

NOYER, arbre qui produit la noix dont le nom hébreu’ëgôz est rendu par les Septante: y.âpuov; et laVulgate nux. Cant., vi, 11.

I. Description. — Les Juglandées, dont cet arbre estle type, forment une famille des plus naturelles tenant

453. — Noyer: rameau, fleura et fruit.

à la fois des Amentacées par leurs fleurs mâles groupéesen chatons, et des Térébinthacées par leurs feuillescomposées-pennées ainsi que par leurs principes résineux-aromatiques.Le Noyer cultivé, Juglans regia L(Bg453), est originaire des forêts d’Asie, mais a été" introduitdès les âges les plus reculés danstoutes les régionstempérées du globe, à cause de la diversité de ses produitsutiles. Son bois est un des meilleurs pour les arts; brun, compact, d’un grain fin, agréablement veiné, il n’est sujet

ni à se fendre ni à se tourmenter. L’enveloppe verte desfruits (brou de noix) riche en tanin fournit à la teintureune couleur brune solide. L’amande est comestibleavant comme après la maturité: l’on en extrait unehuile douce, sapide et siccative dont le défaut est derancir assez vite à l’air. Enfin la sève peut donner_parévaporation une assez grande quantité de sucre cristallisanteou se convertir en boisson fermentée.

Le Noyer est un grand arbre à cime touffue etarrondie: le tronc épais et assez court est recouvertd’une écorce grise crevassée.- Les feuilles alternes etsans stipules se composent de 7 à 9 folioles ovales, glabres, coriaces et d’un vert sombre. Les chatons mâlessont solitaires et pendants, insérés vers la base desrameaux de l’année: chaque fleur est formée par uncalice à divisions inégales, membraneuses, soudé avecla bractée axillante, protégeant de nombreuses étaminesà filets raccourcis et terminés par de grosses anthèresLes fleurs femelles solitaires ou plus souvent géminées, parfois même ternées, terminent les rameaux: l’ovaireinfère ovoïde supporte un limbe calicinal 4-lobé. Lefruit à maturité est un drupe dont l’enveloppe externepeu charnue finit par se déchirer irrégulièrement. Lenoyau lui-même se’sépare à la germination en 2 valves oucoques convexes, et rugueuses à la surface. Sa cavité intérieureincomplètement divisée en 4 cloisons est occupéepar une seule graine volumineuse, sans albumen, à cotylédonscharnus, huileux, bilobés et bosselés. F. Hy.

II. Exégèse. — Bien que ce nom’ëgôz ne se présentequ’une seule fois dans l’Écriture, Cant., VI, 11, la significationn’en est cependant pas douteuse. Ce mot, empruntévraisemblablement d’une langue aryenne, a passédans les idiomes sémitiques. Le persan l’appelle: ^£=»,

Khaus, Ghuz, et dans le dialecte du Ghilan aghuzjl’arménien èngoyz; l’arabe j «î>-, Djaue, Gjaus; le syriaqueGûzô, Gauza. Abulfaradj convient que les Arabesont emprunté ce nom aux Persans. O. Celsius, Hierobotanicon, in-8°, Amsterdam, 1748, t. i, p. 28; Gesenius, Thésaurus, p. 20, et les add. de Rcediger, p. 64; A. Pictet, Les origines indo-européennes, 2e édit., in-8, Paris, s. ri, , 1. 1, p. 290; lm. Lôw, Aramâische Pflanzennamen, in-8’, Leipzig, 1881, p. 84. Les Septante ont interprété exâDiementle mot par xâpuov, «noix;» et la Vulgate par nux.Le Talmud l’entend de même Maaseroth, i, 2; Schebiith, vu, 5; Schabbath, vi, 7; rx, 5; Peah, i, 5. Les languesanciennes et les traductions de l’Écriture s’accordentdonc à voir dans’ëgoz, le fruit du noyer. La noix(et indirectement l’arbre qui la produit) n’est signaléequ’une fois dans la Bible: c’est dans la bouche del’épouse des Cantiques, vi, 11: «J’étais descendue aujardin des noix.» Elle vient’sous les frais ombragesdes noyers du jardin deSalomon «contempler lesherbes de la vallée, et voir si la vigne pousse, si les grenadierssont en fleur». Cet arbre est cultivé en Orient, surtout dans la région du Liban, où l’on apprécie sonfruit et surtout l’huile qu’on en extrait. H. Tristram, The natural History of the Bible, in-12, Londres, 1889, p. 413. Au temps de Josèphe, Bell, jud., III, x, 8, lesnoyers étaient abondamment cultivés dans la plaine deGénésareth. Ils étaient évidemment plus rares, à mesurequ’on s’avançait dans le midi de la Palestine. Cependantils n’étaient pas inconnus à l’Egypte. Des noixont été trouvées dans la nécropole d’Hawara; et lesscalæ coptes donnent à ce fruit le nom de Koïri, ouKaïre, emprunté, semble-t-il, au grec xdtpuov. V. Loret, La flore pharaonique, 2 a édit., in-8, 1892, p. 45. Cf. E. Fr.Rosenmùller, Handbuch der biblischen Alterthumskunde, t. iv, p. 224; O. Celsius, Hierobotanicon, t. i, p. 28-34. E. Levesque.

    1. NUAGE##

NUAGE, NUÉE, NUE (hébreu: ’âb, ’ânândh, ’dnân, ’ârâfel, saliaq; chaldéen: ’ânan; Septante:

veçélri’, Vulgate: nubes, nebula, nubecula), amas devapeur condensée, affectant des formes très diverses, suspendu dans! l’atmosphère à différentes hauteurs, obéissant à l’impulsion des vents, et souvent se résolvanten pluie.

I. Les nuages au point de vue physique. — 1° L’auteurdu livre de Job, dans ses descriptions des merveillesde la nature, parle plusieurs fois des nuages, deleur formation, de leurs effets. Les nuages sont l’œuvrede Dieu; l’homme ne peut ni les produire, ni mêmeles compter. Job, xxxv; 5; xxxviii, 37. Dieu enfermel’eau dans les nuages, Job, xxxvii, 11, et ils ne serompent pas. Job, xxvi, 8. Ils laissent couler la pluie, Job, xxxvi, 28; mais l’homme ne peut leur commanderpour qu’ils la versent. Job, xxxviii, 34. Les nuagesfont à la mer comme un vêtement, en s’élevant toutautour d’elle, Job, xxxviii, 9, et ils se balancent dansles airs. Job, xxxvii, 16, 21. C’est en eux qu’éclate lefracas du tonnerre. Job, xxxvi, 29. — 2° Pour les autresécrivains sacrés, c’est Dieu qui fait les nuages et les appelledes extrémités de l’horizon. Ps. cxxxv (cxxxiv), 7; Prov., vin, 28; Jer., x, 13; li, 16; Eccli., xliii, 16; Bar., vi, 61. Les nuages volent dans le ciel comme des oiseaux, Eccli., xliii, 15; versent la pluie, Ps. cxlvii (cxlvi), 8; Ecole., xi, 3; Prov., iii, 20; Is., v, 6; Eccli., xliii, 24; procurent l’ombre, Is., xxx, 5, ou laissent passer lesrayons du soleil, II Reg., xxiii, 4, et produisent le phénomènede Parc-en-ciel. Gen., ix, 14; Ezech., i, 28. Lesnuages sont invités à bénir le Seigneur, par l’obéissancephysique aux lois qui les gouvernent. Dan., iii, 73. —3°, Du haut du Carmel, le serviteur d’Élie aperçoit lepetit nuage qui annonce la pluie. III Reg., xviii, 44. EnPalestine, le vent d’ouest, arrivant de la mer, amenaitles nuages et la pluie. Luc, xiii, 54.

II. Les nuages dans les théophanies. — Les nuages, interposés entre la terre et le ciel, sont considérés parlesauteurs sacrés comme lesupportetl’enveloppe deDieudans ses apparitions. — 1° De fait, les nuées accompagnentles manifestations divines à la sortie d’Egypte, Exod., xiii, 21. 22, voir Colonne dénuée, t. ii, col. 854; au Sinaï, Exod., xix, 9; xx, 21; xxiv, 15, 16; xxxiv, 5; Deut., iv, 11; v, 22; EcclL, xlv, 5; dans le Temple de Salomon, III Reg., viii, 2; II Par., vi, 1; cf. Ezech., x, 3, 4; dans les visions prophétiques, Ezech., i, 4; Dan., vii, 13; Apoc, i, 7; x, 1; xiv, 14-16; à la Transfiguration. Matth., xvii, 5; Marc, îx, 6; Luc, ix, 34; à l’Ascension, Act., i, 9. — 2° Lesnuées accompagneront la venue du Fils de l’hommeau dernier jour, Dan., vii, 13; Matth., xxiv, 30; xxvi, 64; Marc, xiii, 26; xiv, 62; Luc, xxi, 27; Apoc, i, 7, es les justes le rejoindront dans les nuées, c’est-à-direseront transportés au-devant de lui dans les hauteurs, pour l’accompagner ensuite dans le ciel. I Thés., iv, 16; Apoc, xi, 12. — 3° Dieu est porté sur les nuées, Deut., xxxiii, 26; il les a sous les pieds, II Reg., xxii, 12; Ps. xviii (xvii), 10; elles sont comme la poussièrede ses pieds. Am., i, 3, Elles lui servent de char rapide.Is., xix, 1; Ps. civ (cm), 3. — 4° Les nuées sont l’enveloppede Dieu et comme le manteau de sa majesté.II Reg., xxii. 12; Job, xxii, 13, 14; xxvi, [19; Ps. xviii(x-vn), 12; xcvn (xcvi), 2; II Mach., ii, 8; Act., i, 9. —5° Elles manifestent, par tous les phénomènes dont ellessont le théâtre, la grandeur, la [puissance et la sagessede Dieu. Jud., v, 4; Ps. lxviii (lxvii), 35; lxxvii (lxxvi), 18; Eccli., xxiv, 6.

III. Les nuages dans les comparaisons. — 1° Parleur légèreté, leur mobilité, leur nature, éphémère, lesnuages sont l’image des choses qui passent et disparaissentrapidement. Les morts, comme la nuée qui sedissipe, ne reviennent pas du tombeau. Job, vii, 9. Lebonheur de Job a passé comme un nuage. Job, xxx, 15. La piété d’Éphraïm et de Juda a disparu comme lanuée du matin que fait évaporer le soleil; Éphraïmsera dissipé de même. Ose., vi, 4; xiii, 3. Dieu fera disparaître les péchés d’Israël comme un nuage. Is., xliv, 22. Notre vie passe comme un nuage. Sap., ii, 3. —2° Les nuages épais, qui produisent les ténèbres, figurentle malheur. Job, iii, 5, voudrait que les nuées eussentfait disparaître le jour où il a été conçu. Pendant quetous les peuples seront ensevelis dans les nuages, lalumière brillera sur Jérusalem. Is., lx, 2. Les nuéesrecèlent les pluies torrentielles, la grêle, la foudre, etsont ainsi l’image des calamités déchaînées par la colèrede Dieu. Les jours de nuages et de ténèbres sont lesjours de la vengeance divine. Jer., xiii, 16; Ezech., xxx, 18; xxxii, 7; xxxiv, 12; xxxviii, 9, 16; Jo., ii, 2; Soph., i, 15. Des nuées partiront les traits qui exterminerontles impies. Sap., v, 22. — 3° Les nuages quis’avancent pressés les uns contre les autres figurent lesenvahisseurs qui marchent contre Jérusalem, Jer., iv, 13, et aussi les Israélites qui reviennent de Ja captivité.Is., lx, 8. — 4° Il y a des nuées bienfaisantes; telle estcelle qui couvrira Sion. Is., iv, 5. La miséricorde deDieu est comme une nuée qui apporte la pluie. Eccli., xxxv, 26. Isaïe, xlv, 8, demande que les nuées versentla justice sur la terre. C’est des nuées, c’est-à-dire duciel, que tombait la manne du désert. Ps. lxxviii(lxxvii), 23. — 5° La prière du juste monte jusqu’auxnues, c’est-à-dire jusqu’au trône de Dieu. Eccli., xxxv, 20. Mais quand Dieu ne veut pas écouter la prière, ils’entoure de nuées impénétrables. Lam., iii, 44. —6° Des nuages sans eau représentent celui qui se vantesans raison, Prov., xxv, 14, et aussi les docteurs de mensongequi ne peuvent donner la vérité et sont le jouetde l’erreur. II Pet., H, 17; Jud., 12. — 7° De même quel’obscurité des nuées fait ressortir l’éclat de l’étoile dumatin et de l’arc-en-ciel, ainsi brille au milieu du mondela vertu des saints. Eccli., l, 6, 8. — 8° On dit d’unechose qu’elle s’élève jusqu’aux nues quand elle atteintun haut degré de grandeur. La bonté et la fidélité deDieu s’élèvent jusqu’aux nues. Ps. xxxvi (xxxv), 6; lvii(lvi), 11; Cviii (cvn), 5. Jusqu’aux nues monte l’orgueildu méchant, Job, xx, 6, et celui du roi de Babylone.Is., xiv, 14. Jusqu’aux nues s’élèvera le châtiment de cedernier. Jer., li, 9. La flatterie fait qu’on porte jusqu’auxnues la parole du riche. Eccli., xiii, 28. — 9° La mentiondes nuages revient encore dans quelques locutionsmétaphoriques ou proverbiales, qui s’expliquent d’ellesmêmes.Il est ainsi question de nuées d’encens, Ezech., vm, 11, et de nuées de témoins. Heb., xii, 1. Celui quiregarde les nuages ne moissonnera pas, Eccle., xi, 4, parcequ’il se livre à des observations inutiles au lieu de travailler.Ce n’est pas des nuages qu’on tire la sagesse.

Bar., iii, 29.

H. Lesêtre.

    1. NUDITÉ##

NUDITÉ (hébreu: ’êrfim, ’érvâh, ’éryâh; Septante: yupivdTïic, YÛfjivtoaiç; Vulgate: nuditas), absence plus oumoins complète de vêtements. Celui qui est dans cetétat s’appelle’ârôm, une fois solâl ou’ârar, et, avecl’abstrait pour le concret, ma’ârummim, II Par., xxviii, 15, y)[iv6(, nudus. L’idée de nudité comporte dans laSainte Écriture des sens et des degrés différents.

1° La nudité complète. — C’est celle d’Adam et Eve auparadis terrestre, Gen., ii, 25; iii, 10, 11, et celle del’enfant qui vient au monde. Job, i, 21; Eccle., v, 14; Ose., ii, 5. Il est probable que le jeune homme saisi peuaprès l’arrestation de Notre-Seigneur, s’échappa en cetétat des mains des Juifs. Marc, xiv, 51, 52. Voir Linceul, col. 266.

2° La nudité obscène. — Elle est souvent appelée dansles versions àff/ruxoijùvYi, turpitudo, «honte.» Il en estquestion dans les textes législatifs qui défendent certainscrimes contre les mœurs, Lev., xviii, 6-18; xx, 17-21, et dans les textes prophétiques qui assimilent l’idolâtrieà l’adultère et à Ja prostitution. Jer., xiii, 26; Ezech., xvi, 7, 22, 37, 39; xxiii, 29; Nah., iii, 5; Ose., ii, 11; Hab., ii, 15; Apoc, iii, 18; cf. I Reg., xx, 30. Les Hé

breux se montraient fort sévères au sujet de cette sortede nudité et ils prenaient toutes les précautions pouren éviter le danger, même quand il s’agissail des suppliciés.Voir Caleçon, t. 11, col. 60; Langes, t. iv, col. 90; Latrines, col. 125. Sous le procurateur Cumanus, un soldat romain, en faction dans les portiques duTemple pendant les fêtes de la Pâque, s’étant permisune obscénité, il en résulta une terrible émeute quicausa la mort deplusieurs milliers de Juifs. Cf. Josèphe, Ant. jud., XX, v, 3; Bell, jud., II, xii, 1.

3° La nudité incomplète. — On appelle nus ceux quisont découverts d’une manière anormale, comme Noédans son ivresse, Gen., ix, 22, 23, et surtout ceux quisont incomplètement vêtus ou qui ont quitté leurs vêtementsde dessus. Les malheureux sont nus, sansvêtement, c’est-à-dire insuffisamment vêtus. Job, xxiv, 7, 10. Saül était nu, c’est-à-dire sans vêtements de dessus, pour prophétiser, I Reg„ xix, 24, et David était dans lemême état pour danser devant l’arche. II Reg., yi, 20.On est nu quand on porte le cilice de pénitence, Is., xxxii, 11; Mich., i, 8; quand on s’enfuit d’un champde bataille où l’on a été vaincu, Is., xx, 2-4; Am., ii, 16; II Mach., xi, 12; Act., xix, 16; quand on a quittéson vêtement de dessus pour pêcher, comme saint Pierre.Joa., xxi, 7. Ce sens relatif du mot «nu» n’est pasparticulier à l’hébreu. Il appartient également àYujivôç, cf. Hésiode, Op. et dies, 389; Xénophon, Anab., I, x, 3; IV, iv, 12, etc., et à nudus. Cf. Virgile, Georg., î, 299; Pétrone, Sat., 92, etc. On s’est demandé enquel état Jésus-Christ fut crucifié, quand les soldatsl’eurent dépouillé de ses vêtements. Matth., xxvii, 35.Il n’y a pas de documents directs permettant de résoudrela question. Certains auteurs païens semblentsupposer la nudité complète chez les crucifiés. Artémidore, Oneirocrit., H, 58; Arrien, Epist., iv, 26. D’autresauteurs permettent de croire à un dépouillementmoins absolu. Cicéron, De offic, i, 35; Denys d’Halicarnasse, i, 80; vii, 72; Valère Maxime, ii, 2, 9. L’Évangilede Nicodème, i, 10, raconte que le Sauveur futcrucifié avec un linge autour des reins. L’autorité romaine, qui tolérait l’usage juif de présenter auxcondamnés à mort le vin stupéfiant, Matth., xxvii, 34; Marc, xv, 23, ne devait sans doute pas se montrer plusdifficile à accorder la permission de couvrir le supplicié.Plusieurs Pères, S. Cyprien, Epist., lxiii, 3, t. iv, col. 375; S. Augustin, De civ. Dei, xvi, 2, t.’XLi, col. 478; , Cont. Faust., xii, 23, t. xlii, col. 266, etc., mentionnent, il est vrai, la nudité du Christ en croix, mais en l’opposant typiquement à celle de Noé, ce quin’exige nullement qu’elle ait été absolue. Benoît XIV, De fest., 88, admet cependant qu’elle l’a été et il citeun certain nombre d’auteurs de son avis. Cf. Lipsius, De cruce, Anvers, 1595, H, 17. En somme, on ne peutrien affirmer de précis. II est bon d’observer cependantque le corps du Sauveur, à la suite de la flagellationet du crucifiement, était tout recouvert de plaieset comme revêtu de son sang. Cf. Fouard, La vie deN.-S. J.-C, Paris, 1880, t. ii, p. 409; Knabenbauer, Ev.sec. Matth., Paris, 1893, t. ii, p. 522; Friedlieb, Archéol.de la passion, trad. Martin, Paris, 1897, p. 180; Le Camus, La vie de N.-S. J.-C, Paris, 1901, t. iii, p. 370.

4° La nudité indigente. — Souvent la nudité ne désignepas autre chose que l’extrême indigence à laquellesont réduits soit un peuple, ûeut., xxviii, 48; Lam., iv, 21, soit des persécutés ou des malheureux. Job, xxii, 6; Tob., i, 23; Rom., viii, 35; I Cor., iv, 11; II Cor., XI, 27. Vêtir ceux qui sont nus, c’est-à-dire secourirceux qui sont dans le besoin sous quelque forme quece soit, est une œuvre fréquemment conseillée ou louéedans la Sainte Écriture. II Par., xxviii, 15; Ezech., xviii, 7, 16; Tob., i, 20; iv, 17; Jacob., ii, 15. Notre-Seigneurdéclare faite à lui-même la charité exercée à

l’égard du prochain sous cette forme particulière.Matth., xxv, 36-44.

5° La nudité spirituelle. — C’est celle de l’âme qui n’asu acquérir ni vertus ni mérites. II Cor., v, 3; Apoc, m, 17; cf. xvi, 15; xvii, 16. Pour couvrir cette nudité, il faut se revêtir de Jésus-Christ. Rom., xiii, 14; Gal., m, 27; Eph., iv, 24; Col., iii, 10.

H. Lesêtre.

NUEE. Voir Nuage, col. 1710.

NUIT (hébreu: layîl, layelâh, et rarement’éméS, néëéf; chaldéen: lêleya; Septante: vit, oxôtoç; Vulgate: nox, tenebrx), temps durant lequel le soleil, descendu au-dessous de l’horizon, n’envoie plus directementsa lumière. Voir Ténèbres.

La Sainte Écriture parle souvent de la nuit, mais d’ordinairesimplement pour indiquer le temps où unechose se fait. Dans un certain nombre de passages cependant, la mention de la nuit a une significationparticulière.

1° Création de la nuit. — Au premier jour de lacréation, Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres etdonna à celles-ci le nom de «nuit». Gen., i, 5; cf. Jer., xxxiil, 20. Au quatrième jour, il fit les astres qui devaientprésider à la nuit. Gen., i, 16. Voir Cosmogonie, t. H, col. 1046. La nuit, étant une créature de Dieu, leloue à sa manière, Dan., iii, 71. Les cieux racontent lagloire de Dieu, et chaque nuit en transmet la connaissanceà la suivante. Ps. xix (xviii), 3.

2° Divisions de la nuit. — Les anciens Hébreux divisaientla nuit en trois veilles. Le commencement desveilles de la nuit, c’est-à-dire la première veille a samention dans Jérémie. Lam., ii, 19. Il est question dela veille du matin dans Exod., xiv, 24, et I Reg., xi, 11.Enfin, la veille du milieu est mentionnée dans Jud., vu, 19. Pour qu’il y ait une veille du milieu de la nuit, il en faut une qui précède et une qui suive. À l’époqueévangélique, les Juifs avaient adopté la division romainede la nuit en quatre veilles, énumérées par saint Marc, xm, 35: àtyl, sero, le soir; (iso-ovuxti’ov, média nox, minuit; àXsxTopotptovfa, galli cantus, le chant du coq, etrcpcot, mane, le matin. Cf. Matth., xiv, 25; Marc, vi, 48; Luc, ii, 8; Act., xxiii, 23; Tite-Live, v, 44; Cicéron, Epist. ad famil., 111, vii, 4; César, Bell, gai., i, xii, 2; il, 14; II, xxxiii, 2; S. Jérôme, Epist. cxl, 8, t. xxii, col. 1172. Le commencement de la veille du milieu, dontparle le livre des Juges, vii, 19, est ramené par Josèphe, Ant. jud., V, vi, 5, aux environs delà quatrième veille.En réalité, le commencement de la seconde veille hébraïquecorrespondait au milieu de la seconde veille romaine, et non de la quatrième. Ces veilles étaientplus ou moins longues, selon la longueur de la nuit. EnPalestine, à la latitude de 33°, la plus longue nuit et laplus courte diffèrent environ de quatre heures. Lesveilles nocturnes duraient donc à peu près une heurede plus au solstice d’hiver qu’au solstice d’été. — LesSamaritains et les Caraïtes appelaient’éréb, «soir,» letemps qui s’écoule entre le coucher du soleil et l’obscuritécomplète, tandis que les Pharisiens et le Talmudréservaient ce nom aux dernières heures du jour. VoirSoir et Gesenius, Thésaurus, p. 1065. La’âlâtâh, caligo, était l’obscurité complète. Gen., xv, 17; Ezech., xii, 6, 7, 12. Le milieu de la nuit était appelé hàsôf hal-layelàl, |iéaï] vil, média nox, Exod., xi, 4; Job, xxxiv, 20; Ps.exix (cxviii), 62, et’îsôn layelâl, «pupille de la nuit,» c’est-à-dire nuit noire comme le centre de l’œil. Prov., vu, 9; xx, 20.

3° L’emploi de la nuit. — La nuit est: — 1. le temps favorableà la méditation, Ps. lxxvii (lxxvi), 7; exix(cxvin), 55, 62; Is., xxvi, 9; cf. Gen., xxiv, 63; — 2. letemps où se produisent ordinairement les visions et lescommunications divines, Gen., XL, 5; xlvi, 2; I Reg., xv, 16; III Reg., iii, 5; I Par., xvii, 3; II Par., i, 7; vi

12; Job, IV, 13; xx, 8; xxxiii, 15; Ps. xvil (xvi), 3; Is., xxix, 7; Dan., ii, 19; vii, 2, 7, 13; Zach., i, 8; Act., xvi, 9; xviii, 9; xxiii, 11; xxvii, 23; voir Songe; —3. le temps ordinaire de la conception, Job, iii, 3-7; Sap., vii, 2; — 4. le temps pendant lequel les voleursaiment à opérer, Job, xxiv, 14; Jer., xlix, 9; I Thés., v, 2; cf. Mattb., xxviii, 13; — 5. le temps favorable auxembûches et à l’attaque des ennemis, Jud., vii, 9; IReg., xiv, 36; IVReg., viii, 21; IIPar., xxi, 9; II Esd., vi, 10; Judith, xiii, 18; Ps. xci (xc), 5; Cant., iii, 8; Jer., vi, 5; II Mach: , xiii, 15; — 6. le temps que Dieuchoisit parfois pour exécuter les arrêts de sa justice.Exod., su, 12; Sap., xviii, 14; IV Reg., xix, 35, etc. —Sur la lampe qui ne s’éteint pas durant la nuit, Prov., xxxi, 18, voir Lampe, col. 59; sur la lune qui brûlependant la nuit, Ps. cxxi (cxx^, 6, voir Insolation, t. iii, col. 886.

4° Sens figurés. — La nuit figure le malheur, Job, xxxv, 10; la mort, Joa., ix, 4; la privation de la lumièresurnaturelle. Rom., xiii, 12; I Thés., v, 5. Aussi est-ildit que, dans le ciel, il n’y a pas de nuit. Apoc, xxi, 25; xxii, 5.

5° Locutions diverses. — Dire qu’une chose se fait «jour et nuit», c’est dire qu’elle se fait sans interruptionaucune. Deut., xxviii, 66; II Esd., i, 6; iv, 9; Ps.lxxxviii (lxxxvii), 2; Jer., xvi, 13; Act., ix, 24; II Thés., m, 8; Apoc, iv, 8; vii, 15, etc. La pluie du délugetombe «quarante jours et quarante nuits», Gen., vit, 4, 12; Moïse est sur le Sinaï t quarante jours et quarantenuits», Exod., xxiv, 18; xxxiv, 28; Deut., ix, 9-25; x, 10; Ëlie marche «quarante jours et quarante nuits», III Reg., xix, 8; [David et Tobie jeûnent «trois jours et troisnuits», I Reg., xxx, 12; Tob., iii, 10, et Notre-Seigneur «quarante jours et quarante nuits», Matth., iv, 2; Marc., i, 13; les amis de Job se tiennent silencieux auprèsde lui «sept jours et sept nuits», Job, ii, 13, etc.

— «Se lever de nuit» pour accomplir un acte, c’estconsacrer à cet acte sa diligence et ses soins. Gen., XX, 8; xxii, 8; xxxl, 55; Jos., iii, 1; Jud., vi, 38; xix, 5: I Reg., xv, 12; xxix, 11; IV Reg., vii, 12; II Par., xxxvi, 15; II Esd., ii, 12; Prov., xxxi, 15; Jer., xxv, 3; xxvi, 5; xxix, 19; xliv, 4. Cette diligence convient surtout quandil s’agit de louer Dieu. Ps. lxiii (lxii), 7; Sap., xvi, 28.

H. Lesêtre.

    1. NUMÉNIUS##

NUMÉNIUS (grec: Nou^vto; ), fils d’Antiochus.Numénius fut un des ambassadeurs envoyés à Rome parJonathas vers 144 avant J.-C, pour renouveler le traitéd’alliance conclu entre les Juifs et les Romains, et, surleur chemin, porter des lettres du grand-prêtre etde la nation juive aux Spartiates. I Mach., xii, 16-17. Lesambassadeurs furent bien reçus à Sparte et à Rome, I Mach., xii, 17; xiv, 22. Numénius fut aussi chargé par

Simon d’offrir aux Romains un grand bouclier d’or dupoids de mille mines pour assurer l’alliance, I Mach., xiv, 24. Il revint avec ses compagnons, porteur d’unelettre circulaire qui fut envoyé à tous les peuples en relationsavec les Juifs pour leur annoncer leur allianceavec Rome, et dont un exemplaire était destiné augrand-prêtre Simon. I Mach., xv, 15-24. Voir Bouclier, t. i, col. 1883; Lacedémoniens, t. iii, col. 7; Lucius 1, t. iii, col. 409. E. Beurlter.

1. NUN,: , ], quatorzième lettre de l’alphabet hébreu, exprimant la consonne n. Nun signifie «poisson» et sa forme allongée, dans les alphabets sémitiques, rappelle celle du poisson. Voir Alphabet, t. i, col. 407.

2. NUN (hébreu: Nûn; une fois Non, I Par., vii, 27, «poisson;» Septante: Nau^, et dans divers manuscrits: Na6rî, Na6é), de la tribu d’Éphraïm, père de Josué, leconquérant de la Terre Promise, qui est appelé ordinairementBin-Nûn ou «fils de Nun». Exod., xxxiii, 11.Num., xi, 28; xiv, 6, etc.; Jos., i, 1, etc. On ne sait riende sa vie, il n’est jamais mentionné que comme pèrede Josué. Dans la Vulgate, Eccli., xlvi, 1, son nom estécrit une fois Navé, d’après l’orthographe grecque.

NYCTICORAX. Voir Chevêche, t. ii, col. 683.

    1. NYMPHAS##

NYMPHAS (grec: Nu|j.<pâç), chrétien ou chrétiennede Laodicée. Le plus grand nombre en font un chrétien, comme l’indique le contexte, et comme le portent laplupart des manuscrits, oTxou ocjtoû. D’après le CodexVaticanus, c’est une femme, otxou rçùxîiç. De mêmepour les versions syriaques. Les Codex Alexandrinus, Sinaticus-, Ephrsemi rescriptus lisent oTxou aîrctov, enrapportant le pronom à ceux qui composent la maison, et ne déterminent point si Nymphas était un hommeou une femme. Col-, iv, 15. L’Ambrosiaster, In Col., iv, 15, t. xvii, col, 442, voit en elle une chrétienne devota.Mais saint Jean Chrysostome, Horn. xii in Col., iv, 1, t. lxii, col. 381, l’appelle (léyav tov avSpa, «un hommeimportant,» et Théophylacte, Expos, in Col., iv, 15, t. cxxiv, col. 1276-1282, reproduit à peu près ses paroles.Théodoret, In Col., iv, 15, t. lxxxii, col. 626, voit aussien lui un homme de Laodicée. Les Grecs honorentNymphas comme apôtre avec saint Eubule, voir t. ii, col. 2042, le 28 février. Voir Acta sanctorum, februariit. iii, édit. Palmé, 1865, p. 725. Nous ne connaissonsaucun détail sur sa vie. Son nom est probablementune contraction de Nymphodoros. J. Ellicot, St. Paul’sEpistles to the Philippians, the Colossians, 4 8 édit., Londres, 1875, p. 206; J. B. Lightfoot, St. Paul’s Epistlesto the Colossians, Londres, 1875, p. 308-309.

O

OBADIA (hébreu: ‘Obadyâh, «serviteur de Yàh;» Septante: Άβδιού), le second des cinq fils d’Izrahia, dela tribu d’Issachar, qui sont qualifiés «tous chefs». Letexte est altéré dans ce passage. Il mentionne cinq filsd’Izrahia et n’en nomme que quatre. IPar., vii, 3.Obadia vivait du temps de David.

OBADIAS BEN JACOB SPHORNO, d’où le nomlatin de Siphronius ou Ziphronæus, théologien juif italien, né à Césène dans la seconde moitié du xvesiècle, mort à Bologne en 1550. Il pratiqua la médecine à Bologne, puis il enseigna l’hébreu à Rome, où il eutpour élève J. Reuchlin. Il est l’auteur des commentairessuivants: Illustratio seu explanatio Cantici Canticorum et Ecclesiastæ, in-4o, Venise, 1567. — מִשְׁפַט צֶדֶק.Judicium justum, ex Deuteronomio, xvi, 18 (commentaire sur le livre de Job, publié en même temps que celuide Siméon bar Zemach), in-4o, Venise, 1590. — פֵירוּשׁ עַל תְּהִלִִִּים. Commentarius in Psalmos, in-4o, Venise, 1586.— On a attribué à Obadias d’autres ouvrages dont ilparaît douteux qu’il soit l’auteur. Voir Wolf, Bibliotheca hebræa, in-4o, Hambourg et Leipzig, 1715-1733, t. i, p.938 sq.

A. Régnier.

OBDIAS (hébreu: ‘Obadyâh, «serviteur de Yâh»), nom de sept Israélites dans la Vulgate. Le nom de ‘Obadyâh est porté en hébreu par douze Israélites. LaVulgate a transcrit ailleurs ce nom par Abdias et parObdias. Elle l’a écrit Obadia dans IPar., vii, 3. LesSeptante ont également transcrit ce nom de manièresdifférentes.

1. obdias (Septante: Ἀβδία), fils d’Aman et pèrede Séchénias, de la tribu de Juda, d’après les Septante et la Vulgate. IPar., iii, 21. Ils ont lu en hébreu benô, «son fils,» au lieu de benê, «les fils de,» que portele texte massorétique, lequel, au lieu d’individus, énumère des familles descendant de David.

2. obdias (Septante: Ἀβδία), cinquième fils d’Asel, de la tribu de Benjamin, descendant de Saül. IPar., viii, 38; ix, 16.

3. obdias (Septante: Ἀβδία), fils de Séméias, descendantd’Idithum, qui habita Jérusalem au retour dela captivité de Babylone. IPar., ix, 44. Plusieurs commentateursl’identifient avec l’Obdias de IIEsd., x, 5.

4. obdias (Septante: Ἀβδία), le second des onzevaillants Gadites qui allèrent rejoindre David fugitif, dans le désert de Juda, pendant la persécution de Saül.IPar., xii. 9.

5. obdias (Septante: Ἀβδία), le second des cinq deses principaux officiers que Josaphat envoya avec desprêtres et des lévites dans les villes de Juda pour instruirele peuple de la loi du Seigneur. IIPar., xvii, 7.

6. obdias (Septante: Άβδία), prêtre, un des signatairesde l’alliance entre Dieu et le peuple du temps deNéhémie. IIEsd., x, 5. II peut être le même qu’Obdias3, d’après plusieurs commentateurs, mais il fautremarquer contre cette identification, qu’Obdias estcompté parmi les prêtres dans IIEsd., x, 5, cf. 7, tandisque l’Obdias qui revint de captivité et habita Jérusalemn’était qu’un lévite, descendant d’Idithun.IPar., ix, 16.

OBED (hébreu: עובד, ‘Obéd), nom de six Israélites.Obed signifie «servant (participe présent), serviteur».Le nom divin est sous-entendu et par conséquent Obeda la même signification qu’Abdias ou Obdias. L’hébreuvocalise Obed 1: ‘Ébéd, et aussi un septième Israélite demême nom, IEsd., viii, 6, que la Vulgate appelle Abed.Voir t. i, col. 26.

1. obed (Hébreu: ‘Ebed; Septante: Ιωβήλ ; Alexandrinus: Ἀβέδ), père de Gaal qui se mit à la tête des Sichémitesrévoltés contre la tyrannie d’Achimélech, filsde Gédéon. Jud., ix, 26, 28, 30, 31, 35. Il n’est nomméque comme père de Gaal. Quelques manuscrits hébreuxécrivent son nom ‘Ébér, et les versions syriaque et arabeont suivi cette orthographe.

2. obed (Septante: Ὠβήδ), fils de Booz et de Ruth, de la tribu de Juda, ancêtre de David et de Jésus-Christ.Ruth, iv, 17, 21, 22; IPar., ii, 12, Matth., i, 5; Luc., iii, 32. Les voisines de Noémi, qui avaitfait faire le mariage de sa belle-fille Ruth avec Booz, lafélicitèrent de cette naissance et donnèrent à l’enfantle nom d’Obed. Noémi le prit sur son sein et le soignacomme une nourrice. Dans la généalogie d’Obed, quiest donnée de Pharès à David, Ruth, iv, 18, 22, et quiest répétée dans IPar., ii, 10-12; Matth., i, 3-6; Luc., iii, 32-33, plusieurs noms intermédiaires ont été omis, car elle ne renferme que dix noms pour plusieurs siècles, cinq pour le séjour en Égypte et cinq depuis la sortied’Égypte jusqu’à David, c’est-à-dire pour une période dehuit à neuf cents ans. Voir Chronologie, t. ii, col. 737-738.

3. obed (Septante: Ὠβήδ; Alexandrinus: Ἰωβήδ), de la tribu de Juda, descendant de Sésan et de l’esclaveégyptien Jéraa, à qui Sésan, qui n’avait pas de fils, avaitdonné une de ses filles, Oholaï, en mariage. Son pères’appelait Ophlal et il eut pour fils Jéhu. IPar., ii, 3438. Son grand-père était Zabad qui fut un des soldats deDavid distingués par leur bravoure. IPar., xi, 41.

4. obed (Septante: Ὠβήδ; Alexandrinus : Ἰωβήδ; Sinaiticus: Ἰωβήθ), un des vaillants soldats de l’arméede David. IPar., xi, 46 (hébreu, 47).

5. obed (Septante: Ὠβήδ; Alexandrinus : Ἰωβήδ), lévite, le troisième fils de Séméia, un des petit*-fils d’Obédédom, portier du Temple. IPar., xxvi, 7.

1719

OBED

OBEISSANCE

1720

6. OBED (Septante: ’Qgi-8; Alexandrinus: ’I(o6t 1 S) ipère d’Azarias qui vivait du temps de la reine Athalie, II Par., xxiii, 1. Voir Azarias 16, t. i, col. 1301.

    1. OBÉDÉDOM##

OBÉDÉDOM (hébreu: Ôbëd’Ëdôm, «serviteurd’Édom» ), nom d’une ou plusieurs personnes dont lenombre est difficile à déterminer. La signification mêmedu nom est obscure. Quelques modernes prétendentavec B. Stade, Geschichle Isræls, p. 121, qu’Édom désigneici une divinité. Voir W. Mûller, Asien und Europanæh aîtâgyptischen Denkmàlern, 1893, p. 315.Mais il n’est pas croyable que des lévites aient porté unnom idolâtrique.

i-3. OBÉDÉDOM (Septante: ’AgeSSapa, II Reg., vi, 10-12; I Par., xiii, 13-14; ’AêSeSôn, II Par., xxv, 24; Alexandrinus: ’Age88a8d|i, ’AgcSSapàv, ’IagSoSop), propriétairede la maison dans laquelle fut déposée l’arched’alliance, lorsque David la transportait de Cariathiarimà Jérusalem. Quand elle fut arrivée près du lieu oùhabitait Obédédom, Oza l’ayant témérairement touchée, parce qu’il la croyait en danger de tomber, fut frappésubitement de mort. Effrayé de cet accident, David n’osapoint transporter l’arche dans l’endroit qu’il lui avaitpréparé dans sa propre maison et il la laissa en dépôtdans celle d’Obédédom. Elle devint pour ce dernier unesource d’abondantes bénédictions, ce que voyant David, il revint à son premier projet et la transporta solennellementtrois mois après dans sa capitale. II Reg., vi, 8-17; I Par., xiii, 13-14.

La personalité d’Obédédom soulève de nombreusesdifficultés qu’on ne peut résoudre avec une pleine certitude.Il est qualifié de «Géthéen». II Reg., vi, 10, 11; I Par., xiii, 13. Plusieurs commentateurs concluent delà que c’était un Philistin, originaire de Geth. D’autrespensent qu’il est appelé Géthéen parce que, quoiqueisraélite d’origine, il avait séjourné longtemps à Geth.Le plus grand nombre croient qu’il était lévite, et queGéthéen signifie qu’il était originaire de Geth-Remmon, ville lévitique de la tribu de Dan assignée aux fils deCaath. Jos., xxi, 24; I Par., vi, 69. — L’opinion qu’il étaitlévite est la plus vraisemblable. Le premier livre desParalipomènes, IPar., xv, 18, 24, nomme un Obédédom, qui vivait du temps de David et qui était portier del’arche. Le texte, cf. y. 25, ne le distingue en aucunefaçon de celui chez qui l’arche avait été déposée, et il estdonc naturel de ne voir là qu’un seul et même personnage.— D’Obédédom, portier du Temple, était issue unenombreuse famille, composée de soixante-deux personnes, d’après I Par., xxvi, 4-8, et le texte remarqueexpressément, ꝟ. 5, au sujet des nombreux enfants d’Obédédom, que «Dieu l’avait béni», ce qui paraît être uneallusion à la bénédiction de II Reg., vi, 11; I Par., xiii, 14. — D’après I Par., xvi, 38, un Obédédom, égalementlévite, fut aussi chef à la même époque d’une famille desoixante-deux portiers, mais cet Obédédom est appeléfils d’Idithun, t- 38, et était par conséquent Mérarite(voir Idithun, t. iii, col. 807), tandis que l’Obédédomde I Par., xxvi, 4, était Corite, ꝟ. 1, et par conséquentCaathite. Voir Corite, t. ii, col. 1005. Il y eut donc deuxlévites, chefs de portiers, appelés l’un et l’autre Obédédom, à moins d’admettre une faute dans le texte actuel, ce que l’on ne peut établir. — Outre les Obédédom portiers, il est encore question d’un Obédédom musicienqui prit part en cette qualité au transfert de l’arche àJérusalem. Il est nommé deux fois avec Jéhiel. I Par., xv, 2l; xvi, 5. Comme Obédédom le portier avait été déjàmentionné en cette qualité, xv, 18, et qu’il l’est de nouveauau ꝟ. 24, il est peu probable qu’il reparaisse commemusicien dans la même série d’énumération au ꝟ. 21, quoique cette opinion compte des partisans qui s’appuientsur cette circonstance, qui ne laisse pas qued’être embarrassante, qu’Obédédom le portier est associé à Jéhiel aussi portier, t. 18, et qu’il en est demême au ꝟ. 21 et xvi, 5, où ils sont nommés égalementl’un à côté de l’autre comme jouant du kirtnôr.

4. OBÉDÉDOM (Septante: ’A68e5ô|j.), gardien desvases sacrésilu temps d’Amasias, roi de Juda. Joas, roid’Israël, ayant vaincu Amasias, prit à Jérusalem «toutl’or et l’argent et tous les vases qui se trouvaient dansla maison de Dieu et chez Obédédom». II Par., xxv, 24.On peut à la rigueur entendre ce texte en ce sensque la maison d’Obédédom est celle qui avait appartenuau personnage de ce nom qui vivait du tempsde David et ne désigne par un contemporain du roiAmasias.

    1. OBÉDIA##

OBÉDIA (hébreu: ’Ôbadyâh, voir Obdias, col. 1717; Septante: ’ASecSla), fils de Jéhiel, descendant de Joab, qui, sous Esdras, ramena avec lui, de la captivité enJudée, deux cent dix-huit hommes de sa parenté.

    1. OBÉISSANCE##

OBÉISSANCE (hébreu: yeqâhâh, Semo’a; Septante: è7raxpôa(riç, iitaxoii; Vulgate: obedientia, obeditio), vertu qui porte à exécuter les ordres de celui qui a ledroit de les donner.

1° À Dieu. — 1. Abraham a obéi à Dieu et en a étérécompensé par la promesse d’une postérité innombrable.Gen., xxii, 18; xxvi, 5; Heb., xi, 8. Dieu préfèrel’obéissance aux victimes. I Reg., xv, 22; Eccle., iv, 17. Aussi, selon l’exemple donné par les Machabées, I Mach., ii, 20; II Mach., vii, 30, il vaut mieux obéir àDieu qu’aux hommes. Act., v, 29. La race des justes estobéissance et amour, Eccli., iii, 1 (seulement dansla Vulgate), et celui qui obéit au Seigneur console samère. Eccli., iii, 7. La lumière elle-même obéit àDieu. Bar., iii, 33. Obéir à Dieu c’est obéir à sa loi.Exod., xv, 26; Lev., xxvi, 18; Deut., xi, 13, 27; xxvi, 14, 17, etc. Cette obéissance, promise à Dieu par sonpeuple, Exod., xxiv, 7; Jer., nui, 6, etc., devait avoirsa récompense. Deut., xxx, 2, 20. Mais souvent c’est ladésobéissance qui a prévalu, I Reg., xxviii, 18; Jer., xxxvii, 2; Act., vii, 39, etc., et qui a entraîné le châtimentdivin. Jer., xliii, 7. — 2. Il a été prédit du Messiequ’à lui serait l’obéissance (yeqâhâh) de tous les peuples.Gen., xlix, 10 (dans les versions: wpooSoxia, expectatio, «attente» ). Daniel, vii, 27, reproduit la même annonce.Quand le Fils de Dieu parut, il fut lui-même obéissantà son Père jusqu’à la mort, Phil., ii, 8, et, par sespropres souffrances, il apprit ce que c’est qu’obéir.Heb., v, 8. — 3. La mer, les vents et les démons obéissaientau Fils de Dieu. Matth., viii, 27; Marc, i, 27; iv, 40; Luc, viii, 25. Les disciples du Sauveur doiventêtre des «fils d’obéissance». 1 Pet., i, 14, 22. Obéir àl’Évangile, Rom., i, 5; vi, 17; x, 16; xv, 18; II Cor., ix, 13; II Thés., i, 8, à la vérité, Gal., iii, 1; v, 7, à lafoi, Rom., xvi, 26; I Pet., i, 2, c’est obéir à la loi nouvelleapportée par le Fils de Dieu.

2° Aux hommes. — 1, La Sainte Écriture signalel’obéissance de Jacob à ses père et mère, Gen., xxviii, 7; des Égyptiens à Joseph, sur l’ordre du pharaon, Gen., xli, 40; des enfants d’Israël à Moïse, Deut., xxxiv, 9; Jos., i, 17; des Réchabites à leur ancêtreJonadab. Jer., xxxv, 8-18, etc. Il est prescrit aux Israélitesd’obéir aux prêtres et aux juges, Deut., xvii, 12, etaux enfants d’obéir à leurs parents, sous peine d’êtretraduits devant les anciens. Deut., xxi, 18. Le châtimentfrappera celui qui dédaigne l’obéissance (yeqâhâh) visà-visde sa mère. Prov., xxx, 17 (dans les versions:-pipa; , «la vieillesse,» partum, «l’enfantement» ). À proposde l’intervention divine à la bataille de Gabaon, l’historiensacré dit que Dieu obéit à la voix de l’homme. Jos., x, 14.

— D’après la Vulgate, «tout obéit à l’argent,» c’est-à-direà celui qui est riche, tandis que, d’après le textehébreu, «l’argent répond à tout,» c’est-à-dire procure

toutes les jouissances. Eccle., x, 19. «L’esprit du justemédite l’obéissance,» d’après la Vulgate, tandis qu’ily a en hébreu: ’ânôt, «pour répondre, s et dans lesSeptante: ute-rei; , des choses dignes de foi. Prov., xv, 28. Enfin, la Vulgate dit que «l’homme obéissant raconterasa victoire», alors qu’il y a en hébreu: «l’homme qui écoute pourra parler toujours,» lânésah, «à perpétuité.» Plusieurs versions anciennes ont dérivéce dernier mot du verbe chaldéen nesalf, «vaincre.» Prov., xxi, 28. — 2. Dans le Nouveau Testament, Noire-Seigneurdit que celui qui a la foi pourrait se faireobéir par un mûrier. Luc, xvii, 6. Saint Paul stigmatisela désobéissance des païens à l’égard de leursparents. Rom., i, 30; Il Tim., iii, 2. Il recommandeaux chrétiens d’obéir à leurs parents et à leurs maîtres, Eph., vi, 1, 5; Col., iii, 20, 22, aux pouvoirs établis, Tit., iii, 1, et à leurs pasteurs, à l’égard desquels, dureste, il reconnaît et loue l’obéissance des fidèles.II Cor., ii, 9; vii, 15; x, 6; II Thés., iii, 14; Philem.,

21; Heb., xiii, 17.

H. Lesêtre.

    1. OBÉLISQUE##

OBÉLISQUE (hébreu: massâbâh; Septante: <rrij), 7)<rcwXo; ; "Vulgate: titulus, statua), monument ordinaire! ment monolithe et à base quadrangulaire, terminé enpointe et servant à l’ornementation des temples égyptiens.— On a attribué aux obélisques égyptiens différentessignifications. Cf. Lagrange, Études sur les religionssémitiques, Paris, 1905, p. 212. «À dire le vrai, ils ne sont que la forme régularisée de ces pierres levées, qu’on plantait en commémoration des dieux et des mortschez les peuples à demi sauvages. Les tombes de laIVe dynastie en renferment déjà qui n’ont guère plus d’unmètre, et sont placés à droite et à gauche de la stèle, c’est-à-dire de la porte qui conduit au logis du défunt; ils sont en calcaire, et ne nous apprennent qu’un nomet des titres. À la porte des temples, ils sont en granitet prennent des dimensions considérables, 20 m 75 à Héliopolis, 23 m 59 et 23 m 03 à Louxor. Le plus élevé de ceuxque l’on possède aujourd’hui, celui de la reine Hatchepsouà Karnak, monte jusqu’à 33 m 20, .. Les obélisquesétaient presque tous établis sur plan carré, avec lesfaces légèrement convexes et une pente insensible dehaut en bas. La base était d’un seul bloc carré, orné delégendes ou de cynocéphales en ronde loosse, adorantle soleil. La pointe était coupée en pyramidion et revêtue, par exception, de bronze ou de cuivre doré…Le plus souvent les quatre faces verticales n’ont d’autreornement que des inscriptions en lignes parallèles consacréesexclusivement à l’éloge du roi.» Maspero, L’archéologie égyptienne, Paris, 1887, p. 102, 103. Decolossales statues tenaient l’entrée des temples égyptiens.La place des obélisques était en avant de ces statuesde chaque côté de la porte; car les obélisquesn’allaient que par paire, et souvent n’avaient pas lamême hauteur. On en trouve à Karnak, il est vrai, plusieursqui sont perdus au milieu des cours. Celui de lareine Hatespou est même encastré dans une maçonneriede 5 mètres de haut qui en cache la base (fig. 454).Cela tient à ce que des constructions nouvelles ontété successivement ajoutées, et que les plus récentes"masquaient les façades antérieures. Plusieurs de cesobélisques égyptiens ont été transportés en Europe.Celui de Paris vient de Louxor. Il est en granitrose de Syène. Sa hauteur est de 22 m 83 et son poidsest estimé à 250000 kilogrammes. Il avait été érigépar Ramsès II. Il contient l’éloge plusieurs fois répétédu roi et ses actes d’adoration à Ammon-Ra. Cf. Chabas, Records of the past, t. IV, p. 17; Perrot, Histoirede l’art, t. i, p. 348-351; Vigouroux, La Bible etles découvertes modernes, 6eédit., t. ii, p. 242. À Rome, l’obélisque de Saint-Jean de Latran est en granit rougeet date de Thotmès III. Il provient du temple dusoleil à Thèbes. Il a été brisé en trois morceaux et,

après restauration, mesure encore 32°> de haut, Sonpoids est évalué à 440000 kilogrammes. L’obélisque dela place Saint-Pierre a été apporté d’Héliopolis sousCaligula et pèse près de 327000 kilogrammes. Sur lesprocédés employés par les Égyptiens pour dresser cesmasses, voir Maçon, col. 515, 519. D’autres obélisquesmoins considérables affectaient la forme d’une stèlerectangulaire arrondie dans le haut et quelquefois surmontéed’un objet de métal. — Il est question deuxfois d’obélisques dans la Sainte Écriture. Isaïe, xix, 19, après avoir fait allusion à la Ville du soleil, c’est-à-dire

454. — Obélisque de la reine Hatchepsou iD’après une photographie.

Karnak.

On ou Héliopolis, dit que, près de la frontière d’Egypte, «un obélisque (massëbâh) sera consacré à Jéhovah.» Cette prophétie signifie qu’un jour, surtout aprèsla venue du Messie, Dieu sera connu et servi en Egypteà meilleur litre que les fausses divinités en l’honneurdesquelles se dressent des obélisques. Voir Onias IV; Josèphe, Bell, jud., VII, x, 3; Ant. jud., XIII, iii, 3.Onias, fils du pontife Onias III, s’autorisa de cette prophétiepour relever, en l’honneur de Jéhovah, un vieuxtemple égyptien tombant en ruines à Léontopolis. Il yadjoignit une tour ou un pylône. Ses moyens ne lui permettaientévidemment pas d’y dresser un obélisque proprementdit. Voir l’obélisque qui subsiste encore à Héliopolis, t. i, fig. 528, col. 1737, Sur le séjour de la

Sainte Famille en cette région, voir Héliopolis, t. iii, col. 571, et Jullien, L’Egypte, Lille, 1891, p. 241-251; Id., L’arbre de la Vierge à Matariéh, Le Caire, 1904.Jérémie, ïliii, 13, annonce au contraire que Nabuchodonosorbrisera les obélisques (masehôt; Vulgate: statua) de la Maison du soleil, en Egypte, et brûlera les demeuresdes dieux. Ézéchiel, xxix, 19; xxx, 10, préditaussi la conquête de l’Egypte par Nabuchodonosor.Voir Nabuchodonosor, col. 1440. L’état actuel desdécouvertes historiques ne permet pas de déterminerde quelle manière se sont accomplies les prophéties, spécialement en ce qui concerne le temple d’Héliopolis.Mais une inscription jointe à la statue d’un personnageégyptien, nommé Nes-Hor, fait allusion à ce qui passa, sous le règne d’Apriès, à Éléphantine, dans la Haute-Egypte.Nes-Hor y dit: «J’ai pris soin de la maison{des dieux), quand elle eut à souffrir des troupes étrangèresdes Amu (les Sémites), des peuples du nord, deceux de l’Asie, les misérables…» Cf. Pierret, Recueild’inscriptions hiéroglyphiques inédites, p. 21-26; Records of the past, t. vi, p. 79-84. Que les agresseursmentionnés dans l’inscription soient seulement desrebelles, comprenant des auxiliaires grecs et sémites, comme le pensent Maspero, Notes sur quelques pointsde grammaire et d’histoire, dans la Zeitschrift furâgyptische Sprache, 1884, p. 87-90, etBrugsch, Beitràge, ibid., p. 93-^7, ou que ce soit une armée chaldéennearrivée jusqu’à Syène, comme l’admettent Wiedemann, Der Zug Nebucadnezar’s genen Aegypten et Nebucadnezarund Aegypten, dans la Zeitschrift, 1878, p. 2-6, 87-89, qui maintient son interprétation dans AegyptischeGeschichte, Supplément, p. 70, puis Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, t. iv, p. 246-253; Tiele, Babylonisch-assyrische Geschichte, p. 433-438; Wînckler, Geschichte Babyloniens und Assyriens, p. 3^2-313, il est certain que les temples égyptiens avaientà craindre, quand des Sémites en armes s’abattaient surle pays. Par conséquent, Nabuchodonosor ne dut pasplus respecter les demeures des dieux et les obélisques, à Héliopolis et ailleurs, qu’il ne respecta le temple de

Jérusalem.

H. Lesêtre.

OB1TER DICTA. On donne ce nom, qui signifie «chosés^dites en passant», à de petit* détails qu’onlit dans ^Écriture et qui n’ont par eux-mêmes aucuneimportance, tels que le mouvement de la queue duchien de Tobie: Èlandimento caudm suis gaudebat.Tob., xi, 9. Quelques théologiens ont pensé que cesminuties n’étaient pas inspirées,-mais il n’y a aucunmotif d’en contester l’inspiration.’Voir Vigouroux, Manuel biblique, 12e édit., 1906, 1. 1, p. 79-80; Corluy, Y a-t-il dans la Bible des passages non inspirés? danste Science catholique, 15 mai 1893j; p. 481-507; Ch. Pesch, De inspiratione Sacrée Scripturse, Fribourg-en-Brisgau, 1906, p. 335-337. ….-_-.-, .-..

    1. OBJETS TROUVÉS##

OBJETS TROUVÉS, objets.perdus par le propriétairelégitime et rencontrés pàriîn étranger. — 1° La loidevait nécessairement s’occuper d’un cas aussi fréquentque celui-là; Voici ce qu’elle prescrit: «Si tu TèncdBtnes lebœuf de! toni, ennemi ou son àriëtggaré, tu ne manqueraspas de le lui Eamener. * Exod.y Xxiii,: i„ La prescriptionest ici formulée en faveur.de tous, même de l’ennemi; et il ne suffit’pas de ne point s’emparer de l’animalperduyon doit le ramener à son propriétaire, par conséquents’imposer unt peine spécial© pour l’accomplissem*ntde cette t démarche. La loi visait peut-être; àménager ainsi une réconciliation entre Israélites ennemis.Portée au désert, .où les troupeaux n’avaientpas dp demeure longtemps fixe et où ils pouvaient aiséments’égarer, cette prescription avait son importance.Elle fut plus tard libellée sous une forme un peu différente: «Si tu vois égarés le bœuf ou la brebis de ton

frère, tu ne t’en détourneras pas, mais tu les ramènerasà ton frère. Si ton frère habite loin de toi et que tu nele connaisses pas, tu recueilleras chez toi l’animal et ily restera jusqu’à ce que ton frère le recherche; alors tule lui rendras. Tu feras de même pour son âne, et aussipour son manteau et tout objet qu’il aura perdu et quetu trouverais; tu ne dois pas t’en désintéresser.» Deut., xxii, 1-3. Ici, il n’est plus question de l’ennemi, maisdu frère, c’est-à-dire de l’Israélite, sans tenir comptede l’inimitié qui peut séparer de lui. En possession dela terre de Chanaan, les Israélites ne seront plusgroupés comme dans le désert; il se pourra donc qu’onvive assez loin de celui qui a perdu un objet et quemême on ne le connaisse pas. En pareil cas, il est justeque celui qui a trouvé l’animal le garde provisoirement, jusqu’à ce que le légitime propriétaire, qui a intérêt àfaire des recherches, se présente pour rentrer en possessionde son bien. Le dépositaire, sans doute, avaitalors à nourrir l’animal. Mais la charge n’était paslourde, parce que l’animal pouvait vivre sur les pacagescommuns, que son utilisation compensait la dépensefaite par le dépositaire et que celui-ci avait droit d! ob-’tenir du propriétaire les dédommagements nécessaires.Le Lévitique, vi, 3, déclare qu’il y a péché à garder unechose perdue qu’on a trouvée et à faire un faux sermentà son sujet. Pour son châtiment, celui qui a commiscette faute doit restituer la chose trouvée, avec uncinquième de sa valeur en sus, et offrir en même tempsun sacrifice de réparation. Lev., vi, 4, 5. — 2° Le coded’Hammourabi, art. 9-13, s’occupe de la question desobjets trouvés, mais seulement au point de vue de larestitution et des dommages et intérêts. Il ne dit riende la conduite à tenir au sujet de l’objet perdu. La loimosaïque est ici plus explicite, puisqu’en toute hypothèseelle prescrit de s’y intéresser. Le code babyloniensuppose un propriétaire retrouvant son bien chez undétenteur qui prétend l’avoir acheté à un vendeur. Destémoins sont appelés pour confirmer devant les jugesles dires de chacun. De là plusieurs sentences prévues.Art. 9, le vendeur est convaincu d’être le voleur: levendeur est digne de mort, le propriétaire reprend sonbien, l’acheteur se dédommage sur la maison du vendeur.Art. 10; l’acheteur prétendu ne peut produire sonvendeur; convaincu ainsi d’être lui-même le voleur, ilest digne de mort et le propriétaire reprend son bien.Art, 11: le propriétaire ne peut produire de témoinspoui; justifier ses prétentions; donc il trompe, il estdigne de mort. Art. 12: le vendeur meurt entre temps; l’acheteur peut prendre sur la maison du vendeur cinqfois ce qu’il a dépensé. Art. 13: les témoins invoquéspar les Uns et les autres peuvent être éloignés; le jugeacccorde alors un délai de six mois, au bout desquelsacejui qui n’a, pas ses témoins est condamné. Cf. Scheil, Textes élaynites-sémitiques, 2e sér., Paris, 1902, p. 2628, 134. Une législation pareille, avec ses pénalitésgraves, suppose évidemment que les objets perdus sontde valeur assez considérable. Les conséquences sontnotablement plus sévères que chez les Hébreux, chezlesquels la fraude avec serment n’entraîne que la res-’titution avec majoration, d’un cinquième, tandis qu’àBabylone elle entraînait la mort. Le chiffre cinq sertà la fois à marquer le taux de; la majoration chez lesIsraélites et celui de la compensation chez les Babyloniens.Il y a peut-être là un souvenir gardé par la traditionhébraïque et appliqué par le législateur. La législationchaldéenne a été considérablement adoucie surplusieurs points par Moïse, sans doute parce que les casde ce genre étaient peu fréquents chez les Hébreux, queles choses perdues étaient difficiles à receler ou de peu devaleur chez un peuple agricole et qu’enfin le délinquantparaissait assez châtié et déshonoré par la sentenceportée contre lui. D’autre part, les sévérités d’Hammourabis’expliquent par lacondition de ses sujets

vivant côte à côte dans une grande ville, et les graves pénalitésinfligées par le code pourraient être l’indice d’uneprobité assez défectueuse, à moins que leur gravité mêmefût un obstacle à leur application. — 3° Il n’est pasquestion, dans la suite de la Bible, de la législation surles objet trouvés, sans doute parce que l’obéissance àses prescriptions ne souffrait aucune difficulté. Saùl aperdu ses ânesses et Samuel lui dit qu’elles sont retrouvées, mais il n’indique pas dans quelles conditions.I Reg., IX, 18-20. Il ne résulte pas clairement du récitque l’on s’adressât au voyant pour retrouver les objetsperdus; car c’est seulement sur le chemin à prendrepour le retour à la maison paternelle que le serviteurpropose de consulter l’homme de Dieu. I Reg., IX, 6.La femme de la parabole évangélique perd sa brebis etsa drachme, mais c’est elle-même qui les cherche etles retrouve. Luc, xv, 4, 8. Voici comment Josèphe, Ant. jud, , IV, viii, 29, formulait la loi: «Si quelqu’untrouve sur le chemin de l’or ou de l’argent, ilcherchera celui qui l’a perdu, et fera indiquer par uncrieur l’endroit où il l’a trouvé, afin de le restituer, bien assuré que le profit qu’on tire au détrimentd’autrui n’est jamais bon. De même pour les troupeaux; si quelqu’un en rencontre qui soient égarés dans ledésert, et s’il ne trouve pas immédiatement le propriétaire, il les gardera près de lui, en attestant Dieuqu’il n’entend pas détourner ce qui ne lui appartientpas.» Josèphe consigne ici ce qui se pratiquait de sontemps; c’est à ce titre qu’il introduit la mention d’uncrieur public dont le texte sacré ne parle pas. Lesdocteurs juifs interprétaient cette loi comme ils faisaientpour toutes les autres. D’après eux, Baba mezia, 1, 2, l’objet trouvé qui appartient à un Juif doit lui êtrerendu, à moins que ce dernier ne désespère de le retrouveret semble ainsi déclarer qu’il l’abandonne. Onn’est pas tenu de rendre l’objet trouvé s’il appartient àun infidèle. Les objets trouvés qui n’ont aucune marquede propriété peuvent être gardés, parce que le propriétaireest censé les avoir abandonnés. S’ils ont unemarque, on les fait proclamer à la criée trois ou quatrefois; si le propriétaire ne se présente pas, il est censéabandonner l’objet, cheval, habit, etc., à celui qui l’atrouvé. Le crieur, paraît-il, faisait sa proclamation dansun faubourg de Jérusalem, sur une haute pierre appelée’ébén tô’ùî, «pierre de l’égaré,» c’est-à-dire de la choseégarée. On voit que, dans leur interprétation, les docteursatténuaient singulièrement les obligations imposéespar la loi mosaïque, puisque, la plupart du temps, lelégitime propriétaire était laissé dans l’ignorance au

sujet de ce qu’il avait perdu.

H. Lesêtre.

    1. OBLATION##

OBLATION (hébreu: minfrâh, qorbân, qurbân, mots qui tous signifient «don»; Septante: itpooçopâ, Swpov, et quelquefois 8u<réa, kizapyoii; Vulgate: oblatio, donum, munus, et quelquefois sacrificium, primitias), être animé ou inanimé présenté à Dieu dans le culteliturgique. Quand l’oblation consistait en animaux destinésà l’immolation, elle prenait le nom de zébah, Ouaîa, sacrificium, «sacrifice;» voir Sacrifice; dansles autres cas, c’était la mirihâk proprement dite, rcpotjçopâ, êôipov, oblatio, donum, le don ou l’offrande.Les deux genres d’oblations sont nettement distingués.Cf. Ps. xli (xl), 7; li (l), 20; Jer., xvii, 26; Heb., v, 1, etc.

I. L’oblation EN général. — 1° Son antiquité. —Dès son origine, l’humanité a offert à Dieu une partiedes biens qu’elle recevait de lui. Caïn offrait les produitsde la terre, Abel les premiers-nés de son troupeau etleur graisse. Gen., iv, 3, 4. Ces offrandes n’étaient quel’expression des sentiments mêmes de l’âme toute dévouéeà Dieu, puisque Dieu agréait l’offrande extérieuredans la mesure où les sentiments intérieurs lui plaisaient.Gen., iv, 4, 5. Plus tard, Melchisédech offrait, en

qualité de prêtre, le pain et le viii, destinés ensuite àravitailler la troupe d’Abraham. Gen., xiv, 18. Chez tousles anciens peuples, on trouve en usage ces offrandes àla divinité. Les textes babyloniens parlent souvent depain, de viii, de miel, de beurre, de farine, de lait, dedattes, de sel, etc., placés sur les autels pour être offertsaux dieux. Cf. Fr. Martin, Textes religieux assyriens etbabyloniens, Paris, 1903, . p. 243, 253, 259, etc.; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, t. i, 1895, p. 680; Zimmern, Ritualtafeln, Berlin, 1903, p. 95. Les Arabes offraient queiquefois lelait. On cite un cas dans lequel ils répandaient la farineà poignées devant Oquaisir, divinité peut-être récente, si, comme on l’a dit, elle représentait César.Cf. Clennont-Ganneau, Recueil d’archéologie orientale, t. H, p. 247. Chez les Chananéens, spécialement lesPhéniciens-Carthaginois, les céréales, l’huile, le lait, lagraisse, les fruits, le pain, l’encens, le miel étaient matièreà oblations. Cf. Corpus inscript, semit., 165-170; Bâhr, Symbolik des niosaischen Quitus, Heidelberg, 1839, t. ii, p. 217-268; Lagrange, Études sur les religionssémitiques, Paris, 1905, p. 254, 262. — 2° Sacomposition chez les Hébreux. — 1. Tandis que la plupartdes peuples présentaient en oblation à la divinitétoutes sortes d’objets comestibles, les Hébreux étaientstrictement limités dans leur choix par la Loi. Toutd’abord, celle-ci excluait les substances fermentées, sé’or, ainsi que le miel. Lev., ii, 11. Le miel exclun’était pas seulement le miel végétal, fait avec du raisin, mais aussi le miel animal, à cause des impuretés quepouvaient lui faire contracter son origine. Voir Miel, col. 1083. Les substances alimentaires prévues par lerituel mosaïque pour les oblations sont des épis et dugrain, Lev., ii, 14; la fleur de farine, le pain et lesgâteaux qui en sont faits, l’huile, et l’encens, Lev., ii, 1, i, et enfin le vin. Voir Libation, col. 234. La fermentationnaturelle qui donne au vin sa teneur définitiven’était pas un obstacle à l’usage de ce liquide dans lesoblations; autrement celles-ci, s’il eût fallu se servirde moût, n’eussent été possibles que durant quelquesjours après fa vendange. Le set et l’encens faisaientaussi partie des substances employées dans les sacrificeset les oblations. Voir Encens, t. ii, col. 1772-1775. Lesel était indispensable; on devait en répandre surchaque oblation. Il "marquait l’alliance de Dieu avec sonpeuple. Lev., ii, 13. Voir Sel. — 2, En réalité, la farineà l’état naturel ou à l’état de pâte cuite faisait le fonddes oblations ordinaires. Sauf exception, l’huile étaitrépandue sur cette farine ou servait à la pétrir, etl’encens était étendu à la surface, ainsi que le sel.Quand l’oblation consistait en farine, le prêtre en prenaitune poignée avec l’huile et l’encens, et il la brûlaitsur l’autel. Quand il s’agissait de gâteaux, cuits au four, à la poêle ou dans un autre ustensile, le prêtre en prenaitune partie, qu’il faisait brûler sur l’autel. Tout cequi restait de la farine ou des gâteaux appartenait auxprêtres, qui d’ailleurs ne pouvaient le manger que dansle lieu saint. Lev., ii, 1-10; vi, 14-18.

II. Sa signification. — La simple oblation a lamême signification symbolique que le sacrifice sanglant.Dans ce dernier, c’est le sang, véhicule de la vie, qui est répandu en l’honneur du Dieu Créateur; dansl’oblation lui sont consacrés les aliments qui entretiennentla vie, sans lesquels le sang perd sa vigueuret devient aussi impuissant que s’il était versé. De partet d’autre, c’est donc la vie même de l’homme qui estcomme sacrifiée en reconnaissance du souverain domaineet en réponse aux exigences de l’infinie justicede Dieu. Seulement, cette vie est remplacée, dans lesacrifice, par la vie d’un animal, et, dans l’oblation, par les éléments mêmes qui l’entretiennent. Aussi, encertains cas, l’oblation remplace-t-elle équivalemmentle sacrifice. Lev., v, 11. Cf. Bàhr, Symbolik des mo

saischen Cultus, t. ii, ->. 215, 216. En se mêlant auxdivers éléments de IV: lution, l’encens, par sa bonneodeur, symbolise le no-; i de Dieu et sa présence, ainsique l’hommage rendu i> ce nom par celui qui présentel’oblation. Cf. Bâhr, Symbolik, p. 327.

III. Différentes sortes d’oblations. — 1° Oblationsjointes à des sacrifices. — 1. Chaque jour, une oblationétait jo